Page 29 - cat-vent_rossini28-04-2014-cat

Version HTML de base

27
77.
Marceline DESBORDES-VALMORE
. 2 L.A.S., 26 décembre 1854 et 20 février ; 6 pages et demie in-8, une
adresse.
400/500
26 décembre 1854
, à sa voisine Mme Courtois, dentellière. Seule sa propre convalescence l’empêche de se rendre auprès
d’elle. « Je n’ai, depuis long-tems, que des nouvelles funestes à donner de moi aux amis qui me sont restés, et dans la première
violence de mon chagrin, je redoute d’en attrister ceux qui m’ont témoigné le plus de sympathie. […] ayant perdu ma dernière
et bien-aimée sœur, j’ai ressenti ce deuil avec une amertume telle que j’en suis tombée malade »…
20 février
. Elle explique, obscurément, n’avoir rien pu conclure pour son ami, et attendre encore M. Langlais : « Ma vie est
d’attendre »… Elle ne se console jamais du bien qui ne s’accomplit pas pour ceux qui lui sont chers. « En en parlant, tout celui
que vous pourrez faire à cette plaintive que j’ai lue hier entièrement, faites-la de la part du ciel, qui n’a donc pas le tems ! Ne la
grondez en rien puisqu’elle est si sincère et si charmante. Je lui donnerais cinquante prix si c’était aux femmes d’en donner aux
femmes, et aux pauvres d’en donner aux pauvres. Il y a dans ce livre tant de patience, tant d’heures navrées, tant de luttes avec
tout ce que nous savons bien des assauts renfermés – mais tout l’argent du monde, ne payerait pas les pires diamants qui sont
là venant de ses vraies larmes »… Elle est brisée de la lecture de ce livre. Elle espère encore que Langlais viendra dîner ; son fils
lui portera cette lettre… Elle reprend la plume : « Il n’y a personne attaché fixement où vous pensiez, sinon d’encore en encore.
Tout littérateur souhaitant s’y faire admettre, se présente librement avec son œuvre. Le feuilleton de critique est en ce moment
confié à Monsieur P. : le roman et la nouvelle ont des chances d’accueil, à plus forte raison signés d’un nom comme le vôtre,
mais sans l’engagement souhaitable de rédaction permanente. C’est là comme partout, courir comme sur un sable mouvant »…
78.
Marceline DESBORDES-VALMORE
. Poème autographe,
Rendez-vous d’Olivier
; 1 page in-8.
1.000/1.200
Poème d’amour inspiré par son amant « Olivier » (Hyacinthe de Latouche), publié pour la première fois sous le titre
Le
Rendez-vous
dans l’
Almanach des Muses
de 1815, et la même année dans le
Chansonnier des Grâces
sous le titre
L’Absence
au rendez-vous
. Mis en musique par Ch. Lambert dans le
Souvenir des Ménestrels
(1815), il a été repris dans la
Guirlande des
Dames
(1816) et les
Veillées des Antilles
(1821), et inclus en 1819 dans la nouvelle
Marie
.
Le poème se compose de trois quatrains ; le titre primitif,
Rendez-vous aux champs
, a été en partie biffé et corrigé.
« Olivier ! je t’attends. Déjà l’heure est sonnée ;
Je viens de tressaillir comme au bruit de tes pas.
Le soleil qui s’éteint va clore la journée ;
Ici j’attends l’amour, et l’amour ne vient pas ! »…
79.
Marceline DESBORDES-VALMORE
. 2 L.A.S., février-mars 1856, à un critique ; 4 pages et demie in-8.
400/500
23 février 1856
. « Pouvez-vous avoir dit de telles choses sur moi et qu’ai-je donc fait pour les justifier ? Ce qui m’alarme
dans l’excès de votre indulgence, c’est que les autres ne vous croiront pas, et je voudrais que tout fût reconnu juste dans vos
écrits »… Elle craint que la compassion pour ses douleurs ne l’ait aveuglé sur ses défauts, mais après avoir dit « cette vérité
presque douloureuse pour moi, parce qu’elle peut vous attirer un blâme et que tous vos écrits vont avoir une haute portée dans
l’avenir, j’ai bien le droit de vous avouer que mon premier saisissement n’a été que de la joie et comme si l’on disait à quelqu’un
qui se croit mort : “Vous vivez !” »…
3 mars 1856
. « Sans toucher à votre indépendance qui me sera toujours sacrée comme la mienne, pouvez-vous faire quelque
chose de ce que je vous envoie ? »… Il s’agit d’un « fait adorable » d’un chef de famille en Moldavie, abîmé de douleur par la
mort d’un frère : « il vient de se donner la consolation sublime dont je vous envoie le précis sans ornement, l’ayant accomplie
avec cette simplicité du père qui partage un pain avec tous ses enfans. J’ai pensé de suite à vous, comme si votre âme nous disait
“Je suis là” »…
80. [
Marceline DESBORDES-VALMORE
].
Hippolyte Valmore
(1820-1892) fils de la poétesse, il publia un
volume de ses lettres. 3 L.A.S., dont une avec post-scriptum de sa mère, 1853-1857, [à Auguste Brizeux] ; 11 pages
in-8, une à en-tête
Cabinet du Ministre de l’Instruction publique et des Cultes
.
250/300
Paris 18 janvier 1853
. Il lui envoie son exemplaire de
Télen Arvor
, en déplorant de n’avoir pas donné à ce « trésor » un digne
habillement. « Ma mère est presque toujours à Passy, passant les jours et presque toutes les nuits auprès de sa fille malade
[Ondine] »…
4 septembre 1857
. « Au pouvoir de la névralgie la plus douloureuse », sa mère souhaite répondre qu’elle lit les vers
du « poète errant ». « Enchaînés que nous sommes à un rivage odieux, nous vous suivons des yeux, mais sans envie ; car nous
sentons bien que vous êtes poussé par l’orage. Que de fois il nous arrive de parler de celui qui est là-bas et voyage pendant que
notre esprit se désaltère à la source fraîche et saine de la poésie celtique ! Des fous font ici du bruit en frappant sur des urnes
sonores mais vides ; on se bat pour la forme nouvelle, on oublie la liqueur vivifiante »… Il dit leur triste satisfaction de se détourner
du siècle qui renie la poésie, pour écouter le « barde bien-aimé », puis il parle de la « longue épreuve » de sa mère souffrante, « elle
qui a toujours su faire de ses jours les plus douloureux une longue et patiente bonne action » ; cela ne peut durer ; ils attendent
« un bouquet de fleurs d’or »…
20 novembre [1857 ?]
. Sa mère le suit dans son « pèlerinage mélancolique ». Hippolyte décrit les
souffrances de celle à qui les médecins défendent d’écrire, de parler, de marcher. « Comme on ne peut lui interdire l’amitié et le
doux soulagement de parler des voyageurs, il nous arrive souvent, après avoir cherché la poésie autour de nous, de voler bien loin,
jusqu’en Armorique, pour la trouver. […] depuis que Burns et Lafontaine n’écrivent plus, c’est là-bas qu’il faut aller pour trouver
un vrai poète ». Ils l’attendent. Marceline Desbordes-Valmore ajoute : « Âme des blés ! Quelquefois je crois vous voir avec nous
et je vous regarde avec une affection profonde… Je ne peux dire plus, la force manque à votre ami »…
On joint 2 L.A.S. à un ami, au sujet des lettres de Brizeux à sa mère.