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Décoration.
Ce manuscrit contient 2 peintures. Il lui
en manque trois qui se trouvaient en tête
des
Heures de la Vierge
, des
Heures de la
Croix
et de
l’Office des morts
, et peut-être
une quatrième avec la disparation probable
des
Heures du Saint-Esprit
, dont nous ne
trouvons aucune trace.
La décoration de ce manuscrit était donc,
dès l’origine, extrêmement rudimentaire,
avec une peinture en tête des principales
sections. Ce qui surprend est la présence
d’une peinture représentant
La Nativité
en tête de Prime. Il subsiste aussi une
seconde peinture en tête des Psaumes de la
pénitence,
David jouant de la lyre
, qui n’est
pas de la même main que
La Nativité 
: les
dimensions des cadres intérieurs sont les
mêmes mais les styles des peintures sont
différents et l’ornementation extérieure est
beaucoup plus riche pour le roi David.
-
La Nativité
(f. 44) : dans une étable, la
Vierge nimbée et Joseph sont agenouillés
et se recueillent, mains jointes, devant
l’Enfant couché sur un lit de paille posé
au pied d’un couvre-lit rouge. Dans le
ciel, Dieu bénit la scène à travers le toit
de l’étable. La peinture est encadrée
d’une bordure de feuillage vert émeraude, de tiges portant des feuilles or et des fleurettes rouges et bleues.
Au-dessous commence le texte avec une belle initiale bleue rehaussée de blanc, ornée de fleurettes rouges et
bleues, sur fond or.
- David jouant de la lyre
(f. 66) : agenouillé dans ce qui paraît être une excavation dans un champ bordé de rochers
ocres et d’arbres, David couronné, vêtu d’une robe rose et d’un manteau bleu pâle, joue de la lyre en regardant
le ciel où apparaît Dieu dans un halo rouge. Au-dessous le texte commence par une belle initiale peinte en
bleu rehaussé de blanc sur un fond rose. L’ensemble est placé dans un superbe encadrement de rinceaux et
de fleurettes d’une belle finesse, sur fond or ; le centre de l’initiale est orné de même. Une bordure entoure la
page : proche dans son traitement de la précédente, mais néanmoins plus dense.
Les grandes sections du manuscrits (
Ad Laudibus
,
Ad Primam
,
Ad Tertiam
,
Ad Sextam
,
Ad Nonam
,
Ad Vesperas
,
Ad Complectorium
,
Obsecro te
,
O intemerata
et
les XV joys Nostre Dame
) sont marquées par une belle lettre
initiale (or sur un fond alternativement bleu et lie-de-vin filigrané d’un trait blanc) qui se développe dans la
marge en tiges noires avec un léger feuillage or.
Le reste de la décoration consiste en lettres ornées et en bouts de ligne s’accordant, quel que soit le module, avec
les grandes initiales ornées précédemment décrites (lettre à l’or, fond alternativement bleu ou lie-de-vin), ce qui
donne au manuscrit une évidente homogénéité. Les titres sont rubriqués.
Provenance.
Ce manuscrit a été utilisé à la fin du XVI
e
et au début du XVII
e
siècle comme livre de raison, ce qui signifie que des
événements à caractères familiaux ont été reportés sur le calendrier par ses possesseurs successifs. Ceci permet
ainsi de localiser le manuscrit à Cricqueville-en-Auge (Calvados) dès le début du XVI
e
siècle : 6 jan. «
Mardy je
prends possession du benefice de Criqueville – 1508
 » ; une autre main ajoute : «
Lucas
 » ; 27 févr. : «
Ma seur
Olive deceda en 1593 
» ; une autre main ajoute encore : «
Elle avoit este mariee en premieres nopces a Jacques
Laisney et en secondes à Jean du Doict de Focqueville 
» ; sur le calendrier, au mois de février, «
Dam[oise]lle Avoic
du Gripel femme et épouse de noble homme Noel Eury seigneur de la Fontaine donna ces présentes heures à Me
Jean Lucas prêtre curé de Criqueville l’an de grace mil six cent au mois de juin en la journée de lingienye
(sic) »,
30 oct. «
Dedicatio ecclesie Crique
<viliensis> ».
Ces annotations, dont nous ne donnons ici qu’un aperçu, sont complétées sur un feuillet de parchemin ajouté à
la fin du manuscrit. Le recto de ce feuillet est couvert d’annotations de la fin du XV
e
ou du début du XVI
e
siècle et
le verso porte la mention manuscrite
A Valognes / le 20 août 1830, / je fus donné à / M. Lebredonchet / vicaire
d’Orglan / des
.
Ce manuscrit est d’un aspect très agréable et, en dépit de ses lacunes iconographiques et textuelles, il offre un
intérêt documentaire sur la vie d’une famille villageoise normande au XV
e
siècle.
Reliure un peu frottée. Le manuscrit a beaucoup servi et certains feuillets présentent un aspect grisâtre ou sali
avec quelques taches sans gravité.