Page 98 - cat-vent_maigret15-05-2013-cat

Version HTML de base

96
Antée
(19 janvier,
GB
21/1, sur
Zola
), Il y a Quelqu’un (26 janvier,
GB
28/1,
BP
XX, sur Francisque
Sarcey
),
Le
fumier des Lys
(2 février,
La Plume
1
er
mai 1890, sur
Naundorff
, recueilli en 1891 dans
La Chevalière de la Mort
),
L’art vertueux
(9 février,
GB
11/2/1889),
Le cabanon de Prométhée
(17 avril 90,
La Plume
1
er
septembre 1890,
BP
I,
sur
Les Chants de Maldoror
),
Le Reportage intellectuel
(
La Plume
15 mai 1890).
Christophe Colomb devant les taureaux
, daté en fin 8 août 1890,
manuscrit complet
de ce livre publié en
1890, les 7 chapitres (ici sans titre) étant suivis de la
Notification préalable aux Spadassins du Silence
(introduction)
et de l’Appendice D, et d’un brouillon de lettre à Léon Deschamps pour la publication d’un extrait dans
La Plume
(11 pages).
Expositions
L
éon
B
loy
(Jean Loize 1952, n° 166 ; Bibliothèque Nationale 1968, n° 268a).
185.
Léon BLOY
.
Notes
autographes, 1887 ; 2 pages grand in‑8.
400/500
Brouillon de lettre à Henriette
L’Huillier
et Adèle
Montchal
, Paris 3 janvier 1887. Sa solitude l’opprime, et
l’année qui commence ne lui inspire que « du dégoût et de la haine. Elle a débuté pour moi d’une façon horrible. Mon
imprimeur a déclaré sa volonté de ne pas continuer mon livre, presque achevé pourtant » ; mais l’éditeur a trouvé
une combinaison. «
Le Désespéré
va peut-être enfin s’achever. Les aventures inouïes de cet infortuné livre vont avoir
un terme prochain, en dépit de tout, je veux l’espérer. Mais ma lassitude d’âme est immense. Cette lutte, toujours
malheureuse, contre l’hostile infériorité des hommes et des choses m’abrutit et m’extermine ».
Au verso, plan et notes pour
Belluaires et Porchers
(1905), liste de noms dont certains commentés : « 
Zola
Pontife de Cybèle. Zola dans la Terre ne semble plus se souvenir de son histoire d’
une famille
 /
Bonnetain
 /
Rosny
 /
Descaves
 /
Margueritte
 /
Guiches
[en marge de ces 5 noms accolés :] Rosny est vraiment le Bilatéral. Sédition
d’une queue – les derrières /
d’Aurevilly
L’enfant terrible /
Goncourt
 /
Hello
– le Fou /
Péladan
 /
Villiers
l’Écuyer de la Chimère /
Décadents
les derrières /
Huysmans
Le mauvais vitrier /
Verlaine
Le lépreux […] Alph.
Daudet
– Un voleur d’art »… Suivent quelques notes sur Descaves, Zola, Bourget…
On joint une enveloppe à l’adresse d’Adèle Montchal en Suisse.
186.
Léon BLOY
. L.A. (minute), 24 février 1887, à Georges
Khnopff 
; 2 pages in‑8 remplies d’une minuscule
écriture (pli fendu réparé).
700/800
Importante lettre exposant son projet de
L
a
F
emme
pauvre
[Bollery II, 234-238].
La première partie de la lettre est destinée au directeur de la Librairie moderne, à qui Bloy expose l’idée de
son prochain roman : « Une jeune fille issue de la bourgeoisie ouvrière et douée, par transmission atavique, d’une
âme supérieure à son milieu, haïe par conséquent ou méprisée de ses proches, persécutée par son abominable mère
qui voudrait la vendre, finit par tomber d’elle-même dans l’infortune banale d’un premier amant lâcheur. Alors,
s’ouvre pour elle le triple gouffre de la prostitution, du suicide ou d’un retour pur et simple à la vie médiocre, avec
l’aggravation d’un idéal irréparablement carié. Ces trois solutions détestées l’épouvantent et elle en cherche éperdument
une quatrième qui sera, de toute nécessité, la prostitution encore, parce que tel est l’inéluctable destin de la femme
pauvre, quand la Providence n’accomplit pour elle aucun miracle. Cette absurde odyssée sera curieuse et, je l’espère,
assez passionnante, car elle sera l’occasion de traverser d’étranges milieux et de basses tragédies plus étranges encore.
[…] Le central concept de ce roman est le sexe physiologique de la femme, autour duquel s’enroule ou se débobine
implacablement sa psychologie tout entière. Pour parler net, entre nous, la femme dépend de sa vulve comme l’homme
dépend de son cerveau. […] Mon héroïne qui a réellement existé, et que j’ai observée avec le plus grand soin, n’aura
ni beauté supérieure ni dons singuliers. Elle ne possédera qu’un triste cœur assez sublime, mais elle le portera à la
manière des femmes, c’est-à-dire au plus profond de son sexe, puisqu’il faut les éventrer, ces êtres bizarres, pour leur
donner la Maternité qui est la véritable explosion de leur personnalité affective ! […] Après le
Désespéré
, la désespérée.
[…] vous pouvez compter sur une oeuvre de l’observation la plus douloureuse et d’un tragique puissamment noir.
Plus une seule attaque personnelle, d’ailleurs. Le pamphlétaire est enterré avec Marchenoir ». Il pense que l’éditeur
fera là « une bonne affaire ! »…
Au verso, Bloy développe plus audacieusement le fond de son livre pour Khnopff : « Il n’y a pour la femme,
créature temporairement,
provisoirement
inférieure, que deux façons d’être acceptables : la maternité la plus auguste ou
le plaisir. En d’autres termes, la Sainteté ou la Prostitution. Marie-Magdeleine avant ou Marie-Magdeleine après. Entre
les deux, il n’y a que
l’Honnête Femme
, c’est-à-dire la femelle du
Bourgeois
, le réprouvé absolu qu’aucun holocauste
ne peut rédimer. Une sainte peut tomber dans la boue et une prostituée jaillir dans la lumière, mais jamais ni l’une
ni l’autre ne pourra devenir une honnête femme […] Toute femme,
qu’elle le sache ou qu’elle l’ignore
, est persuadée
que sa vulve est le Paradis »… Malgré cette exposition confuse, Bloy espère que son ami entrevoit la magnificence du
sujet : « Je brûle de dire enfin un peu de vérité profonde au milieu de tant de mensonges littéraires et de dramatiques
rengaines. […] Je veux que cette œuvre transcende la miséricorde, qu’elle la pleure »… Plus grandement conçu que
Le
Désespéré
, ce nouveau livre sera « une œuvre d’art plus parfaite aussi », et il a besoin d’une sécurité matérielle pour la
concevoir et l’écrire…