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[1820]
. Il lui transmet un article et le prie d’intervenir auprès de Martainville : « Ils n’ont aucune raison pécuniaire pour en
retarder la publication, et ils ont peut-être quelque raison
morale
pour reprendre mon nom qu’
entre nous
je ne leur donnerai
plus. […] J’ai mis dans ce qui vous concerne l’expression de ma pensée, et je me suis emparé peut-être avec assez de bonheur
d’un reproche qui vous sera fait pour les convertir en éloge, parce que telle est l’impression que m’a laissé votre biographie de
Bernardin » [
Essai sur la vie et les ouvrages de Bernardin de Saint-Pierre
, 1820]
3 mai 1834
. Il a appris son mécontentement quant à son premier article et espère le reconquérir avec le second… Il a été obligé
d’y mettre « des détails imposés par l’urgente nécessité de faire passer mes articles de
linguistique
, le volume étant en attendant
son complément que mes autres affaires m’ont jusqu’ici empêché d’écrire, ce qui me tient sous le poids d’un dédit considérable
en vertu duquel je serai rigoureusement poursuivi »… Il regrette de ne pouvoir écrire des articles plus régulièrement… Il a
appris qu’il avait reçu l’offre d’un rédacteur moins affairé, qui saura probablement le satisfaire davantage…
S.d
. Il requiert une aide financière. Il s’est vu confier la mission par le Ministre de rédiger des articles sur « la nécessité des
colonies général et sur la colonie africaine en particulier. […] En me confiant cette besogne, le Ministre eut la bonté de me dire
qu’il savoit
que ce genre de question étoit étranger à mes études habituelles et pouvoit me détourner d’une occupation plus
agréable ou plus facile ; qu’il n’entendoit pas que le temps que j’y donnois fût perdu ; que les fonds applicables aux gens de
lettres dont il pouvoit disposer étoient extrêmement restreints, mais qu’ils lui permettoient cependant de me promettre un
faible dédommagement de mes peines
»… Il le prie d’intervenir auprès du Ministre pour obtenir une avance sur salaire… –
« Ce que l’amitié m’avoit promis hier est devenu inutile »… Le Ministre lui a écrit que tout ce qu’il pouvait pour lui était de ne
rien réclamer, car «
j’ai changé de dessein
»… Lainé et Richelieu n’ont pas tenu leurs engagements : « Si M. Lainez peut me
faire tenir le
tiers
des promesses
écrites
qui m’étoient faites […] je suis encore prêt à partir pour Odessa ; mais il est absurde
de supposer que j’irai chercher à neuf cent lieues la détresse et la mort par respect pour un engagement qu’on a violé en tout
point »… Il refuse que l’on attente à sa réputation : « Il sera difficile mais il sera piquant d’expliquer comment je me suis trouvé
réduit, par l’effet de la protection spéciale de deux ministres, à la seule alternative d’aller me noyer dans la mer Noire ou de
venir me noyer dans la Seine, et comment j’ai opté pour la Seine parce qu’on m’avoit rendu trop pauvre pour que j’allâsse
plus loin »… – Sa situation matérielle s’améliore : « Un mois de travail obstiné me tirera de mes fâcheux embarras » et pourra
bientôt rembourser ses dettes…
On joint une L.A.S. de sa fille « Marie Antoinette Nodier », remerciant Aimé-Martin des vers qu’il a mis dans son album.
153.
Charles NODIER
. L.A.S., 24 janvier 1841, à Alphonse de Lamartine ; 1 page in-8, adresse (bords un peu
effrangés).
400/500
Belle lettre sur le discours de Lamartine à l’Assemblée sur la question des fortifications de Paris (21 janvier 1841).
[Lamartine y voyait une atteinte à la Constitution car elles étaient avant tout un moyen pour le gouvernement de se prémunir
contre d’éventuelles révolutions.]
… « De plus habiles que moi diront, peut-être, ce qui domine dans ce merveilleux discours, de la raison, de l’éloquence ou du
courage. – La vertu est au moins la moitié du génie, et voilà pourquoi vous êtes l’orateur le plus complet des temps modernes.
Vous avez touché hardiment au point de contact de deux opinions toujours dissidentes qui se sont accordées traîtreusement
sur une question insensée. Vous ne deviez pas, vous ne pouviez pas parler du secret providentiel de ce phénomène. – Les
fortifications de Paris se bâtiront, dussent-elles s’élever plus haut que Babel, parce que les fortifications de Paris sont
une cause
finale
! Quoique vous ayez paru en penser quelquefois, nous voilà parvenus au dernier terme de l’âge de décadence ; mais l’âge
de barbarie sera court, et vous en sortirez avec le flambeau de la civilisation dans les mains. Marchez donc à l’avant garde, et le
chef d’une société nouvelle. Mes yeux ne vous suivront pas dans cette carrière, mais je vous aurai salué au départ, des vœux
et de l’admiration d’une modeste amitié. Dieu a permis aux mourants de pénétrer quelques-uns des mystères de l’avenir »…
154.
Georges Mogin dit NORGE
(1898-1991). Manuscrit autographe signé,
La Belle Endormie
, [1935], ; 33 pages
in-8.
1.000/1.500
Manuscrit complet de
L
a
B
elle
endormie
, recueil inspiré du conte de
La Belle au bois dormant
, et publié en 1935 par les
Éditions Sagesse aux Quatre Chemins.
Il est composé de 30 poèmes (un par page), en prose ou en vers, avec titre, page d’épigraphes et faux-titre.
Entre les deux épigraphes de Charles Perrault : « Elle tombera dans un profond sommeil qui durera cent ans » et « Une robe
qui soit de la couleur du temps », ce vers de Rimbaud : « Ô saisons, ô châteaux ».
Le manuscrit est soigneusement mis au net, avec indication au crayon en bas de page des textes à composer en « italiques ».
Citons le début du premier poème :
« Au bord de ces forêts, les sentiers effrayés se replient sur eux-mêmes, le sol vient à fléchir.
De lourdes épines où vibre la guêpe se mélangent d’un chêne à l’autre, tissant une muraille ardente et sans défaut »…
On joint une L.A.S. à Fernand Marc, Rotterdam 9 avril 1935, lui envoyant ce manuscrit, et évoquant ses autres poèmes, son
autre recueil
L’Imposture
, et ses deux recueils en préparation : des
Fables
et un
Vol d’Icare
...
155.
Georges Mogin dit NORGE
. 6 L.A.S., 1950-1963, à Frans Masereel ; 2 pages in-4, 2 pages in-8 et 2 cartes
postales.
300/400
Correspondance amicale. Lettres de vacances, de Suisse ou de la Côte d’Azur ; vœux de nouvel an, etc. Remerciements
pour un éloge « que j’ai la faiblesse de ne pas attribuer seulement à ton amitié »...
14 juillet 58
: « Ma poésie te doit beaucoup.
Je suis comblé qu’elle puisse te toucher »...
4-X-63
. Il le remercie pour l’envoi de son ouvrage
Poëtes
: « la verve maserélienne
est plus riche que jamais ! Quel pouvoir d’invention ! Quel Métier ! (je mets un grand M). Comment se choisir une vocation
parmi tous ces “Poètes” ? Je me sens concerné par tous, sauf l’arriviste. Que ne puis-je être le “génial” ! »...