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L'INFORMATION DU BIBLIOPHILE.

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SECONDE PARTIE 

 

Le château de Vaux-le-Vicomte vend ses livres pour sauver sa toiture.

A l'ombre du Roi-Soleil -

Sotheby's vend le 15 juin le «Cabinet du roi», ode gravée à la gloire de Louis XIV, ses fêtes, ses villes et son pouvoir absolu.

C'est une pirouette de l'histoire que les esprits moqueurs n'ont pas manqué de soulever. «La gloire de Louis XIV réparera le toit de Foucquet», attaque avec humour Marc Fumaroli, de l'Académie française, plume savante recrutée par Sotheby's pour vanter la beauté de ce Cabinet du Roi et autres trésors «provenant du château de Vaux-le-Vicomte». Seulement 17 lots (estimés au moins 600 000 €), avant les 140 autres proposés le 15 juin à la galerie Charpentier et qui ne sont pas des moindres, grâce aux manuscrits de Proust en Vacances, Rousseau et sa Nouvelle Héloïse, Stendhal fustigeant Les Anglais à Rome. Mais un beau coup de théâtre que ce bouquet définitivement royal, à défaut d'avoir été les livres mêmes de Nicolas Foucquet, le Surintendant des finances et grand lettré qui se rêva mécène auprès du nouvel Auguste avant d'être banni à vie par lui en 1664, en son château de Pignerol.

Dernier maître du château de Vaux-le-Vicomte, Patrice de Voguë vend donc ce Cabinet du roi, «immense entreprise de célébration du pouvoir, du faste et de la gloire de Louis XIV», et quelques autres grands livres de sa bibliothèque familiale pour sauvegarder ce fruit de l'art conjugué de l'architecte Charles Le Vau, du peintre Charles Le Brun et et du paysager André Le Nôtre (lire ci-contre). Et les amateurs de gravures spectaculaires, grandes comme des champs de bataille, de la splendeur du XVIIe et de la toute-puissance politique, de redécouvrir ces 21 volumes sortis de l'Imprimerie royale, entre 1723-1727, soit à l'heure où le jeune souverain Louis XV tenait à rappeler le prestige de sa dynastie. Un majestueux format grand aigle (625 x 450 mm) qui sied à l'aventure d'un siècle. Un ensemble homogène à défaut d'être complet (il manque 2 volumes), «comprenant 794 gravures sur 666 feuilles sur le même papier de haute qualité, uniformément relié en maroquin bleu aux armes royales», souligne l'expert Anne Heilbronn qui a gagné ce morceau de roi pour Sotheby's.

L'Ancien Régime en vision panoramique. En cette troisième journée («dies tertius») des Festes de Versailles, voici le Roi-Soleil à distance protocolaire de la scène pour assister au «Malade imaginaire, comédie représentée dans le jardin de Versailles devant la grotte». En 1676, le graveur Le Pautre représente le monarque en astre solitaire, presque face au fauteuil du malade imaginaire, trône de théâtre, posé comme une épave sur une scène immense et presque vide, qui symbolisera à jamais la mort de Molière. En cette sixième journée, le graveur saisit les «illuminations autour du grand canal de Versailles représentant des palmes, des pyramides, des fontaines, des statues», faisant naviguer des barques dans le clair-obscur de l'encre et travaillant les personnages en premier plan comme des ombres chinoises dans la nuit.

«La science du géomètre, du mathématicien, de l'ingénieur des fortifications et des ponts et chaussées» excelle dans ces superbes planches, «véritables Mémoires visuels d'un demi-siècle d'épiphanies de la monarchie française en son Age d'or», souligne Marc Fumaroli. Dans cette autre planche formidable Paris au Vert-Galant, Henry IV est bien à cheval, mais sa statue est cernée de grilles, la pointe de l'île de la Cité est sans dénivelé, La Seine au pied du Louvre a une rive encore mollement naturelle. Les gravures, souvent d'interprétation, traduisent la commande royale et la terrible reprise en main des artistes par Louis le Grand et son fidèle missionnaire Colbert.

Réunies en recueils sous le règne du Grand roi, les estampes gravées par les artistes du roi constituaient un «somptueux outil de propagande destiné aux ambassadeurs et gouverneurs de l'Europe», rappelle le marchand parisien Paul Prouté, le spécialiste de la gravure de la rue de Seine qui «n'a jamais vu passer pareille rareté en 60 ans de métier». Le marché voit passer de temps à autre un ou plusieurs volumes du Cabinet du roi. Un volume d'après Beaulieu sur les Plans, profils et vûes de camps, places, sièges et batailles vient de faire autour de 70 000 € à Drouot. Les plus cotés restent les trois gravés d'après Van der Meulen sur les Vûes, entrées et autres sujets servant à l'histoire de Louis XIV (le volume estimé de 80 000 € à 100 000 €), d'où une estimation globale jusqu'à 500 000 € jugée «plausible».

«Ce qui compte, c'est la réunion. Qui plus est en maroquin bleu, plus rare que le maroquin rouge et paradoxalement plus délicat à compléter», souligne un expert. La parole est aux «grands amateurs d'art, pas aux bibliophiles obsédés de la virgule», tranche un libraire, très confiant sur le sort du roi.

Le Figaro - Valérie Duponchelle - 10 juin 2005


Google Print, 'bibliothèque numérique'

anglophone, est en ligne.

A l’heure où l’Europe envisage son avenir constitutionnel et numérique, la version bêta de la 'bibliothèque' anglophone Google Print est mise en ligne.

Il semble que la société Internet américaine Google ait activé la version bêta de Google Print dès vendredi 27 mai 2005 (http://print.google.com/).

Cet espace offre la possibilité aux internautes d’accéder gratuitement aux contenus numérisés de "millions d’ouvrages".

Ces ouvrages ont été scannés et rendus accessibles sur Google Print dans le cadre d’accords signés entre le moteur et ses partenaires, éditeurs et bibliothèques universitaires anglophones (Google Library Project initié en décembre 2004).

En fonction de la validité du "copyright" sur un ouvrage donné, celui-ci est accessible dans son intégralité ou en partie (extraits et éléments bibliographiques).

Les liens publicitaires ne sont pas oubliés, mais restent discrets. Si l’internaute frappe "Nobody Knows my Name" dans le cadre de recherche de Google Print, une liste d’ouvrages apparaît dans les résultats de recherche. Si l’on clique sur le premier de la liste, à droite des pages scannés se trouvent des liens vers les librairies en ligne Amazon.com, Barnes&Noble.com, etc.

Le programme de numérisation et d’accessibilité engagé par Google, fait peur en Europe comme aux Etats-Unis, de la Bibliothèque nationale de France (www.bnf.fr) à l’Association de la presse universitaire américaine (http://aaupnet.org/).

Google va-t-il devenir 'le' guichet unique d’accès, de diffusion et de monétisation de la culture numérique ? Piquée au vif, la BNF est à l’initiative d’un mouvement "de numérisation large et organisée des oeuvres appartenant au patrimoine européen".

Quant à l’AAUP américaine, elle a demandé à Google de lui préciser comment les droits d’auteur et les droits sur la propriété intellectuelle seront effectivement protégés dans le cadre du Google Library Project (http://print.google.com/googleprint/library.html).

Ariane Beky - 31 mai 2005 - NetEconomie.com


 

La Bibliothèque nationale de France

souffle ses dix bougies.

La Bibliothèque nationale de France, connue pour sa ferme volonté de démocratiser le savoir, fête cette année ses dix ans. Lancée par le président François Mitterrand, l’établissement public a pris la relève de la Bibliothèque nationale, fondée en 1913 et reconnue d’utilité publique en 1927.

Son président actuel, Jean-Noël Jeanneney, et tous ses personnels se félicitent des “progrès importants que cette réalisation a permis, au service de l’enrichissement et de la conservation du patrimoine dont ils ont la charge, comme de sa communication à un public de plus en plus large”. Depuis 1994, les missions traditionnelles ont été élargies. Le public aussi a augmenté. Tout cela est rendu possible grâce évidemment à l’introduction des nouvelles technologies qui ont apporté certaines modifications dans la pratique. Aujourd’hui, la maison offre toute une diversité d’actions dans le monde de la culture. De nombreuses manifestations sont développées, environ 120 par an et comprenant des expositions, conférences, colloques et projections, entre autres. Actuellement la BnF consacre, jusqu’au 21 août dans la Grande Galerie, une grande exposition à Jean-Paul Sartre, à l’occasion du centenaire de sa naissance.

La BnF a certes un projet culturel à volonté d’ouverture. Ce projet est destiné également à servir les jeunes chercheurs et professionnels extérieurs à l’établissement. Ainsi, dans le cadre du programme « Profession culture », une initiative du ministère de la Culture, elle accueille en son sein de jeunes doctorants qui sont intéressés par ses collections qui ont un lien avec leur thèse en cours. Ces pensionnaires, des professionnels étrangers, sont sélectionnés avec l’aide d’un réseau de postes français établis à l’étranger. Une fois arrivés sur Paris, ils sont logés dans un centre d’accueil où ils vont effectuer des séjours d’une durée de trois mois à un an. Ils bénéficient d’une bourse de séjour de 1 000 euros par mois.

Accès gratuit

En vue d’enrichir ses collections patrimoniales, l’établissement font régulièrement des acquisitions, souvent grâce à la générosité de donateurs qui sont pour la plupart des héritiers ou amis proches d’écrivains, d’hommes de sciences ou artistes. “ La diversité des documents, des plus anciens - manuscrits, estampes, monnaies et médailles, partitions, cartes et plans, arts du spectacle… - jusqu’à ceux qui sont le plus directement ancrés dans la modernité - audiovisuel, photographies et numériques… - rend pleinement compte de la richesse et de l’actualité de la production culturelle et intellectuelle de la nation, » explique le président dans son entretien accordé à Marie-Noële Darmois, la responsable éditoriale de la publication trimestrielle,Chroniques de la Bibliothèque nationale de France.

La BnF possède sa bibliothèque numérique Gallica qui offre à la planète entière un accès gratuit en ligne à 85 000 volumes d’imprimés, soit environ 30 millions de pages. Cet outil, est “un miroir français de la culture universelle” qui répond à un désir de protéger la culture française et francophone à travers le monde. La BnF est constituée de sept sites. Seulement cinq d’entre eux accueillent le public : François-Mitterrand, Richelieu, la Bibliothèque de l’Arsenal, la Bibliothèque-musée de l’Opéra et la Maison Jean Vilar. Les deux autres, les centres Bussy-Saint-Georges et Sablé-sur-Sarthe, sont réservés à la restauration des documents érodés par le passage du temps.

Par ailleurs, pour protéger ses documents, la BnF est dotée d’un système très efficace contre les vols et la destruction physique par l’eau, le feu ou la folie des hommes. En cas de sinistre, il existe un plan d’urgence. Depuis l’incident concernant le vol d’un manuscrit hébraïque dans lequel s’est retrouvé impliqué un conservateur de la maison, les dispositifs de sécurité ont été doublement renforcés et tout manque fait l’objet d’une plainte.

Vèle PUTCHAY. Lundi 23 mai 2005. http://www.lexpress.mu/display_article_sup.php?news_id=42525


Plus de deux siècles de littérature censurée

présentés au Salon de la bibliophilie.

La maison de la Mutualité, à Paris, accueille du 19 au 22 mai la Foire internationale du livre ancien, où plus de cent libraires venus de toute la France, de plusieurs pays d'Europe, des Etats-Unis, mais aussi d'Argentine et même d'Australie seront présents. Certains ont retenu le thème de la littérature censurée pour exposer des trésors de la bibliophilie, livres interdits ou lettres amputées.

Une pièce historique de première importance est la lettre autographe de Louis XVI demandant de censurer Le Mariage de Figaro : "Monsieur, j'ai lu et fait lire l'oeuvre de monsieur de Beaumarchais. Le censeur ne doit en autoriser ni la représentation ni l'impression" , signé simplement "Louis" (30 000 euros, librairie Castaing). Cette comédie brillante remet en question l'ordre moral, la justice, les privilèges de la noblesse. Présentée au roi en 1781, elle est finalement jouée à la Comédie-Française en 1784.

Autre censuré célèbre du siècle des Lumières, le marquis de Sade est maintenu en détention par lettre de cachet de 1775 à 1790. Emprisonné au donjon de Vincennes, puis à la Bastille, il correspond régulièrement avec son épouse, se révélant en toute liberté, sans aucune arrière-pensée littéraire : auteur maudit, honni, il ne songe pas un instant que ses écrits intéresseront la postérité. Vingt-cinq lettres autographes signées, toujours soumises à la censure de ses surveillants, et parfois découpées, le montrent affectueux, drôle ou féroce, et même amoureux. Selon l'intérêt, la longueur, le sujet, elles valent entre 1 500 et 12 500 euros (librairie Benoît Forgeot). Il ne cesse d'écrire pendant ces années de captivité, mais ses écrits restent poursuivis et détruits. Les éditions originales rescapées se vendent entre 20 000 et 200 000 euros. Un exemplaire de La Philosophie dans le boudoir de 1795, dans sa reliure d'époque, est annoncé à 54 000 euros (Benoît Forgeot).

En 1857, Les Fleurs du mal sont considérées par la Sûreté publique comme un "défi jeté aux lois qui protègent la religion et la morale" . Baudelaire est condamné à retirer six poèmes du recueil, l'édition originale doit être détruite, mais la moitié des exemplaires, près de 500, sont cachés et sauvés. Ils se négocient aujourd'hui autour de 15 000 euros (librairie Laurent Coulet). La deuxième édition voit le jour en 1861, complétée par trente-cinq poèmes nouveaux, alors que les six censurés n'y figurent pas (autour de 2 000 euros, selon l'état). Quelques éditions non censurées paraissent à l'étranger, notamment en Belgique (entre 500 et 1 000 euros).

Plus près de nous, la censure sévit encore en 1946 quand Sexus, d'Henry Miller, est publié aux éditions La Terre de feu pour sa première parution en français. Jugé pornographique, Sexus est condamné et détruit, seuls les trois cents exemplaires du service de presse ont survécu (300 euros, librairie Henri Vignes).

La littérature censurée sera aussi le thème d'une conférence animée par Emmanuel Pierrat, qui est l'auteur, avec Sylvain Goudemare, d'un livre intitulé L'Edition en procès, où ils racontent douze grandes affaires de censure qui ont marqué l'édition française (éditions Léo Sheer).

Foire internationale du livre ancien, Maison de la Mutualité, 24, rue Saint-Victor, 75005 Paris. Du jeudi 19 mai au dimanche 22 mai, de 17 heures à 21 heures le jeudi, de 11 heures à 19 heures les autres jours.

Le Monde - Jeudi 19 mai 2005.


 

Six pays européens ont demandé à l'Union européenne

jeudi 28 avril de lancer une "bibliothèque numérique européenne".

Le projet a a été demandée par six pays auprès de la commission et du conseil européen.

Six pays européens ont demandé à l'Union européenne jeudi 28 avril de lancer une "bibliothèque numérique européenne", a annoncé l'Elysée. Ce projet aurait pour but de coordonner les actions des bibliothèques nationales.

Ces six pays de l'union ont, par l'intermédiaire de leur chef d'Etat et de gouvernement, demandé dans une lettre conjointe une initiative en ce sens aux présidents du Conseil européen Jean-Claude Juncker et de la Commission Jose Manuel Durao Barroso. La France, la Pologne, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Hongrie ont signé cette lettre.

Il s'agit, expliquent les six leaders européens, de défendre un patrimoine "d'une richesse et d'une diversité sans égale", exprimant "l'universalisme d'un continent qui, tout au long de son histoire, a dialogué avec le reste du monde".

D'après eux, "s'il n'est pas numérisé et rendu accessible en ligne, ce patrimoine pourrait, demain, ne pas occuper toute sa place dans la future géographie des savoirs".

Ces pays demandent donc à l'UE de prendre "appui sur les actions de numérisation déjà engagées par nombre de bibliothèques européennes, pour les mettre en réseau et constituer ce qu'on pourrait appeler une "bibliothèque numérique européenne", c'est-à-dire une action concertée de mise à disposition large et organisée de notre patrimoine culturel et scientifique sur les réseaux informatiques mondiaux".

Une proposition de la France

Les conseils des ministres de la Culture d'une part, et de la Recherche d'autre part, devraient se saisir de ce projet, a déclaré la commission.

L'Union, selon les responsables, pourrait être "le cadre d'une concertation entre les institutions concernées". Elle pourrait aussi contribuer à résoudre les défis de ce chantier: sélection des fonds pour éviter les "redondances", techniques de numérisation, attentes des utilisateurs.

Cette lettre conjointe intervient au lendemain d'une motion commune de 19 bibliothèques nationales européennes. Ces bibliothèques avaient appelé à des initiatives communautaires pour contrer le gigantesque programme de numérisation de livres lancée fin 2004 par Google.

C'est la Bibliothèque nationale de France qui a été à l'initiative de cette motion. Son président, Jean-Noël Jeanneney, avait été reçu par Jacques Chirac le 16 mars sur ce thème, en compagnie du ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, rappelle-t-on à l'Elysée.

Le Nouvel Observateur - 29 avril 2005


A l’Université d’Ottawa on numérise

des livres anciens et rares.

L’Université d’Ottawa participe à un important projet de numérisation de livres rares en partenariat avec la University of Toronto.

D’ici environ trois mois, toute personne ayant accès à Internet pourra, en passant par le site Web du Réseau de bibliothèques www.biblio.uottawa.ca ou par le site www.archive.org, avoir accès en tout temps à une panoplie de livres rares, certains vieux de plus de 500 ans.

Cette initiative favorisera grandement l’accès à ces sources documentaires, affirme M. Tony Horava, coordonnateur des collections aux bibliothèques.

Selon M. Horava, « la création d’un centre d’archives virtuel, accessible à tous, permettra de réduire plusieurs contraintes physiques qui empêchent parfois les gens de venir consulter sur place les documents d’archives. Les quelques 500 livres rares envoyés pour fin de numérisation seront non seulement disponibles 24 heures sur 24 sur Internet, mais ils pourront également être imprimés en totalité et gratuitement par tous les utilisateurs. »

Les livres rares qui ont été choisis pour être numérisés sont les coups de cœur de professeurs représentant différents départements. Il ne faut donc pas se surprendre d’y trouver des sujets aussi variés que l’histoire, les lettres françaises, la musique, l’histoire de la médecine, la jurisprudence et les sciences infirmières.

Parmi les ouvrages sélectionnés, on trouve De l’esprit des lois de Montesquieu (1689-1755), Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain de Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, Marquis de Condorcet (1743-1794) et Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Un important périodique du 20e siècle en sciences infirmières sera également numérisé au grand complet.

L’appareil qu’utilise la University of Toronto pour numériser les livres rares qu’elle reçoit est le seul du genre au Canada et on n’en compte que quelques-uns dans le monde entier. M. Horava croit donc qu’emboîter le pas avec les autres universités internationales participantes — dix en tout — reflète bien un des mandats que se donne l’Université d’Ottawa, c’est-à-dire d’exploiter le potentiel des nouvelles technologies, afin de mieux servir la communauté étudiante comme le grand public.

« Tout cela n’est que le début d’un grand projet qui changera à jamais la façon dont on consulte les documents historiques. C’est un pas important à prendre pour favoriser non seulement l’accès complet aux connaissances et au savoir, mais aussi pour mieux se préparer pour l’avenir. »

http://www.gazette.uottawa.ca/article_f_717.html - le 14 avril 2005


Bibliothèque numérique sur

l’Égypte, la Grèce et la Rome antique.

Le fonds documentaire de La Maison de l’Orient méditéranéen (Lyon, France) est majoritairement composé de documents du 19ième siècle et du début du vingtième, portant sur les civilisations égytienne, grecque et romaine.

Il s’agit d’ouvrages historiques, pour la plupart, dont nous aurions tout ignoré n’eut été Internet et l’excellente qualité de la numérisation qui a été effectuée. Toutes les collections libres de droits de La Maison sont maintenant disponibles sur Internet.

Le travail est remarquable, reste à le rendre maintenant sémantiquement accessible. En effet, il serait apprécié et relativement aisé d’offrir une possibilité de recherche dans les contenus et non seulement par notice indexée. Actuellement, seuls les spécialistes peuvent s’y retrouver, et encore, avec de la persévérance.

Ainsi, sur un site qui comporte plusieurs documents portant sur Thot, le mot «Thot» ne donne pas de retours, pas plus qu’Amon, Ammon ou Osiris...

«carte archéologique, inscription hiéroglyphique égyptienne, architecture» est une description peu utile pour quelqu’un à la recherche d’un document numérisé détaillé comme étant : «Temple ou Spéos d'Hator» ou «Grand temple ou Spéos d'Ammon et Phré»

http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=22019 - 21 avril 2005


Une carte du monde "révolutionnaire"

datant du XVIème vendue aux enchères.

Une carte extrêmement rare, datant du XVIème siècle et nommant pour la première fois l'Amérique, a été exposée mercredi par Christie's qui la mettra aux enchères le 8 juin.

Cette carte est jugée "vraiment révolutionnaire" par plusieurs aspects, notamment parce qu'elle utilise le mot Amérique pour la première fois, mais aussi parce qu'elle présente les continents d'Amérique du Nord et du Sud comme distincts, selon Christie's.

Cette carte a été dessinée en 1507 par le cartographe allemand Martin Waldseemueller en s'inspirant du compte-rendu fait par le navigateur italien Amerigo Vespucci de ses voyages.

Waldseemueller lui a attribué le mérite d'avoir découvert le continent américain, qui, depuis, porte son prénom.

Christophe Colomb qui a découvert ce continent en 1492 croyait se trouver aux Indes et c'est Vespucci qui a affirmé quelques années plus tard qu'il s'agissait d'un nouveau continent.

Autre nouveauté, la carte décrit la terre comme un globe rompant avec la représentation plate du monde en vigueur depuis l'époque grecque.

La carte était si révolutionnaire que la cartographie est revenue pendant une certaine période à des représentations de la terre plus traditionnelles, a expliqué Matthew Paton, un porte-parole de Christie's.

Christie's a évalué cette carte, qui appartient à un collectionneur européen, à plus de 800.000 livres (1,2 million d'euros).

Londres (AFP), le 14-avril-2005


La Suisse a besoin d'une stratégie numérique.

L’Europe et la Suisse mettent en place

un réseau des bibliothèques nationales.

Alors que Google lance un projet de librairie numérique, l’Europe et la Suisse mettent en place un réseau des bibliothèques nationales.

Mais, selon le nouveau responsable helvétique de la culture, Jean-Frédéric Jauslin, la Suisse doit encore se doter d’une stratégie en matière de patrimoine digital.

En décembre dernier, le moteur de recherche américain Google a fait sensation en annonçant son projet de numériser 15 millions de livres et de documents d’ici 2015. Pour l’heure, ce projet devisé à près de 200 millions de dollars concerne essentiellement le monde anglo-saxon.

Mais ce programme constitue néanmoins un défi pour l’ensemble des bibliothèques dans le monde et particulièrement celles d’Europe. C’est en tout cas le point de vue de Jean-Noël Jeanneney, président de la Bibliothèque nationale de France et de son ami et ancien collègue, le Suisse Jean-Frédéric Jauslin.

Avant de prendre la tête de l’Office fédéral de la Culture, Jean Frédéric Jauslin a en effet dirigé la Bibliothèque nationale suisse (BNS) et présidé la Conférence des directeurs des bibliothèques nationales d’Europe (CENL) qui regroupe 43 pays.

Swissinfo: Google a-t-il établi des contacts avec la Suisse ?

Jean-Frédéric Jauslin: Pas à ma connaissance. En fait, Google a contacté 4 grandes bibliothèques américaines et une en Angleterre pour son projet de digitalisation de 15 millions de documents.

Google n’est donc pas en train de lancer une action sur le plan mondial. Cela dit, le président de la Bibliothèque nationale de France – Jean-Noël Jeanneney – a réagi à ce projet et lancé une réflexion au niveau européen. Et ce, avec le soutien du président Jacques Chirac.

Swissinfo: Le projet de Google vous séduit-il ?

J.-F. J: L’idée qu’une entreprise privée mette en valeur sous forme numérique les collections d’une bibliothèque ne me pose pas de problème. Les bibliothèques nationales ont en effet pour mandat de conserver et de mettre à disposition le patrimoine du pays. Elles ont donc tout intérêt à une valorisation de ce patrimoine. Et si une entreprise comme Google décide de le faire, je ne crois pas qu’il faille s’y opposer.

Il faut aussi rappeler que ce projet concerne essentiellement les œuvres libres de droits, une clause qui intervient 70 ans après la mort de l’auteur. Ce projet concerne donc des œuvres relativement anciennes.

Il faut aussi prendre en compte l’énormité du projet. Si Google est en mesure de numériser 50.000 pages par jour, il faudra de nombreuses décennies pour numériser 15 millions de documents.

Je relève au passage l’existence à Neuchâtel d’une start-up qui a mis au point un tourneur de page automatique. Or cette machine a été acquise par la bibliothèque de Harvard (impliquée dans le projet Google) et d’autres institutions s’y intéressent. Couplée avec un scanner, cette machine permet en effet de digitaliser massivement et automatiquement un grand nombre de livres.

Mais cette opération nécessite tous de même de gros moyens financiers et humains. Seules de grandes institutions sont donc à même de réaliser un tel projet.

Cela dit, le projet ne soulève pas que des questions techniques. Les Français soulignent que l’Europe a une approche beaucoup plus multiculturelle que celle des Etats-Unis. Le Conseil de l’Europe réunis en effet une quarantaine de pays, de langues et de cultures différentes.

A coté du projet Google, l’Europe peut donc développer un projet multiculturel et décentralisé, autrement dit en réseau. La Conférence des directeurs des bibliothèques nationales d’Europe (CENL), que j’ai présidé jusqu’au 31 mars, travaille d’ailleurs à un projet - The Europeen Library - qui vise à mettre en réseau les bibliothèques nationales. Et l’une des questions abordée par ce projet financé par l’Union européenne est la mise en commun de nos documents électroniques.

Swissinfo: Est-il question de digitaliser les livres qui ne le sont pas ?

J.-F. J: Pour l’heure, il n’y a pas de budget pour financer une telle opération. Et c’est l’un des mérites du projet de Google que d’inciter l’Europe à envisager une telle option. Mais il faut savoir que la conservation d’un patrimoine digitalisé coûte dix fois plus cher que la préservation d’un livre ou d’un document analogique.

Vu les rapides changements technologiques, il faut en effet régulièrement transférer les contenus numériques sur de nouveaux formats. Et ce pour que nos ordinateurs puissent les lire.

Swissinfo: Quelle est l’implication de la Suisse dans ce projet ?

J.-F. J : La Suisse participe activement à ce programme. Elle en a même été l’un des moteurs. Elle peut mettre en avant un réseau de bibliothèques très performant.

Cela dit, la Suisse n’est pas très avancée dans sa réflexion et son action face à son patrimoine et les possibilités offertes par les technologies de l’information.

Il est en effet difficile de mobiliser le monde politique suisse pour définir et financer une véritable politique de la mémoire dans la société de l’information.

Interview swissinfo, Frédéric Burnand à Genève, samedi 16 avril 2005


L'Aurore se lève sur le web.

La Bibliothèque nationale de France va numériser

des journaux des XIXe et XXe siècles.

On en a presque rêvé : accompagner son café-croissant du matin par la lecture du journal... du siècle dernier. Un peu tiré par les cheveux ? N'empêche : la Bibliothèque nationale de France (BNF) projette de mettre sur le web vingt-deux quotidiens publiés entre le début du XIXe siècle et la Seconde Guerre mondiale. Le Figaro, La Croix, Le Temps, L'Humanité seront numérisés, puis viendront Le Matin, L'Aurore, Le Gaulois, Le Petit Parisien... Les journaux seront scannés sous forme d'images, et un moteur de recherche devrait permettre de naviguer par dates de publication ou numéros de page, et même d'entrer directement dans le texte grâce à un système de reconnaissance optique des caractères !

Chaque année, pendant cinq ans, 450 000 pages passeront ainsi du papier fragile et jauni au statut de fichiers informatiques et rejoindront, d'ici à 2006, les 76 000 textes et les 80 000 images du patrimoine culturel déjà accessibles gratuitement sur Gallica, le site de la BNF http://gallica.bnf.fr/. Un outil précieux pour les chercheurs et le grand public. Mais encore insuffisant pour rivaliser avec le moteur de recherche américain Google, qui se lance dans la numérisation de quinze millions d'ouvrages appartenant à cinq bibliothèques universitaires anglo-saxonnes.

Thomas Bécard - Télérama


Vente de la bibliothèque Louis Jouvet :

8 423 euros, pour l'édition originale

de «Knock» de Jules Romains dédiée à Louis Jouvet.

Voir le Catalogue de la vente

Le précieux exemplaire comprend de nombreuses notes pour la mise en scène : chronométrage des dialogues, mouvement des rideaux, déplacement des acteurs, croquis de scène. C'est la Bibliothèque nationale de France qui l'a préempté lors de la vente vendredi à Paris d'une partie de la bibliothèque, des souvenirs et objets personnels de Louis Jouvet (1887-1951), provenant de la succession d'un de ses trois enfants, sa fille Lisa.

La BNF a également préempté une dizaine d'autres lots, dont le manuscrit autographe de 1936 de «L'impromptu de Paris» de Giraudoux, auteur-fétiche de Jouvet (5.656 euros). Lot-phare de cette vente, la première édition collective complète (1682) de Molière comprenant six pièces en éditions originales - «Don Garcie de Navarre»,»L'Impromptu de Versailles», «Dom Juan», «Melicerte», «Les Amants magnifiques» et «La Comtesse d'Escarbagnas», estimée 15.000 euros, qui a été achetée 22.261 euros. Le produit total de la vente est de 401.128 euros.

Journal Libération - Lundi 04 avril 2005


 

Les caprices d'un prince. Histoire d'une razzia

Collectionneur hors norme aux dépenses sans limites, le cheikh Saud du Qatar est accusé de malversations financières. Stupeur sur le marché international de l'art.

Depuis la vente Jammes en 1999, l'ombre du cheikh Saud, anonyme derrière son panneau porte-bonheur 08, n'a cessé de planer sur les plus belles enchères du marché international, souvent dans une âpre compétition contre le richissime Saoudien, le cheikh Nasser el-Sabbagh. Qu'il s'agisse d'art islamique ou d'archéologie : on lui doit cinq des huit plus hautes dernières enchères chez Boisgirard & Associés, de la «princesse de Bactriane» (600 000 €) au Support aux bouquetins d'Asie occidentale (350 000 €).

Malgré une situation financière jugée «complexe» à Londres, le cheikh Saud a ainsi payé 1,8 M€ la statue d'Egypte, Basse Epoque, estimée six fois moins, ex-collection David-Weill, qui a triomphé récemment chez Artcurial. Qu'il s'agisse de textiles anciens : sa razzia sur les textiles d'Egypte, y compris non islamiques, de la collection Kelekian, en juin et novembre 2001 à Drouot, n'a pas laissé un lot au Met de New York ou à la fondation suisse Abegg ; mais il s'est abstenu les 12 et 13 février à Drouot, malgré l'exceptionnelle collection Bouvier de textiles islamiques.

Qu'il s'agisse enfin de manuscrits arabes, de parchemins ou de grands livres d'histoire naturelle (il a acheté 95 des 324 lots de la 10e vente Marcel Jeanson, soit 1,5 M€ sur un produit total de 3 M€, le 16 janvier 2003 chez Me Claude Aguttes à Neuilly)... Ce fou du règne animal avait déjà acheté la vedette de la 9e vente Jeanson, le Traité général des pesches par Duhamel du Monceau et Le Masson du Parc, ouvrage du milieu XVIIIe lancé comme une «Encyclopédie» de Diderot et d'Alambert pour glorifier la marine française. Il fut frappé d'interdiction de sortie de France à la demande de la BnF après son adjudication à 3,39 MF. Le bras de fer commença entre le cheikh Saud, contraint de garder son bel exemplaire si frais dans la limite de nos frontières, et l'État français qui délégua les services douaniers à Neuilly dès le lendemain de la vente. L'objet du litige serait resté ou revenu en France.

Valérie Duponchelle - Le Figaro, 01 avril 2005


LA GRANDE BIBLIOTHÈQUE GIGANTESQUE DANS INTERNET

Avant d'ouvrir ses portes physiquement à la fin avril, la Grande Bibliothèque du Québec l'a fait virtuellement. Le nouveau portail Internet de l'institution propose déjà plus de 55 000 livres, journaux, pièces musicales, cartes postales et affiches en format numérique.

Du néant à la toile

Alors que la Belle Province ne comptait aucune bibliothèque publique il y a 100 ans et que l'index tenait encore de nombreux ouvrages hors de la portée des lecteurs il y a moins d'un demi-siècle, la Bibliothèque nationale du Québec s'apprête à offrir accès à tous les Québécois au million de livres d'une toute nouvelle collection universelle de prêt et de référence. En plus d'abriter quelque 4 millions de documents, la Grande Bibliothèque, sise rue Berri à Montréal, loge le centre nerveux d'un ambitieux site Web, appelé à rayonner de Natashquan à Rouyn.

Comme Google

Les internautes pouvaient depuis quelques années écouter des airs de la Bolduc. Ils ont désormais le loisir de feuilleter le magazine La vie en rose (1980-1987) et pourront bientôt plonger dans les pages du défunt quotidien La Patrie. « Nous numérisons des documents libérés de droits d'auteur, explique Patrice Juneau, agent d'information à la Bibliothèque nationale du Québec. Nous nous inscrivons dans la même mouvance que Google, qui vise à créer une importante bibliothèque virtuelle. » Certains livres complets, surtout de musique, font partie de la collection numérique. « On aimerait ajouter des romans classiques québécois », indique-t-il.

L'histoire du combat pour la lecture

L'exposition retracera les moments forts de l'épopée du livre au Québec. En 1726, on brûlait un pamphlet contre l'influence des Jésuites. Les Sulpiciens, sous l'égide de Monseigneur Bourget, lançaient, en 1844, L'oeuvre des bons livres. La Bibliothèque centrale de Montréal, laïque, ouvrait en 1917. Le gouvernement provincial créait la Bibliothèque nationale et instaurait le dépôt légale en 1968. L'auteur des Manuscrits du déluge considère que les visiteurs pourront admirer « le plus bel étalage de notre collection patrimoniale ».

Extrait d'un article de Lili Marin. - Radio-Canada, le1 avril 2005


Apollinaire, la passion au front

Un soldat en uniforme, la tête ceinte d'un bandeau blanc. L'une des dernières images d'un homme blessé à la guerre qui ne verra jamais le jour de l'armistice, le 11 novembre 1918. Cette célèbre photo du soldat Apollinaire lie indéfectiblement le poète à la Grande Guerre : «Une étoile de sang me couronne à jamais», a-t-il lui-même écrit après son opération. Que fait un poète dans les tranchées ? Il lutte contre la mort et il écrit pour la vie. Ainsi vécut Apollinaire les toutes dernières années de son existence. L'Historial de la Grande Guerre, à Péronne, revient sur cette période dans une exposition émouvante qui lie l'horreur des tranchées et l'univers quotidien du soldat à la plume d'Apollinaire, expression de la création de l'artiste.

C'est au front, dans les tranchées de Champagne, que Guillaume Kostrowitzky, dit Apollinaire – «métier habi tuel : homme de lettres», comme il est écrit sur sa demande d'engagement mili taire –, est envoyé après son incorporation en décembre 1914. C'est dans l'Aisne, au lieu-dit Le Bois-des-Buttes, qu'il sera blessé à la tête le 14 mars 1916. Entre-temps, il aura envoyé des dizaines de lettres à ses amis, notamment à Madeleine Pagès, rencontrée fugacement dans le train Nice-Marseille avant son départ pour la guerre, dont il tombera fou amoureux.

Un poète au front reste un soldat. L'exposition prend le parti d'évoquer deux univers a priori opposés, mais qui dans les vers d'Apollinaire se nourrissent l'un l'autre : la passion et la guerre. Le quotidien du soldat Apollinaire dans les tranchées nourrit sa prose : la réalité brutale, la mort, la souffrance, le paysage dévasté sont transformés en éléments constitutifs d'un espace poétique unique.

Apollinaire, même au front, reste le héraut d'une jeune génération d'artistes qui continue à lui témoigner messages de déférence et de sympathie. Picasso, admiratif, lui envoie un mot. Il paraphe sa signature d'une main couverte du drapeau français et écrit «pour te dire bonjour ma main devient drapeau».

L'exposition proposée par Laurence Campa pose ainsi le climat qui prévalait au début de la guerre, mélange d'exaltation et de patriotisme à l'encontre de l'envahisseur allemand. Les documents adminis tratifs du futur artilleur montrent qu'il n'a pas attendu pour se porter candidat à l'incorporation. Le visiteur suit son chemin sur la ligne de front et sa montée en grade au fil du parcours, son engagement, qui jamais ne faiblit. Sous-officier promu officier, artilleur puis fantassin pour être au plus près des combats, l'homme s'est distingué par sa bravoure, cité par ses supérieurs, dès juin 1916, «pour son sang-froid et son courage en toutes circonstances».

Ni belliciste, comme le lui ont reproché certains détracteurs après la guerre, ni léger, comme le diront certains de ses frères d'armes, l'homme attaque la guerre avec ses armes de poète. Le visiteur lit les calligrammes et missives, les fameux poèmes secrets envoyés à Madeleine, qui racontent la résistance d'un homme face à l'ignominie par la force du langage. Apollinaire laisse poindre entre les lignes les hauts et les bas du soldat, l'optimisme qui succède à l'abattement, une lucidité qui, chez lui, se teinte d'humour noir ou parfois révèle sa fragilité.

L'écriture est vitale. Elle est son salut. On le constate dans ce petit mot presque illisible, écrit à Madeleine dans l'ambulance où il reçoit les premiers soins. Affaibli, les poumons abîmés par les gaz, il meurt le 9 novembre, deux jours avant la signature de l'armistice, des suites de la grippe espagnole.

Historial de la Grande Guerre de Péronne (Somme), jusqu'au 12 juin, tél. : 03.22.83.14.18. Catalogue édité par la RMN (20 €). Gallimard a réédité, avec le soutien de l'Historial, l'intégralité des Lettres à Madeleine, édition revue et corrigée par Laurence Campa (22,50 €).

Françoise Dargent - Le Figaro - 26 mars 2005


Découverte d'un roman inédit

d'Alexandre Dumas père.

PARIS - Un roman d'Alexandre Dumas père jamais publié en librairie, titré "Le Chevalier de Sainte-Hermine", a été découvert à la Bibliothèque nationale de France, selon "Le Figaro". C'est Claude Schopp, grand spécialiste de Dumas qui a mis la main sur ce texte.

"Le Chevalier de Sainte-Hermine" est paru en feuilleton dans un quotidien de 1869, Le Moniteur Universel, précise le journal. Le roman, qui compte plus de 900 pages et auquel il ne manque que quelques lignes finales constitue la pièce manquante d'une trilogie entamée avec "Les Blancs et les Bleus" et poursuivie avec "Les Compagnons de Jehu". Il paraîtra en juin aux éditions Phébus.

L'oeuvre n'a pu être tout à fait achevée par Dumas car celui-ci, déjà malade, est mort quelques mois plus tard, en 1870. En outre, le travail de correction et de mise en forme définitif pour publication en volumes n'a pu être effectué par l'écrivain, alors que le texte paru en feuilleton était farci d'erreurs du fait d'une relecture hâtive due aux impératifs d'une impression quotidienne. Claude Schopp s'y est attelé: il y a mis une dizaine d'années.

Vendredi 25 mars 2005 - http://www.swissinfo.org/sfr/swissinfo.html?siteSect=143&sid=5619126


Plus de 90.000 euros pour l'édition originale du

«Discours de la méthode» de Descartes

EVREUX (AP) -- Une édition originale du «Discours de la méthode» de René Descartes datant de 1637, qui reposait incognito dans une bibliothèque privée de la Sarthe, a été vendue plus de 90.000 euros aux enchères dimanche après-midi à Evreux (Eure). Sa mise à prix était de 50.000 euros.

Voir le catalogue : «Discours de la méthode» de René Descartes (1637)

L'ouvrage a été adjugé à un libraire de nationalité française par Me François Thion à 78.000 euros, soit 90.343 euros frais compris.

«C'est une très bonne vente», a estimé Pierre Poulain, l'expert en livres anciens qui avait découvert cet exemplaire unique avec reliure d'époque, dos lisse avec nom de l'auteur et titre écrits à la plume.

Il ne resterait selon lui que cinq éditions originales du «Discours de la méthode» sur le territoire français, pour la plupart précieusement conservées au sein des bibliothèques publiques.

L'exemplaire vendu dimanche se révèle être une édition originale unique, car le livre comporte quelques notes manuscrites écrites aux XVIIe et XVIIIe siècles qui attestent de l'intérêt éprouvé pour cet ouvrage.

Acte fondateur de la philosophie moderne, connu pour sa célèbre formule «cogito ergo sum» (je pense donc je suis), le «Discours de la méthode» est avant tout le fruit d'une véritable aventure intellectuelle. Inquiété par la récente condamnation de Galilée, Descartes (1596-1650) avait longuement hésité à faire paraître au grand jour ses préceptes de pensée méthodique et métaphysique. AP

Nouvelobs.com - Dimanche 27 février 2005


 

Les centaines de milliers d'images de la bibliothèque de New York.

La NYC Library propose en téléchargement 250.000 images, dont une grande partie est unique, et doublera la collection dans les mois à venir .

La NYPL Digital Gallery propose depuis quelques jours 250.000 images en téléchargement en provenance de ses collections.

Réservoir de l'histoire des Etats-Unis, avec des images, photos et cartes qui sont venues enrichir la collection depuis la guerre civile américaine, la bibliothèque publique de New York (NYPL) l'est aussi de l'histoire de l'humanité, avec en particulier une collection unique d'enluminures du Moyen-âge.

Cette collection inestimable, la NYPL a tenue à l'ouvrir au monde en la proposant au téléchargement, gratuit pour un usage personnel, dans une galerie numérique dotée dès sa mise en ligne d'un fonds de 250.000 images.

Elle s'enrichira au fil des mois, et Paul LeClerc, le président de la NYPL, espère atteindre rapidement les 500.000 images.

Bien que cette base soit plutôt concentrée sur l'histoire des Etats-Unis, la mise en ligne de cette collection devrait ravir les historiens et amateurs du monde entier, mais aussi les habitants de la 'grande pomme' à la recherche de sources biographiques, ainsi que les personnes à la recherche d'inspiration pour le retour de la mode 'vintage'.

Sylicon.fr 7 mars 2005


 
Le centre de conservation du livre d'Arles : des activités tous azimuts.

Le Centre du conservation du livred'Arles, né en 1987, mène de front de multiples activités, allant de la restauration de livres aux missions d'expertise à l'étranger en passant par la formation.

Le centre (25 salariés) a une importante activité de restauration de manuscrits venus de toute la France, alliant savoir-faire traditionnel et techniques de pointe, selon Stéphane Ipert, historien de l'art et restaurateur, son directeur.

Le CCL assure également des actions de microfilmage et de numérisation, de prévention, d'intervention en cas de sinistre, de désinfection de collection biodégradées et de formation. "Nous sommes les seuls à assurer toutes ces activités et à le faire à la fois en France et à l'étranger", déclare Stéphane Ipert.

Son budget annuel s'élève à 1,5 MEUR environ, dont 800.000 (financés par l'Union européenne, l'Unesco, la région PACA et la ville d'Arles) consacrés à ses missions de coopération régionale et internationale.

Dans ce cadre, le CCL pilote le projet Manumed de conservation du patrimoine écrit de Méditerranée, qui comprend des missions occasionnelles à l'étranger (manuscrits d'Adrar en Algérie, opérations ponctuelles de restauration de textes rares tels le manuscrit du XIIIe siècle de la Légende de Barlaam et Joasaph, conservé dans un monastère du Liban et relatant l'histoire de Bouddha dans une version christianisée).

Manumed prévoit également la création d'une Bibliothèque virtuelle de Méditerranée (BVM), une banque de données communes fonctionnant en plusieurs langues présentant toutes les collections du pourtour méditerranéen. Objectif, numériser 50.000 notices bibliographiques et 5 à 6.000 documents à fin 2005.

Depuis peu, le centre fournit également son assistance technique à "Noé", un programme de prévention interrégional (PACA, Sicile, l'Attique en Grèce, Nord-Portugal, Molise, en Italie) destiné à sensibiliser les professionnels et le public au sauvetage du patrimoine en cas de catastrophe, doté de 8 millions d'euros.

ARLES, 28 janvier 2005 (AFP)


 

Des spécialistes du livre d'Arles

au chevet des manuscrits du désert

Des milliers de manuscrits témoins de plusieurs siècles d'histoire sont menacés de disparition dans la wilaya d'Adrar, dans le Sud algérien : une institution unique en France, le centre de conservation du livre (CCL) d'Arles, s'est fixé pour mission de les sauver des sables.

"L'idée n'est pas tant d'apporter notre savoir-faire à la population que de l'aider à avoir les compétences afin qu'elle se débrouille toute seule pour conserver ses trésors en déshérence", explique Bruno Marty, chargé de mission au CCL.

Depuis 1998, le CCL offre son "assistance technique" en "formant les populations locales", dans le cadre d'un programme européen baptisé Manumed, où le centre arlésien joue le rôle de coordinateur, ajoute Stéphane Ipert, son directeur. La zone choisie se situe dans le couloir du Touat et du Gourara, dans la wilaya d'Adrar, à 1.600 km au sud-ouest d'Alger, sur la route de Tombouctou.

La région, peuplée à l'origine de berbères zénètes avant d'accueillir populations noires, juives et tribus arabes par vagues successives jusqu'au XVème siècle, est au coeur de la route des caravanes, d'or, de sel, d'esclaves : autant d'échanges commerciaux Nord/Sud et Est/Ouest qui s'accompagnent d'échanges culturels, raconte Saïd Bouterfa, spécialiste algérien des manuscrits du Sud, dans un ouvrage sur la mission Manumed-Algérie.

Quelque 15.000 manuscrits, datant pour certains du XIIème siècle, sont ainsi dispersés, pour la plupart aux mains de particuliers.

Coran, astronomie, poésie...

Les précieux textes, conservés dans une trentaine de "bibliothèques privées" principales, appelées "khizanas" - souvent de simples pièces prenant l'eau, dotées dans le meilleur des cas d'une armoire - se trouvent pour beaucoup dans un état de dégradation avancée, comme c'est le cas pour tout le patrimoine manuscrit sub-saharien (Tombouctou au Mali, Chinguetti en Mauritanie...), selon les spécialistes.

Ces manuscrits - des documents religieux (Coran et commentaires), scientifiques (traités d'astronomie, de mathématiques), des ouvrages de droit, de poésie, des chroniques locales primordiales pour les historiens - sont menacés par le temps, la chaleur, l'abrasion du sable, les insectes...

"Leurs propriétaires sont échaudés par la période coloniale (de nombreux livres furent détruits ou pillés) puis par les vols et les abus de confiance de chercheurs ou hauts responsables les ayant empruntés pour ne jamais les rendre", ajoute Bruno Marty. "Il est difficile d'obtenir l'autorisation de les consulter".

L'objectif du CCL, en coordination avec l'Institut de bibliothéconomie de l'université d'Alger, a donc été de former les locaux.

"Ils sont chargés de rassurer les propriétaires, de les conseiller sur la conservation, d'effectuer le catalogage des collections", explique Bruno Marty. Un laboratoire leur permettant d'effectuer des travaux de restauration, de microfilmer et de numériser les documents est en cours d'installation.

Manumed Algérie, d'un coût de quelque 100.000 euros (financé par l'UE, l'UNESCO et la Région PACA) devait initialement s'achever en 2004, mais va être prolongé jusqu'en 2007. Le programme Manumed concerne au total une dizaine de partenaires dans divers pays (Algérie, Chypre, Egypte, Espagne, Grèce, Jordanie, Syrie, Liban, Maroc, France).

ARLES, 28 janvier 2005 (AFP)


Donation de 12.000 ouvrages français

à la Bibliothèque royale du Danemark

La France a fait don vendredi à la Bibliothèque royale du Danemark de près de 12.000 ouvrages acquis entre 1947 et 1983 par l'Institut français à Copenhague, dont une collection complète, datant du 19ème siècle, des romans de Victor Hugo.

L'ambassadeur de France, Régis de Belenet, a signé vendredi une convention avec le directeur de la Bibliothèque royale Erland Kolding sur cette donation qui enrichira ses propres collections en langue française.

Ce don fait suite à l'inauguration de la nouvelle médiathèque de l'Institut français, qui a engagé un profond renouvellement de ses livres, CD et DVD, pour offrir au public danois une connaissance plus diverse de la France contemporaine.

La langue française est la troisième langue étrangère apprise au Danemark après l'anglais et l'allemand. La francophonie est également promue par la chaîne TV5, captée par un million de foyers dans le royaume.

COPENHAGUE, 28 janvier 2005 (AFP)


 

La grande bibliothèque virtuelle du Québec. 

Google va diffuser en ligne 15 millions de livres tirés des bibliothèques universitaires anglo-saxonnes. La Bibliothèque nationale du Québec inaugure ce week-end son nouveau portail Internet. Ça bouge beaucoup et pour vrai dans le monde virtuel.

