Page 140 - cat-vent_alde06-03-2014-cat

Version HTML de base

136
82. LE PAUTRE (P.) – MATIS (H.).
Recueil des vues et plans, carte générale et particulière du château et seigneurie d’Oyron,
des baronnies de Montcontour et de Cursé, avec les cartes et arpentages de chaque métairie. Levé par Matis arpenteur du
Roi en l’année 1713 : et orné par le Sr Le Pautre architecte et graveur Ord. du Roy. 1713. In-folio, maroquin rouge, élégante
roulette à entrelacs autour des plats, alternant pot de fleurs et pièces d’armes (château, trois têtes de Maure), armes au centre
surmontées du titre frappé en lettres dorées, dos à nerfs orné de même, tranches dorées (
reliure de l’époque
).
Historique
:
Situé au nord des Deux-Sèvres, Oiron recèle un immense château au milieu d’un parc de
2500
hectares aux vastes perspectives,
dont l’histoire se confond avec la destinée de la famille Gouffier.
Guillaume Gouffier, valet de chambre de Charles VII, se vit offrir par le roi, en
1450
, une seigneurie, sur laquelle il fit élever
une vaste demeure fortifiée, organisée autour d’une cour carrée fermée, avec corps de logis principal face à l’entrée, et flanquée
d’une tour ronde à chaque angle.
Avec ses enfants, Oiron va briller de tout son éclat. Artus, gouverneur du futur François I
er
et grand maître de France,
entreprend d’agrandir ce logis, à la fois château de plaisance et forteresse de plaine, d’une galerie adossée à la courtine nord-est,
et d’édifier une collégiale, dont la conception est héritée du style gothique tardif. Située à faible distance du château, elle était
destinée à abriter les mausolées familiaux.
Après sa mort, en
1519
, son fils Claude, grand écuyer en
1546
, prend la succession et fait ériger sa baronnie en duché. Il
parachève les constructions du château afin que ses exceptionnelles collections y soient abritées. La galerie d’étage, située dans
l’aile nord-est, renferme alors l’un des plus grands cycles de peintures de la Renaissance après Fontainebleau ; le seul dû à un
artiste français avant
1550
. Ses collections sont pillées à deux reprises par les Huguenots. Il faut attendre Louis, petit-fils de
Claude, pour qu’Oiron retrouve son lustre. Disgracié puis condamné comme faux-monnayeur en
1630
, pour s’être dressé
contre l’autorité du cardinal de Richelieu, il s’exile à Oiron où il entreprend de rebâtir le château en surélevant la moitié du
corps central et le pavillon sud, dit pavillon du roi. Il confie à des artistes parisiens la décoration, dont le cabinet des Muses, la
chambre et la salle du roi offrent le meilleur exemple. Le Brun réalise notamment des portraits pour les appartements du roi.
Après la mort prématurée du fils de Louis, la seigneurie échoit à son petit-fils Artus III, ami de Blaise Pascal, qui la cède à son tour
à sa sœur, épouse de François d’Aubusson. Ce dernier entreprend alors de faire d’Oiron un grand palais classique en lui conférant
une symétrie qu’il n’avait jamais eue. Il rhabille les constructions de la Renaissance pour terminer le corps central et obtenir en
pendant du pavillon du roi, un pavillon d’angle, dit pavillon des trophées. Symétriquement à la galerie Renaissance, là où Louis
Gouffier avait prévu une aile, il crée un portique ouvert portant une terrasse de plain-pied avec les appartements de l’étage.
Tel est le château, lorsque la marquise de Montespan, disgraciée et éloignée de la cour, le rachète en
1700
pour son fils légitime, le duc
d’Antin. Elle poursuit l’achèvement intérieur du pavillon des trophées pour s’y installer, et parachève la composition de la cour
d’honneur en élevant la tour des gardes en pendant de celle du connétable, située à l’extrémité de la galerie de François d’Aubusson.
À la mort de la marquise, en
1707
, le duc d’Antin hérite du château dont il se désintéresse, le jugeant trop éloigné de la Cour.