Page 11 - cat-vent_drouot18-12-2012

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8.
Marguerite de Texier, Mme LEFRANC DE BRUNPRÉ
, femme de Jean-Gérard Lefranc de Brunpré,
seigneur de Baillon (1691-1756) secrétaire du Roi. L.A., [Baillon] 1
er
août [1734], au président de
M
ONTESQUIEU
à Paris ; 2 pages et demie in-8, adresse avec cachet cire rouge aux armes (brisé) et marque
postale
De Lusarches
. [CM 403]
 ⁄ 
A
U SUJET DES
C
ONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES DE LA GRANDEUR DES
R
OMAINS ET DE LEUR DÉCADENCE
. [Montesquieu
a séjourné au château de Baillon, près d’Asnières-sur-Oise, chez les Lefranc de Brunpré, et adressé des vers galants à
« la dame du lieu enchanté de Baillon ».]
Elle le remercie de l’envoi de son livre. « Mais je voulois vous mander que je l’avois lu et j’ay pris bien du tems pour
le lire comme vous me l’aviez reccommandé. Au moien de cela je puis vous assurer que je lay entendu et que malgré
sa sublimité je me vante dy avoir pris du plaisir ce nest peutetre pas là le plus petit éloge que vous en recevrez. Car
jaime les détails en vraie femmelette et jay été obligée de faire la femme forte pour vous entendre. Vous avés
abandonné Mr Lefranc à tous les beaux esprits. Vous devriés bien ly venir soutenir après lavoir tant prôné, son
guignon lempêcha de diner chés Mde G
EOFFRIN
le jour que vous y étiés. […] Continués à me servir sy bien auprès
d’elle. Vos moindres paroles ont des charmes comme vous voiés qui font bien leur effet »...
.
Louis-Alexandre de GIRARDIN
, marquis de V
AUVRAY
(1698-1782) conseiller au Parlement de Paris. L.A.S.,
Paris 15 août 1734, au Président de M
ONTESQUIEU
à Paris ; 2 pages in-4, adresse. [CM 406]
 ⁄ 
« Je me flattois, mon cher President, qu’à cause de la proximité de l’académie vous pouriés, comme vous me l’aviés
fait espérer, venir prendre quelque fois chés moy un leger repas de philosophe mais vous m’estes tout à fait cruel, je
n’en ressents que plus vivement le desir de vous voir et de causer avec vous, et si c’est à l’exemple des coquettes, qui
refusent pour irriter les desirs, vous réussissés à merveilles. Mais il y a un accommodement, et si je ne puis avoir le
plaisir de vous voir, que jaye au moins celuy de m’entretenir avec vous, et de vous entendre penser, sans vous donner
la peine de venir chés moy. Envoyés moy vostre dernier ouvrage, je ne suis pas indigne de cette faveur, par la
veritable estime, et par le plaisir que me fait ce qui sort de votre plume. Je me consoleray en vous attendant. Je
jouiray de vous à tout moment, sans crainte que vous ne me quittiés au moment peutestre que je serois le plus
attaché à vous entendre. […] Je vous demande donc monsieur le president de Montesquieu relié et attaché, car pour
l’autre, qui pouroit le retenir, auroit fait plus que le grand œüvre »…
.
Luke SCHAUB
(1690-1758) diplomate anglais d’origine suisse, il fut ambassadeur d’Angleterre à Paris. L.A.S.,
Stow 25 août 1734, [à M
ONTESQUIEU
] ; 2 pages in-4 (mouill. et petits défauts). [CM 409]
 ⁄ 
A
U SUJET DES
C
ONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES DE LA GRANDEUR DES
R
OMAINS ET DE LEUR DÉCADENCE
.
« Je ne veux pas vous laisser un moment en suspens, Monsieur et cher amy, sur le doute où vous paroissez être, si
c’est la valeur de votre ouvrage, ou mon amitié pour l’ouvrier qui m’en ait fait dire du bien. Ne vous donnez pas la
peine de choisir ; les deux y ont eu part. […] Son titre seul n’eût point picqué ma curiosité ; ainsy c’est par preven-
tion que je me suis mis à le lire ; mais dès que j’en eus lû la première page, je n’eus plus besoin de vous aimer pour
continuer, et j’eusse achevé avec la même satisfaction quand Polybe ou Machiavel, que je n’ai jamais vûs, en eussent
été auteurs. Je ne connois point de livre aussy satisfaisant, quant au sujet ; et j’ay d’autant moins de honte de vous
l’avouer, que c’est le cas de plusieurs de mes amis anglois ». Puis il incite Montesquieu à venir en Angleterre, et ajoute,
à propos de Mme de T
ENCIN
(qu’il appelait sa « femme ») : « Je ne m’etonne point que vous vous accommodiez du
commerce de ma femme. Je say qu’elle est bonne creature, particulierement à l’usée »…
O
N JOINT
la copie par le secrétaire de Mme de Tencin d’une lettre à elle adressée par Luke S
CHAUB
, relative aux
Considérations sur les Romains
(1 page et quart in-4 [CM 653]) : « quelle profondeur d’érudition, de génie, de
méditation, livre, homme, chose, il a tout vu, tout lu, tout pezé, tout traié, en legislateur plutost qu’en autheur, sans
paroitre s’amuser à faire un livre, il va droit à la source, et au ressort des évenemens »…