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
aux États Généraux de 1789 : « ce fut le 24 juin qu’il y eut une deliberation en forme dans la chambre du clergé. Il
est très sûr que la majorité fut constatée et la deliberation en fut prise contre la réunion. M
r
Bertrand dit que ce fut
de 143 contre cent quarante deux. Il restoit neuf voix qui ouvrirent un troisieme avis […] Les votans pour la réu-
nion restèrent disant que l’assemblée n’etoit pas regulierement séparée. Ce fut alors que les neuf voix séparées par
un avis particulier se réunirent à la minorité, et dans cette séance continuée contre les formes, la majorité fut ac-
quise pour la réunion. C’est cette majorité qui se rendit le même jour dans la salle du tiers »… Il parle ensuite de la
réception par le Roi le 27 des députations du Clergé et de la Noblesse, et envoie fièrement le discours fait « par le
simplement effet du mouvement dont j’etois animé. On vint me proposer le
Te Deum
en actions de graces de la tran-
quillité retablie »… O
N JOINT
une note autogr. de Lally-Tollendal : « Opinions des notables sur le doublement du
Tiers », avec détail des votes dans les six bureaux.
.
Jeanne Louise Genet, Madame CAMPAN
(1752-1822) lectrice de Mesdames filles de Louis XV,
secrétaire et confidente de Marie-Antoinette, institutrice et pédagogue, elle dirigea la Maison d’éducation
de la Légion d’Honneur d’Écouen. L.A., 29 décembre 1795, [au comte Trophime-Gérard de
L
ALLY
-T
OLENDAL
] ; 3 pages et demie in-4.
 ⁄ .
B
ELLE LETTRE DES DÉBUTS DE SA MAISON D
ÉDUCATION
,
PLEINE D
AFFECTION POUR SON ÉLÈVE
,
LA FILLE DE
L
ÉMIGRÉ
, Élisabeth de Lally-Tolendal, âgée de neuf ans.
« La sensibilité et la reconnoissance du papa de la belle et bonne Eliza, sont une récompense bien douce pour
l’Institutrice qui n’a trouvé de consolation dans le monde que celle de s’environner de l’innocence et de la former à
la vertu et aux lumieres nécessaires au bonheur de son sexe, il lui a fallu bien du courage pour se livrer à tous les
détails d’une entreprise que son cœur lui a fait trouver douce et honnorable à la fois, mais qui n’en est pas moins
environnée de détails bien pénibles, une de ses plus grandes jouissances est de devoir à la confiance et à l’amitié de
personnes respectables qui ont veillé à l’existance de l’intéressante Eliza le soin de la rendre digne de son père »…
Elle prouvera son estime pour le père en rendant sa fille sincère, polie, « bien formée aux usages et au maintien
décent qui caractérisent la bonne éducation ; en développant ses idées en formant son cœur, et en ajoutant à tout
cela le vernis intéressant des talens agréables »... Elle relève le talent de l’enfant pour la musique et la lecture, son
goût de la propreté et son éloignement du mensonge, sa taciturnité liée à une extrême timidité… « La lettre
intéressante du papa d’Eliza finit par un tableau bien consolant : mais est-il bien permis de se livrer à cette douce
espérance ? Quel est le cœur sensible qui ne chérit pas l’idée de la paix, en pensant et en supportant les fléaux de la
guerre. Si jamais nous voyons cet heureux moment combien il seroit encore embelli par le plaisir de remettre une
fille chérie dans les bras de son vertueux père »…
.
Jeanne Louise Genet, Madame CAMPAN
. L.A., Saint-Germain 23 avril 1796, [au comte
Trophime-Gérard de L
ALLY
-T
OLENDAL
] ; 3 pages in-4.
 ⁄ 
Elle lui avait parlé sincèrement des qualités de sa chère Eliza, et aussi de son regret de trouver en elle « un peu de
pesanteur, et de disposition à concentrer ses idées, ses sensations, et même ses desirs ». Mais ces petits défauts ont
fait place à la franche gaieté, à la sincérité, à la volonté et à la facilité d’exprimer ce qu’elle souhaite. « Je l’ai souvent
chapitrée avec douceur sur cette petite sauvagerie, mais le changement est si subit que je ne puis malgré mes soins
m’empêcher de l’attribuer à un changement dans sa manière de vivre »… Elle a chargé le bon père Anselin et sa
femme de veiller sur elle, comme par le passé, et leur a donné le logement du portier, mais estimant qu’Eliza avait
dépassé l’âge de prendre ses repas avec eux, « je la fais manger à tous ses repas avec moi. En cela j’ai eu la satisfac-
tion de prévenir le desir de vos amies qui devoient me le demander. – Depuis ce moment la petite est tout à fait chan-
gée. – Que s’est-il passé dans cette jeune tête ? – Je ne puis le définir ; rien cependant qui tienne à la hauteur ni au
manque de sensibilité pour sa bonne qu’elle aime tendrement, mais elle est plus à son aise, elle se sent mieux pla-
cée. […] Tous ses exercices vont on ne peut pas mieux, sa figure plus animée la fait trouver beaucoup plus jolie. –
Vous trouverez du changement dans son écriture, il y en a autant dans tous ses autres devoirs, le piano va très bien,
elle lit également bien l’anglois et le françois, danse très bien enfin je puis vous assurer que vous aurez en cette chere
enfant une societé aussi aimable que satisfaisante pour votre cœur »… Ses sentiments d’estime et d’amitié pour
Lally seront prouvés par les soins qu’elle donnera à « l’être prétieux qu’un enchaînement de circonstances a remis
en mes mains »… Elle se félicite du succès de son plan d’éducation, et des progrès de ses élèves : « une occupation
active et satisfaisante pour mon cœur m’est devenue en quelque sorte nécessaire et me distrait de tous mes mal-
heurs »…