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
.
Jeanne Louise Genet, Madame CAMPAN
. L.A., 19 novembre 1801, [au comte Trophime-Gérard de
L
ALLY
-T
OLENDAL
] ; 4 pages petit in-4 (lég. mouill.).
 ⁄ 
S
UR LE PROCHAIN RETOUR EN
F
RANCE DE L
ÉMIGRÉ
. Elle a différé d’écrire, croyant à chaque instant le voir ouvrir
la porte d’un petit cabinet de retraite qui fait ses délices, et où ses amies sont souvent venues s’entretenir avec elle
du « moment heureux qui nous vaudroit le Père d’Eliza », mais il tient rigueur à elles et à la France, « si charmée de
voir rentrer dans son sein les hommes dont elle se glorifioit avant ses malheurs »… Elle a passé la soirée avant-hier
avec de très grandes dames dans une très petite maison rue de Noailles, « et il a été convenu unanimement que vous
fesiez la Coquette avec la France. Le ministre des Relations Extérieures [T
ALLEYRAND
] m’a adressé une lettre
charmante pour m’annoncer l’envoi de votre passeport, la vanité quelquefois peut s’allier au sentiment et j’ai été
honorée je vous l’avoue qu’il me rangeat au nombre des réclamantes en première ligne. Le P
er
Consul et
M
de
B
ONAPARTE
l’un et l’autre à quelques jours de distance ont rendu justice au desir bien vif que j’ai de vous
revoir ici, car ils m’ont appris votre retour prochain, comme une des choses qui pouvoit me faire le plus de plaisir »…
.
Jeanne Louise Genet, Madame CAMPAN
. 2 L.A.S., 1802 et s.d., au comte Trophime-Gérard
de L
ALLY
-T
OLENDAL
; 10 pages et demie in-4, une adresse.
. ⁄ .
É
VOCATION DE SES SOUVENIRS SUR
M
ARIE
-A
NTOINETTE
.
15 janvier 1802
. Le projet du bon M. W
EBER
[frère de lait de Marie-Antoinette :
Mémoires concernant Marie-An-
toinette
, 3 vol., Londres, 1804-1809] l’attendrit. « Il se rencontre avec celui que mon cœur a formé depuis longtemps.
Moi aussi, je déposerai sur la palette de l’histoire des couleurs vraies et pures, et dont une main plus habile que la
mienne viendra par la suite se servir pour peindre le caractère noble, touchant et généreux, de l’infortunée et illus-
tre M
ARIE
-A
NTOINETTE
», mais elle veut se consacrer à « l’instruction de la jeunesse », et ces mémoires paraîtront
après sa mort ; on connaîtra alors l’importance des services qu’elle eut le bonheur de rendre à sa maîtresse et bien-
faitrice. « M. Weber étoit presque tous les jours dans les appartemens de la Reine. Il connoissoit ses habitudes in-
térieures » : travaux d’aiguille, soins maternels, promenades solitaires… « L’inconcevable histoire du Collier, doit aussi
lui être connue, il sait comme moi que la Reine n’a jamais parlé à M
de
L
A
M
OTTE
, n’a pas même vu cette intrigante
célebre par la nature de l’intrigue qu’elle avoit ourdie »… Elle souhaite que Weber rende justice aux
serviteurs de la
chambre
, gens qui « sans orgueil, sans espoir, même par le sacrifice de leurs jours de trouver un nom dans l’avenir,
ont été capables du plus grand dévouement »… Le mariage de son élève Hortense de B
EAUHARNAIS
lui fit voir le
Premier Consul : « Il m’a parlé comme à l’ordinaire d’Eliza et de votre retour, je lui ai demandé s’il avoit lu votre
dernier ouvrage, il m’a répondu qu’il n’en avoit pas eu le temps »… Elle cite au père d’Eliza des remarques de sa fille
témoignant de sa préférence pour la littérature et la lecture d’agrément ; elle espère la voir « mieux placer ses gouts
quand elle consultera sa raison »… Les « livres d’
école
» anglais qu’il lui a envoyés pour ses petites filles sont char-
mants (dans ce genre, « nous n’en sommes encore qu’à l’imitation »), et la jeune Miss Pavie est attachante, quoique
« plutôt une écoliere qu’une maîtresse de classe expérimentée ». Elle voudrait trouver en Angleterre une sous-maî-
tresse expérimentée, « bien remplie des maximes d’ordre, de tenue, de maintien décent des petites angloises. – Je ne
crains point le
stif
que l’on reproche aux jeunes filles de ce pays. Mylord Chesterfield crioit à son fils jusqu’à l’étour-
dir et même à en fatiguer les autres
graces, boy, graces
et encore
graces
. Hélas
graces abandon, légereté
tout cela se
trouve ici je crois dans la barcelonette, aussi suis-je bien plus occupée qu’elle fut douce, imposante très recherchée
en propreté, et qu’elle ne sut pas un mot de françois, pour l’age vingt cinq ans »…
[Vers 1802 ?, chez Mme d’Hénin,
à Paris]
. Elle demande encore quelques prospectus pour Spa, et prie Lally de faire venir de Londres un ouvrage sur
l’éducation décrit comme comportant les réflexions de tous ceux qui ont écrit sur ce sujet depuis Montaigne jusqu’à
ce jour. « Tout ce qui touche une partie aussi essentielle que celle à laquelle je me livre de tout mon cœur, m’inte-
resse vivement, et il me semble que ce recueil me sauvera des recherches que je n’aurois pas le loisir de faire »…
.
Jeanne Louise Genet, Madame CAMPAN
(1752-1822). L.A., mardi 29 germinal [19 avril 1803],
à Eliza de L
ALLY
-T
OLENDAL
; 8 pages in-4.
 ⁄ .
B
ELLE LETTRE À SON ANCIENNE ÉLÈVE AU SUJET DU POÈME DE
J
ACQUES
D
ELILLE
,
L
A
P
ITIÉ
,
ET DE SES SOUVENIRS
DE LA
R
ÉVOLUTION
.
Elle avait lu
La Pitié
: « j’avois été charmée de l’épisode touchante qui traite de la vertu et de la sagesse de vos ai-
mables parens. – Ce poëme intéressant paroit trop près de la grande crise de notre révolution pour ne pas retrou-
ver toutes les passions encore en mouvement, ce qui lui attire beaucoup de détracteurs, et fera même refluer sur
l’auteur l’inimitié de tous les Patriotes qui ont usurpé ce titre en victimant et leur vertueux Roi et leur Patrie, ce-