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
.
Thomas-Arthur de LALLY-TOLENDAL
. L.S. avec date autographe (minute), Grand Mont [près Madras]
2 février 1761, [
À LA
C
OMPAGNIE DES
I
NDES
], avec 5 copies manuscrites de lettres ou pièces ; 7 pages in-fol.,
plus 8 pages in-fol.
. ⁄ .
A
PRÈS LA CAPITULATION DE
P
ONDICHÉRY
, L
ALLY EN DÉNONCE LES RESPONSABLES
. Cette lettre est écrite par Lally
deux semaines après la capitulation, alors qu’il est prisonnier de guerre des Anglais.
« Si je n’avois été envoyé icy pour commander qu’à des fripons, des voleurs et des poltrons, Pondichery
appartiendroit encore à la Compagnie ; mais je n’y ay trouvé que des scellerats des assassins et des traitres à l’Etat
[…].
Ouy
j’accuse les S
rs
de L
EYRIT
, M
ORACIN
, et C
OURTIN
d’avoir soulevé toute la colonie contre moy, parce que
en conformité de vos ordres reçus par la Gracieuse, j’ay voulu examiner l’administration des deux premiers, j’accuse
les S
rs
Courtin & Moracin de s’etre trouvés dans un grouppe d’environ trente officiers de l’Inde à la tête desquels
étoient les S
rs
M
ARIOL
et T
RINQUIERE
[…], qui sont venus et qui se sont présentés pour m’assassiner dans mon
palanquin »… Il les accuse enfin de s’être trouvés dans le même groupe qui, quatre minutes plus tard, a poignardé
l’intendant D
UBOYS
, « meurtre prémédité », « infâme scène » dont il fournit des détails et dont il fournira des
preuves… Lally aborde ensuite le chapitre de son commandant en second, B
USSY
, qui au lendemain de son arrivée
à Vandavachy, en octobre 1778, « sur le refus que je luy ay fait de luy donner mil hommes pour s’en retourner tout
de suitte dans le Décan moyennant une somme de trois cens mil francs argent comptant qu’il me faisoit payer trois
heures après son arrivée à Pondichery et un diamant de cent mil francs, m’annonçoit déjà les brigues infernales
auxquelles je devois m’attendre de sa part […] Son refus de se mettre à la tête de l’infanterie le jour de la bataille de
Vandavachy, et l’abbandon avant la bataille commencée des deux mil hommes de trouppes noires qu’il m’avoit
amené quinze jours auparavant, joint à son obstination de se faire prendre seul prisonnier malgré les représentations
de tous les officiers et soldats qui marchoient derriere luy lorsqu’il n’avoit que quarante pas à faire pour etre en
seureté, a achevé de m’eclaircir sur sa conduite »… Il réclame un examen rigoureux de Bussy, Leyrit, Moracin et
lui-même, les « quatre comptables » : l’autorité du Roi est outragée ici par d’infâmes attentats… Condamné à subir
une opération au foie presque toujours mortelle, Lally prend la précaution de communiquer des papiers pour
purger sa mémoire des infâmies que ceux qu’il accuse imagineront pour excuser leur révolte ouverte contre lui en
tant qu’homme du Roi et de la Compagnie… Il rappelle les dégoûts de l’ancien gouverneur G
ODEHEU
et la peur
du commissaire C
LOUET
[menacé d’être jeté à la mer], et lance une accusation ultime contre L
EYRIT
: sa dissipation
de « trois mois de grains que j’avois mis de mes propres déniers dans les magazins », et son refus réitéré de remplir
ces magasins, ont accéléré la perte de la colonie : « la paix nous eut peut être délivrés ; mais l’abbandon total de notre
flotte, et l’arrivée successive aux ennemys de cinq mil hommes dont quatre mil de trouppes reglées, depuis mon
arrivée dans l’Inde, eussent achevé cet été la ruine de cette colonie »… Au dos, une note autographe du Contrôleur
général B
ERTIN
ordonne d’écrire au duc de Choiseul.
Sont jointes des copies des documents suivants, tous décrits dans le numéro précédent : la lettre de Lally à
Landivisiau du 24 décembre 1760, la sommation à lui adressée par le Conseil de Pondichéry le 14 janvier 1761,
déclaration de Lally au colonel Coote en lui remettant Pondichéry le 15 janvier, et traduction de la réponse de
Coote, et lettre de Lally à la Compagnie des Indes du 2 février 1761.
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