Page 20 - cat-vent_drouot18-12-2012

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
.
Charles de Lennox, 2
e
duc de RICHMOND
(1701-1780) homme politique et militaire anglais, haut
dignitaire de la Franc-Maçonnerie anglaise. L.A., Chanteloup 31 juillet [1735, à M
ONTESQUIEU
] ; 1 page et
demie in-4. [CM 429]
 ⁄ .
B
ELLE ET RARE LETTRE MAÇONNIQUE
[Montesquieu avait été intronisé à Londres en mars 1730 dans la Horn
Tavern Lodge dont Richmond était le Maître ; cette lettre est un témoignage précoce sur la franc-maçonnerie en
France, où le duc de Richmond a créé une loge en son château d’Aubigny-sur-Nère (Cher).].
« Puisque vous ne venez pas mon cher President nous voir en Angleterre, vous devriez au moins vivre un peu avec
nous pendant que nous sommes en France, faite dont greser vostre chaise, prenez la poste, & venez nous voir à
Aubigny. C’est une affaire d’un jour et demy ». Il lui indique la route à prendre par Montargis et les Bézards. Sa
femme et lady Hervey souhaitent ardemment le voir. « J’ay encore un autre raisonnement qui assurement vous
tentera davantage de faire ce petit voyage. Sachez dont mon tres venerable frere que la maçonnerie est tres
florissante à Aubigny. Nous y avons une loge de plus de vingt freres. Ce n’est pas là tout, sachez aussi que le Grand
Belzebut de touts les maçons, qui est le Docteur D
ESAGULIERS
, est actuelment à Paris, & doit venir au premier jour
à Aubigny pour y tenir la loge. Venez y dont mon cher Frere au plustot recevoir sa benediction. Mais pour parler
serieusement et la maçonnerie par consequent à part, vous nous obligerez infiniment mon cher president, si vous
voudriez nous y venir voir »...
.
Marie-Anne Goyon de Matignon, Madame de GRAVE
(1697-1738) fille du maréchal de Matignon, elle
fut la maîtresse de Montesquieu. 2 L.A., Montpellier juillet-août [1735], à M
ONTESQUIEU
à Paris ; 2 pages
et quart in-4 chaque, adresses avec cachets cire rouge aux armes (un brisé, 2 petits manques de papier à la
première sans perte de texte). [CM 428 et 433]
 ⁄ .
B
ELLES LETTRES DE SON ANCIENNE MAÎTRESSE SUR LE SÉJOUR DE
M
ONTESQUIEU À
C
HANTILLY ET SA LIAISON AVEC
LA PRINCESSE DE
C
LERMONT
.
29 juillet
. Elle a su « que vous faisiez lornement de Chantilly et que vous y estiez fort assidu. […] Vous connois-
sez assez la province les provinciennes et leurs ressources pour que je men rapporte à vous sur les amusements quon
en peut tirer, il y a cependant quelque chose de plus dans cette ville qui je croy nest nulle part sest quils prenne tres
souvent à injure les politesses qu’on leur fait et quils vous font parler toute la journée sans que vous ayez quelques
fois ouvert la bouche adjoutez à cela la grossiereté la vanité la bonne opinion et la mechanceté dans les hommes,
l’impertinence, les tracasseries, la curiosité, et le peu desprit dans les fammes. Joignez y un desir unanime dans les
deux sexes d’écraser le dernier homme de condition ou celuy qui a plus de dix mille livres de rente, et vous aurez
mon president un petit echantillon de nos habitans, je me garde bien de leur faire connoistre ce que je pense d’eux.
Je les sers le plus quil mest possible à leur mode grands compliments, force visittes, belle reverence, et mauvais pro-
pos je népargne rien, et fais reellement de mon mieux pour gagner leur amitié »…
12 août
. « Il me revient de tous cottés que vous faittes les beaux jours de Chantilly et que vous este favori de la
princesse [Mademoiselle de C
LERMONT
…] cette même renommée pretend que votre cœur se laisse attendrir au-
pres de cette princesse que vos discours tombent toujours sur elle, sur son esprit, sur ses graces enfin que vous la trou-
vez charmante. Il y a longtemps que je vous ay dit quelle letoit mais quil la faloit connoistre. […] Elle a même assez
de bonté pour permettre quon laime, et je suis persuadée qu’elle recevra vos soins avec plaisir mais mon president
sy vous en voulez davantage, je vous plains vous este vif et elle tres froide cela fait un grand contraxte. Je vous trouve
fort heureux de luy pouvoir faire votre cour et voudrois bien luy faire la mienne voila son voyage de Chantilly finy
nous verrons sy lamour vous conduira sur ses pas ». Elle avait espéré une suspension d’armes, mais « je crains fort
que lempereur et le roy d’Espagne ne termine pas leurs differens aussy à l’amiable que nous avons fait les notres vous
et moy car au bout du compte mon president je pretends et je croy estre fort bien avec vous quoyque non relative-
ment à ce que vous savez »…