Page 71 - catalogue-veyssiere-mai-2014

Version HTML de base

même en 1615 à Paris : « Articles du Traité faict en l’an 1604 entre Henry le Grand, roy de
France et de Navarre, et sultan Amat, empereur des Turcs, par l’entremise de messire
François Savary, seigneur de Breves, conseiller du Roy en ses Conseils d’Estat et Privé, lors
ambassadeur pour Sa Majesté à la Porte Ottomane ».
La Capitulation de 1597 n’a jamais été imprimée, et nos recherches auprès des Archives
Nationales et des Archives du Ministère des Affaires Etrangères, section Traités, n’ont fait que
confirmer que le texte même en est inconnu, comme l’indiquait Paul Boiteau d'Ambly in "
Les Traités de commerce. Texte de tous les traités en vigueur". (Paris 1863. Page 494 ) : " 1597.
Traité entre Henri IV et Mahomet III en faveur des ambassadeurs de France, consuls,
résidents etc.... Le texte manque".
La comparaison des deux traités négociés par Savary de Brèves (1597 et 1604) révèle des
différences considérables. Certains articles n’apparaissent que dans l’un des deux (on ne
trouve en particulier aucun chapitre concernant la protection des lieux saints en 1597,
certains autres (de 1597) sont regroupés en un seul (en 1604), etc… etc… Les articles traitant
de sujets identiques dans les deux traités sont eux-mêmes très dissemblables, par la longueur,
la composition, le style même : la capitulation de 1604 est dans un excellent français, tandis
que la rédaction du texte de 1597 est maladroite, son vocabulaire relativement pauvre, et son
orthographe approximative.
Le présent manuscrit daté de « Constantinoble au Commencement de la Lune de Rechef en
l’année mil cinq cents. Sçavoir environ le vingt cinquième febvrier 1597 », ne porte ni sceau
ni signature, et ne présente pas, a priori, de caractère « définitif » : c’est un manuscrit de
travail pris sous la dictée, à partir du turc, par un des drogmans, Grec du Phanari ou Italien,
en fonction auprès des ambassades à La Porte Ottomane. Quelques italianismes laissent
supposer que l’interprète appartient plutôt au groupe des drogmans italiens.
En tout état de cause, les négociations de 1597, sans doute jamais abouties, en tout cas jamais
entérinées, n’auraient pu régir les relations entre la Porte Ottomane et le roi de France que
pendant moins de sept ans : elles auraient été rendues obsolètes dès 1603, en raison de la
mort de Mehmet III, et de la négociation d’une nouvelle capitulation négociée en 1604 entre
le Sultan Amat, son successeur, et Savary de Brèves, signée par les deux parties. Il n’y avait
aucune raison d’en conserver copie après cette date. Il n’en existe pas de trace imprimée ou
manuscrite contemporaine aux Archives Nationales, à la Bibliothèque Nationale, au Service
des Traités du Ministère des Affaires Etrangères, ou dans quelque autre bibliothèque du
monde.
C’est donc un témoignage unique et extrêmement précieux sur les relations diplomatiques
entre la France et la Sublime Porte à la fin de la Renaissance.
Transcription partielle
"Au nom de Dieu, Le grand excellent et sacré seing de l'Empereur Ottoman avec la beauté
duquel sont esté conquistes et gouvernez tout le pays après la permission et vollonté de dieu
esternel Nostre voulloir et commandement est tel.
Moy quy suys par l'infini bras du juste grand et tout puissant créateur ...empereur des
empereurs, donateur des couronnes aux plus grands princes qui seront sur la face de la
terre.[ … ]