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OÈME
. Manuscrit autographe avec ajout et corrections. 3 pp. in-4. Daté au crayon 1834 mais l’écriture est postérieure.
Manuscrit de
La Mer (fragment d’un poème)
, composé de 54 vers. « Ô mer assise sur tes grèves / Que d’espérances, que de rêves /
Agitaient mon cœur enfantin / Je savais tes métamorphoses / Et je t’aimais quand tes flots roses / Reflétaient les feux du matin […] ».
Provenance : Pierre Cornuau, expert en autographes.
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. L.A.S. à l’éditeur Bourdilliat.
Guernesey
, 11 août [1859], 3 pp. 12/2 in-16.
Voyage à Guernesey chez Victor Hugo
. Elle annonce son arrivée sur l’île, retardée par le mauvais temps. «
Nous avons trouvé le
grand poète en parfaite santé
. Il m’a fait, comme toujours, l’accueil le plus amical. Dans quelques jours Hetzel va mettre en vente
deux volumes de Lui [pamphlet sur Alfred de Musset].
J’ai beaucoup parlé de vous avec Victor Hugo et ses fils, et M. Vacquerie
s’est joint à moi
et s’est (?) des bons rapports que vous aviez eus ensemble […] ». Elle évoque ensuite la publication de
Lui
et hâte
son éditeur car le livre est « impatiemment attendu », et fait remettre la lettre par Antoni Deschamps. En P.S., elle ajoute : « Ecrivez-
moi sous le couvert de Mme L. Chenay chez Mme Hugo Hauteville House Guernesey ».
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. L.A.S. à
Victor Hugo
, 3 pp. in-8. Paris, 17 septembre [1852]. Hugo a coché la lettre comme répondue.
A son initiale gaufrée.
Superbe lettre enrichie d’un poème d’admiration à Victor HUGO
. « Lorsque Mme Victor Hugo a quitté la France, je l’ai
chargée pour vous de bien mauvais vers. C’était le premier jet d’une inspiration écrite à la hâte ;
ces vers retravaillés et rendus
moins indignes de vous devaient faire partie du volume de poésies que je viens de publier
; j’en avais même corrigé l’épreuve.
Mais la censure qui pèse sur la pensée a mis son veto sur cette pièce et sur une autre de mon recueil ayant pour titre la
Femme du Peuple
[recueil
Ce qui est dans le cœur des femme
s, 1852]. Tel qu’il est mon livre garde encore le souffle de toutes mes
convictions ». Elle en a déposé un exemplaire à son attention chez Paul MEURICE. « Vous y trouverez, malgré la pièce supprimée,
la preuve de ma vive sympathie et de
ma profonde admiration dans les vers qui terminent un morceau par la Place Royale
:
Dans cette enceinte à l’heure où tout sommeille / Si quelque vrai poète erre le soir / Il voit passer l’ombre du Grand Corneille / Qui,
sur les fleurs, près d’elle fait asseoir /
L’ombre d’Hugo dont la gloire est pareille
/ Et tous les deux, fiers, superbes à voir / Vont
devisant alors du vieil Horace / Du vieux Nangis, de Diègue, de Silva ! / Il n’en est plus de cette forte race / Parmi tous ceux que
notre âge éleva / Plus de vertu, plus d’orgueil, plus d’audace / Ah ! comme l’art, l’héroïsme s’en va !. BERENGER, que j’ai vu ces
jours-ci, m’a donné des nouvelles de Mme Victor HUGO qui lui avait écrit. J’ai appris avec joie son heureuse arrivée auprès de vous
[…].
Quand vous reverrons-vous tous en France ? Ah ! bientôt j’espère
[…] ».
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. L.A.S. à
Victor Hugo
,
13 pp. in-8
. Paris, jeudi 23 [1853]. Hugo a coché la lettre comme répondue. A
son initiale gaufrée.
