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Ces bibliothèques qui font rêver les collectionneurs. Depuis dix ans, le marché de la bibliophilie est porté par la vente de collections d'exception. Enquête.

Pour contribuer à la sauvegarde des manuscrits d’Émilie Du Châtelet, Cet appel à dons a été lancé par le Fonds de dotation Voltaire avec l'aval des Archives de France et de la Bibliothèque nationale de France. Toute contribution reçue sera intégralement reversée aux organismes publics acquéreurs de manuscrits à la vente du 29 octobre. Les sommes versées ne seront encaissées qu'après la vente réalisée. http://fonds-voltaire.org/

Participez à l'acquisition d'un Trésor national, le Livre d'heures de Jeanne de France.

En juin 2011, le ministre de la Culture et de la communication a déclaré Trésor national le Livre d'heures de Jeanne de France, un remarquable manuscrit royal enluminé sur vélin, réalisé en 1452, à l'occasion des noces de Jeanne de France, troisième fille du roi Charles VII.

À Rome, l'hôpital des chefs-d'oeuvre

Ces Manuscrits de Tombouctou menacés par les islamistes

Les livres rares et anciens et les maisons de vente. Une page se tourne, les prix s’envolent ?

A Paris chez Christie's Enchères: un manuscrit enluminé de prières juives vendu 1,8 million d'euros

Intéressant reportage vidéo au Salon International du Livre Ancien au Grand Palais à Paris 2012.

Nettoyer la reliure d'un livre ancienVoir la vidéo. Cette video montre comment je savonne au Brecknell et comment je cire les reliures cuir des livres anciens. Cette opération de nettoyage permet de désincruster le cuir de la poussière, la cire quant à elle, le nourrit et le protège.

POUVOIR, GLOIRE ET PASSIONS D’UNE FEMME PEINTRE. Elle est née « Artemisia Gentileschi » 1593 – 1654, fille d’Orazio Gentileschi, l’un des plus grands peintres de la Rome Baroque. L’EXPOSITION AU MUSÉE MAILLOL PERMET DE DÉCOUVRIR LA PEINTURE D’ARTEMISIA GENTILESCHI.

EGYPTE : La Librairie Nationale a démarré un programme de restauration de livres rares mais endommagés. En effet, ces ouvrages avaient pu être sauvés de l'incendie partiel de l'institut scientifique égyptien.

DESSINS D'ECRIVAINS : L'éditeur Pierre Belfond se sépare de sa collection d'oeuvres graphiques de grands auteurs : Baudelaire, Proust, Apollinaire...

Livres anciens : une affaire de spécialistes. La cote des livres anciens n'est pas spéculative et reste assez stable.

Créé en 860 en France, l’évangéliaire de Strahov bientôt en fac-similé.

Pour Céline, les enchères s'envolent à Drouot.  Vendredi 17 juin 2011.

La France Trésor pour bibliophiles

BnF : la campagne de numérisation bat son plein

Musée de Guéret: un portrait de femme accoudée

Décès de l'helléniste et académicienne Jacqueline de Romilly.

La National Gallery de Londres démêle le vrai du faux. Jusqu'au 12 septembre.

Un an de sursis pour les voleurs de livres anciens.

Google et l’avenir du livre. Numérique. Une donnée désormais inévitable dans la conservation du patrimoine.

Une Université Américaine restitue une lettre volée de Descartes à la France.

la Bibliothèque nationale de France (BNF) discute avec Google.

Quand la mémoire de la France déménage.

Un manuscrit de Lincoln vendu aux enchères à New York, chez Christie's.

La librairie française de New York fermera ses portes en septembre prochain.

Décès de Pierre Berès, libraire de légende et collectionneur de manuscrits rares.

"Mignonne, allons voir... Fleurons de la bibliothèque poétique Jean Paul Barbier-Mueller", bibliothèque du château de Chantilly.

L'ex-Premier ministre français Dominique de Villepin vendra en mars aux enchères sa bibliothèque Napoléonienne.

A Paris la BNF, rue de Richelieu se lancera dans un grand chantier en 2009.

Fleurs du Mal offert par Baudelaire à Delacroix a atteint mercredi 4 juillet, chez Sotheby's Paris la somme record de 510 000, euros

Exposition : le Musée du Louvre propose deux beaux accrochages de dessins : l'un sur la fameuse collection Chennevières, l'autre sur un artiste un peu oublié, Joseph Parrocel (1646-1704).

Exposition Musée des Beaux-Art de Tours, jusqu'au 30 avril 2007 "Les Loges de Raphaël au Vatican et la Galerie du Palais Farnèse", par Giovanni Volpato (Bassano, 1735 - Rome, 1803).

Un professeur tchèque a été arrêté pour le vol d’environ 1000 cartes anciennes.

La Foire du Livre au Caire submergée par l'édition islamique

Il y a dix ans naissait la BNF Tolbiac.

Une vente historique le 20 juin, à Drouot "Des poèmes de Rimbaud, comme s'il en pleuvait"

Vente Pierre Berès : "Le trésor qui rend fous les stendhaliens".

A Londres, au British Museum, + une exposition présente 95 feuilles de Michel-Ange, qui montrent comment ce géant a toujours dessiné en sculpteur.

Quand la réalité virtuelle ressuscite l'Histoire perdue.

Le trait de génie de Rembrandt

Dix-neuf dessins inédits du poète, peintre et graveur romantique anglais William Blake créent l'événement chez Sotheby's à New York.

La "Bibliothèque numérique européenne" (BNE) bientôt en ligne.

Un collectionneur new-yorkais receleur malgré lui.

Vrai ou faux, la parole est aux experts.

Vente Pierre Béres. Dans l'univers infini de Copernic.

Les trésors de la librairie Béres vendus à Drouot

Des dessins de Michel Ange réunis pour la première fois depuis 500 ans.

La numérisation des livres devient automatique.

A Johannesburg, des manuscrits de Tombouctou exposés pour la première fois.

Pierre Berès, le livre des sortilèges.

Toute l'histoire de l'art aux enchères.

Exposition «Le dessin florentin sous les derniers Médicis». Séduction à l'italienne.

A Limoges : Reliure, noblesse d'un art.

L'imprimerie en Egypte.

Le château de Vaux-le-Vicomte vend ses livres pour sauver sa toiture.

Google Print, 'bibliothèque numérique' anglophone, est en ligne.

Plus de deux siècles de littérature censurée présentés au Salon de la bibliophilie.

Six pays européens ont demandé à l'Union européenne jeudi 28 avril de lancer une "bibliothèque numérique européenne".

Heureux qui comme Ulysse... la bibliothèque des Chiroux contient toute la mémoire de Liège (Belgique).

La Suisse a besoin d'une stratégie numérique. l’Europe et la Suisse mettent en place un réseau des bibliothèques nationales.

Les caprices d'un prince. Histoire d'une razzia.

Exposition : Apollinaire, la passion au front.

Les centaines de milliers d'images de la bibliothèque de New York.

Le centre de conservation du livre d'Arles : des activités tous azimuts.

La Bibliothèque nationale du Québec inaugure ce week-end son nouveau portail Internet.

Polémique à Lyon autour d'une vente de lettres sur l'esclavage.

Le projet Google, ou le rêve d'une bibliothèque universelle.

Remise aux normes de la bibliothèque de la Sorbonne (Paris).

Incendie dans la bibliothèque Anna-Amalia de Weimar.

Les humeurs de Jules Verne et autres "Histoires extraordinaires" de Nantes.

Nouveau sacre pour Napoléon, le 7 décembre à Drouot.

Napoléon remporte une bataille d'enchères à Drouot.

La Chine se dotera de la troisième plus grande bibliothèque au monde.

Retour aux sources antiques avec des éditions aldines du XVème. En grec dans le texte.

Sauvons d'urgence le patrimoine de l'Imprimerie nationale.

Ougarit - Le royaume de l'écrit.

Bibliothèque nationale de France - Exposition "Pages chrétiennes d'Égypte" : Les manuscrits Coptes...

Enrayer la disparition des trésors d'IRAK qui a vu se succéder pendant plus de 5 000 ans les grandes civilisations de la Mésopotamie.

IRAK : Quinze mille antiquités volées au musée de Bagdad toujours introuvables.

IRAK : Une bibliothèque de Nassiriyah avec des ouvrages de valeur incendiée

Padoue célèbre Pétrarque, le "roi des poètes"

Enchères records pour une partie de la bibliothèque de Daniel Filipacchi

Ces livres qu'on détruit. la destruction sans fin des bibliothèques.

BIBLIOPHILIE Marché du livre ancien chaque week-end dans le parc Georges-Brassens ( Paris - XVe)

Hommage à Michel Castaing, expert paléographe.

ART DE L'ISLAM. Une sélection dans les collections belges, du 5 décembre 2003 au 25 avril 2004.

Ouverture de la plus grande bibliothèque numérique en chinois du monde. 

Rencontres littéraires - Une visite littéraire au château de Kynzvart, Bohême de l'Ouest.

Double hommage à Edmond et Jules de Goncourt à la BNF du 9 décembre au 22 février.

Vatican-bibliothèque. Une " découverte exceptionnelle ".

Record pour Montaigne chez Sotheby's (Paris)le jeudi 27 novembre.

Enchère record pour un brouillon de Rousseau à 96.725 euros chez Sotheby's

La Bibliothèque nationale de Chine fait appel à des souscriptions pour la remise en état de livres anciens précieux

Les papyrus vont-ils disparaître dans les coffres-forts ? Professeurs et conservateurs craignent une marchandisation de ces précieux documents et une flambée des prix empêchant les institutions publiques de les acquérir à des fins pédagogiques.

Les catalogues de la bibliothèque de l'Institut du monde arabe, plus importante ressource documentaire sur le monde arabe en Europe, sont désormais accessibles en ligne, a indiqué mardi l'IMA, parlant "d'atout unique pour les chercheurs".

Restauration de vieux ouvrages de l'entrepôt des imprimés d'Indochine. Actuellement, la bibliothèque des sciences de Hô Chi Minh-Ville est l'unique établissement de l'État, chargé de leur restauration. -

L’ancienne bibliothèque des jésuites à Shanghai va rouvrir ses portes.

Les Bibliothèques du Désert. Recherche est études sur un millénaire d'écrits.

Les tortueux chemins de croix de deux manuscrits liégeois.

Vol de livres anciens à la Bibliothèque royale danoise : trois arrestations.

La Mésopotamie, si loin, si proche par Joseph Yacoub. Il est des guerres qui détruisent, mais qui accélèrent la trame de l’Histoire et modifient le cours de la pensée.

Un livre sur le voyage de Moulay Hassan au Tafilalt. Un récit passionnant et riche en informations sur le Maroc de 1893.

LES ARCHIVES NATIONALES DE FRANCE : 200 ans D'HISTOIRE QUI DEMENAGENT.

Faite un Don à l'Ecole Nationale des Chartes "Mille ouvrages remarquables attendent leurs mécènes" pour sauvez les reliures de la bibliothèque. 200 000 euros pour 1 000 ouvrages. http://www.enc.sorbonne.fr/node/84

« La Divine Comédie» a disparu... Où sont passés les milliers d'ouvrages qui faisaient la fierté de la Bibliothèque de Naples ?

Palper, renifler, découvrir, à l'école des livres anciens.

CHASSEUR DE TEXTES : Gérard Lhéritier traque dans le monde les plus beaux manuscrits.

LA BIBLIOTHEQUE DU VATICAN : EN AVANT AVEC LE NUMERIQUE.

La Polonsky Foundation soutient un projet de la Bibliothèque apostolique vaticane et de la Bodleian d’Oxford .

BIBLIOPHILIE Deux ventes à Paris, le 27 février et 28 mars, l'une organisee par Sotheby's avec Binoche et Giquello et l'autre par Alde, mettent en lumière les beaux livres illustrés.

A Rome, l'Institut qui soignait les livres anciens et abîmés. Lundi 26 décembre 2011.

Incendie au Caire, samedi 17 décembre 2011, de la bibliothèque fondée par Bonaparte.

Le site littéraire ActuaLitté ouvre une bibliothèque avec Google Livres

Des manuscrits inconnus de Robespierre iront à l'Etat français

Appel de fonds pour restaurer le Hameau de Marie-Antoinette à Versailles..

Vente chez ARTCURIAL - Paris, le 10 mai de lettres inconnues de Céline écrites de 1939 à 1948.

L'Imprimerie nationale se dévoile au ministère.

Un livre : La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, par Maud Hamoury.

Microsoft va faciliter l'accès à la bibliothèque numérique de la BNF

Bibliothèques sans frontières donne des livres aux victimes du séisme d'Haïti.

L'histoire passionnante d'un manuscrit exceptionnel

Les bibliothèques de Rome et Florence (Italie) rejoignent Google Livres.

Julien Bogousslavsky, serial-bibliomane.

Casanova a séduit la Bibliothèque nationale

L'autre trésor du Vatican Une des plus grandes bibliothèques du monde est en travaux.

PALLADIO, l'architecte moderne de la Renaissance.

Bibliothèque de l'abbaye d'Admont (Alpes autrichiennes)

L'homme qui aimait les livres "Une impressionnante collection d'ouvrages du XXe siècle en vente le 11 mars à Paris"

Une lettre d'Abraham Lincoln vendue aux enchères à New York.

Boulogne-sur-Mer 70 livres anciens ont disparu à la bibliothèque !

  La Flandre risque de perdre un important manuscrit. L'Antifonarium de Franciscus van Weert

Les grands livres ont leur divin Marquis.

La grâce classique de Philippe de Champaigne.

L'état civil du XIXe siècle entre sur internet grâce aux "généannoteurs".

Google va mettre en ligne la bibliothèque de l'université de Princeton.

Vente Pierre Berès le 13 décembre à Drouot : Lire Calvin dans le texte ou tout le prix de la Réforme.

Vente d'exception le 20 juin à Drouot la collection du libraire Pierre Berès.

Plus de 583.200 euros pour des lettres de Voltaire à la Grande Catherine.

La vente du siècle.

Le Primatice, peintre de la Renaissance, redécouvert à Chaalis.

Bibliothèque Numérique Francophone la francophonie à l'heure du numérique

Une édition rare de Shakespeare pourrait atteindre 5,4 M EUR

Le dessin pour passion

Rennes une vraie place aux cultures

La Bibliothèque numérique européenne est en bonne route.

Qu'est-ce qu'un bibliophile ?

Vente Berès du vendredi 28 octobre 2005. Une acquisition et un don pour la Bibliothèque nationale de France.

Google Print 'bibliothèque numérique' débarque en France.

La bibliothèque secrète d'Herculanum (Italie).

Bibliothèque numérique de Yahoo ! : réaction "positive" du président de la BnF

La promesse de l'aube. Pierre Bères

La BNF : une passoire pour des milliers de documents précieux.

Exposition : De la Renaissance à l'âge baroque. Une collection de dessins italiens pour les musées de France.

L'Abbaye d'Ardennes en Normandie "Mémoire vivante du XXe siècle"

La Bibliothèque nationale de France souffle ses dix bougies.

A l’Université d’Ottawa on numérise des livres anciens et rares.

Bibliothèque numérique sur l’Égypte, la Grèce et la Rome antique.

L'Aurore se lève sur le web. La Bibliothèque nationale de France va numériser des journaux des XIXe et XXe siècles.

Une carte du monde "révolutionnaire" datant du XVIème vendue aux enchères.

Vente de la bibliothèque Louis Jouvet : 8 423 euros, pour l'édition originale de «Knock» de Jules Romains dédiée à Louis Jouvet.

Québec l'a fait virtuellement : la grande Bibliothèque gigantesque dans Internet.

Découverte d'un roman inédit d'Alexandre Dumas père.

Plus de 90.000 euros pour l'édition originale du «Discours de la méthode» de Descartes

Des spécialistes du livre d'Arles au chevet des manuscrits du désert.

Donation de 12.000 ouvrages français à la Bibliothèque royale du Danemark.

(Irak) La cité antique de Babylone endommagée par la coalition.

Vue d'Italie, 1841 - 1941. La photographie italienne dans les collections du musée Alinari.

Des lettres et manuscrits du XVIIIe, sur le commerce des esclaves, proposés à Lyon

Le plus vieux document écrit danois découvert en Allemagne.

La bibliothèque du Centre Wallonie Bruxelles bientôt en activité.

Le musée de la Fondation Bodmer, à Cologny, près de Genève, met l'érotisme à l'honneur avec l'exposition temporaire «Eros invaincu».

Centenaire de la mort de Jules Verne en 2005

La Bibliothèque nationale de Bosnie en difficulté.

Convention de partenariat entre les bibliothèques nationales marocaine et française.

Prix de la « Carpette anglaise »

Mois de la Photo : La Bibliothèque nationale a choisi d'honorer la mémoire de Robert Capa.

Colloque sur les manuscrits millénaire à la bibliothèque d'Alexandrie.

Bibliothèque polonaise à Paris.

95ème anniversaire de la Bibliothèque nationale de Chine.

La bibliothèque d'Alexandrie crée un département pour le Maroc.

Les oeuvres «perdues» de la République.

Toulouse ouvre au public les portes de sa très attendue Médiathèque.

Le Danemark retrouve des trésors volés 3200 livres anciens dérobés

Un conservateur de la Bibliothèque nationale de France déferré après la disparition de manuscrits.

Découverte historique à Windsor.

Prix Jacques Mercier 2004 à l’ICHEC.  Belgique.

La BNF face au "défi" de conserver la mémoire d'internet.

Les Capucins de Bulle et de Fribourg (Suisse) lèguent leur bibliothèque.

Deux manuscrits inédits en vente évoquent sa naissance et ses relations avec Verlaine. Arthur Rimbaud, le chaînon manquant.

Egypte: Découverte du site de l'antique bibliothèque d'Alexandrie

Voyages en Italie avec Gallica. Bibliothèque numérique de la BnF.

Une édition rare de «Hamlet» ne trouve pas preneur à une vente aux enchères.

Le musée de l’imprimerie de Lyon s’enrichit d’une collection de marques d’imprimeurs du XVe au XIXe

Deux précieux manuscrits de Paul Verlaine entrent dans les collections publiques grâce au Fonds du patrimoine.

Il est à craindre qu’à la rentrée de 2004, l’enseignement du grec et du latin disparaisse.

Une bibliothèque sur Thang Long - Hanoi est prévue.

Le festival Etonnant Voyageurs de Bamako (Mali) prend de l'ampleur.

La Bibliothèque nationale de France rend hommage à Abdel Rahman Mounif

L’ancienne Bibliothèque des Jésuites à Shanghai (Chine) va rouvrir ses portes Après dix ans de fermeture

Vente à Paris, les 3 & 4 décembre 2003, de la bibliothèque littéraire Robert Moureau.

Destruction importante de manuscrits en Inde.

Bibliothèque nationale d’Algérie. Ouverture de trois annexes

Le Vatican édite un dictionnaire du latin moderne. Cet ouvrage, le "Lexicon Recentis Latinitas" (dictionnaire des latinités récentes), commercialisé au prix de 100 euros.

Heureux qui comme Ulysse... la bibliothèque des Chiroux contient toute la mémoire de Liège (Belgique).

Lire en Egypte, d'Alexandre à l'Islam - L'histoire du livre grec et latin trouve dans les découvertes archéologiques d'Egypte une part majeure de ses sources.

La bibliothèque humaniste de Sèlestat - Des petits trèsors à merveille.

LES ARCHIVES NATIONALES DE FRANCE : 200 ans D'HISTOIRE QUI DEMENAGENT

Créées à la fin du 18e siècle par Napoléon, les Archives Nationales ont quitté leur ancien local situé à Paris pour déménager en banlieue nord, dans leur nouveau local situé à Pierrefitte-sur-Seine. Celui-ci, œuvre de l’architecte italien Massimiliano Fuksas, a ouvert ses portes le 21 janvier dernier. Une opération baptisée « Aux archives, citoyens ! », permettant au public de découvrir gratuitement les archives jusqu’au 3 février, marque cette ouverture.

Le plus grande centre d’archives en Europe

Dans cet écrin qui met en exergue la forme de losange, tout a été prévu pour sauvegarder la mémoire de la France avec le plus grand soin. Le bâtiment, malgré son caractère sobre, étonne par ses dimensions. Sur sa surface hors œuvre nette de 80 000 m², se dressent 11 niveaux d’archives et 320 kilomètres linéaires de rayonnages (Source : Batiactu). C’est ce qui fait ce de nouveau bâtiment le plus grand centre d’archives en Europe, selon la chargée de mission aux Archives Nationales, Christelle Noulet. Sur les 320 kilomètres linéaires prévus, 100 kilomètres sont déjà occupés par des documents officiels datant de l’après Révolution en 1789. 100 autres kilomètres seront bientôt fournis par les archives rapatriées des sites de Paris-Soubise et de Fontainebleau. Le reste sera constitué par les nouveaux documents que fournira l’exécutif. On prévoit un rythme de 3 à 4 kilomètres linéaires par an.

Ref : Lesclésdumidi.com. le 24/01/2013.


Ces bibliothèques qui font rêver les collectionneurs

Depuis dix ans, le marché de la bibliophilie est porté par la vente de collections d'exception. Enquête.

Pierre Berès (Voir les catalogues des ventes Pierre Berès entre 2005 et 2007) a comme transformé une fois pour toutes en une savante alchimie, appelée goût, cette masse de livres en apparence indistincte», expliquait l'expert Jean-Baptiste de Proyart, en 2005, lors de l'inauguration de la vente fleuve du fonds du célèbre libraire. Pierre Berès avait lui-même annoncé l'événement. La septième et ultime vacation en son nom, organisée les 12 et 13 décembre à Paris chez Christie's, intervient alors que d'autres personnalités se séparent de leur prestigieuse bibliothèque. Jeudi, c'est un ensemble exceptionnel de livres Art déco réunis par l'un de ses meilleurs spécialistes, Félix Marcilhac (Voir le catalogue), qui étaient dispersés par Binoche et Giquello, à Drouot. Il y a quelques mois, c'était la bibliothèque surréaliste du libraire-galeriste niçois Jacques Matarasso qui, à 95 ans, avait décidé pour la troisième et dernière fois, de confier ses trésors à la maison Alde.

Ces dix dernières années, alimenté par d'importantes collections, le marché de la bibliophilie a explosé. Chaque saison a été marquée par des ventes mémorables de grands amateurs : celle de Pierre Leroy (3,1 millions d'euros, en 2002, chez Sotheby's), Gwenn-Aël Bolloré (1,6 M€, 2002, chez Sotheby's), Daniel Filipacchi (5,9 M€ en 2004 et 5,3 M€ en 2005 chez Christie's), Charles Hayoit (1,3 M€, en 2005, chez Sotheby's). Les vendeurs sont le plus souvent les collectionneurs mêmes. Comme Pierre Berès, Jacques Matarasso, Pierre Leroy ou Daniel Filipacchi, ils ont préféré disperser leur collection en vente publique plutôt que de les transmettre à des héritiers qui n'en apprécient pas autant la valeur. Certains ont d'autres motivations. Dominique de Villepin, amateur éclairé, a vendu son bel ensemble de livres sur Napoléon chez Pierre Bergé pour se lancer dans une autre entreprise.

Un monde secret et discret

«C'est un goût très français de collectionner des livres», note François de Ricqlès, président de Christie's France. La plupart des collections ont été constituées à partir des années 1950-1960, comme celle de James Ortiz Patino dont la seconde partie avait totalisé plus de 3,5 millions de livres en 1998, chez Sotheby's à Londres.

Peut-on encore composer de telles bibliothèques ? Pour le marchand et expert Jean-Baptiste de Proyart, «il y aura toujours de très grandes ventes de livres. Le marché est très solide, très établi et international». Anne Helbronn, vice-présidente de Sotheby's France et directrice du département livres et manuscrits, est plus prudente: «Aujourd'hui, dit-elle, il faut des moyens énormes. Autrefois, on pouvait acheter des livres avec des envois autographes. Celui des Fleurs du mal adressé par Baudelaire à Narcisse Ancelle s'est envolé en 2009, à Drouot, à 775.000 euros. Trois ans auparavant, un précédent exemplaire, adressé à Delacroix, était parti à seulement 360.000 euros.»

Mais «les livres rares ont toujours valu beaucoup d'argent!», estime pour sa part Jean-Claude Vrain, libraire et expert de la vente de succession Pierre Berès chez Christie's. Les bibliophiles s'intéressent aussi bien aux textes qu'à leur contexte. «Il faut être très riche et avoir le goût de l'écrit, insiste Jean-Claude Vrain. C'est un monde secret et discret. Il faut s'adresser aux bonnes portes, qui ne sont pas forcément les salles des ventes.» Souvent, libraires et collectionneurs «fusionnent» dans leur quête du livre rare. Dans les salles de ventes, les premiers lèvent la main au profit des seconds. Ainsi Jean-Claude Vrain participe-t-il à la collection du bibliophile «de toujours» Jean Bonnat.

Reste que face à l'avalanche des records, tel celui du Manifeste du surréalismed'André Breton provenant de la collection de Simone Collinet, adjugé 3,6 M€, en 2008, chez Sotheby's, il est de plus en plus difficile d'acquérir à bon prix des grands manuscrits littéraires. On ne devrait pas revoir de sitôt non plus des ventes fleuves comme celle de la bibliothèque de l'industriel et collectionneur Jacques Guérin, qui avait fait l'objet de huit dispersions sous le marteau de l'étude Ader-Picard-Tajan, dans les années 1980-1990. En France, les prochaines grandes bibliothèques attendues sont celles de Jean Bonnat, qui possède l'une des plus grandes collections de dessins anciens. Mais aussi celle de Pierre Bergé, qui a un amour particulier pour Flaubert, notamment une édition originale deMadame Bovary dédicacée à Victor Hugo.

Le Figaro - 6 dècembre 2012. Par Valérie Sasportas, Béatrice De Rochebouet.


Pour contribuer à la sauvegarde des manuscrits d’Émilie Du Châtelet, Cet appel à dons a été lancé par le Fonds de dotation Voltaire avec l'aval des Archives de France et de la Bibliothèque nationale de France. Toute contribution reçue sera intégralement reversée aux organismes publics acquéreurs de manuscrits à la vente du 29 octobre. Les sommes versées ne seront encaissées qu'après la vente réalisée. http://fonds-voltaire.org/


« La Divine Comédie» a disparu...

Où sont passés les milliers d'ouvrages qui faisaient la fierté de la Bibliothèque de Naples ?

 

Pendant des mois se sont affairés un directeur escroc, un curé intégriste, une étrange Ukrainienne, des conseillers de Berlusconi et... un chien.

C'est l'une des plus belles et des plus anciennes bibliothèques du monde. Nichée au coeur de Naples, immense et somptueuse, avec ses interminables rayonnages de bois grimpant jusqu'au plafond. Ses voûtes couvertes de fresques. Ses 32 fenêtres qui font tomber une étrange lumière sur des tables extraordinairement larges. Un temple baroque qui abrite près de 160 000 ouvrages.

Un décor à la Borges, propice aux rêveries et aux mystères. La bibliothèque des Girolamini - ou «la Girolamini», disent les Napolitains comme pour mieux rendre hommage à sa beauté - trône au milieu de la ville depuis 1586. Ses murs vieux de plus d'un demi-millénaire portent l'empreinte de générations de bibliophiles. Une fois franchie la porte, on s'attend à croiser un moine sorti tout droit du «Nom de la rose». On imagine les lecteurs fiévreux qui ont défilé, dans un silence religieux, devant le manuscrit enluminé de «la Divine Comédie» de Dante, les tragédies de Sénèque ou les oeuvres du roi de Prusse... On les voit échafaudant de sombres stratagèmes pour emporter un incunable ou une édition rare. Quel amoureux des livres ne s'est pas fantasmé, un jour ou l'autre, en voleur de manuscrit ?

Un historien donne l'alerte

Mais Marino Massimo De Caro, le directeur de l'inestimable bibliothèque, n'est pas un rêveur. C'est un pragmatique. Avant d'être nommé à la tête de l'institution napolitaine, ce quadragénaire rondouillard a été médiateur d'affaires louches au Venezuela et en Argentine. Il ne ressemble en rien à ces collectionneurs fanatiques, prêts à se damner pour assouvir leur dévorante passion. Et pourtant... Il a fait ce qu'aucun bibliophile n'a jamais osé imaginer: il a méthodiquement vidé la Girolamini et mis la main sur ses volumes les plus précieux. Désormais, la bibliothèque est devenue «scène de crime». Partout des scellés ont été posés. Depuis le 20 avril, seuls les enquêteurs ont le droit de pénétrer. Ils essaient de démêler les fils d'une histoire folle où l'on croise des sommités internationales du marché de l'art, des hommes politiques douteux, et même un curé véreux. Un polar tragi-comique dont l'Italie post-berlusconienne a le secret.

Tout commence le 28 mars dernier. Ce jour-là, un respectable professeur d'histoire de l'art de l'université de Naples, Tomaso Montanari, se présente à 9 heures pétantes Via Duomo, à l'entrée de la bibliothèque. Ce spécialiste du baroque au regard farouche est un chercheur pointilleux, qui ne badine pas avec l'argent public. Il a notamment écrit un essai, «A cosa serve Michelangelo?» («A quoi sert Michel-Ange?»), pour dénoncer l'achat par le gouvernement Berlusconi d'un crucifix attribué, à tort selon lui, au célèbre peintre. La relique a coûté la bagatelle de 3 millions d'euros. En cette fin mars, donc, Tomaso Montanari a décidé de visiter les archives de la Girolamini, qu'il sera amené à fréquenter régulièrement pour son prochain sujet d'étude. Il est accueilli par le conservateur, don Sandro Marsano, un prêtre intégriste à la barbiche noire qui dit encore la messe en latin. Le curé est bien embêté: les archives menacent ruine et, hélas, elles ne sont plus accessibles. En revanche, il veut bien amener l'universitaire dans la salle Vico, joyau de la Girolamini, avec ses rayonnages si riches et ses proportions vertigineuses. Montanari ne se fait pas prier. Et que voit-il dans cette fameuse salle ?

Eh bien, je vois d'abord une splendide blonde, qui s'avérera être une Ukrainienne, en tenue de jogging ! Elle traverse la salle avec son beauty case à la main pour se rendre aux toilettes : c'est donc qu'elle a dormi là.»

Mais l'historien n'est pas encore au bout de ses surprises. Il entend le curé barbichu demander aimablement à la pulpeuse créature: «Bien dormi? Est-ce que le professore est réveillé?» Le «prof essore»? C'est Marino Massimo De Caro, le directeur. «De Caro est réveillé, raconte Tomaso Montanari, puisque, en tenue de jogging lui aussi, il feuillette de précieuses éditions du XVIe siècle. Je note alors l'extrême désordre qui règne dans la salle, les livres empilés n'importe comment sur des tables ou carrément à terre, au milieu de bouteilles de Coca-Cola. C'est à ce moment qu'entre un chien, un os de jambon dans la mâchoire, qui se met à déféquer sous une table!» Circonstance aggravante, fait remarquer l'universitaire, le chien est nommé «Vico, comme la salle, et comme le philosophe Giambattista Vico», qui aida les pères oratoriens, fondateurs de la bibliothèque, à constituer leurs premiers fonds de livres. Montanari est indigné. Avant de quitter les lieux, il tombe sur l'aide-bibliothécaire, qui accumule les contrats précaires depuis près de trente ans et qui semble soudain pressé de se confer. Ce que celui-ci raconte est à peine croyable: un jour, explique l'employé, il s'est aperçu que De Caro avait fait désactiver les caméras de surveillance dans les salles de lecture, et aussi que des livres disparaissaient à vue d'oeil. Il a alors branché son ordinateur sur les caméras des couloirs, que son supérieur avait oublié de débrancher. Aujourd'hui, il dispose de huit vidéos, plus accablantes les unes que les autres pour le directeur.

L'historien, abasourdi, court chez les carabiniers de la Tutelle des Biens culturels, lesquels lui avouent crûment : «Tout le monde sait que ce Be Caroest un délinquant, mais il est aussi un conseiller du ministre de la Culture et nous ne pouvons rien contre lui.» Tomaso Montanari comprend qu'il doit frapper un grand coup. Le 30 mars, il prend sa plume et écrit un texte incendiaire, «Des souris, des hommes et des livres», pour le quotidien «Il Fatto quotidiano». Il balance tout ce qu'il a vu. L'état déplorable de la bibliothèque, Vico le philosophe transformé en Vico le chien (symbole selon lui de l'«assassinat prémédité de l'identité italienne»), le directeur en jogging et les preuves filmées de sa «cleptomanie»... Ce coup de gueule réveille l'Italie. Très vite, les intellectuels se mobilisent. Umberto Eco en tête (qui possède lui-même près de 50 000 livres). Dès le 12 avril, une pétition adressée au ministre des Biens culturels réclame la création d'une commission d'enquête. Les 4 500 signataires, dont le prix Nobel Dario Fo, la romancière Dacia Maraini, l'historien Carlo Ginzburg, se disent «blessés et humiliés» par ce pillage éhonté et exigent que «tous les livres jusqu'au dernier soient rendus à la collectivité». Très vite aussi, un procureur du parquet de Naples est saisi. Et quel magistrat! Giovanni Melillo, 52 ans, longtemps spécialiste du crime organisé, est également amateur de livres anciens. Il y a moins d'un an, cet homme cultivé et visiblement fasciné par les rayonnages de la Girolamini - a participé à un colloque prémonitoire sur la «sauvegarde du patrimoine culturel». Le dossier ne pouvait tomber en de meilleures mains.

Vider une bibliothèque : mode d'emploi

Le magistrat bibliophile commence par visionner les vidéos de l'employé espion. Il y voit De Caro charger, à l'heure de la fermeture, des caisses de livres ou des sacs de sport bourrés de manuscrits sur des camions stationnés devant la bibliothèque. Ses complices? La jeune Ukrainienne que le professeur Montanari avait vu batifoler dans la salle Vico, un couple d'Argentins, un Italien. Tous payés entre 100 et 200 euros par jour, ou plutôt par nuit de travail. Les enquêteurs ont aussi remonté la piste à l'étranger, et notamment en France, où réside l'un des sbires de De Caro. Ils soupçonnent aussi le curé conservateur, déjà poursuivi à Gênes pour possession de 11 volumes dérobés à la bibliothèque de l'archevêché... De Caro avait tout prévu, tout organisé. Sans doute avant même sa nomination à la Girolamini.

Il prend ses fonctions le 1er juin 2011. Le 3, les caméras sont désactivées ! A Vérone, il a loué des entrepôts où il stocke son butin. Après avoir soigneusement effacé toute marque de reconnaissance, il revend les coûteux manuscrits sur le marché international des collectionneurs. Certaines éditions rares atterrissent même dans de prestigieuses maisons d'enchères. Christie's en met vingt-huit sur son catalogue. Dont un Dante de 1502 et neuf volumes en parchemin de 1757. Lorsque le scandale éclate, l'établissement londonien s'empresse de les restituer (ou plutôt de trouver un arrangement avec De Caro, qui se précipite à Londres, quelque temps avant son arrestation, pour racheter le fruit de ses larcins et tout rapporter à Naples). Christie's dénonce également auprès du parquet de Naples son concurrent munichois, Zisska, qui détient, lui, près de 400 livres, tous volés à la Girolamini. La justice ordonne, dès le 24 mai, l'arrêt de la mise en vente et la restitution du lot à l'Italie.

Combien d'ouvrages se sont-ils volatilisés dans la razzia ? Sans doute des milliers. A ce jour, 2 327 seulement ont été retrouvés. Certains sont estimés à un million d'euros. Parmi les portés disparus : l'original enluminé de «la Divine Comédie», un exemplaire rare de «l'Encyclopédie» de Diderot et d'Alembert, la «Jérusalem libérée» du Tasse, éditée à Paris en 1610, la «Teseida» de Boccace, des oeuvres de Sénèque, Virgile et Lucrèce. Une équipe de six personnes est actuellement chargée de dresser l'inventaire. Une tâche titanesque, puisque les 159 700 volumes de la bibliothèque ont été laissés dans un désordre indescriptible, mangés par la poussière et parfois attaqués par les mites. Ils n'ont, de plus, jamais été correctement répertoriés: on connaît l'existence de certains livres extraordinaires seulement parce que des chercheurs les ont vus autrefois, ou parce que des auteurs célèbres, comme Benedetto Croce, en ont parlé. Les inspecteurs du ministère des Biens culturels, envoyés par le gouvernement dans le cadre de la commission d'enquête, décrivent une Girolamini saccagée et une «situation désespérante».

Depuis le 15 mai, Marino Massimo De Caro est derrière les barreaux, accusé de détournement de biens publics, de «dévastation de patrimoine» et sans doute bientôt d'«association de malfaiteurs». Il risque quinze ans de réclusion. Avant de partir en prison, il n'a pas hésité à menacer par téléphone l'historien de l'art qui avait donné l'alerte: «Je ruinerai votre carrière; je ruinerai votre vie.» Aujourd'hui, depuis sa cellule de Poggioreale, près de Naples, il reconnaît avoir «emporté» certains des ouvrages dont il avait la garde, mais «moins qu'on ne dit». Il jure qu'il a «volé pour sauver la bibliothèque». Et affirme contre toute évidence: «Je réinvestissais l'argent ainsi obtenu dans la sauvegarde des livres restants.» Il se défend et il attaque, multipliant les lettres vengeresses contre cette «gauche caviar», ces «intellectuels qui lui donnent des leçons» mais dont, à l'entendre, les «salons sont pleins de livres volés à la Girolamini». Le directeur félon est sans vergogne. Il en a vu d'autres.

Un escroc de haut vol à l'italienne

Le CV de l'ex- directeur, exhumé à la faveur du scandale, fait en effet froid dans le dos. «Nommer ce Be Caro à la tête de la Girolamini, c'était comme mettre un rat dans un fromage», dit amèrement son dénonciateur Tomaso Montanari. Il se prétendait titulaire d'une licence passée à Sienne. En réalité, il n'a aucun diplôme d'études supérieures, excepté celui «obtenu dans une obscure université privée argentine en échange de quatre livres et d'une météorite», disent aujourd'hui ses «pairs». L'ex-directeur a-t-il appris sur le tas? Ses rapports avec les livres anciens n'ont en tout cas rien de scientifiques. C'est le commerce qui l'intéresse, et depuis toujours. Ou plutôt le trafic. Longtemps propriétaire d'une librairie à Vérone, il a déjà été accusé à Florence du recel d'un incunable du XVe siècle, et aurait été impliqué, avant d'être blanchi, dans des vols à la Bibliothèque nationale de Madrid, mais aussi à Saragosse. Ajoutons, pour parfaire le tableau, qu'il s'honore, sans que l'on sache pourquoi, du titre de «consul honoraire du Congo» et qu'il occupe le poste de vice-président dans une société de parcs éoliens appartenant à l'oligarque Viktor Vekselberg, charge pour laquelle il touche 500 000 euros par an...

Un mythomane en affaires avec les Russes, un présumé trafiquant international de livres à la tête de la Girolamini, ce sanctuaire du savoir... on se pince! Faut-il accuser le hasard, l'incompétence de l'administration, la bêtise? Le parquet explore une autre hypothèse. Celle du complot, du dessein criminel prémédité. La mise à sac de la bibliothèque n'a-t-elle pas commencé dès la nomination de De Caro? «Comme si la Girolamini avait été choisie exprès en raison de son extraordinaire vulnérabilité», dit le magistrat Melillo. Fréquentation quasiment nulle depuis des décennies, gestion plus que problématique par un religieux, absence de catalogage sérieux des oeuvres. Il s'agit bien d'une «extrême faiblesse des fonctions de contrôle dans la sphère des biens culturels». En clair, le cambriolage a peut-être été, sinon organisé, du moins toléré en haut lieu. Par ceux-là mêmes qui ont introduit le «rat dans le fromage».

De Caro, qui fut aussi conseiller au ministère de l'Agriculture, puis de la Culture, appartient à la faune berlusconienne. Son sponsor? Le sénateur Marcello Dell'Utri. Ce septuagénaire, bras droit du Cavaliere, avec qui il a fondé l'empire Mediaset, a été récemment condamné pour fausses factures, falsification de bilan et fraude fiscale. Mais il est aussi grand bibliophile devant l'Eternel. On le dit disposé à commettre toutes les folies pour agrandir sa collection. Est-il l'ordonnateur occulte du hold-up perpétré dans la bibliothèque? Ce sera aux juges d'établir ses responsabilités. «Quoi qu'il en soit, l'affaire Be Caro est bien le produit de vingt ans de berlusconisme», dit Francesco Caglioti, professeur à l'université Federico II. Partout, les biens culturels ont été abandonnés, spoliés ou privatisés, mais surtout considérés comme quantité négligeable. Comme si le fait de posséder 50% du patrimoine mondial exonérait l'Italie de tout devoir de protection. Sans parler de Pompéi ou de L'Aquila, nombre de monuments, de musées ou de bibliothèques sont en danger de mort. Souvent, pour pallier les carences de l'Etat, c'est l'Eglise qui occupe le vide - comme à la Girolamini. Dans le même temps, les crédits gouvernementaux et les postes de fonctionnaires affectés à la protection du patrimoine fondent comme neige au soleil. La sécurité des sites est négligée. Marchands, bandits, profanateurs de tout poil ont la voie libre. La voilà, la vraie leçon de la Girolamini: «Ne pas défendre un patrimoine, c'est une invitation implicite à le piller», dit l'historien Salvatore Settis.

La bibliothèque a été sauvée in extremis. Aujourd'hui, Mauro Giancaspro, auteur de «l'Odore dei libri» («l'Odeur des livres») et de «il Morbo di Gutenberg» («la Maladie de Gutenberg»), qui a dirigé pendant dix-sept ans la Bibliothèque nationale de Naples, est à son chevet. Il tente de réparer les dégâts. Il a été nommé le 7 juin directeur, et le nouveau conservateur, Umberto Bile, est un laïc. Tomaso Montanari et les universitaires partis en croisade pour protéger la «vieille dame» ne se sont pas battus pour rien. Tout est bien qui fint bien? Pour le moment. Une question, pourtant, revient toujours, insidieuse: pourquoi faut-il qu'en Italie ce soient toujours des bonnes volontés individuelles qui finissent par sauver l'intérêt national ?

Source : le "Nouvel Observateur" du 12 juillet 2012 - Marcelle Padovani

 


Bnf de France : Participez à l'acquisition d'un TRESOR NATIONAL, le Livre d'Heures de Jeanne de France.

En juin 2011, le ministre de la Culture et de la communication a déclaré Trésor national le Livre d'heures de Jeanne de France, un remarquable manuscrit royal enluminé sur vélin, réalisé en 1452, à l'occasion des noces de Jeanne de France, troisième fille du roi Charles VII.

- Jeudi 30 août 2012. Voir le texte de la Bnf et en + Le Dossier de presse en PDF


À Rome, l'hôpital des chefs-d'oeuvre

Victimes du feu, d'inondations ou, plus couramment, de bactéries, insectes ou moisissures, enluminures et parchemins sont soignés à l'Institut de pathologie des livres. Un endroit secret au centre de Rome dont nous vous ouvrons aujourd'hui les portes.

Le personnel de l'hôpital de la via Milano, dans le centre de Rome, est nerveux: le «malade» qu'il attend aujourd'hui est célèbre, l'idole de tout un pays, admiré dans le monde entier. Il n'est pas très grand, 33 centimètres sur 22, mais tellement précieux: c'est le seul autoportrait connu de Léonard de Vinci.

Dessiné à la sanguine, son tracé naguère vermillon est maintenant brunâtre ; les yeux de Léonard, qui aimaient regarder le monde avec une soif de savoir inépuisable, semblent bien las. La feuille de papier, jaunie et comme brûlée par endroits, est constellée de taches rousses qui dénaturent le fascinant visage du maître. D'ordinaire, cet autoportrait de Léonard, l'un des plus célèbres dessins du monde, est conservé à la bibliothèque de Turin. S'il a fait le voyage de Rome, c'est qu'il existe dans la capitale un hôpital d'un genre particulier, une sorte d'institut de sauvetage des livres et du papier.

De la Bible de Gutenberg au Bréviaire d'Isabelle la Catholique, c'est ici que les manuscrits précieux et les livres rares viennent se faire soigner. C'est ici encore que les chefs-d'oeuvre de la Bibliothèque vaticane ont été sauvés.Créé en 1938, l'Institut de pathologie du livre de Rome, familièrement appelé «l'hôpital», est le plus ancien d'Europe et demeure la référence internationale en matière de restauration du papier. Le lieu héberge les livres en souffrance qui prennent parfois l'aspect d'étranges objets surréalistes, comme cette épaisse Bible médiévale dans laquelle un rongeur s'est creusé un gîte.

Dans un autre volume, l'eau a fait des ravages et le portrait de cette femme en habit Renaissance, qui fut certainement splendide, n'est plus qu'une longue coulée de lavis brun. Il arrive qu'une note d'humour se mêle aux pires détériorations: dans La Vie des saints, un codex du XIVe siècle, une meute de loups prête à bondir sur saint Benedetto est rendue inoffensive par le grignotage d'insectes gourmands. Les manuscrits en attente de restauration viennent de toutes les collections italiennes et souvent même étrangères, mais les plus belles pièces appartiennent à la Bibliothèque apostolique du Vatican.

Trente tonnes de livres recouvertes par un torrent de boue

En 2007, au grand désespoir des chercheurs, elle dut fermer ses portes. Trois années et un budget de 9 millions d'euros furent nécessaires pour restaurer et restructurer cette institution créée au XVe siècle et riche de quelque 150 000 manuscrits, un million de livres imprimés, 8 400 incunables ainsi que la plus riche Bible du monde ornée d'enluminures pour un poids total de 1,5 kilo d'or. Pendant les travaux, enluminures, parchemins et livres qui attendaient d'être sauvés ont pris le chemin de la via Milano.

Les maladies dont ils souffrent sont dues aux bactéries, moisissures et produits chimiques, et à la sape des insectes et rongeurs pour les plus banales, mais aussi aux inondations et aux incendies, qui nécessitent non plus une simple restauration, mais une véritable reconstitution. «On se souvient, rappelle l'un des restaurateurs de l'Institut de pathologie, que lors des inondations de Prague en 1966, 30 tonnes de livres de la Bibliothèque nationale ont été recouvertes par un torrent de boue. On a congelé les 30 tonnes de papier et on a laissé sécher chaque volume avant de le traiter avec un fixateur.»

Depuis, à Rome comme d'ailleurs à Paris, des plans de sauvegarde des manuscrits et des enluminures ont été mis en place. Ainsi, quand un manuscrit a souffert d'ajouts multiples pour masquer ses parties endommagées, la photographie infrarouge permet de retrouver le tracé original sous-jacent. La restauration consistera à revenir à ce tracé initial.«Le papier est une nourriture de prédilection pour les parasites de toutes sortes, qui laissent d'épouvantables traces de leur passage», remarque en soupirant l'un des meilleurs restaurateurs français, qui travaille souvent avec ses collègues italiens. «On relève l'existence dans l'air de plusieurs centaines d'espèces de spores et de bactéries qui, peu à peu, détruisent encres, tracés et couleurs. Leur invasion peut aboutir à la ruine complète de l'oeuvre», confirme un restaurateur de l'Istituto de Rome. Quant aux insectes, les pires ennemis du papier sont les blattes et les termites. Ils pénètrent les reliures, se nourrissent des colles et laissent sur leur passage des perforations, des taches, des déchets et des larves. Quel programme! Tous ces parasites s'étaient attaqués à l'Autoportrait à la sanguine de Léonard de Vinci.

Les méthodes scientifiques les plus modernes au service de l'art

Les scientifiques ont d'abord analysé avec précision la nature du papier et les différents constituants de la sanguine. La feuille avait jauni et de nombreuses oxydations accidentelles formaient une constellation de taches rousses sur toute la surface. Une solution de blanchiment, habilement dosée, sera déposée sur chaque tache à l'aide d'un bâtonnet ouaté.

Le cas d'une Bible latine du Ve siècle était plus complexe. Sans doute par manque de moyens en cette période de pénurie, le parchemin originel avait été trempé dans du lait puis poli avec une pierre ponce afin de pouvoir être réutilisé. Il portait donc deux textes successifs. Une photographie sous fluorescence d'ultraviolets a permis de retrouver le texte effacé de la Bible du Ve siècle recouverte au VIIIe siècle par le De natura rerum d'Isidore de Séville. «Le texte de cette Bible, un passage des Actes des Apôtres, est d'autant plus intéressant qu'il représente une traduction antérieure à la Vulgate de saint Jérôme», explique une spécialiste de la conservation des documents graphiques.

Le cas d'un manuscrit de la mer Morte est un autre triomphe de la science appliquée aux oeuvres d'art: des fragments d'un rouleau portaient les restes de trois psaumes hébreux copiés vers le milieu du Ier siècle. Ce texte était donc antérieur à la fixation, à partir de 90 après J.-C., du texte de la Bible par les rabbins. La photographie en rayonnement infrarouge a permis de déchiffrer les textes des psaumes et de les rattacher à la grotte 4 de Qumrân.

Quant aux manuscrits richement enluminés et parmi les plus rares du monde que sont L'Évangéliaire de Lorsch ou L'Évangéliaire Barberini, la microfluorescence X a révélé sans contestation possible la provenance des pigments. A l'Istituto del libro de Rome, les techniques scientifiques viennent ainsi souvent au secours des restaurateurs, chimistes et biologistes. Qu'il s'agisse du Codex Purpureus ou du Terenzio Vaticano, du Sacramentarium Rossianum ou de la Bible de Nicolas III d'Este, ces chefs-d'oeuvre de la Bibliothèque apostolique vaticane doivent se transmettre à travers les siècles. Ce que l'homme a pensé, écrit, rêvé durant ces deux mille années doit être légué. L'Istituto partage la vocation humaniste de la Bibliothèque. Comme elle, il se veut fidèle au souhait de Jean-Paul II: «Conserver ces biens de l'humanité pour l'humanité.»

Le Figaro - Véronique Prat, le 24 aout 2012.


Palper, renifler, découvrir, à l'école des livres anciens.

Durant l'été, The Rare Book School propose une plongée dans le monde très exquis des livres rares. Regroupant des bibliothécaires, des conservateurs, des lettrés, des négociants, des collectionneurs et des civils passionnés, chaque classe offre la possibilité de consulter, toucher et mieux comprendre les objets vieux de plusieurs siècles qui se présentent devant eux.

Un programme alléchant que The Rare Book School, fondé à l'origine à l'Université de Colombia (USA), présente désormais chaque année à Charlottesville. On pourrait penser l'ambiance très studieuse, puisqu'il s'agit d'arriver, par des cours et de la pratique, à savoir comment les pages sont pliées, coupées, imprimées et rassemblées, remontant l'histoire de l'imprimerie ; ou de manipuler des objets précieux comme une feuille volante d'une Bible de Gutenberg très ancienne.

