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80. LA FAYETTE (M.-M. Pioche de La Vergne, Mme de).
La Princesse de Clèves.
À Paris
,
Par la Compagnie des
libraires associés
,
1752
, 2 tomes en un vol. in-12, maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, armes au centre,
dos à nerfs orné, roulette intérieure dorée, tranches dorées (
reliure de l’époque
).
La Princesse de Clèves
: premier modèle du roman psychologique, fondateur du roman moderne.
Élève du grammairien Gilles Ménage, Marie-Madeleine Pioche de La Vergne (
1634
-
1693
), comtesse de La Fayette par son
mariage, ouvrit son salon, rue de Vaugirard, en
1659
. S’y croisèrent des Précieuses, telle Mlle de Scudéry, mais aussi Mme
de Sévigné ainsi que la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV. Elle fut très proche de François de La Rochefoucauld,
l’auteur des
Maximes
, dont elle dit qu’il lui donna de l’esprit.
Après avoir publié avec succès, en
1662
,
La Princesse de Montpensier
, où elle faisait usage pour la première fois de
l’Histoire comme trame romanesque, Mme de La Fayette donne, en
1678
,
La Princesse de Clèves
, le roman qui établira
définitivement sa renommée littéraire. Là encore, l’intrigue s’inscrit dans l’Histoire, sous les règnes d’Henri II et de
François II, mais l’action s’y trouve désormais entièrement subordonnée à la peinture des sentiments et à l’analyse de leur
évolution, entre jansénisme et libertinage.
On considère que
La Princesse de Clèves
ouvre la voie du roman moderne, d’où est issue l’œuvre de Balzac, de Stendhal,
ou encore, au XX
e
siècle, de Raymond Radiguet. Le texte fut encore récemment transposé, au cinéma, par Christophe
Honoré et, en littérature, par Marie Darrieussecq.
Mme de La Fayette et son œuvre témoignent également du rôle de plus en plus important que tinrent les femmes dans la
société et les lettres au cours du XVII
e
siècle.
Exemplaire aux armes de Marie-Thérèse de Savoie (
1756
-
1805
), comtesse d’Artois.
Seconde fille de Victor-Amédée III de Sardaigne, duc de Savoie, elle épousa, en
1773
, Charles-Philippe de France, comte
d’Artois, le plus jeune frère du futur roi Louis XVI.
D’un caractère plutôt effacé, son rôle à la cour fut sans éclat. Mais elle confia à son secrétaire, Félix Nogaret (
1740
-
1831
),
la tâche de lui constituer une vaste bibliothèque, qui pouvait d’après Quentin Bauchart « rivaliser avec les plus importantes
du XVIII
e
siècle ». À côté de la théologie et des arts, une part importante y était dédiée à la poésie, au théâtre et aux romans.
Comme sa sœur aînée, Marie-Joséphine, qui avait épousé le comte de Provence en
1771
et qui mourut en
1810
, si elle
survécut à la Révolution, elle s’éteignit pourtant en exil en
1805
, avant que son époux ne monte sur le trône de France,
sous le nom de Charles X.
Intéressant exemplaire associant l’œuvre majeure d’une femme de lettres du XVII
e
siècle à l’une des personnalités
féminines du Versailles de la fin de l’Ancien Régime.
Dos refait.
Dimensions :
168
x
95
mm.
Provenances :
Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d’Artois ; John Waldie, bibliophile écossais du XIX
e
siècle, avec son
ex-libris ; R. Waldie-Griffith (
Cat
.,
Printing Books…
,
13 nov. 1922
,
n° 65
“contemporary red morocco gilt […], with the
arms of Marie-Therese, Queen of Charles X of France in the centre.
12
mo. Paris
, 1752”, avec son (?) étiquette de rangement
« Novels and Romances » ; Édouard Rahir (
Cat.
,
1936
,
n° 1088
), avec son ex-libris.
Barbier,
1882
, III, col.
1025
; Coulet (H.),
Le Roman jusqu’à la Révolution
, Armand Colin,
2009
, pp.
235
-
244
(« Pour la
première fois dans l’histoire du genre romanesque, la peinture du cœur est le principal objet du roman, l’analyse qui
s’insérait jusqu’alors entre les moments du récit est devenue récit elle-même […] ») ; De Backer,
Bibliothèque…,
I,
2
,
1926
,
n°
893
(pour un exemplaire de l’édition de
1678
: « Cet ouvrage mit le sceau à la réputation de Madame de La Fayette ;
c’est de lui que date la réforme du roman, l’éclosion des sentiments naturels, l’abandon du merveilleux et du
conventionnel »)
; Heyden-Rynsch (V. von der),
Salons européens. Les beaux moments d’une culture féminine disparue
,
Gallimard,
1993
, p.
45
; Labouret (V.),
Bibliothèque…
,
2010
, n°
36
(pour un exemplaire de l’édition de
1719
, aux armes
royales) ; Quentin Bauchart, II, pp.
331
-
355
; […],
Le Livre au féminin
, Bibliothèque royale de Belgique,
1996
, n°
145
;
Olivier, pl.
2551
, fer n°
3
.