Très longue et magnifique lettre à Victor Hugo, évoquant Lamartine, Mérimée et Flaubert
. « Toute ma semaine s’est passée
avec vous, monsieur, car la veille du jour où votre lettre m’arrivait d’Angleterre, j’avais vu madame Hugo et parlé avec elle de tout
ce qui vous intéresse […]. L’autre jour, je rentrai venant d’acheter un de vos volumes de poésies qu’on m’avait égaré (celui qui
renferme les Rayons et les Ombres et les Voix intérieures, le seul qui me manquât) […]. J’ai donc passé la semaine à vous relire et
à parler de vous.
Qu’elle est grande, qu’elle est neuve et féconde cette poésie qui déborde de vous comme l’onde d’un fleuve
d’Amérique !
Trop jeune, j’en comprenais mal la merveilleuse originalité, l’inspiration magistrale ;
habituée à la forme molle, au
style énervant des autres poètes (y compris LAMARTINE dont j’admire toujours la grandeur mais qui n’a jamais comme
vous de ces vers sculptés en marbre et coulés en bronze
qui rappellent les chefs d’œuvre de sculpture et de statuaire grecques
sur lesquels le temps ne peut rien ; de ces vers qui font rêver à l’artiste grec qui versa de sa main quelque chose de beau comme un
sourire humain sur le profil des propylées !
Oui, ce n’est que depuis quelques années que je vous sens, que je vous pénètre et
que je reste souvent anéantie d’admiration après vous avoir lu !
Quels horizons n’ouvrent pas des pièces comme La Tristesse
d’Olympie, le Puits indien, […]. Quelle forme magnifique grand Dieu ! concise ! inattendue. Mme Hugo me disait quelque chose de
bien frappant l’autre jour à propos de votre politique énergique, sincère, planante (passez moi le mot) que les faibles et les énervés
traitent de violente et d’intempestive). Elle me disait : quand mon mari a commencé sa carrière littéraire, on lui répétait aussi :
vous allez trop loin, vous cassez les vitres ; soyez novateur mais avec plus de modération. Eh ! bien il suivait sa nocturne, il était
hardi, il volait ; le public est venu à lui et s’est détourné des Brutus. Il en sera de même pour sa carrière politique… C’est vrai, c’est
vrai, monsieur, le génie doit être en avant des siècles et non en deçà.
Les générations viendront à votre œuvre politique comme
elles sont allées à votre poésie audacieuse et sublime. Oh ! restez comme un double phare sur les hauteurs de votre île. Vous
personnifiez pour nous la beauté et la grandeur dans l’art ! La dignité et la moralité dans la vie publique !
Vous avez à la
fois le courage et l’audace qui manque à presque tous. Parlez, chantez, prêchez dans ce magnifique langage et ce verbe éclairera et
relèvera un jour la France tombée si bas. Oh ! combien se réchauffent à la flamme de votre parole […] ». Elle évoque sa situation
personnelle difficile, vivant chichement de sa plume, contrainte aux concessions que lui impose la censure pour nourrir sa fille. Mais
elle tente, auprès de Victor Hugo, de faire imprimer des pièces transgressives ; l’imprimeur a détruit ses épreuves mais heureusement
elle en avait gardé le manuscrit qu’elle veut transmettre à Hugo pour le publier à l’étranger. Elle aimerait tant pouvoir le rejoindre
dans l’exil, mais elle explique que les contraintes matérielles l’en empêchent, qu’elle va concourir une nouvelle fois au prix de poésie
de l’Académie française, qu’elle fait des démarches auprès de Romieu pour sa pension littéraire. Elle évoque aussi la vie littéraire à
Paris et l’impact considérable que Victor Hugo garde sur toutes les sphères intellectuelles le pays, y compris à l’Académie française.
« J’ai passé hier chez Mr VILLEMAIN pour lui transmettre votre souvenir, je ne l’ai point rencontré mais il viendra sans doute me
faire visite avant le départ de Mme Hugo.
Mr COUSIN m’a dit qu’il n’avait jamais été question de vous à l’Académie que dans
les meilleurs termes
et que personne n’aurait eu la bassesse d’y faire la proposition dont ont parlé les journaux anglais. Hier, j’ai
passé la soirée chez une dame où était
MERIMEE. Il a protesté avec énergie contre la possibilité que cette proposition fut faite.