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« Il faut que les métaphores soient rigoureuses et justes d’un bout à l’autre. [...] Nous t’avons dit et nous te le répétons qu’on
pouvait faire de
la Paysanne
une chose achevée, qu’il y avait là l’étoffe d’un chef-d’œuvre – sans doute publiée telle qu’elle est,
(ou était) ce sera toujours très remarquable par fragments, surtout. Mais est-ce qu’il faut s’arrêter dans le mieux. – Et il me semble
qu’il y a une moralité de l’esprit consistant à vouloir constamment la perfection. – Il ne faut pas se dire voilà tout parce que les
faibles crient à l’orgueil. – Mais quand on n’a pas la conviction qu’on peut atteindre au premier rang, on rate le second. – Allons
nom de Dieu ! relève toi donc. – Reprends moi cette fin à plein bras et renvoie nous le tout, complet. Adieu je t’embrasse chère
sauvage »...
Correspondance
(éd. J. Bruneau), Bibl. de la Pléiade, t. II, p. 214.
67.
Gustave flaubert
(1821-1880). L.A.S., Croisset mardi soir [27 octobre 1868], à Ernest F
eydeau
 ; 3 pages in-8.
2.500/3.000
B
elle
lettre
sur
la
préparation
de
L’É
ducation
sentimentale
.
... « Je passe mon existence à me monter
& à me démonter le bourrichon. Après avoir
été pendant une semaine et demie, sans
dormir plus de cinq heures sur vingt-quatre,
je suis présentement affecté de douleurs
carabinées à l’occiput. J’ai besoin d’une
bosse de sommeil. [...] Je t’avouerai que je ne
suis pas gai, tous les jours. Je finis par être
fourbu comme une vieille rosse. – D’autant
plus que je ne suis pas sans de violentes
inquiétudes sur
la conception
de mon roman ?
Mais il est trop tard pour y rien changer ! »...
Il aura fini dans une huitaine le second
chapitre de la dernière partie, et il espère être
affranchi du tout, au mois de juillet prochain.
Mais il ne recommencera plus à peindre des
bourgeois : « Ah ! non ! ah non ! Il est temps
que je m’amuse »...
Puis il signale par de grands traits
marginaux deux questions auxquelles il
voudrait des réponses : « 1° Quels étaient en
juin 48 les postes de la garde nationale dans
les quartiers Mouffetard S
t
Victor & Latin. 2°
Dans la nuit du 25 au 26 juin [...] était-ce la
garde nationale ou la ligne qui occupait la rive
gauche de Paris. Je me suis déjà adressé à pas
mal de personnes, & on ne m’a pas répondu.
Je reste le bec dans l’eau, avec trois pages
blanches »...
Il est allé à Paris pour la première de
Cadio
[de George Sand et Paul Meurice], mais
il croyait Feydeau à Trouville. Il donne des
nouvelles de sa mère, puis reprend le récit de
ses occupations : « je reste à Croisset où je vis
comme un ours. Je deviens d’ailleurs de plus
en plus irritable &
insociable
. Je finirai par
ressembler à Marat ! qui est une belle binette,
quoique ce fût un rude imbécille. – À mes
moments perdus je me livre à l’étude de la
Révolution française »...
Correspondance
(éd. J. Bruneau), Bibl. de
la Pléiade, t. III, p. 814.
67