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homme n’essaye pas de venir auprès de moi, il sera mal reçu. Je lui donnerai de l’argent tout ce qu’il voudra ; mais,
que je ne le voye pas. Je lui ai bien dit en face, à New York, que je ne
l’estimais
pas, que
je ne pouvais l’aimer
; je lui
ai bien dit que je ne voudrais pour rien au monde lui faire du mal ; mais je ne puis oublier qu’il m’a battue une fois
de tout son bon petit, aimable cœur. […] Il ne peut se plaindre de ma conduite. Je ne me mêle en aucune façon de
la sienne. Que le bon Dieu le bénisse, et qu’il me laisse en paix, travailler et gagner mon pain et le sien, s’il veut en
avoir ; mais, toujours à
une distence qui exige la lorgnette
»…
89.
MariaMALIBRAN
(1808-1836) cantatrice. L.A.S. « Maria Zerlina », à Madame Bouillon Lagrange ;
1 page in-8, adresse.
700/800
« N’est-ce pas que vous allez être enchantée de voir
Don Juan
ce soir ? Voilà deux places que je vous envoie –
Amusez-vous, trémoussez vous, et soyez de bonheur, le mien est de vous voir. Je fais ce que je peux pour être gaie
et surtout pour le paraître. Vous me verrez sauter de joie et vous le croirez. Ne vous fiez pas aux apparences avec
lesquelles je suis Maria Zerlina ».
90.
Anne Boutet, dite Mademoiselle MARS
(1779-1847) actrice, sociétaire de la Comédie-Française.
2 L.A.S., ce vendredi, [au baron de La Ferté] ; 2 pages et 2 pages et demie in-8 (grand portrait
lithographié joint).
500/600
Sur ses démêlés avec le Théâtre-Français.
Ayant appris que son correspondant était chargé de faire un rapport
au Roi sur une affaire qui la concerne, elle est venue le voir : « Je
voulais vous dire quelques mots de la position fâcheuse où je suis
vis-à-vis du Théâtre français, (non par ma faute toutefois) et qui
ne peut changer, à ce qu’il parait, si le Roi ne daigne pas m’aider de
sa protection. […] par l’appui que vous m’accorderez vous pouvez
servir même le Théatre français en lui rendant un sujet dont le zèle
et les services lui seront sans doute utiles »…
« Puisqu’il faut maintenant que nous passions votre vie, moi
à me plaindre, et vous à m’écouter, voici encore une petite
réclamation que je vous adresse. Je vous ai déjà parlé du mois
d’avril, de la clôture de 8 jours, des répétitions de
Misantropie
[
Misanthropie et repentir
], et de l’impossibilité où je m’étais
trouvée de jouer 20 fois dans 20 jours. Dans le mois de mai j’ai
eu onze feux, il ne m’en est payé que 10. Et cependant on ne
m’a donné dans le mois d’avril que tout juste mes 6 feux parce
que je n’avais joué que 6 fois. Aujourd’hui j’ai mal à la gorge, je
n’ai pu jouer le rôle fatigant de
la Femme colère
. Demain on ôte
Misantropie
sous prétexte que Mr Talma est malade et il joue
Régulus. Si je veux gagner mon jeton il faut que je joue le mauvais
rôle de Benjamine. Croyez-vous que je puisse rester longtems
dans cette aimable position à la comédie ? À chaque répertoire je
subis une scène, tantôt de la part de Mr Damas, tantôt de la part
de Mr Vigny ; pour compléter la mystification que ces Messieurs
me font essuyer depuis dix mois, ils veulent me persuader que
c’est moi qui ai empêché la mise des pièces nouvelles, […] et si
l’autorité ajoute des vexations à celles que je reçois des comédiens c’est m’obliger à me retirer. Je vais demander à
jouer demain, si je ne l’obtiens pas, ce ne sera plus ma faute ; je vous demande de rétablir mes feux d’aujourd’hui
et de demain parce qu’enfin si je suis malade on ne peut pas vouloir que je joue un rôle qui pourrait me mettre
au lit pour 15 jours »…