Le Québec d'antan, votre ordinateur trempe dedans. La collection numérique de la Bibliothèque nationale (BNQ) comprend déjà 8000 cartes postales anciennes classées par titre, par lieu, par nom de rue ou par sujet, 1500 livres et partitions musicales publiés au Québec jusqu'à la fin du XIXe siècle, 2000 enregistrements sonores, 6500 estampes, 7000 illustrations tirées de magazines populaires des années 1870 à 1907, etc.

Comme si ce n'était pas suffisant, cette grande bibliothèque virtuelle, diffusée en ligne depuis quelques années, repart en neuf ce week-end alors que la BNQ implante son nouveau portail Internet. Les ajouts bientôt à portée de souris donnent encore le vertige : tous les livres québécois importants publiés de 1900 à 1920; dix revues culturelles parues avant 1950, par exemple les 22 000 pages de Film, paru entre 1921 et 1962, et les 40 000 pages publiées entre 1895 et 1950 par Passe temps, spécialisée en musique; deux revues pour la jeunesse des années 1920-1940, L'Abeille et L'Oiseau bleu; un millier de cartes géographiques de plus et 3500 autres cartes postales; 200 nouvelles partitions musicales...

Surtout, comme le réclame le public depuis longtemps, l'institution va bientôt proposer des millions de pages de journaux. Par exemple, tous les exemplaires de La Patrie, un quotidien publié entre 1879 et 1957. Mieux, la BNQ négocie des protocoles de diffusion avec les grands quotidiens du Québec pour la diffusion en ligne et gratuite d'innombrables éditions d'avant 1950. Le Devoir planche sur un accord de mise en ligne de ses trente premières années de production.

Le service à distance permet à la BNQ de déployer ses services sur tout le territoire québécois et au-delà. Sans lui, le rayonnement de la Grande Bibliothèque (GB) en construction ne dépasserait guère Montréal. D'ailleurs, la priorité accordée à l'inauguration de ce volet virtuel sur l'ouverture, le 22 avril prochain, du bâtiment en construction dans le Quartier latin, témoigne de l'importance accordée à cette mission nationale.

«Les services à distance nous aident grandement à remplir notre mandat national», résume Alain Bouchard, directeur des projets spéciaux en bibliothéconomie. «Notre présidente ne cesse d'ailleurs de souligner l'importance de cette fonction.» La présidente-directrice générale de l'institution, Lise Bissonnette, poursuivait avant-hier, en Abitibi, sa tournée des régions pour annoncer la bonne nouvelle de la naissance du divin service.

Outre la bibliothèque virtuelle, le portail Internet va aussi offrir l'accès à des dizaines de bases de données dans tous les domaines, une banque de romans proposés par thème pour accompagner les choix des lecteurs, un portail Jeunes, des profils personnalisés pour les abonnés.

«Ce portail offrira aussi, par l'Extranet, un véritable Centre de ressources à l'usage des bibliothèques publiques du territoire et des services aux éditeurs et fournisseurs, annonce un communiqué de l'institution. À terme, ce portail, véritable architecture électronique dont le centre nerveux est logé à la Grande Bibliothèque, aura la capacité de soutenir un système de prêt entre bibliothèques qui augmentera de beaucoup la disponibilité des livres eux-mêmes partout au Québec, ainsi que la création d'un catalogue collectif des ressources documentaires québécoises.»

La planète du Net

Le monde virtuel bouge et les projets se bousculent. Google, l'inventeur du moteur de recherche sur Internet, annonçait le mois dernier son intention de numériser et de mettre en ligne pas moins de quinze à vingt millions d'ouvrages. D'ici quelques années, on pourra donc, depuis n'importe quel ordinateur connecté à Internet, partout dans le monde, accéder à ce réservoir de sens et de culture. Mieux, le moteur de recherche de Google pourra trouver n'importe quel mot niché parmi ces milliards de pages.

Cinq institutions ont signé un accord avec la compagnie californienne : la New York Public Library se lance dans l'aventure avec un maigre lot de 100 000 ouvrages, histoire de tester la faisabilité de l'entreprise et le respect des originaux. L'Université du Michigan hausse la mise jusqu'à sept millions de livres, celle de Standford, à un million de plus. Les bibliothèques d'Oxford et de Harvard n'ont pas encore annoncé leurs intentions concrètes.

Il s'agit, à ce jour, du projet le plus ambitieux et le plus sérieux de mégalibrairie virtuelle, un fantasme d'internautes. Plusieurs autres plans pour donner corps à cette utopie ont été lancés depuis une dizaine d'années. À la Bibliothèque nationale de France, Gallica, qui visait à numériser 300 000 volumes, a été revu à la baisse, faute de moyens. Le projet Bibliotheca Universalis, qui associe la Bibliothèque nationale de France, celle du Congrès américain et celles d'une douzaine d'autres pays, dont Bibliothèque et Archives Canada (BAC), a quant à lui complètement flanché, ou presque.

«Nous remettons en question l'existence de Bibliotheca Universalis», confirme Ingrid Parent, directrice générale des acquisitions et services de BAC, chargée de relayer ce projet au sein de l'institution canadienne. «Le projet est né il y a une douzaine d'années, comme volet culturel du G7 [le groupe des sept pays les plus industrialisés, maintenant devenu le G8]. Nous avons eu des échanges mais, à la longue, il est apparu que d'autres voies pourraient se développer pour favoriser la numérisation.»

L'argent est le nerf de cette guerre pour la démocratisation de l'accès à la culture. Les institutions américaines partenaires de Google vont consacrer des dizaines de millions de dollars au nouveau projet de bibliothèques universelles. Le travail de numérisation comme tel coûte toujours bonbon mais chute constamment.

La BNQ numérise ses documents en partenariat avec des entreprises privées. Le processus lui coûte maintenant environ 25 ¢ par page par rapport à un bon dollar au début de la décennie. Le budget annuel consacré par l'institution à la numérisation comme telle oscille autour de 200 000 $.

Est-ce suffisant ? «On peut toujours regarder ce qui se fait aux États-Unis, commente alors M. Bouchard. Seulement, le rapport est d'au moins un à cinquante pour les budgets. Il ne faut pas non plus oublier que le Québec est une petite nation, comme le Danemark ou la Bulgarie. En gros, nos archives n'intéressent que nous, ou presque. Je veux dire que le Washington Post a plus de chances d'attirer des lecteurs, et surtout des clients payants, à l'autre bout de la planète que Le Devoir ou Le Droit. Par contre, si on se compare avec la France, nous n'avons pas à rougir de notre situation. Disons que le Québec tient son rang dans le monde francophone.»

Stéphane Baillargeon. Le Devoir.com - Québec - Samedi 22 et Dimanche 23 janvier 2005.


 

Vue d'Italie, 1841 - 1941. La photographie italienne

dans les collections du musée Alinari.

Pour la première fois à Paris, une exposition retrace un siècle d'histoire de la photographie italienne à travers les chefs d'oeuvres du musée Fratelli Alinari de Florence. En invitant à un parcours à la fois historique et esthétique, l'exposition propose un large choix mêlant clichés célèbres devenus icônes et photos inédites. Les paysages, monuments, portraits, scènes de genre ou d'actualités présentés attestent de la diversité et de la spécificité de cet art en Italie.

Pavillon des Arts - Du 10 novembre 2004 au 6 mars 2005.

http://www.paris.fr/musees/Pavillon_des_arts/expositions/alinari/accueilalinari.htm


(IRAK) LA CITÉ ANTIQUE DE BABYLONE ENDOMMAGÉE

PAR LA COALITION

Le British Museum a dénoncé samedi les « dégâts substantiels » infligés à la cité antique de Babylone, en Irak, où l'armée américaine a établi un camp militaire à la chute du régime de Saddam Hussein.

« Babylone est l'un des plus importants sites archéologiques dans le monde et les dégâts causés par le camp militaire sont une atteinte supplémentaire à l'héritage culturel irakien », a dénoncé le conservateur du département du Proche-Orient ancien du British Museum.

« C'est comme si on avait établi un camp militaire autour des Grandes Pyramides en Égypte », a ajouté John Curtis, qui a rédigé un rapport sur la question après s'être rendu sur place, à la mi-décembre.

L'archéoloque explique que des tranchées ont été creusées et que certains pavés, datant du 6e siècle avant Jésus-Christ, ont été endommagés par les déplacements des véhicules militaires. De plus, il a pu observer dans la terre des éléments de poterie, y compris un vase entier, des os et des fragments de briques avec des inscriptions cunéiformes.

Selon John Curtis, plusieurs zones autour du site ont été couvertes de gravier, parfois compacté et traité chimiquement. Des véhicules militaires ont aussi provoqué des pollutions aux hydrocarbures, ce qui aura des effets sur les recherches archéologiques futures.

Du sable mélangé à des fragments archéologiques aurait également servi à remplir les sacs de sable destinés à la protection des positions militaires.

M. Curtis ajoute avoir observé des dégâts sur neuf des figures de dragons moulées sur la porte Ishtar. Des parties du toit (reconstruit) du temple de Ninmah se sont également effondrées.

L'archéologue estime qu'une mission d'enquête internationale, regroupant des archéologues choisis par les Irakiens, devrait être établie afin de dresser l'inventaire des dégâts infligés au site de Babylone. Il recommande aussi que la cité soit incluse dans le patrimoine mondial de l'UNESCO.

Babylone est célèbre pour avoir abrité les Jardins suspendus, l'une des sept merveilles du monde antique, construits sous le règne de Nabuchodonosor (604-562 av J.C.).

17 janvier 2005 - http://radio-canada.ca/culture/


 

Le plus vieux document écrit danois découvert en Allemagne.

Une lettre du roi Waldemar IV du Danemark datant de 1359 a été présentée jeudi par le directeur des service des archives municipales de Stralsund (nord de l'Allemagne), Hans-Joachim Hacker, comme le plus vieux document écrit danois.

Cette lettre, adressée par le roi aux représentants de la Ligue hanséatique, a été retrouvée en décembre dernier dans les archives de la ville.

Dans ce document, le roi Waldemar IV "appelle les commerçants des villes hanséatiques residant à Schonen à quitter le pays en raison des hostilités imminentes entre lui et le roi Magnus III de Suède et de Norvège, car il ne pourra répondre d'aucun dégât".

Schonen (en suédois Skane ou Scania), une province suédoise, a longtemps appartenu au Danemark.

L'espace hanséatique, une association de marchands exerçant une activité commune dans plusieurs villes européennes, a dominé l'axe commercial entre la Mer du Nord et la Baltique du XIIIe au XVIIe siècle. La Hanse a connu ses apogées à la fin du XIIIème et du XVème siècle, regroupant jusqu'à 150 villes.

BERLIN (AFP), le 13-01-2005


Imprimerie de Dergué au Tibet

Depuis 1729, à Dergué dans le Tibet historique, on imprime des recueils de la parole de Bouddha, des textes bouddhistes et des traités de sciences traditionnelles comme la médecine, la poésie ou l'astrologie. Une centaine d'ouvriers travaillent dans cette imprimerie fascinante, véritable ruche humaine : imprimeurs, sculpteurs, vérificateurs, fabricants d'encre vermillon… L'imprimerie n'a jamais été électrifiée par peur des incendies. En effet, les textes sont gravés sur des planches de bois de santal, au nombre de 300 000, toutes répertoriées et entreposées dans une vaste bibliothèque. Ces planches, dont certaines ont plus de 800 ans, contiennent les trois quarts de l'héritage littéraire tibétain.

France 3 - Faut pas rêver - 17 janvier 2005


Polémique autour d'une vente de lettres sur l'esclavage.

Les documents du XVIIIe siècle évoquant le commerce des esclaves, qui devaient être mis aux enchères mercredi soir à Lyon, ont été retirés de la vente à la suite de la polémique soulevée par plusieurs associations, a-t-on appris jeudi auprès du commissaire-priseur.

Six lots sur les 503 annoncés à la vente ont été retirés et rendus au vendeur, un particulier qui disposait d'un stock d'archives dont il ne savait que faire, a expliqué à l'AFP Me Jean Chenu, commissaire-priseur à Lyon.

Une quarantaine de lettres, parmi quelque 10.000 documents mis en vente mercredi soir, abordaient la question du commerce des esclaves. Il s'agissait notamment de lettres adressées de 1753 à 1771 par des fabricants, des négociants et des banquiers à un marchand de toiles établi à Laval (Mayenne).

Des manifestants et plusieurs associations avaient fait part mercredi de leur "indignation" devant la mise aux enchères de documents qu'ils considéraient comme historiques et à ce titre non commercialisables.

Un "collectif des filles et fils d'Africains déportés" avait déposé mercredi un recours en référé devant le tribunal de grande instance de Lyon pour demander l'interdiction de la vente, estimant que les documents, "patrimoine historique du peuple noir", étaient "frappés de facto de l'inaliénabilité", a expliqué Me Philippe Missamou, avocat du collectif.

"Le commissaire-priseur est un médiateur, nous ne sommes pas là pour créer des problèmes", a déclaré Me Chenu.

"La vente de documents évoquant l'esclavage, parfois de manière plus directe, arrive souvent à Paris, à Nantes ou à Bordeaux, sans susciter la même polémique. C'est notre passé historique", a estimé Me Chenu, expliquant que les documents qui n'étaient pas mis en vente risquaient de tomber dans l'oubli et d'être détruits.

Les quelque 500 autres lots mis en vente mercredi dans la soirée ont été pour la plupart adjugés à des prix supérieurs aux estimations, et l'Etat a utilisé son droit de préemption pour environ 80 d'entre eux.

Parmi les nombreux inventaires, correspondances commerciales ou factures diverses, se trouvaient notamment des lettres d'une princesse d'Annam au maréchal Lyautey, le récit d'un ancien détenu du bagne de Cayenne, une note de Georges Clémenceau, des lettres d'un prêtre missionnaire en Mongolie au XIXème siècle à sa famille...

LYON (AFP) - 13 janvier 2005


Centenaire de la mort de Jules Verne en 2005.

 Après George Sand en 2004, c'est au tour de Jules Verne, le "faiseur de mondes", le visionnaire traduit en 25 langues, d'être cette année l'objet de "célébrations nationales", un siècle après sa mort.

"Ce sera la fête à Jules", ont dit les organisateurs des commémorations, réunis mardi au musée de la Marine sous l'égide du ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres. A son côté, se tenait notamment Gilles de Robien, ministre de l'équipement et élu de Picardie, où a longtemps vécu l'auteur du Tour du monde en 80 jours.

Nantes, qui l'a vu naître en 1828, et Amiens, où il s'installa de 1871 à 1905 et où il écrivit l'essentiel de son oeuvre romanesque, se sont associées pour proposer, tout au long de l'année, une cinquantaine de manifestations (théâtre, cinéma, musique, expositions, cirque, livres, philatélie ou conférences). Le musée Jules Verne de Nantes et la maison Jules Verne d'Amiens ont entamé une "dynamique de valorisation" de leurs fonds, en matière d'acquisitions.

"Grand frère" des écrivains de science-fiction George Orwell et Ray Bradbury, ayant influencé des auteurs aussi différents que Saint-Exupéry, Mauriac, Claudel, Gracq ou Perec, Jules Verne, dont le seul nom évoque des images fantastiques, est devenu un mythe universel qui a tenté de "rendre la science culturelle", selon l'académicien Michel Serres.

"Depuis le cratère qui porte son nom sur la face cachée de la lune, jusqu'au premier sous-marin atomique baptisé Nautilus, en passant par le trophée disputé par les grands navigateurs et le succès persistant de ses romans et des films qui s'en sont inspirés, tout témoigne que sa mémoire demeure vivante", a dit M. Donnedieu de Vabres.

"On trouve dans ses oeuvres des mises en garde prémonitoires (...). En 1864, Le Voyage au centre de la terre permet de saisir le caractère terrifiant des séismes et la puissance cataclysmique de l'eau : 140 ans plus tard, le terrible tsunami qui vient de dévaster l'Asie témoigne que la création artistique peut approcher la prophétie", a-t-il ajouté.

"Nous avons un devoir planétaire à son égard", a souligné Frédéric Thorel, vice-président d'Amiens Métropole (dont le président est M. de Robien), selon qui le cinéaste Steven Spielberg et l'écrivain Michael Crichton lui doivent aussi beaucoup. Un des moments phares de cette année sera le nouveau spectacle de la compagnie Royal de Luxe, intitulé "La visite du sultan des Indes sur son éléphant à voyager dans le temps".

Parmi beaucoup d'autres initiatives, l'association "La Cale 2 L'île" va reconstruire, sur l'île de Nantes, le Saint-Michel II, l'un des trois bateaux de l'écrivain. Plusieurs manifestations culturelles nationales ("Lire en fête", différents salons du livre) rendront aussi hommage à l'écrivain.

PARIS (AFP), le 12-01-2005


Des lettres et manuscrits du XVIIIe, sur le commerce des esclaves,

proposés à Lyon.

 

Près de 500 lettres et manuscrits, provenant d'archives familiales ou commerciales, seront vendus à Lyon mercredi 12 janvier. Cet ensemble aborde des thèmes divers, en particulier un sujet jusqu'à présent peu étudié, la traite des Africains aux XVIIe et XVIIIe siècles.

La traite négrière apparaît à travers plus de 4 500 lettres adressées à un marchand de toiles établi à Laval et à Mayenne, de 1753 à 1771. Relevant de l'économie tripartite, ce commerce se fait en trois voyages : d'un port français (Bordeaux, Nantes, etc.), les navires partent chargés de toiles de Mayenne, servant aux voilures des bateaux, mais aussi de verroteries et de babioles destinées aux Africains et utilisées pour l'achat d'esclaves. Le vaisseau vogue ensuite vers Saint-Domingue, où sont revendus les toiles et les hommes, puis rentre en France chargé de rhum et de canne à sucre. Les lettres, écrites par des fabricants, des négociants ou par des banquiers, ont été divisées en lots (de 80 à 400 € suivant le nombre de documents). Celles de la banque Mallet Frères et Cie (384) sont datées entre 1758 et 1771 (1 000 à 1 500 €).

La correspondance entre les Babaud de Guérigny et Cie, également banquiers, et leur associé Beugnet est explicite sur leurs activités dans le commerce des esclaves entre 1768 et 1770 (34 lettres : 300 à 500 €). Les archives d'Henry Claris, armateur et négociant en vin à Bordeaux, rendent compte de l'achat et de l'armement du navire Le Henry (charpentier, matelot, vivres, poudre, pharmacie, etc.), qui part de Bordeaux en 1788, fait escale au Cap, en Afrique du Sud, puis à Saint-Domingue avant de rentrer à Bordeaux en 1789 (100 pièces, 1 000 à 1 500 €).

Des archives familiales surgissent parfois des surprises, comme les lettres de Florent Daguin (1815-1859), nommé vicaire apostolique de Mongolie en 1842, puis évêque en 1857. Elles racontent sa traversée de la Chine, déguisé en marchand sourd et muet, l'installation de la mission, son apprentissage du chinois, la vie en Mongolie à l'époque (800 à 1 200 €).

Le récit d'Ernest Gendron se révèle encore plus étonnant. Mousse puis matelot à bord de L'Alcmène, il fait route en 1848 pour les mers du Sud et l'Océanie. En novembre 1850, les hommes d'équipage partent explorer des îlots de la Nouvelle-Calédonie. Ils ne reviennent pas, et une nouvelle équipe, lancée à leur recherche, réussit à ramener trois survivants qui racontent leurs aventures : capturés par une tribu indigène, ils ont été obligés de manger leurs camarades après avoir assisté à leurs supplices. Une expédition punitive est organisée, les indigènes sont massacrés et le village brûlé. Gendron recueille longuement le témoignage de l'un de ces hommes. Regagnant Tahiti, L'Alcmène fait naufrage au large de la Nouvelle-Zélande, et les survivants sont recueillis par des peuplades maories puis rapatriés à Tahiti par un navire américain. Ils arrivent à Brest en 1852. Le manuscrit de 162 pages est agrémenté de six dessins en couleur (2 000 à 3 000 €).

Le Monde 6 janvier 2005 - Catherine Bedel

Hôtel des ventes de Lyon Presqu'île, mercredi 12 janvier. Exposition sur place la veille, de 14 à 19 heures ; le matin de la vente, de 10 à 12 heures. Maison de vente Chenu-Scrive-Bérard, 6, rue Marcel-Rivière, 69002 Lyon ; tél : 04-72-77-78-01. Expert : Alain Agiasse ; tél. : 04-78-37-99-67.


 
Remise aux normes de la bibliothèque de la Sorbonne (Paris).

Le Conseil de Paris vient d'approuver les travaux de restructuration et de mise aux normes de la bibliothèque de la Sorbonne. D'un montant de 14,7 millions d'euros, ils s'inscrivent dans le cadre du schéma directeur de mise en sécurité de la faculté.

La maîtrise d'ouvrage sera assurée par la Ville de Paris, propriétaire des bâtiments. Le programme, élaboré en concertation avec le rectorat, les représentants de la bibliothèque inter-universitaire et l'université Paris 1, prévoit la réalisation d'escaliers, de monte-charges et de couloirs supplémentaires, le renforcement de la stabilité au feu des structures, la mise en place de systèmes d'alarme incendie et l'aménagement des zones d'accueil du public.

Les travaux débuteront en février 2007 pour une durée de 30 mois en site fermé.

Le moniteur - Expert 24/12/04

http://www.lemoniteur-expert.com/depeches/contenu/depeche.asp?dep_id=D45804E57&mode=0&info=1


Les humeurs de Jules Verne et autres

"Histoires extraordinaires" de Nantes

Les histoires de sorcières, les trésors enfouis ou encore les anecdotes méconnues qui entourent la vie nantaise de Jules Verne sont au coeur des "Histoires extraordinaires et inédites de Nantes et de Loire-Atlantique", un livre de Stéphane Pajot.

L'ouvrage revient, peu avant que l'on ne célèbre en 2005 le centenaire de la mort de Jules Verne, sur ses humeurs d'homme mais aussi ses talents de géographe.

L'auteur, journaliste au quotidien nantais Presse-Océan, lève le voile sur le regard incisif de l'écrivain sur les moeurs des habitants de ce qui était alors la "Loire-Inférieure", où l'écrivain constate en 1866 que "l'ivrognerie tend à s'effacer de jour en jour".

On y découvre un homme qui, à la suite d'un désespoir amoureux, dépeint d'une façon grinçante Nantes et sa population, l'histoire de ses manuscrits oubliés ou encore le débat autour de ses origines, que la rumeur croyait polonaise ou pensait mystérieuse.

De l'énigme concernant l'endroit précis où fut signé l'Edit de Nantes aux faits divers cocasses qui ont marqué l'histoire de Nantes et de la Loire-Atlantique, Stéphane Pajot mène l'enquête dans un livre où foisonnent les références historiques, littéraires et journalistiques.

("Histoires extraordinaires et inédites de Nantes et de Loire-Atlantique", par Stéphane Pajot, éditions d'Orbestier, 200 pages, 19 euros).

NANTES, 17 déc 2004 (AFP) - 17/12/2004


Le musée de la Fondation Bodmer, à Cologny, près de Genève, met l'érotisme à l'honneur avec l'exposition temporaire

«Eros invaincu».

Récits libertins, lettres polissonnes et dessins grivois, c’est la collection du bibliophile Gérard Nordman qui est à découvrir.

Quelques noms, d’abord : Apollinaire, Aragon, Arétin, Bataille, Dali, Dubuffet, Eluard, Flaubert, Anatole France, Théophile Gautier, Kleist, Klossowski, La Fontaine, Léautaud, Louis XV, Pierre Louÿs, Mandiargues, Maupassant, Picabia, Queneau, Pauline Réage, Rimbaud, Sade, Verlaine, Voltaire…

Tous sont là dans l’exposition que présente, dans son superbe musée de Cologny, la Fondation Bodmer. L'institution, spécialisée dans les manuscrits anciens et les éditions rares, propose quelque 140 pièces tirées de la collection du bibliophile genevois Gérard Nordmann (1930-1992), qui compte près de 2000 documents.

Chronologiquement, la présentation commence avec une édition unique au monde des «sonnets luxurieux» de l'Arétin, datée de 1527.

Les pièces manuscrites et ouvrages présentés, d'auteurs anonymes ou célèbres, conduisent le visiteur jusqu'au XXe siècle avec par exemple une édition du «Con d'Irène», signé Louis Aragon (1928).

L'exposition, qui fait aussi un détour par les estampes japonaises, est complétée par une série de dessins de Bellmer et une sculpture de Man Ray représentant un «portrait imaginaire» de Sade.

Parmi les pièces-clé de la bibliothèque Gérard Nordmann, on trouve donc les «Sonneti lussuriosi» (‘sonnets luxurieux’) de Pietro Aretino. L’œuvre est légendaire, et le minuscule volume aux illustrations très explicites, exceptionnel.

C’est aussi la pièce la plus ancienne de la collection, qui peut s’enorgueillir de posséder le seul exemplaire connu, remontant au XVIe siècle, des Modi, les fameuses «Postures» de l’Arétin.

C’est, dit-on, la première œuvre érotique des temps modernes et par l’association de deux maîtres de la Renaissance italienne – le peintre Jules Romain (1492-1546) et l’écrivain à scandales Pietro Aretino (1492-1556) – l’une des plus influentes.

Autre objet phares de l'exposition : le manuscrit original des «120 journées de Sodome» du Marquis de Sade. Le ‘Divin marquis’ dissimula l’œuvre aux yeux de ses gardiens sous la forme d'un rouleau de 12,10 m de long et de 11,5 cm de large, fait de feuilles de papier collées bout à bout, couvert recto et verso d'une écriture minuscule.

Sade quitta La Bastille dans la nuit du 3 au 4 juillet. Dix jours plus tard, on sait ce qu’il advint de la prison. La forteresse fut don prise, pillée, démolie. Le rouleau fut ramassé dans les ruines et se retrouva à la fin du XIXe siècle en Allemagne, où la 1ère édition publiée en fut tirée.

swissinfo et les agences - Jeudi 30 décembre 2004

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200001&sid=5421246


Bibliothèque Anna-Amalia de Weimar

Un incendie dans la bibliothèque Anna-Amalia de Weimar a détruit 30.000 livres parmi les plus importants du patrimoine littéraire de l'Allemagne. Située à côté de la maison de Goethe, le magnifique château vert de style baroque construit au 17ème siècle et transformé ensuite en bibliothèque par la duchesse Amalia von Sachsen-Weimar und Eisenach, a été la proie des flammes jeudi 2 septembre en soirée. L'incendie s'est déclaré pour une raison encore inconnue dans le grenier d'un bâtiment de l'édifice et a détruit irrémédiablement 30.000 volumes, 40.000 autres ayant été moindrement abîmés. Parmi les pertes figurent entre autres des ouvrages uniques du 16ème et 17ème siècles et une collection de partitions musicales de la duchesse Anna Amalia.

La bibliothèque, qui fût en partie gérée par Johann Wolfgang von Goethe à partir de 1797 est classée sur la liste des trésors culturels mondiaux de l'UNESCO depuis 1998. Elle abrite au total plus de 900.000 volumes pour la plupart anciens ainsi que de nombreux incunables d'une immense valeur historique ou littéraire. Les lecteurs et chercheurs spécialisés peuvent notamment y consulter le fonds Goethe -- dont quelque 3.900 Faust --, 2.000 manuscrits du Moyen Age dont une bible de Luther datant de 1514, 8.400 cartes historiques et une collection exceptionnelle de livres et manuscrits des plus grands auteurs du romantisme allemand et de la littérature allemande de 1750 à 1850 en général.

En attendant une évaluation précise des dégâts qui devrait tourner autour de Vingt millions d'Euros, l'état fédéral allemand a débloqué 4 millions d'euros d'aide d'urgence à la bibliothèque de Weimar dont le fonds détruit n'est pas entièrement couvert par les assurances. Le ministre de la culture français Renaud Donnedieu de Vabres a proposé à son homologue allemande Christina Weiss de l'aider, via la Bibliothèque Nationale de France, à reconstruire et restaurer les collections endommagées.

La République des Lettres.com - Paris, mercredi 22 décembre 2004


  

La bibliothèque du Centre Wallonie Bruxelles

bientôt en activité.

Ouverture de la bibliothèque rénovée du Centre Wallonie Bruxelles au mois de janvier 2005 avec 15.000 volumes

La bibliothèque rénovée du Centre Wallonie Bruxelles dont les activités reprendront au mois de janvier 2005 dispose d’un fonds documentaire estimé à 15.000 volumes (ouvrages dictionnaires, encyclopédies, périodiques), indique un document dudit centre parvenu hier jeudi 16 décembre à la Tempête des Tropiques.

Un millier de ces volumes constituent plus particulièrement son fonds historique, précise le document, avant de relever qu’on y trouve des ouvrages appartenant aux différents domaines du savoir: littérature, religion, philosophie, morale, psychologie, économie, sociologie, sciences sociales, sciences de la nature, sciences appliquées, arts, géographie et histoire.

Cette bibliothèque qui compte actuellement 3.284 abonnés, a un espace occupé par 4 sections, à savoir : la Belgique fédérale, la communauté française de Belgique, la République démocratique du Congo et l’Afrique centrale.

Une section pédagogique destinée aux enseignants, d’après ce document, est actuellement en gestation. Dans l’ensemble, le fichier de cette bibliothèque au départ intentionnelle qui est depuis publique sera progressivement informatisé. Ses utilisateurs, en particulier les chercheurs, pourront disposer de points d’accès Internet.

En ce qui concerne les ressources de cette bibliothèque, l’objectif consiste à permettre une plus grande visibilité du fonds documentaire mais aussi à améliorer la qualité de service aux lecteurs. Il est prévu, à l’avenir, l’organisation d’un espace jeunesse ainsi que de mettre en place un département médiathèque et ressources audiovisuelles avec une salle de visionnement.

Par ailleurs, cette bibliothèque vient d’avoir des acquisitions de la part de l’asbl belge « Laïcité et humanisme en Afrique » (Lhac) des ouvrages dans les domaines de la littérature, de la médecine et de la psychologie. Ces nouveautés seront accessibles des la réouverture de la bibliothèque du Centre Wallonie Bruxelles en 2005.

La Tempête des Tropiques/NDOBO DITA

Kinshasa , 17.12.2004 | http://www.digitalcongo.net/fullstory.php?id=46651


 

Le projet Google, ou le rêve

d'une bibliothèque universelle.

Le projet de Google de mettre en ligne des millions d'ouvrages issus de prestigieuses universités, rapproche un peu plus les hommes du rêve d'une bibliothèque mondiale et virtuelle, accessible à tous.

L'opérateur du moteur de recherche sur internet le plus utilisé au monde, associé entre autres à Harvard, Stanford, Oxford, a annoncé mardi son intention de rendre disponible sur la toile la multitude de volumes de ces vénérables et très riches bibliothèques universitaires.

Pour John Wilkin, responsable de la bibliothèque de l'Université du Michigan, participant au projet, le tournant est comparable à celui de l'invention de la presse à imprimer de Gutenberg.

"Nous en parlons en ces termes", dit-il. "Les ressources électroniques changent complètement le paysage. La bibliothèque universitaire qui était peu accessible est désormais ouverte à tous".

La décision est une nouvelle étape sur le chemin de la bibliothèque globale, qui démocratisera plus encore l'accès à l'information, avec une portée particulière pour les pays toujours soumis à la censure.

"Une fois que les bibliothèques seront accessibles à toute personne disposant d'une connexion internet, il sera très difficile d'influencer ce que les gens peuvent et ne peuvent voir", estime John Wilkin.

Au total, Google compte scanner et diffuser plus de 15 millions d'ouvrages, via une technique que la société n'a pas détaillée : la quasi-totalité des huit millions de volumes de Stanford, les sept millions de l'Université du Michigan, les ouvrages d'Oxford antérieurs à 1900, quelques documents rares de la Bibliothèque de New York. Le tout pourrait prendre dix ans, pour un coût estimé entre 150 et 200 millions de dollars.

Parmi les ouvrages concernés, la première édition (1687) des "Principes" d'Isaac Netwon, que possède Stanford, ou "De la descendance de l'homme" de Charles Darwin (1871), issu de la collection d'Oxford.

Les textes les plus anciens, tombés dans le domaine public, pourront être lus dans leur intégralité et gratuitement. Pour les autres, soumis aux règles sur les droits d'auteur, seuls des extraits et les références seront fournis.

"C'est un grand pas en avant", estime Michael Keller, responsable de la bibliothèque de Stanford. "Nous numérisons des textes depuis des années pour les rendre plus accessibles, mais avec les livres, contrairement aux revues, nos efforts étaient limités pour des raisons à la fois techniques et financières".

"L'accord avec Google propulse notre production numérique de l'échelle artisanale à l'échelle industrielle", dit-il.

Avant l'annonce de ce projet, plusieurs autres avaient commencé à édifier cette bibliothèque universelle.

Une bibliothèque en ligne, "The Internet Archive", basée à San Francisco, a annoncé mercredi un accord avec une dizaine de bibliothèques des Etats-Unis, du Canada, d'Egypte, d'Inde et des Pays-Bas, afin de réunir sur la toile un million de livres numérisés.

Google lui-même, comme Amazon, la librairie en ligne, gérait déjà un programme permettant de balayer des extraits de livres nouvellement publiés, grâce à un accord avec une douzaine d'éditeurs.

Cette évolution est de fait une chance pour les maisons d'édition, assure John Wilkin, de l'Université du Michigan: "Les éditeurs verront cela comme un bienfait, et permettront sans doute un accès plus large aux textes protégés par les droits d'auteur. Jusque-là tout a montré que quand un livre est rendu accessible sur internet, les ventes montent".

Cette étape ne réduit pas non plus le rôle des bibliothèques, au contraire, qui deviendront "un service d'information plutôt qu'une simple collection".

"C'est une situation gagnante pour tous," opine Paul LeClerc, président de la New York Public Library." Rendre nos collections accessibles à un large public, et ce gratuitement, est au coeur de notre mission".

NEW YORK (AFP), le 16-12-2004


Napoléon remporte une bataille d'enchères à Drouot.

 

Napoléon Ier a remporté mardi à Paris une bataille d'enchères contre Tite Live lorsque le manuscrit de ses "Mémoires" a été adjugé 293.945 euros à l'Hôtel Drouot alors que la traduction de l'"Histoire romaine" trouvait preneur à 282.510 euros.

Le manuscrit unique et inédit des "Mémoires" dictés par Napoléon au Maréchal Bertrand, aux généraux de Montholon et Gourgaud -84 pages in-folio, dont 40 de la main de l'Empereur à l'encre et au crayon- a été enlevé au téléphone par un collectionneur privé suisse. Il était estimé 250/300.000 euros. Voir le catalogue

Avec ses mémoires, l'Empereur dont on célèbre le bicentenaire du couronnement a triomphé du manuscrit de Pierre de Bersuire (Paris, XIVe siècle), traduction de l'"Histoire romaine" de Tite Live (Ier s. av. J.C), qui a été préempté par la Bibliothèque Nationale de France à 282.510 euros.

Le brouillon du testament de Napoléon, écrit sous sa dictée par le comte de Montholon et minutieusement corrigé avec lui en avril 1821, pendant son exil à Sainte-Hélène, a ensuite été acquis à 132.779 euros (frais compris) par un collectionneur privé français.

Deux des plus petites salles de l'Hôtel des Ventes ont successivement avaient été prises d'assaut, plutôt par les cameramen que par les bibliophiles, un public plutôt restreint qui, pour l'occasion, se prenait les pieds dans les trépieds.

Dans la salle 8 - celle des "Mémoires", l'ambiance n'était pas vraiment électrique et malgré les efforts du commissaire-priseur Eric Buffetaud, les enchères peinaient à décoller.

Les signatures autographes au crayon à bille des Beatles ont fait un flop à 3.000 euros (estimation 5.000 euros) et deux lettres du Maréchal Pétain ont fait moins que prévu. "Il n'a pas la cote, commenta Me Buffetaud, qui sur chaque lot s'appesantissait d'un "c'est pour rien", ou "c'est donné".

Il fallut attendre un tiré à part de "Vers l'Armée de Métier", avec autographe du Général De Gaulle (8.800 euros) et surtout le lot 22, les Mémoires de Napoléon, pour que la petite assemblée soit saisie du frisson du sensationnel.

"A 150.000 euros nous commençons", clama le commissaire-priseur. En moins de cinq minutes, l'affaire était emballée et dans l'anonymat d'un appel téléphonique.

Le combat devait se répéter au sous-sol, salle 12, où une nuée de photographes et cameramen se bousculaient au fond d'une salle à peine plus grande que la première. Là, le brouillon du testament devait dépasser les espérances des commissaires-priseurs.

Ce n'était pas fini : les Archives de France devaient encore préempter quatre lots liés à l'Empire: l'inventaire des testaments de l'Empereur par Henri Bertrand (4.800 euros), la lettre de Montholon adressée au gouverneur de Sainte-Hélène Hudson Lowe, lui apprenant la mort de Napoléon (2.800 euros), les procès-verbaux de la mort de Napoléon, de son autopsie, de son enterrement, des inventaires par ses exécuteurs testamentaires (25.000 euros) et les inventaires de la succession de Napoléon (3.700 euros).

PARIS (AFP), le 07 décembre 2004


Le manuscrit des mémoires de Napoléon

vendu aux enchères

Le manuscrit des Mémoires de Napoléon Ier, rédigées pendant son exil à l'île de Sainte-Hélène, a été adjugé 250 000 euros, mardi au cours d'enchères à Drouot-Richelieu. Les Mémoires, manuscrit unique et inédit dicté par Napoléon au Maréchal Bertrand, aux Généraux Montholon et Gourgaud, comprennent 84 pages in-folio, dont 40 de la main de l'Empereur à l'encre et au crayon.

Publiées en 1823, ces mémoires, adjugées à un acheteur anonyme, retracent des événements au jour le jour et témoignent de l'étonnante mémoire de Napoléon jusqu'aux plus petits détails.

Par ailleurs le brouillon du testament de Napoléon, écrit et corrigé sous sa dictée par le Comte de Montholon, en 1821, a été vendu à 132 779 euros à un collectionneur privé français.

Ce documents de 12 pages avec ratures, corrections et additions au crayon et à la plume, provenant d'une collection française particulière, était estimé entre 60 et 80 000 euros par la société de ventes PIASA.

Il avait été dicté du 13 au 15 avril dans la chambre de l'Empereur déchu, en exil à Sainte Hélène, le verrou tiré, entièrement de la main de Montholon. Il devait être recopié par Napoléon le 15 sur le même papier anglais.

 


Nouveau sacre pour Napoléon, le 7 décembre à Drouot.

Le manuscrit des "Mémoires" de Napoléon Ier et le brouillon de son testament, rédigés pendant son exil à Sainte-Hélène, seront mis aux enchères, mardi à Drouot, point d'orgue à la commémoration de son sacre, en 1804. voir le catalogue

Ces deux documents historiques seront proposés par deux sociétés de ventes -Pierre Bergé et Associés pour les "Mémoires" (est. 250/300.000 EUR), et PIASA pour le testament (est.60/80.000 EUR)-, respectivement salle 8 (14h) et salle 12 (14h30).

"Les Mémoires", manuscrit unique et inédit dicté par Napoléon au Maréchal Bertrand, aux Généraux Montholon et Gourgaud, comprennent 84 pages in-folio, dont 40 de la main de l'Empereur à l'encre et au crayon.

Si l'on connaît le "Mémorial de Sainte-Hélène", dans lequel Napoléon confiait à Las Cases sa pensée politique et philosophique, en revanche "Les Mémoires" -publiées en 1823- retracent des événements au jour le jour et témoignent de l'étonnante mémoire de Napoléon jusqu'aux plus petits détails.

Mais la lecture des Mémoires montre que beaucoup des corrections de Napoléon ont été assez peu suivies. La plupart des corrections, les brouillons et surtout les remarques en marge du manuscrit sont donc inédites.

Napoléon ne s'y limite pas à son époque -encore qu'il refait ses batailles, et pas seulement Waterloo, sur le papier, enrageant devant les occasions perdues-, mais se penche sur les grandes campagnes de l'histoire, depuis Hannibal jusqu'à Louis XIV.

Dans la première partie de 13 pages, Napoléon établit un brouillon, puis un plan, page par page, pour ordonner les événements des années 1800-1802, politiques et militaires. La deuxième partie est plus intéressante, où d'un simple brouillon, l'on passe aux qualités littéraires.

Napoléon, selon l'expert de la Bibliothèque nationale de France, Dominique Courvoisier, "attachait une grande importance à la clarté de la langue et à la rigueur du style, malgré une orthographe souvent approximative".

A 14h30, commencera l'autre vente de lettres et manuscrits autographes de la salle des ventes, au cours de laquelle sera proposé le brouillon du testament de Napoléon Ier, écrit et corrigé sous sa dictée par le Comte de Montholon en 1821 qui était jusqu'ici inconnu et semble-t-il inédit.

Ce précieux document de 12 pages avec ratures, corrections et additions au crayon et à la plume, provenant d'une collection française particulière, a été dicté du 13 au 15 avril dans la chambre de l'Empereur déchu, le verrou tiré.

Le brouillon, entièrement de la main de Montholon, écrit sur le même papier anglais que le testament olographe, recopié par Napoléon le 15 (et conservé aux Archives Nationales), comporte quatre parties, la dernière étant raturée et remplacée par quelques lignes.

La première partie, en huit articles, résume les dispositions morales de Napoléon, la deuxième l'énumération des legs matériels, la troisième concerne les biens du +domaine privé" (les meubles de ses palais, y compris ceux de Rome, Florence et Turin), la quatrième concerne ses exécuteurs testamentaires.

AFP - Lundi 6 décembre 2004


 
Convention de partenariat entre les bibliothèques nationales marocaine et française

Pour rapprocher leurs connaissances dans les domaines de la civilisation et de la culture : La bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM) et la Bibliothèque nationale de France (BNF) ont signé, vendredi à Rabat, une convention de partenariat portant sur l'échange d'expériences et l'organisation de sessions de formation.

Aux termes de cette convention, signée par le directeur de la BNRM, M. Driss Khrouz et le président de la BNF, M. Jean-Noel Jeanneney, la bibliothèque française s'engage à mettre à la disposition de la BNRM son expérience dans ce domaine. L'apport de la BNF à la BNRM se traduira par des expertises, des accueils en formation, l'organisation de voyages d'étude. Il s'appuiera sur l'expertise de l'ambassade de France à Rabat.

Les deux parties ont également convenu de définir un projet d'établissement, porteur d'une conception renouvelée des services proposés aux chercheurs et à la société marocaine, s'appuyant sur une nouvelle dynamique professionnelle.

Dans sens, la BNF contribuera à l'élaboration de ce projet par l'adaptation du futur bâtiment de la BNRM à travers une assistance technique pour l'utilisation des espaces et le transfert des collections.

Dans le domaine documentaire, la BNF s'engage à aider la BNRM qui souhaite proposer des collections s'adressant à des publics à distance avec une bibliothèque virtuelle et pour tous types de public, notamment celui non-voyant. L'aide de la BNF portera sur la définition d'une politique visant à concrétiser ces objectifs, particulièrement sur les l'élargissements des domaines couverts et des supports.

Les deux bibliothèques conviennent de rapprocher leurs connaissances réciproques dans les domaines de la civilisation et de la culture, les échanges professionnels constituant un passage obligé pour la recherche d'axes communs.

Le renforcement des échanges documentaires devrait permettre aussi aux deux bibliothèques d'enrichir leurs collections respectives par l'apport de documents non disponibles sur le plan commercial.

Dans une déclaration à la presse, M. Khrouz a précisé que cette convention vise à renforcer l'échange d'expériences, de documentations et à organiser des sessions de formation au profit des fonctionnaires de la BNFM. En vertu de cette convention, la bibliothèque nationale du Royaume du Maroc va se doter de nouvelles technologies, de moyens modernes dans les domaines de la recherche, de la lecture, de l'organisation de débats, de voyages ...

M. Khrouz a, également, indiqué que la bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, dont le bâtiment est en cours de construction, sera un établissement au service de la culture marocaine et de la société marocaine.

Pour sa part, M. Jean-Noël Jeanneney a affirmé que la signature de cette convention s'inscrit dans le cadre de la solide amitié liant le Maroc et la France et traduit la volonté des deux pays de renforcer leurs liens de coopération.

Il a également mis en exergue l'admiration que suscite auprès des Français ce projet grandiose, qui sera réalisé conformément à la volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed VI visant à dotera le Royaume du Maroc d'un édifice monumental. Cet édifice sera un moyen de défendre le dialogue entre les civilisations européenne et islamique, a-t-il dit.

Le Matin Maroc - 6 décembre 2004


La Bibliothèque nationale de Bosnie en difficulté.

La bibliothèque nationale de Bosnie créée en 1537 et détruite en 1993 connaît aujourd’hui un avenir incertain : les moyens financiers que nécessite sa refondation s’essouflent et sans davantage d’implication des responsables locaux, la communauté universitaire risque d’en ressentir les conséquences. Selon son directeur, si aucune aide n’est allouée, la bibliothèque pourrait fermer ses portes.

La bibliothèque nationale et universitaire de Sarajevo connaît de grosses difficultés financières et risque de fermer ses portes ! Cette institution, que les armées de Karadzic et Mladic ont incendiée et détruite en 1993, n’a pas de financement, son statut n’est pas établi et, selon son directeur, elle risque de cesser ses activités.

La Bibliothèque nationale et universitaire de Bosnie-Herzégovine a une histoire longue et mouvementée. Elle remonte à la création d’une première bibliothèque par le gouverneur ottoman de la province de Bosnie, Gazi Husrev, en 1537, année de la fondation, en France, de la Bibliothèque royale. Elle s’est maintenue pendant toutes les vicissitudes de l’histoire du pays, jusqu’à sa refondation, à la libération, en 1945.

Détruite en 1993, avec ses cinq millions de volumes, elle a trouvé refuge dans les bâtiments de l’ancienne caserne Tito, destinée à devenir le campus universitaires de Sarajevo.

L’action de reconstitution de la bibliothèque a été entamée en 1993 avec le soutien de l’UNESCO et l’aide d’un grand nombre de pays (l’Association Sarajevo a soutenu en son temps la campagne menée en France). D’importants fonds ont pu ainsi être réunis, qui ont permis à la Bibliothèque de Sarajevo d’occuper son rang dans la chaîne de la coopération internationale des grandes bibliothèques.

Ces résultats se trouvent malheureusement compromis par l’insuffisance des crédits alloués à son fonctionnement et la précarité de son statut, dus, selon les responsables de l’établissement, au désintérêt total que lui portent les autorités gouvernementales. C’est l’ensemble de la communauté universitaire, et par voie de conséquence, l’ensemble de la société de Bosnie-Herzégovine, qui devront payer le prix de cette impéritie.

Association Sarajevo - Le Courrier des Balkans pour la traduction. - 3 décembre 2004


La Chine se dotera de la troisième plus grande bibliothèque au monde.

BEIJING, 30 novembre (XINHUANET) -- La seconde phase de la construction de la Bibliothèque Nationale de Chine (BNC), qui commencera le mois prochain, fera d'elle la troisième plus grande bibliothèque au monde avec une superficie de 250 000 m, après l'achevement des travaux en 2007.

La BNC, dotée des plus abondants documents en chinois et en langues étrangères, avait ouvert ses portes au public en 1987.

Actuellement, elle accueille environ 12 000 lecteurs par jour, beaucoup plus que sa capacité. C'est la raison pour laquelle la Commission d'Etat pour le Développement et la Réforme de Chine a approuvé le projet de la deuxième phase de construction de la bibliothèque.

L'investissement total de la seconde phase de construction et d'une version numérisée de la BNC s'est établi à 1,235 milliard de yuans.

La seconde phase de la BNC pourra accueillir 8 000 lecteurs par jour.

Agence de Presse Xinhua - 01 décembre 2004.


Retour aux sources antiques avec des éditions aldines

du XVème. En grec dans le texte.

«Et parce que presque tout ce que les hommes ont dit de mieux a été dit en grec.» En plaçant cette citation de Marguerite Yourcenar (Mémoires d'Ha drien) en exergue de son savant cata logue, Jean-Baptiste de Proyart, doctorat de philosophie sur Descartes et Leibniz, campe en expert le décor de La Galaxie d'Alde Manuce, «synonyme de la Renaissance, de l'humanisme en expansion, de l'universalisme, bref de la glorieuse Venise, capitale européenne de la liberté de pensée au tournant du XVesiècle.» Ce grand jeune homme d'un autre siècle préside aujourd'hui à la vente d'une collection d'éditions aldines, soit 127 livres souvent précieux comme des monuments historiques, dont 27 incunables – imprimés avant le 31 décem bre 1500 – et une suite de post-incunables qui devraient faire vibrer, dans l'ordre, bibliophiles et libraires italiens, britanniques et même français (1). Voir et imprimer le catalogue et Lire les résultats de la vente

Alde Manuce (1450-1515), c'est un nom magique pour les amateurs de livres depuis la nuit des temps. Depuis les éditions princeps (première édition d'un texte de l'Antiquité) de cet imprimeur-éditeur natif de Bassiano dans les marais Pontins, qui étudia le latin à Rome et suivit à Ferrare les leçons du professeur de grec alors fameux, Battista Guarino de Vérone. «Es tu quidem aetate nostra alter Socrates (Tu es le Socrate de notre époque) ...» Adle lui rendit ainsi hommage dans la préface de son Théocrite dont l'édition princeps date de février 1496. Cette collection aldine propose un exemplaire de cet incunable, en si rare reliure d'époque (estimé 50 000-80 000 €), dont les tranches ont été peintes avant 1590 par Vecellio, le neveu de Titien, pour la prestigieuse bibliothèque Pil lone (2). Tranches apparen tes ? «Au XVIesiècle, les livres étaient rangés dans le sens contraire d'aujourd'hui et les dos des reliures ne portaient pas encore de titres.»