Pourtant, le groupe d'une douzaine de personnes, sous les ordres de Mark Dimunation, témoigne d'une atmosphère détendue où chacun est mis sur le même pied d'égalité. Le petit groupe avoue jouer à reproduire La Neuvième porte, le film, avec les outils à lumières fluorescentes qui ressemblent à des sabres lumineux, tout en réussissant à se concentrer sur des ouvrages du XVe siècle, comme le Hypnerotomachia Poliphili, une longue poésie d'amour érotique. Il paraît qu'il s'agit là d'un livre des plus bizarres et des plus beaux jamais produits.

L'école, outre ses originalités, apporte l'apprentissage d'une niche intellectuelle importante et enseigne surtout la matérialité et l' « essence » du livre, souvent laissées à l'abandon par les écoles de documentalistes. « Un livre est une coalescence d'intentions humaines », déclare Michael Suarez, un spécialiste formé de littérature britannique du XVIIIe siècle formé à Oxford. « Nous pensons que nous savons comment le lire parce que nous pouvons lire la langue. Mais il y a beaucoup plus, dans la lecture d'un livre, que simplement la langue ».

Les participants voient dans ce stage une chance unique de manipuler plus de 80.000 objets, que ce soient des livres ou des jeux de cartes anciens. Beaucoup d'entre eux sont pliés, souillés, imprégnés d'eau, mangés de ver. « Nous sommes très curieux de la manière dont les livres sont marqués au fil du temps », confie Barbara Heritage, directrice adjointe de l'école.

Mark Dimunation tient à cœur de mener ses élèves vers des chemins auxquels ils n'auraient pas pensé : étudier les lots d'Harlequins, cette littérature sentimentale, qui représente une part considérable de la production de livre et de son évolution numériques, ou encore considérer le cours de l'argent qui permet de saisir la place du livre dans le marché.

Une initiative qui séduit les étudiants et les passionnés puisqu'elle permet d'apporter des bénéfices intellectuels hors normes sur l'archéologie du livre. D'autant plus qu'ici les esprits sont ouverts, et on n'est pas choqué de tomber sur une image d'un personnage en « érection extravagante » en feuilletant le Hypnerotomachia Poliphili. « Les livres eux-mêmes, cependant, ont parfois des idées moins élevées. Il y a un truisme à enseigner avec les livres : la première chose qui apparaît est celle sur laquelle vous ne voulez pas tomber », avoue Mark Dimunation.

Par Ania Vercasson, le mardi 24 juillet 2012 - ActuaLitté. Les univers du livre


Ces Manuscrits de Tombouctou menacés par les islamistes

Les manuscrits constituent pour Tombouctou et le Mali, une source de légitime fierté, un trésor jalousement gardé. L'importance des manuscrits arabes chez les populations du Mali est réelle à tel point que tout écrit en caractères arabes, revêt un caractère sacré. Alors que les islamistes d'Ançar Eddine ont détruit sept des seize mausolées de la ville, la communauté internationale s'inquiète de la survie de ces manuscrits anciens.

En 2005, à l'occasion d'un voyage sur place nous avions pu constater un certain état de détérioration de ces manuscrits Malgré un climat sec jouant plutôt en faveur de la conservation du papier, les manuscrits n'étaient déjà pas à l'abri de tout danger. - (Culturebox Par Christian Tortel Publié le 03/07/2012)

La directrice générale de l’Unesco Irina Bokova a appelé lundi à une action des pays frontaliers du Mali pour empêcher le trafic de « trésors documentaires » de Tombouctou, la "perle du désert", sous le contrôle des rebelles touaregs et de groupes islamistes "Les informations selon lesquelles les rebelles auraient pris le contrôle de l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba de Tombouctou ainsi que d'autres institutions culturelles sont très inquiétantes", a déclaré Irina Bokova dans un communiqué.

"Ces centres abritent des documents anciens, écrits ou recopiés localement, acquis au Maghreb et en Afrique subsaharienne ou envoyés par des pèlerins des pays musulmans éloignés. Beaucoup datent de l'âge d'or de Tombouctou, entre le XIIe et le XVe siècle. Ils traitent de sujets variés allant de la théologie aux mathématiques, en passant par la médecine, l'astronomie, la musique", ajoute-t-elle.

La perte de ces documents serait « gravissime », estime la directrice générale de l’Unesco.

Fondé à Tombouctou en 1973, l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba, abrite entre 60.000 et 100.000 manuscrits, selon le ministère malien de la Culture.

Des documents auraient été emportés

Selon des témoignages recueillis par l'AFP, des islamistes du mouvement armé Ansar Dine, appuyés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), sont entrés dans le centre de documentation jeudi et en sont ressortis avec des sachets de documents.

Tombouctou, grand carrefour commercial pour les caravanes qui parcouraient le Sahara, fut pendant des siècles un grand centre intellectuel et spirituel de l'islam. La « perle du désert » est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ses trois grandes mosquées et des dizaines de milliers de manuscrits - dont certains datent de l'ère pré-islamique - témoignent de la splendeur passée et de l’âge d'or de la cité. Le site classé compte aussi 16 cimetières et mausolées qui, selon la croyance populaire, protégeaient la ville de tous les dangers.

Le nord du Mali est depuis deux semaines sous le contrôle des rebelles touaregs et de groupes armés, dont les islamistes d’Ansar Din.

AFP - Publié le 16/04/2012

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Pourquoi Tombouctou regorge-t-elle de manuscrits ?

Fondée entre le XIe et le XIIe siècle par des tribus touarègues, Tombouctou devient rapidement un grand centre intellectuel et une cité marchande prospère pour les caravanes. Au XVe siècle, une université et plus de 180 écoles coraniques se construisent, accueillant jusqu'à 25 000 étudiants. Les savants affluent, des copistes sont engagés à plein temps pour prendre en note leurs enseignements.

Des centaines de scribes, payés par le roi ou les aristocrates, copient des milliers d'ouvrages de théologie, de littérature, de science, de géographie, d'histoire ou de droit apportés par les commerçants nomades. Sur place sont également élaborés des recueils de poésie et de musique, parfois illustrés de délicates enluminures d'or.

Comme l'explique un article du Monde Magazine en juillet 2010, les textes rédigés en arabe ou en peul étaient recopiés sur des omoplates de chameaux, des peaux de moutons, de l'écorce et parfois du papier ramené d'Italie. Aujourd'hui, on appelle "manuscrits de Tombouctou" l'ensemble des documents datant des XIIe et XIIIe siècles, mais également les copies plus récentes des XVIIIe ou XIXe siècles.

A combien évalue-t-on leur nombre ?

En 2004, Le Monde diplomatique évaluait à de plus de 15 000 le nombre de documents déjà exhumés et répertoriés sous l'égide de l'Unesco, et à 80 000 le nombre de manuscrits qui dormiraient encore dans des malles ou au fond des greniers de la ville. Dans un article du Figaro Magazine d'août 2008, le journaliste Jean-Marie Hosatte estimait lui que de 180 000 à 200 000 livres seraient cachés à Tombouctou et dans les villages alentour.

Où sont-ils stockés ?

Possession des grandes familles de la ville, la grande majorité des manuscrits sont conservés comme des trésors dans le secret des maisons et des bibliothèques privées, sous la surveillance des anciens. Avant la chute de Tombouctou aux mains des groupes armés, environ 30 000 de ces manuscrits étaient conservés à l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba (Ihediab), fondé en 1973 par le gouvernement malien.

Pourquoi sont-ils menacés de destruction ?

Certes, ces textes parlent d'islam, mais aussi d'astronomie, de musique, de botanique, de généalogie, d'anatomie... autant de domaines généralement méprisés, voire considérés comme "impies" par Al-Qaida et ses affidés djihadistes. Ensuite, les rebelles pourraient s'intéresser à la valeur marchande des manuscrits, qui peut atteindre plusieurs milliers d'euros. "Il se pourrait bien que, dans quelques semaines, on retrouve des manuscrits de Tombouctou dans les salles de vente du monde entier", prévient Marc Geoffroy, ingénieur de recherche à l'Institut de recherche et d'histoire des textes (ITEM) dans les colonnes de l'hebdomadaire La Vie.

Quelle est la situation sur place ?

En avril, les bureaux de l'Ihediab ont été saccagés plusieurs fois par des homm es en armes, mais les manuscrits n'ont pas été affectés. Par mesure de sécurité, ils ont été transférés vers un lieu "plus sécurisé". Dans une déclaration commune diffusée le 18 juin, les bibliothèques de Tombouctou ont affirmé qu'aucun détenteur de manuscrit n'a été menacé, mais soulignent que la présence les groupes armés les "met en danger".

Qu'est-ce qui peut sauver ces documents ?

D'après Jeune Afrique, des conservateurs et des collectionneurs privés se sont organisés pour dissimuler les documents les plus importants. "Aujourd'hui, ce sont quelque 8 000 manuscrits qui auraient été transférés en lieux sûrs", précise l'hebdomadaire. Les familles non plus n'ont pas attendu l'appel de l'agence onusienne pour prendre des dispositions. Et pour cause. "On dit que ces bibliothèques portent la baraka et que leur déballage attirerait les malheurs", expliquait dans un article du Monde des Religions de 2007 El-Boukhari Ben Essayouti, un spécialiste de la conservation des manuscrits.

L'autre explication avancée pour expliquer la bonne protection des documents, c'est la crainte de voir des secrets de famille éventés. Outre les ouvrages savants, toutes ces caisses contiennent des correspondances, des listes comptables, des relevés administratifs, parfois des journaux intimes, car durant l'âge d'or de Tombouctou, presque tous ses habitants étaient alphabétisés. "J'ai eu accès à des manuscrits prouvant que de grandes familles de Tombouctou sont d'origine juive ; et elles ne veulent pas que cela se sache. J'ai également eu entre les mains le journal intime d'une femme qui, au XVIIIe siècle, avait été mariée à 15 ans à un vieillard de 75 ans, impuissant. Vous comprenez que, dans une société traditionnelle comme la nôtre, ses descendants, des bâtards, refusent catégoriquement que quiconque accède à leurs caisses", expliquait Ben Essayouti.

Enfin, deux facteurs encourageants sont à prendre en compte. D'abord, les islamistes répugnent habituellement à pénétrer dans l'intimité des maisons, ce qui faciliterait la conservation au sein des familles. Ensuite, ces manuscrits sont considérés comme un trésor par les Touaregs. S'y attaquer, même au nom de la charia, reviendrait à s'aliéner une grande partie de la population locale, majoritairement touarègue, ce que les nouveaux maîtres islamistes de Tombouctou ne souhaitent sans doute pas.

Le Monde - Pauline Pellissier le 3 juillet 2012.


CHASSEUR DE TEXTES : Gérard Lhéritier traque dans le monde les plus beaux manuscrits.

On le sait : les paroles s'envolent, les écrits restent. Mais aujourd'hui, c'est leur cote qui s'envole. 2 millions d'euros pour le testament politique de Louis XVI, 3,5 millions pour des textes de Napoléon retrouvés en 2010 aux États-Unis, 3,6 millions pour le premier manifeste du surréalisme d'André Breton, 14 millions pour un exemplaire de la Grande Charte de Jean sans Terre, 30 millions de dollars pour l'un des codex de Léonard de Vinci... Et la genèse de la relativité générale d'Einstein est assurée pour 22 millions. Qui a dit que l'informatique allait tuer les documents manuscrits ? Sans doute ceux qui viennent de perdre leur chemise en achetant des actions Facebook. Dans un présent privé de repères, le passé paraît plus que jamais le seul placement d'avenir.

Mais qui a les moyens aujourd'hui de s'offrir ces trésors en papier ? On imagine des milliardaires russes, des capitalistes chinois, des fonds de pension américains, de fins lettrés du Qatar... Eh bien, non. En dehors de Bill Gates, heureux détenteur d'un codex de Léonard, les propriétaires des manuscrits que j'ai cités sont des cadres moyens, des professions libérales, des retraités ou de jeunes patrons de PME. Ils sont européens, pour la plupart français, belges ou autrichiens, et seuls 20 % d'entre eux émargent à l'ISF. Comment ont-ils fait, alors, pour obtenir les moyens de leur passion ? Ils ont rencontré Gérard Lhéritier.

Ce Lorrain de 64 ans, naturalisé niçois, jovial, obsessionnel et discret, traque dans le monde entier manuscrits perdus, ébauches de discours, partitions originales, pages d'équations, lettres d'amour - tous les élans raturés du coeur et de l'esprit. Ancien conseiller en gestion de patrimoine, président fondateur du musée des Lettres et Manuscrits (MLM), il eut un jour l'idée géniale d'appliquer aux textes autographes le principe de l'indivision. Là où d'autres investisseurs, de manière beaucoup plus aléatoire, achètent des parts dans un pur-sang, les Amis du MLM (15 000 adhérents, 30 euros de cotisation annuelle) ont la possibilité d'acquérir collectivement du Louis XVI, du Verlaine, du Wagner, du Victor Hugo ou du général de Gaulle. On leur propose également un contrat de garde et de conservation, qui permet au musée d'exposer (et d'assurer au meilleur coût) ces oeuvres inestimables. D'où le succès de ce placement aussi valorisant que fructueux.

Kerouac et son chien

Mais que faire, dans les cas d'indivision où l'un des propriétaires désire vendre ? Le MLM peut préempter. Parfois, comme ce fut le cas en 2008 pour le manuscrit Einstein-Besso, il rachète l'ensemble des parts. Ce concept de musée associatif semble faire le bonheur de tout le monde : investisseurs, chercheurs, ayants droit, visiteurs. Inauguré en 2004, le MLM abrite aujourd'hui, au 222, boulevard Saint-Germain, à Paris, plus de 80 000 oeuvres manuscrites. La première collection privée au monde. On y trouve pêle-mêle le plus grand fonds Victor Hugo, des dizaines de partitions de la main même de Mozart ou de Beethoven, les premières esquisses d'ampoules électriques dessinées par Edison, la correspondance de Napoléon Ier, l'ordre de cessez-le-feu du général Eisenhower daté du 7 mai 1945, des poèmes griffonnés par Édouard Manet pour accompagner ses croquis ou encore la machine à écrire Enigma utilisée par les sous-marins nazis pour coder leurs messages... [Voir le site de la MLM]

Jusqu'au 18 août, à l'étage dévolu aux expositions temporaires, on pourra découvrir le tapuscrit de Sur la route (voir Le Point n° 2070), rouleau de papier confectionné par Jack Kerouac et mesurant un peu moins de 36 mètres (la fin, comme l'atteste une note de l'auteur, a été mangée par son chien). Puis ce sera la correspondance entre Verlaine et Rimbaud, agrémentée du pistolet qu'acheta le premier pour tirer sur le second. Suivra une rétrospective Jean Cocteau-Édith Piaf, avant une monumentale exposition Victor Hugo.

Ballon monté

Sorte d'Indiana Jones mâtiné d'Hercule Poirot, Gérard Lhéritier, quand on lui demande d'où vient sa vocation de chasseur de trésors, répond d'une traite : "Les ballons montés et les boules de Moulins." Puis il développe. En 1988, son fils de 14 ans, qui s'est lancé dans la philatélie, l'envoie à Paris avec pour mission de lui rapporter un vingt-centimes noir. Dans la vitrine d'un marchand de timbres, Gérard tombe en arrêt devant une lettre "expédiée par ballon monté", et sa réponse reçue par "boule de Moulins". Le marchand lui explique alors les stratagèmes inventés par les Parisiens durant le siège de 1870. Pour communiquer avec l'extérieur, ils confient leur correspondance à des ballons gonflés au gaz qui s'envolent vers la "France libre". Récupérées au petit bonheur et centralisées à la poste de Moulins-sur-Allier, les lettres volantes sont distribuées et leurs réponses expédiées par courant fluvial, enfermées dans ces fameuses "boules de Moulins", sphères creuses en zinc munies d'ailettes contenant jusqu'à 700 enveloppes, que les Parisiens n'ont plus qu'à repêcher dans la Seine. Fasciné par cette histoire, Lhéritier commence à acquérir les écrits que Hugo, Manet, Bizet ou Jules Ferry échangèrent par ce moyen inédit. Et les boules de Moulins ont un effet boule de neige : désormais, rien n'apaisera son obsession des écrits traversant vents et marées, au fil des siècles et des convulsions de l'Histoire.

Ses dernières acquisitions ? Un texte autographe d'Einstein sur les propriétés des rayons X dans le traitement des cancers. L'ensemble du fonds Romain Gary, incluant les manuscrits signés Ajar. Ou encore la collection de Flers : 7 000 textes autographes de tous les académiciens, de Richelieu à nos jours, dont une rarissime missive de Corneille. Ce qui manque à son bonheur ? Une lettre de Ronsard. Son rêve impossible ? Que Bill Gates remette sur le marché son codex de Léonard de Vinci. La vitrine est prête. Après tout, comme l'écrivait Einstein, l'impossible n'est qu'une question de temps.

Le Point. 27 juin 2012. Par Didier Van Cauwelaert


Les livres rares et anciens et les maisons de vente. Une page se tourne, les prix s’envolent ?

Passion autant que placement, les livres rares et anciens ont connu une lente mais sûre augmentation de leur valeur au cours des siècles. Le mouvement s’est accéléré ces dernières décennies, notamment sur le marché des manuscrits, laissant même craindre par certains professionnels la formation d’une bulle. Les maisons de vente aux enchères y prêtent un intérêt croissant, multipliant les marques d’attention à l’égard des vendeurs. De leur côté, les libraires spécialisés, dont les sources d’approvisionnement s’assèchent, confirment leur expertise de conseillers auprès des acheteurs. Une question néanmoins à terme: avec les progrès du livre numérique, l’objet papier aura-t-il toujours autant d’adeptes lorsque les “digital natives” atteindront l’âge d’être bibliophiles ? Ou n’intéressera-t-il plus que les musées ?

Acquérir le livre le plus cher du monde vous en coûterait la bagatelle de 8,6 millions d’euros. Birds of America, vendu par Sotheby’s Londres en décembre 2010, est l’œuvre de l’ornithologue et naturaliste John James Audubon, né français sous le nom de Jean-Jacques Audubon en 1785. Ses proportions peu communes (99 cm sur 65 cm) permettent pour la première fois de représenter des oiseaux en grandeur nature et dans leur élément naturel, et il ne compte plus qu’une centaine d’exemplaires sur les 175 produits au début du XIXe siècle.

Cet exemple, aussi exceptionnel soit-il, est le symbole de l’engouement des passionnés, des collectionneurs et des investisseurs pour les livres rares et anciens. A l’ère de l’écran et de l’immatériel, il semble anachronique que des bibliophiles enthousiastes continuent à user leurs semelles à parcourir les allées de bibliothèques spécialisées à la recherche de premières éditions, et les salles de vente aux enchères, en quête de manuscrits et d’incunables, pour acquérir une précieuse part de l’histoire de la littérature. A rebours du marché du livre neuf, qui donne bien des soucis aux éditeurs et à leurs auteurs, celui du livre ancien ne cesse de battre les records. Nostalgie passagère ou mouvement durable ? Patrick Sourget, libraire spécialisé dans les livres rares et anciens, est catégorique : “Le développement de la bibliophilie n’est pas une mode passagère, car les modes ne durent pas des siècles. C’est un fait profondément ancré dans notre civilisation et par là même appelé à durer encore très longtemps”.

Les prix s’envolent

Le libraire s’est d’ailleurs livré, en 2008, à une étude originale. Celle de “l’évolution du prix des livres anciens, comparée à différents placements”. Le bibliothécaire a ainsi mesuré, avec l’aide de la banque Lazard, qu’une édition originale du Discours de la méthode de Descartes relié en vélin de 1637, qui s’échangeait moins d’un napoléon en 1851, en valait 5 000 en 2004. Et le prix d’une édition originale reliée en maroquin du XIXe siècle du Bourgeois gentilhomme de Molière, “était multiplié par plus de 18 entre 1976 et juin 2001, tandis que l’indice Dow Jones était multiplié par moins de 10”.

La démonstration vaut aussi pour Les Contes de Charles Perrault ou Les Fables de La Fontaine, mesurés à l’aune d’un hectare de terre labourable ou de l’évolution des prix de l’immobilier. Les livres français littéraires ne sont pas les seules cibles des collectionneurs : “sciences, voyages, incunables illustrés, livres d’heures, érotiques, éditions étrangères, en particulier anglaises, américaines, russes et demain asiatiques, ont davantage progressé encore” assure Patrick Sourget. Ce potentiel n’a pas échappé aux investisseurs amateurs de beaux livres, si bien qu’en 2008, le marché de l’art représentait, en Europe, 19,2 milliards d’euros. Et “le marché du livre rare, du manuscrit et de l’autographe représente un peu moins d’un milliard d’euros annuels” ajoute le libraire spécialisé.

Le livre ancien est-il une passion ou un placement ? “Les deux, tranche Patrick Sourget. C’est une passion qui se révèle être l’un des meilleurs investissements que l’on connaisse. Les grands collectionneurs sont aussi cultivés que fortunés. Plusieurs facteurs poussent la valeur vers le haut : l’offre se réduit mécaniquement, puisque sous l’effet des accidents de la vie, de beaux livres disparaissent régulièrement. Dans le même temps, la demande s’accroît, car elle s’internationalise et parce que de plus en plus de fondations, de musées, de grandes bibliothèques sont sur les rangs pour les acquérir.” Mais Anne Lamort, vice-présidente du Syndicat national de la librairie ancienne et moderne (Slam), nuance le propos : “Il n’y a pas un seul marché du livre, mais une multitude. Tous ne connaissent pas la même évolution au même moment. Comme l’or, il s’agit d’un placement sûr, qui connaît une montée faible, mais dont on ne peut pas déterminer s’il est ou non réellement rentable”.

Un marché d’autant plus sûr que les risques habituels du marché de l’art y sont moins prononcés. “Il est très difficile de copier un livre, car cela demanderait un travail considérable” note Olivier Dervers, expert auprès de la maison de vente Artcurial et libraire. Qui reconnaît néanmoins que “les tentatives sont plus fréquentes dans les manuscrits, où il suffit parfois d’imiter l’écriture de l’auteur. En outre, les vols sont plutôt rares, car le marché est si étroit que les ouvrages dérobés sont vite connus, et qu’il est difficile de les revendre”. Mais gare aux bulles qui peuvent toujours éclater, en particulier sur l’étroite niche des manuscrits. Les prix y connaissent en effet une envolée dont le secteur est peu coutumier, du fait de l’intérêt de fonds d’investissement spécialisés ou de sociétés de conseil en placement, comme Aristophil, qui propose à des particuliers d’acquérir, en indivision, une part de lettre de Victor Hugo par exemple, et stocker leurs acquisitions. Une démarche qui laisse sceptique les professionnels. Un libraire met en garde : “Il est dangereux de promettre une rentabilité de 5 % chaque année sur un marché dont il est impossible d’anticiper l’évolution”.

Mieux vaut donc être fin connaisseur pour différencier les bonnes des mauvaises affaires. D’autant plus qu’il n’existe pas d’argus des livres anciens. “La valeur dépend d’une batterie de critères, et chaque livre doit faire l’objet d’une étude au cas par cas” explique Anne Lamort, libraire spécialisée en littérature et histoire. Le premier critère est l’intérêt historique du livre. Marque-t-il par exemple l’éclosion d’un nouveau mouvement littéraire ? De plus, une troisième édition aura moins de valeur qu’une première. La beauté et l’esthétique de l’objet ont aussi une influence. De même que la dimension sentimentale : à qui cet exemplaire a-t-il appartenu ? Un proche de l’auteur, une personnalité célèbre… Curieusement, la rareté de l’ouvrage constitue un critère secondaire : “L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert a été tirée en de très nombreux exemplaires et se trouve aisément. Mais elle constitue une valeur sûre, car elle marque un tournant dans l’histoire de la pensée”, illustre Anne Lamort. La libraire peint le profil des acheteurs, “presque exclusivement des hommes, en majorité issus de catégories socioprofessionnelles supérieures : hommes d’affaires, grands patrons, avocats, journalistes, hommes politiques…”.

Le regain d’intérêt des maisons de vente

Les bouleversements sur le marché ne concernent pas seulement les niveaux de prix. Ses acteurs doivent aussi s’adapter à de nouvelles règles. En particulier les libraires spécialisés dans les livres rares et anciens, figures historiques du marché, et les maisons de vente aux enchères, traditionnellement plus en retrait. Parfois partenaires, souvent clientes, elles n’en restent pas moins concurrentes. “Autrefois, le livre était le parent pauvre des ventes publiquesnote Jacques Benelli, libraire et expert auprès de la maison de vente Aguttes. D’abord, parce que les sommes atteintes n’avaient rien de comparable avec celles des meubles ou des tableaux.

Ensuite parce que les estimations de livres sont plus difficiles et plus longues à mener. Du coup, les livres étaient vendus par mallettes et sans catalogue, lorsqu’il n’y avait pas de meilleures ventes prévues. Mais le regard des commissaires-priseurs sur les ouvrages rares et anciens a bien changé. Face à la raréfaction des vieux meubles, des vieux tableaux et de leurs amateurs, et compte tenu de la hausse lente mais certaine de la valeur des vieux bouquins, elles leur ont attribué une place toujours plus grande. Certaines, comme la maison parisienne Alde au début des années 2000, se sont même spécialisées dans ce domaine. Afin de percer, elles misent sur leur habileté à attirer les vendeurs, et font valoir leurs atouts auprès d’eux.

Pour Artcurial, Olivier Dervers fait valoir la capacité de la maison à “faire du bruit autour de la vente, à trouver le plus possible de pièces aptes à faire rêver d’éventuels acheteurs, avec des prix raisonnables”. Le but final étant d’attirer le plus d’acheteurs intéressés possible, pour faire grimper les enchères, et donc le prix de vente. “Les maisons de vente font beaucoup de publicité, diffusent leurs catalogues, et entretiennent d’importants fichiers d’acheteurs nationaux et internationaux” note Patrick Sourget.

Autre promesse pour le vendeur : la cession de son bien se fait dans une totale transparence. Il bénéficie aussi de l’estimation de l’expert. Parmi les inconvénients de ce canal de distribution, les spécialistes pointent les frais. Compter environ 20 % du prix d’adjudication pour l’acheteur, et 5 % pour le vendeur. Patrick Sourget ajoute que, “pour acheter lors d’une vente aux enchères, mieux vaut être professionnel, car les descriptions en catalogue sont souvent très courtes, et les enchères se font vite”.

La désintermédiation des petits libraires et des courtiers

Les efforts de séduction des maisons de vente auprès des vendeurs posent quelques problèmes aux libraires spécialisés, dont les sources d’approvisionnement tendent à s’assécher. Jusqu’à il y a une quinzaine d’années, une hiérarchie stricte s’imposait dans le livre ancien : les libraires de province faisaient l’acquisition d’ouvrages à l’échelle de leur département, dont ils vendaient les meilleures pièces à un échelon régional, à d’autres libraires ou des courtiers professionnels, auprès desquels les grands libraires parisiens se fournissaient, avant de vendre à leurs grands clients collectionneurs, français ou étrangers.

Une chaîne qui permettait de faire vivre de nombreux intermédiaires et où les transactions avaient une fâcheuse tendance à l’opacité. Aujourd’hui, Olivier Dervers remarque “qu’Internet permet aux libraires de vendre directement aux collectionneurs, sans passer par le moindre intermédiaire. Ou de s’adresser à une maison de vente aux enchères. Du coup, la situation est devenue très difficile pour les petits libraires”. Certaines niches sont particulièrement menacées. Comme les libraires spécialisés dans la recherche de livres épuisés et introuvables. Avant l’avènement d’Internet, ils communiquaient aux librairies de province la liste de livres recherchés par leurs clients. Leur rôle, autrefois indispensable, est devenu désuet, puisque des sites tels qu’Amazon, AbeBooks ou chaPitre.com permettent à chaque professionnel de proposer les livres présents sur ses étagères, et de nouer un lien direct avec les acheteurs.

S’ils ont du mal à attirer les vendeurs, les librairies de livres anciens et rares conservent les faveurs des acheteurs. “Ils sont irremplaçables pour vendre aux particuliersassure Patrick Sourget. Malgré un prix d’achat légèrement supérieur à ce qui peut être obtenu en maisons de vente, les professionnels font valoir la qualité de leurs conseils : “Alors qu’en maison de vente, l’acheteur est presque laissé à lui-même, en librairie, nous avons le temps de le connaître, de comprendre ses goûts, et de l’orienter vers l’exemplaire qui lui conviendra le mieux, explique Anne Lamort. Comprendre le profil de chaque collectionneur se fait dans la durée. Nous savons ce qu’ils recherchent, ce qui nous permet de mettre de côté des livres pour eux à l’occasion de nos acquisitions”.

Patrick Sourget acquiesce : Nous vieillissons avec nos clients. La confiance est indispensable, car c’est l’un des seuls secteurs de l’art où le marchand s’engage sur la qualité du produit et son prix. Ce n’est pas un marché de coup, mais de long terme”. Alors que les libraires généralistes peinent à conserver leur rang, les librairies spécialisées dans des époques et des thématiques précises “s’en sortent très convenablement” note Olivier Dervers, lui-même spécialiste de la littérature et de la poésie du XXe siècle. La librairie Chamonal est ainsi spécialisée dans les vieux livres de voyage et de gastronomie, et Thomas-Scheler, dans les voyages et les sciences.

Là encore, Internet a bouleversé les usages :Autrefois, les amateurs devaient avoir une confiance entière dans leur libraire, car il était le seul à avoir une connaissance complète du sujet. Aujourd’hui, ils peuvent consulter en ligne toutes les informations ayant trait à un livre ancien : le nombre d’exemplaires, l’année, les différentes éditions, le nombre de pages et d’illustrations…” explique Anne Lamort. En rendant l’information disponible à tous, Internet a sonné le glas des courtiers professionnels, dont le rôle était de faire circuler l’information d’un libraire à un autre, en se rémunérant sur les écarts de prix entre les acteurs.

Une page se tourne

Avènement d’Internet, irruption de fonds d’investissements et engagement croissant des maisons de vente, libraires en difficulté : une page se tourne dans l’histoire du marché du livre rare et ancien, dont l’avenir semble bien difficile à prédire. “Dès que la spéculation s’empare d’un marché, comme c’est le cas aujourd’hui pour les autographes, dont les prix ont fait un spectaculaire bond en avant, on prend le risque d’une chute brutale des coursreconnaît Anne Lamort. Mais elle se veut optimiste : “la bibliophilie est à l’abri des mouvements spéculatifs, car les acteurs du marché sont animés d’une passion pleine de raison”.

La raréfaction de l’offre est une autre menace, puisque rares sont les livres nouveaux qui font l’objet d’une édition précieuse, susceptibles de nourrir demain les rayons des libraires spécialisés. La menace guette aussi le marché des manuscrits, puisque les auteurs préfèrent désormais le numérique au stylo-plume, même pour leurs premiers jets. Du coup, les professionnels fondent leurs espoirs dans le tapuscrit, c’est-à-dire les feuillets imprimés et corrigés de la main de l’auteur. En outre, avec les progrès du livre numérique, l’objet papier aura-t-il toujours autant d’adeptes lorsque les “digital natives” atteindront l’âge d’être bibliophiles ? Ou n’intéressera-t-il plus que les musées ? Le dernier livre imprimé pourrait bien alors avoir autant de valeur que la Bible de Gutenberg.

Par Aymeric Marolleau.

 

Parlez-vous le bibliophile ?

Incunable : désigne un ouvrage imprimé entre le début de l’imprimerie, vers 1450, et la fin du premier siècle de la typographie, soit avant 1501. Le premier incunable est la Bible à 42 lignes, dite B42, imprimée par Johannes Gutenberg vers 1455. Il se compose de deux volumes qui font ensemble 1 282 pages. La Bibliothèque nationale de France (BNF) possède l’une des trois copies dites en “vélin parfait”.

Colophon : Cette note finale d’un manuscrit ou d’un livre imprimé, principalement des incunables, est une précieuse indication pour les bibliophiles, puisqu’elle comporte le nom de l’auteur, le titre de l’ouvrage, le nom de l’imprimeur ou de l’éditeur, et le lieu et la date d’impression. Il peut également prendre la forme d’un dessin, d’un symbole ou d’une devise. Le mot tire son origine du grec kolophôn, qui signifie l’achèvement, la note finale d’un ouvrage.

Frontispice : Il s’agit d’une illustration placée sur l’une des pages de titre du livre. Souvent réalisé en gravure, il représente généralement une scène clé du livre ou le portrait de l’auteur. Cette deuxième solution était souvent préférée dans l’édition ancienne, car le frontispice coûtait cher et le portrait était réutilisé d’un livre à l’autre.

Marque d’imprimeur : En bois gravé, elle est utilisée par les imprimeurs pour authentifier leur production aux balbutiements de l’imprimerie. Cette marque apparaît alors à la fin du volume, sur le colophon. Mais en 1547, un édit d’Henri II ordonne que le nom et l’enseigne de l’imprimeur soient apposés au début des livres. Dès lors, le titre de l’ouvrage, le nom de son auteur et celui de l’éditeur remplacent progressivement le frontispice. La page de colophon et la marque d’imprimeur tombent en désuétude.

Enfer : Entrée contrôlée, âmes sensibles s’abstenir : dans une bibliothèque, l’enfer est la section qui regroupe les ouvrages jugés licencieux. Inspirée par la pratique des monastères, on y cadenassait au XIXe siècle les œuvres, le plus souvent érotiques, interdites au grand public. Les quelques enfers qui subsistent, par exemple à la BNF, regroupent surtout des ouvrages ayant trait aux mœurs.

Manuscrit : Texte écrit à la main, ou manus scriptus en latin, sur un support souple, le manuscrit connaît un très fort engouement depuis quelques années, en particulier grâce à l’action de sociétés de conseil en placement telle qu’Aristophil. Mais gare à l’effet de bulle spéculative. Le 11 avril 2012, Christie’s Paris vendait, pour 1,8 million d’euros, un manuscrit enluminé du Mahzor, livre de prières hébraïques de la Renaissance italienne. Bien plus haut que l’estimation initiale : 400 000 à 600 000 euros.

Tapuscrit : Tapé à la machine ou à l’ordinateur, le tapuscrit est le pendant mécanique du manuscrit. Celui de Sur la route, de Jack Kerouac, est l’un des plus célèbres. Rédigé à la machine sur un unique rouleau de 36 mètres de long entre 1948 et 1957, il a été vendu 2,4 millions d’euros par Christie’s en 2001.

Autographe : Document rédigé ou griffonné par une personnalité, un autographe recouvre plusieurs types de documents : lettres, billets, annotations sur des livres ou des partitions… Comme les manuscrits, leurs prix s’envolent depuis quelques années : à l’ère du digital, on s’arrache la patte du génie. Ainsi, en mai 2006, 26 lettres de Voltaire à Catherine II de Russie ont été cédées pour 583 000 euros.

A.M. et Nassim Rahmani

Ref : Jeudi 31 mai 2012. Le Nouvelle Economiste.fr


Enchères: un manuscrit enluminé de prières juives vendu 1,8 million d'euros

Un très rare manuscrit enluminé du Mahzor, livre de prières juives, datant de la Renaissance italienne, s'est vendu vendredi à 1.857.000 euros lors d'une vente de Christie's à Paris, a annoncé la maison d'enchères.

Un très rare manuscrit enluminé du Mahzor, livre de prières juives, datant de la Renaissance italienne, s'est vendu vendredi à 1.857.000 euros lors d'une vente de Christie's à Paris, a annoncé la maison d'enchères.

Produit en Toscane, ce manuscrit séfarade en hébreu, composé de 442 feuillets, était estimé entre 400.000 et 600.000 euros.

Ce précieux ouvrage a été adjugé à un collectionneur européen, non présent dans la salle, après une bataille d'enchères par téléphone d'une durée de 15 minutes.

Il s'agit pour Christie's de sa meilleure enchère pour la vente d'un livre depuis son ouverture à Paris en décembre 2001.

Le Mahzor, qui contient les prières pour les fêtes de l'année liturgique, était mis en vente par les descendants d'un collectionneur français Edmond Bicart-Sée qui le détenait déjà en 1930.

"Les manuscrits hébraïques enluminés de la Renaissance sont très rares. Celui-ci est d'une qualité exceptionnelle car il est en très bon état et ses enluminures sont de grande qualité", selon Christoph Auvermann, directeur du département Livres et manuscrits de Christie's à Paris.

Le manuscrit a été enluminé sur parchemin vers 1490 par l'artiste florentin chrétien Boccardino l'Ancien et son atelier. Il a probablement appartenu à une riche famille, non identifiée, dont les armes se retrouvent à plusieurs reprises dans les enluminures.

Il est revêtu d'une reliure italienne du XVIe siècle en maroquin brun abondamment ornée et peinte à la cire. Le médaillon central comporte également des armes avec des lions.

Ce Mahzor était mis aux enchères dans le cadre d'une vente de livres anciens et manuscrits dont l'estimation totale était comprise entre 1,7 million et 2,5 millions d'euros.

Ref : AFP. Le Point.fr - Publié le 11/05/2012


Salon International du Livre Ancien au Grand Palais à Paris 2012.

Intéressant reportage video au Salon International du Livre Ancien au Grand Palais à Paris 2012, avec Gregory Bacou, Gérant de la Librairie Le Feu Follet. Paris.. Livres modernes illustrés, lithographies, dessins, gouaches, musique, partitions musicales, philosophie, livres anciens. Reportage au Salon International du Livre Ancien au Grand Palais à Paris 2012.

 

Publiée par QueJadore : http://quejadore.com/


 
Nettoyer la reliure d'un livre ancien. Voir la vidéo.

Cette video montre comment je savonne au Brecknell et comment je cire les reliures cuir des livres anciens. Cette opération de nettoyage permet de désincruster le cuir de la poussière, la cire quant à elle, le nourrit et le protège. J'ai réalisé un guide pratique d'entretien plus complet qui est offert à la clientèle de la librairie Essentiam (http://www.essentiam.fr)

Il est possible d'entretenir les reliures de cuir en les nettoyant légèrement et en les cirant. Toutefois, il faut pour cela disposer des produits adéquats et il faut également savoir comment procéder. Il est donc recommandé de demander les conseils d'un(e) spécialiste si on souhaite se lancer dans des opérations de nettoyage ! Il est possible dans ce cas de s'adresser, par exemple, au bibliothécaire de référence d'une bibliothèque de livres rares. Les professionnels sauront ou bien vous renseigner directement ou bien vous mettre en contact avec la personne-ressource adéquate. S'il vous semble qu'une nouvelle reliure est nécessaire, assurez-vous d'abord qu'il n'est pas préférable de garder la reliure d'origine car elle peut avoir de la valeur. Lorsque votre décision est prise, adressez-vous alors à un relieur professionnel. Ref : http://www.bib.umontreal.ca/CS/bibliophiles/collectionneurs.htm


La Bibliothèque du Vatican : en avant avec le numérique

La Polonsky Foundation soutient un projet de la Bibliothèque apostolique vaticane et de la Bodleian d’Oxford. : l'annonce a été faite le 12 avril par le quotidien du Vatican, «L'Osservatore Romano » qui publie la lettre de Mgr Cesare Pasini, préfet de la Bibliothèque Vaticane. Un million et demi de pages de manuscrits et d’incunables seront informatisées. La Bibliothèque du Vatican entre dans donc l'ère numérique. De précieux manuscrits de la bibliothèque sont déjà en cours de numérisation.

La Polonsky Foundation soutient un projet de la Bibliothèque apostolique vaticane et de la Bodleian d’Oxford : la numérisation d’un million et demi de pages de manuscrits et d’incunables. L'annonce a été faite le 12 avril par le quotidien du Vatican, « L'Osservatore Romano » qui publie la lettre de Mgr Cesare Pasini, préfet de la Bibliothèque Vaticane. La Bibliothèque du Vatican entre dans donc l'ère numérique. De précieux manuscrits de la bibliothèque sont déjà en cours de numérisation.

Numériser: un mot qui est devenu une aspiration pressante pour ceux qui œuvrent dans les bibliothèques. Il peut même devenir une obsession lorsque la quantité du matériel à numériser est perçue dans toute son ampleur : si l’on pense aux 80.000 manuscrits de la Bibliothèque Vaticane et à ses 8.900 incunables, on pourrait être déconcertés. D’autre part, numériser signifie mieux conserver les biens culturels, en rendant leur consultation moins difficile et en garantissant une reproduction de haut niveau avant une possible dégradation de l’original. Cela veut dire aussi les rendre plus immédiatement accessibles, sur le réseau, à un plus grand nombre de personnes.

« L’idée d’un projet global de numérisation des manuscrits de la Bibliothèque Vaticane, rappelle Mgr Pasini, m’est venue le 24 mars 2010, à l’occasion du test bed (une preuve générale, de plusieurs mois). J’ai pensé à l’image évangélique de la petite graine : nous aussi nous avions là une petite graine qui renfermait une énergie considérable et nous espérions qu'elle puisse grandir et devenir une plante suffisamment grande pour accueillir tous les oiseaux du ciel. »

« La quantité des manuscrits numérisés grandit grâce aussi au travail du Laboratoire de reproduction et aussi aux projets visés, en collaboration avec les institutions culturelles : ainsi est en cours de réalisation la numérisation des manuscrits Palatins latins, en collaboration avec l’Université de Heidelbert. » Et Mgr Pasini ajoute : « J’ai aujourd’hui la joie de pouvoir annoncer le lancement d’une importante initiative de numérisation — la plus grande de celles entreprises jusqu’à présent — que nous effectuons avec la Bodleian Libraries d’Oxford, grâce à la générosité de la Polonsky Foundation. Leonardo Polonsky, à travers la fondation qui porte son nom, soutient avec intérêt et passion de telles entreprises, qui entendent faciliter l’accès d’un grand nombre de personnes aux biens de l’humanité conservés dans les grandes collections des bibliothèques du monde. »

Dans le cadre de ce projet spécifique, qui sera mené à bien en cinq ans, seront numérisées un million et demi de pages de manuscrits et d’incunables des deux institutions. Grâce à ce projet, le Vatican à l’intention de mettre à la disposition des usagers d’internet plus de 800 exemplaires entièrement numérisés, dont le célèbre incunable De Europa de Pie II Piccolomini, imprimé par Albrecht Kunne à Memmingen avant 1491, et la Bible latine à 42 lignes de Johann Gutenberg, le premier livre à caractères mobile imprimé entre 1454 et 1455.

De la collection des manuscrits juifs, l’une des plus importantes qui existe même si ce n’est pas la plus vaste, seront numérisés des manuscrits d’une valeur historique particulière, comme le Sifra écrit entre la fin du IXe siècle et la moitié du Xe siècle, probablement le plus ancien codex hébraïque parvenu jusqu’à nous, et une Bible entière, écrite en Italie vers l’an 1100. Mais on pourra aussi trouver des commentaires bibliques, Halakhah et Kabbalah, des commentaires talmudiques et des écrits dans le domaine liturgique, philosophique, médical et astronomique.

En ce qui concerne les manuscrits grecs, seront enfin numérisés d’importants témoins des œuvres d’Homère, de Sophocle, de Platon, d’Hippocrate, ainsi que des codex du Nouveau Testament et des Pères de l’Eglise, dont un grand nombre sont richement décorés de miniatures byzantines.

L'Osservatore Romano. Vendredi 13 avril 2012


Al Qarra - La Librairie Nationale a démarré un programme de restauration de livres rares mais endommagés. En effet, ces ouvrages avaient pu être sauvés de l'incendie partiel de l'institut scientifique égyptien.

La Librairie Nationale a démarré un programme de restauration de livres rares mais endommagés. En effet, ces ouvrages avaient pu être sauvés de l’incendie partiel de l’institut scientifique égyptien, incendie causé par les affrontements entre protestataires et militaires. La bibliothèque fondée en 1798 par Napoleon Bonaparte abritait plus de 200 000 livres, journaux et documents. Aujourd’hui des experts du monde entier participent à ce minutieux processus de rénovation. Ce travail d’orfèvre pourrait prendre près de 10 ans.

Dr Zein Abdul Hadi, chef de la librairie nationale : « Il y a toute une section de notre travail qui sera dédié à la documentation sur l’incendie dans la bibliothèque. Pour faire comprendre que des livres ne pourront jamais être remplacé. Je veux laisser un souvenir aux égyptiens et à la communauté internationale pour qu’ils comprennent ce qu’il s’est passé. »

La bibliothèque abritait des livres vieux de plusieurs siècles. Parmi ceux qui ont pu être sauvés des flammes, une édition rare d’une description de Égypte en 24 volumes démarrée en 1798.

Dr Zein Abdul Hadi, chef de la librairie nationale : « Pour un livre vieux de 200 ans comme la description de Égypte par exemple, 1000 copies avaient été imprimées. Son prix est inestimable même si celui-ci est une copie d’une autre copie et si le papier est légèrement brûlé. Les égyptiens devraient tirer une leçon de ce qu’il s’est passé. »

La bibliothèque dans laquelle était entreposés cette description de Égypte et tant d’autres ouvrages devrait être également restaurée.

Les travaux estimés à 420 000 dollars sont entièrement pris en charge par l’Emir de de Charjah, dans les Émirats Arabes Unis, qui a aussi promis de faire don aux autorités égyptiennes de manuscrits originaux, de cartes et de livres de sa collection personnelle.

Ref : le 29 fèvrier 2011. www.alqarratv.net


BIBLIOPHILIE Deux ventes, les 27 février et 28 mars.

l'une organisee par Sotheby's avec Binoche et Giquello et

l'autre par AIde, mettent en lumière les beaux livres illustrés.

Sous Ie soleil de Nice, ou il s' est n~fugie en 1941, Jacques Matarasso, 95 ans, joue toujours au tennis. Mais ce fils de libraire a suivi la voie de son père pour imposer dans ses rayons les auteurs surréalistes. II a invente la librairie-galerie et publie des ouvrages dont Ie texte sert les illustrations, et non l'inverse. Ce pionnier a décidé de disperser ses trésors de bibliophilie. II s'agit de la troisième et dernière vente de ses livres près de vingt ans après les deux premières. "Cette ultime vente est intime, témoigne de ses amitiés pour Aragon, André Breton, Arrabal, Picasso, Klein, César, Miro ", souligne Jerôme Delcamp, commissaire-priseur de la Maison ALDE et qui tiendra Ie marteau Ie 27 février, à Paris.

Picasso en est la vedette

Depuis vingt ans, Laure, fille de Jacques Matarasso, préside aux destinées de la librairie-galerie qui a servi de tremplin a nombre d'artistes de l'école de Nice : Claude Gilli, Bernar Venet, Arman. Jacques veille au grain. "Dans la rencontre entre deux sensibilités contemporaines, dit-il, un artiste et un écrivain, Ie livre, vecteur traditionnel de littérature, devient un moyen majeur et original de diffusion de l'art. " II fera Ie voyage à Paris pour assister a la vente Ie 27.

VOIR LE CATALOGUE ET lES RESULTATS DE LA VENTE DU 27 FEVRIER

Un mois plus tard, Ie 28 mars, la collection R. & B.L., devrait elle aussi créer l' événement. C'est Ie deuxième volet de la bibliothèque d'un libraire parisien bien connu des bibliophiles, après celui des livres anciens vendus en novembre dernier à Drouot. Fort de son expérience passée dans 'ce secteur encore confidentiel et de son important fichier de collectionneurs, Sotheby's apporte o.son appui a l'étude Binoche et Giquello. L'ensemble de pres de 200 ouvrages est estime entre 2,6 et 3,6 millions d'euros. Il comprend quelques bijoux personnalises par des peintres avec des dédicaces ou des dessins originaux. Picasso en est la vedette avec pas moins de 32 ouvrages illustres entre 1905 et 1960 et enrichi d'envois d'écrivains. Le tout dans d'extraordinaires reliures signées Paul Bonnet ou Laure Adler.

VOIR LE CATALOGUE LA VENTE DU 28 MARS

Ces deux ventes devraient confirmer la place importante de Paris dans les livres illustres du xxe siècle. Depuis la libéralisation des ventes aux enchères Il y a dix ans plusieurs ventes majeures se sont succède. En 2002, Sotheby's dispersait la collection de Pierre Leroy, bras droit d'Arnaud Lagardère (3 millions d'euros) puis, en 2006, celle de Fred Seinsilber, industriel qui mit au point Ie Revorim, matière plastique souple, pour les reliures de Jean de Gonet (7,8 millions d'euros). En 2004 et 2005, Christie's vendait la collection de l'éditeur de renom Daniel Filipacchi. Une collection fleuve qui totalisa plus de 11millions d'euros.

Le Figaro jeudi 9 février 2012. Béatrice de Rochebouët et Valèrie Sasportas


L'éditeur Pierre Belfond se sépare de sa collection d'oeuvres graphiques

de grands auteurs : Baudelaire, Proust, Apollinaire...

Tous des menteurs ? «Oui, tous les collectionneurs mentent, lance Pierre Belfond.Vendre est toujours un déchirement. Une collection est comme un enfant qui quitte un jour la maison.» Pendant quarante et un ans, lui et son épouse Franca se sont passionnés pour les dessins d'écrivains. Une évidence pour cet éditeur qui a vendu sa maison en 1991. Un privilège avec le recul des années qu'il a su partager en accrochant quelques-unes de ses plus belles acquisitions, sur les cimaises de ses bureaux du boulevard Saint-Germain.

«Du fait de mon métier, ce thème avait une résonance encore plus grande», confesse-t-il, en pointant du doigt le rarissime dessin d'Arthur Rimbaud que son compagnon Verlaine garda jusqu'à sa mort. Ce croquis de jeunesse à la plume intitulé Jeune cocher de Londres est un l'un des seize dessins connus de l'écrivain. C'est la pièce phare de la vente comprenant 135 lots. Elle est estimée 120.000 à 150.000 €.

