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302.
Tristan TZARA
(1896-1963). 2 notes autographes et 2 L.A.S., 1952-1961 ; 4 pages in-8 dont une au crayon.
400/500
Iconographie
, au crayon : Tzara a établi la table des 22 illustrations pour la monographie de René Lacôte,
Tristan Tzara
(Seghers 1952, « Poètes d’aujourd’hui »), avec notamment ses portraits par Delaunay, Picabia, Duchamp, Brancusi, Juan Gris,
Marcoussis, Ernst, Matisse, Masson, Léger, Miro, Tanguy, Baltus, Picasso… La seconde note est une liste des artistes amis pour
le service de presse du livre, avec leur adresse : Baltus, Alberto Giacometti, Fernand Léger, André Masson, Joan Miro, Henri
Matisse, Max Ernst, Yves Tanguy, Georges Hugnet, C. Brancusi, Henri Laurens.
3 février 1953
. Il rappelle à Pierre Seghers
leurs accords financiers : « 6 mois après la parution du volume qui m’est consacré, vous deviez me faire le versement de 25.000
frs. Je vous serais reconnaissant de m’envoyer un chèque de cette somme…
1
er
fév. 1961
. Il envoie à une dame « l’épreuve de
l’Erratum corrigée. J’aimerais que tout soit prêt pour la vente du C.N.E. »…
303.
Silvain-Charles VALÉE
(1773-1846) maréchal de France. 61 L.A.S. (paraphes), janvier-août 1807, à sa femme, à
Strasbourg ; 158 pages in-4, nombreuses adresses, un cachet cire rouge
1
er
Inspecteur général de la Pologne
(petit
manque avec perte de qqs mots).
1.200/1.500
Belle correspondance du jeune colonel pendant la campagne de Pologne de 1807. Très amoureux de sa femme, il
l’entretient non seulement d’affaires domestiques et familiales, mais aussi, avec une nuance d’ironie, de la vie militaire, ses
ambitions et déceptions, et d’observations sur la rencontre des souverains à Tilsit. Les lettres sont écrites de Varsovie, Eylau,
Osterode, Königsberg, Tilsit, Dantzig, Breslau et Berlin. Nous ne pouvons en donner qu’un rapide aperçu.
Varsovie 3 janvier
. Le général Songis a demandé pour lui « un avantage pécuniaire » pour faciliter sa nomination de
colonel ». Valée se félicite d’être chef d’état-major de l’artillerie ; « le pauvre Pernety est à faire des sièges de Breslau &c. Il y a
été envoyé par l’empereur lui-même ; il a souvent de pénibles corvées qui lui sont occasionnées par l’avantage d’être connu
particulièrement de lui »…
12 janvier
. Il est enfin colonel. « Il va y avoir encore de l’avancement et des faveurs pour l’artillerie,
l’Empereur a écrit hier au g
al
qu’il voulait la recompenser »…
14 janvier
. Quatre ou cinq ans ne sont pas trop longs : « on
soutient que l’on est encore jeune femme à 34 ans, on peut être aussi jeune Excellence à cet âge »…
Eylau 10 février
. « Je ne
sais pas si nous partirons d’ici aujourd’hui, nous y sommes fort mal et entassés au nombre de 20 à 30 mille hommes dans une
petite ville dont le canon a cassé toutes les fenêtres. La bataille d’avant-hier fut une des plus sanglantes qu’on ait jamais eu, on
est, des deux cotés, occupé à lécher ses playes, on se prépare cependant à suivre l’ennemi, il paraît qu’il a plus souffert que
nous »…
14 février
. Il a été nommé hier colonel du 1
er
régiment d’artillerie à pied, et M. d’Aboville, commissaire général des
poudres. Valée déplore que l’attaque des courriers par « des especes de partisans », prisonniers ou déserteurs, ou « quelques
détachements prussiens », ait nui à leur correspondance…
Osterode 24 février
. « Il paraît que nous nous rapprocherons demain
encore de la Vistule, nous irons probablement à Thorn, de là à Posen &c. »…
8 mars
. Il est nommé officier de la Légion
d’honneur : « Me voila donc au pinacle de ce que je pouvais et de ce que je puis momentanément obtenir […]. On vient de faire
une grande promotion dans l’art
ie
, sur un rapport du g
al
Songis »… Cela lui fait regagner le pas qu’il avait perdu sur beaucoup
