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247.
Léon BLOY
. 7 L.A.S., Taillepetit (Dordogne) et Paris 26 août-11 septembre 1910, à
sa femme et ses
filles
 ; 8 pages in‑8 et in‑12, 4 adresses.
1.200/1.500
26-30 août
. Son séjour à Taillepetit en Dordogne se passe très bien : « Pays merveilleux » où il mène une vie
uniforme, mais il a hâte de rentrer : « j’ai besoin d’être chez moi, fût ce pour y souffrir, & ma joie sera grande de
me retrouver dans Paris ». Il espère que les
Brou
seront encore à Paris et qu’il ne sera pas « un vieux tout seul sur
sa montagne. Je vais d’ailleurs tellement travailler que la solitude, même absolue, ne me ferait pas peur »...
Paris
1
er
-11 septembre
. Il veut terminer
Le Vieux de la Montagne
, « notre unique ressource actuelle. Je suis extrêmement
pauvre & tourmenté par la crainte que vous ne manquiez d’argent ». Les soucis matériels continuent à l’accabler :
il a fallu signer des billets pour le charbon « en comptant exclusivement sur Dieu ». La présence des
Brou
lui est
d’une grande consolation. Il travaille avec ardeur : « N’allant nulle part, écrivant dix heures, j’aurai bientôt fini &
j’irai très joyeusement vous retrouver & respirer l’air breton. […] Il n’y a plus que la question argent. Il m’en faut
nécessairement pour ce voyage. Je demande cette grâce avec confiance. Elle ne me sera sans doute pas refusée »…
[Quelques passages ont été biffés au crayon lors de la publication des
Lettres intimes
.]
248.
Léon BLOY
. L.A. (minute), [10 mars 1910], à Jacques
Servy
, directeur de
La Flamme
 ; 1 page obl. in‑12.
200/250
Sur André
Rouveyre
(lettre insérée dans
Le Vieux de la Montagne
) : « Le dessinateur détraqué du nom de
Rouveyre
me demanda le mois dernier l’autorisation de me crayonner dans le
Mercure
qui publie inconcevablement
2 fois par mois ses petites manigances. […] il insista tellement avec de telles protestations de respect et d’amour que je
finis par céder, me persuadant qu’il avait réellement la volonté ou le pouvoir de faire qqchose de propre. […] Il y a des
artistes qui voient noble. Rouveyre voit ignoble. C’est bien fait pour moi »…
On joint
le manuscrit de 3 dédicaces pour l’
Exégèse
(2
e
série),
Le Fils de Louis XVI
et
Quatre Ans de captivité
.
249.
Léon BLOY
. 4 P.A. (minutes ou brouillons de lettres), [1910-1915] ; 5 pages et demie in‑8 ou in‑12 avec
ratures et corrections.
250/300
À René
Martineau (4)
. « Je vous informe que notre ami March. Succombe. L’angoisse de ces derniers jours ne
peut plus être supportée »… Il lui offre son livre [
L’Âme de Napoléon
] « cadeau du Mendiant à son ami R.M. pour le
nouvel an. Puisse cette dédicace d’un écrivain horriblement triste & fatigué ne pas vous déplaire »… Il le prie de ne
pas lui parler de son livre : « J’ai passsé ma vie depuis environ 20 ans, à entendre célébrer mes louanges, alors que je
périssais de misère & qu’il me fallait lutter contre le désespoir »… « Puisque vous êtes
rené
, mon cher Martineau, je
voudrais bien savoir en quel temps vous avez bien pu naître pour la première fois »…
À Jacques
Maritain
 : « Tu as dit mon secret pour écrire mes livres […] J’ai écrit dans les ténèbres, dans mes
ténèbres à moi, qui ne sont pas celles des autres, en comptant sur Dieu seul comme Jérémie. Et voilà tout mon
prestige ».
À Pierre
Termier
(2). « Vous me décernez la grandesse géologique. C’est enivrant & monstrueux »… « Nous
sommes avec vous de tout notre cœur, nous pleurons avec vous & nous prions »…
Bourg-la-Reine 18 mai 1915
, au propriétaire de deux pavillons avenue de Châtillon qu’il voudrait louer…Au dos,
brouillon de deux dédicaces à Léopold Levaux pour
Le Salut par les Juifs
et
Celle qui pleure
.
250.
Léon BLOY
.
Manuscrit
autographe, [
L’Aveugle-né
, mai 1912] ; 4 pages petit in‑4 remplies d’une
minuscule écriture.
1.200/1.500
Manuscrit de premier jet
du texte publié par Mme Léon Bloy, sous le titre
L’Aveugle-né
, comme chapitre
final (XXI) du volume posthume
Dans les Ténèbres
(1918). Il est daté en marge du 7 au 20 mai [1912], et présente de
nombreuses ratures et corrections, avec des additions marginales appelées aux crayons rouge et bleu. Très beau texte,
qui devait être le premier d’une série d’études bibliques, sur le miracle de la guérison de l’aveugle par Jésus (Jean,
IX). Dans sa Préface à
Dans les Ténèbres
, Jeanne Léon Bloy écrit de son mari : « Ses yeux avaient été dessillés par un
événement inouï, et le sens de l’Écriture lui avait été ouvert.
L’Aveugle-né, c’est lui-même !
 »
« Jésus dit à l’aveugle-né qu’il vient de guérir : “Crois-tu au Fils de Dieu ?” Celui-ci demande : “Qui est-il,
Seigneur, pour que je croie en lui ?” Et Jésus répond : “
Tu l’as vu, & c’est celui-là même qui te parle
.” Cette dernière
parole est écrasante pour notre esprit. Ainsi donc Jésus aurait guéri cet aveugle, ce mendiant aveugle qui n’avait jamais
rien vu, pour que le premier objet qu’il pût voir fût précisément le Fils de Dieu »…
Le manuscrit est suivi (page 4) d’un texte intitulé
Le Fils prodigue
, qui devait servir de préface au recueil d’exégèses
projeté par Bloy. Il a été publié dans les
Cahiers Léon Bloy
(9
e
année, n° 1, septembre-octobre 1932) sous le titre
Sur
l’exégèse
. : « C’est une angoisse & une continuelle tentation de découragement de penser au si petit nombre de ceux
que peuvent intéresser aujourd’hui des travaux d’interprétation biblique, à savoir l’inévitable & continuelle immersion