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arrivée à Janina : ils s’étendent respectivement du 12 mars au 11 mai
et du 16 mai au 2 septembre 1806. Pouqueville relate son
installation dans une maison accordée par le Pacha : « Elle est meublée d’un sopha complet avec dix-huit coussins, deux oreillers,
trois matelas, deux couvertures […] J’ai acheté une cafetière en argent et dix soucoupes, trois fambeaux de cuivre, une paire
de mouchettes, du bois et du charbon. Voilà bien des détails de ménage pour un homme étranger toute sa vie à ces sortes de
tracasseries, mais que ne faut-il pas apprendre dans la vie ! » (19 mars 1806). Il rend compte de ses visites auprès des autorités,
notamment Veli Pacha, fls du vizir, qu’il voit régulièrement et avec lequel il a d’excellents rapports. « J’ai visité les prisons
de Janina et je les ai trouvées remplies de Grecs. On n’y voit ni Turcs, ni Juifs. C’est que les premiers s’entre-secourent ; quant
aux Juifs, ils forment une étroite fraternité. Il n’en est pas ainsi des Grecs : délateurs sans foi, ils sont la cause de tous les maux
qui les accablent. À ceux que j’interrogeais et demandais quelle était la cause de leur [incarcération], l’un répondait : c’est mon
évêque ; celui-ci : c’est mon codja-bachi ; tous enfn : c’est un tel Grec »… (28 mai). « Que les journées sont longues et pénibles
dans la solitude ! […] Vers le matin, si je reçois quelques visites des Grecs, à leur conversation, je reconnais l’accent d’ennemis
secrets, détestant tout ce qui est français. Toujours lire, étudier ; mes forces n’y peuvent suffre. Mais le soir arrive : je reprends
mes études, espérant du moins que le jour qui va suivre m’apportera de nouvelles occupations »… (28 juillet).
On joint le diplôme de membre de la Société des Sciences physiques et médicales du Rhin inférieur décerné à François
Pouqueville, Bonn 3 août 1824, signé notamment par le Dr Johann Harless (in-plano en partie impr., sceau sous papier, fendu
aux plis).
359. [
François POUQUEVILLE
]. P.S. par l’intendant militaire Fornier-Montcazals, Paris 18 octobre 1825 ; 1 page
in-4, timbres fscaux.
300/400
Sur la captivité de Pouqueville à Constantinople. [Après avoir étudié la médecine, François Pouqueville participa à
l’expédition d’Égypte avec son maître Antoine Dubois. Il était l’un des sept médecins et chirurgiens membres de la
Commission
des sciences et des arts
, qui regroupait les 154 savants emmenés par Bonaparte en mai 1798. Malade, il fut autorisé à rentrer en
France dès la fn de l’année, mais, au retour, fut capturé par un corsaire.]
« Nous soussignés François, étant partis d’Alexandrie d’Egÿpte, faits prisonniers le 5 frimaire an 7 [25 novembre 1798],
par Drouch Capitan, corsaire de Tripoli de Barbarie, et étant embarqués sur la tartane dite la Montenegro, capitaine Tacon de
Livourne, certifons que Monsieur François Charles Hugues Laurent Pouqueville, du dépt de l’Orne, membre de la Commission
d’Egÿpte, étoit sur le même bâtiment, que nous avons passé environ trois ans dans les prisons des Turcs et notamment au
château des Sept-Tours à Constantinople, d’où nous sommes sortis vers le mois de novembre 1801 »
Durant sa captivité,
Pouqueville a toujours été payé par le Trésor public, par l’intermédiaire du baron d’Hubsch, ministre du Danemark, ainsi que
le précise l’attestation.
On joint une L.S. du duc Pasquier, ministre des Affaires étrangères, à François Pouqueville, 7 décembre 1821, concernant
l’attribution d’un traitement d’inactivité de 5000 francs à François Pouqueville et la nomination offcielle de son frère Hugues
au consulat de Patras (Grèce).
360.
Hugues POUQUEVILLE
. Manuscrit autographe de son journal, novembre-décembre 1815 ;
petit cahier in-4
de 16 pages.
600/800
Visite de l’ex-Roi de Suède Gustave IV en Grèce.
Frère de l’écrivain et diplomate François Pouqueville
(1770-1838), Hugues Pouqueville fut d’abord chancelier du consulat
de Janina (Épire), puis vice-consul à Prevesa, avant d’être nommé à l’Arta en 1814. Ce journal, tenu entre le 22 novembre et
le 16 décembre 1815, relate en premier lieu l’arrivée de l’ex-roi de Suède Gustave Adolphe à Prevesa où Hugues était venu
l’accueillir, ainsi qu’Ali Pacha, vizir de l’Épire : « Le roi de Suède est arrivé vers les trois heures après-midi. A.P. a été le recevoir
jusqu’au bord de la mer; mais pour ménager son orgueil, il l’a reçu par le chemin du harem. On a tiré une douzaine de coups
de canon et des coups de fusil » (Prevesa, 23 novembre 1815). Le lendemain, le vice-consul est reçu par Gustave Adolphe : « Il
m’a parlé de la France et du Roi de manière à me prouver qu’il aime beaucoup les Français et est fort attaché au Roi auquel il
m’a dit avoir déjà écrit deux fois… Il m’a proposé d’écrire au Roi sous son couvert et au duc de Richelieu; ce que je n’ai pas
accepté. Il m’a demandé ce que je voulais qu’il dise au Roi ? - Qu’il avait vu son consul de l’Arta qui lui était resté fdèle »…
(24 novembre). Puis le fls d’Ali Pacha, Mouctar, arrive à Prevesa avec la cavalerie et les Albanais : « La ville est tellement
remplie qu’on ne sait où se fourrer » (25 novembre). Des échanges de cadeaux ont lieu entre Ali Pacha et l’ex-roi de Suède.
Mais ce dernier manque d’argent : « Le malheureux Gustave pressé par le besoin a vendu secrètement au vizir un solitaire de
la plus grande beauté pour la somme de douze mille sequins !! On assure qu’il en vaut le double ! De manière que le vizir aura
regagné ses dépenses » (27 novembre). Le lendemain, Gustave Adolphe part pour Sainte-Maure. Hugues Pouqueville reste
quelques jours à Prevesa : « Arrivée d’un soi-disant colonel italien qui vient chercher fortune auprès d’A.P., il a apporté avec lui
trois chevaux, un carosse et des chiens de chasse. Encore un homme de perdu… Je lui ai donné avec circonspection les conseils
que je dois à tous les étrangers » (8-10 décembre). Trois jours plus tard, le vice-consul retourne à L’Arta : « J’apprends l’avanie
arrivée dans ma maison. Je fais arrêter le Grec et me dispose à écrire au vizir. Si je n’obtiens pas justice, je suis résolu de me
retirer à Patras » (13 décembre).
361. [
Hugues POUQUEVILLE
]. Diplôme portant la griffe de la Reine Régente d’Espagne Marie-Christine et les
signatures de 3 dignitaires, Madrid 12 mai 1838 ; grand in-fol. (63 x 43 cm) en partie impr. à en-tête de
Doña
Isabel Segunda
…, avec riche encadrement allégorique et large vignette gravés, sceau sous papier aux armes ; en
espagnol.
1.000/1.200
Beau diplôme de commandeur de l’Ordre royal américain d’Isabelle la Catholique conféré à Hugues de Pouqueville, consul
de France à Carthagène, pour les services qu’il a rendus « à la cause légitime de mon auguste flle la Reine Isabel II »…