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29.
Léon BLOY
. 9 P.A. pour des dédicaces, [1905-1909] ; 11 pages in‑8 ou in‑12.
300/400
5 dédicaces pour Joseph
Ménard
(1905) : «
On assassine
– Souffrez, ami, que je vous offre ce bouton arraché à la
culotte de Mme Hello »…
4 dédicaces pour Alfred
Pouthier
(1906) : « à l’ami ajourné 18 ans je ne sais pourquoi »…
8 dédicaces pour Lucienne
Delaroche
(1906 ?) : « à vous, chère Lucienne qui êtes aussi une Femme pauvre »… ;
suivies d’un brouillon de lettre aux Vignes (au dos liste de poèmes).
Pour Pierre
Termier
(1908) : « Pour le Bloc Termier le seul qui pense, le seul qui aime, le seul qui prie, le seul
surtout qui ait découvert Léon Bloy qui est à lui seul un bloc de désagréments et d’impertinences »…
À Jeanne
Termier
pour un volume du Journal (au dos, début de lettre à Pierre Termier).
6 dédicaces à divers (Tichet, Pierre et Jeanne Termier, H. Charasson, du Puy, F. Dellevaux, 1909 ?).
À Jeanne
Termier
 : brouillon de la dédicace en tête de
L’Invendable
(1909) ; brouillon des envois de ce livre à la
dédicataire, et à Pierre Termier.
230.
Léon BLOY
.
Manuscrit
autographe, [
La
Résurrection de Villiers de l’Isle-Adam
, 1906] ; 3 pages et
demie in‑8 remplies d’une minuscule écriture, avec de nombreuses ratures et corrections.
1.500/2.000
Manuscrit de premier jet
, très différent du texte publié dans la plaquette éditée par Auguste Blaizot en 1906, en
faveur de l’érection du monument scuplté par Frédéric
Brou
en mémoire de
Villiers de l’Isle-Adam
.
« Les chrétiens ne croient pas à la mort. […] La vie est changée, elle n’est pas ôtée. Si quelqu’un a voulu cela,
c’est le pauvre Villiers de l’Isle-Adam. La mort sans retour, puante & inconcevable, telle que l’ambitionnent les tueurs
de cygne, n’était pas dans ses moyens. Voici donc ce qui lui arrive tout à coup, 17 ans après qu’il s’est endormi. La
Gloire vient, la gloire toute nue, sans ailes ni auréole, la gloire des misérables. Elle le tire de son sépulcre & dressant le
cercueil, elle en arrache les planches d’une irrésistible main ». Bloy se remémore ses « tristes funérailles […] & le sale
cortège de littérateurs sous une pluie battante ». Dans un passage supprimé dans l’édition (ici des points de suspension
marquent des citations à prendre dans
La Femme pauvre
), il évoque la « fin lamentable » de Villiers « à l’hôpital et dans
les bras d’un écrivain de plomb [
Huysmans
], grisailleur foireux, plagiaire du néant, bourgeois envieux & ricaneur,
devenu depuis un converti à grand carillon & l’une des dernières colonnes de l’Église ! Ce personnage s’était rendu
adjudicataire des derniers jours du poëte, le client unique de son agonie. […] Villiers fut séquestré & marié
in extremis
par persuasion ». Bloy dit ses remords d’avoir « mis une si niaise persévérance à vanter les qualités d’âme du romancier
naturaliste », et fustige « l’abominable souillasse devenue comtesse, épouse légitime… »… Puis Bloy en vient au
projet de monument par Frédéric
Brou
, « sculpteur de très grand talent […] le groupe est en réalité je ne dis pas de
3 personnes, mais de 3 figures. Il y a comme je l’ai dit, la gloire, telle que Villiers pouvait la concevoir. Elle se nomme
Tullia Fabriana, Claire Lenoir, Ellen, Morgane, Akedysseril, etc. une femme unique dans les deux sens du mot. Il y a
ensuite Villiers se réveillant & enfin la Mort signifiée par ce cercueil debout comme un homme s’efforçant de réssister à
la gloire ». Ce monument va effrayer : « Le bourgeois, le “Tueur de cygnes” comme l’appelait Villiers n’aime pas qu’on
lui rappelle le cimetière. Il n’est pas poète, lui, il ne rêve pas & ne croit pas qu’on se réveille dans les tombeaux »…
Puis Bloy évoque longuement l’œuvre de Villiers : « La centrale préoccupation, l’ombilic du poète singulier que fut
l’auteur de l’Ève future, ce qui doit être absolument intolérable aux imbéciles, c’était son besoin vraiment inouï d’une
restitution de la femme. […] Après l’avoir cherchée désespérément parmi les fantômes de son rêve, il essaya de la créer
comme eût fait un Dieu, avec de la boue & de la salive. L’Ève future est le résultat de cet effort de Titan […] N’est-ce
pas elle que je vois arrachant les planches de son cercueil ? Elle est très jeune & ne sait pas mieux que de combattre ».
Il s’adresse ensuite à Thomas
Edison
« que Villiers a magnifié et glorifié pour toute la durée des siècles. […] Ne ferez-
vous rien pour celui qui a tant fait pour vous. Si on vous connaît en France, autrement que par vos inventions, c’est
parce que Villiers de l’Isle Adam ébloui de ce que Dieu avait mis en vous a décidé qu’il en serait ainsi ». Et il l’invite à
un don généreux : « Ce serait peut-être aussi le moyen de le séparer une bonne fois de la multitude banale qu’il a tant
détestée. Il est depuis 17 ans au milieu des morts cet immortel, ce solitaire têtu qui ne put jamais se consoler d’être né
au milieu des hommes ». [La fin sera développée dans la plaquette, par l’insertion de longues citations commentées de
textes de Villiers de l’Isle-Adam.] Au milieu de ce brouillon, figure le brouillon d’une lettre à Pierre
Termier
(24 mars
1906), dans laquelle Bloy lui avoue son incapacité à lire son ouvrage de géologie.
O
n joint
un petit feuillet de notes autographes (2 pages in‑12) sur
Isis
et
Axel
, avec citations dont plusieurs,
rayées au crayon bleu, seront utilisées dans la dernière partie de
La Résurrection
.
Reproduit en page 121
231.
Léon BLOY
. 2 L.A.S., Le Tréport 5 et 6 septembre 1906, à
sa femme
Jeanne
, à Bures par Orsay (Seine et
Oise) ; 4 pages et demie in‑8, enveloppes.
500/700
Il est soulagé qu’elle soit bien arrivée à Bures. Il a retrouvé au Tréport ses amis
Brou
. « Messe, ce matin, dans
la vieille église du Tréport, promenade avec Brou, vu la Manche & les hautes falaises qui me rappellent un peu les
montagnes »…
Il a reçu sa très belle lettre (citée dans le
Journal inédit
, t. III, p. 1017) : « Elle a été pour moi une illumination, un
jaillissement de lumière, un signe manifeste que Dieu
veut
mon livre sur la Salette. C’est
admirable
 ! Le Discours
présenté comme
la plainte d’Ève
, les pommes de terre signifiant
les morts
. Quelle merveille ! Tu sais mon avidité du
…/…