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Les deux hommes se portaient une admiration réciproque et le seul texte que Bacon ait publié de son vivant sur

un écrivain portait justement sur Michel Leiris. Ce texte parut dans la revue

L’Ire des vents

en 1981 : «Mieux que

personne Michel Leiris nous a montré que la grandeur humaine est intimement liée à la futilité. Pour moi son

œuvre est non seulement un document qui contribue à enrichir notre connaissance de l’homme, mais aussi un

témoignage personnel qui me touche personnellement. Le désespoir côtoie ces moments d’éclaircie dont la chaîne

compliquée se déroule tout le long de cette tragique et merveilleuse corde raide tendue de la naissance à la mort. »

Ce

Miroir de la tauromachie

, qui est un essai théorique et poétique sur la corrida, revêt une importance toute

particulière ; publié pour la première fois en 1938, ce fut le texte qu’envoya l’auteur à Bacon au milieu des années

60 avant que les deux hommes deviennent amis. L’artiste fut véritablement fasciné par ce livre dans lequel il

retrouva véritablement les termes définissant sa vision de l’art. Il souligna effectivement dans son exemplaire de

nombreux passages ayant trait notamment à la notion du beau, ajoutons à cela les termes utilisés par Leiris comme

« fêlure », « dissonance », « décalage », etc. qui sont des composantes essentielles de sa peinture.

Bacon était connu pour son parti pris contre les ouvrages illustrés et en réalisant cette illustration sur ce texte

si important pour lui, il voulut marquer toute son admiration pour l’écrivain. Il s’agit du seul livre de Leiris

illustré par Bacon. L’auteur mourut malheureusement quelques jours avant l’impression de l’ouvrage mais avait pu

heureusement voir les lithographies terminées. Les 3 premières reprennent 3 compositions autour de la tauromachie

que Bacon réalisa en 1969 et la 4

e

est un portrait de Leiris fait d’après celui peint en 1976.

Le tirage de l’édition a été strictement limité à 155 exemplaires sur vélin d’Arches. La valeur des lithographies

originales de l’artiste est telle qu’aujourd’hui nombre d’exemplaires ont été amputés des illustrations.

Exemplaire parfaitement conservé.