Page 47 - cat-vent_drouot18-12-2012

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
vous en chasseront avant l’été prochain » (4 juillet)… S’il a grondé son subordonné, ce n’est qu’après avoir employé
« les bassesses même pour vous engager à m’aider de vos lumieres, et à concourir avec moy aux mesures à prendre
pour sauver cette colonie en proye depuis quatre ans aux pillages et aux vexations, et denuée de toute espèce de res-
sources. Dites moy en quoi vous m’avés jamais aidé ? […] Les reproches dont mes lettres pendant le siège du fort
S
t
David, sont pleins, ne sont-elles pas autant de témoins du desespoir que vous aviés dans le cœur, de voir arriver
icy un homme qui vous commandoit, et du parti que vous aviés pris de le laisser dans une ignorance parfaite de tout
ce qui avoit rapport au gouvernement, de conniver même aux pièges que l’on m’a tendus, en m’envoyant dans le
Tanjaour, et en me proposant d’aller par terre à Bengale » (9 décembre)… L’arrivée des Mahrattes à Arcate a été
suspendue par la nouvelle répandue par les « honnêtes gens de Pondichery », que B
USSY
commandait dans la
colonie et que Lally partait dans le mois : « Voilà un beau trait de politique ! qui produit toujours un certain bien
à ceux qui pensent mal, puisqu’il nous met sept à huit jours dans l’inaction » (2 janvier)… De crainte d’un
armistice où les deux Compagnies auraient ordre de garder l’
uti possidetis
l’a déterminé à reprendre Vandavachy et
Carangouly avant de procéder à d’autres opérations : « ils seront tous deux investis demain. Vos ordres, je vous
conjure, pour qu’il ne nous manque ny Carnattis ny coulis » (12 janvier)... Au lendemain de son abandon de
Vandavachy : « Nous n’avons eû qu’un seul prisonnier dans toute l’affaire, et c’est M
r
de Bussy qui savoit sans doute
que l’ennemy ne nous poursuivroit pas, sans quoy il seroit revenu avec nous » (23 janvier)…
6 et 12 février 1760
(lettre en partie chiffrée, déchiffrée dans l’interligne). Récapitulatif des nouvelles depuis la
mi-décembre : arrivée des Mahrattes aux environs de Madras ; pillage de Cangivaron par les troupes de Lally ;
l’armée mise sous le commandement de B
USSY
à Tricalour pendant que Lally se porta avec un fort détachement à
Vandavachy : échec de ses tentatives pour reprendre la place ; fuite de nos troupes, capture de Bussy et de deux
autres officiers (renvoyés depuis sur parole) ; perte de Cheloupet ; siège d’Arcate… Leyrit rappelle les dangers
auxquels ils sont exposés, et annonce, le 12, une révolte de la cavalerie blanche à Valdaour…
4 mars 1760
. Avis de
l’arrivée à Madras de l’escadre de l’amiral C
ORNISH
: on y embarque tout ce qui est nécessaire pour un siège,
peut-être de Karical, car Pondichéry est inimaginable… Sous prétexte que plusieurs officiers prisonniers sur parole
avaient servi à Vandavachy, les Anglais somment Bussy et d’autres officiers de venir à Madras, sommation contraire
au cartel… Avis de la nouvelle perte de Divicottey, évaluation des forces des Anglais, supérieures aux nôtres surtout
par la discipline, mais aussi par l’argent… La négociation de M
ORACIN
auprès du gouverneur de Negapatam n’a pas
eu de succès…
6 mars 1760
, il prie M. Le Juge de se charger de ses paquets pour l’Europe ; est joint l’inventaire
établi par l’employé Dangereux, à Pondichéry, d’un paquet de lettres et mémoires adressé à la Compagnie des Indes
à Paris…
O
N JOINT
un résumé (« extrait ») manuscrit de la lettre du 4 mars (3 p. in-fol., bords abimés).
.
Jean-Georges, vicomte de FUMEL
(1721-1788) colonel, major-général de l’armée des Indes, il seconda
Lally dans la prise du Fort Saint-David et dans les expéditions de Tanjaour et de Madras ; ramené en Europe
comme prisonnier de guerre après la capitulation de Pondichéry, il fut mis en accusation mais se sauva en
témoignant contre Lally. L.A.S., [entre 1762 et 1765] ; 3 pages et demie in-4.
 ⁄ 
Il adresse à son correspondant deux lettres, et des notes qui permettront de juger de « la hardiesse de celui qui veut
aujourd’huy me mettre à un conseil de guerre » [L
ALLY
], et qu’il cite : «
Je sens parfaitement M
r
que la superiorité de
votre rang donnera toujours à vos accusations un poids que toutes les raisons que je pourrois dire pour ma défense ne
scauroit avoir, pour pensér malgré le tort que vous me faite que vous voulies m’accuser par votre authorité. J’insiste donc
de nouveau sur la demande que je vous ai déjà faite d’un conseil de guerre : vous êtes trop éclairé pour n’en voir pas la
nécessité pour moy, et pour ne pas voir en meme temps qu’en me réfusant de faire éxaminer ma conduite sur les lieux
meme ou elle est connüe, vous me donnes partout ailleurs un juste sujet de me plaindre et des armes pour me deffendre,
contre toutes les imputations dont on pourroit me charger
&c. Assurement m
r
on ne peut pas presser plus instament,
pour une chose dont il me menace aujourd’hui »… Fumel craint que les juges n’y voient pas clair, car le même lui
écrit ne pouvoir accorder un conseil de guerre que pour trahison ou couardise, dont on ne saurait le soupçonner.
« Comme vous voulés bien vous interessér a moy j’ai cru m
r
que vous ne series pas faché de cette petite note, qui
caracterise l’enemi de l’humanité »…