«Je pleure encore les livres que je n'ai pas pu éditer»

«J'ai eu l'impression, poursuit Pierre Belfond,de collectionner des pièces très rares, avec une attirance particulière pour les poètes. L'intime de l'intime de personnalités célèbres. Tous ces dessins étaient comme ma famille. Je n'ai jamais voulu en vendre un seul jusqu'à aujourd'hui où je n'ai plus les moyens d'acheter à mon niveau d'exigence même si les prix sont beaucoup moins chers que pour un Picasso ou un Matisse

Quand Pierre Belfond a commencé, personne ne s'intéressait au sujet. Son déclic remonte à un jeudi de 1971 à Drouot. Ce jour-là, il veut y acheter un dessin d'André Masson, artiste qu'il affectionne toujours. Mais les enchères flambent. Il loupe l'affaire quand, quelques lots plus loin, il entend le nom de Marcel Proust. En néophyte, il lève le doigt pour demander s'il s'agit bien de l'auteur d'À la recherche du temps perdu. Mais son geste a une autre signification. Adjugé! Le voici propriétaire du lot, sans qu'il l'ait vu. C'est le début d'une folle aventure qu'il serait prêt à recommencer en se faisant davantage violence pour ne pas laisser passer, quitte à s'endetter, ce que l'on peut regretter comme ce dessin d'Antonin Artaud auquel il pense toujours. «C'est comme l'édition, avoue humblement Pierre Belfond, il y a tant de livres que je n'aurais pas dû publier. Je n'y pense plus. Mais ceux que je n'ai pas pu éditer par manque d'audace, je les pleure encore…»

Je vous l'ai laissé, mon cher…

Sa vie de collectionneur fut mouvementée. Dès ses premiers pas, il découvrit qu'il avait un sérieux concurrent: Christian Bernadac, journaliste et directeur de l'information à TF1. Une guerre a opposé les deux hommes avant qu'ils ne deviennent les meilleurs amis du monde, procédant même à des échanges: un Vigny contre un Sand, un Musset contre un Verlaine. D'autres adversaires de taille lui barrèrent la route tels Pierre Bergé ou Pierre Bérès. Contre ce dernier, Pierre Belfond réussit à emporter un dessin de Saint-Exupéry. Très fier, il lui dit: «Je vous ai eu.» Et le célèbre libraire de lui répondre: «Je vous l'ai laissé, mon cher…»

Le fruit de ses années de quête, sous l'œil exigeant de sa femme, est aujourd'hui livré à d'autres passionnés, sous le marteau de son ami Hervé Poulain, à l'exception des dessins que des écrivains ont offerts au couple avec une dédicace. Ils seront déposés à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (IMEC) pour être exposés. Sous la plume de l'expert et libraire Alain Nicolas, le catalogue fait figure de livre de référence avec parfois sept pages pour un seul lot comme cet album magnifique de la Vierge au grand C comprenant 21 caricatures du milieu mondain des Années folles par Cocteau (60.000 à 80.000 €). Sa veine expressionniste égale le trait féroce d'un Otto Dix ou d'un Georges Grosz.

Mardi 14 février, 14 h 30, Hôtel Dassault (Paris VIIIe) Chez ARTCURIAL Voir le Catalogue ICI

Le Figaro Béatrice de Rochebouet. 20/01/2012


A Rome, l'Institut qui soignait les livres anciens et abîmés.

l'Institut de pathologie du livre "soigne" les écrits précieux

Guerres, inondations, rats ou termites, l'Institut de la pathologie du livre de Rome offre depuis plus de 70 ans son savoir-faire pour "soigner" les livres et écrits précieux endommagés par des évènements en tous genres ou pour expertiser une oeuvre.

Fondé en 1938, "cet institut interdisciplinaire a été le premier de ce genre au monde", raconte à l'AFP Marina Bicchieri, responsable du Département chimie de l'Institut, sollicité même pour une exposition du célèbre Autoportrait de Léonard de Vinci.

L'ICPAL est l'institution de référence en Italie pour tous les problèmes liés à la conservation et à la restauration des livres et des archives et le Vatican y a aussi recours quand il a besoin d'une aide hautement spécialisée.

"Les principaux problèmes que nous rencontrons sont dus à l'eau, à la chaleur, la poussière et aux insectes. Certaines bactéries réussissent même à proliférer dans des bibliothèques", explique Flavia Pinzari, responsable du Département biologie.

Le musée à l'intérieur de l'Institut illustre en détail les types de dégâts que peuvent subir les ouvrages avec des livres percés de trous gros comme le poing faits par des termites, d'autres "mangés" par des champignons ou des rats, quand il ne sont pas troués par des balles.

"Après les récentes inondations en Toscane, nous avons été appelés par les autorités locales pour les aider avec leurs archives inondées", explique Mme Pinzari. L'Institut leur a conseillé de "congeler les livres car cela empêche l'eau de diluer l'encre et les micro-organismes de se propager, puis dans un deuxième temps nous lyophiliserons l'eau, la faisant passer de l'état solide à celui de gaz, évitant qu'elle n'abîme les livres", poursuit Mme Pinzari.

Dans cet Institut travaillent coude à coude chimistes, biologistes, spécialistes de la littérature ou artisans habiles à relier les livres à l'ancienne, reconstruisant les pages en papier ou en parchemin et recollant les miniatures des vieux manuscrits. Ils utilisent des microscopes électroniques à rayons X, mais aussi des poinçons, de vielles presses ou des instruments spéciaux pour "vieillir" artificiellement le papier.

"Nous consultons les vieilles recettes, certaines datant du Moyen-Age pour élaborer les couleurs et certains types d'encre. En consultant des fragments des rouleaux de la Mer Morte, nous avons découvert une encre fabriquée, entre autre, avec du sang", raconte Mme Pinzari.

Mme Bicchieri et une des collaboratrices du département chimie ont ensuite créé une encre en donnant un peu de leur sang pour étudier ses différentes caractéristiques. L'Institut s'appuie aussi sur un réseau d'entreprises spécialisées, en Italie et à l'étranger, pour la fabrication de différents types de parchemin, ou au Japon pour la fabrication d'un papier spécial qui sert à "reconstruire" les pages endommagées.

Une restauratrice travaille avec un poinçon sur une lettre de l'ex-dirigeant italien Aldo Moro et "insère" un minuscule fragment de papier japonais dans un trou situé dans un angle de ce document en le "collant" à l'aide d'une pellicule spéciale très fine, fabriquée à l'Institut.

"Ces lettres seront photographiées puis insérées dans des pochettes très fines faites avec une sorte de plastique spécial qui respire, permettant leur consultation", explique Mme Pinzari, à propos des dernières lettres du leader démocrate-chrétien avant son assassinat par ses ravisseurs, les terroristes des Brigades rouges.

"Le livre n'aime pas bouger, voyager. Il s'adapte à son environnement, même quand il n'est pas idéal mais c'est le changement de température et d'humidité et la manipulation qui lui causent le plus de dégâts", dit Mme Bicchieri qui "parle" des documents dont elle s'occupe comme s'il s'agissait de ses enfants.

"Même les livres les plus anciens ont été écrits et sont faits pour être lus. Nous devons donc trouver le juste milieu entre consultation et conservation", ajoute Mme Pinzari. L'Institut a créé il y a deux ans une école pour les restaurateurs qui suivent une formation théorique et pratique de cinq ans à l'issue de laquelle ils pourront travailler de manière indépendante dans ce domaine.

Ladepeche.fr. AFP Lundi 26 décembre 2011. Site de l'Institut : http://www.icpal.beniculturali.it/icpl.html


Le site littéraire ActuaLitté ouvre une bibliothèque avec Google Livres

Le journal en ligne ActuaLitté lance avec Google Livres la première bibliothèque numérique intégrée à un magazine littéraire où se retrouvent les millions d'ouvrages libres de droit que la société américaine a numérisés, indiquent mercredi les deux partenaires.

Les internautes trouveront à l'adresse www.actualitte.com/bibliotheque l'ensemble de ces livres, avec la possibilité d'en télécharger la version PDF ou EPUB, sans DRM, précisent les deux acteurs dans un communiqué.

Conçue en collaboration par ActuaLitté et Google Livres, la bibliothèque est accessible depuis la page d'accueil du site, avec une interface personnalisée.

Toutes les options de recherche plein texte, ou en mode image, sont intégrées pour simplifier l'exploration de chaque ouvrage.

Ce catalogue de plusieurs millions d'ouvrages est à découvrir au travers d'une trentaine de thématiques ciblées comme le développement personnel, la poésie, les sciences sociales ou encore les voyages.

Avec ce partenariat, sans exclusivité de part et d'autre, le catalogue de Google disposera pour la première fois d'une intégration complète à un média "pure player" (média né sur le web), souligne le communiqué.

"Google Livres incarne une vision renouvelée de la bibliothèque d'Alexandrie, où l?on copiait les livres pour les sauvegarder. En offrant aux textes la visibilité et l'éditorialisation de ActuaLitté, ce fonds n'existe plus simplement par lui-même : il est actualisé", explique Nicolas Gary, directeur de la publication de ActuaLitté.

Le magazine présentera ainsi chaque semaine des livres en écho avec l'actualité.

"Nous sommes avec ce partenariat au coeur de la vocation de Google, démocratiser l?accès à la littérature et à la connaissance", assure pour sa part Philippe Colombet, directeur de Google Livres en France.

Lancé en 2004, Google Livres compte aujourd'hui plus de 15 millions de livres venant de plus de 40.000 éditeurs et 40 bibliothèques à travers le monde.

Depuis février 2008, ActuaLitté est le premier journal littéraire sur le net à ne dépendre d'aucune rédaction. Avec 400.000 visiteurs uniques chaque mois, il s'adresse aussi bien aux professionnels du livre qu'au grand public.

AFP : 21 décembre 2011.


L'incendie, samedi 17 décembre 2011, de la bibliothèque fondée par Bonaparte au Caire

souligne la fragilité des richesses historiques du pays à l'heure des troubles.

Que reste-t-il des 200.000 ouvrages de l'Institut d'Égypte ravagé par un incendie, samedi, au Caire, en marge d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ? L'inventaire risque d'être long et le préjudice, immense. La majeure partie de ce fonds n'était pas numérisée. Lundi, près de la place Tah­rir, les 22 employés ainsi que deux membres de l'Unesco et des volontaires continuaient de mettre sous sacs plastique des pages en partie calcinées et des volumes noircis. «Nous avons extrait onze containers d'archives, évaluait le secrétaire général Abdel Rahman al-Charnoubi. Il reste encore deux sous-sols à dégager

Le reste des rayonnages d'un bâtiment menaçant désormais de s'écrouler est parti en fumée. Concernant les causes, la France a demandé aux autorités «une enquête exhaustive et transparente». L'armée parle d'un cocktail Molotov; les opposants, d'une provocation. Quoi qu'il en soit, Bernard Valero, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, a pointé «un drame pour la culture universelle, qui illustre les graves dangers que court le patrimoine de l'humanité qu'abrite l'Égypte.» Il a ajouté que «la France était prête à examiner toute demande de soutien à une réhabilitation de l'Institut».

En fin de journée, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, proposait d'ailleurs de mobiliser le savoir faire de la Bibliothèque nationale de France (BnF). «L'action de cette institution a déjà été déterminante pour la sauvegarde de l'Institut des belles-lettres arabes en ­Tunisie.» Pour sa part, l'homologue égyptien de M. Mitterrand a qualifié le sinistre de «catastrophe pour la science», et annoncé la «formation d'un comité de spécialistes de la restauration des livres et des manuscrits quand les conditions de sécurité le permettront».

Un ouvrage unique et monumental

«La création, le 22 août 1798, de l'Institut d'Égypte a fortement contribué à marquer d'une empreinte durable les relations si particulières entre la France et l'Égypte, rappelle à Paris Aurélie Clemente-Ruiz, chargée de collection et d'expositions à l'Institut du monde arabe. À l'origine, cette émanation de la Commission des sciences et des arts, emmenée par Bonaparte lors de sa campagne, s'était installée dans le grand salon du harem d'un superbe palais mamelouk, abandonné par son propriétaire après la bataille des Pyramides. Ce palais-là a disparu au XIXe siècle. Mais pas la bibliothèque, très hétéroclite, structurée en quatre grandes sections: mathématiques, physique, économie politique, arts et littérature.»

À l'origine, l'Institut d'Égypte comptait 36 membres, choisis parmi les personnalités les plus éminentes de la Commission. Elle s'est réunie deux fois par décade jusqu'en 1801. Elle a notamment débattu de deux théories cruciales pour l'histoire des sciences: l'explication par Gaspard Monge du phénomène des mirages et l'étude de Claude Berthollet sur les lacs de natron - d'où est extraite la soude qu'exporte l'Égypte depuis l'Antiquité -, qui a conduit à remettre en cause la thèse, dominante à l'époque, des affinités électives et à avancer l'idée novatrice d'«équilibre chimique», fondamentale pour l'avènement de la chimie moderne.

Dans d'autres palais contigus, Bonaparte avait fait installer une ménagerie, des laboratoires, ateliers et magasins où l'on déposait des collections de toute sorte. C'est de ce «quartier de l'Institut» que partaient les explorateurs et premiers égyptologues. Leur énorme moisson a donné naissance à un ouvrage unique et monumental: la Description de l'Égypte.

Dès février 1802, Bonaparte, devenu premier consul, en a ordonné la publication. La parution s'étendra sur quelque trente années. Elle mettra à contribution 43 auteurs, 80 artistes et 294 graveurs. Divisée en trois parties - Antiquité, Histoire naturelle et État moderne - la Description comprend 157 mémoires, 47 cartes géographiques et 925 planches, dont certaines atteignent un mètre de longueur. Une presse spéciale a été mise au point pour l'impression par Nicolas Conté. Et il a fallu fabriquer un meuble spécifique pour contenir ses vingt volumes. «La Description est à la source de l'égyptologie, dont le déchiffrement des hiéroglyphes, estime Aurélie Clemente-Ruiz. Elle peut aussi être pensée comme le laboratoire de l'orientalisme artistique, ouvrant la voie à une conception ethnographique qui met à distance la vision impérialiste et se tourne vers d'autres valeurs que celles des sociétés d'Occident

Des récits de voyages

L'exemplaire, dont huit volumes ont brûlé samedi, faisait partie de la première édition, tirée à mille. La Bibliothèque d'Alexandrie en conserve un identique, de même, par exemple, que la BnF ou l'Assemblée nationale. L'Imprimerie nationale possède toujours les cuivres. L'Institut d'Égypte conservait également des documents administratifs datant de la présence française, des affiches, divers ouvrages savants et des récits de voyages hollandais et anglais.

Elle possédait enfin les deux premiers périodiques jamais publiés sur les bords du Nil : Le Courrier de l'Égypte, qui reprend l'ordre du jour dicté par le général en chef, et La Décade égyptienne, qui rend principalement compte des travaux de l'Institut. Ces périodiques avaient été édités en deux langues, français et arabe, par l'Imprimerie nationale égyptienne fondée elle aussi par Bonaparte.

Le Figaro. 20 décembre 2011. Eric Bietry-Riviere, Grand Reporter Arts.


Livres anciens : une affaire de spécialistes

La cote des livres anciens n'est pas spéculative et reste assez stable.

En matière de livres anciens, la clientèle, plutôt âgée, recherche surtout des oeuvres de la littérature des XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles. Ce sont généralement des collectionneurs qui basent leur achat sur une thématique (architecture, botanique, érotisme, gastronomie, histoire). Des livres au demeurant pas toujours inabordables. « Une édition d'Erasme peut s'acquérir 300 euros », note Olivier Devers, directeur du département livres anciens chez Artcurial.

La valeur du livre dépend essentiellement de sa rareté et de sa qualité. « Les grands textes classiques des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles signés de grands auteurs (Rabelais, Rousseau...) sont très recherchés surtout s'ils offrent de luxueuses reliures », indique Christoph Auvermann du département livres de Christie's.

Dédicace :

Pour autant, la cote des livres anciens n'est pas spéculative et reste assez stable. Les ouvrages modernes (XXe) offrent forcément un choix plus large et, dans une optique de placement, il faut être très sélectif. Parmi les auteurs en vogue : Georges Perec, Patrick Modiano, Samuel Beckett, Jean-Paul Sartre, Blaise Cendrars, Le Clézio... S'il possède une belle reliure, cela ajoute à sa valeur car c'est plus rare que sur les livres anciens. « Une édition en grand papier (édition limitée) de "La Vie mode d'emploi", de Georges Perec, s'est récemment vendue 20.000 euros », indique Olivier Devers.

Et si le livre est annoté ou dédicacé de la main de l'auteur, son prix s'envole. Chez Blaise Cendrars, par exemple, tout ce qui a été écrit avant son amputation du bras droit pulvérise les ventes. « A titre d'exemple, un tirage de tête de "Moravagine" estimé entre 3.000 et 5.000 euros, qui portait envoi à sa femme de sa main, est parti à 15.000 euros. » Même chose, pour les manuscrits et autographes qui suscitent aussi l'engouement. Depuis une dizaine d'années, leur cote s'envole. Une lettre de Proust, qui se vendait 3.000 euros au début des années 2000, s'échange aujourd'hui de 15.000 à 20.000 euros. En cas de revente, la taxation est la même que pour les objets d'art et d'antiquité.

C. S.

Côté rendement Un livre ancien perd rarement de sa valeur. La littérature russe est toutefois en perte de vitesse, la demande s'étant érodée. Une certaine spéculation existe, qui se manifeste essentiellement sur le marché des manuscrits et autographes depuis quelques années.

Où s'adresser ? Chez les libraires et les experts spécialisés, les maisons de vente aux enchères (Sotheby's, Christie's, Artcurial), les associations d'experts tels la CNES (www.exertscnes.fr ou le SFEP (www.sfep-experts.com).

« Histoire de la princesse Boudour », conte des « Mille et Une Nuits » traduit par leDr J-C Mardrus Paris, 1926.Le plus précieux etle plus rare des livres illustrés par François-Louis Schmied. Estimé 25.000-30.000 euros, vendu 152.000 euros.

Ref : Les Echos. Colette Sabarly. 16 décembre 2011.


Créé en 860 en France, l’évangéliaire de Strahov bientôt en fac-similé

L’évangéliaire de Strahov, le plus ancien livre existant sur le territoire de la République tchèque, déposé dans un coffre-fort de la bibliothèque du monastère de Strahov, va être reproduit en fac-similé. Si jusqu’à présent, les personnes intéressées ne peuvent feuilleter ce précieux document du IXe siècle que dans sa forme numérisée sur Internet, 199 exemplaires en fac-similé seront à leur disposition dès le mois de janvier 2012. Une occasion unique d’admirer le manuscrit vieux de plus de 1 100 ans s’est présentée à l’occasion de la signature du contrat sur les droits de reproduction entre le monastère de Strahov et la société Tempus Libri chargée de réalisation de reproductions exactes. Le parcours de l’évangéliaire richement enluminé, créé en 860 dans le scriptorium du monastère de Tours, en France, et apporté à Prague par les premiers prémontrés, fondateurs du monastère de Strahov, dans cette page d'histoire :

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Le 17 aout 2011


Appel de fonds pour restaurer le Hameau de Marie-Antoinette à Versailles.

C'est émouvant de se dire que depuis que la reine n'est plus là, il ne s'y est rien passé.» Maryvonne Pinault gravit l'escalier en colimaçon avec prudence; les fondations sont incertaines. C'est une maison à pans de bois, au toit de chaume, simple, chargée d'histoire, posée à côté d'un étang, à quelques jets de pierre du Petit Trianon. L'ombre de Marie-Antoinette y flotte, avec cette légèreté dont on la rendit coupable. La reine fit bâtir ce hameau - réduction de campagne - durant l'hiver 1782. Elle aspirait à une vie paisible, proche de la nature; y vécut en fermière. Quelques années plus tard, la plus glorieuse monarchie du monde serait emportée dans la tourmente de la Révolution: quand les monarques ne croient plus en eux-mêmes, le peuple les dévore.

Poignante fragilité

Pour la première fois depuis des siècles peut-être, des décennies certainement, le salon est illuminé; modérément. Il n'y a pas d'électricité, on a dû tirer des fils. Jean-Jacques Aillagon reçoit à dîner une vingtaine de fidèles, épris de ce Versailles qu'il a fini par appeler «ma maison». Sous son règne, le château a retrouvé son faste, accru le nombre de ses visiteurs, de ses mécènes, est redevenu, aux yeux du monde entier, un lieu de fête, de culture, de spectacle. On s'y est émerveillé, querellé, promené. Le combat continue : il faut sauver le joyau de la reine. La chaumière se lézarde, ses escaliers s'effondrent: poignante fragilité.

Autour de la table, Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers, Lionel Breton, PDG de Martell, Lily Safra, milliardaire philanthrope, Nicolas Bazire, numéro deux du groupe LVMH… Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, est venu prêter main-forte. Jean-Jacques Aillagon, inlassable Frère mendiant, délimite les urgences. Cinq millions d'euros sont nécessaires pour restaurer la Maison de la reine et la Laiterie: c'est peu pour tant de grandeur.

lLe Figaro 15 juillet 2011. Bertrand De Saint Vincent .


Pour Céline, les enchères s'envolent à Drouot. Vendredi 17 juin 2011.

L'hôtel Drouot organisait une vente consacrée à Louis-Ferdinand Céline, pour le cinquantenaire de sa mort. Editions originales ou objets plus insolites ont fait s'enflammer les acquéreurs.

C'est bien simple, à l'ouverture de la salle 2 de l'Hôtel Drouot, ce 17 juin, peu avant 14 heures, on se serait cru dans l'une de ces scènes des romans de Céline, où une foule en délire joue des coudes avant de lyncher un innocent. Il ne s'agissait pourtant que de trouver une place pour assister à la grande vente aux enchères organisée par la maison Neret-Minet & Tessier à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort l'auteur de Voyage au bout de la nuit. Dans les travées, on reconnaissait le comédien Jean-Paul Rouve, le biographe et avocat de la veuve de l'écrivain, Me François Gibault ou le jeune célinien David Alliot. Parmi les acheteurs, on remarquait aussi Patrice Espiau, fils d'un juré du Prix Renaudot qui, en 1932, avait fait basculer les délibérations en faveur de Voyage au bout de la nuit. Un connaisseur, assurément...Et puis, alors que les premiers lots étaient déjà vendus, une voix s'élève soudain : " Pourrait-on installer une chaise pour la petite-fille de Louis-Ferdinand Céline ? " On installa une chaise, sur laquelle, une dame discrète vint s'asseoir.

Mais déjà les enchères s'envolaient. Enchères imprévisibles, certains lots estimés très hauts calant assez vite -telle cette édition originale de Mort à Crédit sur papier Japon impérial truffée d'une page manuscrite, partie à " seulement " 50 000 euros (auxquels il convient d'ajouter des frais d'environ 20%)-, d'autres lots montant assez haut -les éditions de luxe des romans de Céline illustrés par Tardi, par exemple (jusqu'à 3500 euros pour un Casse-Pipe).

Les pamphlets ont fait leur petit effet habituel, atteignant des prix fous, poussés par des libraires penchant nettement à droite : une édition originale de Bagatelles pour un massacre sur alfa, avec dédicace, s'est ainsi envolée à 10 000 euros (quatre fois le prix estimé...) et une édition-pirate des Beaux Draps , datant de 1981, s'est arrachée à 1300 euros !

On revenait à des prix plus raisonnables avec les manuscrits : 7500 euros pour 35 pages de Féérie pour une autre fois -prix assez bas- ou 30 000 euros pour une belle correspondance avec le journaliste suisse Paul Bonny. Autre rareté, une lettre à Arletty culminait à 3200 euros...

Parmi les curiosités de la vente : un célinien emportait, pour 1200 euros, le titre de pension définitive d'invalidité à 70% de l'ancien combattant Louis Destouches, alias Céline, " blessé par balle le 27 octobre 1914 ". Un autre passionné, sans doute doté de longs rayonnages, faisait l'acquisition, lui, d'une collection complète du célèbre Bulletin célinien, soit 9 grandes boites reliées, le tout pour 7000 euros ! Enfin, David Alliot s'offrait un ensemble de lettres de Lucette Destouches à Paul Bonny, au prix raisonnable de 800 euros.

Enfin, ultime clin d'oeil, le catalogue de la vente, totalement épuisé, devenait déjà un objet convoité par tous ceux qui n'étaient pas parvenus à se le procurer ! On ne serait pas étonné de le voir passer prochainement dans une vente à Drouot... [ Lire et Voir le Catalogue Ici ]

Par Jérôme Dupuis (L'Express), publié le 17/06/2011 à 18:30


BnF : la campagne de numérisation bat son plein

Autour de la plateforme numérique Gallica, la numérisation bat son plein au sein de la Bibliothèque nationale de France. Intégrée à la grande campagne lancée depuis 2009, la société Azentis s’est vu confier la mission de numériser les collections des départements spécialisés de la BnF.

Au rythme actuel de numérisation que tiennent les dix photographes œuvrant pour la société Azentis, ils devraient réaliser un million de clichés qui seront ensuite mis en accès libre sur Gallica. Créée en 2000 cette société opère sur des supports variés, des manuscrits aux estampes et gravure en passant par les photographies, les albums, actes royaux, parchemins, lettres ou encore partitions musicales.

Certains documents ont fait l’objet d’une numérisation en prévention d’un futur départ des collections. C’est le cas de l’ensemble des 296 manuscrits coréens conservés à la BnF depuis 1867 mais qui retournent à Séoul, suite à l’accord inter-gouvernemental passé en février dernier entre la France et la Corée du Sud.

Les procédés utilisés par Azentis au sein de la BnF permettent une numérisation à haut volume pour des documents rares et précieux. Les images produites varient d’une définition allant de 400 à 600 dpi. Une fois leur acquisition terminée, il n’y a aucun traitement à ajouter : elles peuvent être directement diffusées.

Victor de Sepausy, le mercredi 25 mai 2011


Des manuscrits inconnus de Robespierre iront à l'Etat français

L'Etat français a exercé mercredi son droit de préemption à la vente aux enchères chez Sotheby's à Paris de manuscrits inédits de Robespierre, adjugés plus de 900.000 euros et qui devraient ainsi rester dans le patrimoine national, a constaté une journaliste de l'AFP.

L'ensemble des documents, écrits par le chef des révolutionnaires français au plus fort de la Terreur, entre 1792 et 1794, était évalué entre 200.000 et 300.000 euros. Ils devraient être acquis pour un montant total de 979.400 euros par l'Etat français au nom des archives nationales.

L'acquisition, réclamée par des historiens et plusieurs partis politiques de gauche notamment, devrait être possible en partie grâce à une souscription nationale lancée par la société des études robespierristes qui a déjà atteint "près de 100.000 euros", selon son secrétaire général Serge Aberdam.

Ces écrits de Maximilien Robespierre, né en 1758 à Arras (nord) et guillotiné en juillet 1794 à Paris, ont été conservés pendant plus de deux siècles par les descendants de son ami Le Bas.

Ce sont les manuscrits de premier jet d'un des plus féconds penseurs de la Révolution, du "Discours des Jacobins sur la Guerre" le 25 janvier 1792 à celui qu'il prononce la veille de sa mort, le "Discours du 8 Thermidor", le 26 juillet 1794. L'ensemble réunit les fragments de cinq discours et quatre articles, ainsi que des notes éparses et une lettre à un correspondant inconnu sur le fond de sa philosophie : le rapport difficile entre Bonheur et Liberté.

AFP 18 mai 2011.


Vente chez ARTCURIAL - Paris, le 10 mai de lettres inconnues de Céline écrites de 1939 à 1948.

Un ensemble de 36 lettres autographes inconnues de Louis-Ferdinand Céline, adressées de 1939 à 1948 au Dr Alexandre Gentil, qui fut un ami très proche de l'écrivain, sera vendu par Artcurial le 10 mai, a indiqué vendredi la maison d'enchères. [VOIR LE CATALOGUE ICI]

Restée inédite, cette somme de 116 pages, estimée de 90.000 à 100.000 euros, est importante pour la compréhension des années noires de Céline, sa fuite en 1944, son emprisonnement au Danemark jusqu'en 1947, puis son exil sur les bords de la Baltique jusqu'en 1951.

"De nombreux passages de cette correspondance sont la preuve indéniable de l'importance des liens qui existent" entre le Dr Gentil, médecin militaire, et le Dr Destouches, alias Céline (1894-1961), qui s'étaient rencontrés au Val de Grâce en 1914, souligne la maison Artcurial Briest Poulain F. Tajan dans un communiqué.

Sous l'Occupation, Gentil héberge des collaborateurs, certains envoyés par Céline. Il est l'un des premiers correspondants de Céline quand il est en prison.

C'est aussi l'une des rares personnes que l'auteur du "Voyage au bout de la nuit" avertit de son départ en 1944. Lettre du 15 juin : " Mon bien cher vieux, il a fallu d'une façon pressante partir à la campagne ! (...) J'espère que ce ne sera pas long." Ce voyage durera sept ans.

Céline écrit le 4 septembre 1945 de Copenhague : "Je ne vis ici qu'en état d'isolement moral quasi-total !" et plus loin "Dans une autre vie, je t'assure que je ne me dévouerai plus pour personne. Je me ferai faire un passeport animal. J'irai à quatre pattes. Je renierai les hommes."

La publication de trois ouvrages violemment antisémites avait amené Céline à fuir la France au lendemain du débarquement. Après huit mois passés à Copenhague, il est sous le coup d'un mandat d'arrêt pour trahison.

En décembre 1945, il est placé en détention dans le quartier des condamnés à mort d'une prison danoise. Le Danemark refuse de l'extrader et le remet en liberté "sur parole" le 24 juin 1947. En avril 1951, l'ancien combattant Louis Destouches est amnistié par la justice française, ce qui permet au plus célèbre des écrivains maudits de rentrer en France.

Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a décidé le 21 janvier de retirer du calendrier des célébrations nationales de 2011 le nom de Céline.

AFP - 29 avril 2011.


Musée de Guéret : un portrait de femme accoudée

Le peintre a pleinement su tirer partie de la lumière en campant cette Femme accoudée à une table et écrivant. Cette huile sur toile est datée de 1894 et signée de Henry Bellery-Desfontaines. Elle a été offerte au musée municipal de Guéret par la généreuse Mme Mazet.

Bellery-Desfontaines a représenté une jeune femme, de profil, vêtue de noir, le coude posé sur table. Elle est songeuse, perdue dans ses pensées. Sur la table, on remarque un encrier et des plumes. La lumière met en valeur le visage et la main. Cette toile, de bonne facture, permet de redécouvrir un artiste aujourd'hui méconnu.

Né en 1867 à Paris, il a été formé par Pierre-Victor Galland puis dans l'atelier de Jean-Paul Laurens à l'École nationale des Beaux-Arts de Paris. Il est alors chargé de tracer la perspective et la composition générale de peintures décoratives imaginées par Laurens (Salon Lobau, Hôtel de ville de Paris). Comme d'autres élèves de Laurens, il a réalisé des décors pour l'Hôpital de la Charité. Il a élaboré ainsi une série de "portraits-charges" dans les années 1892-1900. À cette époque, il a également illustré des ouvrages de bibliophilie signés d'Anatole France et d'Ernest Renan. Il a réalisé des lithographies, des affiches et des publicités.

Grâce à ses amis médecins, il imagina ses premiers meubles. Le Dr Tissier lui commanda notamment un intérieur complet de salon qui fut montré à l'Exposition universelle de Paris. Bellery-Desfontaines, encouragé par ce succès, se consacra de plus en plus au mobilier. Il réalisa des chambres à coucher, des salons, des salles à manger. Il disparut prématurément le 7 octobre 1909, à l'âge de 42 ans, après avoir consommé des huîtres en Normandie. Il fut emporté par une fièvre typhoïde.

Bellery-Desfontaines (1867-1909) était un peintre qui s'est intéressé à la bibliophilie mais aussi au mobilier. Il a laissé de nombreux projets inachevés.

Robert Guinot. La Montagne. samedi 9 avril 2011.

Renseignements au 05.55.52.37.98.


LA FRANCE TRESOR DES BIBLIOPHILES

Des manuscrits inédits de Joyce et Montfreid ainsi qu'un monumental ensemble sur Victor Hugo réveillent le printemps parisien.

En France, terre de prédilection de la littérature, le marché de la bibliophilie coule des jours heureux, ponctués de belles découvertes, mais souvent disséminés dans les ventes. En épluchant les catalogues du printemps, un œil averti ne peut manquer, dans son coffret de toile bleue un peu passée, le volume d'Ulysse de James Joyce, avec sa couverture usée. C'est l'unique rescapé de la rarissime et mythique troisième édition, lourde d'histoires et de rebondissements. Estimé faiblement entre 10.000 et 15.000 € par Piasa, cet exemplaire publié à l'adresse d'Egoist Press à Londres, en 1922, mais imprimé par Maurice Darantière à Dijon, excite déjà les amateurs, tant l'histoire de la parution aux États-Unis de ce roman relatant les pérégrinations de deux Irlandais dans Dublin, lors d'une journée ordinaire de 1904, a suscité la polémique. Cette épopée de la chair fut jugée pornographique sous les cris de la société new-yorkaise pour la suppression du vice qui déposa une plainte. Le livre fut interdit aux États-Unis qui ne l'autorisèrent à la vente qu'en 1931.

Saisis et détruits

La première édition d'Ulysses (le titre original) en anglais fut imprimée, en février 1922, par Shakespeare and Company, à 1000 exemplaires. Elle s'arrache aujourd'hui à prix d'or: un exemplaire non coupé sur Dutch (papier fait à la main) s'envola à 239.621 € en avril 2004, chez Sotheby's à Londres. Hemingway se chargea de passer en contrebande les premiers volumes souscrits par ses compatriotes. Une seconde édition destinée aux pays anglo-saxons vit le jour en octobre 1922. Sur les 2000 exemplaires, 500 furent saisis par la douane américaine et 400 détruits à Londres. En réaction contre cette censure, Egoist Press fit réimprimer 500 exemplaires qui, selon diverses sources, parurent en 1923. Mais des 500 volumes de cette troisième édition, 499 furent à nouveau saisis et détruits par les autorités douanières de Folkestone, sauf un: celui vendu chez Piasa et miraculeusement ressorti d'un tiroir, dont l'expert Emmanuel Lhermitte ne veut divulguer l'adresse.

Autre petite merveille qui n'a pas vu le jour depuis 1929, date de sa commande par un grand bibliophile parisien au relieur de l'Art nouveau Charles Meunier: l'ensemble monumental en 45 volumes de l'œuvre de Victor Hugo. C'est l'un des cinquante exemplaires de tête sur japon de cette édition nationale composée de sept parties et publiée au lendemain de la mort de l'écrivain. On ne connaît que deux autres exemplaires de la même édition, également reliés par Charles Meunier mais ornés de cuirs ciselés très différents. Le premier venait des libraires lyonnais Bernoux, Cumin et Masson. Il fut présenté à l'Exposition universelle de 1900 et vendu pour la somme de 100.000 francs or (250.000 € actuels). Le deuxième appartenait à la bibliothèque d'un amateur lillois, Hector Franchomme. En parfait état de conservation, l'exemplaire orné de superbes eaux-fortes vendu par Aguttes, ce jour, à Lyon, devrait dépasser l'estimation bien prudente de 35.000 €, car il est le seul signé de la main du relieur.

Dans le même temps, à Paris, les collectionneurs, se disputeront l'ensemble des six manuscrits d'Henry de Monfreid mentionnés dans sa succession, mais jamais catalogués ni proposés encore à la vente. Parmi cet ensemble vendu avec faculté de réunion, il y a deux petits bijoux: La Croisière du haschich (estimation 28.000 à 30.000 €), mais surtout Les Secrets de la mer Rouge, titré de la main de ce fils de peintre et collectionneur, ami de Gauguin et Matisse, qui partit pour échapper à la routine à Djibouti en 1911 comme commis dans un comptoir. Estimé 30.000 à 35.000 €, ce manuscrit autographe du premier jet, composé de 226 pages autographes et 127 pages tapuscrites, est une bouffée d'aventure. «Dans ces lignes écrites par ce mercenaire pourchassé et emprisonné, observe l'expert Claude Oterelo, on respire la sueur de son front. L'émotion à l'état pur…»

Le Figaro 7 avril 2011. Béatrice De Rochebouet


L'Imprimerie nationale se dévoile au ministère

Jusqu’au 25 avril, le ministère de la Culture et de la Communication présente, dans les vitrines du péristyle et de la galerie de Valois (Paris 1er), « les trésors de l'atelier du Livre d'art et de l'estampe de l'Imprimerie nationale ». Cette exposition est le neuvième volet du cycle « Métiers d'art en scène ».

Trésors de l’Imprimerie nationale. Dans le cadre du cycle d'expositions « métiers d'art en scène », le ministère de la Culture et de la Communication présente « les trésors de l'atelier du Livre d'art et de l'Estampe de l'Imprimerie nationale ». Jusqu’au 25 avril, les vitrines du péristyle et de la galerie de Valois à Paris accueillent les éléments les plus significatifs et les plus prestigieux du patrimoine accumulé par l'Imprimerie nationale au cours des siècles. Cinq grandes vitrines présentent un métier de l'imprimerie : la lithographie, la monotype, la phototypie, la typographie et le matériel de poinçons. Chaque vitrine est illustrée par des productions remarquables de l’atelier. Deux petites vitrines présentent des ouvrages remarquables de bibliophilie, ainsi que des exemples de création de caractères et de typographie orientale.

L’atelier du Livre d’art et de l’Estampe de l’Imprimerie nationale constitue un ensemble unique au monde qui résume l’histoire du livre imprimé et en expose les techniques artisanales. Création de caractères, gravure de poinçons, fonte de caractères en plomb, composition manuelle et mécanique au moyen de caractères latins et orientaux, impression typographique, taille-douce, lithographie, phototypie, reliure et papeterie, tous ces métiers restent vivants à l’Imprimerie nationale et se conjuguent pour produire des ouvrages d'exception à tirage limité alliant la beauté des caractères à celle des figures. Les compositeurs typographes disposent de sept caractères latins exclusifs ainsi que des caractères orientaux créés ou acquis au fil des siècles depuis les Grecs du Roi dessinés et gravés par Claude Garamont pour François Ier.

À partir de ce patrimoine historique, les artisans de l’atelier du Livre d’art et de l’Estampe produisent des œuvres à la demande d’artistes, d’éditeurs, de galeristes, de sociétés de bibliophiles ou encore d’institutions publiques et entreprises privées.

Métiers d’art en scène : Les trésors de l'atelier du Livre d'art et de l'Estampe de l'Imprimerie nationale du 23 mars au 25 avril 2011.  Vitrines du Palais Royal, ministère de la Culture et de la Communication. Galerie de Valois - accès ligne 1, Métro Palais Royal - Musée du Louvre. Horaires d’ouverture du jardin : de 7h30 à 20h30


Un livre : La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, par Maud Hamoury

La richesse du patrimoine religieux breton n'est plus à demontrer.

Pourtant l'étude de la peinture religieuse bretonne aux XVIIe et XVIIIe siècles, négligée par les érudits en raison de sa pauvreté supposée, restait encore à découvrir. Maud Hamoury a mené une enquête approfondie sur le terrain et dans les fonds d'archives dont elle nous livre le résultat dans ce travail qui s'inscrit dans la lignée des grands travaux érudits du XIXe siècle, à commencer par ceux de Philippe de Chennevières. Elle propose ici la première synthèse de quelque ampleur sur le sujet et apporte à travers ce travail une importante contribution à l'histoire de la production picturale en province.

L'ouvrage analyse les mecanismes de la commande, étudie les centres de production, l'environnement social et matériel des peintres, le statut et la formation, analyse le métier de peintre, le processus de création des ceuvres à travers l'étude des sources d'inspiration et en particulier la gravure et enfin s'attache à 1'étude des ceuvres d'un point de vue quantitatif et qualitatif.

L'étude s'accompagne d'un dictionnaire d'artistes et d'un catalogue des ceuvres conservées en Bretagne.

Cette étude permet de démentir 1'idée communement admise d'une Bretagne sans peintre et apporte la preuve que la production picturale est le reflet d'une large ouverture sur la culture artistique européenne.

Maud HAMOURY est docteur en histoire de l'art. Cet ouvrage est une version remaniée de sa thèse de doctorat d'histoire de l'art soutenue en 2006 a l'université Rennes 2.

Presses Universitaires de Rennes. grand in8° Prix. 24. €


Décès de l'helléniste et académicienne Jacqueline de Romilly

L'académicienne Jacqueline de Romilly, spécialiste de la civilisation et de la langue grecques, qui fut la première femme professeur au Collège de France, est décédée samedi à l'âge de 97 ans, a-t-on appris dimanche auprès de son éditeur Bernard de Fallois. Jacqueline de Romilly, qui incarnait l'enseignement des études grecques classiques en France ainsi qu'une conception exigeante et humaniste de la culture, a écrit, en plus de 60 ans, de très nombreux ouvrages.

En 1988, elle était devenue la deuxième femme élue à l'Académie française, après Marguerite Yourcenar.

Membre correspondant étranger de l'Académie d'Athènes, elle avait obtenu la nationalité grecque en 1995 et avait été nommée ambassadrice de l'hellénisme en 2000.

L'académicienne s'est éteinte samedi après-midi à l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine, proche de Paris), a précisé à l'AFP son éditeur et ami Bernard de Fallois. "Depuis longtemps elle était très malade, mais pour tous ses amis, c'est quand même un très grand choc", a-t-il dit.

Le président Nicolas Sarkozy a salué dimanche la mémoire de Jacqueline de Romilly jugeant qu'avec elle s'éteint "une grande humaniste dont la parole nous manquera".

"La vie et l'oeuvre de Jacqueline de Romilly sont baignées d'une lumière puisée aux sources d'une très haute civilisation - la civilisation grecque -, une flamme qu'elle a transmise et entretenue toute sa vie durant, jusqu'à son dernier souffle", écrit l'Elysée dans un communiqué.

Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a lui aussi a rendu hommage à l'académicienne estimant que "disparaît l'un des très grands esprits de notre temps".

"Maître en ces +humanités+ qu'elle enseignait depuis si longtemps, Jacqueline de Romilly était elle-même l'humaniste par excellence", a déclaré le ministre dans un communiqué. "Sa science du passé en faisait une femme éminemment actuelle", a-t-il poursuivi.

"Jacqueline de Romilly aura gardé jusqu'au terme de son existence presque centenaire, un même enthousiasme, une même passion, une même énergie inlassable pour défendre non seulement l'enseignement du grec et du latin mais aussi celui de notre langue", a souligné M. Mitterrand.

"C'est une perte pour notre pays", a réagi sur France Info Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie Française. "C'est une femme qui a porté toute sa vie la langue et la culture grecques parce qu'elle considérait (...) que c'était une éducation (...) à la compréhension de la liberté de l'individu, de l'attachement à la démocratie", a-t-elle souligné.

"Elle a souffert énormément depuis quelques dizaines d'années de voir l'étude de cette langue décliner, et cela a été pour elle un immense chagrin", a-t-elle ajouté, jugeant que le meilleur hommage à lui rendre "serait d'attacher plus d'importance désormais à la langue grecque dont elle a été le plus grand défenseur dans notre pays".

"Elle faisait la conquête de beaucoup de gens parce qu'elle était extrêmement simple, mais en même temps elle était assez ferme dans sa manière d'être", a décrit Bernard de Fallois.

"Elle désarmait par son espèce d'autorité naturelle. Elle avait ce mélange de simplicité, de sérieux et de gaîté des grands professeurs", a-t-il ajouté.

AFP - 19 décembre 2010


Microsoft va faciliter l'accès à la bibliothèque numérique de la BNF

Le président de la Bibliothèque nationale de France, Bruno Racine, et celui du géant américain Microsoft, Steve Ballmer, ont signé jeudi un accord facilitant l'accès à la bibliothèque numérique de la BNF, Gallica, ont-ils annoncé lors d'une conférence de presse à Paris.

Le contenu des 1.250.000 documents de gallica.fr sera ainsi beaucoup plus facilement accessible sur Bing, le moteur de recherche du numéro un mondial des logiciels. Seuls les contenus de Gallica numérisés à partir des fonds libres de droits de la BNF sont concernés par cet accord, "le premier du genre pour Microsoft", a souligné M. Ballmer.

"Cet accord marque une étape décisive dans la concrétisation de notre vision de la recherche sur internet en France: la collaboration avec les institutions et partenaires français dans le respect de leur identité, de la propriété intellectuelle et du développement de la société de la connaissance", a poursuivi M. Ballmer.

Pour Bruno Racine, "cet accord sans exclusive, qui porte sur l'indexation et non la numérisation, va démultiplier l'audience de Gallica et contribuer ainsi à la diffusion mondiale des richesses culturelles de notre pays".

"En 2008, Gallica avait 3 millions de visites, 4 millions en 2009, plus de 7 millions cette année et nous visons un doublement de ce chiffre à un horizon pas très lointain", a-t-il ajouté.

Site de référence qui reçoit aujourd'hui 23.000 visites par jour et s'enrichit constamment, Gallica offre aux internautes un nombre considérable de documents et plus de 40 millions de pages transformées en fichiers texte qui contribuent à inscrire ses contenus dans le web dit "profond", difficilement indexé par les moteurs de recherche.

"L'idée de ce partenariat est de surmonter cette difficulté afin qu'au final l'internaute accède en bonne place aux ressources de Gallica", a insisté M. Racine.

"La mise en place de ce service de recherche spécifique et dédié au patrimoine documentaire de la BNF permettra de proposer aux utilisateurs de Bing des résultats enrichis et plus pertinents", ont souligné les signataires.

"Les internautes auront directement les réponses en ligne issues de Gallica. Ils bénéficieront aussi d'un service de recherche visuelle innovant, sous la forme d'une galerie d'images", ont-ils ajouté.

Conclu pour une durée d'un an reconductible, l'accord n'a pas de dimension financière et ne contient aucune clause d'exclusivité : Microsoft est libre de lier des accords du même type avec d'autres bibliothèques, tout comme la BNF avec d'autres acteurs du secteur des technologies de l'information et de la communication.

Il prendra effet dans le cadre du lancement de Bing en France "dans les prochains mois", a dit M. Ballmer sans plus de précision.

Par ailleurs, M. Racine a indiqué qu'il était "probable que la BNF lance des appels à partenariat, cette fois pour la numérisation, en particulier de la presse du 19e siècle et du début du 20e".

Le site internet de Gallica. : http://gallica.bnf.fr/

AFP - 07 octobre 2010


La National Gallery démêle le vrai du faux .

Le grand musée londonien s'est penché sur une quarantaine de ses œuvres qui ont révélé de mauvaises surprises.

Oui, elle s'est trompée. Comme toutes les grandes collections du monde. Ni plus ni moins. Cependant, la National Gallery a le courage de le reconnaître. Son exposition actuelle, «A Closer Look», présente quelques faux avérés de son fonds mais aussi des exemples d'attributions erronées, finalement décevantes (Une Allégorie longtemps prise pour un Botticelli) ou miraculeuses (la version originale de La Madone aux œillets de Raphaël), des énigmes pures et des tableaux tellement repeints au fil du temps et des goûts, ou composés à tant de mains que le meilleur des experts y perd son latin.

L'histoire de l'art est ainsi faite. C'est une science très relative où les pièges et les surprises, bonnes comme mauvaises, abondent. La quarantaine d'œuvres sélectionnée par la National Gallery forme ainsi autant de cas de figures. Tableaux d'escrocs patentés, supercheries de plaisantins très doués, innocentes copies d'atelier prises ultérieurement pour des travaux autographes… Parfois le faussaire est si talentueux qu'il touche au génie. On ne se privera donc pas d'admirer telle Vierge à l'Enfant avec ange, un brin trop sexy pour être honnête, merveilleux quattrocento dupliqué par un anonyme de la seconde moitié du… XIXe siècle!

Autre motif de confusion:parfois l'élève suiveur se révèle aussi passionnant que son professeur inspirateur. Angelo Caroselli par exemple. Il devrait être accroché en permanence en regard de Nicolas Poussin. Ainsi l'institution anglaise, non sans un humour très british ni quelque humilité, reconnaît qu'elle avance sur des sables très mouvants. Où l'authentique n'est pas forcément garant de la beauté, où la copie n'est pas forcément une tromperie, où l'œuvre n'est pas forcément pièce unique.

Elle a péché par excès de confiance en achetant un Holbein qui n'en est pas un. Elle a accepté trop rapidement les Delacroix qu'elle montre aujourd'hui comme un aveu:l'un est un autoportrait qui n'est que la copie d'un vrai conservé à Paris. L'autre est un faux mais dû à un vrai peintre doublé d'un farceur. N'en déplaise à Pierre Soulages, rien n'est donc noir ou blanc en peinture. Seule une collaboration serrée entre scientifiques, restaurateurs et historiens permet de se prononcer sérieusement entre le faux, le vrai ou le probable.

La science en renfort

La question de l'attribution en particulier demeure toujours hautement sensible. Car il s'agit notamment, pour certaines œuvres, de séparer ce qui relève de la main du maître de celles de son ou de ses assistants. Dans La Vierge et l'Enfant entourée de deux anges de Verrochio (1476) les dernières analyses permettent d'affirmer que c'est à Lorenzo di Credi qu'on doit l'ange de droite et l'Enfant Jésus.

Quant aux contrefaçons certaines sont si intelligentes, composées non seulement avec le style mais aussi avec les matériaux de l'époque, qu'on présume aisément de l'existence de nombreuses autres, si parfaites qu'elles demeureront éternellement accrochées aux plus prestigieuses cimaises. Certes, récemment venus en renfort de l'œil et de la culture du connaisseur, l'infrarouge, la radiographie, la microscopie électronique, la spectrométrie de masse et même, à Paris, un accélérateur de particules unique au monde ; toutes ces techniques ont réduit le risque. Considérablement mais pas absolument.

«À la loupe:faux, erreurs et découvertes» jusqu'au 12 septembre à Londres, National Gallery. Entrée gratuite. Petit catalogue en anglais 96 p., 6,99 £. Tél. : + 44 (0) 20 7747 2885. www.nationalgallery.org.uk

REf : Figaro 30 juillet 2010. Eric Bietry-Rivierre


Bibliothèques sans frontières donne des livres aux victimes du séisme d'Haïti.

Bibliothèques sans frontières (BSF) a annoncé mardi qu'elle allait apporter des centaines de milliers de livres aux sinistrés du séisme qui a ravagé Haïti le 12 janvier, faisant plus de 250.000 morts et détruisant de nombreuses écoles et bibliothèques.

"Nous allons monter des mini-bibliothèques et des coins de lecture dans les camps de réfugiés et dans les quartiers ainsi que dans les écoles et les universités", a précisé à l'AFP Patrick Weil président de BSF.

L'organisation, qui oeuvre en faveur de la diffusion des livres, avait commencé à travailler en Haïti avant le séisme, mais les bibliothèques ont été détruites et de nombreux ouvrages perdus dans la catastrophe.

"Nous avions emmené plus de 30.000 livres en Haïti avant le 12 janvier et nous travaillions avec les responsables de la bibliothèque nationale d'Haïti. Maintenant il faut recommencer", a indiqué Patrick Weil.

Avant le séisme, des livres avaient déjà été distribués par l'organisation dans une prison pour adolescents avec l'aide de la mission de paix des Nations Unies en Haïti, mais la prison a été détruite, tout comme la bibliothèque nationale et celles d'institutions comme le ministère des Affaires étrangères dont les livres ont toutefois pu être récupérés grâce à BSF.

Bibliothèques sans Frontières compte lancer la première grande bibliothèque numérique d'Haïti et remettre des lots composés de 500 livres à chacune des facultés de l'Université publique d'Haïti en attendant de reconstruire la bibliothèque centrale de l'université haïtienne, a-t-on également appris.

