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Jean-Antoine CONSTANTIN D’AIX ou l’art du paysage
1756-1844
« Je suis tombé dans la campagne romaine sur un endroit qui conviendrait très bien à mon état d’âme, si mon esprit ne s’envolait ailleurs. (…) De tous côtés, d’innombrables collines d’une hauteur qui permet un accès facile et offre de belles vues, entre lesquelles se trouvent des pentes ombragées et des grottes obscures. De tous côtés se dressent des forêts luxuriantes qui protègent des rayons du soleil, sauf au nord où une colline plus basse découvre ses flancs inondés de lumière, résidence fleurie pour les abeilles mellifères. Des fontaines aux eaux agréables murmurent au fond des vallées. » 1
« Une fort belle fontaine qui, sortant à gros bouillons d’entre des cailloux couverts d’une petite mousse de couleur d’émeraude, faisait un petit ruisseau qui (…) s’allait perdre en serpentant ». 2
Ô combien les écrivains, depuis Virgile 3 et plus tard Pétrarque, savent évoquer par la plume poétique de leur art les paysages bucoliques ! Point ici n’est nécessaire le retour à l’antique ! A l’art bucolique, intemporel, le regard seul suffit : la nature est source d’harmonie.
L’ensemble des dessins présentés ici, œuvres de Jean-Antoine Constantin, traduit ce retour à une nature paisible. Les paysages, dessinés sur le vif ne sont pas des sites imaginaires, des lieux de rêves dans lesquels le peintre aurait introduit des détails empruntés à la réalité. L’artiste, dans la lignée des paysagistes du XVIIIe, s’intéressa aux vues qu’offre une nature variée. Il sut transcrire la quiétude et la lumière des campagnes aixoises et romaines, où ha-meaux, villages et ruines sont animés ça et là de personnages paisibles, discutant au bord d’un chemin ou sous un arbre, alors que des paysans ramè-nent à la ferme leur charrette de foin. Souvent secondaires, ces personnages sont toujours décrits avec cette douceur provençale où tout effort semble évanoui dès lors que l’art de la conversation les anime ! Il s’agit sans doute moins d’une idéalisation du travail des champs que de la capture de ces mo-ments bénis, où le temps du repos se conjugue avec le verbe chanté des hommes du pays !
La lumière, selon les dessins et, plus encore, selon les sujets, se montre diffuse ou forte, accusant alors les volumes, les arêtes des murs et les ombres 4 . Constantin, c’est la lumière de la Provence, patrie où les peintres, depuis le XVe siècle déjà 5 , transcrivent inconsciemment dans leurs œuvres, les jeux d’om-bres et de lumière qui annoncent, à y regarder de plus près, l’évolution picturale de Cézanne!
Le caractère, ou la sensibilité de l’artiste domina les évènements de sa vie. Jean-Antoine Constantin était né en 1755 et entra très tôt dans la fabrique de porcelaine de Joseph-Gaspard Robert, sur le chemin qui menait de Marseille à Aubagne. Il suivit dans le même temps les cours de David de Marseille à l’Académie de peinture et de sculpture 6 , devant probablement en partie à son maître son savoir faire et son goût pour la nature ! En 1773, lauréat vain-queur du premier prix, il s’installa à Aix, où des mécènes 7 intéressés par son art lui offrirent le séjour si formateur de Rome. Trois années, qu’il apprécia in-finiment, les décrivant comme les plus heureuses de sa vie, dessinant beaucoup, parcourant « cette magnifique Italie où la nature et les monuments apportent partout le caractère du Beau » 8 . Ses tableaux et ses dessins brossèrent la campagne romaine mais aussi la ville, où des constructions encom-brent alors encore le Colisée. (catalogue n°435) 9 . Des palais, il ne restait souvent que de grands pans de murs, dont la monumentalité est transcrite avec force par l’artiste. (catalogue n°460, 476).
Jamais les idées ni les sujets ne lui manquent. « Je n’avais que vingt sous à dépenser par jour. Je me levais avec le soleil et, prenant mon carton, je cou-rais dans les champs pour dessiner, heureux et ravi de me voir dans une si belle nature » 10 . Nous retrouverons ce carton de dessin, posé contre un muret, alors qu’il observe le mur des Romains au Tholonet 11 (catalogue n°446).
A son retour en Provence, il enseigna à l’école de dessin fondée à Aix par le duc de Villars 12 , et il eut, parmi ses élèves, François Marius Granet et Louis-Auguste de Forbin qui resteront proches de lui au cours des années qui suivront. De nombreux dessins de la campagne aixoise datent de cette époque (catalogue n°442, 456, 471), bientôt bouleversée par les mouvements révolutionnaires. L’école dut fermer ses portes en 1792, et l’existence de Jean-Antoine Constantin, comme celle de tous les artistes peu fortunés de ce temps devint très précaire. Leurs commandes dépendaient pour une très grande part de la noblesse, de la bourgeoisie ou de l’Eglise, et Constantin ne survit alors que de cours particuliers. En 1798, il accepta avec empressement, le poste de dessin à l’école de Digne, s’exilant malgré lui vers les paysages sauvages des Alpes. Son art s’y perfectionnera admirablement dans l’étude des contrastes de lumière, dans celle du rendu des vallées et des gorges profondes où montagnes et pentes abruptes surplombent en monumentalité les grandes feuilles utilisées par l’artiste. (catalogue n°454, 458, 462).
En 1807, il revint à Aix. La ville antique, fondée par le consul romain Caius Sextius Calvinus près de sources bienfaitrices – son nom à l’époque romaine était Aquae Sextiae 13 -, est située non loin de la Méditerranée et de l’ancien port grec de Massalia, la Marseille de son enfance. Cependant, irrésistiblement attiré par la terre, Constantin ne semble pas avoir dessiné ou peint la mer. Ni ses flots agités, ni ceux, limpides d’une eau apaisée 14 . Ce sont les rivières qui l’attirent, prétextes à la vie, à Fontaine de Vaucluse ou dans les campagnes aixoises, comme elles l’avaient déjà été lors de son séjour en Italie. (cata-logue n°443, 463). Les dessins ne sont pas toujours faciles à dater avec précision. Qu’importe ! De jeunes hommes nus, ou même de jeunes femmes à peine vêtues se baignent (catalogue n°450, 479). Des lavandières y lavent leur linge, si on ne les voit pas près de ces grands bassins d’eau de source où elles se retrouvent. Les bergers se reposent au bord de leurs rives, souvent accompagnés de bergères. Un chien, un âne, un mulet, et le paysage se construit à l’ombre de falaises ou simplement au milieu des champs. (catalogue n°452, 454).
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