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39.
Pierre DRIEU LA ROCHELLE
. Manuscrit autographe,
En marge
, [mars 1944] ; 10 pages in-4.
1.500/2.000
Importantes réflexions deDrieu laRochelle sur lui-même et ses prises de position politiques, publiées dans
Révolution
nationale
(n° 128) le 25 mars 1944. Le manuscrit, sur papier bleu, présente d’importantes additions et corrections. Le titre
primitif, raturé, était :
La Vérité
.
Tout écrivain « fortement mordu par le présent » est
Prophète
, et Drieu en a fait « un exercice conscient », « un jeu »,
avec l’inclination naturelle à hurler à la mort et la volupté de projeter la passion dans le futur. Et de citer comme exemples
sa prévision de l’offensive allemande de 1939-1940 (« j’avais senti dans l’intime de ma chair en 1918 le mensonge de la
victoire »), des jugements portés sur la puissance russe et des débarquements… Deuxième aspect de sa personnalité : «
Le
minoritaire
. Je me suis toujours trouvé dans l’opposition […]. Je déteste avant tout le conformisme des “milieux d’avant-
garde”, des “milieux avancés” – où j’ai toujours vécu ; c’est là qu’est le plus fort massif du conservatisme français », et il ne prise
guère le conformisme de la Collaboration… Troisième aspect de sa personnalité :
l’internationaliste
, car la guerre de 14-18 l’a
brouillé avec l’idée de guerre entre Européens. Mais il ne faut pas le confondre avec les « peigne-cul intellectuels » réformés en
39 qui se dérobent au travail en Allemagne, à la mobilisation en Algérie ou sur le front russe : ceux-là n’ont pas le nationalisme
de Barrès… « Moi, je ne suis pas germanophile, ni collaborateur au sens vague (pourtant je fais partie du comité directeur du
groupe “Collaboration”) ; je suis pour le national-socialisme en tant que précurseur du socialisme européen »… Cependant,
après les Anglais, aussi inoubliables que sa première maîtresse, il reconnaît apprécier particulièrement les Allemands : « somme
toute j’ai plus lu Nietzsche que quiconque au monde »… Leur présence à Paris le « crispe », mais eux aussi sont des solitaires,
et des plus braves : Drieu croit sans peine au mot admiratif qu’on prête à Staline : « Hitler, l’homme que j’admire le plus
au monde »... Tous sont « couverts de sang » : les Anglais de celui des Irlandais et des Indiens, les Versaillais de celui des
Communards, les Français de celui des Marocains, les Américains de celui des Indiens et des Noirs. « Quant aux Juifs, on sait
comment ils se comportent quand ils ont l’avantage. […] Alors, je tâche de m’arranger avec Hitler. Ce n’est pas si mal. Et puis,
il est un contre trois ».
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