d’autres : « on dit que c’est un grand avantage d’être off
er
de la Légion, j’y trouve d’abord celui de ne pas avoir la distinction si
commune. Mille francs de plus par an sont aussi pour bien du monde une considération »…
Rosenberg 17 avril
. « Si j’eus sçu
que la peau d’un russe eut pû te faire plaisir, j’avais beau jeu de t’en envoyer, même d’assez belles ; pendant plus de huit jours
il y en a eu dans la cour et dans le vestibule de la maison que nous habitions à Eylau. Mais je n’y ai vu que des russes crottés et
point de russes fourrés »…
8 mai
. « Si les gens qui trouvent que c’est un grand avantage d’être à l’état major, étaient eux-
mêmes à l’armée et dans le cas d’en juger plus sainement, ils trouveraient tout aussi avantageux et plus agréable de servir dans
un corps d’armée. On y est beaucoup moins mal pour soi-même […] et on a aussi l’avantage de pouvoir s’attacher des princes
et des maréchaux […] La faveur est en général un motif de haine : tant qu’on l’a, on vous flatte, quand on la quitte ou qu’elle
vous a quitté, on vous hait, ceux mêmes à qui vous avez pû faire le plus de bien »…
9 mai
. Leur ami Foy s’est marié en Italie
avec la fille de Baraguey d’Hilliers ; l’Empereur a signé le contrat…
26 [mai]
. Pour « cadeau de noces », l’Empereur a envoyé
Foy «
en Turquie 
: voilà de ces avantages qu’on a souvent a etre connu »…
Eylau 13 juin
. « Nous voici encore […] dans cette
malheureuse ville abreuvée il y a quatre mois de tant de sang : nous en partons probablement ce soir et comme l’ennemi n’a pas
dirigé la retraite de ce côté-là, on ne s’est pas battu. On s’attendait hier à avoir une grande bataille à Heilsberg au même endroit
qu’avant-hier, mais les russes avaient probablement trop souffert pour la risquer, ils se sont retirés et comme, de coutume, on
courre après eux. […] le g
al
Roussel qui a, je crois, épousé une demoiselle Lacombe est blessé à mort »…
Königsberg 24 juin
.
Ils quitteront demain Königsberg : « le g
al
si inquiet de n’y pas voir venir l’empereur veut aller le rejoindre […] il paraît que
l’empereur reste à Tilsit sur le Mémel pour y traiter dit-on de la paix. On a quelque raison d’espérer qu’il y aura une entrevue
entre lui et l’empereur de Russie ou le roy de Prusse »…
Q.G. à Tilsit 28 [juin]
. Ils sont au milieu de Russes amis. « L’empereur
Alexandre, après avoir eu deux entrevues avec l’empereur Napoléon dans un petit château qu’on leur avait construit au
milieu de la rivière qui sépare les deux armées, a trouvé plus commode de venir s’établir ici, en consequence on a partagé la ville
en deux et moitié est pour les russes, moitié pour nous. Les deux empereurs ne se quittent pas […] L’empereur Alexandre est
comme on le dit, un fort bel homme, son frère Constantin a une assez mauvaise tournure. Il est assez singulier de voir des gens
qui il y a 8 jours s’égorgeaient à qui mieux mieux, vivre maintenant ensemble et en bonne harmonie. Cela ne prouverait-il pas
combien sont de faible valeur les motifs de guerres cruelles et dévastatrices »... Avant-hier, Alexandre a présenté à Napoléon le
Roi de Prusse : « C’est lui qui joue le plus vilain rôle dans tout cela, il est bien malheureux ; il s’est présenté seul avec le g
al
Lestocq. On croit qu’il va venir s’établir ici. On regarde la paix comme certaine, puissions-nous ne pas être raccrochés en route
par l’Autriche. L’empereur dans une proclamation promet à l’armée de la faire rentrer en France, mais on a déjà eu cet espoir,
déçu »…
30 juin
. Il a visité le camp des Russes : « Que diable avons-nous de commun avec des têtes de cette espèce ; à peine
ont-ils la figure humaine, un orangoutan habillé en étoffe et chapeau aurait la même tournure, une partie est armée de fleches.