Page 130 - cat-vent_ader17-12-2013-cat

Version HTML de base

128
295.
Kees Van DongEn
. 13 L.A.S. (la plupart « Kiki »), [Paris] septembre-
octobre 1924, à « Madame v
an
d
onGen
» à Arcachon, Villa Rossini, puis à
Château l’Évêque (Dordogne) ; 27 pages la plupart petit in-4 (9 lettres au
crayon), enveloppes.
8.000/10.000
b
elle
correspondance
amoureuse
et
amusante
,
vraI
journal
tenu
en
l
absence
de
j
asmy
.
Ce Lundi soir
[8 septembre].
Il a été très occupé à ranger la maison après son
départ… Il a été voir deux spectacles
, Les Cowboys
et
Le Jazzband et la Guitare
, qu’il
a trouvés idiots ; le public riait de le voir se moucher dans un tablier de femme de
chambre, pris par erreur… Pas d’affaires en cours, « à part un petit arrangement avec
un petit éditeur qui veut faire un livre sur moi. Foy de veau [Edouard des c
ourIères
] écrira le
boniment sous ma haute direction bien entendu »… Il signe : « Kiki – homme de peine ».
[11 septembre].
« Ma pavaneuse. Bien reçu ta carte […] tu peux faire des excursions et faire un peu de
sport. […] Ici rien de neuf, temps plus qu’incertain. Ça sent déjà l’automne [...] Amuses toi mais fais attention aux
sables mouvants. Ici je travaille et quand je commence à m’ennuyer je fais le ménage ou j’écris je travaille à mon Rembrandt
[
Van Dongen raconte la vie de Rembrandt
(Flammarion 1927)] »… Il signe : « ton Kiki qui boude ».
Vendredi
2 heures [12 septembre].
« Ma Gironde, je t’ai envoyé ma culotte. Pauvre pauvre Kiki tu lui prends jusqu’à sa culotte
bientôt tu me réclameras ma chemise et je n’aurai plus qu’un faux col et une vieille cravate à me mettre. Et j’irai me promener tout
seul tout triste le long des boites à ordures et les couilles au vent. Pauvre Toby. Tu sais que tu seras obligé de coudre des boutons à
cette culotte le long des jambes ils sont tous partis. Amuses toi mais fais attention et n’oublies pas complètement ton kiki. […] J’ai
beaucoup de mal à gagner sa vie en attendant j’achète tous les jours des bourrelets toute la maison sera bourrelitée cet hiver ça la
rendra peut être un peu plus douillette et qui sait peut-être resteras tu un peu plus à la maison. […] Je te embrasse je te aime je te
boude et je te baise en pensée ». Il signe : « le pauvre Kiki sans culotte », et ajoute : « Rien de neuf ni lettres ni clients. Mais je les
attends de pied ferme ».
[16 septembre].
Il évoque « la Syrienne » (dont il fait le portrait) et son jeune « cousin Weil », que Jasmy n’a pas voulu inviter au
Louvard… « Et ne me parles pas de venir à Arcachon une semaine tu sais pourquoi je suis à Paris, c’est pour travailler alors c’est pas
la peine de tacher de me débaucher de si loin »… Il la rejoindra à Périgueux après avoir envoyé ses tableaux pour le Salon. Il a des
difficultés pour obtenir des cadres… Ils pourraient revenir ensemble à Paris, où il aura pris le soin d’employer des gens de maison :
« Je ne veux pas de type qui vient coucher et bouffer et ne rien faire comme dans cette annonce que tu m’envoies. Ne pleure pas de ne
pas m’entendre grogner tu m’entendras toujours assez »… Il va un peu au cinéma, et travaille à son livre, « mais quel emmerdement,
ma pauvre tête, je vois les photographes de Flammarion qui ont raté toutes leurs plaques et qui recommencent. Je réponds des bêtises
à des enquêtes »…
Ce mercredi
[17 septembre].
La Syrienne est venue poser pour son portrait : « Elle est noire comme un corbeau mais elle m’a
demandé si je ne pouvais pas la faire – un petit peu blonde – car dans son pays on aime mieux les blondes. Heureusement qu’elle
ne réclame pas un petit peu plus de double menton bien qu’elle a
voulu déjà un petit peu plus de poitrine. Tu vois ton pauvre homme
aux prises avec ces gens là. Elle vient toujours avec une tribu qui
parlent arabe […] Rien de neuf je travaille – peinture, littérature – ce
bouquin quel boulot – et je prépare pour l’exposition – et pour le
Salon d’Automne j’ai assez à faire mais sans voir grand profit pour le
moment »… Il a été voir l’opérette
Troublez-moi
, avec d
ranem
, « mais
ça ne m’a pas troublé. […] la Sirienne m’a invité à venir prendre du
café turc chez elle mais ne t’inquiète pas je n’aime pas les blondes »…
Ce dimanche
[21 septembre].
Il était inquiet de ne rien avoir reçu
d’elle depuis quelques jours : « et je sais que tu es si imprudente
mais je suis rassuré maintenant que j’ai reçu ta lettre et ta photo
appuyé sur un beau garçon. Tu ne dois pas t’ennuyer en effet mais
ne te fatigues pas trop ça rapetisse tes yeux »… Il travaille à son livre
et colle une coupure de presse à ce sujet : « tu vois c’est écrit dans les
journaux mais ça ne sert pas a grand-chose non plus le travail. Enfin
c’est une habitude »… Il s’ennuie, « et souvent je ronchonne mais
comme personne ne m’entend ça ne me fait rien »… Il a déjeuné avec
b
eauplan
, qu’il trouve très curieux : « Le snobisme suisse est très
spécial – Du golf, vous devriez en faire, c’est excellent »…
Mardi [23 septembre].
« Ma soularde. [...] Mais quel idée de
s’éreinter quand on est à la campagne pour se reposer »… Il annonce
son programme lorsqu’il la rejoindra : « pas de cheval pas de bateau
pas de tauto, le fare-niente. Pas parler non plus – rien faire. Fumer
une pipe, gratter mes dents avec une épingle mes oreilles avec une
allumette mes pieds avec mes doigts et regarder passer le temps mais
pas toute cette turbulence »… Les affaires restent difficiles : « Enfin