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3
1.
François ARAGO
(1786-1853). L.A.S., 22 juillet 1834, à un amiral ; 1 page et demie in-4.
150/200
« Les épreuves des chronomètres ont été, je crois, assez multipliées pour que l’administration ait la certitude de faire un
choix éclairé. Je vous transmettrai tous les renseignemens nécessaires aussitôt que vous en témoignerez le desir. Quant aux futurs
concours, je vous demanderai la permission d’aller m’en entretenir avec vous »…
Spectaculaire signature agrémentée d’un paraphe avec son nom inversé.
2.
Sophie ARNOULD
(1744-1803) cantatrice, interprète de Gluck dont elle créa l’Eurydice et
Iphigénie en Aulide
.
L.A.S., Paris 18 nivose VIII (8 janvier 1800), [à F
rançois de
N
eufchâteau
] ; 3 pages in-8, adresse au nom du « Citoyen
Brancas Lauraguais » (petite fente réparée).
1.200/1.500
L
ettre
charmante
et
spirituelle
,
adressée
par
erreur
à
son
autre
ancien
amant
.
Elle voulait aller lui donner le bonjour, « avec un baiser sage et doux, comme les sentiments que vous m’avez inspirés
depuis tant d’années, mais la mauvaise saison ou nous sommes, lhiver ses crottes, ou sa froidure ; & la gèsne ou m’a réduite le
bouleversement de ma fortune qui me force à faire trève aux comodités de la vie, &c &c &c me fait prendre le party de suppléer a
ma visite ». Elle lui dit le plaisir qu’elle a eu à l’entendre réciter des vers à la séance de l’Institut National, et l’invite à venir voir
« votre Sophie, votre vieille amie, venez ! Votre présence chez moy me rappellera les souvenances du bon temps passés. Eh tenez
mon amy, l’on n’est quelques fois bien heureux par les souvenirs. Quand a moy, jay usée ma vie de manièrre a ce que les miens
soyent doux, oh ! ils le sont : je n’aie perdue que ma fortune, et bien, j’y supplée, par des privations, & le courage : je n’ai plus de
beaux jours a espérer ; mais ! jay de bons amis, eh ! j’aurais de
bons jours
... je leurs dirai
au crépuscule de mes jours
Rejoignés s’il se peut l’aurore
Enfin ! bientost, je pourrais encorre marquer mon age, avec un
Un
, et un
cinq
. C’est 15 renversé : si cela pouvoit sarranger
[...] Ah ! mon cher François, vous pouriez peut estre avoir encorre envie de faire quelques couplets sur les genoux de Sophie : Hé
bien ; Mon pauvre amy ; voyez comme cela nous a bien avancez vous n’estiéz pas plus un sot, que moy une bégueule ». Elle lui
donne rendez-vous à quatre-vingts ans, et termine : « gayté, bonheur, santé, c’est ce que vous souhaitte votre bien aimante Sophie
Arnould ».
L’adresse est rédigée par erreur au nom de son ancien amant le « Citoyen Brancas Lauraguais », à Manicamp par Chauny
(Aisne) !
Ancienne collection Alfred M
orrison
. Edmond et Jules de Goncourt,
Sophie Arnould d’après sa correspondance et ses
Mémoires inédits
, coll. Bouquins, p. 682.
3.
Henri d’Orléans, duc d’aumale
(1822-1897). 2 L.A.S., 1846-1874 ; 4 pages in-8, une à en-tête
7
me
Corps d’Armée,
Le Général Commandant
, enveloppe.
100/120
Paris 28 décembre 1846
à un général, recommandant pour avancement le commandant de B
eaufort
, son chef d’état-major,
qui au cours de deux campagnes en Afrique « conquit par sa valeur l’estime de toute la Division de Constantine, et fit preuve
des plus hautes qualités militaires »...
Besançon 31 mars 1874
, à Francisque R
ive
, député à Belley (Ain). Il a transmis au ministre
de la Guerre les demandes du Maire de Belley. « La situation du département de l’Ain au point de vue militaire n’est pas encore
légalement définie ; plusieurs décisions sont encore à prendre sur l’organisation de la 7
e
région et sur la répartition des troupes
dans ce territoire »...
4.
Gracchus BABEUF
(1760-1797) révolutionnaire. L.A.S. « Le Républicain Gracchus Babeuf Employé au Départem
t
des Subsistances de la Commune », Paris 28 mai an 2 de la République française (1793), aux « Magistrats du Peuple » ;
2 pages in‑4.
5.000/7.000
V
iolente
protestation
antireligieuse
. Les lettres de Babeuf sont
d
une
grande
rareté
.
« Magistrats du Peuple ! C’en est donc fait. La partie criminelle, liberticide, oppressive, tyrannique, dictatoriale, des
Mandataires du Souverain, a prouvé aujourd’hui qu’elle est la plus forte ! Elle l’emporte sans nul contredit sur la partie restée
fidèle à la défense de la liberté »... Le peuple doit donc exercer « son droit à la résistance à l’oppression »... Babeuf invite donc
les « Magistrats de Paris » à se préparer à résister aux grands orages qui s’élèvent... « Le fanatisme se réveille ! [...] L’hypocrisie
malveillante vient de salir les murs d’une affiche addressée
au bon peuple de Paris ;
c’en est là le titre littéral qui se trouve suivi de
cette question :
Doit-on faire cette année, oui ou non, la procession de la Fête-Dieu?...
Ensuite de quoi on lit :
Réponse par Audrein,
Député, à un Curé de Paris
 »... A
udrein
s’étant prononcé en faveur des processions et de la liberté des cultes, Babeuf s’enflamme :
« Etouffez dans sa fleur, Magistrats, ce nouveau germe de discorde. Que le Dieu des Nazaréens n’ait pas plus de privilèges que
les autres ; qu’il se renferme dans ses temples, lui et ses prêtres. Nous avons bien à nous occuper d’autres choses. Est-ce qu’ils ne
se le tiennent pas pour dit de l’année dernière ? » Il ne faut pas leur laisser regagner du terrain... « nos efforts de quatre années
pour nous délivrer des déchirements de cette engeance, n’auraient abouti à rien. Christ n’est plus le Dieu de tout le monde : il
n’a donc pas le droit de quêter dans les rues un hommage exclusif. Il a encore assez de maisons agréables, qu’il se tienne coi chez
lui et qu’il y attende la vénération des siens ; qu’ils lui fassent, s’ils le veulent, sa fête particulière. Il n’appartient qu’à la liberté
d’en attendre de générales »...
Anciennes collections Patrice H
ennessy
(1958, n° 272), puis Robert G
érard
(1996, n° 184).