L'organisation, qui a obtenu une bourse de 750.000 euros de l'Académie française, va consacrer ce prix à l'achat d'équipements pour les bibliothèques d'Haïti et continue de collecter des livres en Europe et ailleurs dans le monde pour le pays, a encore indiqué le président de l'organisation.

Ref : AFP - 21 juillet 2010


L'histoire passionnante d'un manuscrit exceptionnel

Un manuscrit, traduit au XII e siècle, un temps disparu, et aujourd'hui possession de l'Université de Montpellier est prêté au Musée de la Ville pour quelques jours. Jeudi, la Commission archéologique a fait toute la lumière sur cet objet inestimable.

Abulcassis fut l'un des plus grands chirurgiens arabes. A la fin du Xe siècle, début du XIe siècle, il a oeuvré à Cordoue, la capitale de l'Espagne musulmane, et s'est imposé comme le grand maître de la chirurgie hispano arabe. Homme dévoué, il recevait des patients et des étudiants venus de toute l'Europe et du reste du monde islamique.

C'est en plongeant au coeur de la rivalité grandissante entre Bagdad l'Abbasside et Cordoue l'Omeyade que Jacques Michaud, le président de la Commission archéologique a replacé le manuscrit dans son contexte.

Lors d'une séance éblouissante, le professeur a tracé l'itinéraire des savoirs, et l'importance des traductions, depuis l'Inde, Bagdad, le monde Grec, Cordoue et le monde occidental. "A l'époque, on se passionnait pour la philosophie, qui était étudiée au même titre que la médecine, car elle était une part de l'homme et de la nature. Mais onconversait aussi bien sur l'astrologie, l'alchimie, la magie. La pensée Aristotélicienne a été traduite en hébreu, puis en latin, et il faut s'imaginer ces manuscrits voyageant à travers l'Egypte, l'Afrique du Nord et gagner Tolède et Cordoue. Dans l'Espagne andalouse, le mouvement des traducteurs eut une importance considérable, notamment grâce à des juifs passionnés par l'art de la traduction" a expliqué Jacques Michaud. Cordoue comptait au Xe siècle 1 million d'habitants et 80 écoles, 50 hospices et sa bibliothèque contenait plus de 600 000 ouvrages ! Les écoles de Cordoue, Tolède, Saragosse et Séville connurent de très grands médecins, dont Abulcassis, mais aussi Avenzoar et Averroès. L'oeuvre médicale d'Abulcassis est immense : son encyclopédie comporte 30 livres, dont le dernier entièrement consacré à la chirurgie, eut des répercussions considérables au Moyen Age.

Jusqu'à ce soir, un de ces manuscrits est prêté à la Ville de Narbonne par l'université de Montpellier. Et, cadeau suprême de la Commission archéologique, un professeur de médecine, Thierry Lavabre-Bertrand, membre de la société d'Histoire de la Médecine est venu combler les blancs entre les siècles, en dévoilant une partie de l'histoire de ce manuscrit. Cent cinquante ans après la disparition d'Abulcassis, le manuscrit a été traduit en latin par Gérard de Crémone, puis en français, hébreu, anglais et en langue d'oc au XIV e siècle.

L'ouvrage, parvenu jusqu'à nous et exposé par la Ville, est un de ceux-là, portant les armes du Comte de Foix, Gaston Phoebus."Sa trajectoire est mal connue, explique le professeur Lavabre-Bertrand. La faculté de médecine de Montpellier, fondée en 1220, est la plus ancienne du monde occidental. Or, ce manuscrit est un des rares qui nous restent. La Révolution a supprimé l'Université de l'Ancien Régime, mais face à la nécessité, trois écoles ont été ouvertes, dont Montpellier. Nous devons au Consul Chaptal, un protégé de Monseigneur Dillon, la protection de l'école. Il prit soin de demander au bibliothécaire de récupérer des manuscrits entassés dans un hangar dans des conditions épouvantables. On ignore tout du parcours de la quasi totalité de ces manuscrits. Celui-ci a été exhumé, car le bibliothécaire en a aussitôt saisi la valeur".

L'importance de cet ouvrage miraculeusement préservé est telle que la salle était comble, jeudi soir. Les Narbonnais conscients du caractère exceptionnel de cette séance de la Commission Archéologique se sont pressés, à l'issue de la conférence au musée, situé deuxième étage du Palais, pour admirer ce qui venait de leur être conté.

Le manuscrit d'Abulcassis est exposé au musée de la Ville de Narbonne jusqu'à aujourd'hui. Entrée 4 euros

Narbonne juillet 2010. V. D.


 Un an de sursis pour les voleurs de livres anciens.

Mille cinq cents livres anciens de la Société d'émulation du Bourbonnais (SEB), à Moulins, avaient disparu de son fonds (voir notre édition du 27 mai).

Entre le 1er mars 2004 et le 6 novembre 2007, le couple de gardiens des 21.000 références de la SEB, qui compte cinq cents adhérents, avait commercialisé, sur eBay, un site de vente aux enchères sur Internet, des livres rares et précieux.

À l'audience du tribunal correctionnel du 26 mai, le couple, dont l'homme était employé par la Ville de Moulins pour veiller sur le trésor tout en surveillant le bâtiment, avait reconnu avoir emporté des livres à leur domicile, avant de gratter l'encre du sigle SEB. Puis ils les commercialisaient sur eBay : une centaine de livres de la SEB vendus pour 14.000 euros avait reconnu le gardien.

Lors de la perquisition à leur domicile, une centaine d'ouvrages avait été retrouvés. Et quelques-uns de ceux vendus sur Internet avaient pu être récupérés. Le tribunal a ordonné, hier, leur restitution à la SEB. Mais il en manque encore plus de 1.300. Dont un, Les quatre premiers libres des navigations et pérégrinations orientales de Nicolas de Nicolay, publié en 1568. Un ouvrage dans un état de conservation exceptionnel, qui n'existe plus qu'à quelques exemplaires dans le monde.

Une perte inestimable pour la société savante, qui ouvre sa bibliothèque aux chercheurs français et étrangers avec un accès à des ouvrages remontant jusqu'au Moyen-Âge.

Le couple a été reconnu coupable de travail dissimulé. Ils ont été condamnés à un an de prison avec sursis, ainsi qu'à verser, notamment à la SEB, 32.580 euros de préjudice matériel et 1.117 euros de préjudice moral.

Ref : Edition du 27 mai 2010. lamontagne.fr


LES BIBLIOTHEQUES DE ROME ET FLORENCE (Italie) REJOIGNENT GOOGLE LIVRES.

Les bibliothèques nationales de Rome et de Florence (Italie) viennent de confier à Google le soin de numériser une partie de leur très riche patrimoine. Un million de livres anciens, libres de droits, seront scannés par Google Livres, dont des ouvrages de Dante, Pétrarque, Galilée, Vico, Kepler, Leopardi ou encore Manzoni.

Pour Sandro Bondi, ministre italien du Patrimoine et des Activités culturelles (MiBAC), cet accord de numérisation entre Google Livres et son ministère "contribue au travail des institutions chargées de la diffusion de la culture italienne dans le monde et permet de rendre plus proches de leurs racines les jeunes générations d'Italiens à l'étranger". [Cet accord] "est le premier à un niveau gouvernemental permettant à un acteur Internet d'accéder au patrimoine d'une bibliothèque nationale". [...] "Il a une signification politique forte et positionne l'Italie à l'avant-garde dans ce secteur", a-t-il ajouté.

La firme de Mountain View installera un centre en Italie afin d'y réaliser sur place les travaux de numérisation. Les ouvrages seront ensuite mis gratuitement à la disposition des lecteurs du monde entier sur internet, et les fichiers numériques, dont une copie sera fournie aux bibliothèques, pourront même être diffusées sur d'autres plateformes que Google Books, comme par exemple la bibliothèque numérique Europeana, précise Google.

Le projet Google Livres, lancé fin 2004, a déjà permis de numériser 12 millions d'ouvrages, l'objectif étant fixé à 15 millions avant fin 2010. Outre la Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne, la Bibliothèque de l'Université Complutense de Madrid, la Bibliothèque Nationale de Catalogne à Barcelone, la Bibliothèque municipale de Lyon, la Bayerische Staatsbibliothek de Munich, La Bibliothèque Universitaire de Gand et la Bodleian Library d'Oxford pour les européennes, Google Livres a également rallié les grandes bibliothèques universitaires de Californie (plus grande bibliothèque universitaire du monde), du Michigan, du Texas, de Virginie, du Wisconsin, de Harvard, de Stanford, de Princeton ainsi que la Bibliothèque Publique de New York et la Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis. Seule la Bibliothèque Nationale de France (BNF), incapable de numériser son patrimoine faute d'argent mais soumise à l'intense lobbying des anti-Google français -- essentiellement les grands groupes d'édition dont les motivations réelles semblent plus d'ordre économique que culturel --, semble pour l'instant résister aux assauts de la firme américaine.

Noël Blandin / La République des Lettres, mercredi 10 mars 2010


Une Université américaine restitue une lettre volée de Descartes à la France

Washington — Une lettre du père de la philosophie moderne, René Descartes, volée à Paris au XIXe siècle, va être restituée en juin à l'Institut de France par l'université américaine de Haverford, en Pennsylvanie (est des États-Unis), a annoncé le président de l'établissement hier à l'Agence France-Presse.

Le geste de Haverford — qualifié par son président, Stephen Emerson, de «seule chose sensée à faire» — mettra un terme aux rocambolesques aventures et mésaventures de la missive, adressée par Descartes (1596-1650) à son ami le religieux Marin Mersenne, depuis le château d'Endegeest aux Pays-Bas le 27 mai 1641.

Dans cette lettre, l'auteur du célèbre «je pense, donc je suis» aborde la prochaine publication des Méditations métaphysiques, ouvrage majeur paru à Paris en août 1641.

Après la mort du philosophe, le manuscrit est conservé à l'Institut de France, selon un communiqué de Haverford publié sur son site Internet. Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle qu'il refait parler de lui, par l'entremise du comte italien Gugliemo Libri, qui travaille alors à la Commission du Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France.

Lors de ses pérégrinations à travers la France, le comte Libri aime «emprunter» des ouvrages originaux... sans jamais les restituer à ses propriétaires. C'est ainsi qu'il dérobe 72 lettres de René Descartes, parmi lesquelles se trouve la fameuse missive écrite en mai 1641.

Se sachant recherché pour ses larcins, Libri s'enfuit à Londres où, pour régler ses factures, il vend les livres et manuscrits volés en France.

Charles Roberts, grand amateur d'autographes et d'ouvrages originaux, acquiert la lettre, sans toutefois savoir qu'elle avait été volée, précise l'Université de Haverford.

À sa mort, sa veuve fait don de la lettre à l'établissement où M. Roberts avait étudié. Passe plus d'un siècle jusqu'à ce qu'au mois de janvier dernier, un universitaire néerlandais apprenne l'existence de la lettre lors de recherches sur Internet.

Intrigué, Erik-Jan Bos contacte Stephen Emerson, qui dirige la petite université de Haverford. Lors d'un entretien accordé à l'AFP, M. Emerson a fait part de sa surprise à l'annonce de la nouvelle, d'autant plus qu'il se décrit comme un «grand admirateur de Descartes».

Agence France-Presse 26 février 2010


Casanova a séduit la Bibliothèque nationale

C'est un cas d'édition qui ne peut que faire rêver ou saliver les grands collectionneurs, les bibliophiles et les amateurs de manuscrits rares. Jeudi 11 février, Frédéric Mitterrand, ministre de la culture, a signé l'acte d'acquisition des manuscrits de Casanova pour la Bibliothèque nationale de France (BNF). L'Histoire de ma vie, écrite en français par l'aventurier vénitien Giacomo Casanova (1725-1798), est l'un des textes majeurs de la littérature du XVIIIe siècle. Les Mémoires de celui qui se faisait aussi appeler le chevalier de Seingalt sont considérés comme un texte mythique, encensé par bon nombre d'écrivains : "Une oeuvre qui est au siècle de Louis XV ce que les Mémoires de Saint-Simon sont au siècle de Louis XIV", résumait le critique Francis Lacassin.

Or l'histoire des éditions des Mémoires de Casanova est presque aussi riche en rebondissements que celle de la vie de ce séducteur impénitent. Ce n'est qu'en 1960, avec l'édition Brockhaus-Plon, que les lecteurs ont enfin eu accès à une première version des Mémoires originaux, aujourd'hui acquis par la BNF. "Le manuscrit original n'est pas inconnu, précise Bruno Racine, président de la BNF, mais il n'a été consulté jusqu'à présent que par une poignée de chercheurs. Il s'agit de pièces rarissimes."

Tout a commencé à l'automne 2007, quand l'ambassadeur de France à Berlin a été contacté par les descendants directs de la famille Brockhaus, les premiers éditeurs des Mémoires, qu'ils avaient achetés au petit-neveu de Casanova, en 1821, et conservés depuis. L'ensemble des documents, qui comprend treize boîtes en carton numérotées en chiffres romains et lettres dorées, a échappé par miracle à la destruction lors du bombardement de Dresde, le 13 février 1945. Ils étaient enfermés à la cave, dans un coffre-fort de la maison Brockhaus, qui a été rayée de la carte comme le reste de la ville. Ils ont ensuite été transportés en Suisse.

"Il a fallu deux ans et demi de patience et de persévérance", précise M. Racine, mais la Commission des trésors nationaux a donné son aval pour l'acquisition de cet ensemble exceptionnel. Un généreux et anonyme mécène s'est manifesté, qui a fourni un peu plus de 7 millions d'euros, le montant fixé de la transaction.

Outre les 3 700 pages manuscrites non reliées de ses Mémoires, l'ensemble comprend d'autres raretés, comme un texte sur la loterie, un mémoire dédié à l'empereur d'Autriche pour mettre fin à l'usure, ainsi que divers opuscules et correspondances.

"Les "casanovistes" vont s'en donner à coeur joie, car la grande édition critique des Mémoires reste à établir", souligne Bruno Racine. Très riches, les Mémoires fourmillent de détails inédits. Le mémorialiste use d'une écriture ample et déliée, son style et sa pensée sont fluides. En revanche, le document comprend beaucoup de ratures et ressemble alors à un brouillon de travail. Sous les mots rayés, il y a des noms propres qui affleurent...

La BNF espère, fin 2011, pouvoir monter une exposition pour présenter l'oeuvre dans son contexte. Elle envisage aussi de numériser rapidement les manuscrits.

Alain Beuve-Méry. Le Monde le 19 février 2010.


Julien Bogousslavsky, serial-bibliomane.

Julien Bogousslavsky, un neurologue à la renommée mondiale qui avait détourné des fonds tant privés que publics destinés à la recherche pour étancher sa soif de bibliophile et agrandir ses collections de livres anciens, passe devant ses juges, à Lausanne. L'accusation a d'ores et déjà mentionné qu'elle demanderait une peine avec sursis. Le célèbre médecin ressortira donc libre du tribunal. Il a promis de concentrer sa manie de collectionneur vers des ouvrages moins chers.

Bibliopathe. Le syndrôme n'est pas encore reconnu par le DSM IV, sinon c'est sûr, la défense de Julien Bogousslavsky s'en serait déjà emparée. L'homme est un maniaque du livre ancien et rare. Le montant de ses détournements est monté jusqu'à 5,5 millions de francs suisses. Avec cet argent, il est entré en possession de nombreux ouvrages de collection. Ses manipulations de comptes ont été dévoilées au grand jour par sa hiérarchie. Tous les moyens étaient bons pour faire fructifier son enveloppe destinée à l'achat des ouvrages qu'il chérissait ...et qu'il continue de couver en grande partie : détournement d'argent public, conception de faux programmes de recherche. Double remboursement occasionnés par les voyages lors des colloques, etc. Une fois démasqué, Bogousslavsky est rapidement passé aux aveux, faisant montre de repentance et de contrition. Lors de son procès, de nombreux témoins sont venus à la barre pour le soutenir et relever les compétences du chercheur et du médecin dans son domaine, la neurologie.

Etrangement, ni la partie civile, ni le procureur, ni la défense n'a demandé d'expertise psychiatrique. Pourtant on peut s'étonner de l'état dans lequel se trouve le prévenu. Quand il lui est demandé par le président de la cour comment il compte surmonter ses problèmes, l'influent neurologue explique qu'il est parvenu à canaliser sa soif de bibliomane vers un autre type de collection : "Je me focalise sur les livres de neurologie et sur les thèses écrites sur ce sujet au XIXe siècle". Moins cher que les premières éditions et les manuscrits de Ramuz certes, mais le mal est-il pour autant soigné à la racine ?

L'accumulation d'objet et leur organisation en collection pourrait pourquoi pas faire l'objet d'une pathologie psychiatrique. D'ailleurs l'expression "bibliomane" qui désigne selon le Littré celui qui a la passion des livres rares et des belles éditions relève presque de la pathologie: manie vient du grec µa??a / manía qui renvoie aux notions de folie et d'état de fureur. Un collectionneur est également venu témoigner de ses pratiques au cours du procès : «moi-même, je m’intéresse aux contes et notamment à celui du Petit Chaperon rouge. On développe une forme d’addiction. Lorsqu’une pièce convoitée se retrouve sur le marché, il n’est pas toujours facile de se raisonner», avoue-t-il au président.

Pour le psychologue Philippe Jaffé qui s'exprime dans les colonnes du 24heures, le cas du docteur Bogousslavsky se situe entre "le collectionnisme socialement acceptable et même favorable sur ce plan social, car relevant d’un esprit de partage, et la pathologie découlant du syndrome de Diogène. Le procureur l'a jugé dans son prêtoire "mesquin", "roublard" et "indigne" mais s'est montré convaincu de la prise de conscience et du repentir de l'accusé. Rien n'a été évoqué au sujet de sa passion dévorante pour les livres. Julien Bogousslavsky a obtenu une peine avec un sursis. Il sortira donc libre du Tibunal. Libre mais toujours pas guéri.

Camille & Guillaume - médias Journalisme Suisse 6 février 2010


Google et l’avenir du livre. Numérique.

Une donnée désormais inévitable dans la conservation du patrimoine.

Depuis sa création fin 2004, Google Books a numérisé 10 millions de livres. Mais la polémique fait rage ; en France, l’affaire des droits d’auteur a été portée en justice.

La pérennisation de notre patrimoine écrit passe obligatoirement par sa numérisation, affirme Dominique Le Brun, secrétaire général de la Société des gens de lettres (SGDL). Et c’est là tout le coeur de l’économie numérique. La numérisation est indispensable à la conservation de notre patrimoine, c’est l’outil de la culture de demain. C’est ce qu’a compris Google en ayant pour projet de numériser le patrimoine culturel mondial et de permettre à chacun d’accéder en un clic au livre de son choix.

La numérisation abolit la distance géographique. C’est la conséquence directe de la mondialisation de la culture et de la naissance d’une culture d’écran.

Guillaume Boudy, secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication, a évoqué, lors de la table ronde du 25 novembre 2009 présidée par Michèle Tabarot, présidente de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée, une étude sur les pratiques culturelles des Français au cours des dix dernières années. Elle montre qu’en 1997, 1 % des Français avaient accès à Internet. Ce chiffre atteint aujourd’hui 70%. Mais il ne faut pas s’y tromper : numérisation ne signifie pas accessibilité pour tous, ainsi que le rappelle Guillaume Boudy : « Le numérique ne permet pas aux catégories socio-professionnelles les moins avantagées d’avoir accès à la culture. »

La numérisation est la donnée nouvelle, fondamentale, de la culture au XXIe siècle, mais certains de ses aspects restent encore dans l’ombre. Ce sont ces aspects que met en lumière l’affaire Google.

Le 14 décembre 2004, les fondateurs de la société Google, Sergey Brin et Larry Page, annoncent qu’ils veulent numériser près de 15 millions d’ouvrages en six ans. Google Books est né. Des accords sont tout de suite signés avec les bibliothèques des universités du Michigan, Harvard, Stanford ainsi qu’avec la bibliothèque publique de New York et la bibliothèque Bodléienne de l’université d’Oxford.

Aujourd’hui, Google a conclu des partenariats avec trente grandes universités mondiales, au Japon, aux États-Unis, en Grande-Bretagne mais aussi en Europe continentale. En France, des accords ont été signés avec les universités de Lyon, Strasbourg, Lille, Toulouse et la Sorbonne. Par ailleurs, Google a établi des liens avec 25 000 éditeurs. Au total, ce sont 10 millions de livres qui sont numérisés, accessibles dans 124 pays : 1,5 million sont tombés dans le domaine public, 1,8 million sont fournis par des accords volontaires avec les éditeurs et 7 millions sont des ouvrages épuisés, toujours protégés par des droits d’auteur, dont Google Books ne publie qu’un index et des extraits.Mais mis bout à bout, ces extraits peuvent permettre de reconstituer l’oeuvre complète… Aucune rémunération n’est versée aux éditeurs et aux auteurs de ces ouvrages. Le débat ne peut qu’exploser.

Très rapidement, cinq grands éditeurs américains – The McGraw-Hill Companies, Pearson Education, Penguin Group (USA), John Wiley & Sons et Simon & Schuster – ainsi que l’Authors Guild, qui représente les auteurs, se rendent compte du danger et portent plainte contre Google pour violation des droits d’auteur. Pour mettre fin à ces plaintes, le géant américain trouve une solution. Selon un accord signé avec l’Authors Guild et l’Association of American Publishers, qui regroupe plusieurs centaines d’éditeurs, il s’engage à verser 125 millions de dollars de compensation aux éditeurs contre la fin des poursuites engagées. Par ailleurs, les ayants droit, auteurs ou éditeurs, ont la possibilité d’accepter les modalités de l’accord. S’ils le font, ils se partageront 63 % des recettes fournies par la mise en ligne des oeuvres et pourront retirer du fonds numérisé ce que bon leur semblera. Quant à ceux qui décideraient de s’exclure de l’accord, leurs livres seront toujours numérisées et ils pourront continuer à poursuivre Google en justice. Les oeuvres orphelines, qui sont protégées par le droit d’auteur mais dont on ne connaît pas les ayants droit, restent toujours dans une zone d’ombre. La justice américaine avait jusqu’au 7 octobre dernier pour approuver ou non cet accord, mais la date a été repoussée au 15 novembre selon le souhait des éditeurs américains et de Google.

Les réactions sont alors nombreuses pour influencer Denny Chin, le juge fédéral de New York en charge du dossier.Microsoft, Yahoo! et Amazon rejoignent une coalition d’opposants au projet de Google initialement formée par l’ONG Internet Archive. Le ministère de la Justice a aussi fait part au juge de son inquiétude face au monopole croissant de Google. Cette peur du monopole se retrouvera tout au long du débat : les potentialités de Google défient toute concurrence.

Un accord entre des partenaires publics et privés n’est pas d’emblée exclu en raison du coût très élevé de la conservation et de la numérisation. Selon Denis Bruckmann, directeur général adjoint et directeur des collections de la Bibliothèque nationale de France (BNF), il faut compter entre 0,12 et 0,74 euro par page. Il faudrait ainsi « entre 50 et 80 millions d’euros pour numériser les oeuvres de la IIIe République ». Bruno Racine, actuel président de la BNF, précise que « les coûts induits par la conservation sont comparables à ceux de la numérisation ».

En France, les éditeurs peinent à se mettre d’accord

C’est pour cette raison que quelques éditeurs français,même s’ils sont rares, ont conclu un accord avec le géant américain. C’est le cas des Éditions de l’éclat dont le directeur, Michel Valensi, affirme que leurs meilleures ventes ont une version gratuite. Par ailleurs, contrairement à son prédécesseur, Jean-Noël Jeanneney, Bruno Racine a commencé des négociations avec Google dès le mois d’août 2009. Viviane Reding, commissaire européen chargé de la Société de l’information et des Médias, a aussi appelé très rapidement à un partenariat avec le privé.

Quant à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, il n’exclut pas ce partenariat, mais il a précisé devant le Sénat qu’un accord ne peut se faire que « dans une garantie d’indépendance nationale absolue et de protection des droits d’auteur absolue ». Or, ce n’est pas le cas pour l’accord proposé par les éditeurs américains et Google.

Le 23 septembre 2009, Hervé de La Martinière, président des éditions éponymes (dont dépendent entre autres les éditions du Seuil), suivi par le Syndicat national de l’édition, présidé par Serge Eyrolles, et par la SGDL, porte plainte contre Google pour contrefaçon des droits d’auteur. Ce procès est directement lié à un autre problème juridique fondamental posé par le numérique : aux États-Unis, le fair use, expression que l’on peut traduire par “usage loyal”, permet à un tiers d’utiliser une oeuvre à des fins non commerciales et raisonnables. Cette loi n’existe pas en Europe. Or, la moitié des oeuvres que contiennent les bibliothèques américaines ne sont pas écrites en anglais. Quelle loi appliquer alors ? C’est bien cette absence de législation au niveau mondial qui pose problème, étant donné que le numérique ignore les frontières.

Sensibles aux reproches de la justice américaine et des Européens, Google et les éditeurs américains proposent in extremis un nouvel accord le 14 novembre 2009. Désormais, seuls sont concernés les ouvrages anglo-saxons.Par ailleurs, un fonds indépendant de gestion des droits et des intérêts des oeuvres orphelines est créé pour tenter d’identifier les ayants droit.

Si, au bout de dix ans, les recherches n’ont pas abouti, la propriété des oeuvres sera transférée à des associations de lutte contre l’illettrisme. Quant à la répartition des bénéfices, elle reste la même : 37 % pour Google, 63 % pour les éditeurs et les auteurs.

La justice américaine doit ratifier ou refuser cet accord en février.

En France, la justice donne quant à elle raison aux éditeurs.Le 18 décembre dernier, le tribunal de grande instance de Paris a ainsi condamné Google à verser 300 000 euros de dommages-intérêts aux éditions de La Martinière pour contrefaçon des droits d’auteur et a interdit à Google de poursuivre la numérisation d’ouvrages sans l’autorisation des ayants droit, sous peine d’astreinte.

À travers les différents procès intentés à Google, ce sont des problèmes de fond de l’économie numérique qui émergent.

Pour l’État, la priorité est la numérisation du patrimoine.

Tout d’abord, la question des rapports public-privé. Les firmes privées apporteraient les fonds nécessaires à la numérisation et à la conservation des oeuvres. Des projets de numérisation comme Europeana ou Gallica (qui n’obtenait de l’État que 5 millions par an via le Centre national du livre) avanceraient alors plus rapidement.

Les problèmes de l’accessibilité des livres numérisés pour le public et du rôle des pouvoirs publics sont également fondamentaux, comme l’a souligné Marc Tessier, président de la commission sur la numérisation des fonds.

L’attribution à l’économie numérique de 4,5 milliards d’euros issus du produit du grand emprunt montre que Nicolas Sarkozy et Frédéric Mitterrand ont été sensibles à ces problèmes.

Désormais, l’État donne la priorité à la démocratisation des accès à Internet à haut débit et à la numérisation du patrimoine. Avec cette somme, les pouvoirs publics pourront peser davantage dans d’éventuelles négociations avec des partenaires privés, que le président n’exclut plus : «Nous allons monter un grand partenariat publicprivé, tout en gardant la maîtrise de notre patrimoine. »

Le partenariat avec le privé est acquis mais pas encore concrétisé. Le respect du droit d’auteur et l’entière indépendance des pouvoirs publics à propos du choix des oeuvres à numériser en sont les conditions sine qua non.

Mais les questions d’ordre financier restent sans réponse : comment rémunérer l’auteur ? comment établir le prix d’un livre numérique ?

Arnaud Nourry, président- directeur général de Hachette Livre, déplore d’ailleurs qu’«Amazon ait décidé de vendre des livres [numériques] au prix de 0,90 dollar au lieu de 25 dollars chez l’éditeur ». Il est cependant optimiste : «Aujourd’hui, le livre numérique n’a pas de marché en France, mais rien ne permet de penser que cette situation va durer. »

Des solutions sont déjà proposées, mais rien n’est encore officiellement décidé. Alain Kouck, président-directeur général d’Editis, propose d’appliquer la loi Lang au livre numérique : un ouvrage, quel qu’en soit le support, ne peut être vendu à un prix différent de celui fixé par l’éditeur.

Les procès intentés à Google ont fait prendre conscience au monde de la culture de l’urgence de la situation. Il faut fixer des règles en matière juridique et financière. La révolution numérique est lancée. Et même s’il ne remplacera jamais un livre papier, que l’on prend plaisir à tenir entre ses mains, le livre numérique sera partie intégrante de la culture de demain.

Valeurs Actuelles 28 janvier 2010. Par Léa Szczerba


la Bibliothèque nationale de France (BNF) discute avec Google ....

Selon les informations de La Tribune, la Bibliothèque nationale de France (BNF) discute avec Google : elle pourrait lui confier une partie de la numérisation de son fonds. En 2005 la BNF avait été le fer de lance de la résistance européenne au projet de bibliothèque numérique universelle de Google, Vingt-neuf grandes bibliothèques dans le monde, à l'instar de la Bodleian Library d'Oxford, se sont déjà laissé convaincre par le service rapide et gratuit de Google.

Le géant Internet est également en passe de mettre fin à sa bataille avec les éditeurs américains, sous réserve que la justice américaine valide leur accord à l'automne et qu'il soit accepté par les autorités de la concurrence.

Le géant américain annonce qu'il va désormais devenir un libraire en ligne, et vendre les ouvrages numérisés, empiétant sur le terrain d'un autre américain, Amazon. Face à cette offensive, si les éditeurs tricolores s'unissaient dans la vente numérique, ils auraient « la plus belle offre qui puisse exister », estime Alain Kouck, le patron d'Editis, numéro deux de l'édition française. Mais, pour l'heure, ils avancent en ordre dispersé.

La Trinune.fr


L'autre trésor du Vatican. Le Monde 23 juillet 2009

Une des plus grandes bibliothèques du monde est en travaux

Le Codex Vaticanus, le plus ancien manuscrit complet de la Bible, écrit en grec du IVe siècle, a disparu. Et avec lui les manuscrits les plus précieux de la Bibliothèque apostolique vaticane. Très peu de personnes savent où il se trouve, et encore moins sont disposées à le dire. Il a quitté, en 2007, en compagnie d'autres précieux ouvrages tels que La Divine Comédie de Dante, illustrée par Botticelli, le bunker de béton armé, enterré à plus de six mètres sous terre, où il était jusqu'alors protégé. "Il est dans un lieu sûr et réservé", explique Mgr Cesare Pasini, le préfet de la bibliothèque. "Pardon ?", relance-t-on en haussant un peu la voix pour couvrir le bruit d'un marteau-piqueur tout proche. Il reprend imperturbable et souriant : "Un lieu sûr et réservé."

Une des plus grandes bibliothèques du monde est en travaux. De grands travaux. Une palissade de bois masque sa façade. Sur l'une des cours de la cité du Vatican, la statue d'Hippolyte qui en marquait l'entrée a été déplacée. A sa place, une montagne de gravats. 1 600 000 livres, 8 300 incunables, 150 000 manuscrits et documents d'archives, 300 000 monnaies et médailles et 20 000 objets d'art ont dû être dispersés à Rome et dans les environs. Les érudits, les chercheurs et les thésards qui venaient consulter les ouvrages ont cédé la place à des maçons et des ingegneri, casque jaune sur la tête. Benoît XVI suit le chantier de près : "Il s'intéresse, il veut tout savoir des travaux", assure Mgr Pasini.

Tout est à reprendre. Il faut repenser les 14 000 m2 de salles et de couloirs sans trop abîmer le plan d'origine ; rationaliser et climatiser le cabinet de numismatique et créer un espace pour la manutention des médailles ; installer un monte-charge reliant le laboratoire de restauration des documents à la salle de consultation et créer une nouvelle entrée ; sécuriser le "bunker" souterrain ; mettre aux normes électriques des salles de périodiques, etc. Les travaux s'achèveront à la fin de l'année. Six mois seront encore nécessaires pour réinstaller les ouvrages sur leurs rayonnages. La réouverture au public est prévue pour juillet 2010, après trois ans de fermeture. La seconde guerre mondiale elle-même n'avait pas provoqué autant de désordre : la bibliothèque ne fut alors fermée que pendant une année.

Une bibliothèque sans livres est-elle encore une bibliothèque ? "Oui, répond Mgr Pasini. Tout le monde a pu continuer d'y travailler grâce à la mise en ligne des archives. Une lettre d'information a été publiée de façon à tenir les chercheurs au courant de l'avancée des travaux.

C'était une manière de leur dire : "ne vous inquiétez pas, on s'occupe de vous"." Paradoxe : la bibliothèque vide et éventrée est devenue un lieu d'échanges et de communication. "Nous sommes plus proches aujourd'hui des utilisateurs", explique Mgr Pasini.

L'origine de la Bibliothèque apostolique vaticane remonte au IVe siècle, mais c'est seulement en 1378, avec Grégoire XI, que commence véritablement son histoire. Sous l'autorité de Nicolas V (1447-1455), elle s'enrichit de manuscrits latins, grecs et hébreux, consultables par les érudits de l'époque. Sixte IV (1471-1484) fixe son emplacement actuel et nomme le premier bibliothécaire. 3 498 ouvrages sont consultables en 1481. Mais c'est au XVIIe siècle qu'elle grandit de façon considérable et devient véritablement "la bibliothèque du pape" en ajoutant à son catalogue les fonds de celles d'Heidelberg, des ducs d'Urbino et de la reine Christine de Suède. Des dons. Des emprunts forcés parfois.

Dans leur livre Le Roman du Vatican secret (éd. du Rocher, 2009), Baudouin Bollaert et Bruno Bartoloni racontent la prise de la bibliothèque d'Heidelberg comme une scène de film. "Aux premières lueurs d'une journée glaciale de février 1623, les imposantes portes de l'université d'Heidelberg s'ouvrent (...) pour en laisser sortir une lourde calèche remplie de caisses, escortée par deux cavaliers. Elle franchit la porte suivie d'une autre voiture, puis d'une autre, puis d'une autre. Au total, c'est un convoi de 50 calèches, suivi à distance de 60 mousquetaires, qui quitte l'université. Le plus gros hold-up culturel de l'humanité."

Explication : alors que la guerre de Trente Ans (1618-1648) fait rage dans le Palatinat, Grégoire XV a chargé son légat, Leon Allaci, de mettre à l'abri des ligues protestantes les trésors de la bibliothèque d'Heidelberg. Ceux-ci arriveront à Rome après six mois de voyage, où ils se trouvent toujours, malgré des tentatives infructueuses de l'Allemagne pour les rapatrier. Pour prix de ses services, Leon Allaci sera nommé conservateur de la Bibliothèque apostolique. "La transmission des oeuvres au Vatican est aussi une garantie de leur conservation", affirme Mgr Pasini. Depuis, les bibliothécaires sont devenus moins aventureux. Si le cardinal Eugène Tisserand (1884-1972) parcourait encore, à cheval ou à dos de chameau, l'Orient des années 1910 pour en rapporter des manuscrits rares, les bonnes affaires aujourd'hui s'achètent dans les salles des ventes ou directement aux collectionneurs.

Pas moins de cent personnes à temps plein travaillent, restaurent, entretiennent les précieux volumes accumulés. Le budget (secret) suffit, selon les responsables, à faire fonctionner l'établissement.

En cas de besoin, de discrets sponsors - qui en général taisent leur nom - sont prêts à venir en aide. En 1927, Eugène Tisserand fut ainsi invité par de riches Américains, rebutés par le mauvais fonctionnement de la Vaticane, à étudier les modernes bibliothèques américaines.

En 1981, le Vatican a renoncé à son "exclusivité" sur l'exploitation de ses codex les plus rares. Un contrat signé avec plusieurs maisons d'édition permet de vendre au prix fort des reproductions de certains ouvrages, quasi identiques aux originaux. Une centaine de manuscrits convoités par les bibliothécaires du monde entier, des collectionneurs, des bibliophiles ont été mis sur le marché à peu d'exemplaires. Depuis, l'idée a fait école, puisque les archives secrètes du Vatican ont aussi emboîté le pas de ce "business" de la reproduction.

Le commerce est-il compatible avec la foi, les enluminures avec la reproduction ? La bibliothèque obéit à deux missions. La première - "pour la dignité de l'Eglise militante et la diffusion de la foi" - a été définie par Sixte IV ; la seconde - "pour l'utilité et l'intérêt commun des hommes de science" - fut édictée par Nicolas V. "Fides" et "Ratio" cohabitent désormais sans heurts depuis des siècles. "C'est le fondement même de l'esprit humaniste", rappelle Mgr Pasini, pour qui "la recherche patiente de la vérité, en remontant aux sources des textes, ressortit aussi bien de la foi que de la raison".

Outil de savoir, cette bibliothèque peut être également un instrument diplomatique, dans le cadre notamment du dialogue interreligieux. La présentation, à Rome et à Jérusalem, du catalogue des manuscrits hébreux de la bibliothèque a permis au cardinal Raffaele Farina, bibliothécaire de l'Eglise, et à l'ambassadeur d'Israël près le Saint-Siège de faire assaut de bonnes manières, alors que les tensions subsistent entre Israël et le Vatican à propos de la canonisation de Pie XII, qui fut pape pendant la seconde guerre mondiale.

Le 25 juin 2007, près de deux ans après son élection, Benoît XVI a confié, ironique et nostalgique : "J'aurais tant voulu que le bien-aimé Jean Paul II me permette de pouvoir me consacrer à l'étude et à la recherche d'intéressants documents et pièces que vous conservez là avec soin. Dans ses desseins providentiels, le Seigneur a prévu d'autres programmes pour ma personne." Intellectuel, théologien, le souverain pontife a longuement fréquenté ces salles aujourd'hui en travaux, comme avant lui Pie XI, qui en fut le préfet. Mais c'est le paradoxe de la bibliothèque du pape : celui-ci n'a pas de temps d'y travailler...

Philippe Ridet - Le monde le 23 juillet 2009.

Quand la mémoire de la France déménage.

Il n'y a plus assez de place pour les Archives nationales. En 2011, un nouveau site ouvrira en Seine-Saint-Denis. Le changement de site, très sensible, se prépare déjà.

Le déménagement des Archives nationales vers le nouveau site de Pierrefitte-sur-Seine se prépare dans le silence et le sérieux qui sied à cette vieille institution. Fin 2011, l'affaire devra être bouclée, sans que l'on ait perdu un précieux parchemin ni que les chercheurs aient été incommodés par le chamboulement de leurs habitudes. Vu de l'extérieur, cela semble à portée de main. Mais dans le saint des saints, un vrai plan de guerre a été mis en place.

À l'aide d'un curieux schéma, la Direction des archives explique ce qu'elle appelle «le chantier des fonds». D'abord, le décompte de millions d'archives, puis leur bilan sanitaire. Ensuite, leur conditionnement, la désinfection éventuelle, la restauration, le microfilmage ou la numérisation. Le tout s'étalant sur des années. Des mois et des mois passés en sous-sol à aspirer la poussière, à recoller des tranches, à mettre des documents dans de nouvelles chemises en carton, à photographier des millions de pages, puis à apposer des codes-barres.

Dès que l'on retire un dossier d'une étagère pour le reconditionner, il faut organiser une traçabilité, puisque rien ne ressemble plus à une boîte qu'une autre. Certains documents seront traités à Paris, au palais Soubise dans le Marais, mais la numérisation ne peut se faire qu'à l'extérieur. Et dès que l'on déplace une boîte entre deux sites, il faut un transporteur spécialisé, obligatoirement accompagné d'un fonctionnaire des Archives pour des raisons de sécurité.

D'ici au déménagement, dont la préparation aura nécessité près de 5 ans, 7 millions d'images auront été numérisées, 4 millions microfilmées. Pendant le déménagement, qui s'étalera, lui, sur 14 mois, 180 kilomètres de rayonnages seront déplacés. Une mission titanesque qui coûtera la bagatelle de 245 millions d'euros, dont 190 pour la construction du nouveau bâtiment. «Nous préparons la mémoire de demain : rien ne doit se perdre», résume Martine de Boisdeffre, directrice des Archives de France (*).

Le testament de Louis XIV

Pour l'instant, les archives publiques nationales - 300 km de dossiers, en plus ou moins bon état - sont stockées sur deux lieux : dans le quartier du Marais, à Paris, et à Fontainebleau, où sont entreposées les archives postérieures à 1958.

À Paris, une splendide salle Napoléon III, en bois avec escaliers en métal, abrite les archives de la monarchie, celles du Parlement, le trésor des chartes, ainsi que la fameuse armoire de fer. Bardée de trois portes, elle renferme des documents exceptionnels, comme le journal de Louis XVI ou le testament de Louis XIV, dans lequel il indique qu'il «a trop fait la guerre». Consultables au compte-gouttes, ces pièces uniques ne sont manipulables que par un conservateur ganté. Elles resteront à Paris, pour des raisons de sécurité et de prestige, avec les archives datant d'avant 1790 et le minutier central des notaires.

Après un parcours dans les dédales du bâtiment parisien, on débouche sur des rayonnages en métal gris façon Castorama. Ils hébergent sur des milliers de mètres des milliers de boîtes en carton aux codes mystérieux. «Toute cette partie du bâtiment n'est plus aux normes : les hausses ou les baisses brutales de température mettent ces archives en péril, explique Isabelle Neuschwander, directrice des Archives nationales, et, curieusement, ce sont les documents les plus récents qui s'abîment le plus. Les archives de Vichy, par exemple, se dégradent et ne survivront pas au temps qui passe.» Rédigées en encre violette, les minutes de la police de Vichy pâlissent de jour en jour. Elles ne sont, qui plus est, pas photocopiables, et doivent impérativement être microfilmées.

Depuis 1790, le service des Archives récolte tout ce qui a trait à la vie de l'État et de la nation. S'y sont ajoutés des fonds privés, comme les archives de la maison de France, celles de d'Antoine de Saint-Exupéry ou encore, celles de Maurice Thorez. Bercy et le Quai d'Orsay ont leur propre système de conservation. Pour le reste, à chaque élection ou chaque remaniement, président et ministres doivent remettre leur prose. Par goût du secret ou par négligence, les archives ministérielles ne sont pas toujours impeccablement tenues. Et depuis l'avènement du courriel et des SMS, une partie disparaît purement et simplement, en dépit des copies faites sur CD-ROM.

Mais l'administration française a les défauts de ses qualités : son pointillisme légendaire s'avère in fine précieux pour l'archivage. Les archives de Valéry Giscard d'Estaing représentent 4 500 cartons, les deux septennats de François Mitterrand près de 14 500 cartons !

Tous ces documents sont gardés pour la postérité, mais aussi et surtout pour les citoyens. C'est un principe fondateur des Archives : chaque Français a le droit à un accès libre et gratuit à l'histoire et à sa propre histoire. Si tant est que les délais légaux sont passés (75 ans pour les dossiers judiciaires et d'état civil, 50 ans pour ceux couverts par le secret-défense), les fonds sont en général consultables à la demande. par ailleurs, 100 millions de pages, notamment les actes d'état civil, sont déjà mis en ligne. Quant aux demandes de dérogation, elles aboutissent positivement «dans 95 % des cas», surtout depuis la loi de 2008 qui a réduit considérablement les délais et les procédures.

Système de brumisation

Chaque année, 10 000 lecteurs viennent ainsi plancher dans la salle de lecture. Des chercheurs, des thésards, des écrivains, des particuliers. Les fonds les plus prisés sont ceux des ministères de la Justice ou de l'Intérieur. Depuis les lois mémorielles des années 1990, les Français s'intéressent aux fonds sur les dommages de guerre, qui restaient jusque-là intouchés, à la Seconde Guerre mondiale, à leurs propres origines. Depuis peu, les questions d'environnement, des gens du voyage et les Tsiganes captent l'attention. Ces lecteurs, quels qu'ils soient, seront prioritaires même pendant le déménagement.

«On ne peut pas avoir deux salles de lecture, c'est trop compliqué et cela ne respecterait pas les règles de sécurité : nous garderons celle de Paris tant que le déménagement ne sera pas fini. Et les boîtes feront des allers et retours entre les deux sites», explique Isabelle Neuschwander. Limiter les sorties permet d'ailleurs de limiter les éventuels vols. À l'entrée, le lecteur est prié de laisser ses effets personnels et de se munir d'un sac en plastique transparent. Il doit remettre sa carte d'identité, s'inscrire dans un registre. En dépit de ces précautions, parfois, une page disparaît. D'autres sont dégradées : par souci de «véracité», il arrive qu'un indélicat corrige au crayon un détail ou une date.

Le futur site de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) fera justement la part belle à la sécurité. Conçu par l'architecte italien Massimiliano Fuksas, il sera un mélange de boîte noire et d'ouvertures. Situé dans une banlieue sensible - c'était un des paris de cette délocalisation décidée en 2004 par Jacques Chirac -, il sera soumis, bien sûr, au plan Vigipirate et sera fermé la nuit. Une caserne de pompiers sera construite à proximité, et un système de brumisation, moins dévastateur que l'eau en cas d'incendie, sera mis en place.

Les Archives ont organisé une série de communications à l'adresse des habitants de Pierrefitte, et tenté de les sensibiliser en recevant des scolaires de La Plaine-Saint-Denis dans les salles historiques de Paris. La RATP s'est par ailleurs engagée à réaménager la sortie de la station de métro, qui dessert pour l'instant le quartier et l'université Paris-VIII. Elle pourrait ouvrir un centre commercial à côté du nouveau bâtiment d'archives, afin de faire de ce quartier un véritable lieu de vie.

«Avec ce déménagement, le sanctuaire de la monarchie va se télescoper avec la France sensible, la France mélangée avec la France de la Basilique», s'est ainsi réjoui l'historien Pierre Nora. Du rôle du vieux papier comme pacificateur du 9-3 !

(*) Les Archives de France regroupent les Archives nationales, le réseau des archives départementales, les archives du monde du travail et celles d'outre-mer.

Le FIGARO : Claire Bommelaer 17/04/2009


Un manuscrit de Lincoln vendu aux enchères

à New York, chez Christie's.

Le manuscrit d'un discours d'Abraham Lincoln prononcé en 1864 a été vendu 3,44 millions de dollars (2,66 millions d'euros) pour le bicentenaire de sa naissance, jeudi chez Christie's.

C'est un record pour un document historique américain.

Le produit de la vente permettra de construire une nouvelle aile à la bibliothèque de Finger Lake, dans l'Etat de New York.

Un précédent manuscrit du même auteur et de la même année avait presque atteint le même prix, 3,40 millions de dollars, l'an dernier dans la salle de vente concurrente de Sotheby's. AP

nouvelobs.com 12/02/09


PALLADIO, l'architecte moderne de la Renaissance.

Pour célébrer le 500e anniversaire de sa naissance, la Royal Academy of Arts de Londres retrace la vie de ce grand architecte italien et montre l'héritage qu'il a laissé.

Au-delà d'un nom célèbre, Andrea Palladio est devenu la référence suprême ! En donnant naissance au palladianisme, ce style élégant inspiré de l'Antiquité dont le Britannique William Kent fut un des partisans les plus convaincus, Palladio dépasse la simple histoire de l'architecture.

Le succès de sa pensée avant-gardiste est aussi attaché aux grandes controverses, comme la querelle des Anciens et des Modernes. En quarante ans de carrière, cet architecte de la Renaissance italienne (1508-1580) qui fut avant tout un humaniste imprégné des écrits de Pline et de Vitruve, a laissé l'un des plus grands héritages que l'architec­ture ait jamais connus.

Son influence en Angleterre, en Amérique (avec Thomas Jefferson), en Europe et jusque sur les terres de la Grande Catherine de Russie fut plus grande que celle de tous les architectes de la Renaissance réunis. Son fameux traité,I Quattro Libri dell'Architettura - importante publication qui voulait, à l'égal de Cornaro, servir de guide pratique pour la construction d'édifices utilitaires -, a irrévocablement modifié les conceptions architecturales de l'Occident. Des milliers de maisons, d'édifices publics, d'églises, de décors comme celui de Pier Luigi Pizzi pour la 16e Biennale des antiquaires, en 1992, au Grand Palais, dérivent de ses schémas architecturaux.

L'hommage que lui rend la Royal Academy of Arts de Londres, pour fêter le 500e anniversaire de sa naissance, s'impose comme une évidence. D'autant que la pensée architecturale de Palladio eut un grand succès en Grande-Bretagne avec Inigo Jones, avant d'être réinterprétée en France par Claude Nicolas Ledoux, au siècle des Lumières.

La proportion et la symétrie

Organisée en collaboration avec le Centro Internazionale di Studi di Architettura Andrea Palladio et le Royal Institute of British Architects, cette exposition retrace la vie et «l'après-Palladio». Non seulement à travers des dessins montrant son souci permanent de la proportion et de la symétrie telles qu'elles se trouvent dans la nature. Palladio s'attacha à appliquer les règles de proportion préconisées par les Anciens à la composition architecturale et, notamment, les règles des proportions musicales énoncées par Pythagore. Mais aussi à travers d'extraordinaires maquettes conservées à Vicence de ses réalisations, comme la basilique de Vicence. Une innovation, avec son plafond en forme de carène renversée.

Difficile de rendre vivante une exposition d'architecture. Didac­tique juste comme il faut, Eric Parry a réussi à mettre en scène le parcours prolifique de ce fils de meunier - né à Padoue en 1508 et installé à Vicence en 1524 - en trois salles : de la bleue évoquant le ciel de Rome qui inspira à Palladio ses nombreux relevés de ruines et monuments, à la rouge de Venise avec ses projets d'églises San Giorgio Maggiore ou le Redentore.

Sous des allures classiques, l'architecture de Palladio est incroyablement moderne. Aussi bien dans les palais et les villas construites pendant la première décennie de sa carrière pour la noblesse de Vicence - villas Trissino, Foscari, Poiana, Cornari, Barbaro… que dans les constructions postérieures pour de riches commanditaires à Vérone ou Venise. La juxtaposition symé­trique d'éléments distincts autour d'un axe central, comme le tronc d'un corps humain, est une composition très novatrice de l'espace.

Jusqu'au 13 avril, réservation au 0844 209 1919, www.royalacademy.org.uk

Le Figaro le 9 fevrier 2009. Béatrice de Rochebouet


La librairie française de New York fermera ses portes en septembre prochain.

Asphyxiée par une concurrence impitoyable, la vénérable institution n'a plus les moyens de payer son loyer au coin de la Ve Avenue.

Installée au cœur du Rockefeller Center, à New York, la Librairie de France avait un peu la réputation d'être le centre du monde. Elle fermera en septembre prochain, inca­pable de faire face à l'augmentation de son loyer. Quelque 360 000 dollars actuellement et un million selon le nouveau bail. La célèbre librairie a été fondée il y a soixante-treize ans par un juif séfarade de Salonique, Isaac Molho, sur invitation de David Rockefeller. Le milliardaire souhaitait accueillir l'élite intellectuelle française fuyant la montée du nazisme. Pendant la guerre, la librairie s'improvisa donc maison d'édition et publia des auteurs comme ­Raymond Aron, André Maurois, Jules Romains, Antoine de Saint-Exupéry et bien d'autres. Ce fut le début de l'âge d'or de l'établissement, qui recevait alors 2 tonnes de livres par semaine.

