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L’ensemble de tous ces animaux là, leurs têtes mêmes rappelle tout ce que nous avons pû lire relativement aux hordes de
sauvages, dans nos voyages à grandes avantures. Tout cela a à peine la figure achevée, les yeux mal coupés, le nez applati, les
levres grosses la bouche tres fendue, le tein bazané »… Au reste, tous veulent en finir… Valée a assisté à une manœuvre
d’artillerie de la garde pour voir de près les empereurs et le roi tous d’accord. « Le Roy de Prusse qui a l’air d’être enchaîné au
char de son vainqueur suit toujours pensif et ne parlant à personne, à peine a-t-il quelqu’un pour lui tenir son cheval quand il
veut descendre. On paraît faire peu d’attention à lui, il n’est pas l’homme qu’on caresse et qu’on veut gagner »…
4 juillet
. Ils
quitteront probablement Tilsit demain, pour retourner à Koenigsberg : « de là on parle de Danzig, de Berlin et chacun cherche
à prévoir le reste »…
Koenigsberg 11 juillet
. On croit que dans deux ou trois jours l’Empereur ira à Dresde. « Avant-hier les
empereurs Napoleon et Alexandre se sont séparés sur le bord du Mémel, et ils se sont embrassés bons amis en apparence :
l’empereur Alexandre retourne dans ses déserts, puissions nous ne jamais revoir les vilaines figures de ces sauvages. La Reine
de Prusse avec son air mutin aurait encore, je crois, brouillé les deux maîtres de l’univers s’ils fussent restés plus longtemps
ensemble et avec elle »…
15 juillet
. L’Empereur est parti, suivi de quelques favorisés du Ciel : il « donne des grâces avec
profusion, il donne des biens en Pologne, il traite avec grande générosité les chefs de l’armée. Je ne sais pas s’il s’en tiendra là ;
jusqu’à présent nous autres canailles nous ne nous ressentons pas de ces largesses. […] J’ai certainement plus travaillé que tous
ceux que l’on récompense quels qu’ils soient »…
23 juillet
. Ils quitteront Koenigsberg pour Dantzig : « de là nous irons
probablement en
Silésie
et de là aussi probablement à
Berlin
»…
Dantzig 31 juillet
. Parmi les nouvelles demandes pour
l’artillerie, Valée est proposé pour le grade de commandant de la Légion d’honneur : « je suis encore trop nouveau colonel pour
penser au généralat »…
Breslau 11 août
. Observations taquines sur les « diablesses » de Breslau…
Berlin 18 août
. Pour être
aussi heureux que d’autres, il fallait saisir les moments favorables : « je l’ai fait autant que j’ai pu mais c’était pour d’autres que
je travaillais ; cependant si la dernière demande est accordée par l’Empereur, je me retrouverai à mon rang »… Etc.
Reproduit page 99
304.
Joseph-Hyacinthe-François-de-Paule de Rigaud,
comte de VAUDREUIL
(1740-1817) officier, fidèle
des Polignac et du comte d’Artois, il émigra ; pair de
France et gouverneur du Louvre à la Restauration.
Manuscrit autographe de 4 comédies en vers et de plus
de 40 poèmes ; volume petit in-4 de 286 pages (et près
de 200 pages vierges), reliure ancienne maroquin noir,
encadrements de filets dorés sur les plats, titre en lettres
dorées sur le plat sup., dos orné, tranches dorées (reliure
frottée et usagée).
400/500
Recueil de poésies et de quatre comédies, en 2 ou 3 actes,
en vers :
Le Fat corrigé par l’amour
,
Les Demi-Confidences
,
Cendrillon
, et
Le Mari dédaigneux 
; poésies diverses – plus
de 40 odes, épîtres, couplets, chansons, fables, bouts rimés, et
d’autres pièces de circonstance dont un
Portrait du prince de
Ligne, fait en 1795
, des
Vers faits à l’occasion de l’abjuration
des princes d’Orléans
, d’autres
au départ de Monsieur pour
la Suède
, et une
Démission de M
r
Satan en faveur de M
r
Buonaparte
. Le volume s’achève par un
Avis à mes enfants
en prose : « la plus funeste des révolutions vous a privés de
votre roi, des droits de votre naissance, de la protection qui
vous étoit due pour prix des services de vos peres qui, tous, ont
marché dans la voye de l’honneur ; elle m’a forcé à abandonner
la France, ma patrie que j’adorois et qui devoit être la votre ;
elle m’a totalement enlevé une fortune considérable qui auroit
été votre héritage. Je n’ai donc rien à vous laisser que les fruits
d’une bonne éducation »… etc.
Ex-libris
Comtesse de Vaudreuil. Gouvernement du Louvre
.
305.
Paul VERLAINE
(1844-1896). L.A.S., Hôpital Broussais Dimanche 15 [novembre 1891], à son cher Triollet ;
2 pages in-12 (sous verre).
800/1.000
Sur son retour à l’hôpital Broussais [du 31 octobre 1891 au 20 janvier 1892], au mari de la surveillante de la salle Parrot
de cet hôpital Broussais où Verlaine fit de fréquents séjours. «Me voici encore une fois votre voisin ! Rhumatismes à la jambe et
au poignet gauches, plus des symptômes de diabète !!! (À quand la tuberculose ?) Je suis entré il y a quelque temps et j’attendais
pour vous écrire qu’ait paru mon petit livre sur les hôpitaux » [
Mes Hôpitaux
], qui lui sera remis avec ce mot. Il regrette que
Madame Triollet soit souffrante : « Mais le concierge d’ici m’apprend qu’elle va mieux et sera peut-être aujourd’hui de retour ».
Il ajoute l’emplacement de son lit : « Salle Lasègue, 24 ».