Alde Manuce arriva à Venise, la ville italienne qui avait les rapports les plus étroits avec Constantinople, à l'âge de 40 ans. Il partage la gloire de l'imprimerie avec Johannes Gutenberg de Mayence (sa première Bible imprimée à 36 lignes date de 1450) et avec William Caxton du Kent (il publia à Bruges le premier livre imprimé en anglais, le Recuyell of the Historyes of Troye en 1474). Ses éditions princeps révolutionnèrent le XVe finissant, laissant les minutieux manuscrits et leurs gloses aux copistes du bas Moyen Age. Elles firent apparaître de nouveaux caractères, beaux comme des ornements, qui prenaient en compte l'arithmétique du grec ancien et de ses accents. Elles inventèrent de nouveaux formats «portables» qui aidèrent à la diffusion d'un ancien savoir et d'une belle sagesse, comme en témoigne la peinture qui fit alors poser lettrés et puissants, livre en mains (Portrait d'Alberto Pio, huile sur bois par Bernardino Loschi, 1512, à la National Gallery de Londres).

«L'événement majeur, en amont de cette révolution technique, est la chute de Constantinople en 1453. Avec la disparition de cette capitale ultime de l'Empire romain d'Orient, où «Oi Romaioi» (les Romains) parlaient grec, c'est un afflux de penseurs et de manuscrits qui se dirigent vers l'Occident», explique Alexandre Grandazzi, professeur à la Sorbonne et coauteur engagé avec Jacqueline de Romilly d'Une certaine idée de la Grèce (Editions de Fallois). «La conjonction de ces deux événements crée une révolution systémique d'où est né l'humanisme. Sa lecture directe des Évangiles où puisera Erasme et d'où viendra la Réforme. Son goût des sciences éclairées par Aristote et Hippocrate. Sa relecture politique d'un Platon oublié, traduit en beauté par le Florentin Marcilo Ficino», protégé par les Médicis triomphants et Laurent le Magnifique.

«En cela, les Italiens eurent une génération d'avance sur la France et sa cour qui vécurent ce retour aux sources grâce au théologien Lefèvre d'Étaples, précepteur des enfants de François 1er, et à l'humaniste Guil laume Budé, fondateur du Collège de France en 1530, sans oublier l'impact des guerres d'Italie», souligne l'historien. Il rappelle que «Machiavel n'est pas concevable sans la lecture approfondie de Tacite qui lui-même a une lecture sombre et stoïcienne de l'empire romain». C'est ce fourmillement d'idées nouvelles qui se retrouve dans cette collection aldine, «vraiment importante par sa réunion unique d'incunables et ses beaux exemplaires du XVIe» selon le grand libraire de Turin, Arturo Pre gliasco (en français châtié dans le texte, humanités obligent).

Pas de vente comparable, dit-il, au XXe siècle. Au comble des raretés, l'Aristote en édition princeps du 1er novembre 1495 à juin 1498 (estimé 150 000-250 000 €), histoire des sciences et de la philosophie splendidement annotée par des mains contemporaines, comme l'a précisé le directeur de l'Ecole des Chartes à Jean-Baptiste de Proyart, ex-vice-président de Sotheby's France et directeur de son département Livres & Manuscrits. Le Bembo en édition originale, soit publiée du vivant de l'auteur, de février 1496 (estimée 100 000-150 000 €), ascension de l'Etna mise en page et en beauté avec les caractères sculptés par le génie de Sebastiano Griffo pour cet intellectuel qui finit cardinal (proche d'Alde, il lui proposa l'ancre au dauphin comme marque typographique). Et surtout le Virgile d'avril 1501, ou premier «libilli portatile», premier livre imprimé en caractères italiques, rompant avec la tradition des caractères gothiques de l'Europe du Nord (estimé 225 000-375 000 €).

Impossible lecture pour François Ier qui ne savait pas le latin (Charlemagne l'apprit très tard). Et pourtant...

(1) Vente Pierre Bergé & Associés aujourd'hui à 15 h à l'hôtel d'Angleterre à Genève. Tél. : (00)-41-22.906.55.60). Est. de ces 127 lots : 1,5 à 2 M€.

(2) Ce gisement de légende a été étudié et publié en 1957 par le grand libraire parisien Pierre Berès dont l'ombre plane sur cette vente splendide, malgré le «démenti catégorique» de l'expert.

Le Figaro - 19 novembre 2004. Valérie Duponchelle


Mois de la Photo : La Bibliothèque nationale a choisi d'honorer la mémoire de Robert Capa.

La Bibliothèque nationale a choisi quant à elle d'honorer la mémoire de celui qui est considéré comme le père du photojournalisme. Robert Capa apparaît sur ces cimaises comme un véritable photoreporter, observateur engagé dénonçant sans cesse le fascisme. Une exposition émouvante. En regard, la galerie Mazarine de la Bibliothèque présente une sélection de 60 ans de photographies à l'Agence France-Presse, créée en 1944.

Voir le site : http://expositions.bnf.fr/afp/index.htm

Figaro - 5 novembre 2004


 

Ougarit - Le royaume de l'écrit.

Il y a plus de trois mille ans, au nord de la Syrie, un petit peuple invente l'alphabet. Les tablettes découvertes depuis 1928 livrent une extraordinaire documentation sur cette Suisse de l'Antiquité, marchande et pacifique. Une exposition, à Lyon, restitue sa splendeur.

Voir le Site : http://www.ougarit.ras-shamra.com

Un seul mot s'impose : respect! Ici, sur ce sol aride à quelque 3 000 kilomètres de la France, s'est épanouie une civilisation plusieurs fois millénaire. Un monde fascinant qui a permis de découvrir le premier alphabet, d'où dériveront, plus tard, le phénicien, puis le grec et le latin. Un monde généreux aussi, puisque de ses entrailles sont issus des milliers de textes qui ont éclairé d'un jour nouveau l'histoire du Proche-Orient. Nous sommes en Syrie, non loin de la ville côtière de Lattaquié, au nord de Damas. A Ras Shamra, très exactement, l'antique capitale du royaume d'Ougarit, qui, entre les XIVe et XIIe siècles avant l'ère chrétienne, comptait parmi les plus riches de ce qui n'était pas encore appelé le Croissant fertile. Pareille civilisation, longtemps oubliée, méritait d'être mise en lumière. C'est chose faite, cette semaine, au musée des Beaux-Arts de Lyon, qui inaugure une remarquable exposition célébrant les fouilles françaises de ce site archéologique majeur.

Qui aurait pu imaginer qu'un simple coup de charrue serait à l'origine de cette renaissance? C'est pourtant bien un paysan qui, au début de 1928, heurta de son soc une série de dalles recouvrant une tombe dans la zone de Minet el-Beida, le port originel du royaume d'Ougarit. L'année suivante, le gouvernement de Raymond Poincaré, profitant du mandat sur la Syrie, envoie une première mission, dirigée par Claude Schaeffer. Elle marque le début d'une implantation quasi ininterrompue jusqu'à nos jours (à l'exception de la Seconde Guerre mondiale) de scientifiques français qui ont immédiatement pris la mesure de leur découverte.

Les premiers éléments de cette nouvelle langue ont été trouvés dès 1929, sur des tablettes en signes cunéiformes inconnus et constitués de clous triangulaires inscrits dans l'argile avec un calame. En quelques mois, les épigraphistes déchiffreront ces signes en découvrant une façon d'écrire révolutionnaire, bien plus simple que tout ce qui se faisait à l'époque: plutôt qu'utiliser un signe pour chaque mot (écriture hiéroglyphique) ou un signe pour une syllabe (système cunéiforme classique), pourquoi pas un système où chaque signe correspondrait à une lettre, comme dans nos alphabets modernes? «Conséquence: l'ougaritique n'utilise qu'une trentaine de signes lorsqu'il en faut des centaines, voire des milliers dans les autres écritures», résume Pierre Bordreuil, professeur à l'Institut d'études sémitiques du Collège de France et chercheur émérite au CNRS.

Au début des années 1930, cette découverte eut un immense retentissement. Du jour au lendemain, Ougarit s'impose comme un centre intellectuel majeur du Proche-Orient. Au total, en soixante-quinze années de recherches, quelque 3 000 textes ont ainsi pu être déterrés. La plupart d'entre eux (les trois quarts) étaient rédigés en akkadien, la langue sémitique la plus développée de Mésopotamie - sorte d'anglais du IIe millénaire. Celle-ci servait essentiellement pour les écrits diplomatiques: correspondance entre souverains, traités, accords économiques, etc. En revanche, une partie des tablettes étaient écrites en ougaritique. Retrouvées dans les bibliothèques, les archives de la ville ou de simples maisons, elles revêtent clairement un caractère littéraire: des écrits poétiques racontent la mythologie, les légendes et la religion; des textes en prose détaillent les pratiques divinatoires, médicales ou sacrificielles. Surtout, ces trésors d'argile aident aussi à mieux comprendre la vie quotidienne, jusque-là méconnue, des habitants d'un royaume cananéen au milieu du IIe millénaire avant l'ère chrétienne.

Aujourd'hui encore, les archéologues ignorent la durée exacte de cette civilisation. La présence humaine sur le site remonte au moins au VIIe millénaire avant Jésus-Christ. Et, de 3000 à 1185, il a été habité presque sans discontinuité, avec un apogée à l'âge du bronze récent (1350-1185). Une permanence remarquable que, à lui seul, l'enclavement géographique n'explique pas. «Ougarit a connu un rayonnement extraordinaire, bien au-delà de ses frontières», reprend Yves Calvet. Tout au long de son histoire, le peuple ougaritique cherchait surtout à ne froisser aucun de ses turbulents voisins. Qu'il s'agisse des autres puissances moyennes de la région (Tyr, Beyrouth, Sidon) ou des grands empires. Au XVe siècle avant l'ère chrétienne, cette petite «Suisse antique» a, en effet, beaucoup louvoyé entre les deux grandes forces du moment: l'Egypte, au sud, et, au nord, l'Empire hittite. Après avoir subi la domination de la première, il semble qu'elle ait essayé d'entretenir une bienveillante indifférence face au second. Jusqu'à lui faire allégeance à partir de la bataille de Qadesh, lorsque les Ougaritains combattirent contre Ramsès II (v. 1299 av. J.-C.).

«Faites du commerce mais pas la guerre», pourrait donc avoir été la devise de ce petit royaume. Par nombre de ses aspects, sa langue, ses traditions culturelles, son histoire, Ougarit appartient indéniablement à l'Orient. Mais sa situation géographique lui confère aussi une place dans le monde méditerranéen. C'est un nœud de communications incontournable (voir la carte ci-dessus). Sur terre, le royaume tirait parti de la route de l'Euphrate, vers la Mésopotamie (notamment Babylone). Il pesait également sur le trafic des grandes voies, empruntées par les caravanes, en direction de l'Egypte, au sud, et d'Oura, puis d'Hattousa, la capitale hittite, au nord (en Turquie actuelle).

«Grâce aux tablettes d'argile retrouvées à Ougarit, la connaissance du commerce dans cette région a été considérablement améliorée, explique Florence Malbran-Labat, directrice de l'Ecole des langues et civilisations de l'Orient ancien (Elcoa) de l'Institut catholique de Paris. Non seulement nous connaissons avec précision les produits échangés, mais nous comprenons aussi son organisation.» Les négociants disposaient d'un réseau de correspondants dans chacun des grands comptoirs de la côte (Byblos, Beyrouth, Sidon ou Tyr). Ils exportaient la production de base (huile et vin) et profitaient surtout d'un savoir-faire artisanal reconnu: ébénisterie, teinturerie, ivoirerie, métallurgie ou encore verrerie.

Chaque année, aux mois de mai et juin, la campagne de fouilles archéologiques de Ras Shamra focalise l'attention des historiens, des archéologues, des épigraphistes et surtout des biblistes. Parce que les textes exhumés parlent d'une époque sacrée qui nous concerne tous et qui, jusque-là, manquait cruellement de sources: la vie au temps de Moïse et de ses descendants. «Ces textes constituent la documentation la plus utile pour comprendre la Bible hébraïque ou plus exactement le substrat culturel de celle-ci», analyse Pierre Bordreuil. Même s'il n'y eut jamais de contact direct entre le royaume d'Ougarit et celui d'Israël - qui prit forme en Canaan presque trois siècles plus tard - l'un permet de mieux comprendre la genèse de l'autre. Par son histoire, par le fonctionnement de sa royauté ou encore par les relations qu'il entretenait avec ses voisins.

Pour autant, plus de sept décennies après sa découverte, «Ougarit la précieuse» semble loin d'avoir livré tous ses secrets. A commencer par celui de sa disparition. Sous les coups de nouveaux envahisseurs, jamais vraiment identifiés et baptisés les Peuples de la mer, sa capitale aurait été incendiée autour de 1185 avant Jésus-Christ. Avec des rois très pacifiques, une armée peu fournie, un suzerain trop lointain et des remparts mal entretenus, elle serait tombée en quelques heures. Brutalement, l'ensemble du royaume d'Ougarit disparut sans que rien de sa grandeur, ni son écriture ni son commerce, ne lui survive. Un plongeon dans trente-trois siècles d'obscurité.

Exposition "Le Royaume d'Ougarit : aux origines de l'alphabet". Musée des Beaux-Arts de Lyon. Du 21 octobre 2004 au 17 janvier 2005. Renseignements : 04-72-10-17-40.

Post-scriptum : Le musée du Louvre possède une riche collection d'objets issus des fouilles d'Ougarit: des œuvres d'art et une centaine de tablettes en argile rapportées par les archéologues français entre 1929 et 1939.

L'Express du 18/10/2004 - Bruno D. Cot, Jsi


Bibliothèque polonaise à Paris

Aleksander Kwasniewski, le président de la Pologne, s’est rendu à Paris lundi dernier.

A l’occasion de cette courte visite, il a inauguré, après les travaux de rénovation, la nouvelle Bibliothèque Polonaise de Paris

La Bibliothèque a été créée en 1838, dans un palais du XVIIème siècle, situé l’Ile Saint Louis. Cet établissement est le plus ancien du genre en dehors des frontières de l’état polonais.

Le Président polonais y a inauguré lundi une nouvelle salle de lecture et a visité le musée Adam Mickiewicz. La Bibliothèque Polonaise de Paris abrite plus de 200.000 livres, 5.000 manuscrits, 4.000 cartes et atlas, 600 médailles, mais aussi de nombreuses œuvres d’art et quelques œuvres rares, comme par exemple les trois premières éditions de « De revolutionibus… » de Nicolas Copernic, des manuscrits de Chopin, Mickiewicz et Norwid.

Beskid Infos - 7 octobre 2004

 


Colloque sur les manuscrits millénaire

à la bibliothèque d'Alexandrie

Le Maroc prend part à un colloque sur les manuscrits millénaires, dont les travaux ont été ouverts dimanche à la bibliothèque d'Alexandrie en présence d'une pléiade de chercheurs et spécialistes des manuscrits représentant plusieurs pays arabes et étrangers.

Le Maroc est représenté à cette rencontre par M. Ahmed Chaouki Benbine, directeur de la bibliothèque Al Hassania, qui animera une conférence sur le thème "les manuscrits millénaires dans les bibliothèques marocaines".

Les participants à ce colloque de deux jours examineront une série de thémes portant sur les manuscrits, qui remontent à plus de mille ans, que recèlent les bibliothèques mondiales et les techniques de leur sauvegarde et de leur entretien.

A l'ouverture de cette rencontre, le directeur de la bibliothèque d'Alexandrie, M. Ismail Sirajeddine, a relevé l' apport des bibliothèques pour la sauvegarde des anciens manuscrits en tant que trésors qu'elles ont jalousement préservés à l'adresse des chercheurs, soulignant l'importance du rôle joué par les manuscrits arabo-musulmans dans l'enrichissement de la civilisation universelle lors de la Renaissance européenne.

Il a également indiqué que le manuscrit arabe ne fut pas uniquement un registre consignant les contributions scientifiques de la civilisation arabo-musulmane, mais aussi un espace esthétique où s'est déployée la calligraphie arabe dans toute sa beauté et sa splendeur.

Menara 27 septembre2004. http://www.menara.ma


95ème anniversaire de la Bibliothèque nationale de Chine.

la Bibliothèque nationale de Chine a fêté le 9 septembre son 95ème anniversaire. Le secrétaire général de l'Union internationale des bibliothèques M. Ramachardan a participé à la cérémonie de célébration et y prononcé un discours.

La Bibliothèque nationale de Chine fut construite en 1909. Jusqu'à la fin 2003, cette bibliothèque a collectionné 24,11 millions de documents historiques, se plaçant ainsi au 5ème dans le monde. La moitié de la collection de cette biblothèque sont des documents historiques en 115 langues étrangères. Il est à noter que la plus collection de cette bibliothèque est des inscriptions sur carapaces et sur os de la dynastie des Shang, 16ème -11ème siècle avant notre ère.

China Radio International - http://fr.chinabroadcast.cn. - 09 septembre 2004


 
Le Danemark retrouve des trésors volés.

3200 livres anciens dérobés.

Il a fallu aux enquêteurs quelque 75 caisses en bois pour évacuer la collection «personnelle» qu'un responsable de la Bibliothèque royale du Danemark s'était constituée chez lui, à l'insu de son employeur. Pendant une bonne dizaine d'années, il avait dérobé quelque 3200 livres anciens, dont certains -- remontant jusqu'au XVIe siècle -- d'une grande valeur. Une affaire qui, bien que d'une tout autre ampleur, rappelle celle impliquant actuellement un conservateur en chef de la Bibliothèque nationale de France (BNF), soupçonné du vol de cinq documents anciens.

Lundi 16 août 2004 - http://www.ledevoir.com/2004/08/16/61482.html


Les oeuvres « perdues » de la République.

La vente à New York d'une Bible du XIVe siècle conservée à la Bibliothèque nationale de France vient relancer le scandale des vols dans les collections publiques. Sur les 100 000 oeuvres inventoriées par la commission Bady, chargée de recenser les oeuvres d'art appartenant à l'Etat, 12 500 d'entre elles se sont volatilisées.

En faisant part, dans un courrier adressé au président de la Bibliothèque nationale, de sa vive inquiétude à la suite de la découverte de vols commis dans le département des manuscrits, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, semble vouloir aborder le problème de face. Une réflexion est prévue à la rentrée sur la mobilité des conservateurs chargés des fonds ainsi que sur la circulation des biens culturels, associant les professionnels du marché, les responsables scientifiques et les services de police et de justice.

L'affaire a démarré en 2000, lorsque des disparitions répétées de manuscrits anciens dans les réserves de la Rue de Richelieu alertèrent la direction de l'établissement public. Depuis, les enquêteurs surveillaient discrètement ses 400 employés. La vente en 2003 chez Christie's, à New York, d'une Bible du XIVe siècle a fini par les mettre sur la piste du conservateur en chef au département des manuscrits hébraïques. Michel Garel, fils de résistant, vice-président du conseil d'administration de l'OSE (OEuvre de secours aux enfants), a avoué être l'auteur de ce vol qui lui aurait rapporté la coquette somme de 300 000 euros. Mais aussi, ce qui est pire encore, de la mutilation irréversible de nombreux manuscrits des XIIIe, XIVe et XVe siècles, détériorés afin de vendre leurs enluminures.

Ce nouveau scandale souligne l'importance du « récolement », cette vaste opération de recensement des oeuvres d'art de la France, demandée en 1995 à la Cour des comptes par Alain Juppé. «C'est le premier récolement d'une telle ampleur, déclare Jean-Pierre Bady, président de la commission chargée de le mener, et il consiste à confronter les catalogues de collection à la présence matérielle des oeuvres. Le mandat devait s'étendre sur deux ans, mais, vu l'ampleur du sujet et les complications que nous avons rencontrées sur le terrain, on ne prévoit pas son achèvement avant 2007.»

(Extrait) © lefigaro.fr 14 août 2003


La bibliothèque d'Alexandrie crée un département pour le Maroc.

La direction de la bibliothèque d'Alexandrie a décidé de créer un département dédié à la pensée, la littérature et l'art marocains. L'association marocaine des amis de la bibliothèque d'Alexandrie (AMAB) a appelé, dans un communiqué, les écrivains marocains intéressés à fournir des exemplaires de leurs publications dans ces domaines, que l'association se chargera par la suite d'envoyer à la bibliothèque égyptienne. L'AMAB se fixe pour mission de servir de trait d'union entre les penseurs et créateurs marocains et la bibliothèque d'Alexandrie. La bibliothèque a été l'initiatrice entre autres d'un forum sur la réforme dans le monde arabe, qui constitue désormais un rendez-vous régulier et un cadre de dialogue et de débat ouvert à toutes les initiatives et projets arabes.

L'Economiste - Synt de L'Economiste/Map - Vendredi 13 août 2004


 
Sauvons d'urgence le patrimoine de l'Imprimerie nationale

L'État est en train de vendre divers bâtiments et secteurs du groupe Imprimerie nationale, société anonyme dont il est le seul actionnaire, sans vraiment proposer d'autre solution pour son patrimoine, partiellement classé « monument historique », que de le mettre en caisses. Le déménagement aura lieu au cours du premier semestre 2005, vers un lieu inconnu.

Unique au monde, cette collection d'une valeur inestimable est un témoin de l'histoire de l'écrit, du seizième siècle à nos jours. Elle comprend le Cabinet des poinçons et ses milliers de caractères occidentaux et orientaux, des ateliers en activité – fonderie, presses typographiques, lithographiques et taille-douce, brochure et reliure – une bibliothèque de plus de 30 000 ouvrages et les archives de l'imprimerie d'État. Créé en 1539, en même temps que le Collège de France, ce fonds est la mémoire d'un savoir-faire et un lieu de création qui disparaîtront faute de continuité.

Cet ensemble ne doit être divisé ni dans son contenu, ni dans ses fonctions : musée et conservation, création de caractères, édition, enseignement, recherche. Il doit être détaché de tout ministère de tutelle préoccupé de rentabilité économique. Ce patrimoine doit être accueilli à Paris par une institution, dotée de moyens conséquents, capable de l'enrichir et de le développer. Mieux, il peut faire l'objet d'une fondation – à but non lucratif et contrôlé – qui deviendrait un espace de conservation, mais aussi d'ouverture et de recherche. Il convient, parallèlement et dès maintenant, de prendre des dispositions pour que le transfert des matériels et des compétences se fasse au plus vite, de façon transitoire mais sans arrêt des activités de production, de conservation, de recherche et de formation.

Il y a de précieux objets à sauver, mais aussi des hommes, des métiers, un savoir qui seront perdus pour l'humanité entière.

Nous exigeons que tout soit fait pour arrêter ce saccage. Ce sont les fondements mêmes de notre histoire et de la diffusion de la pensée dont nous refusons la destruction.

Le texte de cette pétition et l'ensemble des signatures seront envoyés au président de la République française Voir le Site : http://www.garamonpatrimoine.org/petition.html

Graphê- Association pour la promotion de l'Art Typographique - Juillet 2004


La BNF face au "défi" de conserver la mémoire d'internet.

Garder tout d'internet est impossible, en garder l'essentiel est indispensable: la Bibliothèque nationale de France (BNF), responsable de la mémoire collective, intensifie ses efforts pour cette sauvegarde, particulièrement ardue, du contenu de la Toile.

"Les générations futures ne nous pardonneraient pas ne pas avoir préservé les moyens de comprendre ce que nous sommes", a résumé mardi le Pdg de la BNF, Jean-Noël Jeanneney, en marge d'une conférence de presse sur ce dossier.

"La bibliothèque a suivi l'évolution des supports depuis les imprimés de François Ier, les cartes et les estampes, les partitions musicales, les photos ou les vidéogrammes. Aujourd'hui, le nouveau défi est celui d'internet", a-t-il fait valoir en soulignant qu'il est "important que l'opinion publique sache ce que nous faisons".

Cette conférence de presse intervient alors que le projet de loi relatif au dépôt légal devrait être discuté à l'automne au Parlement. Ce texte "étend le champ du dépôt légal aux signes, signaux, écrits, images, sons ou messages de toute nature, qui font l'objet d'une communication au public par voie électronique. L'obligation pèse sur les personnes qui éditent et produisent les sites internet". Le dépôt légal est l'obligation fixée par la loi (instituée par François Ier) pour tout document (écrit, audiovisuel, etc) connaissant une diffusion publique, d'être déposé à la BNF.

Cette conservation s'annonce "ardue", souligne la BNF: les sites internet, très nombreux, présentent un caractère éphémère et mouvant. "Garder tout est impossible, garder le plus est indispensable. Il faut donc se doter des meilleurs moyens techniques d'assurer une collecte raisonnée, tout en définissant des critères de choix", expliquent les responsables de la bibliothèque. Deux modes de capture complémentaires sont étudiés, l'un automatique par robot, le second, plus sélectif, par dépôt volontaire des éditeurs de sites.

En ne comptant que les sites produits par des personnes résidant en France, il y a 250.000 sites publics enregistrés dans le domaine national .fr, environ autant dans les domaines génériques .com, .org, .edu, .net, et autour de 4 millions de sites personnels hébergés par des fournisseurs de services.

La BNF, qui se prépare à cette tâche de conservation depuis 1999, a déjà expérimenté un archivage thématique des sites électoraux en France (présidentielle et législatives de 2002, régionales et européennes de 2004). Pour l'heure, ces "corpus" ne sont accessibles qu'à des fins d'expérimentation (intranet) mais ils devraient être ouverts prochainement aux chercheurs (quelque 20.000 en France), selon des modalités qui seront fixées par la loi.

La Toile ignorant les frontières, cette tâche ne pouvait être conduite qu'"à hauteur universelle". Ainsi, a été créé en 2003 le "Consortium international pour la préservation d'internet" (IIPC). Il regroupe la Bibliothèque du Congrès (Etats-Unis), la British Library et les bibliothèques nationales de France, Australie, Canada, Danemark, Finlande, Islande, Italie, Norvège et Suède à laquelle s'est jointe la fondation américaine Internet Archive. Cette structure doit notamment permettre d'approfondir la collaboration technique entre ses membres, établir un inventaire des collections des contenus de l'internet mais aussi sensibiliser les opinions publiques, dans chaque pays, sur ce thème.

A.F.P. Paris 22 juin 2004


Quinze mille antiquités volées au musée de Bagdad toujours introuvables.

Près de 15.000 pièces d'antiquités volées du musée national de Bagdad il y a plus d'un an n'ont toujours pas été retrouvées et des pays voisins comme la Turquie et l'Iran ne coopèrent pas, a affirmé mardi à Amman le directeur du musée.

M. Donny George a tenu ces propos en marge d'une conférence de deux jours des responsables des douanes et de la sécurité de plusieurs pays voisins de l'Irak, ainsi que des Etats-Unis et des pays européens, y compris des agents d'Interpol.

"Nous savons, nous en sommes sûrs, que des antiquités irakiennes passent par la Turquie et l'Iran, mais nous n'avons jamais rien entendu de la part de ces pays", a déclaré M. George. Il a indiqué que d'autres voisins de l'Irak comme la Jordanie, la Syrie, le Koweït et l'Arabie saoudite coopéraient avec Bagdad et avaient saisi plusieurs pièces que des trafiquants avaient réussi à faire passer dans leurs pays.

Le directeur général du département jordanien des Antiquités, Fawwaz Khraysha, a de son côté affirmé que 1.046 pièces volées d'Irak avaient été saisies et étaient actuellement entreposées en attendant que les autorités irakiennes les réclament.

M. George a affirmé que la Syrie a saisi environ 200 objets volés en Irak alors que le Koweït a réussi à en saisir 35. "L'Arabie saoudite nous a informés qu'elle détenait certains objets mais nous n'en connaissons pas le nombre", a-t-il ajouté. "Mais 15.000 pièces pillées du musée sont toujours introuvables", a-t-il souligné.

Il a précisé que parmi ces objets figurent "une statue en diorite représentant Entemena, un roi sumérien (environ 2400 av. J.C.) ainsi qu'une pièce en ivoire et or incrustée de pierres précieuses représentant une lionne attaquant un Nubien", qui remonte à 720 av. J.C. Plusieurs autres pièces ont également disparu des sites archéologiques irakiens, où, selon M. George, des "bandits continuent de piller impunément".

Un haut responsable d'Interpol, M. Karl Heinz Kind, a indiqué qu'il y aurait en Irak "environ 100.000 sites archéologiques dont 10.000 seulement sont recensés, d'où l'impossibilité de les protéger tous".

"Le problème majeur actuel est le pillage continuel des sites archéologiques et la destruction de l'histoire d'une civilisation entière", a-t-il dit lors d'un discours à l'ouverture des réunions.

AMMAN (AFP), le 01-06-2004


 
Les Capucins de Bulle et de Fribourg (Suisse)

lèguent leur bibliothèque.

148 incunables, des ouvrages datant des premiers temps de l'imprimerie, 17 manuscrits du Moyen-Age et plus de 14000 volumes anciens, c'est l'extraordinaire donation faite à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg par la Province suisse des capucins.

Ces fonds étaient jusqu'ici propriété des couvents de Bulle et de Fribourg, où leur pérennité n'étaient plus assurée.

24 mai 2004 - Télévision Suisse Romande


 

Padoue célèbre Pétrarque, le "roi des poètes"

ROME, 19 mai (AFP) - La ville de Padoue (nord) célèbre le grand poète italien Pétrarque (1304-1374) avec une exposition qui réunit pour la première fois des manuscrits autographes prêtés par plusieurs grandes bibliothèques européennes.

La pièce, considérée par les organisateurs comme le clou de la manifestation "Pétrarque et son temps", est une série de 20 feuillets rédigés de la main de celui qui avait été couronné en son siècle du titre de "roi des poètes" et conservés par la Bibliothèque apostolique vaticane.

La série comprend des poésies et des fragments de rimes, avec des ratures ou des corrections témoignant du travail de Francesco Petrarca, exilé dans sa jeunesse dans le Vaucluse (sud de la France) et passé à la postérité pour son humanisme, sa passion de l'Antiquité et ses vers exaltant l'amour.

Plusieurs autres établissements ont contribué à l'exposition: la Bibliothèque Nationale de Paris, le Victoria Albert Museum de Londres et la Marciana de Venise, qui ont prêté des manuscrits d'un grand raffinement rehaussés par des miniatures.

Des peintures et gravures agrémentent l'exposition, qui rassemble 170 oeuvres jusqu'au 31 juillet dans les salles des Musei civici agli Eremitiani de Padoue.

TV.5 - info - 20 mai 2004.


IRAK : Une bibliothèque de Nassiriyah

avec des ouvrages de valeur incendiée

Une bibliothèque de Nassiriyah, au sud de Bagdad, riche d'un fonds de près de 4.000 ouvrages dont certains de valeur, a été incendiée par des inconnus, apprend-on lundi de source locale.

"Des inconnus ont mis le feu à la bibliothèque du musée de Nassiriyah, ce qui a entraîné la perte de l'ensemble des 3.900 ouvrages qu'elle contient, dont certains ont une valeur historique", a déclaré à l'AFP le directeur des antiquités de la province de Zi-Qar, dont Nassiriyah est le chef-lieu.

De violents affrontements opposent les miliciens du chef radical chiite Moqtada Sadr aux carabiniers italiens dans la ville, située à 375 km au sud de Bagdad.

Depuis le début de la guerre américano-britannique lancée en mars 2003, de nombreux trésors archéologiques et des bibliothèques ont été pillés ou endommagés, dont le musée de Bagdad qui avait une collection unique de pièces de l'ancienne Mésopotamie

AFP - 17 /05/04


Egypte : Découverte du site de l'antique

bibliothèque d'Alexandrie

Le site de l'antique bibliothèque d'Alexandrie, disparue il y a près de 16 siècles, a été mis au jour par une équipe d'archéologues égypto-polonaise, a annoncé samedi le ministère égyptien du Tourisme.

L'équipe d'archéologues a mis au jour 13 salles de conférence, qui auraient pu recevoir 5.000 étudiants, a déclaré le secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités (CSA) Zahi Hawwas, cité par le communiqué officiel. Ces salles, qui sont de mêmes dimensions mais aménagées différemment, se trouvent à proximité d'un théâtre découvert précédemment et qui aurait pu appartenir à la bibliothèque, souligne le communiqué. Les auditorium, en forme de "U", sont terminés par un siège surélevé, qui pourrait être celui utilisé par les conférenciers. Archimède et Euclide ont travaillé dans cette bibliothèque antique, qui aurait été brûlée lors de l'insurrection contre César en 48 av JC, sous Cléopâtre VIII (51-30). Antoine et Cléopâtre l'auraient transportée au Serapeum, mais ce dernier fut aussi incendié en 390 par des chrétiens et, selon certains historiens, également lors de la conquête arabe en 642 de notre ère. Une nouvelle Bibliothèque d'Alexandrie a été inaugurée en 2002 par les présidents égyptien Hosni Moubarak et français Jacques Chirac, non loin de l'emplacement de la bibliothèque antique.

LE CAIRE (AFP) Samedi 15 mai 2004.


BIBLIOPHILIE Marché du livre ancien chaque week-end

dans le parc Georges-Brassens ( Paris - XVe)

Les bouquins ont rendez-vous avec vous.

Paris s'éveille et s'étire, comme dans la chanson. Les vrais lecteurs et les bibliophiles n'ouvrent jamais l'œil assez tôt. Avant sept heures du matin, au parc Georges-Brassens, des hommes et des femmes déchargent des cartons de bouquins et garnissent leurs étals. Dans quelques minutes, comme chaque fin de semaine, le marché du livre ancien et d'occasion ouvrira ses portes, ce qui est une façon de dire puisqu'il se trouve en plein air, à proximité du métro Porte-de-Vanves.

Simples flâneurs ou mordus de la chose, jeunes ou vieux, néophytes ou avertis, ils se retrouvent, depuis bientôt dix-huit ans, dans cet ancien abattoir à chevaux qui devient pour quelques heures leur refuge, un but de promenade en tout cas. Pour beaucoup, un rendez-vous avec les êtres imaginaires des romans et les gloires de l'imprimé que l'on a oubliés. Les éventaires créent l'illusion d'une bibliothèque de Babel qui serait en vrac. Hugo von Hofmannsthal côtoie Saint-Exupéry ou Hemingway. Le Pléiade de Kant, voisine avec le Larousse de la cuisine et des vins de France ou le Khamasoutra, il y en a pour tous les prix et pour tous les goûts, serait-ce les plus baroques.

Dans les allées, des promeneurs palpent les ouvrages en haut des piles, en tournent avec curiosité les pages qui vont, qui sait, changer bientôt leur vie, ou, du moins orienter, leur curiosité intellectuelle vers de nouvelles voies. Ils palpent les reliures défraîchies, déchiffrent les années de parution, d'un air songeur ou intéressé... Parfois, ils marchandent un prix. Un Gallimard en bon état se négocie à 5 ou 6 euros; pour un livre de poche comptez-en 2. Si certains sont à la recherche d'une bonne affaire, d'autres s'enquièrent de pièces de collection.

Car le marché du parc Georges-Brassens accueille libraires et bouquinistes de Paris, voire du monde entier. Ils ne tombent pas toujours sur la pierre philosophale, une précieuse trouvaille exigeant bien des visites dans ce lieu. Ils reprennent alors leur déambulation le nez au vent. Au bout du compte, ils s'en retourneront quand même les bras chargés de leurs acquisitions. Elles seront bientôt dans leurs vitrines, ou entre les mains d'un riche collectionneur. Mais, parfois, ils ne se montrent que pour parler boutique: venant de Paris ou de province, ils se rencontrent pour échanger leur marchandise, et s'en aller lestés de livres mieux adaptés au goût de leur propre clientèle. Chacun la sienne.

Pendant ce temps, des promeneurs traînent sans but, en apparence du moins. L'un d'eux n'a-t-il pas trouvé, l'an dernier, un billet de 500 francs, en tournant les pages d'un ouvrage qui ne disait rien à personne? Le marque-page, à l'effigie de Montesquieu, avait été glissé dans le livre, dont la valeur marchande décupla tout à coup.

Si le marché a ses trésors cachés, il a également ses légendes. L'une d'elles raconte qu'un client qui avait acheté 1 euro un traité sur l'électricité, tomba sur une photo de Malleret. Le livre fut revendu 10 euros cinq minutes plus tard, et finit sa course, le surlendemain, à 1 500 euros, dans une salle de marché. A défaut de dénicher une pièce de collection, il est parfois possible de faire une rencontre insolite au détour d'une allée.

Car le marché a ses habitués. Hommes politiques et hommes de lettres, éditeurs aussi, se mêlent à la foule et participent à cette fièvre bibliophile. Il n'est pas rare de surprendre Alain Madelin, toujours en quête d'un roman ou d'un livre ayant trait à l'histoire sociale. Y puisera-t-il quelque métaphore pour sa prochaine intervention télévisée? Lionel Jospin, lui, n'apparaît qu'en période électorale, moment sans doute propice à la lecture et à la réflexion...

Écrivains et éditeurs passent, il arrive qu'on les reconnaisse – c'est bien le moins qu'ils soient là. Un tel, qui est romancier, a même droit à sa légende. « Je n'arrivais pas à le vendre, raconte Philippe qui débarque chaque semaine de Normandie pour vendre ses bouquins. Voyant que l'un de ses romans traînait sur ma table depuis trois semaines, il s'en est emparé et l'a dédicacé à Stéphanie de Monaco. Quelques minutes plus tard, hop! c'était vendu. »

Un peu plus et les bouquinistes se prendraient presque à rêver d'un parc Georges-Brassens qui tournerait à l'institution, ce qui se produira sans doute un jour, à ce rythme. La librairie Le Divan, qui fut à l'angle de la rue de l'Abbaye et de la rue Bonaparte n'est, en effet, aujourd'hui qu'à quelques encablures du parc qui, outre son marché aux livres, a vu l'ouverture de la Maison de la bibliophilie, rue Santos-Dumont. Elle accueille expositions et ateliers dédiés au livre ancien.

Le quartier pourra également bientôt compter sur une médiathèque, elle est en cours de construction rue d'Alleret. « Le Quartier latin n'attire plus que pour ses magasins de mode, s'enthousiasme l'un des habitués des lieux, moi, je viens ici pour les livres. » S'il n'y a peut-être plus d'après pour Saint-Germain-des-Prés, devenu l'asile des boutiques de luxe, il y en aura des lendemains qui lisent au «Georges-Brassens» qui, d'ores et déjà, mérite hors commerce.

Figaro Littéraire - PAR FABRICE AMEDEO 15 avril 2004


Voyages en Italie avec Gallica.

Bibliothèque numérique de la BnF.

Inaugurés avec Gallica Classique (mars 1999) et Gallica Proust (novembre 1999), les dossiers de Gallica constituent autant d’itinéraires de découvertes dans la Bibliothèque numérique de la BnF.

Pèlerinage incontournable pour tout amateur d’art, voyage initiatique à valeur pédagogique, exploration archéologique ou scientifique, rémanence littéraire quasi permanente, le voyage en Italie, constitue une référence absolue dans l’imaginaire culturel européen.

Les témoignages de voyageurs français et un riche corpus illustré vont offrir à l’amateur comme au passionné de multiples Voyages en Italie. http://gallica.bnf.fr/VoyagesEnItalie/


 

Vatican-bibliothèque. Une " découverte exceptionnelle ".

 

CITE DU VATICAN, 5 déc (AFP) - "Découverte exceptionnelle" à la Bibliothèque du Vatican

Une "découverte exceptionnelle" a été faite dans la Bibliothèque du Vatican où ont été retrouvés deux cents vers inédits du poète grec Ménandre, a annoncé vendredi par l'Osservatore Romano.

Les vers ont été découverts par un jeune spécialiste italien de manuscrits grecs, Francesco D'Aiuto, et représentent un véritable petit trésor pour les historiens de la littérature ancienne, selon le quotidien du Vatican.

Il s'agit de quelques fragments d'une oeuvre du poète comique Ménandre, contemporain d'Epicure, qui a vécu à Athènes au 3ème siècle avant Jésus Christ.

"Le texte n'a pas été trouvé au cours d'une campagne de fouilles dans les déserts égyptiens", où la plus grande partie des textes de Ménandre a été retrouvée au cours des cent dernières années, "mais dans les salles austères de la Bibliothèque des papes", précise l'Osservatore Romano.

Le spécialiste italien a découvert les vers de Ménandre, effacés mais encore lisibles, sur un parchemin "palimpseste", c'est-à-dire recyclé par un moine syrien-palestinien du 9ème siècle qui avait recopié dessus des homélies chrétiennes.

Il n'a pas encore été possible de déchiffrer le texte tout entier et d'établir s'il s'agit d'une comédie de Ménandre non encore connue. Mais les personnages - une jeune femme, un nouveau-né " fruit probable d'une violence " et une vieille femme - sont typiques des comédies du poète.

La Bibliothèque du Vatican, l'une des plus prestigieuses et anciennes institutions culturelles du monde, a été fondée par le pape Niccolo V il y a six siècles. http://www.vaticanlibrary.vatlib.it/ ( Sachez qu'elle renferme plus de 1 600 000 livres, 8300 incunables, 150 000 manuscrits, 300 000 pièces de monnaie ainsi que des médailles et plus de 100 000 imprimés et estampes).

Sur 15.000 mètres carrés de couloirs, elle abrite quelques 150.000 manuscrits et codes enluminés, dont des textes de Martin Luther, de Léonard de Vinci, d'Erasme, de Catherine de Médicis, de Mozart, de Voltaire et de Napoléon.

La Croix - 05-12-2003 http://www.la-croix.com/afp/index.jsp?docId=1064700&rubId=1295


Heureux qui comme Ulysse... Capitaine

Au coeur de la bibliothèque des Chiroux, la salle Ulysse Capitaine contient toute la mémoire de Liège (Belgique). Une trentaine de fonds rares et précieux alimentent les collections. Plus de 500000 documents concernent la vie quotidienne.

Une grande pièce très claire, des rayonnages aux livres sagement rangés, de longues tables sur laquelle de grands lutrins soutiennent des livres ouverts, des chaises, quelques vitrines. Rien de luxueux, tout est fonctionnel. Ici, l'important n'est pas le contenant. Aujourd'hui, une pluie attendue depuis longtemps fouette violemment les vitres, ce qui ajoute encore à l'impression feutrée du lieu. On a envie de s'asseoir à une table et de puiser à bras que veux-tu dans les livres dont certains possèdent des reliures qui font rêver. Plusieurs personnes sont penchées sur leur butin littéraire qu'elles étudient minutieusement en prenant des notes.

Nous sommes dans le Département Patrimoine de la Bibliothèque des Chiroux à Liège, dans la salle Ulysse Capitaine. Le nom est celui d'un industriel liégeois du XIXe siècle. Grand collectionneur et bibliophile, il avait, à sa mort en 1871, légué sa superbe bibliothèque à la ville de Liège. Ce legs contient des livres, documents, journaux, parchemins, (plus de 10000 documents) liégeois du XIIIe siècle au XIXe siècle. C'est le fonds le plus important de tous ceux que possède le département. D'où le nom donné à la salle.

«Gazette de Liége» du XVIIIe

M.Jean-Pierre Rouge, bibliothécaire-directeur des Chiroux précise: «L'ensemble des collections patrimoniales contribue à former l'image identitaire de Liège, aussi bien dans son histoire que dans son présent. Nous ne conservons pas uniquement les livres et documents du passé. Il y a dans tout fonds patrimonial une notion d'héritage, de pérennité et de valeur.» On notera d'ailleurs que les collections le plus souvent consultées sont celles des journaux. Elles continuent à être quotidiennement alimentées. On peut par exemple consulter non seulement toutes les «Gazette» depuis 1840, date de la création de l'actuel journal, mais aussi des «Gazette de Liége» qui remontent au XVIIIe siècle. Compte tenu de la transformation du vieux journal liégeois dans les pages de «La Libre Belgique», on ne conserve aujourd'hui le quotidien national, dans les collections patrimoniales liégeoises qu'en tant que continuité de la «Gazette de Liége».

«Actuellement, dit Jean-Pierre Rouge, les collections du département patrimoine comportent plus de 500000 documents (dont 150000 sont répertoriés et catalogués), soit un ensemble documentaire unique dans notre région. Pour assurer la continuation de notre «fonds patrimonial», la Ville consacre annuellement une somme de +/- 50000 euros pour des achats (souvent en vente publique) et 7000 euros pour la conservation (restauration, reliure, scannage).»

Un site idéal

Depuis 1859, des documents sont réunis dans la bibliothèque communale qui a connu divers lieux avant la construction des Chiroux en 1970. Aujourd'hui, l'emplacement des Chiroux, pratiquement entre le séminaire et l'université, est bien pratique pour les chercheurs. «Nous nous sentons bien chez nous, déclare M.Robert Gérard, chef de Bureau bibliothécaire, responsable de la Salle Ulysse Capitaine. Nous disposons de suffisamment d'espace. Nos collections y sont à l'aise. Ce qui nous manque, c'est du personnel. Quatre bibliothécaires, une historienne et une historienne de l'art pour gérer une telle masse de documents, c'est trop peu. D'autant qu'il faut aussi avoir l'oeil sur toutes les ventes, publiques ou privées, et déterminer ce qui est intéressant et ce qui ne l'est pas.»

La salle de consultation paraît, elle aussi, bien adaptée.

«La salle s'adresse surtout aux étudiants et aux chercheurs en histoire locale et régionale mais elle est accessible à toute personne titulaire d'une carte de la bibliothèque pour adulte ou d'une carte de consultant que l'on peut obtenir en nos bureaux.»

Le 1er livre imprimé à Liège

Près de trente «Fonds» sont conservés dans les collections patrimoniales. Outre celui d'Ulysse Capitaine, on trouve aussi le «Fonds Dejardin», plus de 5000 cartes et plans, legs d'un militaire liégeois du XIXe siècle; le «Fonds Marcel Thiry», sa bibliothèque (plus de 3000 livres) et toutes ses archives (plus de 5000 documents). Les autres collections viennent de musiciens, d'écrivains, de journalistes, de professeurs. Il y a aussi la bibliothèque des dialectes de Wallonie et le centre de documentation de l'architecture.

Robert Gérard ne résiste pas au plaisir de me montrer quelques pièces rares de son domaine. Je peux ainsi découvrir une lettre écrite et signée de Sébastien Laruelle, le bourgmestre assassiné en 1637 et une autre de... son assassin, le comte de Warfusée. Un manuscrit de Grétry et, surtout, le premier livre ayant été imprimé à Liège en 1569, un bréviaire à l'intention de la collégiale Saint-Paul.

Expo et informatisation

La Salle Ulysse Capitaine accueille aussi, depuis peu, des livres d'art contemporain réalisés conjointement par un écrivain et un peintre. Le critère étant que l'un des deux soit liégeois.

«Nous nous attachons, dit le directeur, Jean-Pierre Rouge, à mettre ces fonds de mieux en mieux en valeur pour les faire connaître du grand public. Un espace a été aménagé pour organiser des expositions temporaires qui permettent, pour un temps limité, de montrer des documents extraits des différents fonds.»

En ce moment, une exposition Simenon permet de voir d'intéressants documents et notamment le manuscrit de son premier roman «Au pont des Arches» ou encore un livre d'inscription de prêts de livres où se suivent les signatures de Georges Simenon et Régine Renchon.

Le grand projet du Département Patrimoine de la bibliothèque des Chiroux est d'informatiser les collections. «Jusqu'à présent, dit Jean-Pierre Rouge, 40000 documents sont répertoriés dans la base de donnée qui peut être consultée ici ou sur Internet.»

Avec 500000 documents en réserve, on a de quoi s'occuper à la Salle Ulysse Capitaine.

© La Libre Belgique 2003 - par LILY PORTUGAELS

 

Deux manuscrits inédits en vente évoquent sa naissance et ses relations avec Verlaine.

Arthur Rimbaud, le chaînon manquant.

«Depuis un an, j'habite Londres avec le sieur Verlaine. Nous faisions des correspondances pour les journaux et donnions des leçons de français. Sa société était devenue impossible, et j'avais manifesté le désir de retourner à Paris. Il y a quatre jours, il m'a quitté pour venir à Bruxelles et m'a envoyé un télégramme pour venir le rejoindre. Je suis arrivé depuis deux jours (...) Ce matin, il est allé acheter un revolver au passage des Galeries Saint-Hubert (...) Rentrés au logement vers deux heures, il a fermé la porte à clef, s'est assis devant ; puis, armant son revolver, il en a tiré deux coups en disant : «Tiens ! Je t'apprendrai à vouloir partir !» Ainsi parla Rimbaud au commissaire de police, le 10 juillet 1873, donnant une première version, froide, du «drame de Bruxelles» qui fit condamner Verlaine à deux ans de prison (1).

«Dans un palais, soie et or, dans Ecbatane,/De beaux démons, des Satans adolescents/Au son d'une musique mahométane/Font litière aux sept péchés de leurs cinq sens/(...) Or le plus beau d'entre tous ces mauvais anges/Avait seize ans sous sa couronne de fleurs. Croisant ses bras sur ses colliers et ses franges/Il songeait, l'oeil plein de flammes et de pleurs...» lui répondit Verlaine l'impressionniste dans Crimen Amoris, l'un des cinq «poèmes diaboliques» écrits en prison à Bruxelles (manuscrit autographe de la première des deux versions de ce long poème de quatre-vingts vers de Jadis et naguère, estimé 5 000/6 000 €). Cet adieu du poète «malheureux et désespéré» par son «moment de folie» inspirera Picasso pour son mystérieux Garçon à la pipe, désormais le tableau le plus cher du monde mai).