L'époque glorieuse continua jusqu'à la fin des années 1960, la langue française étant alors à la mode. « C'était un salon autant qu'une boutique, les clients étaient des Américains francophiles, des Sud-Américains de passage, ils restaient pour bavarder. À l'époque, on commandait 3 000 exemplaires au moins du dernier prix ­Goncourt, aujourd'hui quelques dizaines tout au plus », confiait récemment à l'Agence France-Presse le gérant de la librairie et fils d'Isaac, Emmanuel Molho.

Le caractère désuet de la librairie en faisait le charme, mais c'est aussi ce qui aura raison d'elle. Les livres s'y empilent dans un sous-sol poussiéreux, où l'on trouve côte à côte vieux guides Michelin, classiques de la Bibliothèque rose et trésors introuvables à Paris.

Mais les prix y sont exorbitants. Emmanuel Molho reconnaît qu'il ne fait plus le poids depuis longtemps face à la concurrence. Un livre à 20 dollars coûte cinq fois moins cher sur le site amazon.com. Le septuagénaire va partir à la retraite le cœur gros, laissant à sa fille le soin de perpétuer la tradition familiale et de moderniser l'institution en se mettant sérieusement à Internet. Peut-être dans le créneau de la vente des livres rares ou la collaboration avec les universités.

Le Figaro - Vendredi 2 janvier 2009. New York, Adèle Smith.


 

Bibliothèque de l'abbaye d'Admont (Alpes autrichiennes)

Six millions d'euros et quatre ans de travaux ont été nécessaires pour rénover l'étonnante bibliothèque de l'abbaye d'Admont, en Styrie (Alpes autrichiennes). Au terme de quatre années de rénovation, la plus grande bibliothèque abbatiale du monde, celle de l'abbaye d'Admont, s'offre au public dans toute sa splendeur baroque. En Styrie, au coeur des Alpes autrichiennes, ce joyau de l'architecture rococo abrite une importante collection de manuscrits et d'incunables. Prière, travail, lecture. Dès la fin du XIe siècle, les moines d'Admont, qui obéissent à la règle de saint Benoît, entreprennent de collectionner les manuscrits religieux. Le monastère dispose d'un atelier de copistes.

Le Monde 20 Août 2008

 


Décès de PIERRE BERES, libraire de légende

et collectionneur de manuscrits rares.

Pierre Berès, libraire de légende, collectionneur de livres et de manuscrits rares pendant trois quarts de siècle, ami de Picasso et d'Aragon, est mort lundi à l'âge de 95 ans, a annoncé sa famille.

Pierre Berès, qui avait pris sa "retraite" à l'âge de 92 ans pour partir vivre dans sa maison de St-Tropez, sera inhumé jeudi au cimetière de Passy à Paris.

Il y a trois ans, cette légende du monde de la librairie avait décidé, à l'âge de 92 ans, de se séparer d'une grande partie - 12.000 volumes - de son impressionnante bibliothèque de livres anciens.

De l'oeil, du culot, du charisme, de l'érudition: c'est grâce à ces qualités que Pierre Berès, dont la librairie était située avenue de Friedland, près de l'Arc de Triomphe, est devenu, selon le magazine Lire, "le plus grand libraire du monde, titre officieux et subjectif qu'amis et ennemis s'accordent néanmoins à lui décerner unanimement".

Riche et secret, petit et vif, élégant et individualiste, proche, philosophiquement parlant, des Encyclopédistes du XVIIIe siècle, Pierre Berès est né en 1913 à Stockholm. De son père, Grégoire Berestov, il ne parlait jamais.

Sa précocité est étonnante : à 13 ans, il collectionne les autographes, à 16 se lance dans le commerce du livre, à 17 dirige sa première vente comme expert et à 24, monte sa première librairie.

Dans les années 30, à la suite de la Grande Dépression, il a l'idée de s'intéresser aux bibliothèques américaines vendues par des milliardaires ruinés. "Pibi", comme on le surnomme, commence à acheter des documents incroyables, comme des éditions originales de Cervantès, qu'il stocke longtemps (parfois des décennies) avant de les ressortir et de les vendre une fortune.

Pour expliquer comment il obtient des livres rares auprès d'héritiers, certains disent qu'il est une véritable "machine à séduire".

Il possède notamment, parmi ses livres personnels des originaux de Villon, Proust, Colette, Rimbaud ou Flaubert, comme cette édition originale de "Madame Bovary", avec mention de l'auteur: "à M. Alexandre Dumas/hommage d'un inconnu".

Parmi ses trésors achetés et revendus, figurent la collection Pillone (168 livres imprimés du XVe et XVIe siècle venant de Venise, aux tranches ornées par un proche du Titien), des volumes de Stendhal avec corrections de l'auteur, un jeu d'épreuves du "Coup de dé" de Mallarmé, avec indications manuscrites du poète.

Son coup de maître demeure la vente, à la Bibliothèque nationale de France, en 2001, du manuscrit de Louis-Ferdinand Céline "Voyage au bout de la nuit", au prix record de deux millions d'euros. Le manuscrit avait été vendu par l'écrivain en 1943 à un marchand de tableaux contre 10.000 francs et un "petit" Renoir.

En 2006, il avait fait don à l'Etat du manuscrit autographe et de l'exemplaire annoté de la main de Stendhal de "La Chartreuse de Parme", qui devaient au départ être vendus.

Ami de Picasso et de Matisse, d'Eluard et d'Aragon, Pierre Berès a aussi été un collectionneur d'art, possédant notamment des oeuvres de Masson ou de Giacometti.

Marié à trois reprises, il était père de huit enfants (dont Pervenche, eurodéputé, et Anémone, ancien directrice de Larousse).

PARIS (AFP) - 30 juillet 2008


 

"Mignonne, allons voir...

Fleurons de la bibliothèque poétique Jean Paul Barbier-Mueller", à la bibliothèque du château de Chantilly.

Au château de Chantilly, le trésor en vers de Barbier-Mueller

Un collectionneur peut toujours en cacher un autre. On connaît Jean Paul Barbier-Mueller grâce aux objets d'art primitif qu'il expose un peu partout dans le monde (actuellement, à Paris au Musée Jacquemart-André). Plus ignorée est l'autre passion de l'homme d'affaires suisse : la poésie française du XVIe siècle. Un domaine secret qu'il dévoile pour la première fois au public, au château de Chantilly, à deux pas de la célèbre bibliothèque du duc d'Aumale, léguée à l'Institut de France.

Riche de plus de 400 volumes, la collection poétique Barbier-Mueller est considérée comme le fonds le plus important rassemblé sur ce sujet. Son premier volume fut acquis, presque par hasard, il y a plus d'un demi-siècle. "C'était en 1945, se souvient Jean Paul Barbier-Mueller, j'ai pu m'offrir pour une somme très modique un exemplaire des oeuvres de Du Bellay dans leur première édition collective de 1569."

Curieux achat pour un gamin de 15 ans. L'adolescent connaissait les poètes de la Pléiade grâce à son père, un dentiste genevois. "J'étais fils unique, dit-il. C'était la guerre et je lisais beaucoup, notamment de la poésie - ce qui peut sembler extravagant aujourd'hui." Et plus étrange encore qu'il consacre son argent de poche à l'achat de livres du XVIe siècle. "La matière première n'était pas la chose la plus difficile à trouver dans la Genève de cette époque", explique Jean Paul Barbier-Mueller.

Le jeune élève du collège Calvin hante les bouquinistes de la vieille ville qui stockent, dans l'indifférence quasi générale, tout un bric-à-brac de papier, dont des fonds de bibliothèques venues des vieilles maisons patriciennes de la cité calviniste. Il suffit de bien choisir. En 1973, Jean Paul Barbier-Mueller, qui a déjà découvert le chemin des arts primitifs grâce à son beau-père Josef Mueller, épure une première fois sa bibliothèque "secrète".

Il recentre sa collection sur Ronsard, ses contemporains et ses successeurs, se séparant de ses trésors "préronsardiens", de Villon à Marot. A cette occasion, il publie un catalogue bibliographique illustré qui va faire autorité. Et qui sera le prologue d'une série d'énormes volumes décrivant minutieusement les exemplaires de sa collection. Le septième volume vient de sortir.

En 1997, Jean Paul Barbier-Mueller resserre à nouveau son fonds en faisant don de sa bibliothèque italienne de la Renaissance à l'université de Genève. Il ne garde que les poètes français, "son jardin secret". Ce sont eux dont les multiples (et rares) éditions sont exposées à Chantilly. Avec, pour rappeler l'héritage italien, un incunable (exemplaire imprimé avant 1500) de Pétrarque de 1472. Le volume, acheté lors d'une des ventes Berès, en 2005, est enluminé dans les marges. Suivent ensuite tous les Ronsard de la terre, puis ses compagnons de la Pléiade, le mouvement poétique qui se met en place vers 1550 - à commencer par Joachim du Bellay.

Les quelque 150 pièces présentées n'oublient ni l'intrusion de la Réforme ni des guerres de religion (dont Les Tragiques, d'Agrippa d'Aubigné, publiés en 1616). Cette exposition pour érudits et fervents de la poésie s'achève avec la mort d'Henri IV (1610) et les débuts du baroque. Après, le Grand Siècle, qui n'est pas celui de Jean Paul Barbier-Mueller, commence.

"Mignonne, allons voir... Fleurons de la bibliothèque poétique Jean Paul Barbier-Mueller", bibliothèque du château de Chantilly. Tél. : 03-44-27-31-80. Du mercredi au lundi, de 10 heures à 18 heures. Jusqu'au 4 août. 10. Catalogue sous la direction de Nicolas Ducimetière, Hazan-Fondation du domaine de Chantilly-Musée Barbier-Mueller/Fondation Martin-Bodmer, 540 p., 59 e

LE MONDE | 23.04.08 | par Emmanuel de Roux

 

 

Une lettre d'Abraham Lincoln

vendue aux enchères à New York.

Une lettre écrite par le président américain Abraham Lincoln en réponse à une pétition d'enfants demandant la fin de l'esclavage pourrait atteindre cinq millions de dollars lors d'une vente aux enchères de documents historiques le mois prochain à New York.

La lettre date de 1864, un an avant l'assassinat du président américain au début de son second mandat, et demande à Lincoln "de mettre en liberté tous les petits enfants esclaves dans ce pays".

"S'il vous plaît, dites à ces petits que je suis très heureux que leurs jeunes coeurs soient tellement remplis d'une juste et généreuse sympathie", écrit le président Lincoln, associé à la guerre de Sécession et à l'abolition de l'esclavage.

"Bien que je n'aie pas le pouvoir d'accorder tout ce qu'ils demandent, je leur fait confiance pour qu'ils se souviennent que Dieu l'a et que c'est sa volonté de le faire", ajoute la lettre.

Les autres documents mis en vente par la maison Sotheby's le 3 avril prochain incluent l'autographe de Lincoln datée du jour où il a prononcé son discours le plus célèbre, le discours de Gettysburg, considéré comme un des plus éloquents de l'histoire américaine.

L'autographe, signé en novembre 1863 lors de la cérémonie célébrant la mémoire des milliers de soldats de l'Union tués à Gettysburg, Pennsylvanie (est) devrait atteindre un million de dollars.

Une lettre écrite par le troisième président américain Thomas Jefferson sera également mise aux enchères.

AFP WASHINGTON (AFP) - 07 mars 2008


 
L'homme qui aimait les livres

"Une impressionnante collection d'ouvrages du XXe siècle en vente le 11 mars à Paris"

Lire & Voir le Catalogue de la vente

 

C'est l'histoire d'un homme qui eut, toute sa vie, pour intérêt principal les livres et rien que les livres. Son métier : courtier et représentant en livres. Sa collection : les livres de 1880 à 1980. Il vivait seul, n'eut manifestement pas d'enfants et aimait les lectures d'écrivains importants ou singuliers dans des éditions originales qu'il accumulait en piles dans son appartement au point d'en devenir envahissantes. Il était obsédé par la discrétion et, à Paris, peu nombreuses sont les personnes qui l'avaient remarqué. Tout juste, le collectionneur chevronné des surréalistes Paul Destribats, qui en parle comme de quelqu'un aux " lectures raffinées ". Le libraire de la rue de Seine aujourd'hui retiré Bernard Lollier, dont il fut l'ami pendant trente ans, raconte une personne très secrète. " Il ne parlait pas de sa bibliothèque, mais on peut penser que parmi les livres qu'il vendait, il en gardait quelquefois, de littérature moderne. " Il s'appelle Jean Bélias, est aujourd'hui très âgé, vit dans une maison de retraite et a, semble-t-il, perdu une partie de ses facultés. Le 11 mars prochain aura lieu à Drouot la première étape de la cession de sa bibliothèque.

Un ensemble de bonne qualité

Comme cet amateur ne bénéficiait pas de moyens importants, ces enchères ne contiennent pas de pièces " stars " de la bibliophilie estimées pour des sommes hors du commun, mais un ensemble à la fois pléthorique et de bonne qualité, qui devrait répondre aux attentes de férus de littérature moderne. L'expert Christan Galantaris explique que l'ensemble sera dispersé en cinq ventes. " Tous les livres ont été bien choisis. Ils sont tous intéressants et dans des éditions qui ne sont jamais des livres de poche. On ne peut pas vraiment dire qu'il était collectionneur car il ne possédait pas un seul rayonnage. Les ouvrages qui existent pour certains en double, voire triple exemplaire, étaient accumulés à même le sol. En outre, alors qu'il connaissait de nombreux artistes, il ne leur avait jamais demandé d'imaginer pour lui un ex-libris, cette marque distinctive des bibliophiles. "

S'il n'était collectionneur, alors il était pour le moins accumulateur. Dans le catalogue, l'expert évoque " un bibliophile qui tient à garder l'anonymat ". Mais, dès la première page comportant une illustration, il dévoile son identité en reproduisant un envoi du poète René Char à " mon ami Jean Bélias ", daté de 1949. C'est Char lui-même qui a écrit sur une page le poème " Le Carreau ", accompagné d'un dessin abstrait destiné à l'amateur. La feuille est estimée 1.200 euros. En fait Jean Bélias, le discret, a fréquenté les cercles intellectuels de l'avant-garde parisienne même si, dans cette première vente, aucun autre document ne marque ses liens personnels avec les gens de lettres du XXe siècle.

Parmi les lots portant les estimations les plus élevées, figure une pièce importante de Marcel Duchamp, appelée " La Boîte-en-valise " et qui consiste en un résumé de l'oeuvre de l'artiste comprenant 83 objets et documents. Editée à 100 exemplaires dans les années 1965-1968, elle est estimée 20.000 euros. Parmi les livres les plus sulfureux de la deuxième partie du XXe siècle, il y a " Histoire d'O ", récit sado-masochiste de Pauline Réage alias Dominique Aury, secrétaire de la " Nouvelle Revue française ". Il est publié en 1954 et 20 exemplaires sont imprimés sur un papier luxueux, du vélin d'Arches. L'exemplaire proposé en fait partie, avec une estimation de 3.000 euros. Le manuscrit original de ce roman à scandale avait été vendu aux enchères, chez Christie's, en avril 2006, pour 102.000 euros. Quant à l'ouvrage lui-même, il paraîtra avec une préface de Paulhan, qui écrit " Enfin une femme qui avoue "...

En 1947, le même Paulhan faisait paraître " Métromanie ou les Dessous de la capitale ", un texte plus sage, car sur le sujet du métro parisien, illustré de 60 gravures de Dubuffet. Le volume, tiré à 160 exemplaires, est marqué en l'occurrence par un envoi de Paulhan au célèbre éditeur Gaston Gallimard. Estimation : 3.000 euros. Jean Bélias " fréquentait " aussi les poètes plus anciens comme Stéphane Mallarmé. En 1891, ce dernier avait fait publier " Pages ", une anthologie de son oeuvre ornée d'une gravure d'Auguste Renoir représentant une gracieuse femme nue, édité dans ce papier (vergé de Hollande) à 275 exemplaires. Deux grands noms de la fin du XIXe siècle pour un livre estimé 1.500 euros.

Estimations basses

Le collectionneur qui voulait rester anonyme connaissait personnellement l'initiateur du mouvement Dada en Suisse, Tristan Tzara. Sept ouvrages du poète, abondamment illustrés, sont proposés ce 11 mars dont " Parler seul ", un recueil de 1948-1950 avec 72 lithographies de Joan Miró (5.000 euros).

Quelques années plus tôt, en 1938, les surréalistes et leurs amis s'étaient amusés à détourner de leur vocation des mannequins de magasin. De Dali à Duchamp, ils avaient transformé ces personnages immobiles en déployant des trésors d'imagination et Man Ray avait photographié leurs exploits. Les 15 clichés témoins de ces petites aventures fantaisistes n'ont été publiés qu'en 1966 et Jean Bélias possède l'ouvrage relié, dans un tirage à 37 exemplaires sur papier vergé d'Arches, signé de Man Ray. Il est estimé 8.000 euros.

En tout, 250 lots sont proposés avec des estimations moyennes de 2.000 euros, qui sont plutôt basses par rapport aux cotes habituelles. Une stratégie classique pour attirer les enchérisseurs car, comme l'explique l'expert : " Plus on fixe des estimations basses, plus les prix sont hauts. "

JUDITH BENHAMOU-HUET

Le 11 mars, hôtel Drouot, Piasa (01.53.34.10.10). Exposition chez Piasa, du 3 au 6 mars. 9, rue Drouot. 75009 Paris

Le Echos.fr jeudi 28 février 2008


Dominique de Villepin vend aux enchères sa bibliothèque napoléonienne

LIRE & VOIR LE CATALOGUE

 

L'ex-Premier ministre français Dominique de Villepin, grand admirateur de Napoléon, vendra en mars aux enchères à Paris sa collection de livres et de manuscrits sur l'empereur et l'Empire, a annoncé la maison d'enchères.

La collection, réunie depuis plus de trente ans par Dominique de Villepin, comprend des éditions originales, et des pièces autographes, dont des lettres de Napoléon 1er.

La vente, le 19 mars à Drouot-Richelieu, propose quelque 350 lots, estimés autour des 400.000 euros.

Parmi les prix les plus importants, un almanach italien qui appartenait à Napoléon est estimé 5.000-8.000 euros et une lettre signée de l'Empereur à Eugène de Beauharnais, vice-roi d'Italie, 2.000-3.000 euros.

Selon l'expert de la vente Benoît Forgeot, M. de Villepin a choisi de vendre sa collection après avoir décidé de "tourner la page" Napoléon.

L'ancien Premier ministre a écrit une saga impériale, avec "Les Cent-Jours ou l'Esprit de sacrifice" en 2001, suivi de "Le Soleil noir de la puissance" en 2007. Un troisième tome, "La Chute ou l'Empire impossible", doit sortir en septembre.

PARIS (AFP) - 9 fèvrier 2008


 

Boulogne-sur-Mer 70 livres anciens ont disparu à la bibliothèque !

En l'espace de plusieurs années, près de soixante-dix livres anciens dont certains de grande valeur ont été dérobés à la bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Un ancien agent technique a été mis en examen dans ce scandale et sera prochainement jugé devant le tribunal. Il devra répondre du vol de cinq atlas d'une valeur de 67000 euros. Mais une question demeure : qui a volé les autres ouvrages.

LA VOIX DU NORD 14 janvier 2008


Selon RTL info.be - La Flandre risque de perdre un important manuscrit

Un peu moins d'un an après le rachat du manuscrit de Gruuthuse par les Pays-Bas, la Flandre risque de perdre un autre manuscrit important, l'Antifonarium Tsgrooten. En effet, aucune institution culturelle belge ne souhaiterait acheter l'oeuvre, révèle jeudi le site web de l'hebdomadaire "Knack".

La famille princière belge de Mérode a récemment mis en vente le célèbre manuscrit Antifonarium Tsgrooten. L'Antifonarium est un manuscrit exceptionnel, réalisé aux environs de 1500 par Franciscus van Weert, sur demande d'Antonius Tsgrooten (1460-1530), l'abbé de l'abbaye de Tongerloo. "Les experts considèrent l'Antifonarium comme un magnifique exemple de l'art brabançon du seizième siècle", selon l'hebdomadaire flamand. La famille de Mérode propose l'Antifonarium aux institutions belges, dont la Bibliothèque royale à Bruxelles, pour 400.000 euros. Selon "Knack", le dossier d'achat serait depuis quelque temps entre les mains du ministre flamand de la Culture, Bert Anciaux (Spirit). En l'absence de réponse, le manuscrit sera envoyé au début de l'année prochaine à Londres où il sera probablement mis aux enchères par Christie's.

ARTS & LITTéRATURE jeudi 27 décembre 2007


A Paris la BNF, rue de Richelieu se lancera dans un grand chantier en 2009.

À Paris, le site historique de Richelieu sera en travaux pendant cinq ans. Une modernisation qui s'effectuera sans fermeture.

« IL FAUT refaire de ce lieu négligé un pôle de rayonnement scientifique et culturel au coeur de Paris. » En une phrase, Bruno Racine, le président de la Bibliothèque nationale de France (BNF) définit l'ambition des grands travaux qui attendent l'institution sur son site historique de Richelieu, à Paris. En 2009, le quadrilatère cerné par les rues de Richelieu, Colbert, Vivienne et des Petits-Champs (dans le IIe arrondissement) entrera en chantier et pendant cinq ans, cette opération menée sous la direction de l'architecte Bruno Gaudin visera à rénover et à moderniser quelque 59 000 m².

« On peut se demander pourquoi cela n'a pas été fait plus tôt, poursuit Bruno Racine, car l'état des lieux est préoccupant depuis des années. » La sécurité, en particulier, est loin d'être parfaite. Ainsi Jacqueline Sanson, la directrice générale adjointe de la BNF ne manque pas de remarquer que l'on est encore « en 110 volts dans une grande partie des espaces ».

Sans doute faut-il également remettre de la cohérence dans ce vaste ensemble disparate. La bibliothèque a pris pied sur cette parcelle au coeur de la capitale à partir de 1720 et l'a grignotée au fil des ans jusqu'à occuper entièrement le quadrilatère à la fin du XIXe siècle. « Il s'agit d'un ensemble de constructions XVIIe, XVIIIe, XIXe et XXe », explique Jacqueline Sanson. Sans compter que le contenu des lieux a été modifié ces dernières années. Il y eut ainsi, à partir de 1997, le départ des collections aujourd'hui conservées dans les tours du site François-Mitterrand, dans le quartier de Tolbiac (XIIIe arr.). Restaient alors sur place notamment cinq départements spécialisés comme celui des Cartes et plans ou celui des Manuscrits tandis qu'un certain nombre d'espaces devenaient vacants.

Un chantier en deux phases

Il faut encore tenir compte de l'installation à venir des collections de la future bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA) et de celle de l'école des Chartes. Pour un budget aujourd'hui évalué à 150 Meur, financé à 80 % par le ministère de la Culture et à 20 % par celui de l'Enseignement supérieur, il faudra donc rénover et réorganiser l'intérieur, remettre les dispositifs de sécurité aux normes, améliorer les conditions de conservation des collections autant que l'accueil du public. Le tout sans toucher au caractère des lieux. « Notre intervention sera complexe autant que discrète », remarque Virginie Brégal, chef de projet à l'agence Bruno Gaudin. Qui plus est, l'opération devra s'effectuer sans que la bibliothèque ferme. Pour cela, le chantier sera organisé en deux phases, la première concernera les bâtiments côté Richelieu et, pour la deuxième, à partir de 2012, se concentrera côté Vivienne. L'ensemble devrait être achevé fin 2014.

À ce stade, budget et délais évoqués doivent être pris avec prudence. Ces derniers mois, l'organisme chargé de mener la plupart des grands chantiers du ministère de la Culture, l'Établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels (Émoc) s'était vu reprocher de nombreux retards et dépassements de budget. Au point que la commission des finances du Sénat avait demandé une enquête à la Cour des comptes. Toutefois mercredi dernier, lors d'une audition publique organisée au palais du Luxembourg à l'issue de cette étude, il a été constaté que si le fonctionnement de l'Émoc est perfectible, les difficultés sont aussi en partie imputables à la nature même du système de la culture. Ont par exemple été pointés du doigt des budgets régulièrement sous-estimés lors du lancement des opérations ou les changements de responsables politiques qui se traduisent parfois par des modifications de programme. Le chantier de la BNF sera en tout cas l'un des gros chantiers à venir dont l'Émoc aura la charge.

Le Figaro - Vendredi 13 juillet 2007. Marie-Douce Albert


Les grands livres ont leur divin Marquis.

Marin dans l'âme, Jean de Gonet a relié les oeuvres complètes de Joseph Conrad.

À QUOI ressemble un grand relieur, cet « enchanteur des bibliothèques » que se disputent bibliophiles et enchères, la Réserve de la BNF et les grands banquiers type Rothschild ou Lazard ? Le sourcil en bataille et l'oeil bleu myosotis, Jean de Gonet reçoit tous ses visiteurs en son atelier d'artiste comme le marquis généreux reçoit ses convives en son château champêtre. Bien qu'il se trouve sous la cour d'un bloc de petits immeubles parisiens, il y souffle l'air du large. Parfois même le bruit de la tempête lorsque la pluie s'accumule sur la bâche bleu océan qui couvre la verrière (1).

Tempétueux, ce diable d'homme l'est d'ailleurs, qui aime ou qui déteste, qui goûte peu « les appliqués », les terre-à-terre et les tièdes. En cela, cet accro de deltaplane et de planeur appartient bien au monde des livres où les passions se défendent à mots parfois assassins. À 10 ans, ce « fils inespéré d'une belle lignée de filles » avait déjà sur sa table de chevet Mort à crédit, de Céline.

Oublier le mot «ennui»

« J'attends toujours que quelqu'un m'explique pourquoi, durant les trente-cinq années qui viennent de s'écouler, personne, jamais, n'est me taper sur l'épaule pour interrompre ma longue et joyeuse danse autour de la reliure et me proposer enfin un volume du formidable Joseph Conrad », s'étonne-t-il en gentilhomme du pays d'Oc habillé de lin blanc, au gène plus échanson que cavalier. Deux grands favoris à sa panoplie, en blanc : le Meursault, Tessons Clos de Monplaisir et, en rouge, le Bandol Templier la Migoua.

Faute d'amateurs de cette prose aventureuse (La Folie-Almayer, 1895), de ces romans, contes (Lord Jim, 1900) et nouvelles du grand large (Le Miroir de la mer, 1906) et donc de commandes sur mesure, Jean de Gonet s'est donné comme quête de réunir Conrad sous ses meilleurs exemplaires. Comme ces « exemplaires réimposés » tirés à 100 numéros, imprimés au nom du commanditaire, comble du chic bibliophile. Certains, par les lois aléatoires de la survie et donc de la rareté, sont désormais introuvables, comme le recueil de formidables nouvelles Histoires inquiètes (1898) ou le conte Fortune (1913).

Ses « 34 reliures en biais » donnent à tous leurs lettres de noblesse, « un air de famille » sous le « faux tressé », cuir qui fait trembler la main du lecteur par sa douceur. « L'objectif est de s'approcher le plus possible de ces distrayantes familles nombreuses où les enfants sont autant de propositions surprenantes, pourtant issus d'un même moule, qui nous font oublier ce que le mot ennui signifie », commente cet orateur au vocabulaire précis de marin, au lyrisme pudique de militaire. Son grand-père, lui aussi un Jean de Gonet, abandonna très vite le barreau pour créer avec Gustave Fayet la chambre musicale de Béziers. Odilon Redon fit un ravissant pastel de sa tante Geneviève, un autre de sa grand-mère Henriette dont « la chambre aux papiers peints imprimés à la main, les splendides bouquets, les lectures et les rires ont nourri [sa] palette intime ». Le beau en héritage.

Après avoir créé près de 1 500 reliures « simples, faussement simples », de Proust à Char et Michaux, ce lecteur patenté qui chante Trenet comme personne s'est offert un « pur exercice de relieur ». Une figure imposée sur l'oeuvre complète de son cher Joseph Conrad, écrivain découvert en mer par cet autodidacte qui gagna le concours du Service historique de la Marine. Ode donc à l'aristocrate polonais dont l'anglais reprend le rythme des vagues et des traversées, et dont l'oeil lucide cerne toutes les failles de la condition humaine (2).

(1) À voir jusqu'au 13 juillet chez Artefacts 8, rue Édouard-Lockroy, 75011 Paris (de 4 000 eur à 9 800 eur). Tél. : 01 43 38 06 57. (2) À lire, « Joseph Conrad, Nouvelles complètes », éditions établies par Jacques Darras, « Quarto », Gallimard, 2003.

Le Figaro - Valéeie Duponchelle le 06 juillet 2007


Fleurs du Mal offert par Baudelaire à Delacroix a atteint

mercredi soir chez Sotheby's à Paris la somme record de 510 000  

Un exemplaire des Fleurs du Mal offert par Baudelaire à Delacroix a atteint mercredi 4 juillet chez Sotheby's Paris, la somme record de 510 000 euros, lors d'une vente de manuscrits et livres rares.

L'ouvrage, l'un des clous de la vente de la Collection Pierre Leroy, grand bibliophile, a enregistré un record mondial pour une édition originale de littérature française, selon Sotheby's.

Le précédent record était détenu par un exemplaire d'une Saison en Enfer de Rimbaud vendu chez Pierre Bergé le 20 juin 2006, à 440 000 euros (sans les frais), selon la même source.

L'ouvrage daté de 1857 avait été offert par le poète au peintre Eugène Delacroix, en «témoignage d'une éternelle admiration», comme le souligne la dédicace manuscrite et signée. L'exemplaire, qui comporte trois corrections autographes, était estimé 300 000-400 000 euros.

Amoenitates Belgicae, un manuscrit autographe de 23 pièces en vers, derniers poèmes de Baudelaire dans lesquels il fulmine contre la Belgique, estimé 250 000-350 000 euros, a atteint 200 000 euros (hors frais). Le manuscrit a appartenu à l'éditeur des Fleurs du Mal, Auguste Poulet-Malassis.

Le manuscrit du poème poème Le Vin des Chiffonniers, signé Baudelaire, estimé 100 000-150 000 euros, a atteint 140 000 et un exemplaire des Paradis artificiels ayant appartenu à Maxime du Camp, estimé 100 000-150 000 euros, a atteint 165 000 euros.

Un manuscrit signé Lamartine portant abolition de la peine de mort en matière politique, qui devait être mis aux enchères, a été retiré de la vente par le collectionneur qui a annoncé mardi soir à la ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel qu'il faisait don à l'État de ce document historique.

Le document, premier décret pris par le Gouvernement provisoire de 1848, écrit de la main de Lamartine et signé de lui et de tous les autres membres du gouvernement, était estimé entre 60 000 et 80 000 euros.

Paris mercredi 3 juillet 2007.


La grâce classique de Philippe de Champaigne

Le Palais des beaux-arts de Lille présente soixante-quinze tableaux du peintre, la plus grande exposition sur l'oeuvre de l'artiste favori de Marie de Médicis et Richelieu, l'un des plus grands de l'âge classique.

LE BEAU NOM de Philippe de Champaigne (1602-1674) peut faire peur : tout le monde sait peu ou prou qu'il s'agit d'un grand peintre français (même s'il est né à Bruxelles). Mais il y a dans l'imaginaire français quelques rigides a priori scolaires - dont a souffert Racine, lui aussi baigné de jansénisme et de génie déchaîné - qui peuvent faire qu'on hésite à se déplacer pour voir au Musée des beaux-arts de Lille la plus grande exposition qu'on lui ait jamais consacrée. Comme le sentiment religieux, le respect du pouvoir, lequel, au XVIIe siècle, avec Richelieu notamment portraituré onze fois par l'artiste, conduit à la création de la notion d'identité française, le sens de la hiérarchie, la rigueur, voire cette intransigeance en art qui allie réalisme, simplicité, harmonie, nature, composition, humilité. Et beaucoup d'autres choses, l'invitation, par exemple, à une contemplation des oeuvres, longue et silencieuse, quoi qu'on en dise dans l'esprit des messieurs et des soeurs de Port-Royal. Tout cela, et le sous-titre même de l'exposition - « Entre politique et dévotion » -, peut dissuader ceux qui attendent d'abord d'un tel événement qu'il soit plus chatoyant qu'austère, plus propice à la rêverie que pédagogique, plus spectaculaire que méditatif.

Il se trouve que la visite de cette exposition supervisée par le subtil Alain Tapié peut satisfaire aussi bien le béotien simplement assoiffé d'une sidérante, continue et immédiate beauté des 75 toiles ici accrochées, que l'exégète, le théologien aux aguets. Qu'importe en ces lieux ces savoirs ou ces disputes interminables sur la grâce ou la prédestination, disputes illustrées par Bunuel dans une scène de duel d'anthologie d'un film qui l'est tout autant : La Voie lactée. L'exposition, on l'aura compris, qui réunit des toiles venues du monde entier, avec cependant l'absence étrange de la plus célèbre d'entre elles - un « tube » si l'on nous permet cette trivialité, surtout s'agissant d'une toile mystique et d'action de grâces -, le fameux Ex-voto que connaissent tous les visiteurs du Louvre ; l'exposition est impressionnante d'emblée. Une face du Christ saisissante et, plus loin, des portraits majestueux de Richelieu. Oxymore merveilleux : l'exaltation des Majestés et des figures de l'humilité, sans doute plus nobles encore dans cette Adoration des bergers (vers 1648), dans cette Présentation au temple, dans cette Résurrection de Lazare, dans le sentiment pictural de la présence des corps, des visages, dans ces mains, merveilleux outils du pouvoir et de l'oraison. Les plus belles jamais peintes, avec celles de Dürer. Et les plis et les drapés, les vertiges se succèdent. En ordre.

Splendeur des paysages

La fête s'enrichit, autre oxymore puisque Champaigne arrive à une perfection dans la simplicité : les visages, psychologiques, impénétrables ou séraphiques, parfois en même temps. La splendeur des paysages qui vient d'une souterraine influence flamande. On sait que le jeune Philippe, ami de Poussin, s'émerveilla et utilisa les sortilèges de l'art des peintres du Nord sur la question. Étrange sensation qui se dégage de l'exposition : tout est savant, comme chez Bach, et tout semble gracieux et naturel, même dans les oeuvres majestueuses, tandis que surgissent par instants des effrois (les têtes de décollés de Pierre et Paul). Sans parler de l'influence manifeste du grand Rubens dont le jeune homme refusa de rejoindre l'atelier. Non parce que, selon une légende tenace, ses parents n'en avaient pas les moyens (le génial Flamand était tout sauf cupide), mais parce qu'il avait peut-être pressenti que le baroque brillant, tournoyant, de la Contre-Réforme ne ferait pas partie de son univers.

Et puis il y a ce bleu, la couleur du ciel, dont les nuances atteignent ici des sommets presque surnaturels. À elle seule, elle mérite qu'on s'attardât des heures devant certaines toiles.

L'artiste s'inspirait plus volontiers de saint Augustin que d'Ignace de Loyola.

DEPUIS la grande rétrospective organisée en 1952 à l'Orangerie des Tuileries, les spécialistes continuent de se disputer pour savoir si Philippe de Champaigne était ou non janséniste. La question ne peut pas être posée en termes aussi abrupts, même si certains éléments biographiques autorisent une réponse positive. Peintre du parti dévot dans le Paris des années 1630, Philippe de Champaigne mit ses deux filles Françoise et Catherine en pension à Port-Royal de Paris en 1648. En 1662, la guérison de sa fille célébrée par son Ex-voto fut interprétée par les amis de Port-Royal de la même façon que celle de la nièce de Pascal six ans auparavant : un miracle manifestant l'élection divine en pleine bataille contre les jésuites.

Impressionnant d'humanité

En 1664, le peintre soutint le monastère contre les persécutions mises en scène par Montherlant dans sa célèbre pièce. Il semble qu'il ait caché dans sa maison Lemaître de Sacy, le traducteur de la Bible traqué par la police. On peut aussi rappeler que Philippe de Champaigne peignit plus volontiers saint Augustin qu'Ignace de Loyola, qu'il donna des frontispices pour les « écrits de combat » des Messieurs, de nombreux tableaux de piété aux maisons de Port-Royal et plusieurs portraits des religieuses et des Solitaires. Aux Champs, étaient ainsi accrochés la Grande Cène, une Vierge, un Saint-Jean Baptiste, des Pèlerins d'Emmaüs, un Bon Pasteur, un Saint-Bernard, un Saint-Benoît, l'Ex-voto de 1662 et des portraits des mères supérieures.

Parmi les vestiges de ce bel ensemble dispersé en 1709, les pèlerins de Port-Royal des Champs peuvent habituellement admirer un Christ aux outrages impressionnant d'humanité dans son drapé rouge. Il est accroché au Musée des beaux-arts de Lille jusqu'au mois août. Ce Christ, où la représentation veut être signe en s'identifiant à la vérité vivante, permet de répondre à la question posée. Champaigne, peintre de Port-Royal ? Une réponse offerte à chacun des visiteurs de l'exposition lilloise.

Palais des beaux-arts de Lille, jusqu'au 15 août, tél. : 0 800 03 20 07. www.musenor.com Catalogue édité par la Rmn, 352 p., Prix : 45 euros.

Le Figaro - Hervé DE SAINT HILAIRE. le 27 avril 2007

Le temps paraît suspendu à Port-Royal des Champs

À l'orée de la vallée de Chevreuse, un musée national conserve la mémoire des controverses jansénistes qui touchèrent jusqu'à la peinture.

LE GRAND SIÈCLE est un paysage choisi où cohabitent les contraires : le côté de Versailles et le côté de Port-Royal. À celui-là les ors, les foules. À celui-ci la paix et la faveur d'esprits élus. À trois ­siècles et demi de distance, deux conceptions du monde et de la vie continuent de s'opposer au coeur des Yvelines. On vient à Versailles en visite, mais on va à Port-Royal en pèlerinage, traquant les ombres des Solitaires sous les grands arbres.

C'est une des plus belles promenades d'Île-de-France depuis la réunification, en 2004, des ruines de l'abbaye rasée en 1710, au fond du vallon, et des Granges, sur le plateau, en un domaine unique administré par le ministère de la Culture. À l'orée de la vallée de Chevreuse, où le temps paraît suspendu, il est émouvant de marcher de l'un à l'autre par les Cent Marches que le jeune Racine descendait chaque matin pour assister à l'office et remontait pour entendre les leçons de grammaire, de grec et d'hébreux des Messieurs. Émouvant de songer aux visites que Philippe de Champaigne fit aux Champs, venu chercher le silence, la grâce et la paix parmi les Solitaires. Le maître, qui a participé aux chantiers du Luxembourg, de la Sorbonne, du Val-de-Grâce et des Tuileries, n'a pas pris part à la décoration de Versailles. Mais il a donné de nombreuses oeuvres aux deux monastères cisterciens de Port-Royal des Champs et de Paris. Philippe de Champaigne, janséniste ? Autant que le Pascal de la dix-septième Provinciale expliquant qu'il ne l'était pas. « Vous supposez premièrement que celui qui écrit les Lettres est de Port-Royal... Je n'ai qu'à vous dire que je n'en suis pas, et à vous renvoyer à mes Lettres, où j'ai dit que je suis seul, et en propres termes, que je ne suis point de Port-Royal... »

C'est ainsi que depuis l'origine, le jansénisme est un fantôme. C'est un songe, un mirage, un mythe littéraire qui plane autour des noms de Saint-Cyran, Pascal, Lemaître de Sacy, Arnauld, Nicole, Racine, Mme de Sévigné, Mme de La Fayette, La Rochefoucauld, Lancelot, La Fontaine, Charles Perrault, Boileau, Mme Longueville. Et Champaigne, naturellement.

Musée national de Port-Royal des Champs, route des Granges 78114 Magny-les-Hameaux. Visite guidée sur rendez-vous. Tél. : 01 39 30 72 72.

Le Figaro - SÉBASTIEN LAPAQUE


 

 
Exposition : le Musée du Louvre propose deux beaux accrochages de dessins :

l'un sur la fameuse collection Chennevières,

l'autre sur un artiste un peu oublié, Joseph Parrocel (1646-1704).

Cette fête du dessin, discipline que le grand Ingres définissait comme « la probité de l'art », est l'occasion de nombreuses expositions. Au Louvre, notamment, avec un événement : « La Collection Chennevières, quatre ­siècles de dessins français ». Un régal, un festin généreux et léger dont on sort délicieusement nourri. Louis-Antoine Prat, ­commissaire de l'exposition (avec la précieuse collaboration de ­Laurence Lhinares), a l'habitude de soigner ses convives. Voici donc présentées - et de belle manière - 43 des 89 dessins du Louvre (et une vingtaine appartenant à des collections privées) provenant de la collection d'un amoureux exceptionnel du bel art : Philippe de Chennevières (1820-1899), qui fut conservateur au Louvre, directeur des Beaux-Arts, et qui constitua un fastueux trésor de 3 500 dessins français allant de 1500 à 1860.

Un vertige graphique dont l'exposition (et le catalogue qui l'accompagne, édité par le Musée du Louvre, 49 eur) donne une idée. Voici de fascinantes confrontations : David, Charles Le Brun, Delacroix, « Les Saisons » d'Antoine Dieu, Nicolas Poussin (entre autres, la puissante vérité de Mars et Vénus), Simon Vouet, Watteau le poète ou Fragonard le dramaturge avec cet extraordinaire lavis brun, Ma chemise brûle ! d'une impressionnante virtuosité technique et narrative. On peut admirer beaucoup d'oeuvres d'autres artistes que l'impitoyable et mystérieuse postérité n'a pas forcément glorifiées comme Augustin Pajou.

La visite de l'exposition, panorama des sensibilités artistiques de quatre siècles, donne le sentiment presque nostalgique de talents qui semblent naturellement élégants, aisés, même dans la plus extrême sophistication, un peu comme ceux des grands et petits maîtres de la littérature de ces époques. Le dessin, comme un écrit pensé ou spontané, un art tout proche des subtilités la parole, dans le murmure, la confidence ou la déclamation. il est à noter que les visiteurs pourront également découvrir un tableau de Géricault, Le Déluge, propriété de Chennevières, qui l'échangea contre le carnet de David.

Une expressivité ­ parfois sidérante

Le Musée du Louvre offre une autre occasion de délectation et de méditation sur l'art graphique avec une très belle exposition consacrée à Joseph Parrocel (1646-1704). Un artiste lui aussi un peu oublié, connu surtout comme peintre de bataille mais dont le département des arts graphiques du Louvre propose, à l'occasion de la publication d'une monographie de Jérôme Delaplanche (Joseph Parrocel. La Nostalgie de l'héroïsme, aux Éditions Arthena, 121 eur), de dévoiler d'autres facettes de cet artiste à la main ferme, libre et d'une expressivité parfois sidérante : dans les scènes de genre, les atmosphères champêtres à la manière du Watteau chanté par Verlaine et surtout dans les sujets religieux. Les soixante feuilles et gravures ici proposées en témoignent.

Puisque l'on parle de dessins et du Louvre, dont les trésors en la matière sont inépuisables, rappelons qu'en raison de leur grande fragilité, de leur sensibilité à la lumière notamment, les oeuvres sur papier ne peuvent que rarement faire l'objet d'une exposition. En revanche, le département des arts graphiques du Louvre met à la disposition du public une salle de consultation que l'on peut visiter à la condition d'une inscription préalable (tél. : 01 40 20 53 51). La fragilité de ces dessins anciens, tels ceux que l'on peut voir dans ces deux expositions, apporte peut-être un surcroît de poésie rêveuse à leur contemplation.

Au Louvre jusqu'au 7 juin. « La Collection Chennevières, quatre siècles de dessins français » et, jusqu'au 7 mai, « Joseph Parrocel (1646-1704) ». Rens. : 33 (0) 1 40 20 53 17.

le FIGARO - Hervé de Saint Hilaire le 23 mars 2007


 
Giovanni Volpato (Bassano, 1735 - Rome, 1803), le Raphaël de la gravure

À Tours, au Musée des beaux-arts, ses séries enluminées sur les loges du Vatican et la galerie du palais Farnèse sont réunies pour la première fois au grand complet. Une exquise plongée à l'eau-forte dans l'arabesque italienne.

Faites comme la Grande Catherine, délectez-vous des arabesques merveilleuses de Giovanni Volpato. L'impératrice de toutes les Russies se « montait le sang à la tête » au point de vouloir faire de Saint-Pétersbourg une seconde Rome en tournant les pages de gigantesques reliures où le graveur, né à Bassano mais formé à Venise, un des plus grands maîtres de l'eau-forte de tous les temps (1735-1803), avait publié quelques chefs-d'oeuvre absolus. À savoir les décors pour les treize travées des loges du Vatican (1519) dus au grand inspirateur de l'âge classique Raphaël. Et ceux de la galerie du palais Farnèse terminés en 1598 par Annibal Carrache, le père du baroque.

Bien sûr, Volpato n'était pas le premier à copier ces prestigieux motifs, mais il est sans conteste le plus minutieux. La moindre expression de grotesque, le moindre branchage, toute la somptuosité d'une nature luxuriante et la connaissance parfaite de la Bible et de la mythologie sont extraits, collectés quasi scientifiquement, des plafonds, voûtes et pilastres, joyaux des bords du Tibre.

Dans son atelier de chalcographie ce n'est pas lui qui dessine - Francesco Pannini effectue les relevés sur papier, probablement à main levée - mais à lui le cuivre et la direction de la lourde et onéreuse entreprise d'édition qui bénéficie de l'exceptionnel privilège du pape Clément XIII. Nombre d'estampes sont rehaussées à la gouache et à l'aquarelle, voire enluminées à la feuille d'or et seuls les princes peuvent se les offrir. De tels clients afflueront toutefois.

Un style fait « uniquement pour le plaisir des yeux »

Ainsi, si Raphaël et Carrache sont les inspirateurs, c'est ce fils de brodeuse qui excelle aussi bien à l'eau-forte qu'à la pointe sèche qui est le principal propagateur d'un style fait, selon Quatremère de Quincy « uniquement pour le plaisir des yeux ». Louis XIV avait déjà fait orner une galerie des Tuileries à l'image de l'intérieur de la galerie du palais Farnèse, mais avec Volpato, c'est toute l'Europe qui s'y met. Du palais d'Hiver de la tsarine Catherine à Saint-Pétersbourg, à Paris (ministère du Travail, Hôtel de la Marine entre autres), de la Suède à l'Allemagne. Jusqu'à la Maison-Blanche.

À Tours, au Musée des beaux-arts, la réunion pour la première fois complète des 43 planches des loges et de la galerie Farnèse, grâce à École nationale supérieure des beaux-arts qui a accepté de démonter une des trois reliures de son fonds, rappelle donc que l'oeuvre du géant de Bassano servit de média pour tout un répertoire décoratif : papiers peints, tentures, porcelaines, biscuits... Philippe Le Leyzour, conservateur en chef du musée et Annie Gilet, commissaire de l'exposition ne se privent pas pour dire à quel point le graveur fut un creuset jusqu'à l'Art déco des années 1920.

Dans la salle des expositions temporaires qui était celle de l'orangerie de l'ancien palais de l'Archevêché, et qu'on dirait construite pour les estampes tant celles-ci respirent dans un parfait alignement, sur un fond bleu très proche de celui de leurs cieux bibliques, lorsqu'on les examine de près, leurs compositions rivalisent de mondes fantastiques et miniatures. Voici un pilastre d'entrelacs sur le thème des instruments de musique, un autre sur les poissons. Soit de véritables encyclopédies. Mais aussitôt affluent bien d'autres catalogues. Des univers étranges qui balaient tout réalisme et au sein desquels Volpato se révèle plus libre, car il enrichit les modèles raphaëliens et carrachiens déjà saturés de cohortes de sirènes, satyres, griffons, putti, bouquets, paons et autres grappes de difformités monstrueuses inhérentes au genre antique. Tous en séries et pourtant - tel est le charme de l'arabesque - jamais les mêmes.

En 43 planches, que de jeux d'effets de fini et d'infini, que d'équilibres subtils entre l'ordre et l'invention, quel subversif mélange de volupté et d'élévation ! Quel étourdissement en somme, purement italien, loin des Grecs, que ce XVIIIe rêvant la Renaissance, laquelle rêvait l'Antiquité. Puissants rêves donc. Précieux et fragiles, à l'image de ces deux cuivres de Volpato, prêts exceptionnels de l'Istituto nazionale per la grafica de Rome, matrices montrant l'envers d'un travail extrêmement difficile et extrêmement léger, sa réalité.

« Giovanni Volpato : les Loges de Raphaël et la Galerie du palais Farnèse», jusqu'au 30 avril au Musée des beaux-arts/Palais des archevêques, 18, place François-Sicard, 37000 Tours. Tél. : 02 47 05 68 73. Catalogue couleur en français édité par Silvana Editoriale (Milan) 264 p., 30 euros

Le Figaro - ÉRIC BIÉTRY-RIVIERRE. - 15 février 2007


L'état civil du XIXe siècle entre sur internet

grâce aux "généannoteurs".

Passionnés de généalogie, une cinquantaine de "généannoteurs" de toute la France répertorient sur internet des actes de naissance du XIXe siècle de la ville de Rennes, une initiative destinée à faciliter la tâche aux millions de Français à la recherche de leurs ancêtres.

L'expérience a été lancée en 2005 par les Archives municipales de Rennes, pionnières dans le développement des archives numérisées.

Elle permet d'accéder d'un simple clic à des informations habituellement difficile d'accès et de faire gagner un temps précieux aux généalogistes amateurs. "Il est désormais possible de taper directement le nom désiré au lieu de chercher page après page sur les états civils, ce qui peut prendre des heures", explique Chantal L'Huillier.

Cette habitante de Meurthe-et-Moselle est l'un des cinquante "généannoteurs" travaillant bénévolement avec les Archives de Rennes. La généalogie est pour elle "une passion" qu'il "ne faudrait pas commencer" à vivre tellement elle est dévorante.

Chantal L'Huillier a découvert l'initiative rennaise en remontant l'arbre généalogique de sa mère, originaire d'Ille-et-Vilaine. Depuis, elle reçoit tous les deux mois par courriers électroniques les pages numérisées des registres des naissances, dont elle doit déchiffrer un à un les noms de famille, avant de renvoyer les fichiers décryptés sur le site des archives municipales. "J'y travaille un petit peu tous les jours", raconte-t-elle.

La généalogie est l'un des passe-temps préféré des Français, dont 42% disposent déjà de l'arbre généalogique de leur famille, selon une étude réalisée en juin 2006 par Ipsos à la demande du site internet notrefamille.com. Ils sont 23% à s'être intéressés à cette science au cours des deux dernières années, dont 15% en faisant des recherches pour établir une arbre généalogique et 13% en visitant un ou plusieurs sites internet.

