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293. ROGER-DUCASSE . L.A.S. « R.D. », Le Taillan 1 er avril [1915], à Raoul B ardac  ; 4 pages in-8. 200/300

L ongue lettre de la guerre , racontant son séjour militaire dans un camp, puis la grave pneumonie qu’il y a attrapée, son hospitalisation, puis son affectation « dans le service auxiliaire », etc. « Tout cela est lamentable ! Mais qu’y faire ? Si on regarde autour de soi, on voit tant de misères plus profondes, que les nôtres ne présentent qu’un bien mince intérêt. […] J’apprends à l’instant que R avel , las d’une inaction prolongée, s’est engagé dans les aviateurs, comme lance-bombes ! Je ne sais pourquoi, mais je trouve cela tordant ! Il parait que Florent [S chmitt ] est à Lunéville depuis les 1 ers jours de la guerre. Comment, avec ses idées, n’a-t-il pas passé la frontière ? Cette guerre nous aura ménagé bien des surprises. D’autre part, F auré m’écrit que le clan des musiciens se fait fâcheusement remarquer par son abstention militaire : ces messieurs viennent au Conservatoire habillés en soldats, c’est vrai, mais c’est tout : les jurys de cette maison ne sont composés que d’embusqués, tout neufs et astiqués de frais. Ah ! les sales gens ! »… Il a appris la mort de Madame D ebussy  : « j’ai écrit à Claude hier et à votre mère, il y a au moins 10 jours et je n’ai encore aucune réponse. Quand nous reverrons-nous, et jusques à quand va durer cette boucherie ? »...

294. ROGER-DUCASSE . L.A.S., Domaine de Pichebouc 23 août [1915 ?], à Mme de M arliave mère ; 1 page in-12 à son adresse, adresse. 100/150

Souvenir ému du musicologue Joseph de M arliave (1873-1914), au jour anniversaire de sa mort : « C’est surtout vers vous que s’attendrit notre pensée, car rien ne se peut comparer à la douleur maternelle, parce que c’est la seule qu’avive le sentiment de l’amour le plus pur. Je sais combien votre foi vous donne de soutien et d’espérance et comment, pouvons-nous jamais assez remercier Dieu qui, à côté des épreuves dont il frappe les forts, a mis le secours béni de la croyance et de la prière »... O n joint 3 L.A.S. à une dame.

295. ROGER-DUCASSE . 5 L.A.S., Le Taillan et Paris 1915-1934, à E rmend -B onnal  ; 6 pages formats divers, un en-tête Préfecture de la Seine ,

adresses et enveloppes. 200/300

2 mars [1915]  : « je peux vous prêter Orphée [...] à 2 conditions : la première, c’est que vous y ferez attention, la deuxième ( j’obéis au crescendo) c’est que vous me prêterez, en retour, votre fantaisie pour piano »... [27 mai 1926]  : « Orphée passe à l’Opéra, le 9, et vous voyez que tout arrive, comme dit l’autre, à qui sait attendre »... [1 er juillet 1928] . « Hélas ! il faut que je sois le 19 à Paris... et pour un concours d’orphéons. Je n’ai pu me libérer de cette tâche offcielle et dont je suis lassé par avance »... 8 août [1934]  : « Avant de poser votre candidature à la classe que je quitte, avez-vous pensé que vous n’aurez qu’un traitement de 24.000 frs. soumis à retenue, qu’on ne peut plus compter sur les leçons, que les loyers et la vie sont chers. [...] De plus, vous aurez des rivaux qui sont sur place, qui ont dû, déjà, travailler les membres du Conseil supérieur et de l’Institut »... Etc.

296. ROGER-DUCASSE . L.A.S., à Gabriel F auré au Conservatoire de Musique ; 1 page in-12, adresse. 100/150

Il recommande Bertain pour le jury de hautbois. « Si votre jury de piano-hommes n’est pas arrêté, pensez à moi : cela m’intéressera. Savez-vous qui est engagé, à l’Opéra, à la place de Rose ? Madame R aunay , malgré ses cinquante-cinq ans ! Dame Marthe était beaucoup plus jeune ! Encore une Direction qui va nous amuser ! »… O n joint une L.A.S. à B ourgeat au sujet du Comité Fauré.