Il fait partie d'un fonds Verlaine, provenant de son infortunée épouse Mathilde Mauté (une dizaine de lots), qui fait battre le sang aux tempes des érudits, notamment des rimbaldiens qui savent y lire mille traces (2). André Vial eut accès, dans les années 60, à ce fonds de très directe provenance et en avait tiré un ouvrage, Verlaine et les siens (Nizet, 1975). Il y étudia la liste des vingt poèmes de Rimbaud, probablement établie par Verlaine pour une édition des poésies de son compagnon qui n'a jamais pu paraître, indiquant pour chacun le nombre de vers prévus : «Les chercheuses de pous... 20/L'homme juste... 75/Les voyelles... 14/Oraison du soir... 14» (grand feuillet autographe estimé 10 000/ 12 000 €).

L'érudit ne vit pas le manuscrit du poème de Rimbaud, Mémoire, qui fait la couverture du catalogue Tajan et qui passionne les chercheurs par les hypothèses littéraires qu'il soulève (D'Edgar Poe, famille maudite, un titre lu comme une filiation littéraire jusque-là pressentie, quarante vers d'une belle écriture descendante, estimé 80 000/100 000 €). «Que font dans les archives de la famille de Verlaine, durement meurtrie par le scandale de Bruxelles, toutes ces traces rimbaldiennes, notamment son plus beau poème ?», s'interroge André Guyaux, professeur de littérature française du XIXe siècle à la Sorbonne-Paris-IV et éditeur de la future Pléiade sur Rimbaud.

«Traditionnellement, on date ce poème de 1872, soit parmi «les derniers vers» du futur prosateur d'Une saison en enfer en 1873 (3) et des Illuminations en 1874 (4). Sa forme connue fait disparaître les majuscules en début de vers, permettant à ses alexandrins et ses quatrains, notamment par la technique de l'enjambement, de mimer la prose. Cette version inédite, retrouvée dans les papiers de Verlaine, conserve la majuscule de début de vers. Ne contribue-t-elle pas à modifier la date de ce poème et à pousser vers l'hypothèse de 1873», explique l'exégète.

Second indice ? La transcription, de la main de Rimbaud, d'un autre des cinq «poèmes diaboliques» sans doute écrits en prison par Verlaine en 1873, qui pourrait éclairer les relations entre les deux hommes et la collaboration littéraire entre les deux poètes. Ce Dom Juan pipé, manuscrit allographe d'un poème de Jadis et naguère, long de 140 vers, riche de nombreuses variantes avec le texte imprimé en 1884, est l'une des trois transcriptions connues d'un poème de Verlaine par Rimbaud (quatre pages réattribuées in extremis à Rimbaud et donc réévaluées par l'expert Alain Nicolas autour de 50 000/60 000 €). Une première se trouve à la Bibliothèque Doucet. La seconde fut vendue lors de la prestigieuse dispersion du marquis Dubourg de Bozas, héritier de Gustave Chaix d'Est-Ange, l'avocat de Baudelaire qui défendit Les Fleurs du mal contre les censeurs.

«Pourquoi Rimbaud a-t-il retranscrit les poèmes de Verlaine ? Et surtout quand ? On peut penser que ce poème-ci, comme d'autres attribués à un Verlaine incroyablement prolifique en prison, date de l'hiver 1873», souligne André Guyaux. Verlaine lut en cellule un exemplaire d'Une saison en enfer. Certains évoquent une visite de Rimbaud, sans aucune certitude.

D'autres une correspondance disparue témoignant de cette époque au silence symbolique. Chaque nouvelle trace approche le mystère des poètes, et l'épaissit encore.

(1) Volume édité par Antoine Adam pour La Pléiade, Gallimard, 1972.

(2) Vente par Tajan SVV et leur expert Alain Nicolas, le libraire des Neuf Muses, le 25 mai à Drouot.

(3) La BNF préempta à 2,9 MF, à la vente Guérin chez Me Tajan le 17 novembre 1998, le seul brouillon connu d'Une saison en enfer.

(4) L'expert Mme Vidal-Mégret vendit autour de 11,5 MF le manuscrit des Illuminations dans les années 50 (préempté par la BN). Depuis, la BNF a préempté à 3,3 MF la Lettre du voyant en mars 1998 à la vente Jean Hugues (Me Renaud).

Le Figaro - Valérie Duponchelle - 21 mai 2004


Une édition rare de «Hamlet» ne trouve pas preneur à une vente aux enchères.

NEW YORK (AP) -- Etre ou ne pas être... acheteur ? Voilà la question posée lors d'une vente aux enchères de la maison Christie's, mercredi, lorsqu'une rare édition du «Hamlet» de William Shakespeare, évaluée largement au-dessus du million de dollar, n'a pas trouvé preneur. L'enchère la plus élevée n'a pas atteint le prix de base voulu par le vendeur.

Le livre, âgé de presque 400 ans, est l'une des 19 copies de la version de 1611 dont l'existence est connue, et il s'agit de la seule copie aux mains de particuliers.

Le livre appartenait à Mary Hyde, vicomtesse d'Eccles, une collectionneuse de livres du New Jersey, réputée pour son impressionnante collection d'oeuvres du critique Samuel Johnson, qui sont aujourd'hui à la librairie Houghton de l'université de Harvard.

Lady Eccles, qui a été une des premières femmes admise au «Club des bibliophile Grolier» à New York, est décédée en août, à l'âge de 91 ans. Sa collection de Samuel Johnson et plusieurs autres oeuvres ont été remises à des institutions, dont Harvard, et le reste de ses livres ont été mis aux enchères mercredi.

Christie's avait estimé la valeur de l'édition de «Hamlet» entre 1,5 et 2 millions de dollars (1,25 à 1,67 millions d'euros). Les enchères ont commencé à 900.000 dollars (752.823 euros) et ne sont pas montées plus haut que 1,2 millions de dollars (1 million d'euros), ce qui était sous le prix minimum, resté confidentiel. AP

AP 15.04.04


Le musée de l’imprimerie s’enrichit d’une collection de marques d’imprimeurs du XVe au XIXe

Le Musée de l’imprimerie (Lyon) vient d’acquérir un exceptionnel ensemble de marques d’imprimeurs du XVe au XIXe siècle auprès de la librairie Paul Jammes.

Ces 1600 marques d’imprimeurs provenant de diverses sources dont l’ancienne librairie parisienne Eggiman et surtout de la collection de l’imprimeur et éditeur Ambroise Firmin-Didot (1790-1876, sans doute le plus grand bibliophile de son siècle) ont rejoint les 735 marques déjà conservées au Musée de l’imprimerie,

qui peut désormais s’enorgueillir d’un fonds d’une importance internationale dans le domaine de l’emblème typographique. Comme le dit André Jammes, « il s’agit là d’une anthologie de l’illustration du livre dans une de ses formes les plus brillantes et qui constitue le plus important répertoire emblématique que l’on puisse consulter parallèlement aux éditons d’Alciat et de ses disciples ».

Les 1600 marques d’imprimeurs acquises à la librairie Jammes sont toutes montées individuellement sur carton, et sans doute pourrait-on s’étonner, ou se scandaliser, de les trouver ainsi séparées de leur livre d’origine. Mais en réalité, c’est le respect du bibliophile qui est en oeuvre, non la main de l’iconoclaste.

L’origine de cette collection se trouve en effet dans les grands événements historiques et politiques qui ont changé le cours des bibliothèques : la Révolution et la séparation de l’Église et de l’État (1901-1905).

Avec la mise sous séquestre des biens des émigrés et des communautés religieuses, des millions de livres ont achevé leur existence, en très mauvais état, sur les étals des bouquinistes ; ces derniers en ont découpé les parties les plus intéressantes : images, pages de titre, marques d’imprimeurs. Les collectionneurs et bibliophiles ont sauvé ces éléments en constituant des albums, notamment Ambroise Firmin-Didot qui les a utilisés pour son Essai sur la gravure sur bois. L’ensemble acquis par le Musée de l’imprimerie est donc bien, comme le souligne André Jammes, « une collection de sauvetage », qui fut, dans les années cinquante, réunie et classée par sa fille Isabelle Jammes. « Parmi ces ouvrages, se souvient le libraire parisien, se trouvait même une rare édition des Commentaires sur les Évangiles de Lefèvre d’Étaples, mangée par les vers ».

C’est donc une exceptionnelle collection, tant sur le plan bibliophilique qu’iconographique et typographique qui vient de rejoindre le patrimoine lyonnais. Dévoilé au public pour la première fois le 28 janvier prochain à l’occasion de l’intervention d’André Jammes et de la conférence de Jean-Marc Chatelain, cet ensemble à la gloire de l’imprimerie européenne pourrait faire l’objet d’un répertoire numérisé à l’attention des chercheurs.

du 09-02-2004 - http://www.graphiline.com/article5066.html


12 février 2004 : communiqué de l’Académie française.

Il est à craindre qu’à la rentrée de 2004, l’enseignement du grec et du latin disparaisse de la quasi-totalité des lycées et bientôt des collèges de France.

L’Académie française exprime sa vive désapprobation d’une telle perspective, ouverte semble-t-il pour des raisons d’économie. Cette perspective risque en effet de priver les élèves d’un enseignement qui reste essentiel car il facilite la maîtrise de la langue française, et, loin de contrarier l’enseignement des langues vivantes, permet au contraire de mieux appréhender l’identité européenne et les cultures étrangères et favorise l’ouverture aux disciplines scientifiques.

L’Académie française s’associe à la pétition de nombreux organismes et associations qui ont déjà pris position en faveur du maintien de l’enseignement du grec et du latin en France.

http://www.academie-francaise.fr/actualites/index.html

http://www.sauv.net/latingrec2004.php


Deux précieux manuscrits de Paul Verlaine entrent dans les collections publiques grâce au Fonds du patrimoine.

13 février 2004

Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture et de la Communication, annonce que deux importants manuscrits autographes signés de Paul Verlaine (1844-1896) ont été préemptés par l'Etat en vente publique le mercredi 11 janvier, et acquis grâce à des contributions importantes du Fonds du Patrimoine.

Le premier manuscrit, Sagesse, comprend 43 poèmes rédigés par Verlaine en 1873 dans sa cellule de Mons où il fut incarcéré après avoir tiré au revolver sur Rimbaud. Il comporte de nombreuses ratures et corrections, ainsi que des variantes par rapport au texte définitif de Sagesse, et donne la toute première version de ce recueil publié en 1881 et considéré comme un des chefs-d'oeuvre du poète et un des sommets de la poésie religieuse. Il a été préempté pour la Bibliothèque nationale de France au prix de 350.000 euros hors frais et son acquisition est financée avec le soutien Fonds du patrimoine.

La Bibliothèque municipale de Metz, ville natale de Verlaine, s'enrichira quant à elle du précieux manuscrit des Confessions (1894-1895), qui relate notamment l'enfance messine du poète. Ce manuscrit comporte également un grand nombre de corrections, de repentirs, d'additions marginales et interlinéaires, et est enrichi de six dessins : un autoportrait de l'auteur à l'âge de huit ans et cinq dessins de Frédéric Auguste Cazals, poète et chansonnier, représentant Verlaine et Victor Hugo. Il a été préempté au prix de 290.000 euros hors frais et son acquisition est financée à 50% sur le Fonds du patrimoine.

13-02-2004 - http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/


Une bibliothèque sur Thang Long - Hanoi est prévue.

Le service de la Culture et de l'Information de Hanoi devrait prochainement créer une bibliothèque sur Thang Long-Hanoi. Autrement dit, il s'agit de disposer d'une collection sur le patrimoine culturel de la capitale, au cours de son histoire de mille ans.

Les documents sur Hanoi millénaire constituent un trésor culturel inestimable. Mais ceux qui collectent et rédigent ont encore du pain sur la planche. La plus grande difficulté consiste à trouver les documents, disséminés un peu partout dans le pays et à l'étranger, propriétés d'organismes et de particuliers.

Les démarches nécessaires

En 1998-1999, la Bibliothèque de Hanoi a proposé un thème de recherche sur les mesures prises, en vue de collecter des monographies sur Hanoi. En 2002, un plan sur la création d'une bibliothèque de ce genre a été dressé. Ont ensuite été programmées des enquêtes sur la recherche des documents à Hanoi, dans les provinces du delta du fleuve Rouge, à Huê, à Hô Chi Minh-Ville.

Un immeuble de 11 étages a été mis en chantier fin 2003 toujours à l'initiative de la Bibliothèque de Hanoi. Un étage d'environ 500 m² de ce bâtiment permettrait d'archiver les documents sur Thang Long-Hanoi. La construction de la bibliothèque s'achèverait avant 2010, année de la célébration du millénaire de la capitale. À ce jour, ont déjà été collectés environ 10.000 titres. Un chiffre encore modeste par rapport aux estimations des chercheurs, qui tablent sur près d'un million.

Une page web devrait voir le jour. Ainsi, une e-bibliothèque serait accessible au public, à l'horizon 2004-2005. En effet, dans un futur proche, il est tout à fait réalisable de disposer d'une collection complète sur Thang Long-Hanoi millénaire, ce qui contribuerait à valoriser et à conserver le trésor culturel si précieux de la capitale.

Thuc Hiên/CVN - 04 février 2004. Le Courrier du Vietnam.


Bibliothèque nationale d’Algérie.

Ouverture de trois annexes par Farouk B.

La ministre de la Communication et de la Culture, Mme Khalida Toumi, a annoncé, lors des assises nationales, que dans quelques jours, il y aura l’inauguration d’une annexe à Frenda, wilaya de Tiaret, d’un centre national des manuscrits à Adrar et d’une annexe à Béjaia.

Mme Toumi a cité aussi l’ouverture du premier centre algérien des études khaldouniennes à Tiaret, un autre sur les études andalouses à Tlemcen. Pour les professionnels en bibliothéconomie et les universitaires, il s’agit d’une décision capitale et même historique.

L’œuvre du grand penseur Ibn Khaldoun a été presque oubliée et abandonnée. Sa mémoire a été rarement honorée aussi bien par les institutions publiques que par le mouvement associatif. Pour la première annexe d’Adrar, il sera question de la préservation et de la mise en valeur du fonds manuscrit hérité depuis des siècles des anciennes confréries.

Ce patrimoine, s’il vient à être récupéré, sera d’une grande utilité aux chercheurs et aux universitaires. Il révèlera entre autres les tendances et les caractéristiques de la pensée d’antan. Le choix de la wilaya d’Adrar n’est pas fortuit.

C’est une région qui compte un nombre important de manuscrits. La deuxième annexe qui sera ouverte à Frenda reprendra le fonds d’ouvrages et de manuscrits du penseur orientaliste Jacques Berque, qu’il a lui-même légué à la bibliothèque municipale de Frenda.

La troisième annexe sera ouverte à Béjaia, ville réputée pour son rayonnement culturel et intellectuel. L’intérêt témoigné au domaine de la bibliothèque par les institutions publiques sera d’un grand apport, selon le directeur de la Bibliothèque nationale qui, à maintes reprises, a plaidé pour le renforcement des activités culturelles et d’animation, une des options de développement de la société algérienne.

F. B.le jeune indépendant - 31/12/2003


LES BIBLIOTHEQUES DU DESERT

Recherche est études sur un millénaire d'écrits. Par Attilio GAUDIO ( tragiquement disparu le 12 juillet 2002).

Sous la dénomination de "Bibliothèque du Désert" on a classifié des milliers de manuscrits qui appartiennent à une période allant de l'an 1000 au début de l'ére coloniale.

Ecrits principalement en arabe, ces documents sont l'oeuvre de lettrés, juristes, poètes, philosophes, caravaniers, savants appartenant aux groupes ethniques de traditions nomades ou bien aux populations sédentarisées de ces cités historiques du Sahara et du Sahel telles Smara, Chinguetti, Ouadane, Tichitt, Oualata, Tombouctou.

L'intérêt pour la sauvegarde et la mise en valeur de ces anciens manuscrits est une constante pour le CIRSS, le Centre Internationnal de Recherche Sahariennes et Sahéliennes créé en 1979, dans le cadre des activités de l'Institut International d'Anthropologie (Paris).Nombreux colloques organisés par le CIRSS ont permis aux historiens et aux chercheurs africains de présenter leurs études conduites sur ces précieux témoignages écrits du passé.

Une première mise à jour globale de ces recherches est proposée dans ce volume consacré aux "Bibliothèques du Désert", patrimoine universel de l'humanité.

"LES BIBLIOTHEQUES DU DESERT, recherches et études sur un millénaire d'écrits. Contributions réunies et présentées par Attilio Gaudio." Chez L'Harmattan, octobre 2003, in-8°, 410.pp." ( ISBN 2-7475-1800-0 ) e-mail harmattanI@worldnet.fr

 

(1) Attilio Gaudio, décédé à l'âge de 72 ans, dans un tragique accident de la route survenu aux environs de Brescia au nord de l'Italie. Ethnologue de renommée mondiale, docteur d'Etat ès lettres et sciences humaines. Membre de plusieurs institutions scientifiques et littéraires françaises et italiennes. Il s'était intéressé, très tôt, au Maroc où il était un personnage familier depuis 1947, il fut un avocat inlassable de la marocanité du Sahara. Rares sont les Occidentaux qui connaissent, autant que lui, l'histoire, la généalogie et les aspirations des tribus de tout le Sahara atlantique qu'il avait, à maintes reprises, parcouru.

 


Les catalogues de l'Institut du monde arabe accessibles en ligne.

PARIS, 8 juil (AFP) - Les catalogues de la bibliothèque de l'Institut du monde arabe, plus importante ressource documentaire sur le monde arabe en Europe, sont désormais accessibles en ligne, a indiqué mardi l'IMA, parlant "d'atout unique pour les chercheurs".

Depuis le site de l'Institut du monde arabe (www.imarabe.org), dans le menu Bibliothèque, les internautes peuvent accéder à trois bases de données : fonds des livres, fonds des périodiques et base des événements culturels de l'IMA.

La recherche en ligne permet de découvrir, par auteur, par thème, par titre, les différentes ressources de la bibliothèque. Chercheurs, étudiants ou passionnés du monde arabe pourront donc organiser leurs recherches avant de visiter l'Institut du monde arabe.


Bibliothèques. Ces livres qu'on détruit.

Entretien - D'Akhenaton à Pol Pot, de César à Hitler, tous les règnes des dictateurs sont jalonnés de destructions de bibliothèques. Lucien X. Polastron publie un essai édifiant sur le sujet : « Livres en feu » (Denoël). Il a répondu aux questions de François-Guillaume Lorrain.

François-Guillaume Lorrain

LE POINT : Il semble que, dans l'histoire de l'humanité, l'avènement des bibliothèques s'accompagne aussitôt de leur destruction.

LUCIEN X. POLASTRON : En effet. Cela commence dès l'Egypte, au XIVe siècle avant notre ère. Akhenaton, une fois devenu pharaon, fait détruire à Thèbes les textes qui lui sont antérieurs. C'est bien sûr une affaire politique : pour mieux assurer le passage au monothéisme, il élimine tout ce qui faisait référence à un autre système de pensée. Puis il s'installe à Amarna, crée sa propre bibliothèque. Mais à sa mort les prêtres de Thèbes lui rendent la pareille et brûlent ses livres. L'autre destruction très ancienne est celle de la bibliothèque assyrienne d'Assourbanipal, roi d'Assyrie, mort vers 625 avant J.-C. C'est un roi mystérieux. On n'en aurait jamais entendu parler si justement on n'avait retrouvé une partie de sa bibliothèque en 1860. Quatorze ans après sa mort, sa ville et son palais sont investis par une coalition. Les plafonds s'effondrent et la bibliothèque se retrouve en miettes. Il s'écoule vingt-cinq siècles avant sa découverte par les Anglais, qui, par ignorance, prennent ces galettes de terre cuite pour des ornements bizarres. Ils ramassent le tout, en vendent une partie, expédient le reste au British Museum, où l'on s'aperçoit qu'il s'agit de textes considérables : l'« Epopée de Gilgamesh », le récit de la Création, le mythe d'Adapa, le premier homme. Mieux, on découvre l'existence de ce roi merveilleux qui recherchait les textes de façon systématique, les organisait et les recopiait lui-même.

L. P. : Dès qu'il est question de bibliothèques détruites, on songe à celle d'Alexandrie, qui brûle en - 48.

L. X. P. : L'affaire est compliquée. Rappelons que le but de cette bibliothèque, née vers - 300, est de faire d'Alexandrie le lieu de la renaissance grecque. On prend conscience aussi de la valeur d'un patrimoine intellectuel qu'on va accroître, organiser, copier et diffuser. On y établit la première édition scientifique d'Homère et des tragédies grecques, à partir de multiples versions préexistantes qui, du coup, disparaissent. On fait ce que fera plus tard l'Islam avec le Coran, vers 640, ou ce qui se passe aujourd'hui avec la numérisation. Mais, quand en - 48 César met le feu à la flotte de Ptolémée, un incendie qui gagne la ville, on n'est même pas certain que la bibliothèque mère soit encore debout. Car on sait que, depuis sa création, de terribles razzias ont eu lieu. Seule certitude : Cléopâtre n'allait travailler qu'à la Serapeum, la bibliothèque fille. C'est donc que la grande bibliothèque n'existait peut-être plus, disent ceux qui veulent absoudre César. D'autres se servent d'Alexandrie pour accuser César, qui aurait voulu constituer une grande bibliothèque à Rome : il aurait demandé à Cléopâtre ses livres, qui, au moment de l'incendie, se trouvaient dans les entrepôts du port. Ce qui est sûr, c'est qu'Alexandrie marque l'interruption d'une tradition classique. Mais plus tard, au XIIIe siècle, un hurluberlu prétendra que le calife Omar, lorsque les Arabes ont pris Alexandrie en 640, a ordonné la destruction de la bibliothèque : les livres auraient alors servi à chauffer les hammams de la ville. Cette version sert sans doute à innocenter Saladin, qui vient de saccager la grande bibliothèque des fatimides, au Caire.

L. P. : On célèbre en 2004 l'année de la Chine. Or c'est justement dans ce pays, en - 213, qu'est intervenu le premier acte massif dirigé contre les livres.

L. X. P. : Un acte strictement politique. L'empereur Qin a réuni les six royaumes, unifié l'écriture, construit la muraille. Mais, pour être solide, cet effort d'unification, unique au monde, doit aussi éradiquer la mémoire. C'est ce qu'explique à Qin son « conseiller de gauche » Li Si : « Qui se réfère au passé est fragile. - Alors abolissons le passé », lui répond Qin. On détruit donc l'Histoire. Et ce n'était pas n'importe quoi, mais tout l'âge d'or de la philosophie chinoise, de Confucius à Lao-tseu, fondateur du taoïsme. Tout cela était déjà écrit, avec gloses et commentaires. Quatre cents intellectuels s'insurgent, Qin les fait enterrer vivants. Ceux qui refusent de rendre leur bibliothèque sont envoyés sur la muraille pour « monter la garde la nuit et construire le jour ». Mao a lui aussi tenté d'unifier la Chine. Mais Mao, qui prenait exemple sur Qin, est plus malin : il fait régner une telle oppression morale que les gens, d'eux-mêmes, détruisent leurs livres devant leurs voisins.

L. P. : La Chine, berceau du papier, a tout au long de son histoire payé le plus lourd tribut.

L. X. P. : C'est également le pays qui a le plus tôt les plus belles bibliothèques. Interviennent deux initiatives spectaculaires. En 1772, on décide de créer le siqu quanshu, une bibliothèque universelle de 168 000 volumes, à partir de textes anciens méritant d'être conservés. Mais cette belle action s'accompagne de la destruction d'un nombre faramineux d'ouvrages. L'une des sept copies existantes du siqu quanshu sera pillée en 1860 par les Français lors du sac du palais d'Eté. L'autre initiative est le yongle da dian : la grande encyclopédie des connaissances chinoises. Mais la dernière copie brûle en 1900 lors du siège de Pékin par les Anglais. Autre point noir : le monastère de Dun-Huang, où des moines du Xe siècle ont muré dans une pièce secrète des dizaines de milliers de manuscrits du IIIe siècle. Lorsque la Chine tombe en déshérence au début du XXe siècle, cette pièce est découverte : les Anglais se servent, suivis des Français puis des Russes. Toute riche bibliothèque sous-entend des bibliothèques mortes. La France s'est souvent engraissée de livres fabuleux, à Huê au Vietnam, en Egypte, en Espagne, en Italie avec Napoléon, en Algérie aussi. Aujourd'hui, la Chine réclame la restitution de ces manuscrits, qui ont pour elle une valeur inestimable. Pour l'instant, nous faisons la sourde oreille. Mais la Chine sera, dit-on, bientôt le pays le plus puissant.

L. P. : Le Moyen Age voit l'essor de la civilisation arabe, et c'est elle alors qui paie le plus lourd tribut en livres. Mais les plus grandes destructions (Cordoue par Al-Mansur vers l'an 1000, Le Caire par Saladin en 1171, Bagdad en 1258 par le chef mongol Hulagu) ont souvent des raisons arbitraires.

L. X. P. : Le monde islamo-arabique a toujours un côté excessif. Saladin brade la bibliothèque du Caire pour des raisons d'argent. Il doit payer ses soldats et organise des ventes aux enchères, souvent truquées, d'ailleurs. Al-Mansur, à Cordoue, est un bibliophile, il est aussi le précepteur du calife, mais les oulémas, qui trouvent suspects les livres, font pression sur lui : il lâche du lest en faisant détruire la bibliothèque du calife, d'une richesse fabuleuse. A Bagdad, on jette tellement de livres dans le Tigre que l'eau est noire d'encre et les troupes traversent le fleuve sur des piles de manuscrits. Les Francs apportent aussi leur contribution : les croisés sont des sauvages, la plupart ne savent pas lire et sont d'une bêtise crasse. En 1204, à Constantinople, où se trouve la plus grande bibliothèque au monde, qui rassemble toute la littérature grecque, on les voit défiler avec des livres au bout de leurs lances.

L. P. : Votre livre pointe du doigt l'Espagne. A partir de 1490, ce pays met en place un anéantissement systématique des livres, caractéristique de l'époque moderne.

L. X. P. : C'est avec l'Espagne que le mot autodafé, d'origine portugaise, entre dans le vocabulaire commun. Le premier autodafé est discret, il a lieu en 1490, organisé par Torquemada, l'inquisiteur général, dans son couvent de Salamanque : 600 volumes taxés de judaïsme. En 1499, à Grenade, on baptise de force 3 000 musulmans, qui sont obligés d'apporter leurs livres. On organise une grande fête à laquelle la population est conviée. L'Inquisition sera redoutablement efficace. Après avoir expulsé les juifs et les Arabes, l'Espagne exporte cet esprit d'intolérance vers le Nouveau Monde, qu'elle vient de découvrir. Résultat : tous les livres mayas et aztèques sont anéantis. Même Las Casas, qui osa affirmer que les Indiens avaient une âme, écrit par ailleurs : « Je suis fier d'avoir détruit tous leurs livres. » Et le reliquat se compte sur les doigts d'une main.

L. P. : Pour la France, on constate sans surprise que les pertes les plus considérables correspondent aux heures les plus noires.

L. X. P. : Le livre a une carrière parallèle aux humains. Comme l'écrit Heine : « Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes. » On peut aussi retourner la phrase. Le sociologue Leo Lowenthal a entamé une psychanalyse de l'humanité à partir du brûlement des livres : au-delà des cadavres, on tue ce qui leur survit, c'est-à-dire le livre. Sous la Révolution française, ce qui est arrivé aux livres est symptomatique de l'événement. On centralise le pays : les ouvrages venus de province affluent donc vers Paris, dans le but d'un grand classement. Mais l'incurie règne, plusieurs millions de livres pourrissent, on utilise même le papier pour les cartouches à canon. Ainsi disparaît le système français des bibliothèques privées. Puis, durant la Commune, par haine du bourgeois, les communards brûlent les bibliothèques de l'Hôtel de Ville, du Conseil d'Etat et du Louvre, qui inclut les collections des rois ainsi que les livres interdits et censurés. Mais c'est un mouvement de panique. Les communards ne touchent d'ailleurs pas à la Bibliothèque nationale.

L. P. : Quant aux bibliothèques parisiennes, pillées par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, la plupart se sont retrouvées en URSS, qui ne les a jamais restituées.

L. X. P. : Cela concerne près de 12 millions d'ouvrages. Il s'agit des bibliothèques étrangères (russe, polonaise, ukrainienne) de Paris et des grandes bibliothèques juives (Rothschild, Lipschütz, Mandel, Walter Benjamin). Une chercheuse, Patricia Grimsted, a ainsi découvert que les fonds Léon Blum et Emmanuel Berl se trouvent aujourd'hui dans la bibliothèque présidentielle à Minsk, en Ukraine. Par ailleurs, quelques millions de ces ouvrages pourrissent sous les excréments de pigeons dans une église abandonnée à Uzkoe, près de Moscou. La France ne réclame pas ces livres. Comme me l'a confié un ami diplomate : « Vous n'allez tout de même pas nous fâcher avec les Russes. » Il doit y avoir des choses plus importantes. Hélas, certains officiers soviétiques à la retraite ont révélé en 2001 que beaucoup de littérature « dégénérée » avait été brûlée sous Staline, dans sa période antisémite.

L. P. : Dans le chapitre sur l'Allemagne nazie, vous soulevez un paradoxe : d'une part, l'action destructrice à l'égard des livres indésirables et la chasse aux livres juifs, d'autre part, la mise sur pied par les nazis de la plus grande concentration de littérature juive.

L. X. P. : Il y a deux moments. D'abord, en 1933, la Bête parle : « Le livre, juif, communiste, doit être détruit. » C'est le grand autodafé du 10 mai 1933, à Berlin. Des dizaines d'autres suivront. Le rituel, avec parade, chants, torches et hérauts, s'inspire de l'Inquisition et ravit la populace. Ces autodafés entraînent une faible réaction, hormis la création des « bibliothèques de livres brûlés » à Londres, New York (inaugurée par Einstein) et Paris (Cité fleurie, boulevard Arago). Détail cocasse : celle-ci sera saisie en 1940 par la police française et intégrée à la Bibliothèque nationale, mise à l'abri dans le Bordelais. Dans un second temps, en 1940, les nazis cessent de détruire et se mettent à trier, avec l'aide de spécialistes, d'hébraïstes. Sous les ordres de Rosenberg, qui crée à Francfort l'Institut d'études juives, on rassemble des millions d'« Hebraïca ». Le dénicheur en chef s'appelle Johannes Pohl, un chercheur, qui parcourt l'Europe, dévalise Vilnius, Salonique. En ligne de mire, il y a le projet d'une Hohe Schule, école supérieure dont les départements seraient : judaïsme, communisme, franc-maçonnerie. En somme, une bibliothèque en négatif de ceux qu'on aura détruits mais qu'on voudra étudier !

L. P. : Un lieu à Paris, situé à 200 mètres de la Bibliothèque François-Mitterrand, porte la cicatrice de cette période.

L. X. P. : Il s'agit du « camp Austerlitz », au 43, quai de la Gare. Quatre cents prisonniers pris à Drancy y triaient les rafles d'Actions meubles, section allemande qui prélevait les biens juifs. Chez eux, les gens n'avaient mis leur nom que sur le premier livre de chaque rangée, persuadés que tout serait conservé ensemble. L'entrepôt d'Austerlitz a flambé en 1944, mais aucune plaque n'en parle. Ironie cruelle de l'Histoire, on a construit tout près la BNF.

L. P. : Et que sont devenus les ouvrages rassemblés par les nazis à Francfort ?

L. X. P. : Une grande partie a brûlé sous les bombardements alliés. Il faut savoir que l'Allemagne, comme l'Angleterre durant le Blitz, a perdu, lors des bombardements de Dresde, Leipzig, Hambourg et autres villes, près de 12 millions de livres. Si on voulait établir la liste des bibliothèques détruites durant cette guerre, il faudrait des centaines de pages. A Francfort, l'Omgus, c'est-à-dire Eisenhower et ses hommes, n'a sauvé que 3 millions de livres juifs. Les deux tiers retrouvent leurs propriétaires, le reste est impossible à restituer. Très vite, la Library of Congress est sur place et expédie 200 000 ouvrages à Washington. Les Américains sont toujours très rapidement opérationnels. Au Japon, en 1945, ils apportent leur propre littérature. A Bagdad, en 2003, la Library of Congress est la première équipe de bibliothécaires présente.

L. P. : Justement, où ont eu lieu récemment les grands massacres de livres ?

L. X. P. : Il y a d'abord le génocide de Pol Pot. On connaît sa haine du papier : plus de monnaie, plus de photo d'identité, plus de livre. Il n'en reste pas un seul. Autre grand drame, celui de l'Afrique noire, qui, par impéritie et absence de moyens, est orpheline de ses bibliothèques. Il y a bien sûr en 1992 le bombardement de la bibliothèque de Sarajevo, symbole de tolérance entre les cultures, les langues, les civilisations. Elle est toujours fermée. Les Autrichiens ont payé le toit, mais la réfection a nécessité trois ans. Les murs sont donc imprégnés d'eau et de glace, et il n'y a pas de livres. A Bagdad, les Américains ont préservé le ministère du Pétrole, mais ont laissé piller la Bibliothèque nationale. D'autres pays sont préoccupants : le Cachemire, le Pakistan ou l'Inde. Début janvier, au nom de la religion musulmane, l'Institut de recherches orientales de Bhandarkar a été brûlé - on y dénombrait 30 000 manuscrits anciens - par la foule, parce qu'il s'y trouvait un ouvrage de James Laine sur un ancien roi musulman, édité par Oxford University Press, qui avait déplu. Toutes ces exactions sont répertoriées sur des sites tels que Ad libitum ou Ex Libris.

L. P. : Le XXIe siècle sera-t-il synonyme de nouveaux dangers pour les bibliothèques ?

L. X. P. : La menace vient de la numérisation et de la mise en ligne. Je suis frappé par les efforts de certains conglomérats pour acquérir les sociétés d'édition, celles en particulier qui publient des dictionnaires et des ouvrages de référence, dans le but de numériser l'information et d'en faire payer l'accès

François-Guillaume Lorrain. © le point 19/02/04.

Lucien X. Polastron. Né en 1944, sinisant et arabisant, il est l'auteur de « Le papier, 2000 ans d'histoire et de savoir- faire » (Imprimerie nationale Ed., 1999). C'est à l'occasion de ces recherches sur les livres et leur création que cet ancien journaliste découvrit les nombreux cataclysmes dont ils avaient été aussi les victimes. Expert reconnu de l'histoire et de la pratique de l'art calligraphique, il a également publié plusieurs essais sur le sujet, dont « Calligraphie chinoise : initiation » (Fleurus, 1995).

« Livres en feu. Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques », de Lucien. X. Polastron (Denoël, 430 pages, 22 euro).

Hommage à Michel Castaing, expert paléographe.

Expert paléographe internationalement reconnu, Michel Castaing est mort jeudi 29 janvier, à l'Hôpital américain de Paris, des suites d'une infection pulmonaire. Il était âgé de 85 ans.

Michel Castaing était né le 26 mars 1918 à Toulouse, berceau de sa famille paternelle, de Marcellin Castaing, écrivain, critique d'art, et de Madeleine Magistry, originaire de Chartres. L'histoire de l'art a retenu le nom de Madeleine Castaing : avec son époux, ils furent collectionneurs pionniers et principaux mécènes du peintre Soutine. La "petite Madeleine des décorateurs", comme on la surnommait avec affection et admiration dans le milieu de la décoration, aussi bien à Paris qu'à New York, où se trouve son portrait au Metropolitan Museum, peint par Soutine en 1928.

Michel Castaing a partagé ses années de jeunesse entre Toulouse, où il fit ses études universitaires, et la propriété familiale de Lèves, commune suburbaine de Chartres. Cette belle demeure, construite au lendemain de la Révolution et qui servit de résidence d'été aux évêques de Chartres, était la propriété du grand-père de Madeleine Castaing, un journaliste ami d'Emile de Girardin. Elle en fit sa première œuvre de décoratrice en mélangeant avec liberté et fantaisie les styles Restauration, Empire et Napoléon III. Un écrin posé dans un parc ombragé où les Castaing accueillaient leurs relations artistiques parisiennes. Particulièrement Soutine, qu'ils hébergèrent régulièrement de 1928 à 1939 et qui a peint, à Lèves et à Chartres, plusieurs de ses chefs-d'œuvre.

C'est dans ce milieu et ce lieu où Michel Castaing côtoyait Soutine, Modigliani, Picasso, Cocteau, Cendrars, Erik Satie, Jacques Guérin qu'est née sa vocation lorsqu'il recueillit, à l'âge de 15 ans, son premier autographe. Abandonnant son doctorat en droit, il cultiva sa passion tout en enrichissant sa collection d'autographes. Si bien que, lorsqu'il fut introduit auprès de Mme veuve Charavay, elle lui proposa, en 1944, de succéder à Jacques, Etienne et Noël Charavay en dirigeant la vénérable maison fondée en 1830, 3, rue de Furstenberg, à Paris, spécialisée en lettres, autographes et documents historiques.

Lorsque la maladie le surprit, fin décembre 2003, Michel Castaing continuait de partager sa vie, depuis soixante ans, entre Paris et Lèves. Paris et son cabinet d'autographes, dont il avait conservé le décor d'origine, et la demeure de Lèves, témoin d'un temps passé et suspendu comme une évocation de Proust, l'écrivain préféré de sa mère.

Mais le libraire paléographe s'était aussi attaché à conserver l'esprit de la maison Charavay en l'ouvrant aux chercheurs. L'expert, qui dirigea des grandes ventes publiques en France et à l'étranger, a contribué à enrichir les collections nationales. Le légataire de la collection des Soutine de Marcellin et Madeleine Castaing s'est acquitté des droits de succession par dation avec deux Soutine, dont Le Grand Enfant de chœur, déposé au Musée des Beaux Arts de Chartres selon son souhait.

Michel Castaing avait été fait chevalier de la Légion d'honneur en 1990, à Paris, des mains d'Alain Decaux. C'est Emile Zucarelli qui lui avait remis, en 1998, les insignes d'officier à Lèves. Lèves dont il fut le maire estimé pendant trente ans et regretté quand il décida de se retirer en 1995. Michel Castaing aurait aimé faire une carrière politique. Il se revendiquait de la famille radicale de Clemenceau à Mendès France, mais c'était plus un état d'esprit qu'une appartenance.

La dernière grande vente de Michel Castaing se fit dans le cadre de la dispersion de la bibliothèque du grand collectionneur Jacques Guérin, en 1998, qui comportait notamment des poèmes autographes annotés d'Une saison en enfer, d'Arthur Rimbaud, et La Lettre à Barasse, de Lautréamont, qui est en quelque sorte son testament littéraire.

Michel Boudaud - LE MONDE le 5 Février 2004


La Bibliothèque nationale de France rend hommage

à Abdel Rahman Mounif

 D'un père saoudien et d'une mère irakienne, Mounif (1933-2004) a été déchu de sa nationalité saoudienne en 1963, et a longtemps vécu en exil, entre plusieurs pays arabes : Jordanie, Algérie, Yémen, Irak et Syrie ainsi qu'en France et en Yougoslavie. Certains de ses ouvrages ont été traduits en plusieurs langues, notamment en français et en anglais.

En dehors de l'exposition, sous l'égide du département Littérature et art de la BNF, ces ouvrages sont consultables à la Bibliothèque.

"Les villes de sel" (Moudoun al-Milh), "Les villes en noir" (Moudoun al Sawad) et "A l'est de la méditerranée" (Chark al-Moutawasset) figurent parmi ses livres les plus lus dans le monde arabe. Plusieurs de ses romans ont été traduits en français (chez Sindbad/Actes Sud) et en anglais mais la plupart de ses oeuvres sont interdites de publication dans plusieurs pays arabes, notamment dans les monarchies arabes du Golfe.

27/01/2004 - AFP


Rencontres littéraires

Une visite littéraire au château de Kynzvart ( Bohême )

par Vaclav Richter

Le Congrès de Vienne qui a rétabli la paix en Europe, en 1815, après la chute de Napoléon, a été le chef-d'oeuvre diplomatique du prince Metternich. Cet aristocrate issu d'une vieille famille rhénane a réussi à recoller l'Europe brisée par les guerres napoléoniennes et à rétablir l'équilibre européen, tout en luttant contre les principes révolutionnaires qui surgissaient dans divers pays depuis la Grande Révolution française. Laissons aux historiens la tâche de juger la vie et l'oeuvre de ce chancelier autrichien qui a joué un rôle clé dans l'histoire européenne des premières décennies du XIXème siècle. Ce n'est pas Metternich - homme politique, mais Metternich - intellectuel et ami des livres, que je vous propose de présenter aujourd'hui. Je vous invite à une visite littéraire du château de Kynzvart en Bohême de l'Ouest, résidence préférée du chancelier, qui abrite encore aujourd'hui d'innombrables souvenirs de cet homme.

L'objet de notre visite nous oblige de laisser à part la suite des salons meublés avec un goût exquis dans le style Empire et "Biedermeier" et ornés de portraits représentant les membres de la famille Metternich qu'on doit aux grands noms de la peinture du début du XIXème siècle - Sir Thomas Lawrence, Sir Joshua Reynolds, François Gérard etc. On y trouve aussi de nombreux objets d'art de grande valeur qui ont été offerts au prince Metternich par les puissants de son temps. Passons aussi à côté de la grande salle qui abrite une belle collection de statues en marbre blanc d'Antonio Canova.

Nous n'allons nous arrêter qu'à la bibliothèque, une des plus importantes qui se soient conservées dans les demeures aristocratiques de Bohême. Elle compte 24 000 tomes, 160 manuscrits et 240 incunables. Les bases de cette bibliothèque ont été jetées déjà au XVIème siècle. Le noyau de la collection appartenait à l'archevêque Lothar von Metternich ayant vécu entre 1551 et 1623. Il a légué ses livres à ses neveux qui allaient acquérir par héritage le domaine de Kynzvart. Avec le temps, la bibliothèque s'enrichissait de nouvelles acquisitions et de dons précieux. Le chancelier Metternich, lui aussi, soignait bien sa bibliothèque. Après 1818, lorsqu'il a procédé aux travaux de remaniement du château, il a envoyé les livres à Vienne et ne les a réinstallés à Kynzvart qu'après la fin des travaux, dans une nouvelle aile du château, en 1835.

Aujourd'hui, on trouve sur les rayons de vieux textes théologiques, des livres d'auteurs grecques et latins, des ouvrages d'histoire, des biographies, des livres sur la héraldique et la numismatique, mais aussi des ouvrages encyclopédiques, des livres sur la géographie, sur le droit, l'économie, les sciences exactes et évidemment sur la politique et la diplomatie, car le maître des lieux, le chancelier Metternich, était, comme on le sait, un des plus grands diplomates de son temps. On peut dire sans exagérer que chaque spécialiste trouvera ici des ouvrages susceptibles de l'intéresser. Il y en qui sont d'une grande valeur. Parmi les manuscrits du XIIème siècle il y a, par exemple, deux lettres de la main de saint Bernard de Clairvaux, on y trouve une "Histoire de France" richement illuminée du XIVème siècle, le manuscrit de la Chronique de Magdebourg, de 1525, source d'informations historiques souvent citées, ou bien, un manuscrit du célèbre dramaturge espagnol Lope de Vega. La bibliothèque abrite aussi une collection de quelque 8000 gravures anciennes de valeur.

Je ne veux pas vous fatiguer avec une énumération sans fin des joyaux de la bibliothèque de Kynzvart et je vous propose de passer, pour terminer cette visite, dans le cabinet des curiosités qui fait partie des collections du château et qui ne manque pas non plus de souvenirs littéraires. Parmi d'innombrables petits objets réunis dans le cabinet on trouve un bureau assez usé et égratigné qui n'attirerait sans doute pas beaucoup d'attention si ce n'était pas le bureau d'Alexandre Dumas. Le célèbre romancier ne s'est rendu en Bohême qu'une fois, en 1866. Il n'a passé qu'une journée à Prague en visitant le palais Wallenstein, car il préparait un roman sur la Guerre de Trente ans, roman qui devait raconter les exploits du généralissime Albrecht de Wallenstein. En visitant Prague l'écrivain était accompagné par sa fille Marie Alexandre. C'est grâce à cette femme charmante qui était peintre et poétesse que les rapports entre la famille Dumas et la Bohême ne se sont pas arrêtés là. Elle a connu à Paris l'ambassadeur autrichien Richard Metternich, fils du célèbre chancelier. Une amitié tendre et discrète est née entre Marie Alexandre et le diplomate autrichien. C'est au nom de cette amitié que Marie Alexandre a enrichi la collection des curiosités de Kynzvart par des objets précieux ayant appartenu à son père.

On y trouve aujourd'hui le fauteuil du romancier et son bureau sur lequel on déchiffre non seulement des notes et des signatures d'Alexandre Dumas mais aussi des vers écrits par sa main qui lui ont été inspirés par les beautés de Venise. On y conserve aussi d'autres reliques dont une canne et une arme de chasse ayant appartenu à l'écrivain et une moulure en plâtre des mains du romancier et de sa fille. Et ce n'est pas tout. La plus grande surprise pour les archivistes est venue relativement tard. En 1949, on a découvert dans les archives de Kynzvart 345 manuscrits d'Alexandre Dumas relevant pratiquement de tous les domaines de ses activités littéraires. Parmi ces documents il y a un fragment de sa propre version de la tragédie Roméo et Juliette. C'est Marie Alexandre qui, se souvenant de son grand amour pour Richard de Metternich, a décidé, avant sa mort, d'envoyer les manuscrits de son père, donc ce qu'elle possédait de plus précieux, dans ce château de Bohême. C'est grâce à elle qu'il y a aujourd'hui à Kynzvart une partie importante de la succession littéraire du père des Trois mousquetaires.

Radio Prague. 2003


La Mésopotamie, si loin, si proche par Joseph Yacoub

Surchargée de valeurs mythologiques et religieuses, la Mésopotamie, carrefour des peuples, est la genèse du monde civilisé. Morte à plusieurs reprises, son héritage est pourtant vivant. Joseph Yacoub raconte.

Il est des guerres qui détruisent, mais qui accélèrent la trame de l’Histoire et modifient le cours de la pensée. Cette nouvelle guerre contre l’Irak déclenchée le 20 mars, avec son déluge de feu et ses nombreuses dévastations, est venue attirer l’attention sur un pays qui est à l’origine de la civilisation et à la source de notre mémoire, et qui regorge de richesses archéologiques et scripturaires aujourd’hui menacées. L’Irak revêt désormais un visage et la Mésopotamie nous devient familière.

Pays aux trésors multiples

Pays des Jardins suspendus, de la harpe sumérienne, des Taureaux ailés assyriens, des Lions de Babylone, des Mille et une Nuits (Schéhérazade, Aladin, Ali Baba et Sindbad le Marin), l’Irak n’est pas un désert comme le laisserait entendre l’opération « Tempête du désert ». Contrée surchargée de valeurs symboliques, l’Irak est la genèse du monde civilisé (Sumer et Akkad) et du monothéisme, une terre biblique par excellence, le pays du Talmud de Babylone et du royaume de Hatra, un berceau majeur du christianisme et des premiers débats christologiques, de la première aventure missionnaire dans le monde, la terre de l’écriture cunéiforme et de la langue araméenne que parlait Jésus, un brillant foyer de la civilisation arabe abbasside en contact avec l’Inde et la Perse, un centre important de l’islam et du chiisme, une référence historique en matière de dialogue des religions, et un vrai carrefour de peuples et de minorités variées en cultures et en croyances (Kurdes, Yézidis, Sabéens, Turkmènes, Assyro-Chaldéens, tribus nomades). Doit-on rappeler qu’Abraham (1850 avant JC), le père des croyants, est un Mésopotamien qui sortit d’Ur en Chaldée (située au sud de l’Irak) et que Thomas l’Apôtre y prêcha l’Évangile ? Les Irakiens se considèrent, à juste raison d’ailleurs, comme les héritiers de ce patrimoine cinq fois millénaire et s’estiment être en filiation directe avec ce passé.

La civilisation arabo-musulmane

La Mésopotamie fut conquise par les Arabes en 637 et devint musulmane. Ce pays de l’islam vit éclore les premières écoles juridiques (celle de Abu Hanifa, 696-767), le soufisme et le mysticisme (al-Hallaj 857-922), de grands philosophes (notamment le courant rationaliste mutazalite) et poètes (Abu Nuwas, Bachar ibn Burd), de célèbres voyageurs et historiens de renom (al-Tabari 838-923 et le chiite al-Massoudi 893-956), des savants encyclopédistes (comme Ibn al-Haytham 965-1039), des confréries religieuses (comme celle fondée par le soufi Abdel Kader Gaylani, appelée la Kadiriyah). Il vit naître aussi le chiisme avec Ali assassiné en 661 et son fils cadet Hussein qui subit le même sort tragique le 10 octobre 680. Ils reposent à Najaf et Kerbala, deux sanctuaires situés au sud de l’Irak. Bagdad, capitale de l’Empire abbasside (762-1258), symbole de l’âge d’or de l’islam, fut édifié par le calife al-Mansour en 762 sous le nom de Cité de la paix. Le calife al-Mamoun (813-833) y fonda la Maison de la sagesse (Bayt al-Hikma), une Académie des sciences qui s’est illustrée, en particulier, par ses traductions du grec à l’arabe, via le syriaque, de la pensée philosophique et médicale hellène. Le chrétien Hunayn Ibn Isaac y joua un rôle majeur. L’Académie regroupait un million de documents. Forte d’un million d’habitants, Bagdad fut un creuset du monde musulman sous l’empereur Haroun al-Rachid (786-809), qui allait de l’Espagne à l’Inde. L’université al-Moustansiriya date de quinze ans avant la Sorbonne. L’Irak accueille huit des douze imams du chiisme et ses principales villes saintes (Kerbala, Koufa, Najaf, Samarra). Une ville comme Koufa est, par ailleurs, réputée pour sa calligraphie arabe dite koufique. La topographie de Bagdad et sa géographie religieuse sont, à elles seules, tout un symbole. Cité qui respire l’histoire, on y trouve beaucoup de lieux de culte, de grandes mosquées (celle de l’imam al-Adham), les tombeaux des 7e et 9e imams du chiisme (Kazimain), celui du grand poète Abu Nuwas (757-815), chantre du vin et du plaisir, du mystique al-Hallaj (1), qui fut supplicié, la sépulture de l’imam Abu Hanifa et de Zubayda.