Les Archives de Rennes espèrent avoir totalement indexé le registre des naissances des années 1793 à 1880 d'ici la fin du premier trimestre, indique Jocelyne Denis-Gouyette, responsable du programme. "Nous passerons ensuite au registre des décès".

Le développement d'un nouveau logiciel devrait parallèlement offrir un gain de temps avec l'automatisation des procédures de contrôle, explique Mme Denis-Gouyette.

D'autres villes s'intéressent à l'expérience de Rennes, dont la notoriété a profité de l'obtention du Prix Territoria 2006, attribué aux réalisations les plus innovantes des collectivités territoriales.

AFP- Rennes samedi 10 février 2007.


Un professeur tchèque a ete arrété pour le vol d’environ 1000 cartes anciennes.

Un professeur tchèque a été arrêté pour le vol d’environ 1000 cartes anciennes, de toutes les epoques et de toutes origines (couvrant les domaines de la Geographie mais aussi de l’Astronomie, Astrologie, Botanique…), estimees a 10 millions de couronnes tcheques (300 000 Euros). Depuis plusieurs annees, il profitait de son statut reconnu pour emprunter des ouvrages rares et y prelevait les cartes et documents qui allaient enrichir sa collection personnelle.

http://fr.wordpress.com/tag/rep-tcheque/ - le 31 janvier 2007


Google va mettre en ligne la bibliothèque de l'université de Princeton.

La bibliothèque de l'université de Princeton (est) va être mise en ligne par Google dans le cadre du projet de grande bibliothèque virtuelle du moteur de recherche californien, ont annoncé lundi les deux partenaires.

Cet accord renforce ce projet controversé qui a pour but de numériser tous les ouvrages écrits de la planète et de les mettre sur l'internet.

Il concernera tous les écrits de la bibliothèque de Princeton non protégés par des droits d'auteur. La bibliothèque de Princeton, l'une des universités les plus renommées aux Etats-Unis, comprend plus de six millions de travaux écrits et cinq millions de manuscrits. Elle a été créée il y a 250 ans.

"Plusieurs générations de bibliothécaires de Princeton ont contribué à bâtir une collection remarquable de livres sur des milliers de sujets dans des langues qui se comptent par dizaines", a souligné l'universitaire Karin Trainer. "Participer au projet de Google va nous permettre de partager notre collection avec des chercheurs dans le monde entier, une étape qui répond à la devise non officielle de Princeton d'être au service de la nation et de toutes les nations".

Princeton est la 12e bibliothèque d'université à rejoindre le projet de Google, qui a suscité une levée de boucliers d'éditeurs. Ces derniers estiment que Google n'a pas le droit de créer en propriétaire la version électronique de leurs livres ou des bibliothèques mondiales.

AFP- 6 février 2007


La Foire du Livre au Caire submergée par l'édition islamique.

La Foire du livre du Caire, la plus importante du monde arabe, semble submergée par l'édition islamique, réduisant aux marges la littérature et les ouvrages scientifiques.

Sitôt passées les portes d'accès du parc d'exposition, 1400 stands proposent jusqu'à dimanche, sur 80.000 m2, livres, cassettes et CD à dominante religieuse, dans une atmosphère de kermesse populaire.

Près de 2 millions de personnes, selon les organisateurs, auront visité la 39e édition d'une foire qui surclasse, par sa taille celles deBeyrouth, Casablanca et Abou Dhabi.

A l'instar de la foire de Francfort, la grande référence internationale, le principe d'un pays "invité d'honneur" a été institué, avec l'Italie cette année, après l'Allemagne l'an dernier.

Des rencontres entre écrivains égyptiens -Gamal Ghitani, Alaa al-Aswany, Ahmad al-Aïdi- et italiens -Claudio Magris ou Antonio Tabucchi- ont été organisées, au centre culturel italien.

Pour l'ambassadeur d'Italie au Caire, Antonio Badini, il y a "encore du chemin à faire, mais ce sont des signes encourageants du dialogue des cultures, et cela passe par plus de traductions réciproques".

"C'est vrai que les éditeurs hors du monde arabe sont peu nombreux, et nous essayons de les faire venir", affirme le patron de la Foire, Nasser al-Ansari, ancien directeur de l'Institut du Monde arabe (IMA) à Paris.

Directeur de l'Organisation générale du Livre égyptien (OGLE), la plus grande maison d'édition publique, il se félicite de la présence de l'auteur turc Orhan Pamuk, bête noire des nationalistes turcs.

La place d'honneur a été réservée à l'oeuvre du prix Nobel de Littérature, Naguib Mahfouz, décédé en août. "Je crois que ses livres seront les grands succès de la Foire, à part les livres religieux", estime al-Ansari.

Parmi 700 éditeurs présents, égyptiens ou d'autres pays arabes, la grande majorité offre des livres religieux. "Nous leur réservons un quart de notre catalogue", dit M. Ansari.

Outre d'innombrables éditions subventionnées du Coran, certaines richement reliées avec dorures, ou recueils de fatwas figurent à profusion livres, cassettes ou CD de prédicateurs conservateurs ou islamistes.

Les défunts prédicateurs tels les cheikhs égyptien Charaoui et saoudien ibn Baz tiennent toujours la vedette, mais ils subissent une offensive marketing du jeune "télécoraniste" Amr Khaled, à la morale piétiste "new-look".

"C'est devenu un vrai business, mais ce fondamentalisme venu d'Arabie Saoudite, a été et reste encouragé cyniquement par le pouvoir", estime Alaa al-Aswani, auteur du best-seller "L'immeuble Yacoubian".

Des ouvrages anti-chrétiens sont en rayons comme la "Vérité sur Jésus" de l'éditeur jordanien dar al-Fallah qui taille en pièces les croyances chrétiennes, et ne voit qu'une solution: la conversion à l'Islam.

Plusieurs éditions du Mein Kampf d'Hitler sont aussi en vente. "Il fait partie de nos succès, surtout dans la tranche des 18-25 ans", affirme Mahmoud Abdallah, de la maison d'édition syro-égyptienne dar al-Kitab al-Arabi.

Parmi d'autres ouvrages du même genre, figure "Les gens du Shabat et les singes", de l'éditeur égyptien dar al-Iman qui explique que les singes descendent des juifs, et non le contraire, comme tous les autres hommes, selon Darwin.

"Laisser vendre Mein Kampf est un scandale absolu", estime Mohammed Arkoun, professeur émérite d'histoire de la pensée islamique à la Sorbonne, pour qui la production culturelle arabe, vue à travers la Foire du Caire, "reflète surtout un vide"

Plusieurs livres, dont Zorba le Grec de Nikos Kazantzakis et des oeuvres du Français d'origine tchèque Milan Kundera traduits en arabe ont été saisis en douane, empêchant leur présentation à la Foire, a affirmé leur éditeur libanais Dar al-Adab.

AFP - Le Caire - 2 février 2007.


Il y a dix ans naissait la BNF Tolbiac

Directrice des collections, Jacqueline Sanson a accompagné les transformations radicales de la conservation et s'en souvient en dessinant l'avenir.

UNE INSTITUTION, ce peut être une grande idée, une volonté politique, une longue histoire. Mais une institution ce sont surtout les hommes et les femmes qui la font vivre. Jacqueline Sanson est la grande dame de la Bibliothèque nationale de France et elle symbolise par son parcours même l'extraordinaire révolution du savoir qui est au coeur de la métamorphose de la conservation des livres.

Elle est intarissable lorsqu'il s'agit de raconter la bibliothèque et le travail des équipes. Archiviste paléographe, elle a été formée à l'École des chartes et a consacré sa vie à la Bibliothèque de France, aujourd'hui Bibliothèque nationale de France. Après le service photographique, elle avait été nommée directrice des livres imprimés en 1988. À l'époque, il n'était pas question de déménagement... Aujourd'hui, quartier Tolbiac, dans son bureau d'où la vue plonge sur le morceau de forêt intérieure, la directrice des collections (imprimé, audiovisuel, collections spécialisées), qui est également directeur général adjoint, revoit sans nostalgie le parcours extraordinaire auquel se sont soumises toutes les équipes de l'institution mais surtout se projette dans l'avenir et évoque avec ferveur les prochaines étapes du développement de la BNF.

À Tolbiac, il y a dix ans que les portes se sont ouvertes aux premiers lecteurs. Mais que sont dix années au regard des siècles. De Charles V, installant les 973 manuscrits de la Bibliothèque royale dans une tour du Louvre en 1368, à l'annonce, par le président de la République, le 14 juillet 1988, de la ­création d'une « très grande bibliothèque d'un type entièrement nouveau », en passant par l'installation de la Bibliothèque royale rue de ­Richelieu, en 1720, et, en 1981, le passage sous la tutelle du ministère de la Culture...

Les travaux de Richelieu

La force qu'incarne Jacqueline Sanson, comme l'incarne aujourd'hui le président Jean-Noël Jeanneney, c'est d'avoir accepté la transformation radicale de l'accès au savoir. « Il y a dix ans, nous ne savions pas que la technique nous emporterait si loin, dit-elle. Je ne sais pas si tous les métiers sont ainsi, mais si on n'accepte pas d'être bousculé, on régresse. Le monde change et l'on doit changer avec lui. Ici, dix ans après l'ouverture, on ne peut pas dire que l'on a trouvé une vitesse de croisière. Non. Il faut continuer, ­aller plus loin. Jean-Noël Jeanneney le sait bien et toutes les décisions vont dans ce sens, c'est indispensable. »

Elle revient d'une visite en ­Tunisie, pour le premier anniversaire de la Bibliothèque nationale. « Il y avait des représentants de ­l'Algérie, du Maroc, de Mauritanie. À Tunis s'est posé un problème comparable à celui que nous avons ­connu. Un bâtiment ancien, au coeur de la médina, qu'il a fallu quitter - eux vont en faire un centre culturel - et un bâtiment neuf où le livre va prendre sa dimension du XXIe siècle. »

À Paris, le « vieux » bâtiment, c'est Richelieu. Bonne nouvelle : « Une convention de mandat va permettre de faire des études et de choisir un cabinet d'architecture. Agnès Saal, directrice générale et moi-même, nous siégerons au ­jury. » Jacqueline Sanson sait bien que, pour élaborer Tolbiac, il a fallu une volonté politique forte et les budgets qui vont avec. Et puis des personnalités : Philippe Belaval, ­directeur général de 1993 à 1998, Jacques Toubon, ministre de la Culture (d'avril 1993 à mai 1995) et maire de l'arrondissement (de 1983 à 2001).

Elle sait que cette volonté, on ne la retrouvera pas. Pourtant la rénovation du quadrilatère Richelieu, « cet enchevêtrement de bâtiments qui doivent être mis aux normes », est « indispensable ». Toutefois, ­artisan du déménagement des ­collections, elle sera aussi celle qui ­accompagnera la renaissance de Richelieu (début des travaux en 2009) et le développement de la ­bibliothèque numérique européenne lancée par Jean-Noël Jeanneney.

Le Figaro - Armelle Héliot. le 11 décembre 2006


Vente Pierre Berès le 13 décembre 2006, à Drouot :

Lire Calvin dans le texte ou tout le prix de la Réforme.

Clou de cette cinquième vente Berès qui atteint déjà près de 30 M. eur : le livre fondamental de Calvin, publié à Bâle en 1536.

LA VEDETTE de la cinquième vente Berès, mercredi après-midi à Drouot, est austère comme un penseur picard, humaniste au long nez et à la barbiche effilée, érudit vêtu de sombre au cou étroitement ceint de sa collerette de fourrure. Pour ce cinquième chapitre de la vente de la bibliothèque Pierre Berès (1), honneur est rendu à son livre phare, Institution de la religion chrétienne, dans lequel le réformateur expose sa doctrine et ses principes théologiques qui devaient changer le monde de la chrétienté. Dans cette somme publiée à Bâle en latin (1536), avant d'être traduite en français (1541), Calvin impose la reconnaissance de la Bible comme source unique de la foi, la doctrine de la prédestination et de la grâce proche des thèses de saint Augustin, le retour à la simplicité primitive du culte où seuls sont admis comme sacrements le baptême et la communion dans une ­valeur symbolique de commémoration. Plus qu'un livre, une pierre angulaire ou une bombe à retardement.

L'édition princeps de cet ouvrage fondamental de la Réforme était la vedette annoncée de cette cinquième vente Berès (3,05 Meur de produit total au marteau), jugée moins riche par les bibliophiles que les précédents chapitres. Comme de juste ? Dans la salle 7 de Drouot, bondée comme pour les précédentes ventes Berès, cette confession de foi vibrante, plus politique et plus polémique du fait de l'affaire des Placards (1534), est partie vers des sommets. Au plus grand scepticisme des habitués du sage marché des livres. Estimé 150 000 à 250 000 eur, cet exemplaire rarissime, le seul proposé aux enchères depuis 1977, a été emporté au téléphone à 545 538 eur avec frais, bien qu'il ne soit pas en reliure d'époque.

Olympe genevois des livres

Un duel anglo-saxon, semble-t-il. Le marchand londonien Bernard Quarritch l'aurait emporté contre un courtier anglais. Le marché suppose qu'il enchérissait pour le grand collectionneur Henri Schiller, industriel allemand installé en France, bibliophile de l'ancien, connu pour arrêter ses coups de coeur avant 1700. Le marché avait pressenti cette même alliance lors du record ­du Copernic, De Revolutionibus ­Orbium coelestium, Libri VI ­(Nuremberg, 1543), relation de l'univers en parfaite condition avec son beau vélin d'époque et ses marges immenses, adjugé 818 454 eur lors de la deuxième vente Berès en octobre 2005.

Les protestants de France ne semblent pas avoir été de la bataille. Feu Martin Bodmer, le grand collectionneur suisse dont la fondation, sur les hauteurs de Coligny avec vue sur Genève, est l'Olympe des livres, le chercha toute sa vie et organisa une fête pour célébrer sa trouvaille, la fin de sa quête et ce jour bénit pour les Réformés (2).

Paradoxalement, mercredi, le peintre, graveur, décorateur et paysagiste français Hubert Robert est resté plus modeste malgré ses fameux Carnets, rarissime ensemble à avoir échappé au démantèlement habituel qui a nourri tant de collections (30 dessins originaux et 30 pages de manuscrits autographes, Paris, 1797-1806).

De l'avis unanime, la qualité desdits dessins n'emballait pas follement les amateurs, ce qui a laissé le champ libre aux bibliophiles. D'autant que le Louvre n'a pas préempté, comme espéré, ces tableaux croqués par le grand peintre des ruines. Cette autre vedette de la vente a toutefois doublé son estimation (181 395 eur).

Loin de ces prix qui témoignent de l'euphorie du marché, (215 765 eur le Xénophon dans sa reliure à la fanfare), les amoureux de littérature ont réussi à piocher quelques perles. Comme le « placard » de Proust sur la Sonate de Vinteuil (61 960 eur). Paris est toujours À l'ombre des jeunes filles en fleur.

(1) Déjà près de 30 Meur de produit en attendant l es deux ventes en 2007, Pierre Bergé & Associés. (2) www.fondationbodmer.org

Le Figaro - Valèrie Duponchelle. le 15 décembre 2006


LA VENTE DU SIECLE .......

Le 20 juin, à Drouot, Pierre Berès cédera sa mythique collection personnelle : Stendhal, Apollinaire, Rimbaud, Proust...

Portrait du plus grand libraire du monde.

Ce siècle a 6 ans, et l'on parle déjà de la «vente du siècle». Avec peu de risques d'être démenti dans les... quatre-vingt-quatorze années à venir. Le 20 juin, à Drouot, va être dispersée la collection de Pierre Berès, nonagénaire alerte et discret qu'admirateurs et détracteurs s'accordent à présenter comme «le plus grand libraire du monde». Au soir de sa vie, après avoir fermé une dernière fois, à Paris, la porte de sa librairie de l'avenue de Friedland, près de l'Etoile, cet homme exquis mais intraitable, ce «gentilhomme marchand», ainsi que le décrit l'expert Jean-Baptiste de Proyart, a décidé de livrer aux enchères la bagatelle de 12 000 volumes, en une série de ventes titanesque orchestrée par Pierre Bergé.

Mais la dispersion du 20 juin aura un parfum très particulier: ce jour-là, c'est la collection personnelle du libraire qui partira sous le marteau de Me Chambre. Collectionneurs, bibliothèques et universités du monde entier vont donc se disputer un classeur regorgeant de manuscrits d'Apollinaire, cinq grands volumes autographes du Journal de Stendhal (estimation: 750 000 euros), des exemplaires dédicacés de Madame Bovary («A Mr. Alexandre Dumas, Hommage d'un inconnu, Gve Flaubert») ou des Fleurs du mal, la plus belle édition originale encore en mains privées des Fables de La Fontaine (200 000 euros), un Jazz de Matisse et même ce volume d'Une saison en enfer où l'on peut lire, écrite à la plume au revers de la couverture, cette merveille de laconisme: «A P. Verlaine, A. Rimbaud»...

Comment tous ces joyaux ont-ils atterri dans la fameuse «douche» de Pierre Berès - facétieux, le libraire avait en effet rassemblé sa collection personnelle dans une ancienne douche de son hôtel particulier de la rue Barbet-de-Jouy, à Paris, surnommée le shower cabinet? Une indication en marge du catalogue de la vente du 20 juin offre une piste: on y découvre qu'une série d'ouvrages reliés par le célèbre Paul Bonet était déjà passée une première fois à Drouot, le 23 novembre 1933, et que l'expert de l'époque était un certain... Pierre Berès. On se frotte d'abord les yeux. Et puis l'on comprend combien la précocité a toujours été le signe distinctif de «Pibi», initiales de son câble transatlantique, sous lesquelles il est connu des amateurs du monde entier. Il a 13 ans quand un camarade de Louis-le-Grand lui montre par hasard un petit livre néerlandais du XVIIe siècle relié en vélin. Fasciné, il entre en librairie comme d'autres en religion. Quatre ans après, encore mineur, il dirige sa première vente à titre d'expert à Drouot. Et fonde bientôt sa librairie, où l'on croisera, au fil des ans, aussi bien l'Aga Khan que la princesse d'Orléans ou François Mitterrand.

Dès lors, alternant charme - «Il est capable d'apporter des chocolats à une héritière pendant des années pour arracher une édition rare», dit, amusé, un confrère - et sens des affaires - il a laissé dormir les 876 feuillets du Voyage au bout de la nuit quelques décennies avant d'en faire le manuscrit le plus cher du monde - il amasse. «Songez qu'il a racheté en 1936 une brassée de poèmes autographes de Rimbaud directement à Gustave Kahn, l'homme qui les avait publiés en 1886, alors que le poète montait sa caravane pour le roi Ménélik!» s'extasie Jean-Jacques Lefrère, auteur d'une biographie du poète de Charleville. On retrouvera à la vente ces pages légèrement effrangées de «Juillet» et de «La rivière de Cassis», où court la petite écriture régulière de Rimbaud. Des pages qui furent jadis propriété de Verlaine et que plus personne n'avait vues depuis cent vingt ans.

Un mystérieux détour par Israël

D'autres acquisitions sont plus romanesques encore. En 1913, Apollinaire fait don à deux Roumains, qu'il croisait régulièrement au Rendez-Vous des cochers, boulevard Saint-Germain, de manuscrits du célèbre recueil Alcools. Ils sont entreposés en Roumanie, dans une maison perdue qui sera le théâtre de terribles combats durant la Seconde Guerre mondiale. Les précieux manuscrits sont considérés comme définitivement détruits. Et voici que «Zone», «La chanson du mal-aimé» et tout le dossier resurgissent miraculeusement à l'occasion de la vente du 20 juin (estimation: 65 000 euros). Tout juste saura-t-on qu'ils ont fait un mystérieux détour par Israël, avant de rejoindre la «douche» de Pierre Berès.

«Sa grande force a été d'entretenir des relations directes avec les écrivains», confie un confrère. Ami de Picasso et de Colette - marraine de l'un de ses fils - éditeur de Barthes et d'Aragon à travers la maison Hermann, rachetée en 1956, on croise sa silhouette familière aussi bien dans les Journaux parisiens d'Ernst Jünger que dans le Journal inutile de Paul Morand. «Visite de Berès, note avec un brin d'impatience ce dernier à la date du 26 janvier 1971. Je sens l'inflation galopante, à le voir vouloir tout acheter chez moi: vous ne voulez pas me vendre des lettres de Proust? Me céderiez-vous ce Léger? Et si je vous donnais beaucoup d'argent pour ce Marie Laurencin?» Chez lui, le sens des affaires l'emporte parfois sur l'amour des lettres. Paul Léautaud a raconté en une page savoureuse comment le libraire lui avait demandé, en 1941, d'écrire une dédicace antidatée à Henri de Régnier sur un exemplaire de luxe du Petit Ami, sorti en... 1903. Un faux, alors que Régnier est mort depuis plusieurs années? L'ermite de Fontenay-aux-Roses s'en étrangle, avant de congédier vertement son visiteur...

Mais Pibi ne renonce jamais. Chaque matin, il épluche la rubrique nécrologique du Figaro. Il sait chez quel héritier, dans quel château du Berry ou de Normandie se trouvent telle édition originale de Villon, tel manuscrit de Valéry, telle correspondance de Chateaubriand. La nuit, à Paris ou dans sa villa ultra-moderne de Saint-Tropez, dessinée par Pierre Soulages - sa voisine immédiate s'appelle Brigitte Bardot - il enregistre sur cassettes les fameuses fiches que ses secrétaires taperont au matin. C'est ainsi qu'il acquiert en 1968 auprès de Céleste Albaret, la fidèle femme de chambre de Proust, une poignée de manuscrits et l'exemplaire de La Chartreuse de Parme mélancoliquement annoté par l'auteur de la Recherche.

«C'est le dernier grand»

Les stendhaliens pourront le comparer avec une autre version exceptionnelle du même roman proposée le 20 juin à Drouot: les épreuves corrigées de la main même de Stendhal «sur les avis de monsieur de Balzac». Document inouï où l'auteur supprime rageusement, ni plus ni moins, les 25 premières pages de son œuvre! Estimation: 500 000 euros... On avait perdu sa trace. Il était - on l'aura deviné - rue Barbet-de-Jouy. Par quel mystère? Qu'on ne compte pas sur le très secret Pierre Berès pour répondre à cette question indiscrète. Lorsqu'on lui demandait comment lui était arrivé le manuscrit du Voyage au bout de la nuit, il feignait la surprise, puis lâchait: «Mais... par la porte!»

«C'est le dernier grand personnage de la librairie parisienne, confie, admiratif, son ami Pierre Bergé. Quand je regarde ses mains, je pense à toutes les merveilles qu'elles ont effleurées, caressées, évaluées.» Le 20 juin, au soir de la vente de son cher shower cabinet, alors qu'il aura fêté son 93e anniversaire deux jours plus tôt, Pierre Berès ne pourra sans doute réprimer un petit pincement au cœur. Seule consolation : son hôtel particulier aura gagné une douche.

L'Express - 15 juin 2006. par Jérôme Dupuis


Vente Pierre Berès le 20 juin : "Le trésor qui rend fous les stendhaliens"

Deux manuscrits de Stendhal seront certainement les clous de la quatrième vente Berès qui aura lieu le 20 juin à l'Hôtel Drouot, par l'intermédiaire de la société de vente Pierre Berger et associés. Le célèbre libraire de l'avenue de Friedland (93 ans) a fermé boutique en 2005, après plus de soixante ans d'activité. Il en a profité pour liquider l'intégralité de son fonds. Mais il s'agit, pour cette vacation, de sa collection personnelle. "Après cette vente, je suis à poil", confie Pierre Bérès au Monde. Il s'agit d'une image, bien sûr : les trois premières ventes ont rapporté près de 12 millions d'euros - frais compris. Une ultime vacation aura lieu avant la fin de l'année.

On avait pu voir certaines de ces pièces lors d'une exposition, "Livres du cabinet de Pierre Berès", organisée au château de Chantilly en 2003. Et les amateurs avaient alors découvert avec stupeur des manuscrits dont on avait perdu la trace depuis plusieurs décennies. Parmi eux, deux ensembles essentiels : 570 pages autographes du Journal de Stendhal et une version corrigée et largement remaniée de La Chartreuse de Parme. De quoi mettre en ébullition le monde des stendhaliens, qui craint que ces manuscrits, estimés de 700 000 à 900 000 euros chacun, ne soient dispersés ou ne redeviennent inaccessibles. Ces chercheurs ont d'ailleurs signé une pétition dans les colonnes du "Monde des livres" du 2 juin pour demander au ministère de la culture de classer ces papiers comme "trésor national", ce qui les empêcherait de quitter le territoire français, et bien sûr d'exercer son droit de préemption.

L'expert de la vente, Jean-Baptiste de Proyart, qui a rédigé les notices du remarquable catalogue, le redoute : "Que l'Etat préempte, c'est son rôle, mais s'il bloque la vente en empêchant les manuscrits de sortir du territoire, il se livre alors à ce que les Anglo-Saxons appellent du "fixing". Cette pratique porte un coup à Paris en tant que place du marché de l'art et surtout incite les propriétaires à vendre sous le manteau." La Rue de Valois reste discrète sur ses intentions : "Toutes les hypothèses sont à l'étude, dit-on à la direction du livre. Mais nous sommes conscients que toute annonce médiatique contribue à faire monter les enchères."

Le ministre, Renaud Donnedieu de Vabres, suit personnellement le dossier. Les collectivités locales sont aussi impliquées, puisque la bibliothèque de Grenoble, ville natale d'Henri Beyle, qui signa Stendhal, conserve une partie importante des papiers de l'écrivain, à commencer par l'essentiel de son Journal. Différentes options sont passées en revue : classement ("l'arme nucléaire"), mobilisation de fonds publics, appel au mécénat, sensibilisation du vendeur et du commissaire-priseur... "Une chose est certaine, il y a des pièces que l'on ne pourra acheter", confie-t-on au ministère. Stendhal sera-t-il une priorité ?

Pourquoi tant d'émotion, puisque La Chartreuse de Parme comme le Journal ont été édités plusieurs fois, et de manière savante, par des spécialistes reconnus, comme Henri Martineau ou Victor Del Litto ? L'affaire est complexe, car il s'agit de savoir ce qui a été édité et comment.

Prenons le cas de La Chartreuse de Parme. Stendhal publie, en 1839, son troisième roman, après Armance et Le Rouge et le Noir. L'accueil de la critique est réservé. Un an plus tard, la première édition est pourtant en voie d'épuisement quand Balzac - de seize ans son cadet - lui envoie une lettre chaleureuse puis publie, dans La Revue de Paris, un article enthousiaste de 72 pages : "M. Beyle a fait un livre où le sublime éclate de chapitre en chapitre (...). M. Beyle est un des hommes supérieurs de notre temps." Stendhal est aux anges. Mais comme l'auteur de ce dithyrambe émet quelques réserves : "style négligé et incorrect" et défaut d'architecture dans la composition du roman, Stendhal, retourné en Italie - il est consul en poste à Civitavecchia -, se lance aussitôt dans un travail destiné à "améliorer son texte".

"Trois exemplaires conservent, de la main de l'auteur, des remarques, des développement, des corrections", explique Jean-Baptiste de Proyart. Le premier, où Stendhal a fait intercaler des feuillets blancs entre les pages imprimées, appartient à la Pierpont Morgan Library (Etats-Unis). Le deuxième est conservé à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Le troisième, également interfolié, est celui mis en vente aujourd'hui. Les deux premiers exemplaires proposent des "corrections de détails", indique Henri Martineau dans son édition de "La Pléiade". Mais le spécialiste de Stendhal avoue n'avoir jamais pu consulter l'exemplaire de Pierre Berès.

Or ici il ne s'agit pas seulement de "corrections de détails" : l'auteur a modifié profondément l'architecture de son roman. Il a d'ailleurs noté sur la première page : "Voici la copie qui doit servir à la 2e édition de la Chart. arrangé par déférence pour les avis de M. de Balzac." Stendhal a suivi les conseils de son confrère, qui lui recommandait notamment de commencer son texte par la bataille de Waterloo plutôt que par l'arrivée de Bonaparte à Milan en 1796.

"JOURNAL RECONSTITUÉ"

De juin 1840 à février 1841, le consul va noircir 117 pages. Puis il interrompt net son travail de révision et note sur une page de tête du nouveau manuscrit : "Je laisse les premières pages dans l'ordre actuel." Et sous le nouveau titre, au crayon : "Changé et revenu à l'ordre primitif, 9 février 1841." Stendhal s'était sans doute aperçu que, de modification en modification, c'était l'esprit même de son oeuvre qui était modifié. Et qu'il ne pouvait impunément se couler dans les habits de Balzac. La tentative n'en était pas moins passionnante.

Le manuscrit de cette Chartreuse radicalement revue avait appartenu à un chartiste, Paul Royer, qui l'avait soigneusement transcrit avant de le céder à Pierre Berès en 1955. Cette transcription, déposée à la Bibliothèque de Grenoble, avait été publiée en 1966 par Del Litto, qui n'avait pu contrôler l'original. Mais Jacques Houbert, vice-président de l'Association des amis de Stendhal, qui participe à une nouvelle édition des oeuvres romanesque dans "La Pléiade" (le premier volume a été publié) a pu consulter le manuscrit au moment de l'exposition de Chantilly : "J'ai eu le manuscrit entre les mains pendant quatre jours, indique-t-il, et j'ai constaté qu'à part quelques broutilles le texte avait été bien collationné."

Ce n'est pas le cas du Journal de Stendhal, qui passe en vente le même jour. Il s'agit de cinq cahiers dont la rédaction s'étale sporadiquement de 1805 à 1814. La période couvre donc les années heureuses du jeune Beyle, auditeur au Conseil d'Etat et administrateur auprès de la Grande Armée, qu'il va suivre dans toute l'Europe. C'est ce que Victor Del Litto appelle le "journal élaboré". Il est tenu de manière suivie, depuis 1801, sur des carnets. Après la chute de l'Empire, cette continuité va disparaître, pour laisser la place à des notes abondantes, mais rédigées sur des papiers de hasard, voire sur la couverture ou dans la marge des livres lus. Beyle, consul neurasthénique, est en train de devenir Stendhal et construit son oeuvre. Victor Del Litto va travailler plusieurs années à rassembler les éléments de ce "journal reconstitué".

L'établissement du "journal élaboré" est plus simple, puisque les cahiers qui le constituent vont être versés à la Bibliothèque de Grenoble à la fin du XIXe siècle - où ils seront curieusement démembrés pour être reliés en fonction du format du papier. Mais il manquait plusieurs cahiers qui correspondent aux cahiers Berès. Ils avaient appartenu à l'éditeur Edouard Champion. Ce dernier, avant de les vendre au libraire de l'avenue de Friedland, en avait fait une édition. De l'avis général, celle-ci était médiocre. "Ce texte ne donne pas l'impression d'être toujours sûr", indiquait Del Litto en regrettant de ne pouvoir consulter le manuscrit. "La publication des cahiers par Edouard Champion est partielle et fautive", confirme Jacques Houdart, qui ajoute : "Nous avons aujourd'hui l'opportunité de l'éditer correctement. C'est pour le Journal qu'il faut se battre."

Le Monde - Emmanuel de Roux - Samedi 10 juin 2006.


 

Plus de 583 200 euros pour des lettres de Voltaire à la Grande Catherine.

Un lot de 26 lettres de Voltaire à l'impératrice Catherine II de Russie a été adjugé, mardi à Paris, 583.200 euros, « record mondial pour une correspondance autographe du XVIIIe siècle », se félicite la maison de vente aux enchères Sotheby's dans un communiqué.

C'est un collectionneur privé européen qui a acquis ces lettres, écrites par le philosophe à la despote éclairée de 1768 à 1777. Cette correspondance signée avait été estimée entre 250.000 et 300.000 euros.

Lors de cette vente aux enchères organisée mardi à la galerie Charpentier, une édition originale d'Ulysses de James Joyce a été adjugée 114 000 euros, un manuscrit de La Belle et la Bête de Jean Cocteau 84.000 euros et dix lettres du marquis de Sade à sa femme 69.600 euros.

Associated Press - vendredi 9 juin 2006.


Vente d'exception à Drouot de la collection du libraire Pierre Berès.

Au XVIe siècle, on ne rangeait pas les livres comme de nos jours, en dirigeant leur tranche contre le mur pour exposer le dos des reliures. On posait les volumes en sens inverse, le dos occulté et la tranche offerte. Le nom de l'auteur (pas le titre) s'inscrivait sur cette gouttière.

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Chez les Pillone, riche famille vénitienne de la Renaissance, on poussait le raffinement jusqu'à faire peindre ces tranches de décors à l'aquarelle. On pouvait ainsi l'orner d'un portrait fictif de l'auteur, philosophe antique représenté en érudit Renaissance, tandis que les tranches de tête et de queue portaient des paysages avec animaux. Lancée par Antonio Pillone (1464-1533), cette pratique fut poursuivie par Odorico (1503-1594), puis Giorgio Pillone (1539-1611), qui confièrent l'ornementation de leurs livres à Vecellio, le neveu du Titien. Leur cabinet contenait quelque 160 volumes et perdura pendant trois siècles. Le dernier humain à le contempler fut sans doute l'antiquaire Paolo Marezio Bazole, qui l'acquit en 1874 pour le collectionneur Thomas Brook, dans la bibliothèque duquel ces livres merveilleux restèrent jusqu'à leur achat par le libraire parisien Pierre Berès, vers 1957.

Spécialiste des livres anciens, Berès a revendu certains «Pillone», et en a, pour lui-même conservé trois, magnifiques : un Hérodote, un Aristote et un Euclide. Ils font partie des trésors qui seront dispersés le 20 juin à Drouot Richelieu. A 94 ans, le libraire se sépare des biens de toute une vie. C'est la quatrième «vente Berès». Les trois précédentes ont déjà fait sensation, mais celle-là va dissiper le saint des saints, la collection personnelle du libraire. Ces livres et manuscrits, il les conservait chez lui, dans un placard spécialement aménagé sur l'emplacement d'un ex-cabinet de douche. Il est parfois arrivé à quelque amateur de l'interroger sur la localisation de tel ou tel document réputé. Pierre Berès, qui le détenait dans son réduit, était alors capable d'affecter la plus profonde ignorance avec la plus parfaite froideur. Parfois, aussi, il consentait à dévoiler un échantillon de ses richesses. Parcimonieusement, en l'extrayant dans un couloir qu'il obstruait presque entièrement de son corps et où il veillait à maintenir une obscurité d'encre...

A les découvrir, au grand jour des salles d'exposition de Drouot, ce sont de pures pépites : éditions originales et chefs-d'oeuvre de reliure, illustrations peintes, dessins, eaux-fortes (de Callot ou de Goya), épreuves annotées, exemplaires dédicacés, manuscrits autographes. Un foisonnement prodigieux, où s'accumulent les pierres milliaires de six siècles d'histoire érudite, et où les grandes signatures littéraires (Balzac, Nerval, Proust...) se croisent avec celles de l'art (Pissaro, Cézanne, Toulouse-Lautrec, Bonnard...).

Si l'estimation la plus «modeste» démarre à 300 euros, on monte, au plus haut, jusqu'à 900 000 euros et la plupart des lots jouent sur des dizaines de milliers d'euros. De quoi amener l'Etat à mesurer les sous qu'il pourra dédier à quelques préemptions prévisibles, si les enchères les laissent à sa portée. Il suffit, pour s'en convaincre, de se plonger dans le contenu passionnant des notices du catalogue (350 pages), et d'écouter l'expert, Jean-Baptiste de Proyart, s'enthousiasmer sur les manuscrits de Stendhal offerts à la vente. Chez Stendhal, «le romanesque et l'intime ne sont pas dissociables et le processus littéraire est toujours à l'oeuvre», explique-t-il, en pointant l'intitulé à la troisième personne que l'écrivain donnait à ses carnets intimes : Journal de sa vie, du 9 thermidor an 13 jusqu'au... Il les surchargeait ensuite de notes de relecture pour en alimenter son oeuvre romanesque. La logique interne de ces papiers personnels, pour la plupart réunis par la bibliothèque de Grenoble, a malheureusement été altérée, au XIXe, quand on les a reliés selon leur format au détriment de leur chronologie. Les six carnets de lacollection Berès, allant de 1805 à 1814 et respectueusement reliés, eux, font fantasmer tous les stendhaliens.

Autre manuscrit original somptueux, celui de la Chartreuse de Parme présente la caractéristique paradoxale d'être à moitié imprimé, tout en consignant la trace d'une détonante rencontre littéraire. Stendhal, peu apprécié de son temps, a en effet reçu, pour la Chartreuse de Parme (dont le manuscrit initial est perdu) l'hommage fervent de Balzac. «Au passage, explique Proyart, l'auteur de la Comédie humaine a également fait quelques remarques stylistiques et jugé que la construction du roman se tiendrait mieux... s'il débutait par la scène de Waterloo !» Et Stendhal de s'exécuter, en faisant désosser deux volumes imprimés de la Chartreuse pour en intercaler les feuillets avec des feuillets vierges, où il griffonne fiévreusement à la plume, alternant avec des espaces dictés à un copiste, etc. Soit huit mois de tours et de détours d'écriture qui s'inscrivent dans les cinq volumes reliés de la collection Berès, avant de se conclure, en févier 1841, sur une minuscule note au crayon, lapidaire : «retour à l'édition principale».

«L'histoire d'un avortement littéraire», s'amuse Proyart. Elle fait pendant à la relique d'une liaison impossible, cristallisée dans un rarissime petit volume de 1873: un exemplaire d'Une saison en enfer. Rimbaud en avait commandé l'édition à un imprimeur bruxellois, mais, faute de pouvoir régler la facture, il n'en obtint qu'une dizaine d'exemplaires. Les seuls à véhiculer son oeuvre, jusqu'en 1901. Ce volume-là est dédicacé à Verlaine, qui l'a gardé jusqu'à sa mort.

Rimbaud l'avait-il lui même déposé à la prison de Mons, où Verlaine était incarcéré pour avoir tenté de l'assassiner ? Ou bien, comme le pense son dernier biographe, Verlaine en a-t-il falsifié la dédicace pour «se» l'auto-envoyer au nom de Rimbaud ?

«Nous n'avons pas voulu trancher, dit Proyart, qui s'est borné à une estimation de 200 000 à 300 000 euros. La première hypothèse, si elle était avérée, vaudrait un million d'euros.»

Mais qui jugera de l'hypothèse la plus émouvante ?

Libération - Ange-Dominique Bouzet - jeudi 08 juin 2006


Une vente historique le 20 juin, à Drouot 

"Des poèmes de Rimbaud, comme s'il en pleuvait"

Des poèmes de Rimbaud, comme s'il en pleuvait, aux livres peints sur tranches de la bibliothèque Pillone, le grand libraire parisien a caché les trésors d'une vie en son Cabinet des Livres. Vente historique le 20 juin, à Drouot.

Silence. Dans le petit monde souvent assassin des grands amateurs de livres, le silence soudain règne, émotion oblige. Oubliées les querelles sur la personne de Pierre Berès, le «libraire des libraires» né le 18 juin 1913 à Stockholm, petit Parisien tombé à 13 ans, sur les bancs de Louis-le-Grand, dans l'illumination des rares exemplaires (nos éditions du 15 juillet 2005). Admiration benoîte devant ce Cabinet des Livres réuni en «80 ans de passion» par un oeil hors pair, devant ce trésor de guerre d'un grand amateur qui, de l'idéal de la Renaissance aux brasiers de Rimbaud, a récolté le meilleur en secret moissonneur. De l'envoi de Flaubert à Dumas sur Madame Bovary (100 000/150 000 €) aux furieuses corrections de Balzac relisant Le Lys dans la vallée (200 000/400 000 €), Drouot lui ouvrira grand ses portes, le 20 juin, pour une soirée de folle littérature et d'enchères sans limites (177 lots, produit estimé au bas mot 7 M€).  

Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! «80 à 90% de bijoux ! Un feu d'artifices, le bouquet final d'une vie de libraire, et quel bouquet !», constate avec un fair-play royal Jean-Claude Vrain, le libraire parisien qui défend ses collectionneurs contre vents et marées (4,3 M€ avec frais pour la collection Julien Bogousslavski, le 23 mai chez Christie's). «A la fin de sa vie, Pierre Berès se retrouve donc entre Rimbaud, l'innocence absolue, et Stendhal le stratège de l'image, dont le principe d'écriture pourrait être : «Vivons heureux ! Vivons masqués !» Cette collection privée d'un libraire unique en son genre, limier solitaire au flair autant salué que redouté, dresse son portrait ultime, vrai profil sur la médaille», résume un jeune expert ébouriffé, littéralement sous le choc du catalogue, le 4e d'une vente fleuve (déjà 11,86 M€ pour les trois premières ventes), à suivre en décembre 2006, toujours chez Pierre Bergé & Associés.  

«Avec ses 12 poèmes autographes et l'exemplaire de Verlaine d'une Saison en enfer, que l'envoi soit de sa main ou un voeu pieux de Verlaine, Rimbaud le poète forme avec Stendhal le noyau de la collection Berès. S'y ajoutent les trophées comme Balzac, écrivain d'épreuves qui enrichit sans cesse le scénario de ses manuscrits, désormais rarissimes. Ses passions de toujours, comme la Renaissance française vue au plus près du roi, ou le japonisme. Ses rencontres enfin, de petits livres merveilleux comme cette première édition vénitienne d'un ouvrage d'exorcisme vers 1495, chemin buissonnier dans une bibliothèque magistrale», renchérit Jean-Baptiste de Proyart, expert comblé de cette «vente d'une vie», bouclée après «des jours et des nuits de catalogage».  

Antiquaire russe «Il est l'affection et le présent puisqu'il a fait la maison ouverte à l'hiver écumeux et à la rumeur de l'été...» Rimbaud, à l'encre noire qui danse sur la colonne de papier vergé bleu, a la modestie princière des jeunes héros perdus (Génie, 1873-74, son plus beau poème qui clôt Les Illuminations, estimé 150 000/200 000 €).

Dans le Cabinet des Livres de Pierre Berès, les poèmes de Rimbaud, chéris comme des perles, dormaient sous le même étui transparent. «Cette exceptionnelle réunion mérite d'être préservée dans son intégralité. Je trouve abrutis des commentaires du genre «Génie va faire plus cher que Comédie de la soif, parce que le poème est plus important». On aime Rimbaud absolument ou on ne comprend rien à sa poésie et à son exigence de «dégagement rêvé», plaide avec l'intransigeance de la jeunesse Thomas Bompard, trublion revendiqué du département Livres & Manuscrits de Sotheby's. Cette rivale anglo-saxonne a vendu, mardi, 26 lettres de Voltaire à Catherine II de Russie pour quelque 583 200 €, achat d'un antiquaire russe qui entend refaire le coup d'éclat des oeufs impériaux Fabergé, selon une source moscovite. 

Des deux poèmes à l'encre rouge de Nerval (100 000/150 000 €) aux dessins aquarellés d'oiseaux attribués à Gourdelle à Paris vers 1550 (600 000/900 000 € !), les amateurs en perdraient presque leur latin. Même fièvre devant les trois fabuleuses reliures Pillone, les cerfs peints sur la tranche d'un Aristote bâlois de 1538, Archimède et Euclide dessinés en fantômes sur le vélin reliant ses Oeuvres à Venise en 1586 (70 000/100 000 € chacune). D'un Bossuet relié avec l'emblème de la Toison d'or pour le baron de Longepierre, exemplaire à la triple provenance de pres tige (12 000/15 000 €), aux envois civils de Proust à Colette sur Du côté de chez Swann (40 000/60 000 €) et réciproquement sur Mitsou (5 000/8000 €)... En une soirée, occasion unique et défi à tout budget, ils devront choisir vite et bien dans cette abondance de biens qui rappelle les plus riches heures de la France. La mission impossible revient à l'Etat qui, par ses conservateurs au supplice, devra préempter l'irremplaçable... Et oublier le reste. 

Le Figarro - Lundi 5 juin 2006. Valérie Duponchelle


 
A Londres, au British Museum, + une exposition présente 95 feuilles de Michel-Ange

qui montrent comment ce géant a toujours dessiné en sculpteur.

L'ÉMOTION qui saisit en contemplant les dessins de Michel-Ange réunis par le British Museum tient évidemment à la force rayonnante qui se dégage de chaque feuille, à la beauté puissante que l'on reçoit comme ondes enveloppantes et profondément rassurantes. Mais il y a autre chose. Il y a le sentiment sourd et insistant qui lève sans qu'on le formule clairement immédiatement. Quelque chose comme le troublant «jamais plus» d'un monde qui ne resurgirait que pour quelques fugaces moments.

On sait que Michel-Ange aurait voulu que tous ses dessins fussent détruits après sa mort... On sait aussi que les fonds réunis pour ce merveilleux parcours «Michelangelo drawings, closer to the master», ceux du British Museum ? sur les quatre-vingt-quinze dessins réunis, soixante viennent de l'institution londonienne ?, ceux de l'Ashmolean Museum d'Oxford, ceux du Teyler Museum de Haarlem aux Pays-Bas composent un ensemble unique que l'on ne reverra pas de sitôt et qui, si l'on y songe, organise les retrouvailles de feuillets épars depuis la dispersion de l'atelier du maître, en 1564. Ce simple fait touche mystérieusement le visiteur, comme émeut le large parcours qui permet d'embrasser toute une vie, une longue, très longue vie (1474-1564).

On croit tout connaître. On dispose de ses oeuvres, de sa correspondance, de contrats nombreux. On peut se reporter aux trois biographies qui lui furent consacrées de son vivant, ce qui est un étrange record. Celle de l'évêque de Nocera, Paolo Giovio, qui dès 1520 évoque Michel-Ange dans ses Vies de grands contemporains, celle de Giorgio Vasari, bien sûr, et ses Vies publiées en 1550. Mais cette célébration irrita le maître déjà âgé de 75 ans, et parut alors ce que l'on peut désigner comme sa biographie officielle, celle d'Ascanio Condivi, qui fut un proche de l'artiste, son secrétaire dans les années 1540.

On croit savoir. Mais ce qui retourne pour peu qu'on se laisse pénétrer par les dessins, «closer to the master», c'est une mélancolie diffuse et insistante, quelque chose qui déchire. Des premiers dessins, du temps de l'atelier de Ghirlandaïo, où son père Lodovico di Buonarroti l'avait fait entrer dès 1488, aux derniers, ultimes gestes d'un artiste unique, on est transpercé par la tristesse immense de ce pur génie .....

Le Figaro - samedi 29 avril 2006


 

Quand la réalité virtuelle ressuscite l'Histoire perdue

La bibliothèque de Montaigne endommagée dans l'incendie du château en 1885, une villa gallo-romaine du IIème siècle enfouie par le temps, une madone de la Renaissance disparue sous les repeints : autant de témoins perdus de l'Histoire, que la réalité virtuelle a ressuscités.

Ces "restitutions", comme préfèrent dire les spécialistes, ont été réalisées par une unité originale de l'Université de Bordeaux baptisée Archéotransfert, explique l'un de ses chercheurs, Pascal Mora, lors du salon international de réalité virtuelle qui se tient de mercredi à dimanche à Laval (Mayenne).

En recréant ces objets disparus, sous la forme d'images en trois dimensions stockées dans des ordinateurs, Archéotransfert participe aux travaux des historiens et archéologues.

"La technologie en 3D est une réflexion assistée par ordinateur", souligne Pascal Mora. "Elle sert à tester les hypothèses", confirme Nadine Warzée, chercheur et professeur d'informatique à l'Université libre de Bruxelles, où est menée une démarche semblable.

Que l'on reconstitue un château à partir de ruines, que l'on assemble le puzzle en trois dimensions d'une poterie ou d'un bâtiment, ou bien que l'on retrace les aléas d'une oeuvre d'art, c'est en effet au terme d'un long processus dont chaque évolution est soumise aux spécialistes.

Ainsi de la villa gallo-romaine de Plassac (Gironde), dont les murs ne dépassent plus que de 50 cm du sol. L'équipe d'Archéotransfert a travaillé sur des plans très précis, résultats de 30 années de fouilles, des images au scanner des points significatifs de l'architecture mais aussi la littérature historique, "pour les éléments qui manquaient", raconte le chercheur bordelais.

Des ruines a émergé l'image d'une villa de marbre gris aux fines colonnes, rafraîchie par un bassin flanqué de ponts droits. A l'intérieur, une ambiance sonore tout aussi étudiée que l'aspect visuel accompagne le promeneur virtuel, sur une borne interactive au musée de Plassac.

Lors des séances de validation qui ont ponctué cette renaissance, les archéologues et historiens de l'antiquité ont pu se confronter à leurs "réflexions concrétisées" par l'image, ouvrant souvent de nouvelles pistes de recherche, remarque Pascal Mora.

Un processus identique a permis de rappeler à une vie virtuelle la bibliothèque de Montaigne, au deuxième étage d'une tour de son château de Dordogne détruit par les flammes. On peut même lire sur les solives les sentences qui y étaient inscrites.

A l'Université de Bruxelles, le défi, posé il y a six ans, était tout autre. Il s'agissait d'aider les archéologues à résoudre un impossible puzzle en 3D de 11.000 pièces, indique Nadine Warzée : celles d'une architecture inconnue, concassée pour servir de remblai lors de la construction de la cathédrale Ste Gudule.

Une tâche d'une énorme complexité, toujours pas achevée mais qui a permis de développer des outils informatiques aujourd'hui requis pour restituer d'autres histoires envolées ou enfouies. L'équipe du professeur Warzée est appelée à la rescousse en Crète, en Espagne, en Egypte, jusqu'en Syrie...

Ces reconstitutions par ordinateur permettent également d'éviter de manipuler des objets trop fragiles, d'examiner des structures architecturales par "tranches", de retracer les différentes utilisations d'un site, voire de faire émerger des objets du passé grâce à des robots qui les façonnent à l'identique.

Et elles conservent la mémoire de décennies de recherches. A Bordeaux est même envisagée la création d'une banque de données nationale d'archéologie en 3D.

A F P - jeudi 27 avril 2006.


Le PRIMATICE, peintre de la Renaissance, redécouvert à Chaalis (Oise).

On s'en doutait un peu mais maintenant, c'est sûr : le Primatice, peintre italien de la Renaissance, est bien venu à la chapelle royale de Chaalis, dans l'Oise, pour y peindre une fresque inspirée de la chapelle Sixtine qu'il venait de découvrir à Rome.

Dieu en témoigne. Un Dieu puissant et barbu, au geste ample, autour de qui tourbillonne un drapé et volètent des angelots. Un Dieu dans la veine de celui qui met en oeuvre la Création de l'Homme dans la chapelle Sixtine, et qui domine la "fresque de l'Annonciation" sur la contre-façade du petit bâtiment gothique.

