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
.
Charles de Secondat, baron de La Brède et de MONTESQUIEU
. Minute de 2 lettres par un secrétaire
avec
ADDITIONS
autographes, Paris 3 août 1735 ; 2 pages in-4 (feuillet un peu froissé). [CM 431 et 432]
. ⁄ .
M
INUTE DE DEUX LETTRES AU COMTE DE
B
ULKELEY ET À SON ANCIENNE MAÎTRESSE
, M
ADAME DE
G
RAVE
(copiées
par le secrétaire E).
A
U COMTE DE
B
ULKELEY
. Il a été « huit jours à la fête » avec Mme de B
ERWICK
. La « grande marquise » [Mme de
Renel] a quitté Cheverny et « est aux trousses du Duc d’Orléans qui fait son metier de devot en ne la regardant pas
et point du tout son métier d’homme juste en lui rendant son bien ». Il a passé douze jours à Chantilly avec
Mademoiselle de C
LERMONT
, Milord B
OLINGBROKE
et « quelque chose de plus politique que lui le Marquis de
M
ATIGNON
. On croit la guerre inevitable parce que nous proposons l’armistice non relativement au plan proposé
par les maritimes et que l’empereur ne l’accepte que relativement audit plan, ce qui est different comme le jour et
la nuit. Nous espérons que vous gens du Rhein tuerés tous les Moscovites ; on m’écrit de Bordeaux que les marchands
anglois et hollandois ont enlevé tous les vins vieux parce qu’ils jugent la guerre inévitable. […] On dit ici le duc du
M
AINE
dangereusement malade »… Montesquieu a noté au bas de sa main : « à Paris le 3 aout 1735 mr de Bocley
à larmée du Rhin ».
À M
ADAME DE
G
RAVE
, « Ma belle marquise »… « On croit qu’on n’aura pas la paix nous proposons une
suspension d’armes pourvû que ce soit non relativement au plan proposé par l’Angleterre et la Hollande et
l’empereur l’accepte pourvû que ce soit relativement audit plan. Ainsi ils ne sont pas plus d’accord que nous l’avons
été vous et moi quand je vous ay demandé votre amitié relativement à ce que vous sçavés. Il y a d’ailleurs l’affaire
de la Pologne pour laquelle nous demandons aussy suspension ; le pauvre S
TANISLAS
nous mande qu’il ne dort ni
jour ni nuit quand il songe au sang qu’il a fait verser pour sa triste cause »… Etc. Montesquieu a noté de sa main
la date : « à Paris le 3 aoust 1735 », et fait des calculs en marge.
.
François, comte de BULKELEY
(1686-1756) lieutenant général au service de France. L.A., au camp
de Spire 18 septembre 1735, à M
ONTESQUIEU
; 4 pages in-4 (fente au pli réparée et petites effrangeures).
[CM 434]
 ⁄ 
L
ONGUE LETTRE SUR LA CAMPAGNE DU
R
HIN ET LE
P
RINCE
E
UGÈNE
.
« Où ne portez vous point vos pas, mon cher president, tantot avec les princes et princesses du sang, tantot avec
les princes par la grace du Roy, enfin vous parcourez tout, et vous plaisez partout ; je n’en suis en verité point
surpris ; avez-vous foutu le Prince, c’est un homage que l’on doit à ses charmes, surtout dans ses propres Etats
[allusion au duc de B
OURBON
à Chantilly] ; mais comment Mademoiselle [Louise-Anne de Bourbon, Mlle de
C
HAROLAIS
] a t’elle pû ramasser 40 ou 50 soupeurs à Madrid [château de Madrid, au bois de Boulogne], c’étoit je
crois des soupeuses, ou bien les bons hommes en etoient »…
Puis il parle de la situation militaire et de la campagne sur le Rhin contre le P
RINCE
E
UGÈNE
: « Votre etonnement
de l’inaction de Mr le P. Eugene cesseroit, si vous connoissiez ce pays, et la situation des deux armées. Il est vray qu’il
n’étoit pas necessaire de faire venir tant de monde, pour n’en rien faire, mais il a crû je pense que nous passerions
le Rhin sur la fin de la campagne, et il vouloit etre assez fort pour s’y opposer ; quant à une battaille en deça de la
riviere je ne l’ay jamais crû, et je soutiens qu’elle n’étoit pas possible. […] nos trouppes bordant le Rhin dans la
position où elles sont depuis la petite Hollande jusques à Worms, il n’est pas possible aux ennemis d’en tenter le
passage qu’au dessous dudit Worms ». Il développe deux stratégies possibles, selon que le Prince Eugène abandonne
ou veuille conserver Brucksal… « et je conclus de là qu’il ne pouvoit y avoir de battaille, et que Mr le P. Eugene est
trop sage d’abandonner le Nekre ou plus tot de s’en éloigner. Il le fit l’année passée, et s’il avoit plu à ce general
chaudepissier [le maréchal d’A
SFELD
?] de faire ce que tout autre que luy n’auroit point manqué, nous eussions alors
été les maîtres du Wirtemberg, et Philisbourg ne nous seroit pas aujourd’huy inutile. Croyez moy si cette guerre
duroit dix ans, et qu’il y ayent toujours deux armées si nombreuses et de la même force avec le Rhin entre deux, nous
verrons à peu près les memes manœuvres et chacun gardera son bord, à moins que nous ne trouvions les moyens
de prevenir les ennemis au printems ». Bulkeley a hâte de retrouver ses quartiers d’hiver, et de revoir Montesquieu…