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Poëme heureusement découvert et mis au jour, avec des
Remarques savantes et recherchées, par M. le Docteur
Chrisostome Matanasius [...]. Quatrième édition revüe, cor-
rigée, augmentée, et diminuée. La Haye, Pierre Husson,
1716, [64]-321-[8-1 blanche] p., 2 portr. montrant l’auteur
et Judith de Beseraige, veuve de Jean d’Ausonne, 1 pl.
montrant un pichet et une pl. de musique notée, pleine ba-
sane brune de l’époque, dos à nerfs décoré (rel. frottée,
mors supér. et coins émoussés, lég. traces de manipula-
tion). Ce livre est une curiosité. C’est la critique ingénieuse
de l’abus de l’érudition et du pédantisme, satire des mi-
lieux érudits, le texte ne cessa d’augmenter depuis la pre-
mière édit. de 1714. Il fut un véritable événement littéraire
qui amusa toute l’Europe. Saint-Hyacinthe, installé à La
Haye comme collaborateur d’un journal, s’amusa avec
quelques amis à tirer d’une chanson populaire du Pont-
Neuf, où il n’y a ni rime ni raison « les mêmes délicatesses
et le même art que les pédants s’efforcent de trouver dans
Anacréon et Pindare ». Interminables préliminaires de
commentateurs, approbations de divers commis et licen-
ciés, kyrielles de préfaces, avertissements, épîtres, odes,
témoignages en toutes langues (y compris en grec, latin,
hollandais, anglais), tables, gloses et tout le cortège de
doctes inutilités auxquelles les professeurs (style Burmann,
de Liège) avaient habitué les élèves de l’époque. Le succès
fut inespéré et pour qu’il fut complet, le livre fut interdit en
France. Les pédants n’osèrent plus se montrer. Saint-
Hyacinthe est un personnage qui mérite qu’on s’y attarde.
Cet aventurier international naquit à Orléans en 1684. On
l’a dit issu d’un mariage secret entre Bossuet et Mlle de
Mauléon. Son vrai nom était Cordonnier. Expert en galan-
teries et en persiflages, il parcourut l’Europe, se battit pour
Charles XII de Suède, s’endetta en Hollande, fut chassé de
plusieurs pays par des maris outragés et mourut à Bréda en
1746. – Est. 30/60
93
[THOMAS
A
KEMPIS]. L’Imitation de Jésus-
Christ.
Traduite et paraphrasée en vers françois. Par P.
Corneille. Bruxelles, François Foppens, 1665, in-12, [24]-
495-[1 blanche-8] p., 5 figures, plein maroquin violine du
19
e
s., dos à nerfs, tranches dorées, filet doré sur les
coupes, contreplats doublés de soie verte encadrés d’une
roulette dorée, gardes doublées de même (dos et hauts des
plats éclaircis). La traduction de Pierre Corneille, publiée
sous formes de livraisons entre 1651 et 1656 sous le titre
« L’Imitation de Jésus-Christ, traduite et paraphrasée en
vers français, par P. Corneille à Paris, chez Robert III Bal-
lard, en 1656 », se révèle un extraordinaire succès de li-
brairie avec 2.300 éditions et près de 2,4 millions
d’exemplaires en circulation à la fin du 18
e
s., ce qui en fait
à cette époque le livre le plus souvent imprimé après la
Bible. – Est. 60/100
94 Traité des Pyrénées. – Tractaet van vrede tusschen
de croon van Spaignien ende Vranckryck.
Besloten ende
vast-ghestelt door den seer excellenten heere Don Louys
Mendez de Haro [...]. Ende door den Heere Cardinael Jules
Mazarin. Brussel, Huybrecht Anthoon Velpius, 1660, 4°,
71-[1 (grande marque)] p., broché, sans couv. Le traité des
Pyrénées formalise une paix conclue entre la couronne
d’Espagne et la France à l’issue de la guerre franco-
espagnole, commencée en 1635 dans le cadre de la guerre
de Trente Ans (1618-1648), et ayant continué durant la
Fronde. Il fut signé le 7 nov. 1659 sur l’île des Faisans, au
milieu du fleuve côtier Bidassoa qui marque la frontière
entre les deux royaumes dans les Pyrénées-Atlantiques.
