Page 50 - cat-vent_ader21-02-2013-cat

Version HTML de base

48
106.
Alexandre Auguste LEDRU-ROLLIN
(1807-1874) avocat et homme politique. L.A.S., 12 février 1860, à M. Voizel ;
2 pages in-8.
100/150
Il l’approuve de vouloir rentrer en France ; lui-même le ferait dès que la mesure d’exclusion contre lui serait levée. Il a rompu
avec G
eorge
S
and
« depuis ses rapports avec le coup d’État, ses commérages contre les proscrits, et ses génuflexions dans la boue
Impériale ». Bocage et Roqueplan ne sont que des « feseurs »...
107.
Frédérick LEMAITRE
(1800-1876) acteur. L.A.S., Paris 24 novembre 1842, au Maire du 5
me
Arrondissement ;
3 pages in-4.
150/200
Il demande à être exempté du service de la Garde Nationale, et annonce à l’appui de sa « trop juste réclamation » des certificats
par son médecin ordinaire le docteur Soultier, Arnal médecin du Théâtre de la Porte St Martin, et Magendie « medecin du Roi,
premier medecin de l’hotel Dieu [...] De pareilles attestations éloignent tout soupçon »... Il espère « qu’une prompte décision
viendra me mettre à l’abri des poursuites que le conseil de discipline dirige contre moi »... Il fait suivre sa signature de son adresse :
« N° 12 rue de Lancry ».
108.
Pierre LEROUX
(1797-1871). 2 L.A.S. et 1 L.A., 1840-1851, à G
eorge
S
and
 ; 14 pages in-4 ou in-8.
1.000/1.200
[Octobre 1840]
. Longue lettre relative au projet d’une
Vie de Napoléon
que Leroux devait écrire avec B
éranger
, à l’impression
de son livre
De l’Humanité
, à l’arrêt de son
Encyclopédie
à cause du différend avec Jean R
eynaud
, et à ses graves ennuis d’argent...
« Aux yeux de bien des gens, je suis un insensé d’avoir fait obstinément de la philosophie, quand la misère me talonne si
rudement tous les jours ; et je suis coupable d’avoir eu recours, dans le besoin, à mes amis. Que Dieu bénisse ces beaux jugeurs !
Moi je crois que le monde étant fort mal organisé sous le rapport du travail, comme sous tous les rapports possibles, je ne puis
être irréprochable. Je sens que je ne vis pas bien de cette façon, et que cet état où l’individu dépend matériellement des autres
hommes n’est pas normal. Mais je l’accepte comme un malheur, tout en tâchant de m’y soustraire. Vous, chère amie, qui ne jugez
pas comme le vulgaire, mais qui avez autant de goût que d’indépendance et de force d’âme, conseillez-moi. Vous êtes hors de la
question que je vous pose, tandis que moi je suis dedans et aveuglé par conséquent »...
15 juillet 1844
. Leroux a trouvé un libraire, De Potter, pour publier le roman de Sand
Jeanne
, qu’il achète 6000 francs. « 
Jeanne
fera trois volumes, comme il en avait été question d’abord. Il y a assez ou presque assez de matière pour cela. Si quelque chose
manque, le cas est prévu dans le traité. Vous ajouterez un morceau déjà publié, ou un extrait des livres que vous avez consultés sur
les Pierres Jomâtres »... Puis Leroux s’étend sur la fatalité qui l’accable : «J’ai eu de grandes douleurs dans ma vie, et ma vie tout
entière n’a été qu’un tissu de peines et de chagrins ; mais les deux mois qui viennent de s’écouler depuis votre départ sont des plus
lourds que j’aie endurés. Si je vous disais que j’ai vieilli de cinquante ans depuis ces deux mois, je ne mentirais pas. Cela peut ne
pas se montrer sur ma figure ; mais j’ai vieilli dans mon espérance, dans ma foi, dans ma charité, dans tout ce qui constitue la vie.
J’ai vu de plus près ce que j’appelle avec les chrétiens le péché originel de l’homme, ce que les anciens appelaient fatalité. J’ai vu
notre impuissance à nous sauver nous-mêmes et à nous guérir du mal, et notre impuissance les uns pour les autres, ce qui revient
à l’impuissance radicale de la nature humaine »... (la fin de la lettre manque).
15 novembre 1851
, à la suite d’une lettre d’Alfred M
ichiels
, en faveur du peintre américain P
owell
qui désire faire le portrait
de George Sand pour un « établissement socialiste » que M. B
irney
veut fonder à New York.
Anciennes collections Alfred D
upont
, puis Daniel S
ickles
(XV, 6474). J.-P. Lacassagne,
Histoire d’une amitié, Pierre Leroux et
George Sand
(Klincksieck, 1973), p. 110, 187, 238.
109.
Julie de LESPINASSE
(1732-1776). L.A., 17 octobre 1775, au marquis de C
ondorcet
, à Ribemont ; 3 pages in-4,
adresse, cachet cire rouge aux armes.
1.200/1.500
Un redoublement de tous ses maux ne lui a laissé aucun usage de ses facultés : « J’ai souffert, j’ai haï la vie. J’ai invoqué la
mort, mais depuis le bucheron elle est sourde aux malheureux, elle a peur d’être encore repoussée ; ho ! qu’elle vienne et je fais
serment de ne lui pas donner de degout et de la recevoir au contraire, comme ma liberatrice »... Elle évoque la mort courageuse et
subite du maréchal
du
M
uy
[ministre de la Guerre et bête noire de Condorcet, décédée le 10 octobre], et la lutte pour lui succéder :
« le premier jour, il n’y avoit point de doute, cetoit M
r
de Castries ; aujourdhui il n’en est plus question, ni de M
r
Tabouraut, ce
sont M
rs
de Breteuil, de Contade, du Chatelet, et je ne sais plus qui encore, c’est aussi un conseil de guerre et la partie des finances
M
r
T
urgot
, voila les nouvelles des rues, et il n’y en a pas de meilleures dans les chambres. Vous savés que tous les ministres sont
depuis hier jusqu’a jeudi a Montigni, je ne sais si c’est pour choisir un ministere, mais je serais bien etonnée si dans cette maison
on finissoit, on terminoit quelque chose ; l’air qu’on y respire doit donner de l’insolation, de la paresse, et du vague »... Elle fait
allusion à T
rudaine
, le maître de la maison, puis analyse l’impression qu’elle a d’être pressée de vivre, concluant : « c’est une espece
de folie, ou de foiblesse qu’il ne tiendroit qu’a moi de nomer pressentiment, mais j’ai un sentiment si profond et si douloureux
dans l’ame qu’il ne laisse pas place a toutes ces sotises »...
Ancienne collection Robert G
érard
(1996, n° 68).
Reproduction page précédente