Page 139 - cat-vent_drouot18-12-2012

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
bliques du jour à celles de la Révolution. « Hélas ! Des millions de François fidèles n’ont pu preserver Louis 16 du
sort de Charles premier ; tant était forte alors l’impulsion donnée à certaines opinions populaires. Avec l’égarement
qui regne aujourduy dans les opinions religieuses, des millions de François fidèles parviendront-ils à preserver Charles
X du sort de Jacques deux ? »… Une folie a saisi toute la France… Il s’interroge sur la validité légale d’arrêts anciens
du Parlement, supprimant les congrégations, les confréries et l’ordre des jésuites, et sur la compétence des cours
royales en la matière, et enfin sur l’action permise à un simple citoyen lorsque les procureurs généraux gardent le si-
lence sur une grande infraction… Insistant sur sa qualité de simple citoyen, il imagine un dialogue entre un père et
son fils, le fils souhaitant entrer dans l’ordre des Jésuites, le père s’y opposant ; il représente avec scandale le doute
quant aux jugements des parlements, à la sanction des ordonnances royales, voire à la prééminence du Pape… « si
j’ai encor de l’espérance, elle est certainement en Dieu ; j’ai peur de n’en avoir plus dans les hommes. Par l’instiga-
tion des congrégations jacobines et de leurs affiliés, on sait que les doctrines populaires finirent par devenir mons-
trueuses. Aujourduy à l’aide des congregations religieuses et de leurs doctrines empoisonnées, on a déjà endormi ;
achevera t’on de paralyser les magistratures tutélaires ! »… Il en appelle aux lumières du marquis en citant le
Domine
salvum fac regem

.
André MORELLET
(1727-1819) abbé, écrivain et encyclopédiste. 2 L.A.S., 1817 et s.d., au comte de
L
ALLY
-T
OLENDAL
; 2 pages et demi-page in-8, adresses.
 ⁄ 
10 avril 1817
. Il a lu son opinion sur le budget : « J’y ai admiré l’emploi discret et toujours à propos de
l’érudition que demande le sujet et qui peut etre mise en œuvre devant les juges qui ont à prononcer, je n’ai pas été
moins satisfait de l’excellente logique qui regne dans toute la discussion et qui n’empeche pas l’auteur de se laisser
aller à plusieurs beaux mouvemens. Je crois désormais la question décidée de manière à ne pouvoir plus être élevée
de nouveau. Continués Monsieur le comte de combattre les erreurs de ce genre qui sont ennemies de la civilisation
comme les monstres des forêts des progrès et des bienfaits de la culture et si vous n’aves pas d’autels comme Hercule
vous recueillerés les bénédictions de tous les amis de la raison et de l’humanité »…
4 mai
: il l’invite à dîner « avec
Lord et Milady L
ANSDOWN
à qui je ne puis donner un convive plus honorable et plus agréable »…
.
Jean-Joseph MOUNIER
(1758-1806) avocat, homme politique, pédagogue et administrateur. 6 L.A.
et 1 L.A.S., 1792-1805, à Trophime-Gérard de L
ALLY
-T
OLENDAL
ou à sa maîtresse la princesse d’H
ÉNIN
;
21 pages in-fol. ou in-4, 2 adresses avec cachets cire rouge à son chiffre (brisés).
. ⁄ .
T
RÈS INTÉRESSANTE CORRESPONDANCE POLITIQUE ET AMICALE PENDANT SON ÉMIGRATION EN
S
UISSE
[Mounier était
ancien collègue de Lally aux États-Généraux et à l’Assemblée nationale constituante, où tous les deux furent mem-
bres du Comité de constitution].
À la princesse d’H
ÉNIN
.
Morat 20 juillet 1792
. Sur les démarches de L
A
F
AYETTE
, restées « vaines dans leurs résul-
tats ou par impuissance ou par défaut de résolution : mais que puis-je en espérer aujourd’hui, depuis que dans une
lettre à Mad. de Tessé, il lui a dit qu’il avoit toujours le même zèle pour l’égalité et qu’il étoit prêt à mourir pour elle.
Je ne suis pas dupe de cet amour prétendu de l’égalité. Mais enfin qu’est-ce que cela signifie, si ce n’est que trois ans
d’atrocités sont perdues pour son expérience et qu’il est encore le même que le 14 juillet ». On n’a pas de reproches
à faire à L
OUIS
XVI : « On a vu le 20 juin quel étoit son courage. J’attache à sa conservation, le seul moyen de salut
qui nous reste. Les puissances étrangères ont très bien jugé notre situation. Les émigrés n’ont aucune influence sur
notre sort à venir […] On les employe d’une manière très subordonnée et uniquement comme corps de réserve à la
suite des armées. La déclaration du duc de B
RUNSWICK
vous prouvera qu’on n’a point l’intention de dicter à la France
les formes de son gouvernement, mais qu’on veut mettre le roi à portée d’en donner un tel que l’exigeront les cir-
constances […] Si le roi meurt, la France est perdue, et nous pouvons renoncer à y rentrer jamais »…
Morat 29 août
1792
. Il tremble qu’on ne découvre M. de P
OIX
, qui vit caché, et il s’inquiète du sort de L
ALLY
: « Il a dû prévoir que
les horreurs du 10 m’inspireroient des allarmes sur sa sureté personnelle et il ne m’a pas donné signe de vie. J’ai vû
hier dans les papiers publics qu’il demande un passeport pour se rendre en Angleterre »…
Berne 12 octobre 1792
. Il
a des nouvelles de Lally par Mmes de Bouillon et de Blot : il désirerait apprendre son arrivée en Angleterre, et que
M. de L. F. [L
A
F
AYETTE
] s’échappe de la prison et s’embarque pour l’Amérique : « Je ne songe plus depuis ses mal-
heurs à sa conduite dans la révolution, mais aux bonnes qualités qui l’auroient pû rendre si précieux à son pays »…
Il ne s’étonne pas de ce que la princesse raconte de l’ambassadeur de Russie : « dussé-je être mille fois plus haï ou dé-
daigné par les ennemis de la révolution de France, je n’en fairai pas moins les vœux les plus sincères pour leurs suc-
cès. Il est impossible d’hésiter un seul instant entre la déraison et la scélératesse. Si je ne puis me réconcilier avec les
partisans de l’ancien régime, du moins je jouirai de la chûte des brigands ; mais jamais de paix avec les républicains
et les tigres. Il est impossible de se dissimuler que le retour de l’ordre semble s’éloigner plus que
jamais. La marche rétrograde du duc de B
RUNSWICK
, l’invasion de la Savoie, la prise de Spire, peut-être celle de