"C'est un clin d'oeil à Michel-Ange", affirme Jean-Pierre Babelon, membre de l'Institut, qui préside le comité scientifique assurant le suivi de ce chantier de restauration à l'abbaye de Chaalis, sur la commune de Fontaine-Chaalis. Le travail, d'un coût global de 900.000 euros, est financé un tiers par l'Etat, deux tiers par des mécènes (assurances Generali et World Monuments Fund ).

Francesco Primaticcio, dit Le Primatice (1504-1570), qui travaillait depuis 1532 pour François 1er à Fontainebleau, "est allé à Rome en 1540 pour y copier des antiques des collections du Vatican. Il y a vu la chapelle Sixtine" peinte entre 1508 et 1512, ajoute Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du musée Jacquemart-André, qui appartient comme l'abbaye royale à l'Institut de France.

Et l'équipe de quelque 30 conservateurs, scientifiques, restaurateurs et architectes qui travaillent depuis l'an dernier sur ce chantier, en sont dorénavant sûrs : le Primatice a réalisé le décor de cette chapelle du XIIIe siècle, donnant là une de ses rares peintures religieuses, la seule conservée et par delà, un exceptionnel ensemble de fresques du XVIe siècle sur les murs et la voûte.

Le "Maître a donné les dessins d'ensemble, mais il est aussi venu sur place" entre 1540 et 1545, renchérit M. Sainte Fare Garnot, "il n'a pas tenu le pinceau, mais il est venu pour corriger les gestes, améliorer les dessins de son équipe, des peintres de très haute qualité. Des quantités de grands chantiers se sont faits ainsi, comme ceux de Raphaël à Rome", dit-il.

L'attribution de ce décor au Primatice, traditionnelle jusqu'en 1870, lui en avait ensuite été retirée. Une campagne de restauration de la toiture et des maçonneries de l'édifice a reposé la question de la restauration des fresques intérieures et de leur attribution.

Chacun s'est alors, dans sa spécialité, livré à une véritable enquête policière : quelque 90 prélèvements de peintures ont été analysés au microscope optique et à balayage, des recherches ont été menées par des conservateurs au cabinet des dessins du Louvre, les archives de Ferrare en Italie ont été sollicitées.

Jusqu'à l'inauguration officielle le 16 septembre, le travail continue aussi sur les parties basses de la fresque et des murs, restaurés et repeints au XIXe, avec les traditionnelles interrogations : "Jusqu'à quel point restaurer les fresques du Primatice, faut-il retirer les repeints du XIXe, y a-t-il un décor XVIe dessous ?", demande Colette Di Matteo, inspectrice générale de l'Architecture et du patrimoine qui ajoute : "l'enquête continue".

Samedi 8 avril 2006 AFP


Bibliothèque Numérique Francophone

la francophonie à l'heure du numérique.

Bibliothèque Numétique - Les bibliothèques nationales de six pays et régions francophones ont adopté le principe de la création d'une bibliothèque numérique en langue française. Il s'agit des bibliothèques nationales de Belgique, du Canada, de France, du Luxembourg, du Québec et de Suisse. Les bibliothèques se sont réunies à Paris le 28 février 2006 pour ébaucher le projet d'une bibliothèque numérique francophone. Elles ont décidé de constituer un Réseau Francophone des Bibliothèques Nationales Numériques qui se réunira deux fois par an. Unanimement, elles reconnaissent l'importance cruciale que revêtent les programmes de numérisation présents ou futurs pour le rayonnement des cultures francophones et de la langue française et le rôle central qu'y jouent les bibliothèques nationales, dépositaires de ce patrimoine unique. Elles sont déterminées à poursuivre et à approfondir leurs échanges en vue de mettre en commun leurs interrogations et expériences à cet égard.

Cette démarche commune va de pair avec le projet de Bibliothèque Numérique Européenne, dont elle est en partie complémentaire. Les bibliothèques participantes adoptent cinq principes pour guider leur action en vue de mettre en oeuvre une bibliothèque numérique : absence d'exclusivité donnée à un moteur de recherche dans les modes d'accès aux collections numériques ; garantie de l'accès gratuit au public (pour les documents libres de droits) ; maintien dans le domaine public des fichiers numériques et garantie de leur conservation à long terme ; accès multilingue aux collections ; certification par les bibliothèques nationales de l'intégralité et de l'authenticité des documents mis en ligne.

Les six bibliothèques décident d'approfondir leur réflexion commune en vue de réaliser une ébauche de bibliothèque numérique francophone comprenant notamment des grands textes juridiques fondateurs, des collections de presse, des oeuvres littéraires couvrant une période déterminée, des ressources utiles aux recherches en généalogie. Elles conviennent de poursuivre leurs échanges en vue notamment de définir des normes communes en matière d'OCR (Reconnaissance Optique de Caractère), d'approfondir les relations avec les éditeurs, de définir leurs programmes de préservation à long terme des données numériques et de concevoir un site Internet pour leurs échanges techniques. Elles décident de constituer un Réseau Francophone des Bibliothèques Nationales Numériques et de se réunir deux fois par an: une fois spécifiquement au siège de l'une d'entre elles, une autre fois à l'occasion des réunions annuelles de l'IFLA ou de la CDNL. Les principales missions de la BnF sont de constituer ses collections, veiller à leur conservation et les communiquer au public, produire un catalogue de référence, coopérer avec d'autres établissements au niveau national et international, participer à des programmes de recherche.

26 mars 2006. http://www.referencement-internet-web.com/20060326-bibliotheque-numerique-francophone.php


Une édition rare de Shakespeare

pourrait atteindre 5,4 M EUR

Un exemplaire de la première édition reliée de 36 pièces de Shakespeare va être mis aux enchères le 13 juillet à Londres, où il pourrait atteindre de 2,5 à 3,5 millions de livres (3,6 à 5,4 M EUR), a annoncé jeudi la maison d'enchères Sotheby's.

L'ouvrage a été composé en 1623 par des amis du dramaturge anglais et imprimé à environ 750 exemplaires, dont le tiers a survécu.

La moitié des pièces de William Shakespeare (1564-1616) contenues dans cet in-folio étaient alors imprimées pour la première fois - notamment Macbeth, La Tempête et Comme il vous plaira.

Selon un porte-parole de Sotheby's, "des exemplaires relativement complets de ce livre n'apparaissent que très rarement sur le marché. Cette vente sera véritablement un événement exceptionnel".

Le livre est mis sur le marché par les gérants de la librairie du Dr Williams à Londres, une librairie théologique établie au début du XVIIIème siècle. L'exemplaire, relié en veau brun et contenant les annotations de ses premiers lecteurs, est la propriété de cette librairie depuis 1716.

LONDRES (AFP) - 30 mars 2006


LE TRAIT DE GENIE DE REMBRANDT

L'Institut néerlandais célèbre à Paris les 400 ans de sa naissance en gravures divinement veloutées et en dessins célèbres, comme Dresde.

Comme à chaque édition du Salon du dessin (jusqu'à lundi soir au Palais de la Bourse, lire ci-contre), la capitale multiplie les événements qui célèbrent les belles feuilles et leurs maîtres. Au quartier Drouot, les marchands exposent, tandis que les ventes aux enchères proposent une offre qui se raréfie cruellement. Les grands collectionneurs comme Frits Lugt, qui dota la Fondation Custodia (Institut néerlandais) ou le Genevois Jean Bonna qui expose à l'ENSBA, font eux-mêmes aujourd'hui figures de raretés.

Bienvenue en Hollande septentrionale. Sa lumière du Nord. Ses murs couverts de tableaux aux formats raisonnables et à la palette en demi-teinte. Ses bureaux encombrés de livres lus, empilés avec un soin économe et une affection quasi conjugale. Ses esprits travailleurs et discrets comme Peter Schatborn, «LE» spécialiste de Rembrandt, gentleman blond et cravaté, penché sur les fiches du futur Catalogue raisonné [de ses] eaux-fortes dans la collection Frits Lugt (1). Par le miracle de feu ce collectionneur néerlandais et sa passion continue pour l'art hollandais au Siècle d'or, il suffit de passer le porche de l'Hôtel Turgot, 121, rue de Lille, pour respirer l'air de l'Amstel, de sa digue, de ses maisons ordonnées comme des armoires, de ses plats paysages et de ses grands artistes.

En cette année commémorative, Rembrandt le graveur, le dessinateur, le professeur et le collectionneur, peut se rendre maître de Paris. Le 15 juillet 1606 à Leyde (Hollande méridionale) vient au monde Rembrandt van Rijn, 9e enfant du meunier Harmen Gerritszoon van Rijn et de son épouse Neeltgen Willemsdochter Zuybrouck. Comment prendre à bras-le-corps pareil géant de l'histoire de l'art en cette année hollandaise qui célèbre les 400 ans d'une naissance humble et prophétique comme le clair-obscur ? En divisant le génie en chapitres et en brossant un sujet en moins de 50 oeuvres, répond Mària van Berge-Gerbaud, directeur de la Fondation Custodia à l'oeil pervenche. Avec sa joyeuse pédagogie, elle a programmé 7 chapitres en un an, feuilleton magistral à poursuivre à l'automne avec Rembrandt et son Entourage (à lire 2 de ses 7 lettres manuscrites connues) et clore en janvier 2007 avec un Bouquet final (2).

Le triomphe de Mardochée

Depuis le 16 février et jusqu'à dimanche soir, 50 gravures racontent Rembrandt et la Bible avec légendes explicatives des Saintes Ecritures pour les mécréants qui s'ignorent (test : qui est Mardochée ?). Dès jeudi prochain, les «Dessins de l'ancienne collection royale de Dresde» (150 dessins comptés au XIXe siècle, ramenés à 97 en 1906, puis à 48 par l'historien viennois Otto Benesch, puis à 23 en 1973) dépeindront «Rembrandt et son école», cortège de maîtres et de disciples que l'on retrouve au goutte-à-goutte à la Foire de Maastricht. Le 5 avril, 35 gravures de paysage, plus cotées encore que les sujets religieux ou les portraits, vous emporteront dans Rembrandt et le Paysage, mariage de l'observation et de l'imaginaire puisé chez Le Titien que Frits Lugt déchiffra comme un rébus dans son ouvrage Promenade avec Rembrandt à Amsterdam (1915). Ce natif d'Amsterdam, élevé dans un «milieu mennonite, des hommes sombres, ennemis de toute vanité et de toute ostentation (...) mais qui entendent partager ce qu'ils ont et ce qu'ils savent» avait acheté à 15 ans pour 2,50 florins sa première gravure de Rembrandt, portrait de son ami calligraphe.

Plus que trois jours, donc, pour voir en deux épreuves juxtaposées de son fameux Ecce Homo (le Ve et surtout le VIIe état, dont seulement 3 épreuves sont connues aujourd'hui), tout l'art virtuose de Rembrandt graveur qui fait monter l'émotion de la foi avec l'avancée des ténèbres. S'inspirant d'une gravure de Lucas de Leyde de sa collection pour camper sur une tribune ce Christ présenté au peuple (1655), Rembrandt grave en toute liberté, comme un dessinateur au trait jaillissant, reprend directement à la pointe sèche sur le métal, multiplie les états (8 !), effaçant au VIe état une grande partie des détails précédents, personnages, fenêtres, lumières, faisant monter au VIIe les ténèbres du tout premier plan. Satisfait de l'effet mais peu soigneux (il y laisse la marque émouvante de sa paume noire d'encre), il le signe, comme le VIIIe et ultime état, dans la pierre d'un balcon.

Chaque reprise à la pointe sèche permettait de tirer une vingtaine de nouvelles épreuves, soit environ 80 en moyenne par sujet dont la quasi-totalité vit au musée ou dans d'immuables collections, souligne Mària van Berge-Gerbaud. A l'époque de Rembrandt, une grande feuille comme l'état VII d'Ecce Homo (359 x 451 mm) coûtait déjà 30 florins, somme conséquente puisque la maison hypothéquée du maître (44 élèves défilèrent en son atelier) qui allait précipiter sa faillite en 1656 lui avait coûté 13 500 florins. Autre pointe sèche célébrissime de Rembrandt, Les Trois Croix (1653), où le velouté du noir du IVe des V états dévore peu à peu les larrons et l'assistance pour ne laisser resplendir que la lumière sur le Christ sacrifié (Frits Lugt ne put jamais acquérir un état antérieur). A Maastricht il y a une semaine, le New-Yorkais David Tunick proposait un IVe état des Trois Croix (382 x 445 mm !), daté de 1660 et jugé moins beau que celui de la Fondation Custodia, à quelque 1,4 M$... Un trésor sous le scalpel.

(1) Deux volumes d'eaux-fortes reproduites par scanner à paraître fin 2006 (environ 800 exemplaires à 59,50 €), soit avant les 50 ans de l'Institut néerlandais célébrés le 17 janvier 2007. Créée en 1947, la Fondation Custodia est légataire des 90 000 oeuvres d'art réunies par Frits Lugt (1884-1970).

(2) www.institutneerlandais.com 121, rue de Lille 75007 Paris (Tél.: 01.53.59.12.40.)

Le Figaro - vendredi 24 mars 2006 - Valérie Duponchelle


LE DESSIN POUR PASSION.....

Regard aiguisé, curiosité en alerte, les collectionneurs de belles feuilles sont de plus en plus nombreux. Rencontres, à l'occasion de la 15e édition du Salon du dessin

De la chambre au salon et à la salle de bains, l'appartement de Michel Forestier est envahi par les dessins, et, s'il pouvait pousser les murs, il y en aurait encore davantage, car, faute de place, nombreux sont ceux qu'il a rangés dans des cartons. Alors, pour renouveler son plaisir, ce peintre de 43 ans, qui vit dans le «9-3», change régulièrement ses accrochages. Depuis une quinzaine d'années, la passion de la collection le poursuit. Bien qu'il ne dispose pas d'un budget important (de 100 à 400 €, les bons mois), il ne cesse de fouiner aux Puces, à Drouot, ou chez les marchands, dont certains sont devenus des amis. Plume, pierre noire ou sanguine: peu lui importe la technique. Il ne recherche pas non plus de sujet particulier et encore moins les grands noms, rarissimes et inabordables. Les dessins accrochés sur ses murs témoignent en tout cas de son regard aiguisé. Ici, des portraits caricatures de Steinlen; là, une étude de bateau qui ressemble fort à un Canaletto; plus loin, un christ à la sanguine qui s'est révélé, après recherches, être de la main de Cantarini…

Fini le temps où les belles feuilles étaient considérées comme le parent pauvre de la peinture.

Même s'ils ne sont pas tous aussi mordus, de plus en plus nombreux sont les amateurs de belles feuilles. Ces dix ou quinze dernières années, de nouveaux collectionneurs sont en effet apparus. «On rencontre moins de professions libérales, mais plus de nouvelles fortunes venant du monde de l'entreprise ou de la finance», constatent Marie-Christine Carlioz et Hélène Bucaille, de chez Scala. Sans doute à cause de la localisation de sa galerie, entre le Louvre et Beaubourg, Chantal Kiener, elle, voit défiler de jeunes amateurs, entre 30 et 40 ans, très motivés mais dépourvus de moyens, qui déposent même parfois chez elle une liste de mariage. L'intérêt pour les œuvres graphiques s'explique d'abord par leur prix, généralement moins élevé que celui de la peinture. Mais aussi par l'émotion qu'engendre le support lui-même. C'est ce qu'explique Louis-Antoine Prat, chargé de mission au département des arts graphiques du Louvre et grand collectionneur de dessins français. «Malgré sa fragilité, le papier parvient à traverser les siècles tout en conservant une authenticité que les tableaux, souvent vernis, repeints, restaurés, ont perdue.» Dans les dessins, Louis-Antoine Prat voit une dimension supplémentaire: l'immense plaisir de la recherche. En effet, le problème de leur attribution - ils ne sont généralement pas signés - se pose fréquemment. Identifier leurs auteurs s'apparente, pour les plus avertis, à un délicieux jeu de piste...

Les belles feuilles furent longtemps considérées comme le parent pauvre de la peinture. Les curiosités ont commencé à s'éveiller au début des années 1980, quand un jeune conservateur du musée Getty décida l'institution à constituer un cabinet de dessins. Ce qui fut réalisé à coup de millions de dollars et provoqua une rapide augmentation des cotes. La France a suivi l'engouement naissant, d'abord modestement, lorsqu'une poignée de marchands parisiens lança le Salon du dessin. La manifestation, qui ouvre sa 15e édition, a, depuis, imposé sa crédibilité. Chaque année, au mois de mars, Paris devient ainsi la capitale internationale de l'art graphique. Surfant sur son succès, des maisons de vente aux enchères en profitent désormais pour taper le marteau et des marchands du quartier Drouot (une quinzaine cette année), pour présenter leurs propres sélections…

Durant ces quelques jours, chacun peut donc faire ses choix ou simplement promener son regard d'esthète. Habitué de l'événement, Jean Baronnet, réalisateur de documentaires, venu au dessin par la bibliophilie, se focalise sur le XIXe siècle. Jean Masurel, 40 ans, qui travaille dans l'édition, affiche pour sa part une prédilection pour les esquisses et les études, dans lesquelles se dévoile le geste créateur. Et, bien qu'il vive depuis peu à Londres, il n'hésitera pas à traverser le Channel dans l'espoir de faire des trouvailles. Annie Cardin et Claude Bogratchew, tous deux artistes, partiront eux aussi en chasse. En une quarantaine d'années de vie commune, ces fins connaisseurs, qui avouent avoir parfois «sacrifié le nécessaire» à leur passion, ont rassemblé quelque 300 feuilles - de Véronèse à Théodore Rousseau et de Degas à Twombly. Annie, peintre, y trouve motif à contemplation. Claude pose souvent sur les dessins un «regard de l'intérieur» et reconnaît qu'ils l'ont parfois aidé dans son travail de sculpteur...

Jean Bonna, l'un des présidents de la banque suisse Lombard Odier, ne manquera pas lui non plus l'événement. En une dizaine d'années, cet esthète richissime, mécène à ses heures, a rassemblé un exceptionnel ensemble de 350 dessins, à faire pâlir d'envie les plus grands musées. Une bonne centaine sont en ce moment présenté à l'Ecole des beaux-arts de Paris, s'échelonnant du XVIe siècle (Raphaël ou Andrea del Sarto) aux années 1920-1940 (Picasso ou Balthus), en passant par Lorrain, Watteau ou Tiepolo. Pas une faute de goût. Entre Jean Bonna, le banquier suisse, et Michel Forestier, le collectionneur du «9-3», un point commun: l'œil infaillible et la passion du dessin.

L'Expresse - Le 16 mars 2006 - par Annick Colonna-Césari

Salon du dessin : du 22 au 27 mars, palais de la Bourse, Paris (IIe). Rens.: 01-45-22-61-05. Dans le cadre du Salon est organisé un colloque intitulé «L'artiste collectionneur de dessins», auquel participent Claude Bogratchew et Annie Cardin.

Dessins au Quartier Drouot, Paris (IXe). Du 20 mars (à partir de 16 heures) au 3 avril. Rens.: 01-47-70-04-38 et 01-48-24-02-34.

Voir une exposition de dessins


 

Rennes une vraie place aux cultures.

Il y a ce que les visiteurs verront, et tout ce qui leur sera inaccessible : un immense espace en sous-sol, qui accueille les réserves du musée de Bretagne et les magasins de la bibliothèque. Dans les coulisses des Champs libres dorment de véritables trésors... Visite.

« Avant d'exposer, le but d'un musée est de conserver », explique Laurence Prod'homme, conservatrice au musée de Bretagne, en ouvrant les portes des réserves, au sous-sol des Champs Libres. Ça sent le neuf dans les 800 m2 de réserves, divisées en cinq espaces. Elles regorgent de trésors. 400 000 négatifs photos, 3 000 affiches, 7 000 à 8 000 estampes, 4 000 dessins, 80 000 cartes postales, 3 500 pièces textiles... « En déménageant, on a même réalisé que nous avions 700 coiffes bretonnes, et non 300 comme nous le pensions », sourit la conservatrice.

Dans chaque espace, les conditions de température et d'hygrométrie varient. « Dans l'idéal, les photos devraient être stockées en chambre froide, les fourrures au congélateur... » Une pièce est consacrée aux arts graphiques, une autre aux négatifs photos, une pour les tableaux, une quatrième pour les collections numismatiques et une dernière pour les textiles. « Nous conservons les céramiques, le mobilier et les pièces archéologiques plaine de Baud. » La base de données, qui fonctionne depuis 1991, permet d'extraire des réserves les pièces nécessaires à une exposition. « C'est le discours scientifique qui justifie l'exposition d'objets, et non l'inverse », insiste Laurence Prod'homme. En attendant, les oeuvres dorment dans le sous-sol du paquebot. « Moins on y touche, mieux elles se portent. »

Les magasins de la bibliothèque sont tout aussi impressionnants. Treize agents du patrimoine travaillent à tour de rôle dans les 1 200 m2 de sous-sols, divisés en deux espaces distincts : périodiques et monographies. Ils acheminent les ouvrages jusqu'aux étages où ils sont consultés. Au total, 195 000 ouvrages s'entassent sur les 12 km de rayonnage. « La capacité totale de stockage est de 500 000 écrits, en comptant la Borderie », précise la conservatrice générale de la bibliothèque, Marie-Thérèse Pauillias.

Le taux d'usage des oeuvres a servi de critère de répartition des collections. Dans cet espace, la lumière est calibrée, la température maintenue entre 18 et 20 °C. « Il faut surtout éviter les chocs de température. »

Ouest-France du mercredi 15 mars 2006


La Bibliothèque numérique européenne est en bonne route.

BERNE. admin.ch/slb/hda.- La Commission européenne a présenté jeudi, 2 mars 2006, son plan de soutien de la Bibliothèque numérique européenne. La Conférence des bibliothécaires nationaux européens, dont fait partie la Bibliothèque nationale suisse, se réjuisse de ce projet. La Bibliothèque nationale suisse sera associée au développement de la Bibliothèque numérique européenne.

La Commission européenne indique que, d'ici à 2010, la Bibliothèque numérique européenne aura mis en ligne sur Internet pas moins de 6 millions de documents, livres et autres oeuvres culturelles. Pour atteindre cet objectif, elle entend soutenir financièrement la création d'un réseau de centres numériques et instaurer un cadre contraignant pour les questions de droits d'auteur. La numérisation des collections sera financée par les États eux-mêmes.

Sur le plan technique, la Bibliothèque numérique européenne est basée sur The European Library. Ce portail permet de faire des recherches simultanées dans les catalogues de nombreuses bibliothèques nationales européennes. Il donne également accès aux collections numériques de ces bibliothèques : on pourra par exemple consulter la collection suisse d'affiches, gérée par une communauté de bibliothèques et de musées suisses.

The European Library a vu le jour à l'initiative de la Conférence des bibliothécaires nationaux européens. La Bibliothèque nationale suisse, qui en est un des membres fondateurs, sera naturellement associée au développement de la bibliothèque numérique européenne. Les contenus seront définis en concertation avec les partenaires européens et suisses, avant tout les cantons et les bibliothèques universitaires. Le financement devrait provenir de fonds publics et privés.

Nachricht vom 03 mars 2006 -Webjournal.ch site : http://www.webjournal.ch/news.php?news_id=1144


Dix-neuf dessins inédits du poète, peintre et graveur romantique anglais William Blake

créent l'événement chez Sotheby's à New York.

Du fond des océans, les trésors que l'on croyait à jamais enfouis refont un jour surface. C'est une histoire comme le marché l'adore. Avec son piquant d'intrigues et de batailles. Un miracle arrivé il y a cinq ans, à Glasgow, lorsque deux libraires du Yorkshire, Paul Williams et Jeffrey Bates, tombèrent par hasard chez Caledonia Books, une petite librairie spécialisée en classiques et en livres d'enfant, sur un portfolio en cuir rouge gravé de l'inscription : «Dessins pour le tombeau de Blair». Les deux chineurs avaient flairé l'incroyable découverte. Leurs intuitions furent vite confirmées après avoir porté l'écrin dans une maison de vente de livres anciens du Gloucestershire qui demanda avis à Robin Hamlyn, conservateur à la Tate Britain, et surtout à Martin Butlin, historien du peintre, graveur et poète britannique William Blake (1757-1827), ce fils de bonnetier adulé après sa mort en Angleterre, consacré à la Tate en 2001, mais encore peu connu en France.

Formidable jeu de piste

Celui que l'on surnommait le «Pauvre Blake», «Blake le fou», tant son univers halluciné peuplé de figures allégoriques inspirées de la Bible, des pièces de Shakespeare, des poèmes de Milton ou de la Divine Comédie de Dante, a choqué ses contemporains comme l'académique portraitiste Reynolds ou le romantique paysagiste Turner mais enchanté les non-conformistes Barry, Mortimer, Füssli ou Flaxman. Tant ses «livres prophétiques» (Les Noces du ciel et de l'enfer, 1790-1793) prônant la nécessité du don de soi, la renaissance à travers la mort, la négation de la réalité de la matière, du châtiment éternel et de l'autorité ont bouleversé les esprits. «L'homme est tout imagination», proclamait ce pourfendeur de la raison tyrannique des philosophes, ce combattant de l'Église anglicane «aux vues étroites et hypocrites», cet admirateur de la Révolution française, ce défenseur avant l'heure de la science du Kundalini dont l'énergie vitale des profondeurs de l'être conduit à l'illumination.

Le verdict fut unanime. Perdus depuis 1836, les 19 dessins à l'encre et au crayon rehaussés d'aquarelles étaient bien de la main de William Blake pour illustrer en 1805 The Grave (Le tombeau), un poème écrit par l'Ecossais Robert Blair en 1743. Ces inédits – «étonnants par leur fraîcheur et leur état de conservation», précise Nancy Bialler, à la tête du département «Old Master Drawings» de Sotheby's New York, vont créer l'événement le 2 mai, à New York, pour une estimation attendue de 12 à 17,5 millions de dollars.

Ils sont la fierté de la maison américaine, «la plus grande découverte de cet artiste depuis un siècle», qui n'a pas hésité, malgré les foudres des historiens, à les vendre séparément : de 180 000 à 260 000 $ pour les pages de titre jusqu'à 1 à 1,5 M$, voire 2 M$, pour les plus accomplies, comme La Porte de la mort avec son vieil homme poussant la porte des ténèbres. A ce démantèlement, qui fait toujours frémir les puristes, et notamment la Tate qui n'a jamais réussi à réunir les fonds nécessaires à l'acquisition de cette oeuvre majeure de Blake, Sotheby's rétorque qu'une feuille manquait déjà à l'ensemble originairement de 20 dessins. On ignore par quel biais celle-ci a atterri au Yale Center of British Art à l'université de Yale dans le Connecticut.

En octobre 1805, l'éditeur Robert H. Cromek commanda 40 dessins à William Blake, connu pour avoir appris la gravure, de 1772 à 1779, auprès de James Basire. Vingt d'entre eux furent retenus et livrés. Malgré ses qualités de graveur mettant en relief le trait par morsure sur ses plaques de cuivre, Blake fut évincé par l'Italien Luigi Schiavonetti, plus célèbre et plus commercial graveur à l'époque. Celui-ci réalisa seulement douze gravures d'après les dessins de l'artiste. L'édition du poème fut un grand succès.

Commença alors un formidable jeu de piste.

La veuve de l'éditeur Cromek hérita en 1812 des 20 dessins de Blake. Ceux-ci réapparurent en 1836 pour être vendus au prix dérisoire de 1,25 livre dans une vente à Edinbourg. Puis il se retrouvèrent, on ne sait comment, entre les mains d'une famille d'artistes du Bedfordshire dont les descendants se débarrassèrent en les portant à Glasgow, chez la libraire de Caledonia Books. Tout allait pour le mieux jusqu'à ce que cette dernière, se sentant lésée, se retourne contre les deux marchands libraires du Yorkshire qui avaient mis en vente les dessins, tout en essayant de décrocher une offre de la Tate.

La justice a tranché en novembre 2002, accordant 50% de la vente des dessins à Caledonia Books et 25% pour chacun des deux libraires. Elle a médiatisé ces dessins de Blake acquis au final par le marchand londonien Libby Howie qui a tenté, en vain, d'intéresser institutions et musées (à nouveau la Tate !) avant de décrocher une autorisation d'exportation pour une valeur de 8,8 M£. La bataille a parfois du bon.

Exposition des dessins chez Sotheby's Paris, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, du 18 au 24 mars, pendant le Salon du dessin.

Le Figaro 24 février 2006 - Béatrice de Rochebouët


La "Bibliothèque numérique européenne" (BNE) bientôt en ligne.

Les grandes lignes de la contribution française à la future Bibliothèque numérique européenne (BNE) doivent être présentées mercredi lors d'une réunion du "comité de pilotage", avec pour objectif de lancer le projet dès cette année en coopération avec plusieurs Etats européens.

Le comité présidé par le ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, soumettra ensuite ses conclusions au président de la République.

Lancé il y a moins d'un an à l'initiative de la France, le projet de BNE devrait entraîner à terme la numérisation de millions d'ouvrages pour défendre, selon ses initiateurs, un patrimoine "d'une richesse et d'une diversité sans égales".

"L'objectif 2006 est de démarrer tout de suite en coopération avec quelques Etats. Si nous avions avec nous un noyau de plusieurs Etats pour commencer, le projet de BNE prendrait tout son sens", a déclaré à l'AFP Agnès Saal, directrice générale de la Bibliothèque nationale de France.

Cinq pays - Allemagne, Espagne, Hongrie, Italie, Pologne - avaient rejoint la France en avril dernier pour demander à la Commission européenne une initiative pour lancer un projet de BNE.

Selon Agnès Saal, 23 bibliothèques nationales sur 25 ont à ce jour adhéré au projet. Manquent à l'appel le Portugal, pour des raisons techniques, et l'Angleterre, pourtant "très proche en terme d'objectifs".

La BNF doit lancer prochainement un "test de numérisation de masse" pour mieux évaluer les conditions techniques, la rapidité et le coût de l'opération.

Un coût annuel pour la participation française estimé actuellement par le président de la BNF, Jean-Noël Jeanneney, "entre 8 et 15 millions d'euros" pour numériser 150.000 à 200.000 ouvrages par an. Pour l'ensemble de l'Europe, 600.000 à 1 million de livres pourraient être numérisés chaque année.

Dans un premier temps, l'accent devrait être mis sur la numérisation de textes fondateurs de la culture européenne, pour disposer, selon Mme Saal, d'"un socle de textes européens un peu fondamentaux", sans céder à l'"obsession du nombre". Le champ serait ensuite élargi aux dictionnaires, ouvrages scientifiques, jusqu'aux grands journaux.

"Nous mettons l'accent sur l'aspect qualitatif, avec un nombre de textes important, mais aussi une navigation intelligente à l'intérieur des textes (...) Nous devons mémoriser beaucoup, mais en même temps, bien et intelligemment", a-t-elle souligné.

Le financement public du projet reste primordial, mais les initiateurs souhaitent y adjoindre des partenariats privés.

Le projet de BNE a notamment pour but de contrer le gigantesque programme de numérisation des livres lancé fin 2004 par le moteur de recherche américain Google. Yahoo a depuis annoncé, en octobre, qu'il se lançait également dans un projet de bibliothèque numérique.

http://www.linternaute.com/actualite/depeche/442/128686/la_bibliotheque_numerique_europeenne_bne_bientot_en_ligne.shtml

Vendredi 13 Janvier 2006 - L'Internaute


Vrai ou faux, la parole est aux experts

Marché de l'art Quels sont les critères de l'authenticité ? Une question épineuse qui fait l'objet d'un colloque organisé à Drouot-Montaigne par la Confédération européenne des experts d'art (Cedea). Oeuvres mal attribuées, reproductions et contrefaçons y seront examinées à la loupe.

«L'OeIL ne voit que ce qu'il a envie de voir. La mode rend aveugle. Or le faussaire se trahit toujours dans son écriture par un petit détail que seule remarque la génération suivante avec un regard plus froid, plus distant, plus critique», note l'expert en tableaux anciens Éric Turquin. La Cène, le plus spectaculaire des faux Vermeer peint dans les années 30 par Hans van Meegeren, n'a-t-il pas formidablement trompé son monde ?

La toile fut acquise avec fierté, 350 000 F, le 12 décembre 1995 chez Jacques Tajan, par le Musée d'art moderne de Rotterdam. Dans les années 40, le collectionneur Van Beuningen l'avait achetée 1,6 million de florins, environ 10 millions d'euros d'aujourd'hui, chez le grand marchand Hoogendijk ! Dans l'urgence, le marché n'y avait vu que du feu. On craignait que les chefs-d'oeuvre hollandais n'aillent, via Goering, enrichir les collections de l'occupant allemand. Dans le contexte de la guerre, les meilleurs experts avaient quitté l'Europe continentale. Et cette Cène ayant aujourd'hui mal vieillie, avec ses canons de beauté plus proche d'Otto Dix que de Vermeer, confortait la théorie de l'historien Bredius que Vermeer avait peint des tableaux religieux.

La supercherie fut révélée à la fin de la Seconde Guerre mondiale avec l'interpellation de van Meegeren. Elle déclencha une incroyable bataille d'experts. Question d'argent, mais aussi question de savoir où l'ego l'emporte parfois sur la raison. Les critères d'authenticité sont aussi subjectifs que l'art. Ils diffèrent selon les domaines : de l'art africain où il n'y a ni auteur, ni date précise, aux bronzes dont aucun code juridique ne définit les critères, jusqu'à l'argenterie où les poinçons sont rois. Et pourtant sans experts, point de salut en France, le pays le mieux protégé juridiquement grâce à l'annulation de la vente pour vice de consentement. Mieux vaut être guidé pour se repérer dans les tirages, les éditions et les oeuvres originales comme tentera de le démontrer ce colloque sous la houlette du Cedea (présidé par Armelle Baron) qui regroupe les trois principales organisations d'experts et la chambre belge*.

Un petit groupe de spécialistes présenteront plusieurs cas d'école. Des photographies de Willy Ronis illustrant la différence entre «vintage» et tirages modernes (Paul Benaroche) aux faux carnets d'Hitler (Frédéric Castaing). En passant par les sculptures de Ferdinand Cian, sculpteur d'origine italienne qui exposa au Salon de 1911 à 1918 (Roland de l'Espée). Ses terres cuites vendues comme «Époque Louis XV» ressemblent trait pour trait à celles exquises de Bouchardon et Lemoine du XVIIIe.

Les 11 et 12 janvier, de 16 heures à 21 heures, à Drouot-Montaigne. Accès libre et gratuit. Rens. au 01.42.22.78.15.

Le Figaro - vendredi 6 janvier 2006 - Béatrice de Rochebouët


Un collectionneur new-yorkais

receleur malgré lui.

Le manuscrit "Hébreu 52" qui a été vendu le 19 mai 2000 sous le numéro 224 par la société de ventes Christie's pour un montant de 300 000 euros est toujours en possession de son acquéreur, un collectionneur new-yorkais. Son identification, à l'automne 2004, par l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels a permis à la direction de la Bibliothèque nationale de France d'entrer en contact avec lui.

"La BNF est animée par la volonté très forte de récupérer ce manuscrit afin qu'il réintègre le patrimoine national", a indiqué sa directrice générale, Agnès Saal. Engagées début 2005 par l'intermédiaire d'un cabinet d'avocats américain, les négociations se poursuivent et devraient trouver une issue favorable. En effet, l'acquéreur ne conteste pas que le manuscrit qu'il a acheté est bien celui qui a été dérobé à la BNF, en dépit des dégradations qu'il a subies et qui étaient destinées à dissimuler son origine.

La reliure a été changée, et les feuillets du manuscrit ont été rognés pour entrer dans le format, légèrement plus petit, de la reliure de substitution. En outre, soixante feuillets sont manquants. Au cours de l'enquête, la directrice du département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, qui avait été chargée de procéder à l'examen du manuscrit volé, avait noté à ce propos dans son rapport que ces mutilations ne pouvaient être le fait que d'"un expert en restauration suivant les instructions d'un spécialiste de la littérature biblique".

L'autre bonne nouvelle, pour la BNF, vient du fait que, selon le droit applicable dans l'Etat de New York, la "bonne foi" de l'acquéreur — qui n'a jamais été mise en cause dans cette affaire — ne saurait être un obstacle à la restitution du manuscrit à son véritable propriétaire. Mais reste l'épineux problème de l'indemnisation du collectionneur new-yorkais. Si la BNF se dit prête à faireun geste, elle n'entend pas payer 300 000 euros le bien qui lui a été volé.

Son acquéreur n'a d'autre choix que de se retourner contre Christie's, dont il estime que la responsabilité est engagée. Une négociation financière à l'amiable est engagée avec la célèbre maison d'enchères, soucieuse d'éviter une procédure judiciaire.

Pour les quatre manuscrits hébraïques ("Hébreu 23", "Hébreu 52", "Hébreu 1 201" et "Hébreu 1 308") qui ont disparu du fonds de la BNF, ainsi que pour la dégradation d'un cinquième ouvrage ("Hébreu 332") dont plusieurs dizaines de feuillets ont été retirés et dont la reliure a été changée, la BNF avait évalué son préjudice à près de 1 million d'euros.

Cette affaire a en outre relancé le débat sur la sécurité des collections de la BNF (Le Monde du 29 juin 2005).

Seul moyen de contrôle pour repérer les éventuelles disparitions d'ouvrages, les opérations de récolement sont longues et coûteuses. L'une d'entre elles, lancée en 1991 avant le déménagement du siège historique de la Bibliothèque — de la rue de Richelieu au nouveau site de Tolbiac —, a mobilisé quatre-vingts personnes pendant cinq ans. Selon le rapport remis en septembre 2004 au directeur de la BNF, Jean-Noël Jeanneney, les "absences" ou les "pertes" étaient évaluées à 0,3 % des collections.

Le Monde - 01 janvier 2006 - Pascale Robert-Diard


 

Vente Berès du vendredi 28 octobre 2005.

Une acquisition et un don pour la Bibliothèque nationale de France.

Lors de la deuxième vente, par Pierre Bergé & associés, du fonds de la librairie Pierre Berès, le 28 octobre 2005, la Bibliothèque nationale de France a préempté deux importants livres annotés : (1) l'Examen des oeuvres du Sr. Desargues par Jacques Curabelle (Paris, 1644), couvert de remarques autographes par Girard Desargues lui-même, et (2) l'Institution de la religion chrétienne de Jean Calvin (Genève, 1562), largement annoté par Sully.

Le premier est, par son intérêt scientifique intrinsèque, le plus important des trois seuls documents connus de la main d'un mathématicien considéré comme le plus fécond et le plus original du XVIIe siècle. Girard

Desargues fut en effet le fondateur de la géométrie projective et le maître de mathématiques du jeune Pascal. Aux arguments opposés à ses thèses novatrices par l'architecte Jacques Curabelle, ses réponses marginales d'une vive énergie et d'un ton très personnel offrent un témoignage unique sur une des polémiques scientifiques les plus virulentes de ce temps.

Dans les marges de l'exemplaire de l'Institution de la religion chrétienne de Jean Calvin, pas moins de 1 300 remarques écrites à l'encre brune de la main du ministre de Henri IV résument la pensée du théologien. Cet exemplaire exceptionnel a appartenu à Conrad de Witt, gendre de Guizot.

L'acquisition d'un volume aussi remarquable a pu se faire grâce à la générosité de Pierre Berès, qui en offre la valeur - 115 000 euros à la Bibliothèque nationale de France.

© NewsPress 2005 - 30/10/2005 http://www.newspress.fr/pro/aff_comm.asp?communique=FR166697&logo=


Vente Pierre Béres. 

Dans l'univers infini de Copernic.

Marché de l'Art - Le livre mythique du visionnaire de la science a été la vedette de la vente du fonds du grand libraire Pierre Berès, vendredi 28 octobre 2005 à Drouot.

Bouchons, vendredi dès 14 heures, devant la porte de la salle 7 de Drouot, tout le charme du chaos à la française, pour entrer en temps et en heure à la dispersion du fonds du grand libraire parisien Pierre Berès. En juillet, la maison Pierre Bergé & Associés a fort bien vendu la somme de catalogues et de bibliographie rassemblés en quatre-vingts ans de carrière par cette figure du marché parisien. Grâce à ce prologue, le bouche-à-oreille était prometteur pour ces 198 premiers lots qui dépassaient la polémique sur la personne et entraient dans le coeur du sujet, la passion d'un amateur hors pair. Même si certains regrettaient le mélange des siècles d'un catalogue serré comme un livre de messe, Des incunables à nos jours, qui ouvrait avec un fragment byzantin de l'Evangile de saint Jean (Xe) et finissait avec Les Mots de Sartre relié, presque sobrement, par Georges Leroux en 1989.

Une semaine seulement après les trésors surréalistes de Daniel Filipacchi, tout le petit monde sévère des libraires et des experts était là aux premiers rangs pour ce premier acte attendu comme le drame de Macbeth. Avec 6,585 M€ de produit total et seulement 4 lots invendus, cette première vente Berès est un succès, même si d'aucuns soulignent qu'il était inévitable avec pareil pedigree, la belle lettre de Colomb et Copernic en son meilleur état. Par son De Revolutionibus Orbium coelestium, Libri VI (Nuremberg, 1543), Nicolas Copernic clarifia la relation de l'homme, prisonnier de son monde clos, à l'infini de l'univers.

Trois enchérisseurs se sont battus jusqu'à 530 000 €, déjà plus du double de l'estimation haute, pour ce «bijou absolu de la bibliophilie» – avis pour une fois unanime – en parfaite condition avec son beau vélin d'époque et ses marges immenses. Un duel de téléphones a fait monter jusqu'à 818 454 € avec frais cet exemplaire que Pierre Berès vendit dans les années 1970 au collectionneur madrilène Bartolomeo March (le fabricant de cigarettes) et auquel il le racheta vingt ans plus tard. Le libraire londonien Bernard Quarritch l'aurait emporté pour un collectionneur (français, dit-on). La confirmation que les livres de sciences et d'astronomie, courant porteur venu d'Amérique, dominent le marché.

Toujours l'Amérique avec la lettre de Colomb, relation imprimée de sa découverte du Nouveau Monde (1494), l'un des «Americana» les plus recherchés. Seulement trois apparitions aux enchères en trente ans, soit 70 000 $ en 1985, 300 000 $ à la fin des années 1990 et 523 000 € cette fois, près de quatre fois la modeste estimation de l'expert Jean-Baptiste de Proyart. Le libraire parisien Stéphane Clavreuil a emporté, contre un grand libraire espagnol et 2 téléphones, cette première représentation gravée de l'Amérique dans une reliure de l'époque aux armes de Benoît Le Court, grand bibliophile lyonnais du XVIe. Le galion sera-t-il chargé d'or tout au long de sa course ? Rendez-vous le 18 décembre pour la prochaine vente.

Valérie Duponchelle - le Figaro, lundi 31 octobre 2005.


Les trésors de la librairie Béres vendus à Drouot

En juillet 2005, il a fallu deux jours pour vendre aux enchères les outils de travail du libraire parisien Pierre Berès : les catalogues et les ouvrages de référence, au total 1 700 titres. Cette session organisée à Drouot, par Pierre Bergé et associés, avait rapporté 630 000 euros. Le Musée Getty (Californie) était un des gros enchérisseurs.

Ce n'était qu'un prologue. S'annonce maintenant la vente du fonds de la librairie elle-même. Pas moins de 8 000 titres qui vont être dispersés en cinq ou six après-midi. Le premier événement aura lieu le 28 octobre, toujours à Drouot, qui verra accourir bibliophiles et bibliothécaires du monde entier. Le deuxième épisode aura lieu le 16 décembre et les dernières ventes seront pour 2006.

Avec la dispersion de ce stock prestigieux, une époque s'achève. Pierre Berès (né en 1913) a incontestablement dominé le commerce du livre ancien à Paris pendant plusieurs décennies. Il a pratiqué ce métier dès l'âge de 16 ans, en chambre, alors qu'il habitait encore chez sa mère.

Deux ans plus tard, il éditait son premier catalogue. Louis Barthou, plusieurs fois président du conseil et ministre quasi inamovible, compte parmi ses premiers clients. "Barthou était un mauvais bibliophile selon nos critères d'aujourd'hui, se souvient Pierre Berès. Il aimait, comme la plupart des amateurs de son temps, les livres farcis de documents divers, lavés et reliés de neuf. L'esprit a changé. Fernand Vanderem, un écrivain boulevardier des années 1920 et 1930, a édicté quelques principes qui ont toujours cours dans le monde de la bibliophilie, et dont la règle d'or est de préférer un livre fatigué mais authentique à un ouvrage retapé."

La crise économique qui suit le krach de 1929 fait que les occasions sont nombreuses sur le marché parisien. Pierre Berès sait en profiter. "C'est à cette époque qu'il a réalisé l'accumulation de son capital", note Jean-Baptiste de Proyart, l'expert de la vente. "Il s'est alors imposé comme un grand libraire", ajoute Christian Galantaris, son collaborateur pendant quatorze ans.

Le jeune homme a un instinct très sûr, c'est un bourreau de travail qui établit systématiquement des fiches sur les ouvrages qui lui passent entre les mains, rédige des catalogues régulièrement et utilise des collaborateurs de qualité.

"Il a toujours eu un charme fou", indique le libraire Christian Galantaris. Un charme qui séduit des collectionneurs comme Anténor Patino ou André Rodocanachi, devenus des clients fidèles. A la veille de la seconde guerre mondiale, il ouvre une librairie, avenue de Friedland, près de l'Etoile. Ernst Jünger, capitaine dans l'armée allemande, en poussera souvent la porte pendant l'Occupation.

Le libraire a-t-il profité de cette époque trouble pour s'enrichir ? Certains de ses confrères ont fait courir cette rumeur, que Pierre Berès dément avec une fureur froide. Les seules fréquentations notables qu'il avoue pendant cette période ont été Aragon et Eluard, ou Maurice Goudeket, le mari de Colette, avec qui il créa une éphémère maison d'édition, La Palme, et Henrique Freyman, attaché culturel du Mexique à Paris, à qui il achètera plus tard les éditions Hermann.

Jean-Baptise de Proyart, ancien de chez Sotheby's à Londres, est formel : "Les spoliations sont aujourd'hui totalement judiciarisées, notamment celles des biens juifs pour lesquels il existe des répertoires. Le nom de Pierre Berès n'apparaît à aucun moment."

En revanche, cet expert montre en riant une carte postale autographe du maréchal Pétain, datée de 1928, vendue par Berès en 1942. On peut lire au verso d'une vue ruinée de Louvain, de la main de celui qui deviendra l'homme de Vichy : "Il y a deux sortes de paix : celle que l'on subit et celle que l'on impose. La deuxième est la seule qui permette d'assurer la sauvegarde du pays."

C'est d'ailleurs Jacques Chaban-Delmas, jeune maire de Bordeaux, et Julien Cain, administrateur de la Bibliothèque nationale (radié par Vichy), qui, en 1947, envoient Pierre Berès à New York à la vente Lucius Wilmerding pour ramener le Livre de raison annoté par Montaigne. L'émissaire français avait reçu un viatique de 1 500 dollars pour l'occasion. Une somme nettement insuffisante. Le précieux exemplaire, aujourd'hui à la bibliothèque de Bordeaux, fut adjugé à 21 000 dollars. Pierre Berès dut emprunter la différence.

Autre coup fameux, pour son compte cette fois-ci : l'achat en 1957 de la collection Pillone, 168 livres imprimés au XVe et au XVIe siècle et réunis par un patricien vénitien, vers 1590, qui avait fait orner la tranche des volumes par Cesare Vecellio, un peintre de l'entourage de Titien. Les volumes, classiques de l'Antiquité, récits de voyages, traités de médecine, ouvrages des pères de l'Eglise, appartenaient à une famille anglaise depuis le XIXe siècle. Pierre Berès les achète en bloc pour 15 000 livres. "Trois d'entre eux avaient été imprimés à Paris : je les ai offerts à la Bibliothèque Nationale. Et j'ai vendu les autres, très lentement." Et très cher.

Il y a un goût Berès, notent Jean-Baptiste de Proyart et Christian Galantaris. Le libraire affectionne les époques charnières, les moments de césure où s'expriment les individualités qui font basculer le monde des arts. La Renaissance française, qui s'exprime, par exemple, à travers les reliures de Groslier ; l'entourage du régent, qui affectionne les volumes mosaïqués, ou, à la fin du XIXe siècle, le mouvement lié au japonisme. Pierre Berès, friand de ces formes nouvelles, les paie parfois le prix fort. "Il a offert 750 000 francs pour l'exemplaire d'Eluard du Cirque de Fernand Léger, relié par Rose Adler, note Jean-Baptiste de Proyart. Je ne suis pas sûr que le livre atteigne les 120 000 euros, le 28 octobre."

Emmanuel de Roux - Le Monde 28 octobre 2005


Qu'est-ce qu'un bibliophile ?

Le mot français bibliophile a une connotation péjorative, avoue Jean-Baptiste de Proyard, l'expert de la vente Berès, un côté notable de province à lunettes. Je préfère le mot anglais bookman, plus sobre, plus précis."

Ce parti pris sémantique n'explique pas l'apparente bizarrerie de cette passion. Pourquoi s'attacher à une édition particulière alors que le texte est le même d'une édition à l'autre ? Doit-on se ruiner pour acheter un incunable de François Villon dont on peut lire les poèmes en livre de poche pour quelques euros ?

D'abord, fait remarquer l'expert Jean-Baptiste de Proyart, la "collectionnite", le fétichisme de l'objet, est sans doute aussi ancien que l'homme et s'applique à toutes sortes de choses. Dont les livres.

Mais, fait remarquer Pierre Berès, "on peut collectionner des livres de toutes sortes, en avoir peu ou beaucoup, la question n'est pas là. La bibliophilie est une cosa mentale".

Ce que confirme Jean-Baptiste de Proyart : "Le monde des livres considéré sous l'angle du bibliophile est un monde abstrait. L'objet matériel, concret, devient une forme abstraite. Il faut faire un effort pour entrer dans ce monde, qui est en dehors de la sphère de l'image, et maîtriser les critères qui définissent l'exemplaire. Car cette définition de l'exemplaire permet de passer du multiple à l'un."

UN MARCHÉ QUI SE PORTE BIEN

Ces critères définis à partir du XVIIIe siècle sont divers : qualité d'impression, rareté de l'ouvrage, notoriété de l'auteur, valeur du texte, état du volume, éventuelle dédicace, annotations autographes...

"Cette logique de la distinction obéit à une hiérarchie, constate Jean-Baptiste de Proyart. Il faut pouvoir maîtriser cette gamme abstraite pour entrer dans le concret de la bibliophilie." Une gamme d'autant plus abstraite qu'elle évolue selon les époques et la mode.