La Bible et la Mésopotamie

La Bible est jalonnée de récits sur la Mésopotamie, pleins à la fois d’angoisse et d’espérance, pour le bien comme le pire (voir Jérémie, Isaïe, Ezéchiel, Daniel, Jonas, Nahoum). Pays de pluralisme juridique, reconnaissant toujours des communautés et des droits coutumiers, la Mésopotamie octroyait aux juifs exilés à Babylone un statut légal reconnaissant leurs lois et coutumes et leurs règles familiales et personnelles. Ils témoignaient d’un grand dynamisme. Le chef de la communauté avait le titre de Resh Galutha (terme araméen qui signifie chef suprême de la diaspora ou exilarque). Le livre d’enseignement le Talmud de Babylone (Talmud Babli) écrit en judéo-araméen à Babylone à partir du IVe siècle par Rabi Achi, le chef de l’école de Sura, et par ceux de l’école de Mahoza – qui sert de référence canonique, juridique et morale – est le commentaire le plus détaillé et le plus répandu de la Torah. Il sera largement commenté par Rachi. Par ailleurs, on a établi un parallèle entre la naissance et l’enfance de Sargon, premier roi d’Akkad (2450 av. JC) et Moïse. Tout au long de son parcours historique, la Mésopotamie contribua puissamment à la création, à l’avancement et au progrès de la connaissance et de l’organisation humaine, tant en matière religieuse, philosophique, scientifique, politique, administrative et économique.

L’origine de la civilisation

La religion mésopotamienne joua un rôle dans la proclamation du Dieu unique, idée effleurée par les Mésopotamiens. Des textes de sagesse rédigés mille ans avant Jésus-Christ par les Babyloniens, nous rappellent, par leur teneur, le christianisme. On a retrouvé des textes mésopotamiens relatifs à la Création et à l’histoire du Déluge, semblables aux récits de l’Ancien Testament. Il en est de même pour l’astrologie, l’astronomie, la théogonie, la cosmogonie, la littérature, la science des présages, la magie, les doctrines sur l’au-delà, la divination, les hymnes, la législation, la médecine et bien d’autres domaines, dans lesquels les Mésopotamiens ont apporté un savoir appréciable. Notons ici leur contribution en matière d’organisation politique où les différents codes sont des pièces maîtresses dans la manière d’organisation rationnelle du pouvoir. N’a-t-on pas dit que l’administration commençait en Chaldée ? Hammurabi (1850 av. JC) n’est-il pas un chef d’État et un législateur cité en modèle ? L’Épopée de Gilgamesh, ce long poème écrit au XVIIIe siècle av. JC, traite de la vie, de la mort et du devenir. Cette épopée, antérieure à L’Iliade et à L’Odyssée d’Homère, considérée désormais comme un des textes fondateurs de la culture occidentale, est entrée dans l’enseignement de la philosophie en terminale. Civilisation de l’intelligence et de la prévoyance, l’écriture avait une grande importance pour les Mésopotamiens. Ils avaient un sens prononcé de la fixation de la pensée, de la transmission, de la durée et de la postérité. Des dizaines de milliers de tablettes et beaucoup de scribes ont consigné l’histoire de la Mésopotamie. La première bibliothèque publique a été instituée par le roi assyrien Assurbanipal (- 668/- 626). Ninive, qui jouxte Mossoul, comportait des dizaines de milliers de tablettes.

- A voir la naissance de l'écriture en Mésopotamie : http://classes.bnf.fr/dossitsm/mesopota.htm

Berceau des premières cités-États (Uruk, Larsa, Ur, Kish, Lagash, Nippur, Sippar), la Mésopotamie antique était une société structurée dotée de pouvoir d’État efficace avec un sens de l’intérêt général. On a beaucoup écrit sur l’apport de la Mésopotamie et son riche héritage mythologique et littéraire en ce qui concerne les récits relatifs à la création du monde et à l’apparition de l’humanité, ainsi que dans le domaine de la codification du droit et de la responsabilité juridique, de la justice et de l’organisation rationnelle de la société. Quelques textes juridiques, qui visent à réglementer la vie civile, méritent, à ce propos, d’être mentionnés comme les recueils de lois assyriennes et babyloniennes. Il est frappant de constater que les Mésopotamiens étaient animés d’un fort sentiment religieux et leur pensée en était très imprégnée. Leurs ziggourats (tours élevées) étaient dédiées à la divinité. Ils avaient le sens de l’Au-delà. D’ailleurs, le Panthéon était très riche et varié. Environ trois mille dieux l’habitaient, avec de Grands-Dieux principaux, tels Anu, Marduk, Ishtar, Enlil, Ea, Nabu, Sin, Inana, Shamash, Assur, Hadad, Nergal, Ninurta... Pieux, ils avaient une représentation de la temporalité de l’homme enchâssée dans la divinité et incrustée d’emblée dans l’univers.

L’autorité politique contrôlée

D’autre part, contrairement à une idée largement véhiculée par l’Occident qui considère l’Orient comme une terre éternellement gouvernée par des despotes, la Mésopotamie limitait le pouvoir du prince par le service du peuple sous peine de se voir renverser par les dieux. Le paragraphe qui suit nous fait penser à l’actualité et à la chute du régime tyrannique de Saddam Hussein : « Si un prince n’observe pas la justice, son peuple sombrera dans l’anarchie, et son pays sera dévasté. S’il n’observe pas la justice de son pays, Ea, roi des destins, changera sa destinée et le poursuivra sans cesse avec hostilité. » Ce qu’il faut retenir de leur philosophie, c’est que l’homme est un élément d’un ensemble plus vaste et qu’il a des obligations juridiques, sociales et morales. Jean Bottéro, éminent assyriologue français, dit que les Babyloniens semblent tenir compte de la double finalité laïque et religieuse, en attribuant aux hommes aussi bien le devoir de l’organisation du monde que celui du culte liturgique. Il écrit : « En sorte qu’il nous faut reconnaître aux Sages de Babylone une doctrine notablement élevée du sens de la vie humaine : l’homme est fait pour le service divin et pour le perfectionnement de la nature. » En matière de sens et de finalité que les Assyro-Babyloniens avaient du droit, ce même auteur écrit : « On peut […] avancer sans crainte qu’avec les Romains, et bien avant eux, et peut-être plus qu’eux, les Babyloniens et les Assyriens ont été, dans l’Antiquité, le peuple le plus juriste de la terre : leur sens du droit et de la responsabilité juridique est véritablement étonnant. »

Chrétiens depuis 2000 ans

Par ailleurs, le monde a découvert, étonné, des chrétiens en terre d’islam. Or en Irak, l’Église n’est pas une étrangère, et sa terre est emplie de lieux de culte et de monastères depuis 2 000 ans. Au nombre d’un million (4 % de la population), ces chrétiens répètent à l’envi : « Nous sommes les premiers chrétiens d’Irak, mais aussi les premiers Irakiens. » La région de Mossoul est truffée d’églises et de monastères, où six rites sont célébrés. Quant à Bagdad, c’est la ville aux cinquante églises. La présence chrétienne y est aussi vieille que le christianisme lui-même. C’est une religion autochtone et apostolique. À l’appel de Dieu, le prophète Jonas fit le voyage de Ninive pour prêcher la repentance. Outre le jeûne des Ninivites (Jonas, 3, 1-10), salué par Jésus comme un signe fort (Matthieu, 12, 39-42 ; Luc, 11, 29-32), durant lequel les chrétiens d’Irak font pénitence trois jours, les ancêtres des Irakiens, les « gens de Mésopotamie », furent témoins de la Pentecôte (Actes des Apôtres, 2-9). Après la naissance de Jésus à Bethléem, des notables et des astrologues issus de Mésopotamie, des « Rois mages d’Orient » sont venus lui rendre hommage (Matthieu, 2, 1-2). Les chrétiens de Mésopotamie se font gloire d’avoir en Thomas l’apôtre, le premier prédicateur en cette terre originelle du christianisme. En effet, dans la seconde moitié du premier siècle, saint Thomas y prêcha avec un autre apôtre Thaddée (connu en Orient sous le nom d’Addaï), lequel était accompagné de deux disciples : Aggaï et Mari. Mar Addaï est considéré comme le bâtisseur de l’Église de Babylone, du siège de Séleucie-Ctésiphon, premier centre de l’Église d’Orient. Mar Aggaï et Mar Mari lui succéderont à ce siège. Disciple et successeur d’Addaï, Aggaï ordonna des évêques en Assyrie et en Chaldée. Compagnon d’Aggaï, Mari parcourut la Mésopotamie pour l’évangéliser, fonda le siège de l’Église de Kokhé, non loin de Bagdad. Les villes d’Arbèle, au nord de l’Irak, et d’Alqosh, près de Mossoul, seront chrétiennes dès le premier siècle. Elles devinrent très tôt des villes métropolitaines.

Le Rayonnement universel

Le premier des trois textes liturgiques servant pour les prières ordinaires de la messe assyro-chaldéenne, est l’Anaphore (terme grec qui signifie élévation, utilisé pour la liturgie eucharistique) attribuée à Mar Addaï et Mar Mari, qui remonte aux origines de l’Église. Le chant liturgique Lakh ou Mara (À Toi Seigneur), qui date du premier siècle, est considéré comme l’un des plus anciens documents liturgiques connus à ce jour. Cette Église d’Irak a connu une épopée missionnaire qui l’a conduit de Bagdad à Pékin, elle possède sa version de la Bible (Pshytta), et a rayonné dans tous les domaines du savoir religieux et profane. Elle a donné notamment Tatien (120-180), Bardesane (154-222), Aphraate (270-346), Narsaï (399-502) et Isaac de Ninive (VIIe siècle) qui sont de réputation internationale.

L’imaginaire occidental

Comme Phénix, la Mésopotamie est morte à plusieurs reprises. Enfouie sous les décombres, il a fallu attendre 1840, grâce aux archéologues français et britanniques, pour retrouver les vestiges de Ninive détruite cruellement il y a 2 500 ans. En 1258, les Mongols avaient à leur tour mis à sac Bagdad avec la même cruauté. Chaque fois, elle fut ressuscitée de ses cendres et ses traces sont au musée du Louvre, au British Museum, au musée de Berlin et de Chicago. Mais en dépit de tout, il faut « défataliser », car son histoire est présente dans l’imaginaire et inscrite dans la mémoire de l’Occident.

 (1) Lire le livre de Kebir M. Ammi, Évocation de Hallaj, Presses de la Renaissance, 190 p., 18 e

La vision mésopotamienne de l’homme et du pouvoir

Pour les Mésopotamiens, l’homme n’est pas un être absolu ni le centre de l’univers. C’est un être limité tout en étant libre. Écoutons Gilgamesh : « Pourquoi prolonger ta douleur, Gilgamesh? Puisque les dieux t’ont fait de la chair des dieux et de l’humanité,Puisque les dieux t’ont fait semblable à ton père et ta mère,À un moment la mort est inévitable… »

Les récits assyro-babyloniens de la création affirment l’évolution, la temporalité et la relativité de ce monde terrestre qui n’ait jamais à l’abri de soubresauts : « Parfois nous bâtissons une maison, parfois nous faisons un nid, Mais ensuite des frères la divisent dans l’héritage, Parfois l’hostilité est dans le pays, Mais ensuite le fleuve monte, l’inondant de ses eaux. »

Joseph Yacoub - Vendredi 8 août 2003 - Témoignage Chrétien.


 

Les papyrus vont-ils disparaître dans les coffres-forts ?

Professeurs et conservateurs craignent une marchandisation de ces précieux documents et une flambée des prix empêchant les institutions publiques de les acquérir à des fins pédagogiques.

Plutôt habitués à l’ombre des bibliothèques, les papyrologues s’inquiètent du soudain intérêt porté à l’objet de toutes leurs études. Ils s’émeuvent surtout des sommes déboursées pour ces manuscrits fabriqués par les anciens Egyptiens à partir d’une plante poussant sur les bords du Nil et témoins de cultures antiques : du simple contrat de vente au texte religieux.

Lors d’une vente aux enchères à New York le 20 juin dernier, un acheteur inconnu a mis sur la table pas moins de 400.000 dollars pour un papyrus datant du IIIe siècle après Jésus-Christ et portant un beau passage en grec du chapitre 8 de l’évangile de saint Jean (1). "Insensé", "ridicule", "choquant" : les commentaires ont fusé chez les spécialistes qui, pour beaucoup n’auraient pas mis la moitié de cette somme.

Plus de trois millions de dollars

Tous craignent que cette vente donne des idées aux spéculateurs jusqu'alors peu intéressés par ces pièces. Les papyrus pourraient finir au fond de coffres et leurs nouveaux propriétaires préférer l’anonymat. Or, rappellent les spécialistes, avant d'être des objets de valeurs, il s'agit avant tout de sources indipensables aux chercheurs et étudiants. En théorie, rien n'empêche les bibliothèques publiques ou les musées de s’en porter acquéreurs et d'en garantir l’accès. Mais, leurs caisses sont souvent vides et la tentation serait plutôt de se défaire de ces documents à bon prix.

C’est ce qu’a fait le propriétaire du papyrus vendu 400.000 dollars. Confrontée à une dette de 4 millions de dollars, la Colgate Rochester Crozer Divinity School (CRCDS, New York) a chargé Sotheby’s de vendre au plus offrant le fragment de l’évangile de saint Jean. Dans le lot également : une trentaine d’autres papyrus, des tablettes en cunéiforme et quelques livres rares. Au total, l’opération a rapporté 3 311 280 dollars, en ce compris la commission de la maison de vente.

"Jamais un gentleman..."

Dans cette affaire, les paléographes sont d’autant plus en colère que les papyrus avaient été donnés en cadeau. Dans les années 1920, l’Egypt Exploration Society de Londres avait souhaité remercier l’ancêtre de la CRCDS pour sa contribution aux opérations de fouilles à Oxyrhynchus, petit village à 160 kilomètres au sud-ouest du Caire où furent découverts les papyrus entre 1893 et 1908. Pour les papyrologues, pas de doute : il aurait été de bon ton de restituer les documents au donataire ou, à la limite, de les vendre à une bibliothèque publique mais sans passer par une vente aux enchères.

Las, rien juridiquement, ne pouvait imposer cette solution. "A l'époque, jamais un gentleman n’aurait envisagé de vendre le cadeau qu’il aurait reçu", déplore Adam Bülow-Jacobsen, professeur émérite de papyrologie à l’université de Copenhague (Danemark). Autre temps, autre moeurs. Autres techniques aussi : avant d'être vendus, les papyrus d’Oxyrhynchus ont été numérisés et stockés sur Internet. Voir sur le site : http://www.atla.com/digitalresources/. "Le problème le plus important, fait remarquer le professeur Robert Kraft, concerne des documents qui doivent encore être étudiés." Car, explique ce spécialiste des religions à l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis), "pour les chercheurs, le mystère qui entoure des pièces non encore publiées a bien plus d’attrait que la renommée d’un document déjà déchiffré et édité."

(1) (Oxyrhynchus Papyri, n°1780).

Le 15 juillet 2003 - TF1 Infos - Par David STRAUS


 
Le Vatican édite un dictionnaire du latin moderne

CITE DU VATICAN (Reuters) - Les amoureux de la langue latine seront heureux d'apprendre la publication cette semaine d'un nouveau dictionnaire moderne du latin, qui reste la langue officielle du Vatican et de l'Eglise catholique, destiné à faciliter la traduction de termes inconnus dans l'Antiquité romaine.

Cet ouvrage, le "Lexicon Recentis Latinitas" (dictionnaire des latinités récentes), commercialisé au prix de 100 euros, possède toutefois peu de chances de devenir un succès de librairie, un "best-seller" comme on dit de nos jours, ou plutôt un "liber maxime divenditus", comme l'aurait peut-être dit Jules César ou Cicéron.

Les institutions judiciaires internationales, une innovation de l'ère moderne, y occupent une place toute d'actualité. On dira ainsi non pas FBI (le Federal Bureau of Investigations américain), mais "officium foederatum vestigatorium". De même, la police internationale Interpol gagnera à être appelée "publicae securitatis custos internationalis".

Les termes techniques ne sont pas oubliés. Le régime de boîte de vitesses surmultiplié des automobiles, couramment désigné par l'anglicisme "overdrive", laisse la place à l'expression "instrumentum velocitati multiplicandae".

Les correspondants de guerre "intégrés" ou "embarqués" (de l'anglais "embedded") dans des unités militaires américaines lors de la guerre en Irak seront heureux de savoir que leur instrument de travail principal, le visiophone, s'appelle en latin un "telephonium albo televisifico coniunctum".

Les zélés latinistes du Vatican n'ont pas négligé les tourments qui agitent le sport contemporain. Le mot "dopage" pourra être traduit par "usus agonisticus medicamenti stupecfactivi".

En ces temps de grève des transports et d'embouteillages, les automobilistes immobilisés dans les bouchons pourront se consoler en récitant par coeur la bonne traduction du terme "heures de pointe": "tempus maximae frequentiae". (Reuters)


L’ancienne Bibliothèque des Jésuites à Shanghai (Chine) va rouvrir ses portes Après dix ans de fermeture

 

CITE DU VATICAN, Mercredi 16 avril 2003 ( ZENIT.org ) - Fermée depuis dix ans, l’ancienne bibliothèque des jésuites à Shanghai va rouvrir ses portes, indique Eglises d'Asie, l'agence des Missions étrangères de Paris, dans son bulletin n° 373 ( eglasie.mepasie.org ).

Fondée en 1867 par des jésuites français, l’ancienne bibliothèque catholique de Xujiahui (1), à Shanghai, va rouvrir ses portes au public en mai prochain, après une fermeture de dix ans. Placée en 1956 sous la tutelle de la Bibliothèque de Shanghai, aujourd’hui la plus importante bibliothèque publique de Chine populaire et l’une des dix principales bibliothèques au monde, la Bibliothèque de Xujiahui rassemble des collections rares et précieuses en chinois et en langues étrangères, relatives, entre autres, à la présence chrétienne en Chine. Selon Li Tiangang, professeur de religion à l’université Fudan de Shanghai, les chercheurs attendent avec impatience la réouverture de cette bibliothèque, considérée comme la plus ancienne bibliothèque privée de l’histoire chinoise contemporaine, i.e. depuis la guerre de l’opium de 1839-1842 et l’ouverture forcée de la Chine aux puissances impérialistes occidentales.

Les actuels bibliothécaires de Xujiahui ont mis à profit la fermeture, décidée au début des années 1990 du fait des travaux menés dans le quartier pour la construction du métro, pour entreprendre l’indexation des centaines de milliers de livres et documents présents dans les rayonnages, recensés une première fois au début des années 1900. Le bâtiment de deux étages, édifié en 1867, a également été rénové durant ce long laps de temps. Fondée par les jésuites pour accueillir et aider leurs pairs venus étudier la société chinoise, la bibliothèque compte dans ses collections un exemplaire du dictionnaire français-latin-chinois compilé en 1813 sur ordre de l’empereur Napoléon par le sinologue français Joseph de Guignes. Parmi ses raretés, on trouve une carte indiquant l’emplacement des missions catholiques dans le Jiangsu entre 1840 et 1920. A côté des ouvrages relatifs au christianisme, présents en nombre, existe une importante collection d’ouvrages sur la culture chinoise, telle cette traduction en latin des Maximes de Confucius, traduction réalisée au XVIIe siècle par les jésuites Prospero Intorcetta et Ignacio da Costa.

Après avoir quitté Pékin à la suite de sa dissolution par le pape Clément XIV en 1773, la Compagnie de Jésus avait repris pied en Chine à la fin des années 1830, les jésuites s’installant à Xujiahui en 1849, sept ans après leur arrivée à Shanghai. A l’époque, Xujiahui était située en zone rurale, au sud-ouest de la ville. En 1953, le pouvoir communiste a confisqué les bâtiments comprenant la résidence des jésuites et la bibliothèque, avant, trois années plus tard, de placer les collections de celle-ci sous la responsabilité de la Bibliothèque de Shanghai. Selon Kwun Ping-hung, chercheur et spécialiste de l’Eglise catholique en Chine, natif de Shanghai mais basé aujourd’hui à Hongkong, le fait que la Bibliothèque de Xujiahui ait été placée sous la houlette de la Bibliothèque de Shanghai a permis de sauver ses collections de la furie destructrice des Gardes rouges lors de la Révolution culturelle (1966-1976). Aujourd’hui, cependant, Mgr Jin Luxian, évêque « officiel » de Shanghai, qualifie de « grande perte » le fait que l’Eglise n’a pas pu retrouver la propriété de cette institution. L’Eglise est bien parvenue à récupérer les bâtiments des églises mais pas ses anciennes écoles, hôpitaux et autres institutions, déplore-t-il.

Après la Révolution culturelle et la mise en place des réformes initiées par Deng Xiaoping, la Bibliothèque de Xujiahui n’était ouverte qu’à un petit nombre de fonctionnaires et à quelques chercheurs autorisés. Selon un porte-parole de la Bibliothèque de Shanghai, sa réouverture permettra un accès beaucoup plus large du public à ses collections, même si des règles strictes seront mises en place pour restreindre l’accès aux manuscrits et ouvrages anciens et fragiles. Le micro-filmage des collections se poursuit, a encore précisé le porte-parole, ajoutant que les collections chinoises seront déménagées à la Bibliothèque de Shanghai. Resteront sur place quelque 560 000 ouvrages publiés avant 1949 en une vingtaine de langues, dont 2 000 édités entre 1515 et 1800.

(1) Outre la bibliothèque, Xujiahui (‘Domaine de la famille Xu’, Zikawei en shanghaïen) est le nom porté par la cathédrale Notre-Dame de Shanghai. Le lieu Xujiahui est associé à Xu Guangqi, célèbre lettré baptisé sur place en 1603 et qui avait choisi Paul comme nom chrétien. Né en 1562 à Shanghai, Xu Guangqi, d’abord modeste enseignant dans le sud du pays, gravit peu à peu l’échelle mandarinale pour devenir chef du Bureau des Rites et membre du Conseil d’Etat de la dynastie Ming. Passionné par les sciences naturelles, les mathématiques et l’astronomie, il rencontra le missionnaire jésuite Matteo Ricci et devint l’un de ses collaborateurs, contribuant à la traduction en chinois de nombreux ouvrages scientifiques. Il se convertit au catholicisme. En 1634, ses restes furent inhumés à Xujiahui, une croix étant plantée à côté de la pierre tombale chinoise traditionnelle. Il y a quelques années, la municipalité de Shanghai a fait rénover sa tombe, débaptisant le Parc Nandan – où elle se trouve – en Parc Guangqi et y érigeant un buste en sa mémoire.

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L'université d'Ottawa en partenariat avec l'université de Toronto : numériser les livres rares !

L'Université d'Ottawa participe à un important projet de numérisation de livres rares en partenariat avec l'University of Toronto. D'ici environ trois mois, toute personne ayant accès à Internet pourra, en passant par le site Web du Réseau de bibliothèques www.biblio.uottawa.ca ou par le site www.archive.org , avoir accès à une panoplie de livres rares, certains vieux de plus de 500 ans.

"Cette initiative favorisera grandement l'accès à ces sources documentaires", affirme M. Tony Horava, coordonnateur des collections aux bibliothèques au site spécialisé : www.bibliorare.com

Selon lui, « la création d'un centre d'archives virtuel , accessible à tous, permettra de réduire plusieurs contraintes physiques qui empêchent parfois les gens de venir consulter sur place les documents d'archives. Les quelques 500 livres rares envoyés pour fin de numérisation seront non seulement disponibles 24 heures sur 24 sur Internet, mais ils pourront également être imprimés en totalité et gratuitement par tous les utilisateurs ».

L'appareil qu'utilise la University of Toronto pour numériser les livres rares qu'elle reçoit est le seul du genre au Canada et on n'en compte que quelques-uns dans le monde entier. M. Horava croit donc qu'emboîter le pas avec les autres universités internationales participantes — dix en tout — reflète un des mandats de l'université d'Ottawa, c'est-à-dire d'exploiter le potentiel des nouvelles technologies afin de mieux servir la communauté étudiante comme le grand public.

Numériser pour sauver les livres du Mali : l'œuvre du CCL

15.000 manuscrits témoins de plusieurs siècles d'histoire sont menacés de disparition dans la wilaya d'Adrar, dans le Sud algérien : une institution unique en France, le centre de conservation du livre (CCL) d'Arles, s'est fixé pour mission de les sauver des sables. Grâce entre autres à la numérisation !

Le site www.bibliorare.com explique :

"Depuis 1998, le CCL offre son "assistance technique" en "formant les populations locales. La région, peuplée à l'origine de berbères Zénètes avant d'accueillir populations noires, juives et tribus arabes par vagues successives jusqu'au 15 ème siècle, est au coeur de la route des caravanes, d'or, de sel, d'esclaves : autant d'échanges commerciaux Nord/Sud et Est/Ouest qui s'accompagnent d'échanges culturels, raconte Saïd Bouterfa, spécialiste algérien des manuscrits du Sud, dans un ouvrage sur la mission Manumed-Algérie.

Les précieux textes, conservés dans une trentaine de "bibliothèques privées", appelées "Khizanas" - souvent de simples pièces prenant l'eau, dotées dans le meilleur des cas d'une armoire - se trouvent pour beaucoup dans un état de dégradation avancée. Ces manuscrits - des documents religieux (Coran et commentaires), scientifiques (traités d'astronomie, de mathématiques), des ouvrages de droit, de poésie, des chroniques locales primordiales pour les historiens - sont menacés par le temps, la chaleur, l'abrasion du sable, les insectes...

L'objectif du CCL, en coordination avec l'Institut de bibliothéconomie de l'université d'Alger, a donc été de former les locaux. "Ils sont chargés de rassurer les propriétaires, de les conseiller sur la conservation, d'effectuer le catalogage des collections", explique Bruno Marty. Un laboratoire leur permettant d'effectuer des travaux de restauration, de microfilmer et de numériser les documents est en cours d'installation."

Dossier réalisé par Jean de Chambure, pour l'Atelier.

(Atelier - groupe BNP Paribas - 17/06/2005)


ART DE L'ISLAM.

Une sélection dans les collections belges,

du 5 décembre 2003 au 25 avril 2004.

Quelque 150 pièces provenant de collections belges seront, pour la première fois, rassemblées et présentées au public. A ce jour, aucune étude systématique n'a été entreprise sur ce qui existe dans notre pays dans ce domaine . De même, jamais aucune exposition en Belgique n'a été consacrée à l'art de l'Islam dans son ensemble. Au Benelux, la seule collection qui en donne un aperçu cohérent et global est celle du Musée du Cinquantenaire, mais elle est inaccessible depuis 1993.

L'exposition a pour but d'attirer l'attention sur les richesses insoupçonnées que recèle notre pays en matière d'art islamique. Elle veut aborder l'époque et les circonstances dans lesquelles les oeuvres d'art sont arrivées chez nous selon trois axes principaux: découvertes de terrain, objets conservés dans le cadre du culte médiéval des reliques et pièces issues de collections constituées aux XIXe et XXe siècles. Le centre même de la manifestation est l'art de l'Islam proprement dit et le choix opéré s'est porté sur les pièces pour lesquelles nous disposons de renseignements suffisants.

La période envisagée s'étend de 600 à 1800 après J.-C. et les régions concernées sont celles situées au centre de l'Islam, soit de l'Espagne à l'Inde, en mettant l'accent sur l'Iran, l'Égypte, la Syrie, la Turquie et l'Espagne. Le Maghreb sera également représenté par quelques exemples. Les pièces proviennent des Musées royaux d'Art et d'Histoire et du Musée royal de l'Armée et d'Histoire militaire - où la collection d'armes des MRAH est temporairement conservée-, de la Bibliothèque Royale, de divers musées du pays, de trésors d'églises et de quelques collections privées.

Un catalogue richement illustré est prévu et constituera le premier volume d'une série publiée dans le cadre de l'ouverture de la salle de l'Islam au Musée du Cinquantenaire. Les services éducatifs et culturels prévoient un programme adapté.

*Lieu de l'exposition : Musée du Cinquantenaire, Parc du Cinquantenaire 10, 1000 Bruxelles, Salle aux colonnes.

http://www.bladi.net/modules/newbb/sujet_13090_26.html


Destruction importante de manuscrits en Inde

 

Les manifestants ont détruit sans discernement des biens culturels de première importance, parmi lesquels on trouve une tablette assyrienne vieille de 2600 ans

Environ 150 membres de la Brigade Sambhaji se sont rués dans la bibliothèque de l'Institut Bhandarkar en Inde pour protester contre la publication d'un livre de James W. Laine consacré à Shivaji, une figure religieuse et guerrière importante de l'Inde occidentale du XVIIIe siècle. Dans leur rage, les manifestants ont détruit, volé ou endommagé 30 000 manuscrits anciens, selon les premières estimations disponibles.

La légende de la vie tumultueuse de Shivaji demeure, aujourd'hui encore, au coeur de la pensée de certains nationalistes hindous. Pour écrire son livre controversé, James W. Laine, un auteur américain, s'était notamment documenté aux archives de l'importante bibliothèque de l'Institut Bhandarkar. Dans son travail, il expose des rapports d'opposition entre musulmans et hindous moins tranchés que ne le laisse entendre la tradition au sujet de Shivaji.

En décembre, Laine en était venu à s'excuser pour ses interprétations au sujet de Shivaji. Son éditeur, la respectable Oxford University Press, a même retiré le livre du marché. Le 22 décembre dernier, un historien qui avait aidé Laine dans son travail a été molesté en public à la suite de cette affaire. Tout cela n'a semble-t-il pas suffi à calmer la colère locale.

Les manifestants ont détruit sans discernement des biens culturels de première importance, parmi lesquels on trouve une tablette assyrienne vieille de 2600 ans.

La police a accordé une protection spéciale à trois historiens du centre dont la vie pourrait être menacée. Elle a interpellé à ce jour 72 personnes en rapport avec cette affaire.

Dès mardi, jeunes et vieux se sont affairés à nettoyer les lieux et à tenter de préserver ce qui pouvait encore l'être.

Jean-François Nadeau - Édition du jeudi 8 janvier 2004 - www.ledevoir.com


Vente à Paris, les 3 & 4 décembre 2003,

de la bibliothèque littéraire

Robert Moureau.

 

C'est une vente exceptionnelle au chapitre des livres anciens et belles reliures qui s'est tenue à Paris-Drouot, le mois dernier. Il s'agit de la bibliothèque réunie par Robert Moureau et Micheline de Bellefroid.

 L'exposition de cette bibliothèque eut lieu simultanément à Bruxelles, à la Wittockiana, et chez le libraire-expert Pascal De Saedeleer, puis, à Paris, chez Pierre Bergé & Associés.

Robert Moureau, avocat et homme politique belge important, mais surtout grand bibliophile devant l'Eternel, collectionna les éditions originales d'auteurs contemporains, constituant l'une des plus formidables bibliothèques du XXe siècle. Il put réunir bon nombre d'exemplaires de tête, souvent le numéro 1, et d'œuvres dédicacées qu'il fit relier par les meilleurs artisans relieurs de son temps.

Robert Moureau, administrateur très actif de la Société royale des bibliophiles jusqu'en 1966, moment où un accident de voiture l'immobilisa, mourut en 1983. Gide, Claudel, Michaux, Proust, Mauriac, Gracq, Bataille… étaient ses familiers, et le libraire Paul van der Perre le tenait pour l'un des hommes les plus intelligents et les plus cultivés qui fût.

Quant à Micheline de Bellefroid, c'est une relieuse d'art et de littérature qui fit ses classes à la Cambre, si complice de la vie propre des œuvres et des temps de l'écriture qu'elle put habiller les textes des habits les plus adéquats. Robert Moureau lui confia tôt des ouvrages d'importance, alors même qu'elle n'était encore qu'étudiante.

La Belgiquen'était pas présente

C'est dire si, dans le catalogue de la vente qui se déroula les 3 et 4 décembre, il y avait abondance de biens, voire de merveilles. D'aucuns regrettèrent que la Belgique et ses institutions ne furent guère présentes à cette vacation qui engageait tant notre pays, les prestigieuses raretés de l'un de ses collectionneurs mais aussi ses écrivains, ses artistes, ses relieurs d'art les plus accomplis dont Tchékéroul et Jo Delahaut.

La première partie de la vente totalisa 1.171.000 euros au marteau pour 410 lots. Deux d'entre eux dépassèrent allégrement les estimations et furent adjugés respectivement 100.000 euros, sans les frais. Il s'agit du premier jet du manuscrit de Camus « La corde », 68 pages écrites en 1948-1949 qui allaient devenir « Les justes ». L'ouvrage avec sa reliure en maroquin vert sombre de Liliane Gérard montre une écriture, des ratures et des repentirs qui témoignent de la fièvre créatrice de l'écrivain. Il avait été estimé 75.000 euros maximum.

Michaux avec une correspondance de 50 lettres et de cartes à Franz Hellens se vit couronner par une enchère de 45.000 euros. La barre de 50.000 euros qui avait été avancée fut presque atteinte. Reliure de Micheline de Bellefroid en maroquin janséniste noir doublé de daim naturel fauve, cette correspondance qualifiée de « fabuleux trésor conservé en dépit de l'auteur », révèle un Michaux encore inconnu, criant misère, tel qu'en lui-même cependant et attelé à l'écriture avec une passion extraordinaire. Tous ces manuscrits et autographes ont été préemptés par la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet.

L'autre enchère de 100.000 euros fut mise sur un exemplaire de l'édition originale du « Voyage au bout de la nuit » de Céline, à Paris, en 1932, chez l'éditeur Denoël et Steele. Cet exemplaire hors commerce, non justifié, sur vergé d'Arches, joint à dix exemplaires de tête et relié en maroquin janséniste noir par Huser, contient une lettre de Céline signée « Destouches » à Jean Ajalbert, un envoi autographe au même signé Céline et deux photographies dont l'une, célèbre, montre l'écrivain seul et vu de face. La petite histoire nous apprend que Jean Ajalbert, de l'académie Goncourt, fut le seul, avec Lucien Descaves et Léon Daudet, à soutenir la candidature de l'écrivain au prix qui devait lui échapper…

Danièle Gillemon

Le Soir du jeudi 8 janvier 2004

© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2002


Ouverture de la plus grande bibliothèque numérique en chinois du monde 

BEIJING, 09/11/2003 - La plus grande bibliothèque en chinois dans le monde, une banque de données contenant plus de 12 millions de documents, soit 25% des ressources d`informations publiques de Chine, a vu le jour samedi dans la capitale chinoise.

La bibliothèqe numérique vise à rendre possible l`accès des lecteurs à 80% des ressources intellectuelles chinoises par Internet d`ici trois ans. Il réunit des informations en provenance des ressources électroniques et des périodiques, journaux, livres, thèses dans les domaines tels que les sciences naturelles, l`ingénierie et les sciences sociales.

Le plus remarquable caractère de cette banque de données est qu`il offre des services efficaces et professionnels aux lecteurs dans la recherche d`informations d`intérêt, a dit Pan Longfa, président de la maison d`Edition électronique du Quotidien académique de Chine.

La bibliothèque numérique a été mise au point conjoitement par cette maison et par Tsinghua Tongfang Optical Disc Co. Ltd.

"Au cours de la construction de cette bibliothèque, nous avons mis l`accent sur la protection des droits de la propriété intellectuelle et payé plus de 31 millions de yuans (3,73 millions de dollars) aux auteurs à ce sujet", a poursuivi Pan.

Une enquête menée au mois de juin dernier par l`Administration de la Presse et de la Publicatin de Chine révèle que les informations à l`Internet n`incluaient que 15 millions de documents scientifiques, économiques, culturels et éducatifs, à savoir 40% des documents publiés en Chine et que 150 000 livres ont obtenu des droits d`auteur légitimes sur Internet, soit seulement 5% du total disponible sur le marché intérieur.

Angola Press 09/11/2003


Les tortueux chemins de croix de deux

manuscrits liégeois.

C’est une historienne américaine qui, en 1993, a sonné le tocsin, prévenant le conservateur du Musée liégeois d’art religieux et d’art mosan, le Maram, chez qui l’œuvre était en dépôt depuis une dizaine d’années : un des feuillets de la bible de Léau, prévenait Judith Oliver, venait d’être vendu 13.000 livres sterling (18.200 euros) chez Christie’s. Pour le dépositaire de la bible manuscrite et pour la bibliothèque du Séminaire de Liège, qui en reste propriétaire, c’est la stupéfaction : personne ne s’était aperçu qu’une page, au moins, de cet incunable du XIIIe siècle avait été volée. Immédiatement, les Liégeois enjoignent à la salle de vente londonienne de prendre toute mesure de sauvegarde à l’égard de la précieuse enluminure. Tandis que Bruce Ferrini, l’acheteur américain, dénonce la vente. Ce collectionneur n’est pas n’importe qui : propriétaire d’une galerie à Akron, dans l’Etat d’Ohio (Etats-Unis), il est un spécialiste incontesté de la littérature médiévale et renaissante. Fortuné, il assoira sa notoriété et sa respectabilité quelques années plus tard en léguant, avec son épouse Pamela, en hommage à leur fils de 21 ans décédé quelques mois plus tôt, 6,8 millions de dollars à la Kent University pour qu’elle puisse intensifier ses recherches sur l’évolution humaine. Légende locale, Bruce Ferrini tient à sa réputation, il le fait savoir à Christie’s qui décide donc de retenir ce manuscrit volé on ne sait quand par on ne sait qui. Le quand, le comment, le pourquoi : autant de points d’interrogation qui, à l’été 1993, sont soumis aux enquêteurs liégeois. C’est que la bible de Léau n’est pas de ces ouvrages écornés que l’on peut feuilleter sur le marché dominical de Tongres : rédigée au XIIIe par des chanoines liégeois exilés à Léau ( aujourd’hui Zoutleeuw, en Brabant flamand ), elle représente l’un des rares témoignages de l’enluminure telle qu’on la pratiquait dans le diocèse de Liège à la fin du Moyen Age.

Lettrines et miniatures rapportent un usage remarquable de la couleur et de la dorure à la feuille. C’est une des pièces maîtresses de notre collection de livres anciens, admet Yves Charlier, le conservateur de la bibliothèque du séminaire. Cet ouvrage a été prêté pour de nombreuses expositions, peut-être est-ce à l’occasion d’un de ces déménagements que des pages ont été arrachées… Et s’il n’y avait eu, en 1993, la perspicacité d’une historienne américaine, peut-être personne ne se serait-il jamais aperçu que le manuscrit avait été amputé de deux feuillets. En 1972, préparant une étude sur les manuscrits du XIIIe dans le diocèse de Liège, j’ai longuement analysé cette Bible, se souvient Judith Oliver, aujourd’hui professeur d’histoire de l’art à l’université Colgate, à New York. Il y a dix ans, j’ai reçu de Bruce Ferrini la photocopie d’un feuillet enluminé qu’il avait acheté chez Christie’s. Il s’agissait de la première page du « Livre de Judith », je l’ai immédiatement reconnue et j’ai alerté Albert Lemeunier, conservateur du Maram. Mais les Liégeois ne sont pas au bout de leurs surprises : en vérifiant l’intégrité de la bible, ils constatent qu’un second feuillet, celui qui ouvre le Lévitique, leur a également été subtilisé.

Sur les traces de Judith. Judith fut laissée seule dans la tente avec Holopherne effondré sur son lit, noyé dans le vin (…) Elle s’avança vers la traverse du lit proche de la tête de Holopherne, en détacha son cimeterre, puis s’approchant de la couche saisit la chevelure de l’homme et dit « Rends-moi forte en ce jour, Seigneur, Dieu d’Israël ! » Par deux fois elle le frappa au cou et détacha sa tête. (Judith, 13, 2-8). Puisque le premier feuillet a été localisé, c’est vers Christie’s que se tournent d’abord les enquêteurs. La salle de ventes les renvoie vers Francesco Radaeli, un Milanais de 58 ans qui a traversé les Alpes et s’est établi à Lugano. Où il a créé à la fin des années 80 une librairie spécialisée dans le négoce des livres anciens. Il faudra pourtant attendre 2001 pour que ce bibliophile soit entendu par la police du canton de Tessin et que sa bonne foi soit établie. C’était au printemps 1993, se souvient Francesco Radaeli. M. de Polo, que je connais depuis plusieurs années, m’a chargé de mettre en vente divers objets lui appartenant. Parmi ces objets, figurait la page de la Bible en question. Le marchand n’aurait appris qu’en novembre de la même année que la transaction, sur laquelle il devait percevoir une commission de 2 % environ, était viciée. Et quand les enquêteurs, s’étonnant sans doute que ce spécialiste n’ait rien soupçonné, lui demandent s’il est courant de trouver dans le commerce des pages volantes se rapportant assurément à un livre ancien, Francesco Radaeli admet que c’est chose fréquente et que ce l’était plus encore par le passé. Le commanditaire de Radaeli est facilement retrouvé : cultivé, épris d’art et de littérature, Claudio Saibanti de Polo est le directeur général de Fratelli Alinari, un des plus anciens et des plus grands fonds photographiques du monde, créé il y a plus de 150 ans, et partenaire de musées réputés tels que le Louvre à Paris, le musée Capodimonte à Naples, l’Hermitage à Saint-Pétersbourg… Récemment, les responsables de la maison d’édition ont même signé un accord avec Corbis, une des sociétés de Bill Gates, pour une numérisation et une plus large diffusion de leur patrimoine iconographique. Claudio Saibanti ne cache pas avoir été le propriétaire de cette miniature représentant Judith et sa servante levant une épée pour trancher la tête d’Holopherne, général assyrien, lors du siège d’Israël. Factures à l’appui, il explique l’avoir acquise, en même temps que d’autres antiquités, douze ans plus tôt chez un antiquaire de Zurich. Lequel l’aurait obtenue d’un collègue parisien. Des devoirs d’enquête ont effectivement été effectués à Lugano et à Zurich, avec toutes les difficultés que cela suppose puisque la Suisse ne fait pas partie de l’espace Schengen, confirme Véronique Melot, la substitut liégeoise qui a repris et dépoussiéré le dossier. Le galeriste de Paris a lui aussi été interrogé mais il affirme que la plupart de ses archives ont disparu, nous sommes dans une impasse. Reste que, dix ans après que le vol ait été constaté, l’espoir de voir l’enfant prodigue rentrer au bercail reste vif : Nous sommes toujours en possession du feuillet manuscrit, rassure-t-on chez Christie’s. Nous attendons des instructions de la Justice belge…

A la recherche du Lévitique. Le huitième jour il prendra deux agneaux sans défaut, une agnelle d’un an sans défaut, trois dixièmes de fleur de farine pétrie à l’huile, pour l’oblation, et une pinte d’huile. (Lévitique, 14, 10). La restitution du second feuillet signé par les moines de Léau est, elle, malheureusement plus hypothétique. Les enluminures sont d’aussi grande qualité que celles qui vivifient le livre de Judith. Elles représentent cette fois trois agneaux prêts à être sacrifiés devant un autel. Alors qu’on avait craint ce feuillet disparu à tout jamais, recelé par un collectionneur peu scrupuleux, voire détruit ou égaré, il réapparaît subitement il y a un peu plus d’un an sur un étal de la foire aux antiquaires de Maastricht, soit à une trentaine de kilomètres seulement du lieu de sa disparition. En mars 2002, je suis allé au Mecc de Maastricht le dernier jour du Salon, se souvient Albert Lemeunier, conservateur du Maram. Sur le stand d’un antiquaire allemand, j’ai formellement reconnu la page portée manquante du Lévitique. Une étiquette mentionnait erronément un manuscrit du XIIIe provenant du nord de la France (…). J’ai demandé le prix, c’était 20.000 euros. Je n’ai pas interpellé le vendeur, je ne voulais pas lui mettre la puce à l’oreille. La manœuvre a réussi au-delà de toute espérance puisque ce jour-là, sitôt refermées les portes du palais des expositions de Maastricht, Jorn Gunther, spécialiste incontesté des autographes et des manuscrits officiant à Hambourg, a rejoint le nord de l’Allemagne avec sa précieuse marchandise. Ne soupçonnant pas le relatif émoi qu’il a provoqué dans l’ancienne cité épiscopale, il conservera la miniature encore longtemps, en publiant des fac-similés dans son catalogue et la renseignant, dans une base de données consultable sur on site web, comme une illustration de Moïse procédant à un sacrifice devant un autel. En juillet 2002, Judith Oliver, cette Américaine qui, neuf ans plus tôt, avait déjà interpellé les Liégeois sur la dispersion de leur patrimoine, découvre à son tour, en feuilletant un des catalogues de Jorn Gunther, que la page du Lévitique est à Hambourg, qu’il suffirait de tendre la main. Mais rien n’y fait, aucun contact n’est pris avec le galeriste. Nous avons joint nos confrères allemands, mais ils font la fine bouche, pour des questions juridiques, et la commission rogatoire n’a pas encore pu avoir lieu, reprend la substitut Véronique Mélot, en précisant : S’il le faut, nous ferons appel aux officiers de liaison avec lesquels nous travaillons en Allemagne. Mais il est sans doute déjà trop tard et, si collaboration internationale il doit y avoir, ce sera vraisemblablement avec d’autres corps de police que les enquêteurs hambourgeois. Car si Jorn Gunther confirme avoir été en possession d’un manuscrit ressemblant de manière troublante à celui que revendiquent les Liégeois, il dit aussi l’avoir revendu voici plusieurs mois à un marchand londonien, qui s’en serait à son tour séparé au profit d’un collectionneur privé qui désire rester anonyme. Nous avons identifié le supposé intermédiaire britannique, il s’appelle Sam Fogg, omniprésent spécialiste des manuscrits et des textes anciens. C’est notamment lui qui, en 2002, a vendu pour le compte d’un tiers un tableau inédit de Rubens titré « Le massacre des innocents ». Peinte entre 1609 et 1611, cette œuvre qui représente le massacre des enfants juifs ordonné par le roi Hérode, a été adjugée 76,7 millions de dollars – dix fois son estimation basse. Elle est devenue le tableau ancien le plus cher jamais vendu aux enchères. La même année, le même antiquaire, interlocuteur privilégié des commissaires priseurs, avait vendu un atlas arabe, datant de la fin du XIe ou du début du XIIe , pour la somme de 400.000 livres sterling, à l’université d’Oxford. Mais je n’ai jamais eu ce manuscrit liégeois, se défend-il, s’étonnant du témoignage de son collègue allemand. Ce dernier pourtant n’en démord pas, le Lévitique a bel et bien traversé la Manche. Et lui même l’aurait acquis, lâche-t-il pour clôturer la discussion, auprès d’un collectionneur, Signore de Polo Saibanti. Ce dernier aurait donc, de bonne foi, été en possession des deux manuscrits bibliques volés à Liège. Par quel biais ? De qui les a-t-il obtenus ? Les voies du seigneur sont décidément difficilement pénétrables, même pour la Justice.•

Le Soir 30 octobre 2003 - JOËL MATRICHE. - http://www.regions.be/Regions/Liege/page_4299_160875.shtml

 


LA BIBLIOTHEQUE HUMANISTE DE SELESTAT

DES PETITS TRESORS A MERVEILLE

Il y a bien sûr cet acte de baptême du Nouveau Monde, daté de 1507 ou encore la première référence mondiale à l'arbre de Noël de 1521. Ces trésors de la bibliothèque humaniste de Sélestat, tout le monde les connaît. Mais il y en a d'autres, moins importants mais tout autant dignes d'intérêt. Hubert Meyer, conservateur de la bibliothèque, nous les fait découvrir.

Quand vous entrez dans le hall d'accueil de la bibliothèque humaniste, au premier étage, jetez un coup d'oeil sur votre gauche. Vous y verrez une belle sculpture blanche : un visage de femme. Mais ne vous y trompez pas, cette "dame de Sainte-Foy" n'est en fait pas une sculpture. Elle est un moulage du cadavre d'une femme inconnue de la fin du XIeme siècle. Il n'était pas rare, à cette époque, de couler du mortier de chaux dans les cercueils afin de limiter la contagion de certaines épidémies. Résultat : ce moule à l'état de conservation presque parfait, comme une photographie volée au temps. Et un visage très beau d'une femme dont la natte nous est encore visible près de dix siècles plus tard.

