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autre nous mêmes, fruit de nos tendres embrassement, mettra il le comble a notre satisfaction, fils d’une telle mere il ne peut estre que vertueux, enfant de
son pere il sera reconnoissant; Ô cher Julie telle bonheur est il fait pour moi ? ... »
3
juillet
1772
: « ... Te souviens tu divine Julie, de la diné délicieuse fait a quelques lieu de Paris sous une tonelle charmant au milieux d’un jardin qui sans
estre magnifiquement orné avoit tous les agrement de la nature, une mere, un frere, un ami a moi etoit les seul temoins de nos tendre embrassements, je
ne te veux point laisser oublir le moment qui préssédat le frugalle diné, il m’en souviens comme de l’instant même apres une courte absence je revenois te
joindre; au moment le plus inattendu toute occupée de toi je te vois paroitre dans une brillante voiture, aretter la cource des mes chevaux, sauter a terre et me
présipiter dans tes bras ne fut que l’affaire d’un seul instant, je n’oublirai jamais la dousse agitation qu’éprouva mon cœur tu me dit peux de choses mais tes
yeux m’en aprirent bien davantage, en te serrant contre mon sein les dousses palpitations de ton cœur se firent ressentir au mien ; moment délicieux quand
reviendrai vous ? ...»
5
juillet
1772
: « ... depuis notre départ nous ommes déjà a
1350
lieux de l’Isle de France, et que demain nous contons voir l’enbouchure du détroit qui
mainne a la Chine, juge cher amie avec quel œil avide je vois passer l’eau le long du vaisseau ... »
6
juillet
1772
,
9
heures du matin : « Bonjour charmante paresseuse, commant encore au lit, a pour le coup je vais faire venir des verges et m’en servir comme
avec un enfans; Julie encor au lit a
9
heures du matin, cette Julie qui veut estre sous peu de temps a la teste d’un ménage ... Ne crois pas cher amie que le
mariage soit uniquement un état de traquillité et de satisfaction, il a ses agrements, il a ses plaisirs; mais il est encore bien plus sujet au peine de toutes
espèces, et a un travail pénible pour ceux qui ne si sont point accoutumé de bonheur; a nos ages l’on ne voit ce lieu sacré que du cauté agréable, la liberté qu’il
donne a deux jeunes amants est tout ce qu’ils désirent, et volontiers il ne penseroient qu’a se dire et a s’entendre dire «je t’aime»; rien de si beau, rien de si
doux, mais il est d’autres satisfactions plus paisible et plus durable que tu ne peut connoitre qu’apres quelques anés de mariage ... »
7
juillet
1772
: « ma cher Julie, dans un bon ménage tout dépend de l’accord qui reigne entre le maitre et la maitresse; ils doivent concourir egallement au
bien commun mais par un chemin bien different, leur taches est ou doit estre aussi differente que leur figures; l’un formé par la nature robuste et vigoureux
ne doit s’occuper que des ouvrages pénibles et de longue allaines, lesquels presque toujour l’attirent au dehord; l’autre au contraire ne doit ce meller que de
l’interieur de sa maison, rien ne s’i doit faire sans sa participation, le soin, la vigilance et l’exactitude sont les moindres vertus qu’el doit posseder...
8
juillet
1772
: « avant tout choses je veux t’annoncer ma cher Julie que nous sommes entrés dans le détroit de Malaca depuis hier apres diné, nous avons
toujour eu beau temps depuis Morice, mais nous voila dans un cruelle labirhinte, il faut pourtant s’en tirer ... A Julie, Julie, ma cher Julie, vous estes
cruellement danjereuse, vous avés fait tourner la teste au pauvre Jozé, il ne sais plus ce qu’il dit; dans tout autre temps un voiage de Chine lui auroit été aussi
egale que celui de Paris a Versailles, il n’est plus le meme, tout lui fait ombrage; et il crain plus de ne pas vous revoir que de mourire ... Parlons un peu de tes
airs, de ton maintien; tu a bien peu a faire ma cher amie sur cette article, il n’est pas possible de te demender plus que tu n’a; soit femme ce que je t’ai connu
fille, et tu sera le modelle des femmes; il me conviendrait mal de te donner des leçons pour les usages, les marins sont des animaux qui sont peu accoutumés
à en faire une étude, je sans cependant bien qu’une femme décente dans le propos et dans les jesttes lorsqu’el est en compagnie, ne peut estre que telle dans
ses actions; qu’une honneste pudeur sied bien a un joli visages; qu’un humeur toujour egalle fait le plaisir de la societé : et je sens bien encorre qu’une femme
unie dans ses façons comme dans son parler, et dans son ajustement, me plairois baucoup plus qu’une de ces petites maitresses qui n’aime que la toillet, le
jargons recherché et les aires affectés; je suis sure que tu est de mon gout ... »
12
juillet
1772
: « ... je me plais infiniment a penser que quel jour ce cayer sera dans tes mains, que tes beaux yeux parcoureront les lignes trassés dans le
chagrin et l’ennuie, et que ton sensible cœur sera affecté du mal qu’aura souffert le mien dans ton absence ... »
14
juillet
1772
: « Jouissons ma cher Julie du plaisire de nous ecrire, puisque nous ne pouvons nous voir. C’est tout ce qui me tien lieux de récréation. J’atant,
je gaite le moment, comme le chat fait a la souris, c’est la premiere chose qui m’occupe en m’éveillant, j’i pense avant le diner ; apres le diné, j’i pense encor,
j’i pense meme en efectuant la chose, enfin cher amie j’i pense en me couchant, et rarement je me réveille sans i avoir pensé... »