297. ROGER-DUCASSE . L.A.S., Domaine de Pichebouc 21 août 1939, [à Pierre A uclert ] ; 1 page in-4 à son adresse. 120/150

Il l’envie « d’être aux bords de la mer où chantent les Sirènes... Ici, nous avons un temps affreux, de vent, de froydure et de pluye. On se croirait aux premiers jours d’un octobre maussade et indécis. Et si l’été de la St Martin est beau, ce n’est pas à Paris que j’en profterai. Vous avez dû apprendre le mariage du jeune K ocsziusko , mariage d’extrême gauche, s’il en fût jamais. Le bonheur n’a peut-être pas d’opinion, comme l’amour. Je serai enchanté de vous revoir à ma classe. M aillard -V erger a fait penser, en décrochant la timbale, que j’étais capable de faire, outre des musiciens, des Prix de Rome : ma ferté naturelle ne s’en grandit pas d’un quart de coudée ». Il réagit à un concert : « J’en ai assez des glissandi de harpes, des trompettes avec sourdine et des cors aussi bouchés que les musiciens d’une certaine catégorie »...

O n joint une L.A.S. à son flleul au dos de sa photographie (carte postale), et une L.A.S. à un ami.

298. ROGER-DUCASSE . 6 L.A.S., 1943-1949, à Bernard G avoty  ; 8 pages formats divers, qqs en-têtes. 300/400

11 mai (1943 ?)  : « J’ai toujours rêvé d’un élève musicien, d’abord sensible, ensuite qui aurait su exprimer dans une phrase élégante, nette et qui unît à la précision des termes, parfois une émotion, qu’on aurait sentie plus qu’on ne l’aurait lue, des idées à lui que j’aurais aimées qui fussent sœurs des miennes. Mais je ne l’ai pas trouvé, peut-être parce que vous n’avez pas été mon élève »…

Vendredi soir , évoquant son retour dans sa propriété de Pichebouc, écoutant « dans un crépuscule si attardé qu’il a l’air d’une aurore, tous ces rossignols en amour qui, sans aucun souci tonal, se répondent d’un buisson à l’autre »… 23 juillet 1949 , très longue lettre pleine d’humour à « Monsieur le Critique Musical », en réponse à une enquête : « Se peut-il qu’on songe à poser des questions sur l’orientation ou le destin du système harmonique à l’heure même où l’Humanité entière suit avec angoisse les évolutions du Tour de France ? […] À peine cette fère attente est-elle un peu atténuée par le récits des amours des stars d’Hollywood, par les joies et les peines d’hétaïres célèbres, par l’excommunication majeure du Communisme, simple diversion peut-être nécessaire. Mais quel frémissement dionysiaque secoue tous les hommes, dignes de ce nom, devant l’effort surhumain des virtuoses de la pédale ! Et c’est à ce moment qu’un journal […] demande si l’accord de 17 e diminuée sur simple pédale de tonique polytonale altérée va s’élargir encore, si les instruments de bois et cuivre seront désormais joués par l’embouchure ou par le pavillon, si, dans le système des douze sons harmoniques, peuvent surgir des accords nouveaux ? […] Le Sacre du Printemps semblait bouleverser de fond en comble notre vieux système harmonique. Qu’en est-il en résulté ? D’autres, moins doués que S travinsky , se sont lancés éperdument dans cette voie sans issue. Ils ont entassé, les uns sur les autres, accords, agrégations de notes étrangères, tonalités, et l’on sortait de ces auditions, ahuri. Que si, rentré chez soi, on avait l’imprudente curiosité de lire la partition, comme le fot, on reculait épouvanté. »… Etc.

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