Insolites

« Cette dame de Sainte-Foy est l'un des nombreux trésors méconnus de la bibliothèque humaniste », explique Hubert Meyer, le conservateur. Il existe tant d'objets insolites, visibles ou invisibles pour le grand public, tels ces grands porte-cierges du XVIIIeme, dans la salle principale. L'un est sorti chaque année le 16 août afin que les maraîchers puissent célébrer la Saint-Roch, deux autres le 16 mai pour que les boulangers puissent adorer Saint-Honoré. » Une tradition médiévale qui se perpétue donc. Dans la salle des incunables, un buste de Jean Mentel, le premier imprimeur d'Alsace et en-dessous, cette inscription, inattendue : "Mentel de Schlestadt, inventeur de l'imprimerie". Il a fallu attendre en effet la fin du XIXeme siècle pour que les Sélestadiens cessent de croire à ce mythe. Non, Gutenberg ne pouvait avoir inventé l'imprimerie, seul un Sélestadien en était digne !

Livres avec « anti-vols »

Mais bien sûr, parmi les trésors inconnus, de nombreux livres : un lexionnaire du VIIeme siècle, le plus vieux livre d'Alsace dont les extraits étaient lus pendant les messes ou encore ces trois livres du XVeme siècle, retenus à la bibliothèque par une grosse chaîne. « Ces "anti-vols" de l'époque ont presque tous disparus aujourd'hui », raconte Hubert Meyer. A noter également : la première édition du Larousse universel en 15 volumes, daté de 1866. Ne prenez pas la peine de chercher sous "Sélestat". C'est sous "Schelestadt" que vous trouverez. En effet, le temps d'achever les volumes, l'Alsace était devenue allemande ! Le dernier tome a ainsi été édité dix ans après le premier. Autant de petites merveilles qui donnent tous son sens à cette éloge de Sélestat, écrit par Erasme lui-même en 1515 et qui se trouve amoureusement conservé par Hubert Meyer : « D'autres enfantent des corps, toi tu enfantes des génies. Qui déjà n'envierait de si éclatantes faveurs ? ». Erasme l'avait donc dit.

Alexandre Sulzer - 01 août 2003 - Dernières Nouvelles d'Alsace


Chine : la partie du « Grand Dictionnaire de Yongle » entreposée dans la Bibliothèque nationale a été remise en état

Après leur remise en état, les 221 volumes du fameux « Grand Dictionnaire de Yongle » entreposés dans la Bibliothèque nationale de Chine - l'une des ses collections les plus précieuses - vont être présentés au public à partir du 17 juillet, et ce jusqu'à la première décade de septembre prochain. Durant cette période, les habitants de Beijing auront l'occasion de voir de leurs propres yeux 9 des originaux de cet ouvrage ancien légendaire.

Rédigé sous le règne Yongle de la dynastie des Ming (1403-14250), cet important dictionnaire constitue l'encyclopédie la plus mûrement conçue et la plus remarquable qui ait été réalisée dans l'antiquité chinoise. Etant donné ses aventures extraordinaires, il va de soi que tout ce qui la concerne fait l'objet de l'attention générale du public. Ayant rassemblé des documents de quelque 7 ou 8 mille livres anciens, cet ouvrage composé de 60 tomes de catalogue et de 22 877 tomes pour le dictionnaire lui-même a été en tout relié en 11 095 volumes.

Selon les statistiques, dans le monde entier, il ne reste du « Grand Dictionnaire de Yongle » édité sous le règne Jiajing (1522-1567) que 400 volumes environ, dont 223 entreposés en Chine et 221 dans la Bibliothèque nationale de Chine.

Avec le soutien des ministères chinois des Finances et de la Culture et en faisant appel à des artisans habiles, la Bibliothèque nationale a procédé depuis 2002 à la remise en état générale du « Grand Dictionnaire de Yongle », travaux qui ont été achevés au bout de 9 mois.

Le Quotidien Du Peuple - 17 / 07 / 2003

 

 

 


 Lire en Egypte, d'Alexandre à l'Islam.

 L'histoire du livre grec et latin trouve dans les découvertes archéologiques d'Egypte une part majeure de ses sources. Les sables des franges désertiques de la vallée du Nil et des oasis ont en effet restitué, par milliers, les plus anciens manuscrits grecs et latins, souvent de mille ans antérieurs aux copies médiévales. Ces livres sur papyrus ou sur parchemin conservaient parfois aussi des œuvres inédites. La sécheresse du climat a assuré leur préservation. Cet ouvrage s'inscrit dans le cadre d'une Egypte multiculturelle, où cohabitent, dès avant la conquête d'Alexandre le Grand (332 av. J.-C.), Grecs et Egyptiens, puis, avec son intégration dans l'Empire romain, Grecs, Egyptiens et Romains. Il s'achève avec la conquête arabo-musulmane (639-642) qui met un terme à plus d'un millénaire d'intense vie culturelle grecque. Cette étude permet de réfléchir aux relations réciproques entre les civilisations. Elle aborde le contenu des livres grecs qui rassemblent les œuvres de la culture écrite grecque et les traductions des " sagesses barbares ". A travers l'examen des supports du livre et de leur typologie on découvre les conditions dans lesquelles les Grecs d'Egypte renoncèrent au livre en rouleau, le " livre ancien " pour adopter cette invention romaine qu'est le codex, le " livre moderne ". Notre objectif est de présenter ces livres perdus et retrouvés dans leur contexte social et culturel, en nous intéressant à la sociologie des lecteurs et aux pratiques de la lecture.

Nous allons pour cela à la rencontre des lecteurs - et des lectrices -, aussi bien à Alexandrie qui accueille - entre autres - la célèbre bibliothèque du Musée, que dans les provinces égyptiennes (les " nomes "), dans cette chôra où s'est épanouie une vie culturelle brillante. Aujourd'hui la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie apparaît comme l'héritière de sa prestigieuse aînée.

Editions Picard, collection Antiqua, 2002.

Bernard Legras - 30 juillet 2003 - www.info-grece.com

 


Chinguetti, rose des sables,

par Olivia Marsaud

 

Chinguetti, vieux ksar alangui de chaleur et cerné par les dunes, offre au visiteur des ruines belles et nostalgiques où il fait bon se perdre. Pour tomber, par hasard, sur l'une des dix bibliothèques anciennes du lieu. Et remonter alors le cours du temps.

20/04/03 : Chinguetti, c'est d'abord une vision. A la sortie de la piste et de son paysage lunaire, mélange de rocailles sèches et grises, la vue monotone et un peu triste débouche sur celle, surréelle, de dunes mordorées émaillées de rose et parsemées de palmiers. Au centre de ce sable émouvant, la vieille ville de Chinguetti, étale et alanguie, offre au visiteur ses ruines écrasées de chaleur. " Parfois, alors qu'il n'espère plus rien du paysage inhumain où il trace lentement sa route, le voyageur aperçoit, posée comme un bijou sur la nudité vertigineuse du Sahara, une de ces roses de sable faites de silice blonde, nées du désert et de la caresse du vent ", écrivait déjà l'aventurière Odette du Puigaudeau en 1935 alors qu'elle se trouvait à l'orée de la ville.

Inexorablement victime de l'ensablement, la ville ancienne dans laquelle il fait bon se perdre date de 1264. Elle a fait suite à la première ville bâtie sur cet emplacement en 777 qui s'appelait alors Aber, " le petit puits " en arabe. Celle que l'on a rapidement surnommée La Mecque mauritanienne comptait alors douze mosquées pouvant accueillir chacune 1 000 hommes. Enfin, une troisième ville, qui s'organise autour de l'ancien fort français, est née il y a 43 ans, regardant en face l'antique cité et la tenant à distance, séparée d'elle par 1 km de sable.

7 ème ville de l'Islam sunnite.

Elément de fierté pour ceux qui l'habitent, Chinguetti est considérée comme la 7ème ville de l'Islam sunnite. Elle a gagné ce titre grâce à son ancienneté, à l'abondance des livres religieux que renferment ses bibliothèques et grâce, d'après le gardien d'une maison, à la faculté de mémoire des habitants de la ville. " Ici, on mémorise tout le Coran dès l'âge de 9 ans !! ", affirme-t-il. Chinguetti est surtout connue pour être l'un des premiers berceaux du savoir de l'Islam, ayant abrité une université islamique.

La ville, avant qu'elle ne tombe dans l'oubli, était au carrefour du commerce transsaharien entre le Maroc, l'Algérie, le Sénégal, le Mali et le Soudan. Elle pouvait voir transiter jusqu'à 30 000 chameaux par nuit et offrait une halte propice aux caravanes. Aujourd'hui, il ne reste rien de ce lustre d'antan. Seules les dunes ont conservé leur majesté. Une mosquée est encore debout, entourées de maisons à demi écroulées. Couronnée d'un ciel bleu implacable et indifférent, elle accueille toujours les fidèles et l'appel du muezzin trouble encore les ruelles muettes et sablonneuses alentours.

La bibliothèque de Seif

Chinguetti, murée dans un silence à peine troublé par quelques éclats de voix fantomatiques, se dévoile au détour d'un éboulis de pierres aux reflets rosés, d'une porte solide fermée par un étroit cadenas ou d'une fenêtre entrouverte sur un vide poussiéreux. Et puis, par un bel hasard, on tombe sur la bibliothèque de Seif Islam. L'homme chaleureux vous accueille dans sa maison familiale, celle des Al Ahmed Mahmoud. C'est une des plus anciennes bâtisses du lieu. Elle dispose d'un puit de 2,5 mètres de profondeur et d'1 mètre de diamètre ; sa construction, austère mais parée de niches murales décoratives, est en grès, les linteaux en troncs de palmiers et les portes en acacia.

La famille Al Ahmed Mahmoud fait partie des dix autres lignées qui détiennent des bibliothèques dans la vieille ville. Elles étaient une trentaine dans les années 50 mais l'exode massif dû à la sécheresse les a fait fuir et elles ont souvent emporté leurs livres avec elles. La famille de Seif Islam était une famille d'érudits, de cadis (juges musulmans) plus précisément, d'où les nombreux ouvrages concernant le domaine juridique, le droit musulman et le code pénal qui sont à consulter. Econome dans un lycée, Seif s'occupe avec ses maigres moyens de la sauvegarde du patrimoine familial. Le paradoxe : pour entretenir les livres, il est obligé de les montrer aux touristes de passage quitte à les abîmer chaque jour un peu plus, au contact de la lumière et de la poussière.

La clé de Chinguetti

C'est avec entrain pourtant qu'il nous ouvre la porte de ses richesses à l'aide d'une clé de Chinguetti. Cette clé, d'origine yéménite et que l'on retrouve aussi au Mali, en pays Dogon, et au Maroc, ressemble étrangement à une brosse à dents préhistorique& Mais elle permet d'accéder à la salle des imprimés, qui bénéficie d'un système d'éclairage traditionnel faisant aussi fonction de système d'aération, gardant la température constante au gré des saisons. C'est donc à la source d'un petit puits de lumière que l'on découvre les étagères poussiéreuseset les livresqui les composent.

La deuxième pièce, plus petite et plus sombre, rassemble les manuscrits que seuls les chercheurs et les religieux sont autorisés à consulter. Religion, astrologie, astronomie, médecine, biologie, mathématiques, généalogie& Seif a classé les trésors dans des boîtes d'archives. " On a commencé à scanner les documents car ils sont très fragiles et on aimerait pouvoir en faire profiter tout le monde. Nous espérons à partir de cette base de données mettre un catalogue sur Internet. Cela fait un moment que l'Unesco ou la Fnac (chaîne de distribution française de biens culturels, ndlr) promettent de nous aider financièrement mais nous n'avons toujours rien reçu. Alors on fait avec les moyens du bord. " Dont acte : le guide improvisé sort tout de même quelques exemplaires.

L'heure du crépuscule

On découvre avec émotion un acte de mariage datant du XIIème siècle, petit bout de papier à l'encre noire étonnamment conservée, un Coran du XIIIème siècle délicatement décoré à la poudre d'or ou encore un traité d'astrologie du 18ème siècle. On aperçoit certains ouvrages rongés par les termites. Déchirement. Le temps, suspendu au milieu de tant d'Histoire, est passé malgré tout et Seif vous raccompagne à petits pas.

Le soleil a commencé son repli et les ombres portées des ruines s'allongent. L'air est saturé de l'attente du couchant. Aux bêlements lointains des chèvres et au souffle du vent dans les palmes, se joint alors, pur et presque irréel, le chant d'un petit garçon qui traverse l'espace séparant la nouvelle ville de l'ancienne en sautillant. Solitaire et beau. Comme ce " vieux ksar mystérieux qu'une vague d'or soulève dans le ciel incolore des crépuscules mauritaniens* ".

* Odette du Puigaudeau, Mémoire du Pays Maure, 1934-1960. Voir : Odette du PUIGAUDEAU (1894-1991) - Une Bretonne au désert.

© Afrik.com - 20/04/2003 Site : http://www.afrik.com

La suite des informations sur la bibliophilie


 

Un livre sur le voyage de Moulay Hassan au Tafilalt

L’historienne Amina Aouchar a signé un récit passionnant et riche en informations sur une époque du Maroc.

 

Nous sommes le 29 juin de l’an 1893. Moulay Hassan, à la tête de trente milles hommes, entame un long voyage à travers le Maroc de ce XIXe siècle. De Fès au Tafilalt, du Tafilalt à Marrakech en passant par le sud de l’Atlas, le voyage du sultan est une expédition dans l’histoire, la géographie et la société marocaine de l’époque. A travers son ouvrage “Le voyage du Sultan Moulay Hassan au Tafilalt du 29 juin au 28 décembre 1893”, l’historienne Amina Aouchar a signé là un récit passionnant et riche en informations et données sur les coutumes et les pratiques d’une période importante de l’histoire du Maroc. Reconstitution vivante d’un périple entrepris pour des raisons religieuses et politiques, ce livre est également une invitation à la découverte: Celle de la mémoire d’un pays. Comment on voyage à cette époque, comment était la cour du Sultan, le protocole, les rituels d’offrandes à Moulay Hassan, la célébration des fêtes religieuses adaptée au “mode déplacé”, l’organisation du camp royal, Aouchar décrit avec minutie les détails pour brosser un ensemble clair et précis. Étape après étape, le portrait de cet homme remarquable commence à prendre forme dans l’esprit du lecteur tout en suggérant l’importance de son œuvre.

Animée par un souci d’objectivité, l’auteur a fait appel aux témoignages des personnes, marocaines et étrangères, qui ont accompagné le sultan dans son voyage. Les lettres officielles, les comptes-rendus des membres de la cour et les notes des topographes qui inspectaient les itinéraires viennent également agrémenter ce récit historique tout en l’enrichissant par une diversité des visions et des approches. Le lecteur se trouve ainsi invité à se poser des questions, à commenter et à interpréter les événements qui lui sont racontés selon sa propre sensibilité.

Amina Aouchar entame chaque chapitre en racontant le voyage royal tout en l’illustrant par une iconographie abondante puisée dans les archives de la Bibliothèque Royale et la Bibliothèque Générale de Rabat. Composées de lettres officielles, manuscrits, dessins et aquarelles, les illustrations comportent aussi des reproductions de tableaux d’orientalistes italiens et anglais. Une reconstitution momentanée de l’histoire conjuguée à l’imaginaire artistique. Après cela, le verbe cède la place à l’image pour raconter le voyage par flash. Le regard du photographe Franco D’Alessandro transporte le lecteur dans le cortège du Sultan, le conduit à travers les paysages naturels, les monuments, historiques dans une tentative de capter l’âme du moment et du mouvement.

Premier né de la maison d’édition Senso Unico, “Le voyage du sultan Moulay Hassan au Tafilalt du 29 juin au 28 décembre” de Amina Aouchar a vu le jour grâce au soutien de la BMCI.

Hayat KAMAL IDRISSI

L'économiste - 19 décembre 2003.


 
Enchère record pour un brouillon de Rousseau

à 96.725 euros chez Sotheby's

Un brouillon autographe d'une des plus importantes lettres du roman "Julie ou la Nouvelle Héloïse" de Jean-Jacques Rousseau a été adjugé 96.725 euros jeudi chez Sotheby's à Paris, soit un record mondial pour un manuscrit littéraire de l'écrivain, a-t-on appris vendredi auprès de Sotheby's.

Dans ce manuscrit (deuxième partie du roman, lettre XXI), qui était estimé entre 40 et 60.000 euros, l'auteur du "Contrat social" décrit en 14 pages les moeurs des Parisiennes modernes. Sur les 163 lettres du roman, seule une dizaine de brouillons sont encore entre des mains privées.

Une second record mondial a été atteint au cours de la même vacation pour une lettre autographe de Catherine II de Russie, vendue 35.625 euros. Dans cette longue lettre, document historique inédit, l'impératrice propose à Frédéric-Guillaume II, roi de Prusse, de s'allier pour écraser une insurrection en Pologne en mars 1794.

Le même jour, deux vacations consacrées à la dispersion de la Bibliothèque du roi Léopold III au château d'Argenteuil ont atteint un total de 261.156 euros, soit 99% vendus en valeur et 95% en lots.

Au total, les trois vacations de cette journée dédiée à des livres et manuscrits a atteint 674.111 euros (93% de vendus en valeur et 94 % en lots), a précisé Sotheby's France.

PARIS (AFP), le 12-12-2003


 

Vol de livres anciens à la Bibliothèque royale danoise :

trois arrestations

 

COPENHAGUE - La police danoise a arrêté le mois dernier la veuve d'un bibliothécaire danois, son fils et sa belle-fille, soupçonnés de recel à l'étranger de livres anciens, dont des éditions originales de John Milton et Emmanuel Kant, volés dans les années 1960 et 70 à la Bibliothèque royale du Danemark, a-t-elle annoncé mercredi.

Elle a précisé avoir saisi lors de perquisitions au Danemark et à l'étranger quelque 1.600 documents volés, d'une valeur provisoire estimée à 150 millions de couronnes (20,2 millions d'euros), appartenant à la Bibliothèque royale.

"Nous avons arrêté au total quatre personnes jusqu'à présent, qui ont été placées en détention préventive" début novembre, a déclaré à l'AFP un inspecteur de la police criminelle de Copenhague, Henrik Svind, n'excluant pas d'autres arrestations.

Les quatre personnes interpellées ont été inculpées de recel aggravé. Elles sont soupçonnées d'avoir revendu pour 8 à 10 millions de couronnes million d'euros) d'oeuvres dérobées, par l'entremise de plusieurs maisons d'enchères situées hors du Danemark, selon la police.

Celle-ci enquête depuis environ trois mois sur cette affaire, à la suite d'une information de la maison de vente britannique Christie's qui avait signalé à la Bibliothèque royale que des personnes tentaient de vendre des livres de grande valeur disparus de ses rayons.

Les oeuvres volées comptent entre autres des éditions originales des astronomes danois Tycho Brahé et allemand Johannes Kepler, des poètes irlandais Thomas Moore et anglais John Milton, du philosophe allemand Emmanuel Kant et un recueil original du réformateur allemand Martin Luther ainsi qu'une série d'atlas, notamment du Néerlandais Willem Blaeu.

"Nous avons eu une coopération fructueuse avec Christie's, et notre travail a consisté avant tout à mettre la main discrètement sur le plus grand nombre de livres possible dérobés à la Bibliothèque royale", a observé M. Svindt.

L'identité des personnes impliquées a été gardée secrète, sur décision de justice.

Le directeur de la Bibliothèque royale, Erland Kolding Nielsen, a déploré que "cette affaire soit étalée maintenant dans les médias" alors que l'enquête n'est pas terminée.

"Je confirme simplement que les vols se sont arrêtés en 1978, et qu'il n'y avait aucune trace à leur sujet avant cet automne", a-t-il indiqué dans le quotidien Politiken de mercredi.

Selon lui, la veuve d'un chercheur-bibliothécaire, décédé l'année dernière, a tenté de "vendre beaucoup de livres et des premiers tirages".

(©AFP / 10 décembre 2003 17h58)


300 ans de presse luxembourgeoise

en livre et en exposition.

Le mercredi 27 octobre, l'ouvrage Zeitungen in Luxembourg 1704-2004 (Journaux au Luxembourg 1704-2004) sera présenté lors du vernissage d'une exposition ayant également trait à l'histoire de la presse écrite luxembourgeoise.

Le journaliste Romain Hilgert est l'auteur du livre édité par le Service information et presse du gouvernement luxembourgeois (SIP) et commissaire de l'exposition organisée par la Bibliothèque nationale, en collaboration avec le SIP.

Ces deux événements sont l'occasion de commémorer 300 ans de presse luxembourgeoise. En effet, c'est en juillet 1704 que parut le premier journal au Grand-Duché. Le livre présente celui-ci, tout comme les plus de 400 titres y ayant fait suite jusqu'à nos jours. En ce sens, c'est là aussi un précieux moyen pour comprendre au mieux la situation actuelle de la presse écrite du Luxembourg.

L'exposition et le livre Zeitungen in Luxemburg 1704-2004 permettent de découvrir non seulement la richesse des formes mais aussi la grande diversité politique qui jalonnent l'histoire de la presse luxembourgeoise. En effet, cette presse a joué, dès ses débuts, un rôle important dans l'évolution des débats publics et, en ce sens, de la démocratie à travers le Grand-Duché. De nos jours encore, les Luxembourgeois restent ainsi parmi les plus fervents lecteurs de journaux de l'Europe.

Le vernissage de l'exposition a lieu le 27 octobre à 18 heures à la salle Mansfeld de la Bibliothèque nationale et donne l'occasion à l'auteur Romain Hilgert et au directeur du Service information et presse Mil Jung de présenter officiellement l'ouvrage Zeitungen in Luxemburg 1704-2004. Le livre sera disponible en version allemande dans les librairies, au prix de 20 euros, la semaine suivant cette présentation. La version française du livre est en préparation. Quant à l'exposition, elle est visible jusqu'au 31 décembre 2004.

27-10-2004 - http://www.gouvernement.lu/salle_presse/actualite/2004/10/27_300press/


Exposition : Quatre siècles d'imprimerie à Mons (Belgique).

Du 9 octobre 2004 au 8 janvier 2005.

la Bibliothèque du Musée royal de Mariemont a procédé il y a peu à l'inventaire systématique de ses éditions montoises anciennes acquises, pour la presque totalité, par Raoul Warocqué.

Cette fabuleuse collection, riche de plusieurs centaines de titres, dont certains sont inédits, est une source inestimable pour approcher l'histoire de l'imprimerie (près de 40 imprimeurs seront représentés) et la diffusion des idées dans la capitale de l'ancien comté de Hainaut, du XVIe siècle au début du XIXe siècle.

L'exposition, organisée dans la Galerie de la réserve Précieuse, présentera pour la toute première fois les pièces les plus éloquentes de cet ensemble.

Commissaire de l'exposition : Bertrand FEDERINOV.

Voir le site : http://www.musee-mariemont.be/


Prix de la « Carpette anglaise »

Le désormais bien connu prix de la « Carpette anglaise », qui stigmatise « un membre des élites françaises » pour son soutien à l’anglais au détriment de la langue française, a été décerné hier par le jury de l’académie [1] à Claude Thélot, auteur du rapport de la commission pour l’avenir de l’École. M. Thélot avait placé l’anglais parmi les enseignements fondamentaux, au même rang que le français, à partir du primaire. Il a été élu au troisième tour de scrutin avec six voix contre quatre à Claude Simonet, président de la Fédération française de football (FFF), qui a choisi une chanson anglaise (Can you feel it) comme hymne de l’équipe de France... D’autres candidats ont été écartés : Bernard Arnault, président du conseil d’administration de la société Dior, pour sa gamme de produits aux intitulés anglomaniaques, notamment son pure poison où « pure » est écrit selon l’orthographe anglaise ; Philippe Baudillon, président du Groupement d’intérêt public de la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2012, qui a présenté en anglais, à Athènes à l’occasion des Jeux 2004, la candidature de Paris dans une conférence de presse ; Michel Prigent, président du directoire des Presses universitaires de France, pour avoir publié dans la collection « Que sais-je ? » un ouvrage sur les investissements financiers rédigé uniquement en langue anglaise et intitulé Investments.

Le prix spécial à titre étranger va à Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, qui a présenté en anglais la politique de l’établissement devant le Parlement européen de Strasbourg. Il a devancé Stéphane Garelli, président du conseil d’administration du journal suisse Le Temps, pour publier à l’instar du journal Le Monde, un supplément hebdomadaire en anglais du New York Times, et Louis Schweitzer, pour l’anglicisation forcée du réseau Renault à l’étranger (en Pologne, Renault a imposé l’anglais aussi bien à ses cadres français qu’à ses employés polonais).

L’an dernier, l’Académie de la Carpette anglaise avait épinglé le groupe HEC, dont le directeur général, Bernard Ramananantsoa, avait contesté le rôle du français comme langue de communication internationale, et le commissaire européen Pascal Lamy pour son usage exclusif de l’anglais dans les réunions européennes. En 2002, les champions étaient le directeur du Monde Jean-Marie Colombani pour publier chaque semaine un supplément en anglo-américain, et le président de la Commission européenne, Romano Prodi, meilleur valet de la cause de l’anglais unique dans les institutions européennes. (Sources : AFP et Vox Latina.)

[1] Douze membres dont Angelo Rinaldi de l’Académie française, Christine Clerc, Jean-Paul Clément, Paul-Marie Coûteaux, Anne Cublier, Claude Duneton, Max Gallo, Dominique Noguez. Pour en savoir plus sur l’Académie de la carpette anglaise : Académie de la Carpette anglaise chez « Le Droit de Comprendre » - 34 bis, rue de Picpus 75012 Paris. Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’Académie de la Carpette anglaise (tél. : 06.75.26.88.05).

Revue républicaine - 25 novembre 3004


  
Double hommage au Goncourt

à la BNF du 9 décembre au 22 février.

La Bibliothèque nationale de France (BNF) expose du 9 décembre au 22 février (site François Mitterrand) le Journal d'Edmond et Jules de Goncourt, à l'occasion du centenaire du prix attribué pour la première fois en 1903 à John-Antoine Nau pour "Force ennemie".

La BNF propose aussi les 10 et 11 décembre deux journées de colloque autour des deux frères et du célèbre prix.

Légué à la Bibliothèque par Edmond de Goncourt, le manuscrit du Journal sera exposé dans son ensemble pour la première fois et formera le centre de l'exposition (entrée libre). Il sera accompagné d'un choix d'oeuvres des Goncourt, de lettres, de portraits et photographies provenant pour la plupart des collections de la BNF.

Outre le manuscrit du premier lauréat, sont également exposés ceux de dix oeuvres couronnées par le prix, dont "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" (Proust), "La condition humaine" (Malraux), "Les mandarins" (Beauvoir) etc.

A la mort de Jules, en 1870, Edmond continua le Journal que tous deux tenaient depuis 1851. Le souci d'assurer la naissance de son Académie marque la fin de sa vie. Il puise les futurs membres du jury parmi les admirateurs, disciples et amis qui fréquentent "le grenier" de sa maison d'Auteuil dès 1885. Les différentes versions de son testament, toutes exposées, témoignent de ses hésitations et de ses craintes sur ce jury.

"Les frères Goncourt ont mauvaise presse. Considérés comme réactionnaires, misogynes, antisémites et médisants jusqu'à la calomnie, il ne suffit pas, pour les excuser, de rappeler que Flaubert, Baudelaire et quelques autres ont partagé les mêmes travers. Mieux vaut sans doute les étudier dans leur siècle, explorer le réseau de leurs relations, analyser leurs oeuvres de fiction et leurs critiques d'art, scruter la modernité de leur Journal", expliquent d'autre part les organisateurs du colloque.

Placé sous l'autorité de l'Académie Goncourt, le colloque sera ouvert par Edmonde Charles-Roux, présidente de l'Académie, et Jean-Noël Jeanneney, président de la BNF.

Des spécialistes ( comme Michel Winock ou Marc Fumaroli ainsi que de nombreux universitaires ) participeront aux quatre débats programmés : "Les Goncourt et l'histoire", "Les Goncourt et leurs contemporains", "Arts et spectacles" et "Modernité et décadence".

Le colloque (comme l'exposition) est soutenu par France Loisirs, qui édite par ailleurs "La passion Goncourt" de Pierre Kyria (252 pages, 14,50 euros). Il est organisé avec le concours de l'universitaire et éditeur Robert Kopp (il dirige la collection "Bouquins" chez Robert Laffont).

PARIS (AFP) - 08/12/2003


Record pour Montaigne chez Sotheby's (Paris)

La vente de la collection de livres dédiée à "Michel de Montaigne et son temps", constituée par Francis Pottiée-Sperry, a suscité des passions bibliophiles jeudi chez Sotheby's, le produit total dépassant largement les estimations à 1.926.807 euros (frais inclus).

Les 157 lots de la collection du chirurgien disparu en 2002, qui associait des éditions originales des "Essais", des traductions et des auteurs lus par Montaigne (1533-1592), ont tous trouvé preneurs, ce qui a permis au commissaire priseur Alain Renner d'honorer la tradition en enfilant ses gants blancs à l'issue de la vente.

Lire et Imprimer les résultats de la vente.

Celle-ci a démarré sur les chapeaux de roues, cinq des dix meilleures enchères de la vacation ayant été enregistrées dans la première demi-heure.

Le lot vedette, un précieux exemplaire de l'édition originale de 1580 des "Essais" de Montaigne, conservé dans sa reliure en velin d'époque, a été adjugé 337.875 euros (frais inclus), dépassant de 50% son estimation haute.

Cette vente constitue le deuxième record mondial pour une oeuvre imprimée de littérature française, après une édition originale de "Du côté de chez Swann" de Marcel Proust enlevé 340.342 euros en décembre 2001, également chez Sotheby's France.

Contenant les deux premiers "Livres" des "Essais", cet exemplaire de l'un des plus grands textes de la littérature mondiale, publié à Bordeaux chez Simon Millange, est l'un des trois ou quatre connus en mains privées. Il a été acheté par le libraire Patrick Sourget, installé à Chartres.

Ce dernier s'est également porté acquéreur pour un client collectionneur, d'un rare recueil réunissant des textes poétiques de Marot et Villon, qui a presque triplé son estimation haute, à 249.875 euros.

Libraires et particuliers européens présents dans la salle se sont également disputés âprement deux livres ayant appartenu à Montaigne et porteur de son ex-libris, provenant de la fameuse "librairie" de l'écrivain, qui, selon son témoignage, comptait un millier de volumes et dont on ne connaît aujourd'hui qu'une centaine.

Les "Commentaires de la Guerre des Gaules de César" (1543), offert par Pierre Eyquem de Montaigne à son fils Michel âgé de 16 ans, s'est ainsi envolé à 216.875 euros, soit près du double de son estimation haute.

Adjugé 128.875 euros, un exemplaire dans la première reliure en velin du "Förster" (1565), un des rares livres de droit acquis par l'écrivain, a été préempté par la bibliothèque de Bordeaux, qui a également acheté un dessin représentant une vue du château de Montaigne (3.600 euros).

Parmi les autres lots vedettes de la vente, un exemplaire du "Discours d'Ambroise Paré (...) à savoir de la mumie, des venins, de la licorne et de la peste" (1582), a été enlevé 74.400 euros, tandis qu'une première édition collective des "Oeuvres" de Rabelais de 1553, comprenant Gargantua, Pantagruel, le Tiers Livre et le Quart Livre, en reliure parisienne en veau fauve de l'époque atteignait 68.525 euros.

Oeuvre d'une vie perpétuellement retravaillée par son auteur, les "Essais" ont naturellement remporté un franc succès : une édition de 1587 en reliure de velin d'époque a été vendue 52.075 euros, la première édition posthume de 1595 donnée par Mlle de Gournay, seul exemplaire en mains privées, 49.725 euros et un éxemplaire de 1582,également en reliure d'époque, 48.550 euros.

AFP - 27/11/2003 21h13


Un exemplaire de l'édition originale de 1580 des Essais de Montaigne, conservé dans sa reliure en vélin d'époque, a été adjugé 300 000 euros (hors frais) hier, lors d'une vente consacrée à l'écrivain, chez Sotheby's à Paris. Ce livre, est l'un des trésors de la collection de Francis Pottiée-Sperry, un chirurgien du Touquet décédé l'an dernier. Contenant les deux premiers Livres des Essais, cet exemplaire, publié à Bordeaux chez Simon Millange, était estimé entre 150 et 200 000 euros.

Estimée entre 800 000 et 1,2 million d'euros, la collection compte 158 lots et associe des éditions originales des Essais, oeuvre sans cesse retravaillée par l'écrivain et les auteurs qu'il lisait, tous volumes en reliures d'époque.

Le Figaro - 28 novembre 2003


La fabuleuse collection du docteur Pottiée-Sperry

dispersé chez Sotheby's, a battu des records.

Un précieux exemplaire de l'édition original de 1580 des Essais de Montaigne a été adjugé 300.000 euros. C'était le fleuron de la collection du docteur Francis Spottiée-Sperry, chirurgien , grand admirateur de Montaigne au point d'avoir voulu être inhumer, en 2002, dans le petit cimetière de Saint-Michel de Montaigne en Dordogne.

Une passion littéraire

Le futur chirurgien qui avait découvert l'écrivain à l'adolescence était devenu un montaigniste inconditionnel.

Admirateur de l'oeuvre de l'écrivain et homme politique gascon dont il connaissait des passages entiers par coeur, Francis Pottiée-Sperry collectionna également ses écrits. Il parcourait le monde à la recherche des éditions les plus rares des Essais, il possedait ainsi un exemplaire original de 1588. In fine, il fut à la tête d'une extraordinaire collection, celle que Sotheby's s'est chargé de disperser. Elle était estimé entre 800.000 et 1,2 millions d'euros. Les premières adjudications indiquent que le gain final sera bien plus élevé.

France3 Aquitaine -27/11/03

 


La Bibliothèque de l’Académie des Sciences de Russie, la Kuntskamera

et la Bibliothèque du Congrès (Etats-Unis)

créeront un projet Internet "Rencontre à la frontière"

 La Bibliothèque de l’Académie des Sciences de Russie, le Musée d’anthropologie et d’ethnographie Pierre le Grand (la Kuntskamera) et la Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis ont signé une convention de création d’un projet Internet "Rencontre à la frontière". L’agence d’information ROSSBALT fait savoir que dans le cadre du projet les collections de la Kunstkamera et de la Bibliothèque de l’Académie des Sciences seront numérisées. Pour la création du projet seront utilisés les photographies, les dessins, les livres rares et les manuscrits consacrés à l’Ouest américain, à la frontière russe en Sibérie, aux rapports russo-américains en Alaska. "Rencontre à la frontière" contiendra plus de 100 milles cartes géographiques et documents en provenance de plus de 10 bibliothèques et musées des deux pays.

Le programme de participation des Etats-Unis aux festivités du Tricentenaire de Saint-Pétersbourg est composé de manifestations qui seront réalisées durant toute l’année du jubilé, tant aux Etats-Unis (plus de 40 manifestations) que dans la ville sur la Neva (plus de 20 manifestations).

Le 14-05-2003 Site : http://300online.ru/


Enchères records pour une partie de la bibliothèque de Daniel Filipacchi

Plusieurs records du monde, deux préemptions et une recette de 5,96 millions d'euros ont marqué la dispersion jeudi soir chez Christie's à Paris de la première partie de la prestigieuse bibliothèque surréaliste de Daniel Filipacchi.

"Parmi les fleurons de la collection, le premier exemplaire sur parchemin de + La Prose du Transsibérien et la petite Jehanne de France + de Blaise Cendrars, rythmé par des aquarelles de Sonia Delaunay, a été adjugé 349.250 euros. Un record du monde pour cette édition vendue aux enchères", a commenté Christoph Auvermann, directeur du département livres et manuscrits chez Christie's.

Par ailleurs, un ensemble capital pour le mouvement surréaliste, le recueil des correspondances de Vaché avec Breton, Fraenkel et Aragon, "Lettres de Guerres", a atteint l'enchère de 294.250 euros.

Parmi les dix plus belles enchères de la soirée, trois autres records du monde ont été pulvérisés pour certaines éditions : "Le Cornet à dés" de Max Jacob, illustré par Pablo Picasso, avec une reliure de Paul Bonet (283.250 euros), "Saint Matorel" de Max Jacob et Picasso (140.250 euros) et "Dormir dormir dans les pierres" de Benjamin Péret et Yves Tanguy.

L'un des trente exemplaires d'"Autre chose" de Pierre-André Benoit, avec gravure à la pointe sèche signée par l'artiste et une reliure de Rose Adler, a été préempté à 8.225 euros par la Bibliothèque municipale de Montpellier.

De son côté, la Bibliothèque nationale de France a préempté à 94.000 euros "Alcools" de Guillaume Apollinaire, un ensemble unique de 63 pièces, dessiné et lithographié en noir par Marcoussis (25 dessins originaux), sous une reliure de Georges Hugnet.

Sur les 205 lots proposés aux enchères, 175 ont été vendus. Pour M. Auvermann, "cette vente confirme la place de Paris comme haut lieu de la bibliophilie".

Daniel Filipacchi, apprenti typographe devenu fondateur d'un des plus grands groupes de presse français, avait commencé à collectionner les ouvrages surréalistes en 1939, alors qu'il était âgé de 11 ans. Il a décidé de se séparer "par morceaux" de sa collection, estimant que "65 ans de chasse aux livres, ça suffit".

PARIS (AFP), le 30-04-2004


  
Enrayer la disparition des trésors d'IRAK

Des experts iraqiens, arabes et occidentaux discutent cette semaine en Jordanie des moyens de protéger les sites archéologiques afin d'éviter les pillages.

Au cours d'ateliers qui dureront sept jours, organisés à Pétra (sud de la Jordanie) par le Global Heritage Fund (GHF) basée aux Etats-Unis, et en coopération avec la Banque mondiale, des experts se penchent cette semaine sur les moyens de protéger et développer 11 sites archéologiques clés en Iraq. L'Iraq, qui a vu se succéder pendant plus de 5 000 ans les grandes civilisations de la Mésopotamie, avait été abandonné aux pillards pendant plusieurs semaines après l'entrée des troupes d'occupation américano-britanniques en mars 2003.

En mai, le ministre iraqien de la Culture, Moufid Al-Jazaïri, avait affirmé que les pillages se poursuivent dans de nombreuses villes abritant des ruines et annoncé la formation par son ministère d'agents chargés d'assurer la sécurité des sites archéologiques.

Selon lui, il manque encore près de 10 000 œuvres d'art, soit environ deux tiers des quelque 14 000 pièces qui avaient disparu, un an après les pillages au musée national de Bagdad.

Il n'y a toujours « aucune trace » des 9 000 à 10 000 « trésors archéologiques » emportés par des pillards, avait déclaré le ministre à la presse. Des œuvres ont réapparu dans plusieurs pays d'Europe et du Moyen-Orient ainsi qu'aux Etats-Unis, mais la plupart des objets pillés sont en Iraq, avait poursuivi le ministre.

Donny George, le directeur du musée national de Bagdad, a pour sa part fait état de près de 15 000 pièces d'antiquités volées du musée national de la capitale iraqienne et accusé des pays voisins comme la Turquie et l'Iran de ne pas coopérer à leur recherche. « Nous savons, nous en sommes sûrs, que des antiquités iraqiennes passent par la Turquie et l'Iran, mais nous n'avons jamais rien entendu de la part de ces pays », a déclaré George.

Il a indiqué que d'autres voisins de l'Iraq comme la Jordanie, la Syrie, le Koweït et l'Arabie saoudite coopéraient avec Bagdad et avaient saisi plusieurs pièces que des trafiquants avaient réussi à faire passer dans leurs pays. Le directeur général du département jordanien des antiquités, Fawwaz Khraysha, a de son côté affirmé à l'AFP que 1 046 pièces volées d'Iraq avaient été saisies et étaient actuellement entreposées en attendant que les autorités iraqiennes les réclament. M. George a affirmé que la Syrie a saisi environ 200 objets volés en Iraq alors que le Koweït a réussi à en saisir 35. « L'Arabie saoudite nous a informés qu'elle détenait certains objets mais nous n'en connaissons pas le nombre », a-t-il ajouté. « 15 000 pièces pillées du musée restent toujours introuvables », a-t-il souligné.

Il a précisé que parmi ces objets figurent « une statue en diorite représentant Entemena, un roi sumérien (environ 2400 av. J.-C.) ainsi qu'une pièce en ivoire et or incrustée de pierres précieuses représentant une lionne attaquant un Nubien », qui remonte à 720 av. J.-C. Plusieurs autres pièces ont également disparu des sites archéologiques iraqiens, où, selon M. George, des « bandits continuent de piller impunément ». De son côté, un haut responsable d'Interpol, M. Karl Heinz Kind, a indiqué qu'il y aurait en Iraq « environ 100 000 sites archéologiques dont 10 000 seulement sont recensés, et qu'il est donc impossible de les protéger tous ».

16 juin 2004. A.F.P. - http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2004/6/16/patri0.htm


Bibliothèque nationale de France - Pages chrétiennes d'Égypte : Les manuscrits Coptes...

La Bibliothèque nationale de France, qui possède l'un des plus beaux fonds de manuscrits coptes et coptes-arabes du monde, organise une exposition intitulée Pages chrétiennes d'Egyptes. Les manuscrits Coptes.

Lorsque le christianisme se répandit en Egypte, à partir du IIe siècle, la traduction de ses écrits fondateurs dans la langue autochtone coïncida avec un changement de système graphique : cette dernière phase de l'égyptien, qui s'appelle le copte, n'est en effet plus transcrite en hiéroglyphes, mais à l'aide de l'alphabet grec enrichi de sept signes dérivés de l'ancienne écriture.

A partir de la fin du IIIe siècle furent copiés en copte de nombreux manuscrits, en particulier dans les monastères - l'Egypte est le berceau du monachisme - et les églises. À travers la période byzantine et musulmane, cette tradition de copie s'est perpétuée en s'adaptant, jusqu'au XIXe siècle, le copte étant toujours aujourd'hui la langue liturgique des quelques millions de chrétiens d'Egypte.

Suscitée par la tenue à Paris, du 28 juin au 3 juillet, du 8e congrès international d'études coptes, qui rassemblera environ deux cents spécialistes de ce domaine, cette exposition a pour but de présenter différents aspects de cet art du livre, autour de quatre thèmes :

Copie et ornement des livres saints : de manuscrits sobres, sans décorations, où l'écriture est la même que celle des manuscrits grecs contemporains, la tradition évolue vers des livres plus grands, où l'écriture acquiert ses caractères propres. Ils sont décorés, souvent modestement, mais joyeusement, de motifs colorés, végétaux ou animaux. Grâce aux efforts de l'égyptologue Gaston Maspero, la Bibliothèque nationale a pu acquérir, à la fin du XIXe siècle, plus de la moitié des vestiges de la bibliothèque d'un grand monastère de Haute-Egypte qui conservait les restes de la littérature la plus ancienne. La relative austérité de l'ensemble fait d'autant plus admirer les exemplaires d'apparat en provenance de Basse-Egypte, tels le copte 13, évangéliaire entièrement enluminé ou l'arabe 12, pentateuque orné à la manière d'un Coran, véritables trésors artistiques. Les manuscrits bilingues coptes-arabes, majoritaires à partir du XIIe siècle, permettent de percevoir comment se fait la cohabitation entre deux écritures et deux langues fondamentalement différentes.

Livres liturgiques : très nombreux à partir du XIe siècle, alors que la langue copte était devenue minoritaire, ils sont de contenus divers (lectionnaires, rituels, recueils d'hymnes) et donnent une image vivante de l'activité religieuse. Au hasard d'une page, on découvre parfois de manière inattendue une lettre soigneusement peinte comme un visage. Quelques objets empruntés au Louvre viennent compléter cette section.

Variété des supports : papyrus et parchemin sont les matériaux les plus anciens, remplacés progressivement par le papier. A côté de ces supports traditionnels, mais chers, on trouve aussi, pour des textes de moindre importance, les tessons de poterie et les éclats de calcaire. L'art de la reliure - les livres coptes en sont les plus anciens témoins - est illustré par quelques exemples.

Histoire des études coptes : on oublie souvent que c'est le copte qui a donné à Champollion la clef du déchiffrement des hiéroglyphes. Sa "Grammaire égyptienne" est là pour illustrer ce fait. D'autres manuscrits coptes-arabes médiévaux de nature grammaticale, composés par des lettrés coptes essayant de sauver leur langue en voie d'extinction et soigneusement collectionnés par des érudits du XVIIe siècle, tels Peiresc ou Gaulmin, permettent de comprendre dans quelle tradition s'inscrivait Champollion et sont nées les études coptes modernes.

Exposition du 30 juin au 29 août 2004. Site Richelieu - Crypte, du mardi au samedi de 10h à 19h. le dimanche de 12h à 19h. Fermé lundi et jours fériés. Entrée libre : renseignements 01 53 79 59 59

08/08/2004 - http://www.topchretien.com/topinfo/affiche_info_v2.php?Id=6800


Toulouse ouvre au public les portes

de sa très attendue Médiathèque.

Toulouse ouvre au public les portes de sa très attendue Médiathèque José Cabanis, un nouvel espace d'envergure régionale dédié au livre et au multimédia. Désormais plus grande bibliothèque de Toulouse et de la région Midi-Pyrénées avec ses 13.500 m2, ses 150.000 documents (livres, journaux, CD-Rom, DVD), son auditorium de 200 places, ses salles d'exposition et ses 170 ordinateurs en accès libre, elle est située dans le quartier Marengo, à la porte nord-est du centre ville. Le bâtiment -- conçu par l'architecte Jean-Pierre Buffi associé au cabinet toulousain Séquences -- est constitué de deux grands piliers de largeur différente, prenant ainsi la forme d'une grande arche asymétrique en bois, verre et briques de terre cuite. Il est surmonté d'une sorte de belvédère et agrémenté de pare-soleils mobiles sur la facade largement vitrée, ce qui le fait déjà surnommer "le radiateur" par certains toulousains. Les travaux de cet équipement culturel quelque peu monumental, initié par l'ex-maire de Toulouse Dominique Baudis, ont coûté plus de 60 millions d'euros. Le lieu abrite, outre la médiathèque, la délégation régionale de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel), TLT (Télé Toulouse), une cafétéria, un restaurant et des salons de réception. La médiathèque a été baptisée José Cabanis en hommage à l'écrivain toulousain et académicien José Cabanis (1922-2000), lauréat du prix Renaudot 1966 pour son roman La bataille de Toulouse.

République des Lettres - Paris mercredi 18 août 2004


COMMUNIQUE DE PRESSE

Prix Jacques Mercier 2004 à l’ICHEC

En 2003, L’ICHEC (Institut Catholique des Hautes Etudes Commerciales) avait décidé, pour souligner l’intérêt porté à l’utilisation de la langue française, d’octroyer le « Prix Jacques Mercier » au travail de fin d’études présentant la meilleure expression écrite.

C’est ainsi qu’en juin dernier, Mademoiselle Céline Mairiaux recevait le « Prix Jacques Mercier 2003» pour son mémoire intitulé « L’affichage, analyse et enjeux d’un outil de communication ».

Cette année, le jury, composé de plusieurs enseignants de l’ICHEC et de Monsieur Jacques Mercier a décidé à l’unanimité d’attribuer le prix à Monsieur Vahé Barsamian pour son travail de fin d’études intitulé « Approche socio-économique de la musique ».

Ce mémoire a été choisi pour sa diversité stylistique, la musicalité de son écriture et l’originalité de sa structure.

Lors de la cérémonie de proclamation des résultats, Monsieur Barsamian a reçu plusieurs ouvrages offerts par le Service de la langue française du Ministère de la Communauté Française, par les Editions De Boeck et par Monsieur Jacques Mercier.

Deux autres mémoires faisaient partie de la sélection du jury : celui de Monsieur Arnaud Tabery sur « La malléabilité du comportement consumériste » et celui de Mademoiselle Anne-Catherine Corbion pour son « Etude d’opportunité de développer le concept Business to Business auprès du secteur pharmaceutique et du secteur événementiel ». Ils ont tous les deux reçu des livres offerts par le Service de la langue française du Ministère de la Communauté Française de Belgique.

Jeudi 8 Juillet 2004.


 
Un conservateur de la Bibliothèque nationale de France déferré après la disparition de manuscrits.

PARIS (AP) - Le conservateur en chef en charge des manuscrits hébreux (1) de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) a été présenté vendredi à la juge parisienne Nathalie Turquei, en charge d'une enquête pour «vols et recels en bande organisée» de manuscrits anciens.

On précise de source policière que le suspect, présenté comme une sommité dans son domaine, a été interpellé mercredi sur le site Richelieu, dans le IIe arrondissement. Il est soupçonné d'avoir dérobé des feuillets ou des manuscrits entiers destinés à alimenter le réseau des collectionneurs. Les documents dataient des XIVe, XVe et XVIe siècles.

Plusieurs plaintes ont été déposées depuis que les premières disparitions ont été constatées en 1998.

Agissant dans le cadre d'une commission rogatoire depuis février dernier, la brigade de répression du banditisme a interpellé et placé en garde à vue le conservateur en chef, qui a nié les faits dans un premier temps, avant de changer de version au palais de justice. Tout comme son épouse, dont le rôle n'a pas été précisé, il a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.

Les ouvrages dérobés, qui se chiffreraient par dizaines, étaient tous d'une valeur inestimable, précise-t-on de même source.

AP : 30 juillet 2004

(1) : Constitué depuis le XIVe siècle, par la volonté du roi Charles V le Sage, ce fonds, considéré comme l'un des plus riches au monde, compte 1 480 ouvrages. De toutes provenances : Yémen, Byzance, Afrique du Nord, Europe centrale, France, Angleterre, Allemagne...


