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153.
Henri ROCHEFORT
(1830-1913) journaliste et pamphlétaire. M
anuscrit
autographe signé,
Les insurgés de
Versailles
, [1871] ; 1 page grand in-fol. avec ratures et corrections, découpée pour impression et remontée. 300/400
T
rès
bel
article
de
1871
écrit
avant
la
répression
de
la
C
ommune
par
T
hiers
.
Des journaux, « tellement réactionnaires qu’ils voudraient replacer à la fois sur le trône Napoléon III, le comte de Paris et le
comte de Chambord », ont publié que B
ismarck
avait proposé à T
hiers
de l’aider « pour la répression de l’émeute qui a éclaté à
Paris. [...] Ainsi, liberté sainte ! voilà où peuvent conduire les fureurs réactionnaires. Il nous sera donc donné de voir M. Thiers
en colonel de cuirassiers blancs demandant à M. de Moltke des renseignements sur la façon la plus rapide d’affamer et de réduire
Paris ». Rochefort prédit que les troupes fraterniseront et que les mitrailleuses iront « se ranger d’elles-mêmes du côté de ceux
contre lesquels elles étaient pointées ». Et « si par malheur tu mettais la main sur des soldats assez dociles ou assez égarés pour
t’obéir, sache bien ceci, petit vieillard [...] Paris redevenu imprenable comme au moment du siège fabriquerait de nouveau contre
toi tous les engins mortifères qui auraient accueilli les Prussiens [...] tu serais mort de vieillesse avant d’avoir pu seulement poser
un pied de l’autre côté de notre enceinte ».
154.
Jean-Jacques ROUSSEAU
(1712-1778). L.A.S., Motiers 5 mai 1763, à François-Joseph de C
onzié
comte des
C
harmettes
, à Allemogne ; 2 pages in-4, adresse, cachet cire rouge (qqs petites répar. et lég. rouss.). 10.000/12.000
B
elle
lettre
au
propriétaire
des
C
harmettes
, alors que Rousseau s’était retiré à Motiers-Travers (près de Neufchâtel) afin
d’échapper aux poursuites du décret contre
l’Émile
lancé par l’archevêque de Paris (il ne reviendra aux Charmettes qu’en juillet
1768).
Il aurait été heureux de se rendre à l’invitation du comte, « et d’habiter quelques jours la celule que vous me destinez dans
vôtre maison ; mais ma chetive santé, ou plustôt mon mal continuel qui demande les plus grands menagemens ne me permet de me
mettre en route que dans la plus belle saison. [...] Quand pourrai-je dans vos bras oublier toutes mes misères ? Quand reverrai-je
ces lieux paisibles [les Charmettes] où j’ai passé les seuls beaux jours qui m’aient été accordés ? Quand irai-je couvrir de fleurs et
de larmes la tombe de cette femme incomparable [Madame de W
arens
] dont vous avez fermé les yeux ? Helas, cher Comte, dans ce
moment même j’ai plus besoin de vos consolations que jamais ». M
ylord
M
areschal
, « mon protecteur mon ami, et le plus digne des
hommes », vient de partir de Suisse, « quittant sans regret un peuple peu digne de le posseder et qui n’étoit pas fait pour sentir son
prix ; mais moi qui le sentois si bien, il me laisse dans l’incertitude de le revoir jamais ». Il lui reste cependant encore « des plaisirs
à goûter. C’est près de vous que cette idée m’entraîne »... Il ajoute en post-scriptum : « ne soyez pas surpris de me voir paroitre en
masque. J’ai pris l’habit d’Armenien dans ma retraite, et je le trouve si comode que je suis déterminé à ne le jamais quitter ».
Lettres
(2012), t. 3, p. 1417 (n° 981).
155.
Thérèse L
e
V
asseur
, veuve de Jean-Jacques ROUSSEAU
(1721-1801). P.S. « Famme deu Gangaqu Rausseaus »,
Ermenonville 26 novembre 1778 ; 1 page in-4.
1.200/1.500
A
u
sujet
des
nouveaux
airs
du
Devin du village
. [Trouvés à Ermenonville après sa mort, les sept nouveaux airs que
Rousseau composa pour son opéra-comique furent achetés à sa veuve par de Vismes, directeur de l’Opéra, en novembre 1778, et
chantés à l’Opéra le 20 avril 1779. Les manuscrits sont maintenant conservés à la Bibliothèque nationale de France.]
« Je soussignée Levasseur veuve de Jean-Jacques Rousseau atteste et certifie [...] que J.J. Rousseau à refait la musique de
sept airs de chant de son Devin du Village et un morceau de l’ouverture et qu’il n’a absolument pas reffait autre chose dans cet
ouvrage »... Suivent les titres des airs :
J’ai perdu tout mon bonheur
,
Si des galants de la ville
,
L’amour croit s’il s’inquiète
,
Non non
Colette n’est point trompeuse
,
Je vais revoir ma charmante maîtresse
,
Quand on sait aimer et plaire
et
Tant qu’à mon Colin j’ai su
plaire
... « J’atteste et je certifie que j’ai prié M
r
de Foulquier ami de mon mari de vouloir traiter de cette nouvelle musique avec
M
r
de Vismes et je m’engage à faire voir le manuscrit original de touts ces morceaux à ceux qui conserveroient encore des doutes
malgré cette attestation et malgré le temoignage de plusieurs Hommes vertueux amis de feu M
r
Rousseau qui lont entendu
plusieurs fois jouer et chanter la nouvelle musique de son devin du village »...
Les autographes de Thérèse Levasseur sont
très
rares
.
Ancienne collection Robert G
érard
(1996, 97).
156.
Maurice SACHS
(1906-1945). L.A.S., New York décembre 1930, [à Pierre A
braham
] ; 2 pages in-8.
150/200
S
ur
M
arcel
P
roust
, à propos de l’article « Sur Proust » de Pierre Abraham dans
La Nouvelle Revue Française
de décembre
1930 : « On a déjà publié bien des volumes sur cette œuvre et il ne me semble pas qu’on l’ait vue jusqu’ici avec autant de lucidité
et de justesse [...] Votre théorie de la réaction, et le fil que vous jetez de Montaigne au Temps Perdu m’ont donné ce plaisir que
procure toute affirmation intelligente ». Il aimerait traduire et publier cet essai dans une revue américaine : « L’influence de Marcel
Proust est très grande ici (la seule forte influence française sur les esprits jeunes d’Amérique bien que Gide soit très aimé) »...
157.
Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE
(1740-1814). L.A., [fin janvier 1777, à Maître G
aufridy
] ; 4 pages
in-fol. (coin déchiré avec perte de qqs mots, petites effrangeures au bas).
4.000/5.000
V
igoureuse
réplique
aux
accusations
de
débauche
dans
l
affaire
T
reillet
. [En novembre 1776, Sade a engagé une nouvelle
domestique à La Coste, fort jolie, Catherine T
reillet
, qu’il va prénommer J
ustine
. Quelque temps plus tard, il fait venir quatre
autres domestiques qu’il tente d’utiliser pour ses débauches. Trois d’entre eux s’enfuient et vont conter à Treillet ce qui se passe au
château de La Coste. Treillet vient au château réclamer sa fille, menacer le marquis, et tire même deux coups de pistolet. Puis il porte
plainte et dresse un mémoire sur les méfaits du marquis. C’est à ce mémoire que Sade, qui ne veut pas rendre « Justine », répond ici.]