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15.
Hector BERLIOZ
(1803-1869). L.A.S., 21 septembre 1862, à Pauline V
iardot
 ; 6 pages in-8 (cachet froid de la
collection Viardot).
5.000/6.000
S
uperbe
et
longue
lettre
sur
B
éatrice
et
B
énédict
et
sur
l
opéra
.
Berlioz détaille d’abord l’« enchaînement de misères et d’ennuis » qui l’a tracassé, son déménagement, la démission de son
fils, « les alternatives de crescendo et de decrescendo dans les intolérables douleurs de ma névralgie ; [...] et au milieu de tout cela
la composition de deux morceaux que j’ai ajoutés au second acte de
Béatrice
. Oui, c’est fini par bonheur ; j’ai fait le trio pour les
trois femmes et de plus un chœur très doux pour Soprani, Contralti et Tenori seulement, qui se chantera au loin dans la coulisse
un peu après le trio ». Il va voir P
errin
pour monter
Béatrice et Bénédict
à l’Opéra-Comique. « Sa débutante, Mme G
alli
-M
arié
[qui
créera
Carmen
], a une certaine intelligence dramatique et une voix moins pointue que la voix de toutes ces mésanges qui piaulent
et sautillent sur les planches de notre second théâtre »... Puis Berlioz fulmine contre l’Opéra : « On y hurle, on y brait, largo assaï,
toujours ; de loin on pourrait croire qu’on y égorge les femmes et que les hommes y sont pris de convulsions. Le public ne dit
rien et s’en retourne à la fin de la soirée en secouant ses oreilles et en disant : il parait que le grand opéra doit se chanter ainsi... Le
ministre est enchanté, l’empereur s’en moque, Royer est malade, M. Martin dirige tout, l’orchestre rugit […] On parle du
mariage
réel de Mlle S
ax
avec un jeune beau, fils d’un banquier fort riche… Pro-di-gious ! Je vous enverrai des dragées ».
Berlioz est allé au Théâtre Français voir
Psyché
 : « je ne sais ce qu’il faut le plus adorer des vers de Molière ou de ceux de
Corneille. Quelle poësie !... Ah ! les sorcières de Macbeth ont beau dire, le beau est beau ».
Il annonce l’envoi de son livre [
À travers chants
] : « malgré mes corrections acharnées il y est resté beaucoup de fautes
d’impression »... Il plaisante Pauline Viardot sur sa « maison de corrections ». Il a su « que vous avez fait chanter et que vous avez
accompagné quelque part notre duo. Que vous l’ayez retenu, vous, cela ne m’étonne pas, mais que vous ayez pu l’apprendre à deux
cantatrices, ceci me passe. Alors, vous leur avez copié leur rôle ? »...
Il évoque les promenades de Pauline dans les bois, dont Louis Viardot va « assassiner leurs pauvres habitans [...] il a la bosse
du meurtre »...
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