Découverte historique à Windsor

Huit cents numéros du journal francophone Le Progrès de Windsor ont récemment été découverts dans les archives municipales de Windsor.

C'est Daniel Noël, un employé de la bibliothèque municipale, qui a fait la découverte. Les historiens connaissaient l'existence du Progrès de Windsor, mais rares sont ceux qui ont mis la main sur un exemplaire.

La bibliothèque municipale de Windsor a fait appel à l'historien et folkloriste Marcel Bénéteau pour rendre ces journaux accessibles au public dans Internet. « Ça nous donne un beau petit portrait de la communauté francophone d'il y a une centaine d'années », dit-il. « Le Progrès de Windsor a été fondé en 1881 par Orel Paco, un avocat d'Arthabaska, au Québec. Ses frères Gaspard et Benjamin ont ensuite dirigé le journal jusqu'en 1921 », ajoute l'historien.

Selon Marcel Bénéteau, le journal témoigne d'une importante présence francophone au-delà de nos frontières : « C'est clair, dès le début, quand ils annoncent leur politique dans le premier numéro, qu'ils s'adressent aux canadiens français du comté d'Essex et de Detroit. Même au début, ils ont un bureau à Windsor et un à Detroit. On voit, dans ces années-là, entre 1880 et 1890, qu'il y a encore une population francophone importante à Detroit »

Paul-François Sylvestre est l'auteur d'un livre sur les journaux de l'Ontario français. Pour lui, cette découverte est extraordinaire : « Pour moi, les mots qui viennent tout de suite sont : mine d'informations. C'est une période qui n'est pas nécessairement très bien connue, certainement pas une période qui est très bien connue du côté francophone. »

Une fois les huit cents numéros de la période 1881-1901 encapsulés et numérisés, les chercheurs pourront procéder à une analyse plus précise.

© Radio-Canada. 03 août 2004


La Bibliothèque d'Alexandrie retire

de ses vitrines un texte antisémite célèbre

Le directeur général de l'UNESCO, Koichiro Matsuura, a protesté contre la Bibliothèque d'Alexandrie qui avait placé dans son exposition des Manuscrits le célèbre pamphlet antisémite du XIXème siècle, les "Protocoles des Sages de Sion". Le directeur de la Bibliothèque a retiré le livre et s'est excusé de cette "erreur de jugement".

L a Bibliothèque d'Alexandrie a retiré de son exposition des Manuscrits la première traduction arabe du plus célèbre pamphlet antisémite du XIXème siècle, les "Protocoles des Sages de Sion", après des protestations notamment de responsables de l'ONU et une polémique dans la presse.

Le directeur de la Bibliothèque Ismail Serageldin s'en est excusé et a expliqué: exposer ce texte "était une erreur de jugement et une preuve d'insensibilité". Une enquête interne a été ouverte pour savoir s'il faut donner une suite à cette affaire, a-t-il ajouté.

Ce texte de propagande antisémite, qui se présente comme le récit d'une conspiration juive pour dominer le monde, est une fabrication de la police secrète de la Russie tsariste, destinée à accuser les juifs de tous les maux de la Russie. Il a donné naissance à la théorie antisémite du "complot juif mondial ".

Ismail Serageldin a aussi démenti que la traduction arabe des "Protocoles" ait été exposée à côté de la Torah, le livre saint du judaïsme, et précisé que les "Protocoles" n'étaient pas présentés comme un livre sacré dans cette exposition. L'ouvrage figurait "dans une vitrine consacrée à des exemples de curiosités et de textes inhabituels dans notre collection", ajoute-t-il.

"La Bibliotheca Alexandrina est profondément engagée dans son rôle de centre d'étude et de promotion de la tolérance, du dialogue et de la compréhension entre les peuples, les cultures et les civilisations", poursuit-il dans son communiqué.

"Un terrible pouvoir comme outil de l'antisémitisme"

Koichiro Matsuura, directeur général de l'UNESCO, l'organisation des Nations unies pour la science, l'éducation et la culture, avait protesté auprès de la Bibliothèque. M. Matsuura comptait dénoncer à nouveau les "Protocoles" au cours d'un séminaire à Venise, à l'occasion des 100 ans de leur créations.

Malgré les multiples réfutations, ce livre "continue à exercer son terrible pouvoir comme outil de l'antisémitisme", écrit le directeur de l'UNESCO dans un projet de discours pour cette conférence, obtenu par l'Associated Press.

Youssef Ziedan, directeur du Centre des manuscrits de la Bibliothèque, chargé de cette exposition, ouverte exclusivement aux chercheurs, a dit ne pas s'être attendu à ce que l'affaire fasse autant de bruit. "Mon avis professionnel est que c'est un livre idiot. Sa seule signification est que c'est la première édition arabe d'un livre qui a fortement influencé la mentalité arabe". Cette vitrine, dont le contenu change tous les mois, inclut aussi des livres politiques interdits et des ouvrages controversés, a-t-il ajouté, estimant que le retrait était dû à des "pressions juives".

Feuilleton télévisé

La Bibliothèque moderne, qui a ouvert l'année dernière, se veut l'héritière de l'antique bibliothèque alexandrine, phare du savoir et de la science, détruite dans un gigantesque incendie en 48 avant JC.

L'an dernier, les "Protocoles" avaient déjà été au centre d'une polémique en Egypte.

Israéliens et Américains avaient protesté contre un feuilleton racontant l'histoire d'un journaliste qui cherchait à vérifier si ce texte était un véritable document juif. Suite à ces plaintes, la télévision précisait lors de la diffusion que les "Protocoles" étaient une fabrication. AP

© Le Nouvel Observateur 2003 - 07/12/03


 
500.000 pages de manuscrits historiques sur un site internet tchèque

PRAGUE, 10 nov (AFP) - Quelque 500.000 pages de manuscrits historiques, dont certains datant des XIIIe et XIVe siècles, sont désormais disponibles sur un nouveau site internet ( www.memoria.cz ) ouvert par la Bibliothèque nationale tchèque, a annoncé lundi un responsable du projet, Adolf Knoll.

Le projet baptisé Memoria, subventionné par le ministère tchèque de la Culture, doit mettre à la disposition des historiens et autres chercheurs une large sélection de documents historiques conservés dans une vingtaine de bibliothèques en République tchèque, a-t-il précisé.

La plupart des manuscrits concernés proviennent des milieux universitaires et religieux.

Une opération de numérisation systématique des manuscrits sélectionnés, provenant notamment des pays d'Europe centrale, avait été lancée par la Bibliothèque nationale tchèque en 1996, après l'achèvement d'une phase d'essai entamée en 1992-93, a indiqué M. Knoll.

Un projet parallèle, intitulé Kramerius du nom de Vaclav Matej Kramerius (1753-1808), fondateur en 1789 du premier journal en langue tchèque, permettra avant la fin de l'année de consulter sur l'internet quelque 1,2 million de pages de journaux publiés au XIXe siècle en tchèque et en allemand sur le territoire du pays qui faisait alors partie de l'Empire austro-hongrois, selon le responsable.

PRAGUE, 10 nov (AFP)


Sud-Sinaï : le matin du monde

Un séjour balnéaire sur les côtes de la mer Rouge est l'occasion rêvée de partir à la découverte des paysages lunaires du Sinaï .

Au terme de la bande côtière qui accueille les infrastructures hôtelières de Sharm-el-Sheikh, en plein boom touristique, elles s'élèvent à la verticale, les dents de requin formées par les montagnes du Sinaï.

Une barrière quasi infranchissable, la route stratégique conduisant au fond du golfe d'Aqaba, à 250 kilomètres de là, parvenant difficilement à se faufiler au fond de vallées tortueuses.

Une géographie aussi tourmentée demande explication: ici, on se trouve sur les rebords du rift, grande faille terrestre courant de la Turquie jusqu'au Kenya, en passant par la vallée du Jourdain et la mer Morte.

D'énormes bouleversements telluriques ont donné au Sinaï cet air de matin du monde. Pour l'approcher de plus près, il conviendra de contourner beaucoup d'obstacles naturels

Le vacancier qui devra s'arracher un jour ou deux au spectacle offert par les formations coralliennes et les poissons tropicaux de la côte ne le regrettera pas. Soit il partira à dos de chameau ou en 4 x 4 à la rencontre des Bédouins peuplant le désert proche. Soit il se lancera dans des périples plus ambitieux, avec dépaysement garanti.

Ainsi rejoindra-t-il le Canyon coloré, que seuls les tout-terrains atteignent. Du sommet du plateau, la vue, saisissante, plonge au fond d'une gorge creusée par les eaux. Les calcaires immaculés et l'azurite bleue réduits en poudre, les marnes aux larges strates marron, les rayures verdâtres des feldspaths, les granits roses, jaunes ou gris racontent l'histoire des entrailles de la terre. La promenade est sportive. Pour dépasser le bloc de pierre obstruant le boyau, il faut se laisser glisser dessous, le long d'un toboggan de pierre. Les amateurs de grande nature seront comblés.

Ne voulant surtout pas manquer la visite de la perle de la pointe du Sinaï, voilà le vacancier à nouveau en route, mais cette fois à destination de Sainte-Catherine, bastion de la chrétienté. Il ambitionnera peut-être l'ascension de la montagne de Moïse, aux flancs de laquelle est adossé le monastère. Le paysage, désert de sable et de rochers d'une rare beauté, est le royaume de la gazelle, de la hyène et du loup!

Bout du monde

Les véhicules de tourisme se hâtent de rejoindre le plus vieux monastère de la chrétienté et siège du plus petit diocèse du monde. A 1570 mètres, au bout d'une vallée qu'écrasent les masses granitiques, l'air est frais et la clarté divine.

«Tout récemment, j'étais à New York pour une rencontre, mais j'apprécie tellement de me retrouver ici», confie ce moine américain dans la quarantaine qui veille sur la bibliothèque du monastère. La deuxième plus riche du monde après celle du Vatican, avec ses six mille manuscrits et volumes, dont l'une des premières copies des versions originales des évangiles.

«On vient à Sainte-Catherine pour la vie. Moi, il y a cinq ans que je suis ici. Nous sommes trente moines et le plus âgé compte septante-sept ans de vie religieuse; il est entré à l'âge de 17 ans!»

Le Buisson ardent

L'homme est tout de sérénité. Avec ses confrères de l'Eglise orthodoxe de Grèce dont le monastère dépend depuis toujours, il perpétue la longue tradition du monachisme sinaïtique, inaugurée voilà quatorze siècles.

C'est ici que Moïse aurait vu s'enflammer le Buisson ardent. Sainte Hélène, mère de Constantin, fait recouvrir en 330 ses racines d'un autel face auquel on se déchausse, en souvenir du commandement divin à Moïse. Quant à l'arbuste, il continue de prospérer sur une façade extérieure.

La foule des touristes et des pèlerins se presse dans la basilique de la Transfiguration, surmontée d'une très ancienne mosaïque du Christ en gloire. Avant de rejoindre leur véhicule, les visiteurs jettent encore un regard rapide sur une collection d'icônes qui ont miraculeusement traversé les âges.

Un minaret à deux pas du clocher de l'église? Oui, il a fallu composer avec l'islam. D'autant que Mahomet, comme les califes musulmans et les sultans turcs ont toujours accordé leur protection au lieu saint. Mais la meilleure défense contre les pillards sera encore le mur d'enceinte de granit rouge, élevé par l'empereur Justinien au VIe siècle et réparé par Napoléon. Il forme un quadrilatère de 85 x 74 m.

Si vous êtes courageux, vous ferez nuitamment le pèlerinage du mont Horeb de la Bible, le Sinaï actuel. Soit en empruntant les 3750 marches de l'escalier creusé dans le roc, soit en lui préférant le confortable chemin moderne.

Au moment où le soleil se lèvera sur la montagne sacrée, vous vous souviendrez qu'ici, au bout du monde, Moïse fit connaître à son peuple les Dix commandements, lois intangibles d'un Dieu unique.

Texte Jean-Pierre Grenon - 09 août 2003


Drouot Une pièce autographe du maître de la Renaissance aux enchères

Le trait de Michel-Ange.

Voir le catalogue ici

C'est un simple trait à l'encre brune qui devrait ne pas passer inaperçu le 12 mai, à Drouot, chez Pierre Bergé & Associés. La pièce tient plus du domaine de la relique que du véritable autographe. La feuille est un minuscule morceau de papier de 5,7 x 6 cm. Mais elle est de la main de Michel-Ange et fait déjà fantasmer plus d'un amoureux du maître de la Renaissance italienne. Certes, on est loin des grandes feuilles de l'artiste comme l'Étude de femme en deuil que le marchand franco-italien Jean-Luc Baroni vendit 13 M€ à un collectionneur américain à la foire de Maastricht 2002, puissant Michel-Ange de jeunesse acheté près de 9,81 M€, chez Sotheby's à Londres l'été 2001 (nos éditions du 15 mars 2002). Mais il s'agit là d'un document d'une simplicité touchante, d'une valeur sentimentale dont le prix (estimation : 60 000 €) relève du coup de coeur.

C'est «un précieux témoignage du processus de travail de Michel Ange architecte et sculpteur qui passait lui-même ses commandes de marbres sous la forme de croquis exécutés à main levée et soigneusement dimensionnés. Un souvenir. La dédicace d'un auteur dont le nom reste magique», souligne le vendeur, André Hofmann, architecte en chef de la Ville de Paris, sculpteur par passion sous le pseudo de Sadko. Pour s'acheter un atelier de sculpture, ce lauréat du concours de la fondation Coprim en 2001, qui a installé son Promeneur au Viaduc des arts, se sépare «à regret» de ce petit dessin annoté de la main du maître de la chapelle Sixtine et mis en valeur dans un splendide cadre vénitien XVIIe aux incrustations de marbre et de nacre.

Resté inédit jusqu'à ce jour, ce document date probablement du printemps 1518, époque où Léon X, fils de Laurent le Magnifique, successeur du pape Jules II, commanda à Michel-Ange Buonarroti la réalisation de la façade de l'église Saint-Laurent à Florence, qui resta inachevée ainsi que la bibliothèque (seuls les tombeaux de Laurent et de Julien de Médicis furent terminés dans une chapelle attenante). Il porte l'inscription des mesures en braccia florentines : un bras et demi de large et un bras un tiers d'épaisseur. De par sa forme incurvée, ce profil de marbre pourrait correspondre à un élément sculpté de la façade ou du tombeau des Médicis.

Seule une dizaine de ces feuillets de croquis pour l'église Saint-Laurent ont passé le temps. Ils ont été réunis dans un «cuaderno» (un cahier) dont le neveu de Michel-Ange, Leonardo Buonaroti hérita, puis furent conservés par la famille jusqu'au XIXe siècle.

Avant sa mort, en 1859, Cosimo, le dernier représentant de cette grande dynastie, légua à la ville de Florence la maison familiale avec tout le contenu des archives. A l'exception de quelques croquis qu'il avait offerts à ses amis en certifiant au dos, comme c'est le cas pour notre dessin autographe, l'origine et la destination de ces commandes de marbres : «Misuri di marmi serviti per la fabbriche della Chiesa di San Lorenzo ordenati de Michelangelo a Carrara C. Buonarroti.»

Le Corpus de l'oeuvre de Michel-Ange, publié par Tolnay, en 1978, recense cinq croquis de ce type : à la Casa Buonarroti, à la fondation Custodia de Paris, au Musée Bonnat de Bayonne et deux dans la collection Scharf de Londres. Il en existe un sixième au Musée de la Légion d'honneur à San Francisco repéré par Mme Carmen C. Bambach du Metropolitan de New York. Le Louvre (riche en feuilles de Michel-Ange, comme l'a montré l'exposition de juin 2003) n'en possède pas. Quelques centimètres carrés à prix d'or ?

Le Figaro - par Béatrice de Rochebouet - 07 mai 2004 Voir le catalogue ici

 


"George Sand, Félix Nadar, portraits photographiques"

au palais Jacques Coeur à Bourges.

Dans le cadre de l'année George Sand, le Centre des monuments nationaux propose une exposition explorant les liens entre George Sand et Félix Nadar et plus particulièrement autour du portrait photographique. Les reproductions d'une cinquantaine de portraits de George Sand et de sa famille, réalisées par Félix Nadar, sont réunies sous les combles du Palais Jacques Cœur, exceptionnellement ouverts au public. Cette exposition, et le livre éponyme qui l'accompagne publié par Monum, Éditions du patrimoine, présente les différentes séries de clichés réalisés dans les deux derniers ateliers parisiens de l'écrivain entre 1864 et 1874.

Exposition du 17 Mai 2004 au 05 Septembre 2004 : Centre des monuments nationaux Palais Jacques Cœur. 10 Bis, rue Jacques Cœur, 18 000 Bourges. tél. 33 (0)2 48 24 06 87 Horaires : De 9 h30 à 11 h 30 et de 14 h 30 à 17 h 30. Tarif unique exposition seule : 4, 10 € avec un supplément 1, 50 € pour la visite du monument. Droit d'entrée du monument : 6, 10 € Tarif réduit : 4, 10 €


Le chaos Leopardi Première mondiale :

la traduction intégrale du «Zibaldone», le gisement d'idées du plus grand poète italien depuis Dante.

 

«Douce et claire est la nuit, sans un souffle, Et calme sur les toits, au-dessus des jardins, La lune repose et révèle, sereines, Les montagnes au loin...(1)

A 10 ans, Leopardi élit domicile dans la richissime bibliothèque de son père : il y travaille sans trêve, « à genoux devant sa petite table, pour pouvoir écrire jusqu'à l'ultime instant, avant que la bougie ne s'éteigne ».

En regardant à l'est, on verrait de jour le Monte Conero naufrager dans l'Adriatique. Au-delà, est enchâssée Ancône. En deçà, à partir des plages étroites de Sirolo, Numana ou Portorecanati, le pays grimpe en douceur de coteau en coteau, se repose sur les «balcons des Marches», Osimo, Castelfidardo, Offagna, Recanati, et poursuit, plus âprement, vers «les montagnes au loin», la dorsale blanchie des Appenins. A la fin du XVIIIe siècle, Recanati devait compter, éparpillées de la colline à la mer, moins de quinze mille âmes. C'était un « bourg sauvage », isolé, aussi éloigné de Rome que de Milan. Annexées depuis 1532 aux Etats pontificaux, les Marches étaient piétinées par toutes les soldatesques, espagnoles, autrichiennes, françaises. Lorsque Napoléon traversa à cheval Recanati, le comte Monaldo Leopardi fut l'un des rares à rester cloîtré en sa demeure. Profondément réactionnaire, fidèle au pape, le comte assistait depuis des années, entre rage et résignation, à l'érosion de «son» monde, fait du respect de la hiérarchie et de la soumission aux valeurs chrétiennes. Bibliophile passionné, écrivain féru d'histoire et de philosophie, gouverneur du pays, il ne sortait qu'en habit de parade, pour appeler «des révérences encore plus marquées», de la part du peuple. A sa femme Adélaïde, marquise d'Antici, revenait l'économat, la gestion du patrimoine familial et des affaires domestiques. C'était une femme dure, taciturne, fermée à toute manifestation de tendresse, toujours prête à brandir la croix contre les diables du plaisir, une bigote, capable, écrira son fils, d'envier «intimement et sincèrement» ces parents «qui perdaient leurs enfants jeunes» parce que ceux-ci «étaient montés au ciel sans connaître le danger». Le fils, Giacomo, naît le vendredi 29 juin 1798. Viendront ensuite Carlo, Paolina, Luigi, et, plus tard, Pierfrancesco, qui continuera la lignée.

« Encre de couleur bure.. »

De Giacomo Leopardi paraissent aujourd'hui le Discours sur l'état présent des moeurs en Italie et, surtout, le Zibaldone. Ecrit probablement en mars 1824, en même temps que les premières Petites OEuvres morales, le Discours décrit la condition culturelle et psychologique et l'Italie et des Italiens. Leopardi y fustige l'anomalie morale que représente son pays, qui n'a pas de société, qui possède des usages ou des habitudes plutôt que des moeurs, qui, rongé par le cynisme, ne s'est «civilisé» que de façon chaotique et incomplète, en se déracinant des fondements de la morale antique mais sans leur substituer les principes de vie sociale et civile sur lesquels reposent la France, l'Allemagne ou l'Angleterre. De cet ouvrage, on disposait déjà d'une traduction française (Michel Orcel), publiée en 1993 chez Allia. La présente édition vaut néanmoins par son appareil critique, notamment la très longue «Note philologique» de Marco Dondero, si hallucinante de précision qu'elle va, pour étudier la datation, les variantes ou les correspondances avec d'autres écrits léopardiens, notamment le Zibaldone, jusqu'à analyser sur le manuscrit le filigrane du papier, la forme calligraphique de la jambe des «g» ou l'encre utilisée («encre de couleur bure, trait assez appuyé ; utilisée de la ligne 18 du f° 22r à la ligne 14 du f°26r...»). Mais l'événement éditorial, et culturel, est, sans conteste, la traduction, par Bertrand Schefer, du Zibaldone : une première mondiale.

Des extraits du Zibaldone ont été publiés en France. Nul cependant ne pouvait raisonnablement penser ­ aujourd'hui on a presque «tout Leopardi», mais, il y a encore une quinzaine d'années, « le plus grand poète que l'Italie ait connu depuis Dante » reposait dans le plus profond oubli ­ que cette oeuvre immense serait un jour traduite dans son intégralité, parce qu'elle est proprement «intraduisible», et, même dans sa langue, « inqualifiable », incomparable, au sens strict. Du simple mot zibaldone il n'est guère aisé de donner un équivalent : anciennement, il indiquait une boisson faite d'ingrédients divers (se confondant ainsi avec zabaione, sabayon), puis a signifié mélange tout court, salmigondis, et par dérives successives miscellanées, recueil, cahiers. Aujourd'hui, en italien, il évoque avant toute chose... le livre de Leopardi ! Ni un journal, ni des « Cahiers » à la Valéry, mais un « chaos écrit », un entrepôt de la pensée, un labyrinthe, un chantier maritime, une encyclopédie qui au lieu de se fermer en cercle s'ouvrirait tous azimuts, un grenier dans lequel sont rangés tous les matériaux pouvant faire l'objet, plus tard, d'une réélaboration littéraire ou philosophique, un gisement dont il faut des mois, des années pour faire le tour ou sonder les profondeurs, un laboratoire aux dimensions quasiment monstrueuses, qui n'a pas d'équivalent dans la littérature mondiale.

Le poète le rédige à intervalles plus ou moins réguliers de juillet 1817 ­ il a alors 19 ans ­ à décembre 1832. La plus belle saison est celle des années 1820-1823. Leopardi venait d'écrire l'Infini ­ les plus célèbres vers de toute la littérature italienne ­ et rédigeait la plupart de ses «Canzoni», ainsi que les «Idylles» : en 1821, il emplit mille huit cent cinquante-trois pages du Zibaldone, en 1822 trois cent quarante-six, en 1823 mille trois cent quarante-quatre... Même lorsqu'il n'y touchera plus (une demi-page en 1931, une page en 1832), il gardera toujours auprès de lui ce qu'il intitule lui-même le «Zibaldone de mes pensées», qui comprendra au final quatre mille cinq cent vingt-six feuillets. Au soir de sa courte vie, il le confiera à son plus cher ami, Antonio Renieri. C'est sous l'égide d'une commission nationale présidée par le poète Giosue Carducci qu'il sera publié à Florence en 1898, chez Félix Le Monnier, sous le titre Pensieri di varia filosofia e di bella letteratura.

Monaldo Leopardi veillait personnellement à ce que, confiée à un abbé et au chapelain de la maison, l'éducation de ses enfants fût parfaite. Il les soumettait à d'intensifs programmes d'études et contrôlait l'acquisition des connaissances par des «tests» de son invention, ou des jeux de théâtre au cours desquels Giacomo, Carlo et Paolina, sur scène, devant parents ou amis, devaient traiter en latin des questions de rhétorique, de philosophie, de logique, de géographie, de religion ou de géométrie. Comme l'écrira Sainte-Beuve, «le génie philologique se fit jour merveilleusement» chez Giacomo, «à l'âge où les autres en sont encore à répéter sur les bancs la dictée du maître». D'une sensibilité exacerbée, incapable d'insouciance, constamment «tenu» par les exigences de son père, blessé jusqu'à l'humiliation par la répression constante et ouatée qu'exerçait sa mère, pour une prière non dite ou un rire non retenu, Giacomo se réfugie de plus en plus dans ce «merveilleux» que l'on perçoit par l'ouïe ou par la lecture (Zib. 1401). La vie au Palazzo Leopardi, la léthargie de Recanati, «peuplé de gens/ rustres et vils» pour qui «science et savoir/ ne sont que mots étranges», lui apparaissent comme «irréels» et il s'en échappe par une sorte de négation de la négation, en s'enfermant dans un autre monde, fait de rêves, d'ennui, de fantasia, dont la «fausseté» voulue annihilait la «vraie» fausseté.

Il a juste 10 ans lorsqu'il élit domicile dans la richissime bibliothèque de son père : il y travaille sans trêve, « à genoux devant sa petite table, pour pouvoir écrire jusqu'à l'ultime instant, avant que la bougie ne s'éteigne ». De ce voyage au bout de la culture antique («sept années d'études folles et désespérées»), Giacomo ressortira «ruiné», la colonne vertébrale déviée, les yeux presque aveugles : «Je me suis abîmé misérablement et sans remède pour toute la vie, rendant mon aspect tout à fait vilain et hideuse cette partie de l'homme qui est la seule qu'en général on regarde.» A «neuf et neuf soleils», le «bossu de Recanati», que les enfants raillent, est un érudit : il sait le latin, le grec, l'hébreu, le français, l'espagnol, a traduit les Odes et l'Ars poetica d'Horace, les Idylles de Moschos, le premier livre de l'Odyssée, le deuxième livre de l'Enéide, les fragments de Fronton, des extraits de l'Archéologie romaine de Denys d'Halicarnasse, écrit les premiers de ses poèmes, des tragédies, une Histoire de l'astronomie, achevé ses études philologiques sur la Doctrine des hommes illustres d'Hésychios de Milet et sur la Vie de Plotin de Porphyre qui vont bientôt le faire connaître en Europe.

« Traîner sa vie avec les dents »

Giacomo Leopardi quitte pour la première fois Recanati le 17 novembre 1822 et, définitivement, le 29 avril 1830. Il séjournera à Rome, Bologne, Pise, Florence, Milan et, à Naples, où il mourra le 14 juin 1837. Il écrit l'Infini en 1819, rédige les Chants entre 1818 et 1823, puis connaîtra une nouvelle « saison miraculeuse » en 1829, où il compose entre autres le Repos après l'orage, le Samedi du village et le Chant nocturne d'un berger errant de l'Asie, l'une des plus déchirantes expressions du mystère et de la douleur universelle, dont Nietzsche s'inspirera dans la seconde Inactuelle. Toujours souffrant, ne connaissant de l'amour que la déception, ne voyant d'autre bonheur que l'illusion, conscient que jamais ni le regard, ni la voix, ni l'existence elle-même ne peuvent se porter sur la réalité mais seulement l'effleurer dans son irréversible disparition, il n'arrêtera jamais de «traîner sa vie avec les dents».

La manière dont la poétique léopardienne a transposé ou transmué cette présence de Leopardi à sa propre fragilité, lui faisant dire que «tout est néant», n'est pas facile à définir. Son oeuvre a fait l'objet de milliers de lectures, de même que sa pensée philosophique, jamais exposée comme système, a été interprétée en fonction de toutes les clefs possibles, romantique, matérialiste, existentialiste, heideggerienne, marxiste, nihiliste... Nietzsche comparaît Leopardi à Goethe, d'autres ont en fait un Pascal, un Dostoïevski, un Montaigne, un Kierkegaard, un Schopenhauer... Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que le «secret» de cette «poésie pensante» et de ce «penser poétisant» se trouve dans le Zibaldone. Tout y est : linguistique, philologie, philosophie, politique, esthétique, science, histoire, histoire littéraire, morale, petites notules, grands développements, art d'être malheureux, désir et «théorie des plaisirs», théorie formaliste de la musique, critique du christianisme, métaphysique de la nature, raison, machiavélisme de la vie sociale, hymne aux illusions, théorie de l'origine du langage, influence du climat sur la moralité des peuples, notes de la vie quotidienne, souvenirs, amour, ennui... Tout y est, mais comme sur un continent dont on aurait perdu toutes les cartes et les pancartes ­ sauf une, qui dirait : vous qui entrez ici, renoncez à trouver une sortie. Si «l'histoire de chaque homme contient toute l'histoire de l'esprit humain», et si Leopardi a fait «précipiter» toutes ses expériences de vie et d'écriture dans le Zibaldone, est-il d'ailleurs souhaitable de chercher une issue ? On ne sait pas ce qu'on découvrirait. Peut-être, comme les génies, «le rapport constant des choses avec l'infini et avec l'homme» ? Peut-être, comme les hommes ordinaires «que rien n'élève jamais», une vie de «plénitude sans substance», menant «de la naissance au tombeau par un chemin tranquille» ? Ou bien, comme «les philosophes et la plupart des hommes de sentiment», armés de la «funeste connaissance des choses», «le néant, le vide, la vanité des occupations humaines, des désirs, des espérances, (...) toutes les illusions de la vie sans lesquelles il n'est point de vie» ?

Giacomo Leopardi arrive à Naples le 2 octobre 1833. C'est là qu'il écrit deux autres de ses poèmes les plus célébrés, le Coucher de la lune et le Gênet.

Et toi, souple genêt,

Qui des buissons odorants

Adorne ses campagnes dépouillées,

Toi aussi tu succomberas vite

A la cruelle force du feu souterrain... (2)

Le climat, au début, lui fait du bien. Antonio Ranieri rapporte sa «folie des sucreries et des glaces». Il s'installe à la villa Ferrigni, sur les basses pentes du Vésuve, entre Torre del Greco et Torre Annunziata. L'hiver, la maison était glaciale.

(1) Giacomo Leopardi, «Le soir du jour de fête», in «les Chants», traduction de Michel Orcel (L'Age d'Homme 1982).

(2) Trad. M. Orcel.

Giacomo Leopardi - Zibaldone. Traduit de l'italien, présenté et annoté par Bertrand Schefer. Allia, 2398 pp. Discours sur l'état présent des moeurs en Italie. Traduction d'Yves Hersant, introduction de Novella Bellucci, édition et notes de Marco Dondero, bilingue. Les Belles Lettres, 130 pp.

Par Robert MAGGIORI - Libération 18 decembre 2003.

 
Les livres d'Argenteuil : une bibliothèque… royale

Une bibliothèque royale recèle parfois bien des trésors. Pour les amateurs de beaux livres mais aussi pour les passionnés d'Histoire. A fortiori quand il s'agit de celle de feu le roi Léopold III et de la princesse Lilian…

CHRISTIAN LAPORTE

A n'en pas douter, il y aura de belles affaires à réaliser ce jeudi 11 décembre (1), à la Galerie Charpentier, rue du Faubourg Saint-Honoré, 76 dans le 8e arrondissement de Paris à l'occasion de la vente par Sotheby's d'une partie de la bibliothèque du domaine d'Argenteuil.

En feuilletant le catalogue, c'est, évidemment l'Histoire nationale qui défile sous nos yeux mais pas uniquement car notre troisième souverain se doublait d'un homme curieux qui avait aussi un goût aiguisé pour les belles lettres. Et pour les documents rares. Un amour largement partagé, on doit le souligner, par sa seconde épouse.

Patrimoine de la dynastie

Un espoir : que parmi les plus offrants se retrouvent aussi des mandataires de l'Etat belge car il serait vraiment dommage de voir filer à l'étranger ou voir privatisés certains ouvrages ou manuscrits de bien plus grande valeur sentimentale pour le passé de ce pays que celle estimée par Sotheby's.

En s'installant à la lisière de la forêt de Soignes en 1960, Léopold III et Lilian avaient aussi emporté une partie du patrimoine livres que de la dynastie, réuni surtout par Philippe, comte de Flandre, le grand-père de Léopold III. Des ouvrages historiques ou relatifs à la Belgique mais également de littérature plus classique. Des lots qui valent autant par la forme que par le fond.

Il va de soi que les livres personnels de Léopold III s'y taillent la part du lion. Avec des ouvrages officiels relatifs à la vie administrative ou militaire mais aussi une impressionnante collection de livres relatifs à des expéditions ou tout simplement des écrits qui ont fait date et que leurs auteurs avaient adressés avec une dédicace toute personnelle au souverain. Citons, par exemple, un lot de quatre ouvrages du grand égyptologue Jean Capart mais aussi nombre de récits de Paul-Emile Victor, Gaston de Gerlache ou encore Jacques Piccard. En bonne place aussi, les grands livres d'Histoire de la dynastie… Pirenne, d'Henri à Jacques-Henri Pirenne. Un lien réel unissait en effet la famille du grand historien à la dynastie belge. Parmi les pièces rares, signalons encore un livre que l'on dit rarissime de Lord Mountbatten et une autobiographie dédicacée de Gandhi.

Plus surprenant entre ces livres d'Histoire et ces mémoires, un manuel de pêche et d'autres guides de la mer et des poissons mais le roi Léopold III ne fut pas le seul pêcheur de la famille : les albums privés de Baudouin Ier montrent que celui-ci n'hésitait pas non plus à l'occasion à taquiner les êtres marins… dans les domaines royaux. Si d'aventure, vous étiez un fan d'Haroun Tazieff, on vous recommandera plutôt les six (!) livres dédicacés par le vulcanologue au Roi…

Des livres d'Astrid

Surprise : les livres personnels de la reine Astrid seront également mis en vente avec, entre autres, un magnifique cabinet de littérature suédoise offert par la ville de Göteborg à l'occasion de son mariage avec le prince Léopold. Un cadeau de mariage qui aligne des œuvres de Strindberg, Rydberg, Lägerlof, Fröding ; soit quelque 128 volumes évoquant un temps fort de la monarchie belge… A noter, enfin, une série d'ouvrages provenant de la collection personnelle de la princesse Lilian. Une manière de retrouver par l'écrit quelques-unes de ses grandes passions comme la faune africaine mais aussi la chasse. Parmi les autographes célèbres, ceux de Colette mais aussi de Raoul Follereau dont on sait qu'il soutint le combat contre la lèpre.

Et, last but not least, l'Histoire finit toujours par rattraper ses acteurs : on y mettra aussi en vente un exemplaire unique, relié, sur les travaux de la commission d'information instituée dès le lendemain de la Seconde Guerre par Léopold III…·

(1) Outre la bibliothèque d'Argenteuil, la vente concernera aussi une collection de livre de numismatique. L'on pourra voir les lots, du lundi 8 au mercredi 10 décembre inclus, chaque fois de 10 à 18 h. Renseignements : 0033.1.53.05.53.05.

Le Soir du jeudi 4 décembre 2003

© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2002

 
La Fondation Bodmer ouvre ses entrailles

Le musée souterrain du livre, construit par Botta à Cologny, s’inaugure aujourd’hui.

Vendredi 21 novembre. La presse est réunie dans l’un des deux pavillons édifiés dans la propriété de la Fondation Martin Bodmer, chemin du Guignard à Cologny. Il s’agit comme dans la Bible d’annoncer la bonne nouvelle. Ce temple de la bibliophilie rouvre ses portes, après quatre ans de repos forcé. Grâce à la vente d’un précieux et donc coûteux dessin de Michel-Ange, Mario Botta a pu éventrer le sol de la cour pour y installer deux étages de musée.

Ils sont beaucoup à parler en préambule. Martin Bircher, bien sûr, puisqu’il est l’actuel directeur de la Fondation. Charles Beer vient cependant apporter le soutien de l’Etat à une institution se tournant davantage vers le public que par le passé. Jean Murith, qui s’occupe non seulement des morts mais aussi des vivants, souligne l’effort de Cologny, dont il est le maire. André Hurst apporte enfin le poids de l’Université, qu’il préside. "Ma dette envers les manuscrits grecs de la Bodmeriana reste immense", confesse cet helléniste forcément distingué.

Des choix douloureux

Le public peut alors quitter le décor très buffet de gare années 40, avec ses panneaux marquetés et ses fresques de Walser, afin de plonger dans les nouveaux locaux, dont l’entrée se trouve déjà en sous-sol. Mario Botta, qui vient de débarquer toutes lunettes dehors, explique ses intentions révolutionnaires. Il s’agit en fait d’une nouvelle version de son Centre Dürrenmatt à Neuchâtel. Terrasse plongeant sur le lac, atmosphère de crypte pour ne pas dire de catacombe , tout se révèle dans le même esprit. Même les fauteuils de rotin, baptisés Charlotte en hommage à la veuve Dürrenmatt, ont été réutilisés. Parler d’"audace", comme le fait Metin Arditi, président de la Commission de construction, semble donc un brin exagéré.

Ces entrailles de la terre, aux fonds de vitrines noirs et au murs chocolat foncé, abritent 237 objets, ou artefacts pour employer un terme pédant. Douloureux, le choix a pris un an. La Bodmeriana abrite en effet 160 000 volumes imprimés, manuscrits ou objets d’art en rapport avec la littérature. "Mario Botta a voulu des livres qui volent", explique Charles Mélia, président du Conseil de Fondation. Cela signifie que les ouvrages, dont le papier blanc troue la nuit, ne sont que peu nombreux par cage de verre. L’impression donnée est aérienne, certes, mais aussi un peu vide.

Cinq piliers de base

Des fossiles préhistoriques, qui préoccupaient Martin Bodmer au moment de sa mort en 1971, à Louis Aragon, le parcours se révèle immense. Né à Zurich en 1899, l’homme possédait une curiosité presque universelle. L’ensemble, qu’il a réuni à partir de ses 16ans avec des moyens financiers considérables, suit cependant certaines lignes. Tout d’abord, en bon germanique, Bodmer s’était fixé cinq piliers solides: la Bible, Homère, Dante, Shakespeare et Goethe. Sa recherche est ensuite allée par capillarité jusqu’à des auteurs moins intimidants, avec une préférence pour la "première pensée". En écriture, ce serait le manuscrit, en art le dessin.

Jusqu’à sa mort à Genève, où il s’était installé en 1939, cet enfant de bonne famille n’a cependant pas joué aux esthètes. Il y a bien sûr des manuscrits médiévaux enluminés, des gravures superbes, des exemplaires impeccables ou de belles reliures. Mais l’essentiel réside ailleurs. Bodmer était une sorte d’intégriste du texte. Il lui fallait se rapprocher de sa source: brouillons, éditions originales, papyrus. En complétant l’ensemble avec une acquisition récente comme les épreuves raturées d’A la recherche du temps perdu, la Fondation se situe ainsi dans la lignée du maître.

Temple du savoir

Tout au long du parcours, dans une immense salle sur deux niveaux éclairées par cinq puits de lumière grâce à Botta, le visiteur a beau tenir le Guide du musée. Il se sentira perdu s’il n’a pas le minimum de connaissances de départ. En un temps où Star Academy sert de référence culturelle, il semble certes rassurant de voir s’ouvrir un lieu voué à la culture pure et dure. Un temple du savoir. Il s’agit cependant, au propre comme au figuré, d’un musée. L’amateur ne dépassera pas les années 1960. Aucune section contemporaine n’est prévue. "Nous nous arrêtons quand l’ordinateur commence", explique Martin Bircher. Les belles lettres appartiendraient-elles au passé ?

Fondation Martin Bodmer, ouvert du mardi au dimanche de 14 à 18 heures. 19-21, route du Guignard, tél. 022 707 44 33, Site www.fondationbodmer.org

© Tribune de Genève - Lundi 24 novembre 2003 - ÉTIENNE DUMONT


Exposition - Peinture et finance à Sienne ( Italie )

Icônes de la vie économique

Au XIIIe siècle, des moines cisterciens étaient chargés des comptes de la ville de Sienne ( Italie ). Leurs livres comptables étaient somptueusement enluminés.

Si l'école de peinture siennoise, au Moyen Age, est bien connue avec ses suaves madones sur fond doré qui évoquent la tradition byzantine, les couvertures peintes des livres de comptes provenant de l'administration financière de la ville Toscane le sont évidemment bien moins.

Dûment illustrées pourtant, dès le milieu du XIIIe jusqu'au XVIe siècle et parfois par des artistes en vue, elles sont l'objet, aux côtés d'une quarantaine de manuscrits enluminés, d'une belle et originale exposition à la Chapelle de Nassau de la Bibliothèque Royale à Bruxelles.

Etranges icônes, en vérité, de la vie économique, généralement tenues au secret dans les archives communales de Sienne, ces « Biccherne » témoignent d'une administration financière très complexe et structurée, dûment maîtrisée par le gouvernement de la ville.

Elles ont pour support des panneaux de bois qui servaient de reliure aux registres consignant recettes et dépenses, et représentent le plus souvent, du moins au début, des inspecteurs tout à leurs travaux d'écriture ou à leurs manipulations de l'espèce sonnante et trébuchante.

Perception et redistribution des impôts mais aussi, par extension, images de la ville elle-même avec sa cathédrale si fameuse, son palio qui rassemble toute la ville sur la place centrale, ses scènes d'intérêt public et historique comme la belle « Accolade entre Philippe II d'Espagne et Henri II de France », ces thèmes étaient assortis d'écussons et de textes institutionnels à valeur de loi.

Au début du XIIIe siècle, la fonction de gérer les comptes de la commune était confiée à des moines cisterciens susceptibles d'offrir - auprès du gouvernement de la ville - toutes les garanties d'une parfaite honnêteté. Ces moines étaient assistés d'inspecteurs qui, pour des raisons pratiques de classement, imaginèrent de faire décorer les reliures de ces registres comptables.

Les images cessèrent vite d'être une décoration ou une commodité à valeur ajoutée pour devenir un genre pictural à part entière confié à des peintres tout à fait spécialises.

Avec le temps, d'autres administrations municipales et la sphère économique « privée » adoptèrent cette pratique soutenue par une symbolique jamais anodine, tout à son dessein politique et citoyen, au contraire. Il s'agissait, par le biais de cette iconographie, d'appuyer la stabilité, voire la puissance de la ville face à ses rivales.

Si on est ravi par la grâce de ces peintures qui oscillent sans cesse entre art populaire et savant, on réalise surtout quel précieux enseignement socio-économique elles dispensent. Très attachantes, naïves et raffinées à la fois, elles permettent en effet d'entrer de plain pied dans la vie quotidienne d'une ville qui, dans ses murs, a si peu changé.

Il n'est pas indifférent de savoir que ces « Biccherne » ont évolué au fil du temps, en intégrant de plus en plus de scènes religieuses et civiles, se rapprochant de la peinture monumentale et du tableau pur et simple pour offrir toutefois un autre point de vue - alimenté à une autre source - sur la peinture du Moyen Age et de la Renaissance. ·

Exposition : Chapelle de Nassau, Bibliothèque Royale, Albertine, 1000 Bruxelles. Tous les jours sauf dimanches, de 12 à 17 heures. Entrée libre. Rens. 02-519.53.11

Danièle Gillemon - Le Soir, Bruxelles. Le 12/08/2003


Bibliothèque nationale du Royaume :

un joyau pour abriter les trésors culturels du Maroc.

Rabat devra accueillir la nouvelle Bibliothèque nationale du Royaume dont la pose de la première pierre a été effectuée mercredi 23 juillet par SM le Roi. Ce lieu culturel aura pour mission la sauvegarde et le rayonnement du patrimoine marocain ici ou ailleurs.

«Maintenir un inventaire permanent tout en conservant et en mettant en valeur le patrimoine documentaire marocain en fonction des normes internationales qu’il s’agit de toute la documentation publiée au Maroc ou ailleursC’est la mission confiée à la nouvelle Bibliothèque nationale du Royaume, dont la pose de la première pierre par SM le Roi Mohammed VI a eu lieu, mercredi dernier à Rabat.

Les documents qui doivent intégrer cette bibliothèque le seront par voie de dépôt légal, d’achat ou par voie d’échanges ou de don. Les modalités d’application du dépôt légal oblige tous les éditeurs et imprimeurs à déposer gratuitement leurs publications à la Bibliothèque. Même les documents publiés à l’extérieur du Maroc, dont l’auteur ou le créateur est marocain sont également concernés.

Gravures, cartes postales, documents photographiques, sonores, audiovisuels et cinématographiques, multimédia, bases de données et logiciels sont touchés par la loi sur le dépôt légal.

Le traitement de ces documents recouvre plusieurs opérations, dont la description bibiographique ou catalographique (auteur, titre, édition, éditeur, etc.) et l’analyse du contenu pour établir sa classification selon le sujet.

Autres fonctions, celles de la conservation et de la restauration des manuscrits. Plusieurs procédés ont été prévus pour prolonger la vie des documents : des acidifiation (débarrasser les livres anciens de tous les éléments destructeur), restauration et reliure et enfin l’utilisation de la microphotographie et la photographie pour proposer au public les informations qu’ils contiennent tout en garantissant leur conservation.

Des magasins seront aménagés avec des niveaux d’humidité, de température et de ventilation pour maintenir à bien l’état des manuscrits et autres. Autres missions de ce temple du savoir, la publication de bibliographies thématiques et des catalogues d’exposition ainsi que le prêt de ses documents à d’autres bibliothèques du Maroc et de l’étranger.

A côté des salles de lecture, ce nouveau temple culturel disposera d’auditorium lui permettant d’organiser plusieurs manifestations culturelles : théâtre, musique, danse, rencontre d’écrivains et conférences.

La Bibliothèque proposera des lieux d’expositions de ses collections : estampes, affiches, livres d’artistes, cartes postales, etc.

De même, elle fera la promotion du patrimoine national auprès des jeunes en organisant notamment des rencontres avec des illustrateurs. D’autre part, des relations avec la presse et les médias seront maintenues.

La Bibliothèque réalisera des campagnes de communication pour promouvoir son trésor culturel.

Bref historique

L’idée de créer une bibliothèque moderne au Maroc remonte à 1912. Le projet fut effectivement concrétisé en 1919. Les locaux de cette bibliothèque furent construits à proximité de l’Institut des Hautes Etudes Marocaines. Les fonds documentaires de l’IHEM, contenant manuscrits et imprimés, ont constitué le noyau de cette bibliothèque.

En 1924, la Bibliothèque générale fut installée dans les locaux définitifs qu’elle occupe encore aujourd’hui et qui gardent leur aspect initial.

Le dahir du 1er novembre 1926 érigea la Bibliothèque générale en établissement public. La vocation de la nouvelle institution était de rassembler, centraliser et communiquer au public toute la documentation concernant le Maroc. Une autre mission de grande importance, celle de recevoir et de conserver les archives administratives, a été confiée à la Bibliothèque générale en vertu de l’article 9 du dahir susmentionné. L’institution devint Bibliothèque générale et archives (BGA).

Un second fonds documentaire, constitué d’imprimés et de manuscrits, fut versé à la BGA, celui de la bibliothèque de la mission scientifique du Maroc, dissoute en 1920.

Les collections de la Bibliothèque générale et archives furent, par la suite, enrichies d’un certain nombre de collections particulières.

A l’aube de l’indépendance, la BGA reçut des fonds très importants de manuscrits, choisis dans les collections de bibliothèques de zaouias, de mosquées ou provenant encore de certaines bibliothèques privées.

Le lancement par S.M. le Roi des travaux de construction de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc constitue un nouveau tournant dans cette évolution historique.

24.07.2003 - www.lematin.ma


 

La Bibliothèque nationale de Chine fait appel à des souscriptions pour la remise en état de livres anciens précieux

A partir de maintenant, les habitants de Beijing auront eux aussi l'occasion de participer à la remise en état d'ouvrages relevant du patrimoine culturel national car le 7 août, la Bibliothèque nationale de Chine a lancé une campagne de "souscriptions pour la remise en état de livres anciens précieux". Rien que pendant la première journée, 19 des 50 premiers ouvrages publiés par la Bibliothèque nationale de Chine pour cette campagne ont trouvé des souscripteurs.

Parmi ces 50 ouvrages, la majeure partie est constituée de livres exhumés de Dunhuang (imprimés à l'époque des Tang et des Cinq Dynasties) et le reste, de documents rares conservés à la Bibliothèque de la capitale. En ce qui concerne le montant des souscriptions, il va de plusieurs centaines à des milliers de yuans : pour le « Recueil impérial des Qing - tome 3 » composé de 28 volumes, en édition xylographique, il faudra par exemple contribuer quelque 9 800 yuans ; tandis que pour « Que Li Zhi » en caractères mobiles et consacré à la Corée sous les Ming, la contribution se situe aux alentours de 8 100 yuans. Bien sûr, ces deux livres sont parmi les plus chers des 50 premiers ouvrages qui seront restaurés grâce à des contributions de particuliers.

Selon les statistiques, pendant les 50 dernières années, la Bibliothèque nationale de Chine a en tout réparé quelque 60 mille ouvrages classiques d'édition rare. Parmi ceux-ci, on a consacré 15 ans à la remise en état de la « Collection d'or de Zhaocheng » composée d'environ 5 000 volumes, permettant ainsi à ce précieux canon bouddhique de retrouver sa splendeur. On a en outre restauré quelque 4 000 documents exhumés de Dunhuang et terminé tout récemment la remise en état de 161 volumes du fameux « Grand dictionnaire de Yongle ».

La campagne de "souscriptions pour la remise en état de livres anciens précieux" lancée par la Bibliothèque nationale de Chine permettra non seulement de financer la restauration des livres anciens qu'elle conserve, mais aussi de rapprocher les Pékinois des classiques précieux du pays et de participer directement à leur remise en état. Début juillet dernier, la Bibliothèque nationale de Chine a essayé de soumettre à des souscriptions dix volumes des livres exhumés de Dunhuang qui avaient besoin d'être restaurés de toute urgence ; chose incroyable, leur souscription a été accomplie en moins de deux heures et demie !

