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Deux pastels sur parchemin (
50
x
36
cm). Sur leurs chassis d’origine. Cadres anciens.
Le portrait de Marie-Thérèse est signé « De Sampsois,
1791
» (en bas à droite, en rouge).
Les deux Enfants sont vis-à-vis, accoudés à une table, sur un fond neutre. Le Dauphin, vêtu d’un habit bleu d’où ressort un col de dentelle ouvert,
tient un compas qu’il applique sur le pied d’un globe terrestre que couvre sa main gauche tenant une loupe. Madame Royale, aussi vêtue de bleu &
de dentelles, tient de la main droite un bouquet posé sur la table, et de l’autre main présente une plaquette ocre-brun; une colombe s’est posée sur
son épaule. Les visages sont clairs, de longs cheveux blonds cascadent sur les épaules, les regards sont bleus comme celui de leurs parents. Ils nous
regardent.
Le travail est un brin naïf, mais le rendu des visages est bon.
Ces portraits sont totalement inédits. Conservés jusqu’à cette année dans une gentilhommière de Picardie, ils sont révélés & publiés pour la première
fois. Ce sont probablement les ultimes grands portraits des Enfants royaux, du temps où leur vie était encore heureuse.
En
1791
, le jeune Dauphin (que la Constitution nomme dès lors « le prince royal »...) apprend les lettres, les sciences & la géographie sous la conduite
de son père et de son précepteur.
Dans une collection privée que nous avons visitée, est conservé un habit bleu ayant appartenu à Louis XVII et en tous points semblable à celui qui
figure sur le présent pastel.
Louis-Charles de France,
dauphin de Viennois (futur Louis XVII)
Marie-Thérèse de France
Madame Royale (future duchesse d’Angoulême)
Jean-François de Sompsois (ou De Samsois, ou De Sampsois), peintre français, se rendit à Saint Pétersbourg en
1751
-
1752
, où il fit le portrait de
l’impératrice et de plusieurs dames de la Cour. Il revint en France, repartit à Saint Pétersbourg en
1756
, où il resta six ans, et retourna à Paris. Associé
libre de l’Académie de Saint Luc en
1775
, il fut reçu maître-peintre à La Haye en
1778
, où il demeura plusieurs années. Revenu à nouveau en France en
1788
, il se lia avec le comte de Paroy, avec qui il fréquenta M
me
Vigée Lebrun. Il quitta définitivement la France à l’automne
1791
, et mourut en
1797
.
Après avoir suivi la carrière des armes, Guy Philippe Le Gentil, comte de Paroy (
1750
-
1824
), se mit à peindre et à graver (il exposa dix-sept gravures
lors du Salon de
1787
). Il faisait partie du cercle intime de Mme Vigée Lebrun, et fut lui aussi élu à l’Académie de Saint Luc. Ce fut pour faciliter
l’éducation du Dauphin qu’il inventa la fameuse « lanterne magique ». Fidèle du Roi, il dessina en particulier la scène du
20
juin
1792
, combattit
lors de la journée du
10
août suivant. Même après
1793
, il continua à faire & à vendre des portraits de la famille royale. On lui doit l’
Antigone française
,
représentant Marie-Thérèse de France. C’est vraisemblablement en s’inspirant du présent pastel de Louis XVII que le comte de Paroy a conçu &
exécuté la gravure intitulée « Louis XVI s’occupant de l’éducation de son fils dans la tour du Temple ».
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