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227.
Léon BLOY
.
Manuscrit
autographe, [
Histoire de France racontée à Véronique et Madeleine
, vers
1905 ?] ; 1 page in‑4.
500/600
Cette « introduction inachevée » a été recueillie à la fin de
La Porte des Humbles
(1920). « C’est au nom du Père,
du Fils & du Saint-Esprit que j’entreprends de vous raconter ce que je sais de l’Histoire de France. […] Je cherche Dieu
dans l’histoire, c’est-à-dire la Main de Dieu dans tous les événements de l’histoire ». Mais les historiens « ont toujours
voulu montrer les hommes & n’ont presque jamais voulu montrer Dieu », et ils ont oublié « que chacun de ces hommes
d’autrefois qui sont aujourd’hui en poussière a eu sa mission & sa vocation très particulière dans le plan général de
Dieu »… Il faut lire l’histoire avec détachement et se dire « que tout ce qui arrive est adorable aussi bien dans l’histoire des
peuples que des individus. […] Quand on étudie l’histoire dans cet esprit de foi & de simplicité, c’est un éblouissement ».
On joint
une petite note autographe sur la spéculation sur le blé par l’Américain Joseph Leiter en 1897 (1 page
petit in‑12).
Reproduit en page 119
228.
Léon BLOY
. 8 L.A.S., 1905-1915, à
sa fille
Véronique
Bloy
, et un
manuscrit
autographe,
Rêve de
Véronique
, 1909 ; 18 pages in‑8 et 2 cartes postales, 5 enveloppes et 2 adresses, et 5 pages petit in‑8 plus
titre.
1.500/2.000
Belle correspondance à sa fille aînée
(née en avril 1891), la plupart écrite quand elle séjournait chez Jacques
et Raïssa
Maritain
, avec qui Bloy s’était lié en juin 1905.
Paris 29 décembre 1905
. Maman va mieux et Véronique et Madeleine, recueillies par Jacques et Raïssa
Maritain
,
devraient regarder ces amis comme « des êtres qui ressemblent à des saints & à des anges ».
Raïssa
est une personne
exceptionnelle, « une créature de Dieu véritablement lumineuse. Elle n’a pas été élevée comme toi dans la Lumière, elle
n’est pas baptisée encore. N’importe, elle est toute lumineuse, […] de celles que Dieu a choisies & que le Saint-Esprit
veut habiter comme des palais splendides. Tu ne peux pas avoir trop de respect & d’amour pour elle & pour son mari
qui était, sans doute, le seul compagnon qu’elle pût choisir »…Bloy parle avec émotion et admiration d’Henri
Barbot
[directeur d’une imprimerie à Bolbec], et il charge Véronique d’un message pour Maritain à propos des épreuves du
Salut par les Juifs
28 juin 1906
, à la suite d’une lettre de la petite Madeleine : « Tu sais mes sentiments pour toi, ma
chérie, ma première-née & ma bien-aimée. Tu sais que je donnerais bien volontiers ma vie pour toi & que tes peines
me perceraient le cœur. Il faut donc prier spécialement pour moi, car je suis un papa fort triste, semblable au lièvre
de Lafontaine : Cet animal est triste & la crainte le ronge. Oui, ma chère petite, j’ai toujours été ainsi »…
30 juin
1906
. Une lettre affectueuse de Pierre
Termier
lui demande de prier pour sa
conversion 
: « Il ne faut pas rire. Ce bon
chrétien voudrait devenir un
saint
. Les gens qui viennent à moi de tout leur cœur n’y échappent pas. Il me parle aussi
& beaucoup de la Salette. Il croit, de plus en plus, ce sont ses propres paroles, que je n’ai été mis sur son chemin que
pour qu’il me procurât les moyens d’écrire sur la Salette. Il tient l’argent tout prêt aussitôt que je serai en état de faire le
voyage »… Puis Mme Bloy prend la plume…
19 août 1909
. Il n’est pas content de sa solitude, ni de sa captivité : « Car
je suis tout à fait captif, forcé d’attendre, chaque jour & chaque heure, des lettres ou des personnes qui n’arrivent pas.
Hier soir, après que j’avais écrit à ta mère, il est venu une réponse de
Vallette
. Il m’envoie le compte détaillé de
Celle
qui pleure
. Ce n’est pas brillant. 545 exemplaires seulement ont été vendus […] je n’ai plus à recevoir que 124 fr. »…
Du Puy multiplie ses démarches : « Il pensait que je recevrais des sommes des deux ministères. Rien encore »…
[Lyon
13 juin 1910]
(carte de Fourvière) : « Je n’ai que le temps de t’embrasser de toutes mes forces »…
[Corps (Isère) 16 juin
1910]
(carte du village de Corps
Route du pèlerinage de Notre-Dame de la Salette
) : « Le Vieux de la Montagne à
sa Véronique »…
Paris
4 septembre 1910
 : « Je travaille de bon cœur, je vois mon livre [
Le Vieux de la Montagne
]
s’achever, je dîne tous les jours avec nos bons amis les Brou »… Il évoque quelques affaires d’argent (dont un don de
Mme Vignes), et il demande à Véronique ses prières : « j’en ai un besoin immense. Songe à tout ce que j’ai à faire, à
tout ce qui m’est demandé, à ce grand fardeau que Dieu a mis sur mes épaules en me donnant le redoutable pouvoir
d’agir par mes livres sur certaines âmes. Dans tous les sanctuaires que vous visiterez, priez pour moi, vous qui êtes
chrétiennes par moi, maman, Madeleine, Véra, toi en particulier que j’ai nommée la
Vraie Image
de Jésus souffrant »…
Bourg-la-Reine
5 octobre 1912 
:« J’espère que tu es heureuse près de ta marraine, près de Jacques, près de la douce &
fragile Véra. Ce sont des âmes que Dieu nous a envoyées au soir de notre vie douloureuse & nous ne pourrons jamais,
ta mère & moi, lui rendre grâces pour ce bienfait »…
18 juin 1915
. Il a la tête vide et le cœur triste, n’ayant jamais
pris l’habitude de la maladie. « Cependant j’ai pu aller à l’église & communier ce matin, pour la première fois depuis
près d’une semaine. Cette privation me désolait. […] tu as dû prier pour ton pauvre vieux papa qui commence fort
péniblement la première des 25 années qu’il lui faudra franchir avant l’époque de ses noces d’or. Ce qui m’afflige, c’est
l’impossibilité actuelle d’accomplir le moindre effort physique, sans des suffocations douloureuses »…
Rêve de Véronique
,
21 novembre 1909
. Transcription par Léon Bloy d’un rêve de Véronique, qui est allée
retrouver la Vierge Marie, sa « Douce Mère », dans son Jardin des Délices, et a éprouvé l’impression d’être innondée
de tendresse et de bonté. « Et voilà ce que je ne peux pas décrire : la sensation de cette rosée humide & chaude qui
exprimait à la fois la pureté, la fraîcheur de la nature au soleil levant & l’active chaleur de la Vie dans sa plus haute
perfection »…Marie l’a assurée qu’elle avait dans ce Jardin sa place, mais quant à cette parole, « il me semblait qu’elle
était pour maman ».
Reproduit en page 121