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223.
Léon BLOY
. L.A.S., 24 mars 1903, au lieutenant André
Roullet
 ; 1 page et demie in‑8.
300/400
Poignant appel au secours
. … « Dans une semaine, au plus, je serai exactement aux abois. Huissiers, saisie,
désolation & ignominie, perte immédiate de tout crédit, impossibilité de subsister même un jour &, à bref délai, mort
de désespoir pour moi & mort de misère pour les miens ». Lui et sa femme ont écrit partout ; il lui faut 200 francs qu’il
lui demande instamment. « En 1895, je finissais
le Mendiant
, vous savez de quelle façon douloureuse. Aujourd’hui
près de 8 ans se sont écoulés & c’est toujours la même agonie. Quand Dieu aura-t-il pitié de moi ? »…
224.
Léon BLOY
.
Manuscrit
autographe de deux notes pour
Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne
,
1903-1904 ; 2 pages in‑8 avec ratures et corrections.
250/300
[
19 décembre 1903
], après l’abattage d’arbres près de sa maison, ce que ne feraient pas des sauvages, par crainte des
forces naturelles. « Mais le bourgeois, brute supérieure, est incapable de cette crainte. La beauté de la face de Dieu ne
vaut pas pour lui l’effigie de Louis-Philippe ou de Napoléon III sur une pièce de cent sous »…
28 [février 1904]
. « Dans ma détresse, je m’étais adressé aux
Reille
, les catholiques suprêmes qui ont des esclaves
sous terre, comme les catholiques Belges. Je me croyais sûr d’obtenir au moins un coup de main, étant recommandé par
deux ou trois morts & me supposant appuyé par l’avocat Joseph
Ménard
, familier de la maison qui fut autrefois mon
ami. C’est un prêtre qui a fait la démarche. Impossible de voir ces drôles. Joseph Ménard, seul visible, a congédié avec
l’insolence d’un domestique le messager dont il aurait dû respecter au moins le caractère. Cet avocat J.M. ambitieux
également promis aux suffrages & aux coups de pied dans le cul,
possède
un vieux tableau qui m’appartient. […] Cet
avocat J.M. refuge de la veuve & de l’orphelin est un des derniers confidents de la divine miséricorde »…
225.
Léon BLOY
. L.A.S. « L.B. » (minute), [7 novembre 1904], à
Jehan Rictus
 ; 1 page in‑4, à la suite d’un
brouillon de sa femme (3 pages).
400/500
Étonnante lettre
citée avec variantes dans
L’I
nvendable
. [Jehan Rictus avait incité Eugène
Ledrain
à
consacrer à Léon Bloy un article dans
L’Éclair
du 3 novembre 1904 ; l’article déplut fort à Léon Bloy, qui refusa d’aller
remercier Ledrain, et adressa une lettre pleine d’ironie (insérée dans le
Journal inédit
) à l’écrivain et orientaliste, prêtre
défroqué et marié.]
Jeanne Bloy répond d’abord (lettre insérée dans le
Journal inédit
), en l’absence de son mari, à une lettre indignée
de Rictus, insistant pour que Bloy revienne sur les termes de sa lettre et aille remercier Ledrain : « Nous avons le plus
profond mépris pour les Judas, et Ledrain en est un. Le jour où Léon descendrait jusqu’à serrer la main d’un prêtre
apostat, il cessera certainement d’être
protégé
[…] Il n’y a qu’une manière d’agir efficacement pour L.B. c’est de prier
pour lui »…
... Bloy écrit à son tour, reprochant à « Gabriel Randon » [Rictus] d’avoir mal lu ses lettres : « n’y comprenant rien,
vous m’avez écrit 4 pages furieuses & insensées. Cela n’est pas
généreux
& si quelque chose de vous peut m’affliger,
c’est de découvrir que vous manquez de générosité.
Vous me blâmez de ce qui m’honore & vous m’accablez parce que
je suis pauvre
. […] Vous me lisez, vous me propagez, vous m’aimez & vous n’avez pas encore compris que je suis
catholique. C’est effrayant. Vous ne comprenez pas que Ledrain peut avoir besoin de moi mais que je n’ai pas besoin
de lui. […] Il a eu l’incroyable honneur d’écrire sur moi. Que cela lui suffise. “Il a des enfants”, dites-vous. Oui, des
enfants de prêtre ! Et vous me conseilliez, vous me pressiez d’aller serrer la main
consacrée
de cet apostat ! Vous me
prenez donc pour un littérateur ! [...] Vous rentrez mercredi. Dieu veuille que ce soit en vous-même »…
226.
Léon BLOY
.
Manuscrit
et
notes
autographes pour
Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne
,
[1902-1905] ; 2 et 2 pages in‑8 (le 2
e
sur papier deuil).
300/400
[
25 juillet 1902
]. Long développement sur
Saint Christophe
« l’auxiliateur & le géant martyr », avec anecdote
sur un voyage en train au retour du Danemark… [
27 octobre 1902
]. « Il y a, en haut de Lagny, un fantôme qui aurait
peut-être fait peur à Edgar Poe. Une vieille de théâtre, autrefois sautante ou gueulante »… Plus un brouillon de lettre à
l’abbé
Mugnier
, et des brouillons de dédicace à André Dupont et Frédéric Brou… Au dos d’une l.a.s. de Jean
Rodes
pour une enquête sur l’enseignement (17 avril 1902, en-tête de
La revue blanche
).
Liste des destinataires du livre, avec le texte des envois ; on trouve une cinquantaine de noms (biffés après envoi),
dont Henri
Bloy
« son frère », Edmond
Deman
« suite de ma petite réclame au Monde », André
Dupont
« Je vomis
dans un abîme », Otto
Friedrichs
« du dernier écrivain de la France à l’historien de son dernier roi », Mme Jeanne
Gayon
« De Cochons-sur-Seine à Cochons-sur-Marne 28 kilomètres de boudin », Marie
Krysinska
« d’un homme
de désir », Louis
Montchal
« toujours dédicataire du Désespéré », Alfred
Vallette
« L’argent ne fait pas le bonheur,
surtout lorsqu’il est absent »,
Rachilde
« Le boudin sera pour rien cette année », Alferd
Jarry
« Que pense le père
Ubu de ce “balai innommable” lancé sur le comptoir du charcutier », etc.