"Aujourd'hui, ce sont les livres de sciences, notamment astronomie et mathématiques, qui ont la cote, dit l'expert de la vente Berès. Sans doute parce qu'il s'agit là d'une langue universelle qui parle à tout le monde, quelle que soit sa nationalité."

Sur le marché international, les oeuvres de Descartes, Pascal, Copernic, Galilée, Newton, flambent, alors que les illustrés du XVIIIe siècle, naguère très prisés, sont plutôt stables. Les atlas et les livres de voyage ont également le vent en poupe.

Globalement, la bibliophilie est un marché qui se porte bien, car il existe des collections pour toutes les bourses, et elle touche tous les secteurs de la société. "On peut rechercher des livres de poche ou les premières Série noire de chez Gallimard. Les originales de James Bond s'arrachent aux Etats-Unis, indique Jean-Baptiste de Proyart. En revanche, un exemplaire de l'Ulysse de James Joyce imprimé à Paris, avec ses innombrables coquilles, peut valoir 300 000 dollars - 247 974 euros. Le bibliophile n'est pas un insecte archaïque et velu. Il peut avoir le profil d'une star de cinéma comme Johnny Deep."

Emmanuel de Roux - Le Monde, jeudi 27octobre 2005.


 

Google Print 'bibliothèque numérique' débarque en France.

La bibliothèque numérique de Google débarque en France : à l'occasion de la foire du livre de Francfort, Google vient en effet d'annoncer l'ouverture de son service Google Print en Europe via 8 sites localisés : Italie, Allemagne, Hollande, Autriche, Suisse, Belgique, Espagne et bien sûr en France.

Cet accord permet aux éditeurs de faire numériser leurs livres par Google, pour les rendre accessibles sur print.google.fr (voir les détails plus bas). Des accords ont déjà été passés avec plusieurs maisons d'éditions françaises, même si la plupart des éditeurs souhaiteraient pouvoir signer un contrat soumis au droit d'auteur français.

Actuellement, les livres sont scannés au siège de Google, à Mountain View. Toutefois, Google n'exclut pas d'ouvrir un atelier en Europe de manière à diminuer les frais de transport qu'il prend en charge.

Lorsque cette bibliothèque numérique sera suffisamment étoffée, Google commencera à afficher des liens si des livres correspondent aux requêtes entrées par les visiteurs du moteur de recherche. Une interface spécifique est également envisagée dans un futur proche.

Les éditeurs percevront une commission sur les liens sponsorisés que Google n'oubliera pas d'intégrer aux résultats. Par ailleurs, un lien sera présent directement vers leur boutique en ligne de l'éditeur s'il en possède une.

Une fois inscrit, on peut librement parcourir les pages d'un ouvrage libre de droit ou simplement découvrir cinq pages d'un ouvrage protégé par le droit d'auteur. Même si le risque de piratage existe en cas d'ouverture de plusieurs comptes, des éditeurs comme Les Editions de l'Eclat semblent décidés à tenter l'aventure de la bibliothèque numérique. Malgré la lecture gratuite de ces pages, Google Print pointe en effet vers des marchands proposant le livre à la vente et permet également à l'éditeur de toucher des revenus publicitaires grâce aux liens sponsorisés s'affichant sur les pages numériques de ses livres.

Avec 15 millions de livres numérisés aux Etats-Unis contre moins de 100.000 pour la BnF, Google semble bien parti pour devenir la bibliothèque de l'internet. Reste toutefois à convaincre les éditeurs de la pertinence du modèle.

Source : Libération, EssentielPC, Neteco

Comment fonctionne Google Print ?

Il suffit d'effectuer une recherche sur la page d'accueil de Google Print. Chaque fois que les termes de votre recherche figurent dans un livre, un lien vers cet ouvrage s'affiche dans les résultats obtenus. Cliquez sur le titre d'un livre, pour qu'apparaisse la page dans laquelle se trouvent vos termes de recherche. Cette page est accompagnée d'autres informations concernant l'ouvrage, mais aussi de liens « Acheter ce livre » permettant d'accéder à des librairies en ligne. Si le livre est libre de droits, vous pourrez le consulter intégralement. En revanche, si des droits d'auteur sont encore applicables, vous ne verrez que quelques pages et parfois même seulement le titre, les données bibliographiques et de brefs extraits. Vous pouvez également poursuivre votre recherche sur ce livre et savoir dans quelles bibliothèques le trouver près de chez vous.

D'où viennent ces livres ?

Le contenu des livres affichés dans Google Print provient de deux sources : des éditeurs et des bibliothèques.

Par Olivier Duffez, Mercredi 19 octobre 2005 - http://www.webrankinfo.com/actualites/200510-google-print.htm


Des dessins de Michel Ange

réunis pour la première fois depuis 500 ans.

Quelque 90 dessins de Michel Ange, notamment des études pour le plafond de la chapelle Sixtine, sont réunis pour la première fois depuis 500 au Teylers de Haarlem, près d'Amsterdam.

L'exposition, fruit d'une rare collaboration avec le British Museum de Londres et l'Ashmolean d'Oxford, sobrement intitulée "Michelangelo", sera présentée jusqu'au 8 janvier à Haarlem, puis au British Museum du 23 mars au 25 juin.

Elle comporte un grand nombre d'études des musculeux nus masculins qui caractérisent le travail du "divin" Michelangelo Buenarroti (1475-1564), notamment pour le plafond de la Sixtine, dont une pour la célébrissime main de Dieu et une d'Adam, et pour la fresque du Jugement dernier créé pour cette chapelle.

Le Teylers présente également des dessins préparatoires à la construction du dôme de Saint-Pierre de Rome, du tombeau du pape Jules II ou encore de la chapelle des Médicis à Florence.

Le Teylers a pris l'initiative de cette exposition car ce petit musée installé dans l'hôtel particulier d'un riche marchand de soie du XVIIIe possède 25 dessins de Michel Ange. Ils appartenaient à la collection constituée au XVIIe par la reine Christine de Suède, achetée en 1790 par un mécène du musée.

(Michelangelo, musée Teylers de Haarlem jusqu'au 8 janvier, 10 euros, catalogue richement illustré : 34,50 euros, réservation conseillée sur www.michelangelo.nl)

AFP Jeudi 6, octobre 2005


 

Bibliothèque numérique de Yahoo ! :

réaction "positive" du président de la BnF

Le président de la Bibliothèque nationale de France (BNF), Jean-Noël Jeanneney, a qualifié mardi de "positive" l'initiative du groupe internet américain Yahoo ! d'une bibliothèque numérique.

"Il ne s'agit pas de donner des bons ou des mauvais points à un tel ou un tel mais le fait que vienne des Etats-Unis une réaction qui introduise plus de pluralisme est bonne en soi", a dit à l'AFP M. Jeanneney.

Les principes avancés par l'Europe et la France sur cette question ont "fait évoluer l'état d'esprit général et ont probablement renforcé, y compris aux Etats-Unis, l'idée qu'il ne fallait pas avancer comme Google", a-t-il souligné.

Yahoo! a annoncé lundi sa participation à l'élaboration d'une bibliothèque numérique de dizaines de milliers de livres, accessibles gratuitement aux internautes grâce à sa technologie de recherche. Un projet d'archivage a priori moins ambitieux que celui initié puis interrompu par le moteur de recherche Google, contre lequel M. Jeanneney s'était elevé.

Yahoo! a évoqué "une collaboration sans précédent" entre une dizaine de partenaires réunis dans une organisation baptisée "Open Content Alliance" (OCA), insistant sur l'idée d'un contenu libre de droits.

"Plusieurs éléments me paraissent aller dans le sens de ce que nous souhaitons", a ajouté M. Jeanneney, citant l'accès ouvert ou une numérisation explicitement autorisée par les auteurs et les éditeurs. "Nous espérons, grâce à l'OCA, pouvoir tisser entre l'Amérique et nous des liens transatlantiques, technologiques et stratégiques enrichissants", a-t-il conclu.

A F P. Mardi 4 octobre 2005


A Johannesburg, des manuscrits de Tombouctou

exposés pour la première fois

Des manuscrits anciens de l'Institut Ahmed Baba de Tombouctou sont pour la première fois présentés au public samedi, lors de l'inauguration de l'exposition à Johannesburg.

"C'est la première fois que des manuscrits quittent l'institut. Normalement, ils n'en sortent jamais pour des raisons de préservation et de sécurité", a déclaré à l'AFP Mohamed Gallah Dicko, directeur de l'Institut Ahmed Baba.

Seize des quelque 25.000 manuscrits conservés dans ce centre de recherche ont fait le voyage de Tombouctou, dans le nord du Mali, jusqu'à la pointe sud de l'Afrique. Certains de ces textes, parfois enluminés à l'or fin, datent du XIIIe siècle.

"Il y a là une biographie du prophète Mahomet, mais aussi des traités de musique, d'astronomie, de physique, de pharmacopée traditionnelle. Nous avons voulu montrer que, contrairement à ce que les gens pensent souvent, les manuscrits ne traitent pas que de l'islamisme", a expliqué M. Dicko.

Le président sud-africain Thabo Mbeki a lancé samedi un appel de fonds de 35 millions de rands (4,7 millions d'euros) pour sauver cet héritage précieux de la culture africaine.

Cet appel de fonds intervient dans le cadre d'une initiative Afrique du Sud-Mali que le président Mbeki avait mise en place en 2003 pour sauvegarder les textes. Il s'agit du premier projet culturel parrainé par le Nouveau partenariat économique pour l'Afrique (Nepad).

L'exposition, prévue jusqu'au 8 octobre à la Standard Bank Gallery au centre de Johannesburg, a été inaugurée par le président malien Amadou Toumani Touré.

"Autrefois les gens venaient de partout à Tombouctou à la recherche du savoir. Mais les moyens du Mali aujourd'hui sont limités", a-t-il déclaré, en saluant ce projet qui participe à la "renaissance africaine".

AFP - Lundi 3 Octobre 2005


LA BIBLIOTHEQUE SECRETE D'HERCULANUM.

Et si, dans la bibliothèque enfouie de la Villa des Papyrus, on retrouvait les chefs-d'oeuvres de l'Antiquité qu'on croit disparus : Aristote, Sophocle, Eschyle. Des archélogues sont sur la piste.

Une bibliothèque enfouie sous les cendres, qui contient peut-être les trésors de la littérature antique qu’on croit perdus : les pièces de Sophocle, d’Eschyle, des inédits d’Aristote. Une équipe d’archéologues s’est mis en tête de retrouver la bibliothèque de Pison, sous les ruines de sa villa.

Pison, un milliardaire de l’époque, descendant du beau-père de Jules César. Par culture et par frime, ce type se devait de posséder une bibliothèque complète. Sa villa est la plus grande villa romaine connue, dont les fondations aient été exhumées. En bord de mer avec piscine, avec terrasses dénivelées, c'est du Hollywood sous Néron.

Ici Virgile et Horace sont passé, sous ces portiques, se sont trempés dans la piscine olympique. De la plus grande villa romaine, il ne reste rien. Mais le musée Getty à Los Angeles a été construit sur ses plans. Détail gore : on sait que des esclaves étaient en train de courir avec les caisses de livres pour les sauver quand l'éruption leur est tombé dessus.

Les livres, depuis 2000 ans sous la cendre, sont carbonisés. Miracle : ça n‘empêche pas de les lire. Les livres romains étaient des rouleaux de papyrus, qu’on gardait dans des boîtes en cèdre. Ensevelis sous trente mètres de cendres le 24 août 79, ils ressemblent aujourd’hui à des cylindres de charbon, tout brûlés et tout noirs. Mais les archéologues savent les dérouler sans les émietter, ils les épluchent et ensuite les déchiffrent avec la technique de "imagerie multi spectrale". Technique utilisée aussi pour lire la surface de Mars ou un tableau de Van Gogh, qui analyse la composition chimique d’un sol ou d’un support. La chimie de l’encre brûlée n'étant pas celle du papyrus brûlé, on voit les lettres apparaître.

Vers 1750, on a déjà trouvé une première bibliothèque sous la villa Pison. Les ouvriers de l’époque qui ont trouvé les livres en ont jeté un paquet à la main, ils croyaient que c’était du bois. On a sauvé 1800 rouleaux qu'on a depuis déroulés et lus. 30 000 images archivées sur CDROM. Et la villa est connue sous le nom "Villa des Papyrus". Mais rien d'Aristote, de Sophocle ou d'Eschyle.

Depuis des années une équipe d’archéologues anglo-saxons a conclu qu’il devait se trrouver une seconde bibliothèque chez Pison. Maintenant il faut creuser et ça coûte cher : un chantier énorme, 50 m de large, 40 de profondeur. Une carrière, une mine. Nos amis archéologues se sont réunis fin janvier 2005 à Oxford. Ils ont créé "The Herculanum Society" et partent à la recherche de 20 millions de dollars.

Sophocle avait écrit 120 pièces, on en a que 7. Euripide 90, on en a 19. Eschyle 80, on en a 7. Sans oublier les fameux dialogues d’Aristote, complètement évaporés mais qu'un Pison se devait de posséder. Retrouver tout ça pour 20 millions de dollars à peine, ça pourrait intéresser Bill Gates.

Léon M. - 04.02.05 - http://www.novaplanet.com/cyber-hardcore/article,36,1,la-bibliotheque-secrete-de-pompei.html


La numérisation des livres devient automatique

 L'engin ressemble à un instrument moderne de torture. Ses victimes : les livres. Maintenus solidement immobiles par plusieurs attaches qui s'adaptent à toutes les tailles. Une lumière éblouissante est projetée sur les pages qu'une "tête à vide" tourne une à une après les avoir décollées grâce à un jet d'air sous pression. Le supplice s'arrête là.

L'ouvrage sort indemne de ce qui n'est qu'une séance de numérisation. Mieux, en quelques minutes, son contenu est enregistré, préservé pour l'éternité de l'usure du temps et bientôt à portée de clic des internautes de la planète tout entière. Transformées en pixels, ces pages vont être ensuite traduites en caractères. Si le procédé n'en est qu'à ses balbutiements, il permet déjà de numériser un ouvrage de 300 pages en moins de huit minutes contre trois heures lorsqu'on tourne les pages manuellement au rythme de 100 pages à l'heure.

Cette machine à tourner et à numériser les pages, présentée comme la plus rapide du monde, a été conçue par une toute jeune entreprise, Kirtas, fondée en juin 2001 par Lotfi Belkhir, alors directeur au Xerox Venture Labs du célèbre Palo Alto Research Center (PARC) de Xerox. La firme, riche grâce à ses photocopieurs, est célèbre pour ses multiples inventions (la souris d'ordinateur, l'interface à fenêtres et icônes, le réseau Ethernet...). Elle l'est aussi malheureusement pour son incapacité à breveter et industrialiser nombre des innovations qu'elle a produites.

La machine à numériser les livres en est une. De 1997 à 2001, Xerox a développé un "tourne-page" automatique en exploitant sa connaissance pointue du papier et de la manipulation mécanisée. Lotfi Belkhir dirigeait ce projet. Mais, confrontée à des difficultés financières, Xerox interrompt, en mai 2001, ses recherches dans ce domaine pour se recentrer sur son "coeur de métier". Lotfi Belkhir ne renonce pas et décide d'exploiter la licence exclusive cédée par Xerox.

 

"DES LIVRES AUX OCTETS"

 

"La tâche est immense. Il faut numériser 560 années de savoir...", rappelle le fondateur de Kirtas. Et de s'y atteler avec un slogan fort : "Déplacer le savoir des livres aux octets" (Moving knowledge from books to bytes, en anglais) car, pour la génération actuelle, "ce qui n'est pas numérisé n'existe pas".

A 40 ans, cet Algérien émigré aux Etats-Unis en 1987 pour y obtenir un doctorat de physique se lance dans l'aventure au pire moment. "La bulle Internet venait d'exploser. Les capitaux étaient rares." Avec l'appui de Thomas Taylor, ingénieur en chef de Kirtas après trente et un ans passés dans le traitement du papier chez Xerox, l'entreprise industrialise sa première machine, l'APT BookScan 1200. Un prix d'innovation la récompense en 2003 et les premiers prototypes sont vendus en 2004. Ils fonctionnent à 1 200 pages par heure.

Aujourd'hui, une vingtaine d'exemplaires ont été livrés à des clients comme la Northwestern University de Chicago, Logos Research Systems, spécialisé dans la Bible, Newsbank, qui numérise les documents gouvernementaux, ou la bibliothèque publique de Rochester (Etat de New York), ville où est installée Kirtas. Au 1er janvier 2006, un nouveau modèle, l'ATP BookScan 2400, doublera la cadence de numérisation. Un gain banal pour Lotfi Belkhir, spécialiste de l'"innovation radicale". "C'est notre culture d'entreprise, précise-t-il. Nous cherchons à proposer des avancées majeures."

De fait, l'ATP BookScan résout l'étonnante quantité de problèmes que pose la numérisation automatique d'un livre. Outre l'adaptation aux différentes tailles, au maintien en position face à l'appareil de prise de vue, deux opérations se révèlent délicates : décoller les pages et les tourner. Pour effectuer la première, Kirtas utilise un jet d'air sous pression sur les angles libres des pages.

La seconde est plus critique. Il faut saisir la feuille et la tourner sans jamais qu'elle n'en entraîne une autre. "Il faut surtout s'adapter à tous les types de papier et à tous les grammages", souligne Lotfi Belkhir. Grâce à l'expérience de Thomas Taylor, Kirtas a mis au point une tête sous vide au profil légèrement ondulé qui la rend efficace sur tous les types de papier.

Décollée par le jet d'air, la feuille est aspirée par la tête sous vide et l'ondulation qui lui est appliquée achève de la libérer de sa suivante. Le tout en douceur pour éviter toute dégradation d'ouvrages allant du tout-venant à l'incunable. "Nous pouvons traiter tous les livres dont il est possible de tourner les pages à la main", assure Lotfi Belkhir.

Sauf ceux dont les pages sont collées ou ceux dont la fragilité extrême requiert l'usage d'un support pour les manipuler. "Sur 3 millions de pages numérisées, seulement 3 ont été abîmées", indique le PDG de Kirtas, qui cite le travail réalisé avec succès par l'université de Toronto sur un livre très ancien : La Cité de Dieu de saint Augustin (1475).

Une fois transformée en image grâce à l'appareil photo numérique de 16,6 millions de pixels, la numérisation est loin d'être terminée. Il faut en effet transformer l'image couleur en noir et blanc et aborder l'étape délicate de la reconnaissance de caractères (OCR).

Pour cela, Kirtas a intégré à son logiciel BookScan Editor le système "le plus performant du marché" : celui de la compagnie russe Abbyy capable de traiter 177 langues différentes. La tâche, dont l'efficacité varie de 90 % à 100 % en fonction de la qualité graphique du texte, prend entre 1 et 4 secondes par page.

Mais l'opération peut être répartie sur plusieurs ordinateurs et être réalisée de nuit. Kirtas la pratique puisqu'elle s'est lancée dans l'offre de service de numérisation aux clients qui ne souhaitent pas acquérir une machine de 120 000 euros. Une manière pour elle de "construire un pont entre le vieux monde du papier et le nouveau monde du numérique".

 

GOOGLE PRINT EN TOILE DE FOND.

Google compte-t-il parmi les client de Kirtas ? Le PDG de l'entreprise de numérisation, Lotfi Belkhir, s'abstient de répondre. Difficile toutefois d'imaginer que la société qui a lancé, le 14 décembre 2004, l'ambitieux projet Google Print ne s'intéresse pas à cette machine. Avec elle, Google pourrait en effet accélérer la réalisation de ce qu'elle considère comme sa "mission" : rendre accessible "toute la culture du monde" . Une formule qui a agacé Caroline Wiegandt, directrice générale adjointe de la Bibliothèque nationale de France (BNF), lors de la conférence Ichim du 21 septembre.

Le Monde 29/09/05 - Michel Alberganti


La promesse de l'aube. "Pierre Berès".

Ça a commencé comme ça, dirait Bardamu. «Je lisais beaucoup. A 11-12 ans, Corneille, Racine, Bossuet, Vigny, puis Verlaine, Rimbaud, Lautréamont. A 14-15 ans, j'achetais les premières éditions des auteurs à la mode, Kessel, Duhamel, le Prix Goncourt Bedel. En 1931, au 3e étage de la rue Vaneau, chez ma mère qui parlait l'anglais comme le français, je disposais d'une chambre et d'une autre attenante. Là, à 17 ans, est né mon premier catalogue», raconte Pierre Berès, octogénaire très improbable. Le premier prêt maternel, «50 000 F, beaucoup d'argent pour qui n'avait pas de fortune, dépensé en huit jours ! Je savais ce que je voulais, une lettre autographe d'Oscar Wilde, un poème de Verlaine à Rimbaud».

Voilà le début d'une longue carrière, lancée par des rencontres au culot (Gide, Paul Morand) et des coups dignes du poker (achat en 1957 de la collection formée au XVIe par les patriciens Pillone). Qui a rencontré Pierre Berès connaît l'esthète, ici un petit bronze de Matisse et là un homme pensif par Le Fresnaye, l'ami de grands collectionneurs comme Jaime Ortiz-Patiño, le solitaire dont le bureau privé plonge dans le jardin du Musée Rodin. «Trois épithètes pour un personnage ? Intelligence, goût et ambiguïté... Pierre est le prince de l'ambiguïté, il y a de l'ombre dans le tableau», s'amuse Pierre Bergé, fier que son «vieil ami ait commencé comme moi à 18 ans, jeune courtier en librairie avec l'assurance que donne le goût de connaître et d'avoir raison».

Au panthéon des plus grands libraires du XXe siècle, notez A.S.W. Rosenbach qui acheta 1 950 $ en 1924 aux enchères à New York le manuscrit d'Ulysse de Joyce («cathédrale de prose» déposée au Rosenbach Museum & Library de Philadelphie), l'Italien Tammaro de Marinis qui connut toute l'aristocratie de l'Europe, les Kraus, Américains d'origine viennoise, et les Breslauer, dynastie entre Berlin et New York dont Christie's a vendu la collection bibliographique au printemps. Palmarès établi par le grand érudit qu'est Félix de Marez Oyens, conseil en bibliographie à Paris, toujours sur le «Board» de Christie's, et directeur de la fondation Breslauer à New York. «L'histoire retiendra-t-elle Pierre Berès, au-delà de sa vision, de son art psychologue et de ses victoires ?», s'interroge son ex-associé, Néerlandais qui a deux grands hommes, Johan Huizienga et Érasme, austères en diable.V. D.

Le Figaro - Vendredi 15 juillet 2005. Valérie Duponchelle


Pierre Berès, le livre des sortilèges.

Le grand libraire parisien vendra à l'automne le fonds de sa fameuse librairie, soit «80 ans de passion» à l'aune de son personnage.

 

Ce jour-là, Pierre Berès, grand front et oeil de renard, avait bousculé le gris souris de son pull en cachemire par une cravate vert pâle, digne d'un jardin anglais. «La couleur qui plaît à l'homme moderne», celle de ses iMac posés comme autant de petits révolutionnaires au coeur des livres anciens de sa librairie, avenue de Friedland (aujourd'hui fermée). Pétillant et patient comme le flatteur de La Fontaine, ce conteur «incroyablement alerte» raconte les débuts d'un jeune homme audacieux, né le 18 juin 1913 à Stockholm, élevé à Paris, à l'ombre d'une mère dont il se garde de faire l'éloge, en l'absence d'un père dont il se garde de faire le procès et dont il francisa le nom d'Europe centrale. Une vie, ébauchée avec la précision d'un Maupassant, sans le cynisme avoué de l'ambitieux et du séducteur. A 92 ans, l'épilogue n'est pas écrit.

«J'habitais au 136, rue d'Assas. J'allais tous les jours à pied à Louis-le-Grand en descendant le boulevard Saint-Michel. Je m'arrêtais chez un bouquiniste, rue Auguste-Comte, où je feuilletais les revues. J'étais âgé de 13 ans, je suppose, lorsque mon copain de banc à Louis-le-Grand sort de sa poche un petit livre du XVIIe dans sa reliure en vélin, ouvrage en latin de l'imprimeur hollandais Blaeu. «Je l'ai acheté 25 centimes chez le bouquiniste !», me dit-il. J'ai été ébloui, pas par le livre, un tout petit format, mais par l'idée que, pour 25 centimes, on pouvait avoir un témoin aussi intact et évocateur de 300 ans avant nous. Cette illumination ne m'a jamais quitté», confie le libraire des libraires, controversé comme un pape en Avignon, mordant comme un requin des affaires, charmant comme un Casanova avant le bal.

«Je peux être plongé au milieu d'un livre de 3 MF, découvrir et décrire avec la même joie un livre de 140 F, toujours en partant du livre, pas en m'abritant derrière le paravent des outils bibliographiques», explique, en ce printemps 2000, cet autodidacte à la culture prométhéenne pour lequel «il n'existe pas de petits livres». Ce bourreau de travail, caché sous l'hédoniste, a rédigé ainsi «des milliers de fiches» goûtées des amateurs, comme les recettes élégantes et simples qui intriguent le palais, les faisant ronronner jusqu'à la facture «souvent astronomique, au-delà du réel». «Il est capable d'inventer un livre, d'imposer ses goûts d'un éclectisme extrême, de réunir à 17 ans 30 choses formidables dans un premier catalogue», salue le collectionneur Jean Bloch, bibliophile «admiratif du visionnaire», joueur dans l'âme et pas plus effarouché que ça, «si la fin a justifié les moyens».

«Je l'attendais un soir dans sa librairie pour voir Le Poète assassiné d'Apollinaire illustré par Dufy dans une reliure de Paul Bonet, quand j'entendis la voix de cet homme si hautain s'attendrir pour dire : «Ma chérie, tu es tellement belle, je t'aime !» J'étais stupéfait. Je le fus plus encore quand je compris qu'il parlait à un chat angora», raconte Jean Bloch, qui retrouva l'exemplaire hors de prix dans le catalogue de la vente Filipacchi. «Je lui ai acheté une très jolie édition des Essais de Montaigne en deux volumes, il y a 40 ans», se souvient Daniel Filipacchi depuis sa croisière d'été au coeur des Bahamas. Baroudeur encore charmé par «l'homme et sa culture distillée dans un dîner charmant chez lui», même si le collectionneur est passé depuis à des cieux plus surréalistes.

«Je l'ai rencontré à Londres en 1994. J'ai vu d'abord sa main, une très belle main, s'approcher pour saisir un livre de photographies in folio à l'anglaise», témoigne Jean-Baptiste de Proyart, l'expert de sa vente fleuve à l'automne (1). Tout ébaudi par le triomphe de la première vente bibliographique de la semaine dernière, «1 700 numéros, 7 000 livres, le dossier Gide et des livres à 50 €, une vraie vente du XIXe !» (nos éditions du 11 juillet). «Il était petit, brun, sec, nerveux, comme aujourd'hui... On s'est très vite tutoyés, il est venu à ma soutenance de thèse en 1995», confie ce docteur en philosophie, séduit par «son perfectionnisme, son oeil d'aigle forgé par une culture immense du livre et de son marché». Au jeu des portraits chinois, il le voit bien être «un chat, forcément, voire un pois de senteur, un proche de François 1er, Juliette Gréco pour le côté suave, une sculpture de Giacometti ou une dent de narval».

Gourmet des conquêtes et des fleurets bien mouchetés, Pierre Berès cite volontiers Erasme en amuse-bouche : «Nul homme n'est si bon qu'il ne puisse être amélioré ; de même, aucun livre n'est si travaillé qu'il ne puisse être rendu plus parfait.» Ce charmeur sait rester évasif sur les détours d'un itinéraire personnel (sept enfants de deux lits). Encourager le mystère sur sa personne, sa collection privée, les nombreuses ventes anonymes qui portent sa marque – un jour des éditions aldines, un autre la littérature libertine d'un Restif de la Bretonne – et la source de ses coups de théâtre. Comme la réapparition, en 2001, du manuscrit du Voyage au bout de la nuit, mythe absolu des céliniens, porté disparu depuis 1943 (préempté 12,18 MF par la BnF).

«Pierre Berès n'a pas l'oeil sur le passé. Cela le rend très bon libraire et très bon homme d'affaires», saluait en 2000 son ami et complice Félix de Marez Oyens. Et d'ajouter aujourd'hui : «Connaissance et expertise, patience en abondance, capacité de gagner de l'argent, il a tout cela. Sa faiblesse serait peut-être de toujours vouloir contrôler le jeu.»

(1) «Pierre Berès, 80 ans de passion», 1re partie du «Fonds de la librairie Pierre Berès, Des incunables à nos jours», le vendredi 28 octobre, 2e partie en décembre, toujours chez Pierre Bergé & Associés, à Drouot.

Le Figaro - Vendredi 15 juillet 2005. Valérie Duponchelle


 

L'imprimerie en Egypte

Mohamad Ali fit commander l'installation de l'imprimerie en 1821 dans le quartier de Boulaq. Il s'agit de la première imprimerie égyptienne, officielle et gouvernementale. L'introduction de cette première imprimerie au Caire entraîne une véritable révolution culturelle. Elle transforme profondément les relations sociales et entame un véritable mouvement d’éveil culturel. Bien que l'Egypte connût l'imprimerie avant l'époque de Mohamad Ali, celle-ci était non-officielle, et était la propriété d'individus. L'objectif principal de la construction de cette imprimerie était le désir du grand pacha à assurer l'éducation de l'armée.

La fondation de l'imprimerie de Boulaq se situe dans un grand mouvement de renaissance de l'enseignement et c'est pourquoi ses impressions, qui sont presque les premières d'Egypte, avaient une grande importance. La première publication était un dictionnaire arabo-italien puisque l'Italie était le premier pays où Mohamad Ali avait envoyé une mission pour étudier les techniques de cette industrie. Avec l’essor de l’imprimerie allait se développer la presse qui a permis aux élites de s’exprimer, d’organiser des débats, de faire connaître l’Europe et de publier les premiers textes littéraires de type européen. Le développement progressif de l'imprimerie et de la presse a permis l'essor d'une nouvelle catégorie sociale, équivalente aux intellectuels de nos jours. Déjà en 1848, plus de 200 ouvrages étaient traduits pour permettre aux écoles de former, sur des bases solides, les cadres de l’Egypte. On s’intéressait surtout au développement scientifique et technique. L’objectif était donc clair : imiter l’Europe et construire des usines en empruntant les techniques occidentales .

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2005/7/6/patri1.htm - Le 6 juillet 2005


Toute l'histoire de l'art aux enchères.

La splendeur de la France racontée en 18 000 catalogues de ventes, dispersés en cinq sessions du 26 au 30 juillet, à Nogent-sur-Marne.

 

Rendez-vous de juillet sur les bords de la Marne. Au 17, rue du Port, qui plonge vers l'eau en longeant le parc de la Maison des artistes. En l'hôtel des ventes de Nogent-sur-Marne, bambous, lauriers et barques à la Renoir céderont la place à un chapiteau et une salle de ventes presque en plein air. Programme plus que roboratif, voire banquet romain avec des mets d'empereur : en cinq jours de ventes judiciaires, Me Christophe Lucien proposera la «très extraordinaire bibliothèque d'un marchand parisien», constituée dès les années 60 avec autant de méthode que de folie visionnaire. Un océan de 25 000 volumes, dont près de 18 000 catalogues de ventes aux enchères publiques depuis 1732 (1). Toute l'histoire de l'art par le menu. Côté cour et côté jardin, puisque ces annales du marché sont annotées de mille secrets.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ou se vend. Par les aléas des créances et les hasards de l'été, voici une mémoire intacte de notre doux pays quand la concurrence anglo-saxonne ne comptait guère, hormis après la Révolution française, lorsque les Emigrés vendirent leurs biens outre-Manche. La France au plus beau de son art et de son arrogance. Au plus riche de ses rêves royaux ou strictement bourgeois, de ses transmissions, heureuses comme la paix en famille, déchues comme les batailles de succession. Au plus légendaire de ses noms de princes, de mécènes, de parvenus ou d'artistes. Une énumération invraisemblable d'objets cités au fil des catalogues - petits livrets du XVIIIe, puis épais livres de la fin du XIXe où prend place la photographie originale - qui font l'inventaire d'une culture.

«Photographies de grande duchesse en robe du soir, caricatures de Daumier, dessins de Léonard, tapis de Smyrne, diamants de la Couronne, bijoux de théâtre, ardoises de Saint-Pétersbourg, coquillages, minéraux, soieries, journaux autographes, crânes humains, flacons de poison, grilles de châteaux, instruments de torture, grimoires de sorcellerie, dents de narval, chefs-d'oeuvre et croûtes dans un même assaut», récapitule le catalogue de cette somme de catalogues, à collectionner comme le reste (2). En deux ans de cette rocambolesque aventure judiciaire, Me Christophe Lucien a revu défiler en accéléré ses études d'histoire de l'art dans le vif désordre des enchères. D'Alexandre Dumas à Victor Hugo parti en exil, de feu la Pompadour à Jacques Doucet en son salon, ce Parisien de Nogent y a puisé un enthousiasme digne de Rodrigue affrontant Chimène.

Le XVIIIe nous est ainsi conté en pierres blanches. Ventes mythiques d'un Crozat, baron de Thiers, d'un Choiseul-Praslin, ou du duc de Gramont. Incursions détaillées dans les ateliers d'artistes avec les ventes des peintres Coypel, de Troy, Lesueur ou Vernet, des sculpteurs Bouchardon ou Caffieri, de l'ornemaniste Michel Audran. Retour au Panthéon avec la vente de Germain Soufflot, son architecte chagrin, ou visite chez les marchand-merciers avec les catalogues Gersaint annotés de sa main à l'encre.

Le XIXe étourdit par sa profusion d'artistes (ventes Hubert Robert, Boilly, David, Delacroix, Ingres, Millet, Corot, Barye), d'écrivains (Balzac, Dumas, Maupassant, les Goncourt) et de figures (de Melle Rachel, comédienne, à Richard Wallace, du prince Napoléon aux frères Dutuit, collectionneurs qui firent la richesse du Petit Palais).

Le XXe reste un âge d'or comme en témoignent les ventes du spirituel Feydeau ou du mégalomane Gabriele d'Annunzio, des grands collectionneurs Henri Rouart ou Ephrussi de Rothschild, des ateliers de Gustave Courbet ou d'Eugène Carrière. La vente après décès de l'atelier Edgar Degas a nourri un catalogue en 7 volumes, monument de l'art et de son marché, qui plaide à jamais pour les archives du savoir.

Même si cette vente fleuve «sur requête du Trésor public et autres créanciers», tait le nom du vendeur, il n'est pas sorcier de constater que 98% des lots portent l'ex-libris, sans plus de grâce qu'un cachet de bibliothécaire, de François Heim, 85 ans, figure tutélaire du marché parisien (3). Personnage à la cousin Pons, que la passion dispense de toutes contingences matérielles jusqu'à l'heure des enquêtes diligentées et des recouvrements, il est baptisé «oeil de verre et jambe de bois» par ses pairs. Admiratifs de sa science qui lui fit acheter les fonds des frères Gaston et Henry Pannier, puis de Marcel Nicolle, désolés de sa chute, mais prêts à y piocher toutes les aubaines. VOIR LE CATALOGUE.

(1) Soit 1 851 lots, estimés de 100 € à 2 000 €, à vendre les mardi 26 juillet (de 1900 à 1952), mercredi 27 (de 1732 à 1793), jeudi 28 (de 1794 à 1870), vendredi 29 (de 1871 à 1899) et samedi 30 (Expositions, musées et grandes collections ). Rens. au 33.01.48.72.07.33.

(2) Sans compter une kyrielle de hors catalogue qui contraindra les amateurs à venir. Experts, Christian Galantaris et Pierre Poulain (catalogue, 30 €). Frais en sus des enchères, seulement à 9,495% pour les livres.

(3) On lui attribue aussi la Collection de marbres, terres cuites et tableaux d'un grand marchand parisien, le 21 juillet à Nogent (frais 10,764%).

Le Figaro - Vendredi 8 juillet 2005. Valérie Duponchelle.


La BNF : une passoire pour des milliers de documents précieux.

Des multiples failles dans la sécurité de la Bibliothèque nationale de France (BNF) ont été mises au jour depuis un an. Face au scandale, le président de la BNF, Jean-Noël Jeanneney, a rédigé un rapport consacré à «la sûreté des collections». Ce document, dont Le Figaro détaille le contenu, établit qu'à l'occasion du déménagement du site Richelieu vers Tolbiac, «30000 absences, soit 0,3% des collections» ont été signalées. Dans le «coeur précieux» de la BNF, plus de mille pièces sont manquantes ou absentes. Depuis, les visiteurs comme les agents sont en principe sévèrement contrôlés. Outre ces disparitions, une information judiciaire est en cours sur des vols d'ouvrages rares.

Vols de pièces au département des médailles en 1946 ayant entraîné le suicide du conservateur de l'époque, disparition, au début des années 80, d'un précieux manuscrit érotique persan, «kidnapping» en 1997 d'un incunable du XVe siècle ? la Cosmographia de Claude Ptolémée sur aquarelle ? retrouvé l'année suivante chez Christie's Londres... Page après page, l'histoire de la Bibliothèque nationale de France épouse à s'en étourdir celle du pillage et du vandalisme. Devenue une Babel moderne, la Bibliothèque nationale de France (BNF) abrite aujourd'hui 35 millions d'objets de toute nature, dont quinze millions d'imprimés et vingt millions de documents dits «spécialisés» tels que des manuscrits, cartes et plans, photos ou encore costumes. Dans le lot, pas moins de deux millions de pièces peuvent être considérées comme rares et précieuses. «Vouloir faire de la BNF un coffre-fort serait confortable mais ce n'est pas notre vocation. A la différence des musées, nos documents sont là pour être consultés», explique Agnès Saal, directrice générale de l'établissement, qui a communiqué 1,2 million de documents à près de 400 000 chercheurs en 2003.

En septembre dernier, au lendemain du scandale provoqué par le vol de manuscrits au fonds hébraïque (lire ci-dessous), Jean-Noël Jeanneney, président de la BNF depuis mars 2002, établit un rapport sans concession consacré à «La sûreté des collections». Ce document, dont Le Figaro peut détailler le contenu, révèle qu'un inventaire «mené sur 10 millions d'unités» à l'occasion du déménagement des bibliothèques de Richelieu et de Versailles vers le site François-Mitterrand «avait fait apparaître environ 30 000 absences, soit 0,3% des collections (...)». «Sur ce chiffre, poursuit le rapport, (...) la très grande majorité est constituée par des ouvrages des XIXe et XXe siècles, en littérature et en histoire.»

Selon nos informations, les dernières vérifications effectuées en 2004, notamment dans le «coeur précieux» de la BNF, indiquent que 1 183 documents ont été signalés comme manquants ou absents. Quelque 200 d'entre eux sont antérieurs au XVIIIe siècle. «Ces disparitions, dont les dates sont difficiles à établir, nous indignent sans vraiment nous surprendre car certains fonds n'ont pas été inspectés depuis très longtemps, précise Agnès Saal. La politique de l'autruche n'est pas bonne. A un moment ou à un autre, il fallait faire émerger ces manques...»

En 2002, la BNF a entrepris de renforcer sa coopération avec les groupes spécialisés de la brigade de répression du banditisme et de l'Office central de lutte contre les trafics de biens culturels (OCBC). Depuis 1998, plus d'une quinzaine de plaintes ont été déposées. Pourtant, si deux agents ont été soupçonnés d'indélicatesses, aucun n'aurait été révoqué.

Soucieux de défendre le patrimoine, le président de l'établissement public s'est employé à renforcer singulièrement la «surveillance étroite dans lesquelles les lecteurs et les agents de la bibliothèque accèdent aux documents». Procédures d'accréditations, vérifications d'identité et modernisation de la vidéosurveillance : le public est soumis à un règlement draconien. En 2003, pour 3 500 lecteurs, seules 44 exclusions temporaires et trois définitives ont été prononcées. De leur côté, les agents, qui doivent produire un casier judiciaire vierge, portent des badges magnétiques. Ponctuellement, ils doivent ouvrir et présenter le contenu de leurs sacs, vider les poches de leurs manteaux, ouvrir leurs meubles de bureau ou leurs vestiaires. Enfin, il a été décidé qu'une quinzaine de conservateurs seront mutés chaque année. «L'exercice d'une responsabilité longue et directe sur un fonds recèle des dangers, soulignait Jean-Noël Jeanneney dans son rapport. L'administration doit donc chercher à se prémunir contre la défaillance ou la malveillance de ceux-là mêmes qui ont en charge le contrôle, et qui sont par nature faillibles...» Ce péril n'est pas neuf pour qui garde en mémoire les forfaitures du comte Libri, aristocrate d'origine italienne qui avait profité à la fin du XIXe siècle d'une mission d'inspection des bibliothèques de France pour y rafler des pièces majeures, telles que la Divina Commedia de Dante ou des esquisses de Léonard de Vinci.

Devenue une Babel moderne, la Bibliothèque nationale de France (BNF) abrite aujourd'hui 35 millions d'objets de toute nature, dont quinze millions d'imprimés et vingt millions de documents dits «spécialisés» tels que des manuscrits, cartes et plans, photos ou encore costumes.

Le Figaro - 27 juin 2005 - Christophe Cornevin


 

Exposition «Le dessin florentin sous les derniers Médicis».

Séduction à l'italienne.

Même si son éclat s'est fait plus discret, Florence ne s'est pas éteinte après la Renaissance, sous le règne désormais tranquille des derniers Médicis. Son art non plus, toujours fait d'un goût marqué pour le naturalisme des paysages et des personnages, pour la beauté des corps, dans des mises en scène souvent théâtrales. Le Louvre, qui conserve l'un des ensembles les plus complets de cette période peu connue, grâce à la collection de Filippo Baldinucci, le «conservateur» des collections de Cosme III de Médicis, présente une sélection de soixante de ces dessins allant du délicat Allori jusqu'à Volterrano, le baroque.

Intitulée «Le dessin florentin sous les derniers Médicis», l'exposition marque la publication de l'inventaire des Dessins Toscans XVIe-XVIIe tome 2 par le département des Arts graphiques du musée, sous la direction de Catherine Goguel qui a eu le bonheur, dans cette tâche, de faire de nombreuses découvertes ou réattributions.

«La Toscane de Cosme III, dernier duc régnant, explique-t-elle, reste fidèle à sa grande tradition stylistique d'utilisation du dessin à des fins d'étude de la nature, dans la filiation d'Andrea del Sarto et de Pontorno, de structuration très forte des corps (tradition de Michel-Ange), de jeu subtil autour des effets atmosphériques (le sfumato de Leonard de Vinci et la morbidezza, l'onctuosité).»

Tous ces artistes étaient des peintres «muralistes», «de grands décorateurs, des peintres de quadri da sala, dont les esquisses préparaient à de vastes compositions destinées à des palais ou à des lieux religieux, car il ne faut pas oublier que la plupart d'entre eux étaient membres de confréries de charité.» Chronologiquement, le premier est Matteo Rosselli (1578-1650). On admirera la force de son trait sur des profils de jeunes hommes et sur une Pieta très proche de celle de Michel-Ange.

A l'opposé de ce style solide, simple, appuyé, le plus fameux des artistes de l'époque est sans doute Cristofano Allori (1575-1621), dont le tableau le plus célèbre est Judith présentant à Holopherne la tête de saint Jean-Baptiste. L'exposition a sélectionné plusieurs études pour ce tableau, dont une très belle tête d'homme aux yeux clos à la pierre noire et deux pastels utilisant le sfumato avec virtuosité, un portrait de jeune femme et une main tenant une poignée de cheveux côtoyant une coiffe féminine tout en dégradés de blancs. Il est aussi l'auteur de délicates petites esquisses de paysages toscans, dont le Louvre possède un carnet entier.

Francesco Curradi, un peu dans la même veine, utilise, lui, la sanguine sur papier bleu pour dessiner une femme évanescente aux effets à la Correge. Pierre noire, sanguine, encre, pastel, tous, en effet, font feu de tout bois, employant toutes les techniques avec une infinité de variétés techniques, de supports et de styles.

Puis viennent les grands «chorégraphes» du dessin, les Giovanni Bilivert qui compose de vastes scènes mythologiques pour les palais des familles nobles de Toscane ; les mystiques, comme Cecco Bravo, dont une mise au tombeau vue de l'intérieur de la caverne illumine les personnages d'une lumière caravagesque. Les Giovanni di San Giovanni, précurseurs du baroque avec sa Nymphe et Satyre aux traits animés et furieux. Les Furini, avec son portrait de Femme nue vue de face révélant son souci de représentation al naturale.

«Les peintres florentins, poursuit Catherine Goguel, sont les premiers à ne pas trahir ce qu'ils voient, à représenter, par exemple, un enfant comme un enfant.» C'est le cas du bambin de Carlo Dolci, endormi un doigt dans la bouche, une sanguine d'une touchante candeur.

Puis, vers 1640, vient l'influence du baroque, à travers Pierre de Cortone venu de Rome et Luca Giordano, de Naples. Il y a Franceschini, dit Il Volterrano et son Bouffon Tommasso Trafredi, présenté à mi-corps d'un trait fragmenté. Il y a également Giovanni Battista Foggini, dont le projet de bas-relief d'autel est un hymne au nouveau style, où s'entremêlent dans un élan fougueux des personnages emportés par un élan d'inspiration divine. Florence s'était mise à la mode.

Jusqu'au 15 août 2005, au Louvre - aile Denon, 1er étage, salles 9 et 10.

Le Figaro 24 juin 2004 - Anne-Marie Romero.


L'Abbaye d'Ardennes en Normandie

"Mémoire vivante du XXe siècle"

Une mémoire vivante de l’écrit, de l’édition et de la création

Créé en 1988 à l’initiative de chercheurs et de professionnels de l’édition, l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine ( IMEC ) http://www.imec-archives.com/ rassemble, préserve et met en valeur des fonds d’archives et d’études consacrés aux principales maisons d’édition, aux revues et aux différents acteurs de la vie du livre et de la création : éditeurs, écrivains, artistes, chercheurs, critiques, graphistes, libraires, imprimeurs, revuistes, agents littéraires, journalistes, directeurs littéraires...

Mémoire vive du livre, de l’édition et de la création, ce patrimoine, jusqu’à présent inaccessible et largement inédit, contribue au développement des recherches scientifiques sur la vie littéraire, artistique et intellectuelle contemporaine, sur ses créateurs et ses médiateurs, sur ses réseaux et ses institutions, sur son économie et ses productions.

Fondé sur le principe général du dépôt d’archives par des particuliers, des entreprises ou des institutions, l’IMEC assure la conservation et la mise en valeur de la toute première collection privée d’archives contemporaines en France. L’IMEC permet ainsi à un très important patrimoine privé d’être ouvert à la recherche dans le cadre d’une mission publique d’intérêt scientifique et assume dès lors une mission de médiation entre la communauté des chercheurs et celle des déposants et ayants droit.

Les missions et les activités de l’IMEC bénéficient du soutien permanent du Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC de Basse-Normandie) et du Conseil régional de Basse-Normandie.

Devenu Centre culturel de rencontre dans le cadre de son installation à l'abbaye d'Ardenne, l'IMEC est membre de l'Association des Centres culturels de rencontre. http://www.accr-europe.org/


A Limoges : Reliure, noblesse d'un art.

Chaque année, Limoges est le théâtre de manifestations dans le cadre du cycle d'expositions «Filigranes de la reliure d'art» portant sur des périodes s'échelonnant du XIIIe au XXe siècle.

Plus de deux cents artistes relieurs de France et de l'étranger (Australie, Japon, Canada...) ont été sollicités par la ville et l'association Les amis de la reliure d'art, que préside Annick Terrasson (sept cents membres de quinze pays). Un jury, composé de professionnels et de bibliophiles, a sélectionné 174 oeuvres uniques pour une exposition mise en scène par Jean-Michel Ponty. Conquête esthétique, la reliure transcende un ouvrage. «L'art du livre transparaît dans la reliure qui transmet la mémoire en protégeant le livre», fait remarquer Monique Boulestin, maire adjoint chargé de la lecture à Limoges. Cette exposition présente différents styles de reliure contemporaine : la qualité d'exécution, l'utilisation de nouveaux matériaux, la recherche d'un décor harmonieux en sont le dénominateur commun.

Jacques Laucournet, un des deux derniers relieurs de Limoges (il y avait dans la cité une trentaine d'ateliers en 1865), de la troisième génération, a été l'instigateur de cette manifestation dorée sur tranche qui rend hommage à deux cents ans d'histoire et fait preuve d'un heureux éclectisme.

Le sujet s'impose avec éclat : reliure de velours avec cabochons, reliure mosaïquée, reliure avec incrustation de plaques émaillées, couture au fil d'or sur rubans de cuir rouge, sur plats rapportées en maroquin noir... Une immense bibliothèque d'images et de visions, des palpitations de techniques qui expliquent fièrement une histoire débordant de richesses. Trois réalisations ont été récompensées : celle de Béatrice Algrin, qui s'est vu décerner le prix de la ville de Limoges pour une reliure classique avec incrustation d'agate, celle d'Adda Papadopoulos, pour une reliure traditionnelle plein air décorée de bandes de papier de verre teinté, et celle d'Alain Taral, auteur d'une reliure en bois à double charnière, décor de tissage en merisier.

A la galerie des Hospices, à Limoges, jusqu'au 9 octobre. Entrée : 1 €. Tél. : 05.55.45.65.27.

Le Figaro - Alain Londeix - 17 juin2005


De la Renaissance à l'âge baroque.

Une collection de dessins italiens pour les musées de France.

Cette exposition d'une collection de dessins italiens, acquise pour les musées de France grâce au mécénat du groupe Carrefour, offre au musée du Louvre l'occasion de proposer un voyage inédit dans l'art italien du XVe au XVIIe siècle.

Les dessins italiens de la Renaissance au premier âge baroque présentés dans cette exposition font partie d'un ensemble de cent trente feuilles acquis en 2004 par l'État grâce au mécénat du groupe Carrefour, en application de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France et de la loi du 1 er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations qui favorisent notamment la sauvegarde des trésors nationaux. Toutes les feuilles, qui devaient être dispersées en 2004 et 2005 par Sotheby's à New York et à Londres, proviennent d'un éminent collectionneur parisien qui les a patiemment acquises depuis 1972 sur le marché français et international.

Rassemblé suivant un goût très sûr et des avis éclairés, cet ensemble offre un panorama riche et diversifié de l'art du dessin en Italie du XVe au XVIIe siècle.

Commissaire(s) : Dominique Cordellier, conservateur en chef au département des Arts graphiques du musée du Louvre.

Exposition : Musée du Louvre du 10-06-2005 au 29-08-2005, Aile Sully, 1er étage, Salle de la Chapelle. Ouvert tous les jours, sauf mardi, de 9h à 17h30, et jusqu'à 21h30 le mercredi et le vendredi.


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