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59 DRIEU LA ROCHELLE (P
IERRE
)
ÉCRIVAIN FRANÇAIS
(1893-1945)
Lettre autographe signée
Les Baux de Provence sans date, 1 page in-8°. En-tête imprimé « Hostellerie de la Reyne-Jeanne ».
700 / 1 000
« J’aime tous vos livres et j’admire les progrès de votre œuvre, cette tendance épique qui se promène et peu à peu trouve son chemin… J’ai vu très peu de
choses à la guerre. Seulement j’étais très excité et me donnais un mal de chien, les premiers jours, pour en voir un peu plus que les autres… les jours suivants
je tombais dans l’hébétude. Mais j’ai été plusieurs fois blessé ou malade ; alors j’y suis revenu plusieurs fois avec des yeux neufs ou presque. La brièveté et la
fréquence de mes séjours au front explique presque tout… ».
60 GALLIMARD (G
ASTON
)
ÉDITEUR FRANÇAIS
. (1881-1975)
5 lettres autographes signées
et
1 lettre signée
Paris 28 mai et 16 juin 1943, 31 janvier et 16 février 1944, et sans date, 7 pages 1/2
in-8°, en-têtes de la NRF 43 rue de Beaune.
2 200 / 3 000
Intéressante correspondance :
sans date
(1941) : « Je viens de lire la Vouivre. Je tiens à vous dire tout de suite mon plaisir et mon admiration. C’est une chose
vraiment belle et forte. Une fusion si parfaite de réalisme et de mythologie est de grand style…et le fond de tendresse si vive, derrière cela, pour les simples,
les rudes ou les grotesques que vous nous présentez, achève de nous séduire. Un personnage surtout est inoubliable. C’est la fille Mindeur, l’ainée,…elle est
épique… Je crois que vous n’avez rien fait de meilleur … » ;
28/05/43 :
d’après le contrat de Travelingue du 11 décembre 1941 « notre droit de préférence sera
épuisé lorsque nous aurons accepté cinq ouvrages. Il est donc exact qu’après la publication de « Passe Muraille » l’option de la NRF porte encore sur quatre
livres… » ;
16/06/43
: Intéressante lettre sur les difficultés de l’édition pendant l’occupation : « …pourquoi ne voulez vous admettre que j’ai les mêmes diffi-
cultés que tous les industriels…un jour vous m’avez reproché le bas prix de nos livres. Croyez vous que je sois libre ? Actuellement je suis menacé par la com-
mission des prix, parce qu’ils (les livres) seraient trop chers : ces messieurs estiment que les droits d’auteur sont trop élevés ! Et ils admettent la hausse des
tarifs d’imprimerie, avec effet rétroactif ! vous avez dit à Michel que vous aviez l’impression de donner vos livres à une usine, oui une usine à fabriquer des
états pour tous les comités, toutes les commissions, tous les contrôleurs, tous les organismes français et allemands ; certes j’aimerais avoir plus de liberté pour
avoir avec les écrivains les relations qui devraient être la récompense de ce métier si difficile. Mais songez que je n’ai plus Stameroff, ni Hirsch, ni Huin, ni
Schiffrin… je suis constamment appelé au dehors à la propaganda staffel… à l’inspection du travail française…vous êtes parmi les écrivains de la NRF les plus
favorisés. Ainsi aucun n’a de plus grosses mensualités que vous, ni de plus gros tirages initiaux, ni de plus fréquentes réimpressions, ni Gide, ni Valéry, ni Proust,
ni Martin du Gard… » ;
sans date :
ayant appris qu’il était en pourparlers avec Grasset il lui écrit : « Je dois vous dire que j’en aurai beaucoup de peine. Je tiens
beaucoup à publier toutes vos œuvres. Je le ferai toujours sous la forme et aux conditions qui vous conviendront… comme je l’ai fait pour Proust, Péguy, Gide
et Valéry…Cette maison est la vôtre… » ;
16/02/44 :
Gallimard lui annonce la mort de son ancien collaborateur Stameroff, il en est bouleversé.
