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Encore assez peu connu en France, car éclipsé par des

figures comme Monet ou Cézanne, Camille Pissarro

(1830-1903) est mis en lumière dans une belle rétrospec-

tive proposée par le musée Marmottan-Monet. Désigné

ici comme le « premier des Impressionnistes », titre qu’il

doit à Cézanne lui-même, on découvre en effet un artiste

déterminant pour la peinture impressionniste, le seul à

avoir participé aux huit expositions du groupe (de 1874

à 1886). Une soixante d’œuvres d’une grande qualité,

des tableaux ainsi que quelques gouaches et tempura,

retracent la carrière de l’artiste en sept sections qui nous

dévoilent une personnalité riche, aux styles multiples et

nous donnent à admirer de vrais chefs-d’œuvre.

Une exposition toute en couleur

Accentués par les cimaises vertes et rouges, les tableaux

de l’exposition rivalisent de tons colorés qui dégagent une

certaine sérénité auquel le visiteur ne peut rester indiffé-

rent. Inspiré des traités de Valencienne, Pissarro s’inté-

resse très tôt aux effets de matière, au traitement du ciel

et à l’étude de la lumière selon les heures de la journée.

Né aux Antilles danoises, il se forme tout d’abord sur

de petits paysages romantiques à la touche apparente et

avec une palette de couleurs assez claire, éradiquant peu

à peu le noir et les ocres.

Admis au Salon dès 1859, il se revendique comme élève

de Corot aux Salons de 1864 et manifeste rapidement

une grande maîtrise technique comme dans son Paysage

des bords de Marne salué par Émile Zola ou les Bords de

l’Oise à Saint-Ouen-l’Aumône avec ces touches de vert

sombre sur fond bleu clair. Après la guerre et un passage

par Londres, Pissarro s’installe durablement à Pontoise

en avril 1872. Il y apprécie la diversité de paysages,

les bords de la rivière et ses coteaux, la vie rurale et

les usines… Le Jardin de Maubuisson donne une vraie

impression de quiétude, accentuée par la lumière de fin

d’après-midi et le travail consciencieux des maraîchers.

Dans ces toiles, l’artiste utilise des couleurs pures et tran-

chées, tels le blanc très intense des nuages et le bleu tran-

chant du ciel. Il préfère une facture rapide avec de larges

coups de brosse.

Vers l’Impressionnisme : dialogue et influences

Autodidacte et aîné du groupe, Pissarro noue une réelle

amitié avec Cézanne ; pendant longtemps, les deux ar-

tistes confrontent ainsi leurs écritures picturales et s’in-

fluencent mutuellement. En 1874, lors de la première

exposition du groupe impressionniste, la Gelée blanche

à Ennery avec ses effets de neige bleutée, ses longues

stries d’ombres et sa perspective exagérée, surprend les

critiques. Cette touche dense et travaillée par aplat fait

scandale : l’effet voulu par l’artiste est pourtant réussi en

rendant l’atmosphère du moment et en donnant l’impres-

sion d’une froide journée d’hiver. Au cœur de la vie ru-

rale, il cherche en effet des instantanés inattendus comme

dans l’intrigante Sieste d’Eragny. Dans les reflets scintil-

lants de l’eau, le chatoiement des rayons dans l’air, il

sait magnifier la lumière pour figer le temps sur sa toile.

Ses études de marchés à la tempera proposent aussi des

scènes de foule : dans La Charcutière de 1883, il travaille

avec des hachures caractéristiques d’un nouveau style qui

influencera fortement Paul Gauguin.

Un avant-gardiste en constante évolution

Avec Monet et Caillebotte, Pissarro est donc à l’origine

du groupe d’artistes indépendants ; intellectuel polyglotte,

il a exercé une influence considérable sur l’évolution de

l’art à son époque. L’exposition témoigne ainsi de la

trans-

formation de son pinceau au fil de ses rencontres, décrivant

PISSARRO CHEZ MONET :

LA REDECOUVERTE

DU « PREMIER DES IMPRESSIONNISTES »

AU MUSEE MARMOTTAN

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