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Anna de NOAILLES
(1876-1933). 96 L.A.S., 1907-1930 et s.d., à Lucien C
ORPECHOT
; 124 pages formats divers, la
plupart avec adresse.
3.000/4.000
B
ELLE
CORRESPONDANCE
AU
JOURNALISTE
CONNU
AUSSI
SOUS
LE
PSEUDONYME
DE
C
URTIUS
.
4 août 1907
. Son article est « une digue forte et construite contre la prétention étrangère »… Elle prêche cependant l’indulgence
à l’égard de la germanophilie de Gabriel M
ONOD
, puisée « chez son maître et le mien, l’amoureux M
ICHELET
»…
[Rome 3 mai 1908]
.
« Hier sublime soir au Forum, avec charmante anthologie des poètes latins ; cueilli petite figue sur la Voie sacrée, laurier sur le
bûcher de César, roses aux bassins des Vestales »…
[Strasbourg 19 octobre 1908]
. « Je quitte demain pour Paris cette terre d’Alsace
si profonde, si vaillante, et qui m’a tant appris »…
[Strasbourg 22 janvier 1909]
. Elle dicte des résumés des articles de Corpechot à
« une vieille demoiselle alsacienne, dont le Darwinisme et le Quintonisme vont à jamais troubler la cervelle »…
[10 février 1909]
:
« j’ai depuis quelques jours la grippe des grippes ; éperdue d’éternuements j’ai pourtant lu les beaux articles, le Dante si saisissant,
imprimant bien l’exaltant honneur du caractère d’éternité, – les considérations émouvantes sur Colette et la Lorraine, sur Versailles
offensé, enfin l’article militaire ; – le cours limpide de vos récits est, comme le fleuve de Pascal, un chemin qui marche et nous
conduit au bord des plus divers paysages de l’esprit »…
[28 septembre 1909]
. Ce sera un bonheur de le revoir jeudi « dans un 109
où votre visite clôturera les séances, car je quitterai le lendemain ce logement où votre présence fut souvent le salut. – Dire que
je ne connais pas les articles, je suis jalouse de V
OGÜÉ
, dont je savais toute la sympathie pour vous »…
[23 mai 1909]
. « Je renonce
à décrire le malaise que j’éprouve entre la chaleur, l’essayage des costumes de Mirèio, la fatigue, et la misanthropie ! »…
[10 juin
1910]
. « La vie de Paris est mortelle aux poètes fatigués, il faudrait habiter sur un chaland rouennais. Ici quel inutile surmenage ! »…
Samedi [7 mars 1914]
. «
Je ferai mon possible
. Je n’ai aucune aptitude pour écrire un article, je ferais plus facilement un volume de
vers et dix nouvelles »…
Jeudi [9 avril 1914]
. À Aix, elle est « accablée » de poésie : « Rousseau et Lamartine me soupirent à tue-
tête dans les oreilles ! »…
Dimanche [11 mars 1923]
. « La vie est nettement stupide, puisque nous ne nous voyons plus, vieux amis
fidèles que nous sommes, et que les mondanités mêmes dans lesquelles j’ai le tort de donner parfois, ne nous ont pas réunis ! – Ne
laissons plus faire le destin, prenons les devants »…
[6 janvier 1926]
: « je sens que, probablement, les amis qui m’entourent encore
quand les insignes compagnons m’ont laissé en exil sur la terre, – vous ont dit ma tristesse de votre oubli. – Tant de passé, de
souvenirs, de pensées emmêlées, – et puis le silence. – Je n’ai jamais su si mon dernier livre [
Les Éblouissements
], porté chez vous,
vous avait atteint. – Mon esprit, qui n’est plus d’ici, pourtant, – en avait été chagriné »… Ailleurs, félicitations sur ses écrits (dont
un livre « de gravité aisée et savoureuse, substantielle, profonde »), rendez-vous, souvenir de l’Affaire Dreyfus, appréciation de
Rosmersholm
d’Ibsen, évocations du
Gaulois
, de
L’Éclair
et de la
Revue des Deux Mondes
… On rencontre aussi les noms de Claude
Anet, Léon Bailby, André Beaunier, Marcellin Berthelot, Mme Greffulhe, Marie-Thérèse de Guerne, Jules Lemaître, Marguerite
de Pierrebourg, Mme Poincaré, Thureau-Dangin, Colette Yver, etc.
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