61 MAURIAC (F
RANÇOIS
)
ÉCRIVAIN FRANÇAIS
(1885-1970)
Lettre autographe signée
, Malagar St Maixant, 25 mars 1941, 1 page 1/2 in-4°. En-tête gravé à son adresse.
600 / 700
Lettre de remerciements après l’envoi de son livre « La Belle Image » (1941) : « Je vous admire beaucoup et j’ai été touché de la pensée que vous avez eue de
m’envoyer La belle image. Vous êtes le seul écrivain français capable de traiter un pareil sujet…Comment votre héros ne profite-t il pas des ténèbres pour
rappeler à son ingrate femme leurs moments heureux, et ne la fait-il pas crier à la fois de plaisir et de terreur en associant sa voix, ses gestes de toujours au
pouvoir subit qu’il a acquis… ? Il y a de quoi rêver sur votre livre… ».
62 PAULHAN (J
EAN
)
ÉCRIVAIN FRANÇAIS
(1884-1968)
9 lettres autographes signées
, Paris sans date, « 5 r. des Arènes » et « 43 rue de Beaune » 10 pages in-8° et 3 pages 1/2 in-16°, 6 en-têtes
de la NRF.
1 200 / 2 000
17 juin :
« Merci de votre promesse. Que vous donnera la nrf en échange ? Vous seriez gentil de le fixer vous-même (par exemple, à un peu plus que ne vous
eût donné, pour le même conte, je suis partout)… » en post scriptum il lui demande de ne pas oublier les galoches pour Daniel Hirsch (directeur commercial
de Gallimard) ;
21/6 :
Jean Paulhan essaie de rassurer Marcel Aymé : « Votre lettre me bouleverserait si je ne gardais quelque vague espoir. Ne pensez-vous
pas que votre rôle politique a pu passer inaperçu ? Que l’éclat purement littéraire de vos contes a dû le dissimuler…En tout cas hâtons nous de nous ren-
contrer… » ;
(s.d.)
Magnifique et intéressante lettre sur
La Vouivre
« … je viens d’achever la Vouivre, et j’en suis encore sonné. Ah, vous m’avez fait passer
trois heures violentes… j’étais transporté… la fin me laisse un peu plus froid… mais je ne me défais pas de l’impression que votre propos central ne vaut pas
vos personnages, ni votre village. En vous lisant, il m’est arrivé de songer à Shakespeare, à Daudet, à Bernanos…les seules pages qui m’aient impatienté, dans
le roman, c’était les déclarations et souvenirs de la Vouivre …mais ça a repris. Ca finissait par avoir un grand sens…je suis encore bouleversé d’y songer… » ;
mardi :
Très intéressante lettre où Jean Paulhan donne son avis sur un ouvrage de Marcel Aymé, il évoque ensuite l’après guerre et la possible reprise de la
NRF « …je crois que j’avais tort. Excusez-moi, mon ami. Après tout, je ne vois pas quelle autre fin… le livre fermé on se rappelle plutôt ceci et cela que le tout
du livre… Que sera l’après guerre ? (qui avance assez vite depuis quelques jours) Je ne sais pas, mais si l’on me proposait de reprendre la nrf…(je préférerais
travailler tranquillement à mes Fleurs de T. (Tarbes) tome II) Je pourrais compter sur vous, n’est-ce pas ?… » ;
mercredi :
« Oui je crains qu’il ne faille s’attendre
à quelques mois de terreur. Attendons. Après tout, la nrf n’est pas pressée, elle a l’éternité pour elle, comme la Vouivre. Mais je ne voudrais pas qu’elle repa-
raisse sans vous… » ;
le 19
(1956) : « Ah je me rappelle aussi ce temps où j’étais seul à vous défendre. Eh bien, tout a changé, c’est moi qui aurais parfois
besoin de votre appui… (pourquoi ne nous donneriez-vous pas votre roman ? ce serait une façon d’essayer la version actuelle et nous l’accompagnerions
d’une étude sur vous de Nimier. Enfin on montrerait comme on vous aime…) Il lui annonce la mort du poète Muselli (1879-1956) qui est mort sans cesser
de sourire ;
Dimanche :
il a été privé des Maxibules (1961) par la faute du concierge et en est navré.