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Sade nie vigoureusement les accusations de Treillet, dans ce « memoire faux et rempli de calomnies ». Treillet est « un fourbe
et un homme de mauvaise foi », puisqu’il avait promis de rester tranquille... Sade envisage de porter plainte lui-même contre
Treillet : « Tout ce que je puis vous dire c’est que la fille est toute prete, elle a deposé quelle etoit contente et n’avoit point a se
plaindre c’est tout ce que je voulois ». Sade pense qu’il a de quoi « faire pendre » Treillet, et croit même pouvoir faire arrêter Treillet,
puisque celui-ci a voulu le tuer.
Puis Sade répond point par point au mémoire de Treillet, en particulier à l’accusation d’avoir attenté aux mœurs des
domestiques : « Un domestique les mena couché, M. de S. ne les y accompagna seulement point. Il resta a causer avec Md et le
pere Durand, et ils s’enfermerent eux meme dans leur chambre [...] a supposé que j’eus trouvé ces gens la (qui etoient l’horreur
de la nature pour l’aage et la figure) mais a supposé dis je que je les eus trouvé digne de satisfaire des desirs, il est probable que
venant s’offrir ches moi pour y rester je les eus gardé ; et me décidant a les gardé, je n’eus pas été attenté la nuit a leur pudicité ;
j’aurois eu le temps de reste dans leur séjour ici. [...] Il eut fallu que je fusse archifou pour faire une [parei]lle faute et je ne l’ai
certainement pas faite [...] Tout cela sont donc des recriminations et des calomnies inventées a plaisir »...
Sade presse vivement son notaire de faire arrêter Treillet, « ou sans cela, vous me prouverez qu’on ne veut ici que ma perte ».
[Le 13 février 1777, par suite de la procédure entamée par Treillet, Sade sera écroué au château de Vincennes, où il passera
seize mois.]
Correspondance
(éd. G. Lély), in
Œuvres complètes
(Cercle du livre précieux), t. XII, n° LXIX, p. 96.
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158.
Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE
(1740-1814). L.A., [13 mars 1797], au citoyen G
aufridy
père à
Apt ; 2 pages et demie in‑4, adresse.
2.500/3.000
S
ur
la
vente
du
château
de
L
a
C
oste
.
Gaufridy lui a envoyé une note sur « les droits perdus », indemnité qui lui appartiendrait si elle était rendue et qu’il n’est pas
sûr de vouloir vendre à Rovère, l’acquéreur de La Coste... « j’aimerois assés et avoir vendu une terre qui me rapporteroit encore
3000 de rente et à entraver Monsieur le marquis de Rovere dans ses jouissances, dans son despotisme, et dans ses possessions »...
Puis parlant d’une retenue que prétend faire Rovère en raison d’une rente accordée aux pauvres de La Coste, Sade s’y oppose pour
plusieurs raisons et notamment, à supposer qu’un tel don existe, « ce n’est point un titre pour moi et que de ce qu’une vieille folle
qui n’étoit pas une parente ou que de fort loin, ayant peur du diable a laissé un legs à des curés que ne reconnoit plus la nation ne
peut devenir une obligation pour moi qui n’aie pas peur du diable qui n’aime point les églises et qui ne croit point aux curés »...
Il attend de l’argent pour le 1
er
avril, et notamment celui que lui doivent R
ipert
et les fermiers Audibert et Lombard. Quitte à
emprunter, il a besoin de 3000
ll
pour les premiers jours d’avril et supplie Gaufridy de ne pas perdre une minute...
Correspondance
(éd. G. Lély), in
Œuvres complètes
(Cercle du livre précieux), t. XII, n° CCLIV, p. 567.
Reproduction page précédente
159.
Marc Girardin dit SAINT-MARC-GIRARDIN
(1801-1875) critique. 2 L.A.S., à Jules S
imon
 ; 2 pages et demie
in-8, une adresse.
50/60
« Je voudrais bien que M. Destrem candidat au Baccalauréat demain jeudi n’eut que bien peu de contresens dans sa version :
et je prie Dieu à cet effet ; vous ensuite qui serez juge humain de l’affaire »… – « Nous avons eu bien de la peine, le jeune Gérard
et nous, à le faire bachelier ; et il ne nous a gueres aidés. Cependant nous en sommes venus à bout »…
160.
Bernardin de SAINT-PIERRE
(1737-1814). L.A.S., [vers 1798], au citoyen S
aint
-L
eger
D
idot
, propriétaire de la
papeterie d’Essonnes ; 3/4 page in-4, adresse.
300/400
Il réclame 800 livres qui lui sont dues... « songés quel doit etre l’embarras d’un pere de famille qui s’établit dans de vastes
pieces ou il n’y a que les quatre murailles. Je ne touche rien de mes pensions et mon revenu de membre de l’Institut qui se trouve
reduit à fort peu de chose, n’est pas capable de me défrayer de la moitié de mes dépenses courantes malgré toutte mon économie »...
161.
Charles-Augustin SAINTE-BEUVE
(1804-1869). L.A. (minute), [1828 ?], au philosophe Théodore J
ouffroy
 ;
5 pages et quart in-4.
500/600
L
ongue
lettre
sur
le
symbolisme
et
les
idées
philosophiques
et
esthétiques
de
S
ainte
-B
euve
.
Ce texte très important évoque le cours d’esthétique de Jouffroy sur le principe symbolique, auquel Sainte-Beuve veut
apporter quelques considérations. ... « Je crois bien fermement, d’abord, à l’existence indépendante d’un sentiment particulier,
distinct de tout autre, semblable à lui seul, en un mot
sui generis
, lequel éclate spontanément, sans calcul,
a priori
en présence de
tout objet que nous qualifions de beau, de laid, de joli, &c. [...] tout objet de nature est plus ou moins susceptible de nous paroitre
beau, laid, joli, &... tant qu’il a prise sur nos sens ou plutôt que nos sens ont prise sur lui, il nous dit quelque chose de tel ».
À l’aide d’exemples précis, Sainte-Beuve analyse comment l’homme associe tel ou tel sentiment aux éléments des autres règnes
et, « si on recherchait la raison finale de ces associations, on pourroit y voir un immense magazin de signes, un riche alphabet
réservé par la nature pour les langages des hommes entre eux, et en particulier pour le langage poétique ». Les interprétations et
les sentiments qui naissent en l’homme sont « un point de
sympathie
, en d’autres termes de
correspondance
 », et nous persuadent
« qu’il y a dans toute apparence un sens, une vertu
symbolique
 »... Etc.
Correspondance générale, Lettres retrouvées
(éd. A. Bonnerot), t. I, p. 37. Ancienne collection Daniel S
ickles
(XVII, 7639).