Les rois Louis XIV de France et Philippe IV d’Espagne y
sont représentés par leurs Premiers ministres respectifs, le
cardinal Mazarin et don Luis de Haro. – Est. 20/40
95 VADDERE (Jean-Baptiste
DE
). Traité de l’origine
des ducs et duché de Brabant,
et de ses charges palatines
héréditaires, avec une responce aux Vindices de Ferrand
pour les fleurs de lis de France. Bruxelles, Lambert Mar-
chant, 1672, petit 4°, [10]-271-[1 blanche-13-1 blanche] p.,
1 pl. dépliante h. t. d’armoiries et 2 tableaux généalogiques
dépliants, demi-veau tête de nègre du début du 19
e
s., dos à
nerfs, pièce de titre. Bel ex. de la 1
re
édit. de cette étude
due à un chanoine d’Anderlecht. – Est. 80/120
ÉDITION PLANTINIENNE CLANDESTINE
96 VAN DER BORCHT (Pieter). – Partie d’une édition
plantinienne de toute rareté : 41 gravures de Pieter Van
der Borcht
(1545-1608) sur la Bible (26 × 33 cm), soit 33
complètes, les autres fragmentaires ou avec des manques.
Toutes à l’exception de la première traitent de l’histoire de
l’Ancien Testament (la première, avec manque, représente
Jésus au milieu des docteurs). Celles du Nouveau Testa-
ment sont numérotées 20 (?, manque la moitié), 22 (frag-
ment), 25, 26, 23, un fragment, 27 (avec manque), 28-33,
43 (pour 34 ?), 35-46, 49 (fragment), 50-57, 59 (pour 58 ?),
59, 60 (fragmentaire). Avec en regard, presque toujours, un
feuillet de texte explicatif de la planche en trois langues,
français, latin, néerlandais (certains feuillets manquent ou
sont fragmentaires). Toutes les planches et feuillets sont
doublés et montés sur onglets et reliés au 19
e
s. en un vol.
en demi-chagrin brun à coins (reliure usée). Les planches
sont relativement bien conservées avec parfois qq. traces
de déchirures et de rouss. Ces planches font partie d’une
publication clandestine publiée vers 1585, portant de faux
noms d’éditeur et d’auteur, du célèbre imprimeur d’An-
vers, Christophe Plantin ; elle était illustrée des gravures
sur cuivre de Peter Van der Borcht, un des graveurs favoris
de Plantin et accompagnée des commentaires de H. Barre-
felt, dit aussi H. Jansen ou Hiël (Images et figures de la
Bible : titre et texte trilingues (latin, français, néerlandais),
avec la fausse adresse « Jacobus Villanus » et le faux nom
d’auteur « Renatus Christianus » ; la date est de 1581 alors
que les gravures de P. Van der Borcht sont signées et da-
tées de 1582, 1583, 1584 et 1585. Sur cet ouvrage, voir
principalement : L. Voet, The Plantin Press, I, p. 262-265,
ainsi que l’article plus récent de A. Hamilton, From Fami-
lism to Pictism. The fortunes of Pieter Van der Borcht IV
bibliocal illustrations and Hiël’s commentaries from 1584
to 1717, dans Quaerendo, 1981, 271-301). La teneur assez
particulière de ce texte mérite quelques explications : Hiël
avait appartenu, comme son ami Plantin, à la secte dite de
la « Famille de la Charité », issue de l’anabaptisme ; après
une scission au sein de cette secte, Hiël, avec l’aide de
Plantin, a diffusé un courant de pensée religieuse que les
travaux récents de J.-F. Maillard ont mieux fait connaître :
dans la seconde phase barrefeltienne, la Famille de la Cha-
rité n’apparaît pas comme une secte structurée, hiérarchi-
sée... Elle se veut Église invisible, mouvement mystique
plutôt que secte, en marge de toutes les Églises officielles
sans toutefois s’opposer à celles-ci... Corollairement, toute
doctrine est écartée comme contradictoire (J.-F. Maillard,
Christophe Plantin et la Famille de la charité en France :
documents et hypothèses, dans Mélanges sur la littérature
de la Renaissance de la mémoire de V.L. Saulnier, Genève,
1984, 235-253). Cette volonté conciliatrice entre les diffé-
rentes religions ressort particulièrement dans les commen-
taires de Barrefelt pour cette première édit. des « Images et
figures de la Bible », ainsi qu’un appel à la connaissance
spirituelle et intérieure de la Bible qui va au-delà d’une
compréhension littérale du texte. Enfin, J.-F. Maillard dé-
montre que la pensée de Barrefelt a connu une grande dif-
fusion en France, notamment dans l’entourage de François,