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
.
Thomas-Arthur de LALLY-TOLENDAL
. L.A.S. et 5 L.S., Paris et Fontainebleau août-octobre 1762, à
M. P
ARENT
(premier commis des Finances) ; 16 pages in-4, 2 adresses dont une avec cachet cire rouge
aux armes.
. ⁄ .
I
NTÉRESSANTE CORRESPONDANCE AU SUJET DES ATTAQUES CONTRE LUI
,
AVANT SON ARRESTATION ET SON INCARCÉRATION
À LA
B
ASTILLE
(4 novembre 1762).
Paris 31 août
. Il demande une demi-heure, tout en faisant ses excuses de l’importuner : « on ne se corrige plus a mon age.
[…] Votre tems sera le mien et ce sera œuvre pie de votre part et meme meritoire »…
6 septembre
. Il se prévaut de la
recommandation de Mme de L
AMARCK
pour lui communiquer une confidence de M. M
AGON
, qui a appris au Palais-Royal
que le sieur M
ARION
, « chargé des affaires de M. de Bussy », était l’auteur d’« une petite piece de vers où Monsieur le
Controleur Général [B
ERTIN
] n’étoit pas plus ménagé que moi […]. Je n’ai pas tardé 15 jours après mon arrivée à
demander justice à M. le Controleur Général de ce meme Marion. La Duchesse de Lauragais, Mad
e
de Chevreuse, Mad
e
de La Guiche, Mad
e
de Conflans &a m’avoient pressenties des discours scandaleux que ce drôle répondoit chez elle et dans
le public. Si Monsieur le Controleur general eut condescendu à ma requête, un exemple de cette nature fait in persona
vili auroit intimidé une infinité de calomniateurs que l’impunité a enhardi »… Il l’avise aussi d’un « mémoire infâme » que
B
USSY
a donné sous un nom d’emprunt, après avoir adressé un mémoire anonyme à la Compagnie…
15 septembre
. La
lettre qu’il lui a fait voir a été présentée à M. de L
EYRIT
: « il a refusé de la signer, on ajoute que c’est M. de L
ANDIVISIAU
qui l’a composée sur le mémoire du Conseil de Pondichery. Pour moy je la crois du stile du S. Marion, ou du frere du S.
Moracin »… En tout cas « il est bien singulier que le Conseil de Pondichery soit obligé de chercher a Paris depuis deux mois
des preuves de ce que j’ai fait dans l’Inde et de ce qu’ils ont ecrits contre moi de ce paÿs la »…
24 septembre
. Il s’est
entretenu avec le Contrôleur général B
ERTIN
, dont « la candeur m’a paru alarmée de ce que je lui temoignois un
mécontentement général contre tous ceux qui avoient été à mes ordres dans l’Inde »… Encore Lally regrette-t-il d’avoir dit
du bien de quelques-uns, tels que le chevalier de C
RILLON
ou le sieur de G
UILLERMIN
, commandant le régiment de
Lorraine, car ses témoignages leur ont attiré l’opprobre public. Il explique les précautions qu’il imposa à la caisse de l’Inde,
pour contrôler les mouvements de fonds, et le prie d’engager le contrôleur général à « prononcer sur le vague d’une
accusation démentie par les preuves qu’il a en main »…
Fontainebleau 20 octobre
. Exposé détaillé de ses biens au moment
de partir pour l’Inde, pendant l’expédition et depuis son retour, avec précision chiffrée de ses créances et ses charges. Il
prévoit d’en discuter avec la Compagnie des Indes : « je ne prétends qu’à ce qui me sera légitimement dû, il ne seroit pas
juste quelle voulut gagner sur moi les deux cens mil francs dont elle a fait un présent si généreux » à Godeheu, « j’étois à la
solde du Roy et […] le Roy n’est pas en état de me payer, je demande que la Compagnie m’assure de quoi vivre puisqu’elle
n’est pas en état de me payer »…
28 octobre
. Il apprend par le Contrôleur général «
qu’il n’y aura plus de queüe à mes affaires,
quand il en aura rendu compte définitivement au Roy
»… Il lui enverra des pièces signées des sieurs Landivisiau et Fumel ; il
est triste qu’un chef ne puisse plus ni punir ni réprimander sans s’exposer à des plaintes. « Je n’y vois qu’une ressource pour
les généraux d’aujourd’hui, qui est de ne se charger d’aucune besogne sans être nantis d’avance du double des moyens pour
réüssir »... Il rappelle la réduction de forces dont il fut victime, comme en témoignent ses lettres à la Marquise de
P
OMPADOUR
et M. de Moras [contrôleur général des Finances], et envoie un mémoire dicté pendant son voyage de retour,
sans se douter qu’on le soupçonnerait de félonie en faveur des Anglais. …« si quand j’ai été mandé a la cour, le jour même
qu’on a eu la nouvelle de la prise du Lys et de l’Alcide, mon avis eut été écouté du Marechal de Bellisle et de M. de Sechelles
comme il l’a été de M. le C
te
d’Argenson, les Anglois ne joueroient pas aujourd’hui en Europe le rolle qu’ils y jouent ;
comme je ne crains pas d’assurer, et m’engage à prouver que nous serions encore maîtres d’une partie de l’Inde, si les gens
que j’y ai trouvés, et qui osent se qualifier de sujets du Roy, eussent pensé vis-a-vis des Anglois comme j’ai fait, toute ma
vie, profession de penser »…
O
N JOINT
la minute de la lettre du 24 septembre 1762.