De source officielle, on a appris qu'à partir de cette année, la Bibliothèque nationale de Chine publiera tous les ans un catalogue de livres anciens à remettre en état par des contributions souscrites. Par ailleurs, celle-ci s'engage à délivrer à chaque souscripteur un certificat à titre d'encouragement et à terminer la réparation des livres souscrits dans l'année qui suit. La Bibliothèque nationale de Chine promet en même temps d'organiser régulièrement des expositions afin de présenter au public les précieux classiques remis en état.

Voici deux numéros de téléphone pour participer à cette souscription : 010-88545164 et 010-68716449.

selon : http://fpfre.peopledaily.com. Le 8 août 2003


Restauration de vieux ouvrages de l'entrepôt

des imprimés d'Indochine

Les anciens livres sont des documents précieux qui subissent, malheureusement, les outrages du temps. Actuellement, la bibliothèque des sciences de Hô Chi Minh-Ville est l'unique établissement de l'État, chargé de leur restauration.

"Selon de récentes enquêtes, la quasi-totalité des imprimés précieux de l'entrepôt des livres d'Indochine, localisé dans les locaux de la bibliothèque des Sciences de Hô Chi Minh-Ville, sont dans un état alarmant, voire pitoyable", a fait savoir la directrice Nguyên Thi Bac. En effet, la plupart des documents sont abîmés, voire pourris ou ravagés par les termites... "Selon les estimations, 80 % des livres de l'entrepôt sont en train de s'effriter; 10 % sont attaqués par les termites et 2 % sont très humides. Voilà le sort lamentable de presque tous les livres de l'entrepôt des imprimés d'Indochine", précise la bibliothécaire Nguyên Thi Ngoc Luu. C'est ici que sont archivés plus de 40.000 travaux d'un intérêt autant historique que culturel, certains vieux de plusieurs siècles et d'une valeur inestimable. Citons, entres autres, les deux tomes complets de "Technique du Peuple annamite" de Henri Oger. Parus en 1910, cet ouvrage est riche de près de 4.000 dessins, illustrant des scènes de la vie quotidienne des Vietnamiens du XIXe siècle ou inspirés de fameuses estampes populaires du village de Dông Hô (dans la province de Bac Ninh, au Nord)... Autres ouvrages de valeur, le "Voyage au Tonkin" (Tonkin : nom donné par les Français au nord du Vietnam) paru en 1888, ou le "Dictionarium Annammiticum de 1651, le "Dell'historia" de 1586, etc.

Des restaurations urgentes à entreprendre

Il existe plusieurs façons de conserver les livres précieux. Si l'on ne souhaite que conserver le contenu, alors les photocopies, les microfilms, les CD-Rom... feront l'affaire. Mais si l'on désire aussi conserver l'ouvrage en tant que tel, pour sa valeur, c'est la restauration qui s'impose. Vers la fin de l'an 2000, deux experts américains dans la restauration des documents imprimés, du centre de préservation de l'école supérieure de Cornell (aux États-Unis), se sont rendus au Vietnam pour aider les bibliothécaires vietnamiens dans la restauration d'anciens imprimés. C'est dans la salle de préservation des livres de la bibliothèque des sciences de Hô Chi Minh-Ville qu'ils ont mené leur travail. " La restauration ne s'improvise pas, révèle la directrice Nguyên Thi Bac. Elle ressemble en de nombreux points à une opération chirurgicale. Outre des outils spécialisés, comme une grande table, des scalpels..., il faut également une machine qui peut définir les types de moisissures. Celle-ci est importée des États-Unis et coûte cher ".

"La restauration ne demande pas uniquement des connaissances techniques, elle exige aussi une certaine sensibilité, voire un véritable amour pour les vieux livres, souligne Huynh Trung Quy, un expert dans ce domaine. Le restaurateur doit ressentir une réelle émotion lorsqu'il travaille sur un ouvrage vieux de plusieurs siècles. Et puis, il faut également de la minutie comme un médecin qui opère son patient. Toutes les manipulations doivent être précises, pesées et habiles". Pour chaque imprimé, le travail est le même. Tout d'abord, le diagnostic : la reliure, la couleur des fils, la qualité de la jaquette et des pages, les dégradations et leurs causes... La phase suivante consiste à blanchir les tâches de saleté, laver les pages dans une solution alcaline puis les aplatir. Avec comme objectif final de redonner au livre son aspect primitif. Actuellement, plus de 2.000 titres attendent d'être remis en état. Autant dire que la tâche qui attend les restaurateurs est immense...

Thu Trang/CVN - ( 23/07/03 )


Les pilleurs sont à l'oeuvre

dans les musées et sites archéologiques en Irak

WASHINGTON (AFP), le 11-06-2003

 

Des milliers de pilleurs sont actuellement à l'oeuvre dans un grand nombre de musées et sites archéologiques irakiens qui ne sont plus gardés depuis l'invasion américano-britannique, ont relaté mercredi des archéologues et historiens de retour d'une expédition sur place en mai.

Ces experts ont visité une vingtaine de sites majeurs dans le nord et le sud du pays, où de sérieux dommages infligés par de récents pillages ont été constatés.

"Plusieurs sites importants ont été sérieusement pillés et n'étaient pas gardés quand nous nous sommes rendus sur place", a expliqué Henry Wright, conservateur du musée d'anthropologie de l'université du Michigan, qui dirigeait l'expédition organisée par la National Geographic Society.

Le chercheur a estimé que "des dommages irréparables sont infligés, alors même que nous parlons", en appelant à une protection de ces sites, lors d'une conférence de presse par téléphone.

Cette équipe d'experts a dressé un sombre bilan de l'état des sites, musées et palais visités.

Parmi les sites les plus importants de la culture mésopotamienne, celui de l'ancienne capitale assyrienne de Nimroud a été pillé. Les tombes royales parées d'or sont très endommagées. Les experts ont aussi constaté que les ornements des murs de l'un des palais avaient été volés.

Sur le site de Ninive, la plus importante ville de l'ancienne Assyrie, un bas-relief ornant un palais paraît avoir été attaqué à la masse, et deux trous au moins ont été creusés dans le sol des chambres funéraires par des voleurs à la recherches d'or et objets en ivoire. Un seul garde était présent, par intermittence sur le site.

Le musée de Mossoul, même s'il n'a pas été directement touché par des missiles de croisière américain, a subi d'important dégâts dus aux bombardements. Ses grandes fenêtres notamment ont été soufflées.

Et surtout, les pilleurs se sont emparés de bronzes des portes du palais de Balawat dans la galerie assyrienne, ainsi que de briques assyriennes portant des inscriptions cunéiformes. "Les dommages dans les galeries et salles de stockage du musée sont considérables", ont rapporté les experts.

"Nous avons vu le pillage du musée de Mossoul de nos propres yeux", a relaté l'archéologue Tony Wilkinson, en précisant que, sur d'autres sites, les vols étaient très ciblés par "des pilleurs bien armés, qui sont capables de prendre le dessus sur les gardes", quand ils existent. Mais la plupart des sites ne sont pas surveillés.

Dans le sud du pays, les pilleurs ont causé "des dommages majeurs sur le site de Dahaileh" qui faisait partie de la basse Mésopotamie, a poursuivi M. Wright. Plusieurs énormes trous ont été creusés dans le sol, par des voleurs à la recherche d'outils en bronze et bijoux placés dans les tombes.

Le même constat a été fait sur le site de Larsa, qui n'est pas gardé. "Je n'ose pas imaginer ce qui a pu être volé ici", a dit le responsable de l'expédition.

Le musée de Babylone a également été sérieusement pillé et sa bibliothèque réduite à un tas de cendres, ont rapporté les chercheurs.

Si le site de Nippour, centre religieux sumérien de basse Mésopotamie, demeure intact car sous la surveillance de gardes tribaux irakiens, ceux de Oumma et Oumm al-Akarib sont endommagés. Oumma a été attaqué par un groupe de voleurs de plus de 200 hommes, a relaté l'archéologue McGuire Gibson en estimant qu'"à ce stade, c'est un gruyère".

Dans la ville de Ctésiphon, capitale de l'ancien empire sassanide, sur le Tigre au sud-est de Bagdad, un musée a été entièrement pillé et les anciens jardins d'un palais servent désormais de terrain de football pour les enfants.

L'anthropologue Elisabeth Stone, qui a participé à l'expédition, a souligné que les pillages sont encouragés par "le désir d'acheter ces objets dans les pays occidentaux, par des personnes aisées aux Etats-Unis, en Europe et au Japon".


Réouverture du musée de Bagdad en septembre.

Le musée archéologique de Bagdad, pillé après l'entrée des troupes américaines dans la capitale irakienne, pourra rouvrir partiellement en septembre, a indiqué mercredi un conseiller des forces de la coalition.

"Mon objectif est d'ouvrir en septembre, même deux salles, du musée archéologique de Bagdad, pour marquer la reprise de l'activité culturelle dans le pays", a affirmé le conseiller de la coalition pour les affaires culturelles, l'Italien Piero Cordone.

Le seul conseiller non-américain des forces de la coalition a indiqué que l'inventaire était en cours et que le nombre de pièces manquantes tournait autour de 1.800 à 2.000.

"Il y a eu environ 3.000 à 3.500 pièces volées et sur ce nombre 1.200 ont été récupérées. Parmi les objets manquants figurent une trentaine d'une valeur inestimable", a ajouté cet ambassadeur à la retraite, âgé de 70 ans, arrivé il y a huit jours à Bagdad.

M. Cordone a indiqué qu'il se rendrait "très prochainement avec une équipe d'experts dans les caves de la Banque centrale pour vérifier que le 'trésor de Nemrod' s'y trouve toujours". Ce trésor est l'une des plus grandes découvertes du 20ème siècle, avec celle de Toutankhamon en Egypte.

"Il s'agit de 650 bracelets, colliers et objets en or, qui avaient été mis à l'abri dans les caves de la Banque centrale lors de la guerre du Golfe de 1991. Nous vérifierons qu'ils y sont toujours, faire l'inventaire, les nettoyer et ensuite les exposer", a-t-il souligné.

Tout comme le musée, la Banque centrale a été partiellement pillée lors des désordres ayant suivi la chute du régime de Saddam Hussein.

Les Etats-Unis s'étaient attirés des critiques du monde entier car leurs troupes n'étaient pas intervenues, lors des pillages, pour protéger les collections.

Le musée de Bagdad renferme les plus importantes collections d'antiquités au monde sur l'histoire de l'ancienne Mésopotamie, berceau des civilisations de Sumer, de Babylone et d'Assyrie, auxquelles l'Humanité doit notamment l'écriture, la loi écrite et les premières villes.

BAGDAD (AFP), le 04-06-2003


 
ICÔNES ARABES ~~ ART CHRETIEN DU LEVANT

Du 6 mai au 18 août 2003 à L'Institut de Monde Arabe (Paris)

Exposition organisée en partenariat avec la Maison d'Antioche, le Centre de Conservation du Livre, le Musée des icônes de Francfort, Allemagne, et avec le concours de l'Union européenne.

L’Institut du monde arabe accueille "Icônes arabes, art chrétien du Levant", une exposition d’art sacré, qui témoigne des évolutions de la vie et de la foi des Chrétiens d’Orient au cours des siècles. Sont présentées 80 icônes des maîtres alépins, crétois ou palestiniens et des objets liturgiques (certains datant du IVe siècle) originaires de Syrie et du Liban, ainsi que des manuscrits enluminés, dont la plupart sont exposés pour la toute première fois.

Sur l’art des Chrétiens d’Orient

Creuset de civilisation, le Levant est un carrefour de traditions : grecque, byzantine, sassanide, ottomane, occidentale... Dans cette région, berceau du christianisme, l’art chrétien s’est développé dès les premiers siècles de notre ère. A la faveur d’un contexte politique, économique et culturel favorable, cet art connaît une ultime floraison à partir du XVIe siècle, principalement dans la région d’Alep. Naissent alors des dynasties d’artistes, comme celle des Moussawir.

Les maîtres de l’école d’Alep se caractérisent par leur liberté de création : leurs compositions, inédites, empruntent à toutes les influences auxquelles le Levant a été exposé. D’où des œuvres étonnantes, mélangeant les styles, les techniques et les thèmes.

C’est bien cette diversité et cette ouverture sur les autres cultures qui caractérisent l’art des Chrétiens du Levant.

Un manuscrit arabe chrétien enluminé, le Roman de Barlaam et Joasaph, daté du XIIIe siècle et tout juste restauré par le Centre de Conservation du Livre d'Arles, illustre en effet la vie du Bouddha, adaptée à la foi chrétienne à partir d'une version géorgienne traduite en grec !

Cette exposition est l’occasion de découvrir l'art sacré des Chrétiens d'Orient : un patrimoine riche et prestigieux et un art parachevant la symbiose entre islam et christianismes latin et oriental. http://www.imarabe.org/index.html

Exposition : Du mardi au vendredi, de 10h à 18h. Samedis, dimanches et jours fériés, de 10 à 19h. Tarifs : 6 euros (plein) - 5 euros (réduit). Salle d’expositions temporaires - 1, rue des Fossés-Saint-Bernard - 75236 Paris Cedex 05 - Tél. : 01 40 51 38 38 - Fax : 01 43 54 76 45
EXPOSITION

Splendeur des icônes arabo-chrétiennes, venues pour la plupart de Syrie et présentées à l'Institut du monde arabe

Ferveur chrétienne du Levant

Damas : envoyée spéciale du Figaro - Anne-Marie Romero, 08 mai 2003.

 

Syriaques et chaldéens orthodoxes ou catholiques, nestoriens, monophysites, maronites, coptes, arméniens, éthiopiens, melkites, églises de rite grec ou latin, les chrétiens d'Orient nous déconcertent souvent. Leurs particularismes minuscules, reliquats de querelles dogmatiques d'un autre temps, nous étonnent. Ce sont elles, pourtant, ces petites Eglises du Levant, qui donnent, à travers l'oecuménisme de leur art, l'exemple édifiant d'un dialogue possible entre les religions. Et les cultures.

Témoin : l'icône, cette prière en image qui a essaimé depuis Byzance à travers tout l'Orient, de la Russie à l'Irak, et qui a connu, dans les pays arabes un âge d'or aux XVIIe et XVIIIe siècles. Avec l'exposition «Icônes arabes», une centaine d'entre elles, essentiellement syriennes, sont présentées pour la première fois au public français, à l'Institut du monde arabe (IMA).

«On parle d'art melkite ou arabo-chrétien, explique soeur Agnès-Mariam de la Croix. Personnellement, je préfère le mot arabo-chrétien, parce que nos icônes se démarquent de l'art ottoman, qu'elles sont le produit de communautés arabes, arabophones et de peintres qui représentent un décor typiquement arabe.» Libanaise, ancienne carmélite, soeur Agnès dirige aujourd'hui, à Qara, dans le désert syrien, une petite communauté de sept religieuses – « une Grecque catholique, une Grecque orthodoxe, une Éthiopienne, une Arménienne, une Latine et une maronite. Il ne nous manque qu'une syriaque !»

Soeur Agnès a fondé cet ordre, les Moniales de l'unité d'Antioche, et a choisi de l'installer dans un vieux couvent fortifié du VIe siècle, Saint-Jacques-le-Mutilé, situé sur la piste caravanière de la Bekaa à Damas. «Il s'agit d'un saint martyr persan, qui a vécu à Ninive sous les rois sassanides, poursuit la religieuse. Découpé en vingt-neuf morceaux, il symbolise l'unité de l'Eglise. On ne pouvait rêver meilleur patron pour notre communauté !»

Iconographe de formation, elle a assuré, avec ses soeurs de la Maison d'Antioche, le Musée des icônes de Francfort et le programme ManuMed de l'Union européenne, tous partenaires de l'IMA dans cet te manifestation, la restauration de la plupart des peintures présentées dans l'exposition. «L'art melkite, celui des catholiques arabes, reprend soeur Agnès, se caractérise par un brassage de toutes les cultures locales à un moment béni de l'Histoire, celui de l'Empire ottoman, pluriethnique et ouvert à toutes les cultures.»

Au XVIIe siècle, toutes les Eglises schismatiques, rejetées à un moment ou un autre par l'Eglise officielle de Byzance, profitent de cette ouverture et dialoguent. L'icône, art orthodoxe par excellence, connaît alors un épanouissement général. Des écoles voient le jour, à Damas, Beyrouth, Jérusalem. Le nom des peintres en témoigne. Il y a Michel le Damascène, Hanna al-Qudsi (de al-Qods, Jérusalem, en arabe), Michel le Crétois, preuve que l'art melkite a influencé en retour les peintres grecs, eux-mêmes à l'origine de l'icône arabe.

Mais c'est la dynastie des Moussawir qui va régner sans conteste sur la plus prestigieuse des écoles, celle d'Alep. Depuis l'aïeul, Yusuf al-Mussawir (Joseph l'Iconographe), mort en 1667, jusqu'à son arrière-petit-fils, Girgis, en passant par Nehmet-Allah et Hanania, leur évolution sur un siècle reflète toute l'histoire de l'icône, de la fidélité de Yusuf au classicisme byzantin, à la tentation latinisante de Girgis. Et son oecuménisme : Nemeth savait-il, lorsqu'il peignait, au XVIIIe siècle, que l'Eglise à laquelle il appartenait se séparait de l'orthodoxie pour revenir dans le giron du catholicisme ?

Comme l'icône russe, l'icône arabe décline des christs, des vierges et des saints : Christ Pantocrator, Vierge orante, «de tendresse», «qui montre le chemin» ou «Mère de Dieu». Mais elle avoue sa prédilection pour les saints militaires, Georges, Théodore, plus rarement Michel, pour les scènes bibliques à plusieurs personnages ou les évocations de saints locaux, comme Siméon le stylite, sur sa colonne. Encore conservée dans le plus vieux sanctuaire de la chrétienté (Ve siècle), ruine somptueuse parmi les ruines de quelque 700 villages chrétiens abandonnés dans la «montagne calcaire», au nord d'Alep.

Davantage que les sujets, c'est le style des iconographes arabes qui surprend. La fraîcheur de leurs personnages, qui ont perdu le hiératisme de l'icône byzantine au profit de visages doux, sereins, ou impétueux. Leur liberté, comme le montre cette petite peinture du monastère Saint-Serge et Saint-Bachus de Maaloula, où un saint Jean-Baptiste assis, croise les jambes avec désinvolture. Ou cette Cène, prêtée à l'IMA, où Jésus siège en bout de table et non au centre.

A ces hardiesses de représentation s'ajoute l'abandon progressif de l'écriture grecque au profit de légendes exclusivement rédigées en arabe, un choix de couleurs que l'icône européenne n'utilise jamais en à-plat : le vert pastel, le rouge cinabre, le rose garance, les oppositions noir et or, les cartouches semblables à ceux du Coran, les fioritures, bordures et autres arabesques.

Perché dans la montagne Kalamoun, au nord de Damas, le couvent de religieuses orthodoxes de Saidnaya conserve des merveilles au fond d'un petit oratoire aveugle. Là, parmi des dizaines d'icônes historiques, noircies par la fumée des cierges, une Vierge du IVe siècle, rescapée de la crise iconoclaste, cachée dans une niche, derrière des chapelets d'ex-voto d'or et d'argent. «Personne n'a le droit de la voir», dit la jeune soeur qui la garde. Car pour tous les chrétiens d'Orient, même pour les catholiques comme soeur Agnès, l'icône n'est pas un «objet archéologique». « C'est le mystère de la Foi chanté en lignes et en couleurs, qui transcende les dogmes et réunit les hommes. »

Le Figaro - 08 mai 2003


Un parfum du "Nom de la rose".

Ingénieur et agrégé, il avait volé par passion des livres anciens. 

SAVERNE (AFP) 10/06/2003 - Il avait volé des livres anciens "par passion", après avoir trouvé un passage secret conduisant à la bibliothèque du couvent du Mont Sainte-Odile. Stanislas Gosse, 33 ans, a comparu mercredi devant le tribunal correctionnel de Saverne (Bas-Rhin) pour vol aggravé avec ruse et par escalade, au préjudice du lieu de culte et de pélerinage alsacien.

Ingénieur en génie mécanique, professeur agrégé, titulaire d'un Diplôme d'études approfondies (DEA) avec mention "très bien", enseigne de vaisseau, Stanislas est décrit comme un homme d'une "intelligence supérieure".

Ce jeune enseignant élégamment vêtu est poursuivi pour avoir dérobé à huit reprises entre 2000 et 2002, au cours d'expéditions nocturnes durant ses vacances scolaires, 1.100 livres anciens, ainsi que neuf incunables (livres enluminés antérieurs au quinzième siècle) d'une valeur inestimable dans les bibliothèques du mont Sainte-Odile.

"Je ne m'explique pas cette passion démesurée. J'ai pensé que ces livres ne servaient à personne, ils étaient poussiéreux, ils étaient mieux chez moi. Mais c'était une vision égoïste", a justifié le collectionneur.

"La passion vous a fait oublier votre conscience", souligne la présidente Martine Rivet. Dès sa plus tendre enfance, le père de Stanislas, ingénieur érudit, l'emmène au Mont Sainte-Odile. Stanislas grandit dans ce climat de mystères et de recherches. Il voulait connaître tous les secrets du couvent. Un club des cinq à la recherche d'un trésor à lui tout seul. "C'était aussi par aventure et par jeu" reconnaît-il.

En 1997, en visite avec des amis dans ce haut lieu sacré, ils poussent une rosace (porte) et parviennent miraculeusement à la salle des chapitres. Ce n'est qu'en août 2000 qu'il perpétue la première visite nocturne assortie du vol d'un incunable.

Des disparitions suspectes d'ouvrages amènent une plainte, et les gendarmes enquêtent. Un parfum du "Nom de la rose" règne alors. En effet, des enquêteurs en civil se mêlent aux pensionnaires de la partie hôtellerie accueillant ceux qui veulent se ressourcer et prier. En vain. Les serrures sont changées.

Mais Stanislas Gosse n'en reste pas là. Il poursuit des recherches à la bibliothèque municipale de Strasbourg. Il découvre un passage secret recouvert par des planches qui nécessite l'emploi d'une corde de rappel. "Vous êtes passé alors", lui reproche la présidente, "du simple vol avec une bicyclette au déménagement avec valise, échelle de cordes et voiture". "Lorsque je pénétrais, j'avais peur et j'avais honte" confie l'accusé.

Une vidéo-surveillance mise en place le prend en flagrant délit à la fin du mois d'avril 2002. Les gendarmes retrouvent tous les ouvrages à son domicile, soigneusement répertoriés et certains ont tout de même été endommagés, selon Me Sébastien Bender, avocat des religieux du Mont Sainte-Odile.

Le psychiatre et la psychologue ont démontré chez lui une intense souffrance psychique, "la recherche du père". Stanislas est né d'une liaison, un père qui n'a jamais divorcé, mais le procureur lui fait remarquer qu'il est issu d'un milieu aisé et qu'il a été très aimé par ses parents. Stanislas Gosse essuie des larmes. Des experts semblent prendre un grand intérêt à cette histoire unique, et à l'analyse que Stanislas poursuit. Me Bender a réclamé 8.000 euros de préjudice moral et 9.000 euros de préjudice matériel ajoutant néanmoins que l'accusé "a demandé pardon et tout naturellement cela lui a été accordé".

Le procureur de la République de Saverne, Jean Dissler, le considère comme un "monte-en-l'air qui viole une lieu sacré qu'il connaissait" et réclamé une peine de deux ans de prison, qui peut être assortie d'un sursis, d'une interdiction des droits civiles, civiques et de famille de deux ans et 5.000 euros d'amende.

Quant à l'avocate du prévenu, Me Cathy Petit, elle a supplié que la peine ne soit pas inscrite au casier judiciaire vierge, "sinon c'est la fin de sa vie professionnelle".

"Il regrette, il a agi comme un 'gosse", un signifiant remarqué par les psychiatres. "Je suggère un Travail d'intérêt général qui l'obligerait par exemple à réparer tous les ouvrages", a déclaré l'avocate en notant que Sébastien Gosse n'a pas agi par "esprit de lucre".

Les enquêteurs, de fait, ont établi qu'il n'avait effectivement contacté aucun spécialiste des livres anciens. Le jugement est attendu pour le 18 juin à 9h.


Le pilleur du couvent du mont Sainte-Odile aimait trop les livres

 

Son avocate suggère, pour ce délinquant extraordinaire, un travail d'intérêt général, peut-être même au mont, pour restaurer cette fascinante bibliothèque qu'il avait voulu sienne...

J'ai été égoïste, mais ces livres étaient poussiéreux, ils avaient l'air abandonnés. Je ne me serais pas permis de voler dans une bibliothèque publique." Devant le tribunal de grande instance de Saverne, Stanislas Gosse, grand et mince, tente de s'expliquer.

Pourquoi ce brillant agrégé de mécanique de 32 ans, enseignant dans une école d'ingénieurs de Strasbourg, a-t-il dévalisé la bibliothèque du couvent du mont Sainte-Odile, haut lieu de pèlerinage et de tourisme dans les Vosges alsaciennes ?

L'histoire commence comme un roman policier médiéval. En août 2000, le chanoine Charles Diss, directeur du couvent, porte plainte. Seize livres, dont deux incunables - des ouvrages imprimés avant 1500 - ont disparu de l'ancienne salle du Chapître, devenue bibliothèque au XIXe siècle. Les deux entrées de la salle ne sont accessibles qu'à quelques privilégiés, et il n'y a pas eu effraction.

Après enquête, l'énigme demeure et l'affaire est classée, malgré la disparition de plusieurs lithographies et d'un inventaire. Dix-neuf mois plus tard, le nouveau directeur du couvent, le Père Alain Donius, retourne à la gendarmerie. Les vols ont repris : des clés et surtout des livres, par rayonnages entiers, ont disparu. Or les serrures ont été changées.

Les gendarmes interrogent le personnel, explorent les bâtiments. Ils découvrent alors au plancher du grenier une trappe qui permet d'accéder à une pièce aveugle, oubliée de tous. De là, à travers le fond mobile d'un meuble, un passage secret rejoint la bibliothèque.

Les enquêteurs installent une vidéosurveillance. Le 18 mai 2002, à 18 h 49, Stanislas Gosse est filmé emportant des livres dans des valises. Il en laisse aussi dans la salle aveugle. Le lendemain soir, les gendarmes le cueillent. L'enseignant a reconnu les faits, sans discuter. Il avait découvert la bibliothèque "par hasard" en 1997. Il est revenu souvent au mont, et il a compris en 2000 qu'en appuyant sur une rosace, on débloquait l'ouverture de la porte. Il a volé ses premiers livres, puis lorsque les serrures ont été changées, il s'est rabattu sur une bibliothèque plus modeste, dans l'hôtellerie du mont.

C'est alors qu'il tombe, dans une revue historique, sur une étude du mont Sainte-Odile, qui décrit minutieusement la salle obscure, près de la bibliothèque. Il vole alors les clés qui lui permettront de rejoindre le grenier, et, de là, avec une corde, la salle secrète et la bibliothèque, où il a repris sa "collection"... Plus de 1 000 ouvrages ont été retrouvés chez lui, ou stockés dans le passage.

" PAR JEU "

"Comment expliquez-vous votre passage à l'acte ?", interroge la présidente du tribunal de Saverne, Martine Rivet. "J'ai toujours eu une passion pour les livres anciens, j'ai volé les premiers par jeu, content de pouvoir jouir de ces ouvrages, j'avais aussi peur et honte, mais la passion a repris le dessus, cela a été une spirale, un engrenage", répond Stanislas Gosse. "Avez-vous travaillé sur ces livres ? "J'en ai lu dix intégralement." "Il en a aussi abîmé", s'indigne Me Sébastien Bender, représentant l'archevêché, qui l'accuse d'avoir gratté des tampons du mont et collé ses ex-libris.

"Vous vous êtes approprié ces livres pour votre seule jubilation", s'est indigné le procureur Jean Dissler, qui a requis deux ans d'emprisonnement, en tout ou partie assortis du sursis avec mise à l'épreuve, une amende de 5 000 euros et la privation des droits civiques pour deux ans.

Stanislas Gosse a tout reconnu, n'a rien vendu, a tout rendu, plaide Me Cathy Petit, qui cherche à éclairer la psychologie de son client. Plus que poussé par une "passion de bibliophile", le jeune enseignant aurait été "en quête de sa généalogie, de sa lignée". Fils naturel d'un père qui l'avait reconnu à trois ans sans pour autant quitter sa femme et ses quatre enfants, Stanislas aurait tenté d'apaiser sa "souffrance psychique latente" par le truchement des livres anciens. Elle suggère, pour ce délinquant extraordinaire, un travail d'intérêt général, peut-être même au mont, pour restaurer cette fascinante bibliothèque qu'il avait voulu sienne... Le jugement a été mis en délibéré au 18 juin.

Jacques Fortier - Le MONDE L'EDITION DU 13.06.03 - Strasbourg de notre correspondant


LA BIBLIOTHEQUE DU MONT SAINTE ODILE

Enigme au monastère du Mont Sainte-Odile

 SAVERNE (AFP), le 23/05/2002

 

Un passage secret menant à la bibliothèque d'un monastère perché sur un éperon rocheux et garni de précieux incunables : un professeur agrégé alsacien a mis à profit ces circonstances rocambolesques pour s'emparer d'un millier de volumes en deux ans.

Contrairement au triste sort survenu récemment à près de 200 oeuvres d'art, volées par un autre collectionneur alsacien passionné - détruites ou jetées dans un canal-, les précieux livres de la bibliothèque du monastère du Mont Sainte-Odile ont été retrouvés intacts, jusqu'au dernier, dans l'appartement de cet enseignant agrégé de mécanique, habitant à Illkirch-Graffenstaden, à la périphérie strasbourgeoise. Ils retrouveront les rayons de la bibliothèque après inventaire.

"C'était pour ma collection personnelle, je suis passionné par les livres anciens", a expliqué aux enquêteurs ce professeur de 32 ans dont le nom n'a pas été révélé.

Selon le procureur du tribunal de Saverne (Bas-Rhin), Madeleine Simoncello, l'enseignant déchiffrait le latin et s'était pris de passion pour les livres religieux du monastère dédié à la patronne de l'Alsace, dont certains étaient des incunables datant du 15ème siècle, d'une valeur inestimable.

Le bibliophile a été interpellé dimanche en flagrant délit par les gendarmes, alors qu'il transportait deux valises contenant 300 livres anciens. Les premiers vols dans la bibliothèque avaient été repérés en août 2000.

Depuis cette date, ils s'étaient répétés régulièrement, malgré le changement des serrures à plusieurs reprises et des enquêtes minutieuses. "Un système de vidéo-surveillance, installé en mai, a finalement permis l'arrestation du voleur", a indiqué Mme Simoncello.

Les enquêteurs n'ont découvert qu'à cette occasion le passage secret utilisé par le bibliophile, selon le procureur. Un couloir étroit situé entre le mur de la bibliothèque et celui de l'église, permettait en effet d'accéder à la bibliothèque, située au premier étage, grâce à une échelle de corde. De simples planches, qu'il suffisait de pousser, fermaient la cloison.

L'enseignant avait découvert ce passage dans un article publié dans une revue spécialisée, à la bibliothèque universitaire de Strasbourg. Très peu de personnes en connaissaient l'existence, comme l'ancien directeur du Mont Sainte-Odile, le chanoine Charles Diss. "Mais jamais je n'aurais pu imaginer que le voleur passait par là", a-t-il dit.

Le voleur, qui semble-t-il n'avait pas de complices, pénétrait avec le public dans le bâtiment puis il disparaissait dans la bibliothèque où il pouvait, pendant toute la nuit, faire ses choix et emporter son butin sans crainte d'être dérangé, a précisé le procureur.

Il avait aussi utilisé pendant une période des clés qu'il avait volées. Présenté mardi au parquet de Saverne, le bibliophile a été mis en examen pour vols sans effraction et vols par escalade et par ruse ( pour l'utilisation de clés volés). Il a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire, a précisé le procureur.

SAVERNE (AFP), le 23/05/2002


Les Etats-Unis autorisent l'importation d'antiquités

irakiennes afin de les restaurer.

Le département d'Etat américain a autorisé jeudi l'importation vers les Etats-Unis d'antiquités irakiennes afin de les restaurer.

Les objets, retrouvés au quartier général de la police secrète de Saddam Hussein à Bagdad, sont notamment des rouleaux de parchemin et des livres anciens et modernes consacrés à la communauté juive irakienne. Certains documents datent du XVIe siècle, a indiqué le département d'Etat.

Ces documents vont aux Etats-Unis pour être restaurés et temporairement exposés.

»Ce sont les premiers biens culturels irakiens apportés aux Etats-Unis pour restauration depuis la fin de la guerre», a indiqué Nina Bishop, porte-parole du Bureau des affaires culturelles et d'éducation au département d'Etat.

Les objets ont été découverts, détrempés, début mai dans le sous-sol inondé du quartier général de la police secrète, a dit Mme Bishop à l'AFP.

Ils ont été disposés dans 27 grands cylindres métalliques et gelés pour arrêter la croissance de la moisissure, a expliqué John Constance, un responsable des Archives nationales américaines qui supervisera la restauration des documents.

De premières analyses ont montré que les plus anciens datent du XVIe siècle tandis que d'autres sont contemporains. Parmi les objets figurent des torahs et des livres pour enfants écrits en hébreu, a précisé M. Constance.

Les documents semblant les plus précieux sont un volume de l'Ancien Testament imprimé à Venise en 1568 et ce qui semble être l'édition originale de 1696 du "Birkat Avraham ", un commentaire de la torah également publié à Venise.

Ni Mme Bishop ni M. Constance n'ont pu expliquer comment ces documents se sont retrouvés au siège de la police secrète. Selon eux, ils auraient pu être confisqués par les autorités irakiennes ou abandonnés par des juifs irakiens ayant fui le pays.

Référence : http://www.tageblatt.lu/edition/article.asp?ArticleId=9699 - 22 août 2003


Les voyages illustrés de Chateaubriand.

Les « Mémoires d'outre-tombe » et autres « Voyages... » monuments de la littérature française reflètent la vie et l'oeuvre de Chateaubriand : ses voyages, les descriptions des paysages qu'il a visités - et Dieu sait s'ils furent nombreux -, ses découvertes architecturales et patrimoniales, ses témoignages aussi.

A ces notes, prises au fil des pérégrinations de l'auteur, aux missions qu'il a accomplies en qualité d'ambassadeur à travers l'Europe, l'Orient, etc., il manquait l'image, la photo : une représentation matérialisée.

Les éditions de « La Renaissance du Livre » comblent en quelque sorte cette absence, tout à fait relative, de fort élégante manière en proposant un livre magnifique, un album des voyages de Chateaubriand, en quelque sorte, par l'image. (1)

Pour réaliser cet ouvrage, Anne Gérard a effectué d'importantes recherches iconographiques. Dans les musées les plus prestigieux d'Europe, des États-Unis, d'Australie majoritairement, elle a choisi les oeuvres de peintres du XVIIIe siècle notamment, qu'elle a associées aux écrits de Chateaubriand. Travail colossal, qui aboutit au mariage harmonieux des textes extraits des « Mémoires d'outre-tombe » et des huiles ou gouaches de nombreux peintres français, italiens, anglais, américains. Résultat : un ouvrage d'art à consulter, à feuilleter, en tout état de cause à posséder en fond de bibliothèque.

(1) Les voyages de Chateaubriand illustrés par les peintres. Anne Gérald, éditions de la Renaissance du Livre, collection Références, format 245 x 310 mm, 264 pages en couleurs, 250 reproductions.

Dernières Nouvelles d'Alsace - Mardi 16 décembre 2003


Les eBooks s'invitent

dans les bibliothèques municipales

En partenariat avec la bibliothèque Landowski de Boulogne-Billancourt, Mobipocket annonce une expérimentation de prêt de livres numériques.

La bibliothèque nationale de France " François Mitterand " est-elle déjà obsolète ? En partenariat avec la bibliothèque Espace Landowski de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, et la cyber librairie Numilog, la jeune pousse Mobipocket annonce une expérimentation de prêt de livres numériques pour assistants personnels et smartphones.

La bibliothèque sélectionne et fait l'acquisition de ebooks Mobipocket/Numilog pour la constitution de son fonds (370 titres aujourd'hui). Mobipocket assure la mise à jour, la maintenance, l'hébergement et la gestion de la bande passante pour le téléchargement des ebooks. Numilog assure la conversion au format .prc des titres qu'il distribue et négocie directement auprès des éditeurs le droit de prêt des ebooks.

"Cette expérience permet aux lecteurs inscrits à la bibliothèque et munis d’un terminal mobile, de télécharger gratuitement à partir d’une station infrarouge installée dans la bibliothèque, une sélection d’œuvres numériques, parmi lesquelles figurent des ouvrages de consultation comme dictionnaires ( Dictionnaire Pocket Oxford, Dictionnaire Pons...), guides touristiques ( guide Paris balades, Quid des villes de France), mais aussi des romans policiers, etc..." précise la bibliothèque sur son site web.

Avec à peine 36 abonnés actifs depuis mai 2003, ce service ne connaît pas encore un vif succès mais a au moins le mérite de valider une nouvelle chaîne de diffusion des biens numériques et de remettre au goût du jour le concept du eBook , très populaire du temps de Cytale et Gemstar, mais quelque peu malmené depuis l'effondrement de la bulle internet.

Le 07 août 2003 - Jérôme Bouteiller - http://www.neteconomie.com/

 
Les souvenirs de Louis XVII, "l'Enfant du Temple", aux enchères, le 21 mai 2003

Près de 500 souvenirs historiques liés à la famille royale de France et plus précisément à Louis XVII, "l'Enfant du Temple", dont le coeur a été authentifié par une analyse ADN il y a trois ans, seront dispersés à Drouot le 21 mai, par la société PIASA.

Tableaux anciens, dessins, miniatures, médailles, vêtements, bibelots, au total 473 objets provenant de la Collection Alain Bancel, dont un rarissime devoir d'écriture de "l'Enfant du Temple", deuxième fils du Roi Louis XVI et de la Reine Marie-Antoinette, feront resurgir sa poignante existence.

Dans son exercice (estimé 10/12.000 euros), le jeune garçon, né le 25 mars 1785, et qui devait mourir dix ans plus tard, enfermé au Temple, abandonné de tous, s'entraîne à écrire soigneusement son nom "Louis Charles" en lettres de tailles différentes.

Devenu dauphin le 4 juin 1789 à la mort de son frère aîné, le jeune Louis Charles ne sera jamais roi. Il connaît très jeune la fuite, l'arrestation à Varenne, le 25 juin 1791, avant d'être contraint à témoigner contre sa mère.

Orphelin à l'âge de 8 ans, il est d'abord confié à un cordonnier, puis emprisonné au Temple. Atteint de scrofule, il meurt de tuberculose le 10 juin 1795. Il sera enterré secrètement au cimetière Sainte-Marguerite.

On verra ainsi une moitié d'habit de soie bleue qu'il portait à 7 ans (le vêtement fut coupé en deux dans le sens de la hauteur et partagé entre deux fidèles des Bourbons à titre de souvenir), des vêtements qu'il porta, des éventails, médaillons et divers bibelots commercialisés à l'occasion de sa naissance.

Seront également proposés aux enchères : un manuscrit autographe de Louis XVIII appelant les Français à rétablir la royauté (5/6.000 EUR), la chemise portée par Louis XVI peu avant son exécution le 21 janvier 1793 (5/8.000 EUR), les aiguilles à tricoter en ivoire de Marie-Antoinette (4/5.000 EUR), la clef de la prison du Temple dans laquelle fut enfermée la famille royale (5/6.000 EUR).

L'historien Philippe Delorme a procédé à une analyse ADN à partir d'une mèche de cheveux de Marie-Antoinette et du coeur du jeune dauphin, conservé à la nécropole des rois de France de Saint-Denis. Il devait annoncer le 19 avril 2000 que le coeur de l'enfant du Temple était bien celui de Louis XVII.

( Exposition les 20 et 21 mai. Vente le 21, au 9, rue Drouot, Paris 9e )

PARIS (AFP), le 16-05-2003


Irak, jeudi 08 Mai 2003 : près de 40.000 manuscrits anciens

et des d'objets d'art retrouvés

Quelque 39.400 manuscrits anciens et environ 700 objets d'art dérobés par des pilleurs au Musée National d'Irak, à Bagdad, ont été récupérés par les services américains des douanes et les forces militaires américaines, a-t-on annoncé mercredi de source officielle américaine.

"La récupération de ces objets est le résultat d'un superbe effort de coopération entre les autorités américaines, l'armée des Etats-Unis et le peuple irakien", s'est félicité Michael Garcia, secrétaire adjoint de l'Office américain de l'Immigration et des Douanes (ICE).

Dans un communiqué, l'ICE souligne que ces agents avaient été déployés en Irak avant même le début des hostilités lancées le 20 mars contre le régime de Saddam Hussein. Ils étaient entrés en action dès l'annonce des premiers pillages.

Les agents américains ont travaillé en étroite coopération avec les conservateurs du Musée National d'Irak "afin de répertorier les pièces manquantes". "Les agents d'ICE ont aussi commencé à dormir à l'intérieur du musée afin de prêter assistance à l'armée américaine pour protéger le musée de nouveaux pillages", souligne le communiqué.

Une campagne d'information a été lancée en Irak, auprès de la population, afin de la convaincre de restituer les objets volés ou contribuer à les retrouver.

Un nombre considérable de pièces du musée avaient été entreposées dans des caches par les conservateurs du musée. Mais plusieurs d'entre elles ont été cambriolées à la faveur du désordre suscité par la guerre.

" Il y a encore beaucoup de travail ", a estimé M. Garcia en promettant la poursuite des recherches en Irak et dans le monde.

Jeudi 08 Mai 2003 - AFP


Manifestations françaises pour le Tricentenaire

de Saint - Petersbourg

Le 31 mai 2003. Inauguration de la nouvelle installation de la bibliothèque Voltaire

( futur centre européen des Lumières )

par Jacques Chirac, président de la République française

Sujet exemplaire de coopération entre la France et la Russie et projet phare de la participation française aux célébrations, ce Centre Européen des Lumières-Fonds Voltaire sera un lieu d’études (dans les deux salles rénovées ) et de conservation des ouvrages littéraires du Siècle des Lumières, notamment la bibliothèque de Voltaire achetée par Catherine II à la mort du philosophe et conservée à la Bibliothèque Nationale de Russie.

L’ouverture de ce Centre exceptionnel permettra pour la première fois l’accès du large public à l’œuvre créatrice de Voltaire et des encyclopédistes. la bibliothèque de Voltaire acquise par Catherine II à la mort du philosophe sera présentée pour la première fois au public à partir de juin dans un espace spécialement aménagé de la Bibliothèque nationale de Russie. Riche de 7.000 ouvrages littéraires du siècle des Lumières, ce "Cabinet de Voltaire" deviendra ensuite un "Centre européen des Lumières" ouvert aux chercheurs du monde entier.

Partenaires : Le Ministère de la Culture et de la Communication russe, la Bibliothèque Nationale de Russie, la Bibliothèque Nationale de France, l’Ambassade de France à Moscou, l’Institut Français de Saint-Pétersbourg, le Ministère des Affaires étrangères français.

Site : http://300online.ru/ et l’histoire de l’achat de la bibliothèque de Voltaire par Catherine II - Voir le Site http://centre.c18.org/pu.karp.html


Le manuscrit du questionnaire de Proust

aux enchères à Drouot

Deux manuscrits de Marcel Proust, dont le célèbre questionnaire de l'écrivain, ont été mis aux enchères lors d'une vente de livres, autographes et manuscrits à l'hôtel Drouot-Richelieu mardi à Paris.

Le célèbre questionnaire a été rédigé par l'écrivain à l'âge de 14 ans.

Très en vogue à l'époque victorienne, la tradition du questionnaire, album de questions permettant de cerner la personnalité de celui qui y répond, fut par la suite adoptée en France.

Le jeune Marcel répondit à l'un d'entre eux pour son amie Antoinette Faure, fille du président Felix Faure, dont la famille entretenait des liens d'amitié avec celle de Proust.

Estimé entre 25.000 et 30.000 euros, ce premier "questionnaire de Proust" est inclus dans un album anglais comptant quelque 40 pages de réponses, parfois signées et datées de 1884 à 1887, dont celles du futur auteur d'"A la recherche du temps perdu", a été adjugé pour 120.227 euros au créateur Gérard Darel

Le second document mis aux enchères est un extrait dactylographié de "La prisonnière", cinquième partie d'"A la recherche du temps perdu", comprenant de nombreuses corrections, ajouts et ratures, estimé entre 30.000 et 35.000 euros.

Le texte fut publié pour la première fois dans la Nouvelle revue Française parue le 1er novembre 1922, peu de temps avant la mort de l'écrivain, disparu le 18 novembre.

PARIS (AFP), le 27-05-2003


Le questionnaire de Proust aux enchères.

La confession mythique de l'écrivain, alors âgé de 14 ans,

en vente le 27 mai à Drouot

 

Un petit album rouge, plat comme un voeu pieux, avec des arabesques d'or qui dessinent des mots comme une marelle enfantine. «An album confessions to record... thoughts... feelings» s'achetait alors sous les arcades de Rivoli, à la librairie Galignani «English & American Books». De sa jolie écriture à l'anglaise, la jeune Antoinette Félix Faure, fille du député du Havre qui deviendrait dix ans plus tard président de la République, signe ce petit cahier de rêves sages et d'idéal qui raconte, de 1884 à 1887, une certaine enfance parisienne, déjà grande bourgeoise bien élevée. A chaque page, les mêmes 24 questions censées dévoiler l'âme du questionné et les réponses candides, ferventes comme des nonnes, policées comme des révérences, emphatiques comme l'ignorance des choses. L'un des derniers à répondre en 1886 est l'un des rares à ne pas avoir signé. C'est pourtant lui qui a donné son nom à ce questionnaire. Il s'appelle Marcel Proust. Il a 14 ans (1).

«Your favorite occu pa tion ?» «La lecture, la rêverie, les vers, l'histoire, le théâtre», répond le futur auteur de Jean Santeuil qui répugnait à appeler cette esquisse de La Recherche, un roman («c'est moins peut-être et bien plus, l'essence de ma vie, recueillie sans rien y mêler, dans ces heures de déchirure où elle découle»). «Si vous n'étiez pas vous, qui voudriez-vous être ?» «N'ayant pas à me poser la question, je préfère ne pas la résoudre, j'aurais cependant bien aimé être Pline le Jeune», concède le jeune homme, presque absent au monde. Il ne dit pas quels sont sa «principale caractéristique», son «état d'esprit actuel», «les personnages de l'histoire qu'il déteste le plus» alors que les jeunes Germaine et Adèle citent respectivement «les grimaces, inquiétude, Bismark» et «fermer les yeux pour mieux voir, gaieté, Catherine de Médicis et Gaston d'Orléans».

Ce genre d'album avait été emprunté à l'Angleterre victorienne par un Paris anglomane (...) Marcel écrit d'une plume facile et spontanée, il a de l'esprit et sa forme témoigne d'une originalité précoce ; des mots tels que «l'intelligence», «le naturel», «le beau», «le pays de l'idéal», paraissent et reparaissent, montrant qu'il avait l'habitude de soumettre toutes les questions à ces critères», analyse George D. Painter dans son Marcel Proust de référence (Mercure de France), s'amusant à resituer la prose du fils du Dr Proust parmi celle des «autres jeunes amis de Mlle Faure – ces futurs généraux et politiciens, et ces futures femmes du monde». «Ses goûts et sa culture n'étaient pas encore mûrs. Ses «auteurs favoris» sont encore George Sand et Augustin Thierry [un des grands maîtres français de l'historiographie romantique], car il demeure fidèle au souvenir de la nuit où sa mère lut François le Champi à son chevet, et de l'été d'Augustin Thierry à Illiers, avec ses lilas et ses aubépines», souligne le chercheur.

«Quel est pour vous le comble de la misère ?» L'exégète reste frappé, comme tous, par la réponse du jeune Proust : «Être séparé de maman» (La Pléiade, volume 1). «Il avait d'abord écrit : «Etre éloigné de maman» ; mais après tout, qu'importe l'éloignement ? C'est une notion acquise qui ne fait souffrir qu'à la réflexion. Non ! Le comble de la misère pour ce jeune être passionné, c'était la séparation, cette réalité brutale que l'on éprouve d'une manière directe, intense, presque physique», commente André Berge, le descendant d'Antoinette Faure, qui découvrit ce petit cahier rouge dans «la masse des volumes transformés par l'humidité en une sorte de pâte gluante qui cimentait les quelques piteux survivants», aujourd'hui trésor encore en main privée (Autour d'une trouvaille, Les Cahiers du mois, 1924).

Née Jeanne Weil (1849-1905), «Mme Proust a une culture, un esprit vifs, profonds, variés, sensibles, qui complètent et stimulent ceux de son fils, si bien que, longtemps, il ne conçoit pas d'écrire sans elle : elle est sa principale collaboratrice et La Recherche est née d'une «conversation avec maman» autour de Sainte-Beuve», insistent les pédagogues de L'ABCdaire Proust (Flammarion). «La mort de sa mère a été un choc inouï. Ne dit-on pas que cette perte à 34 ans a déclenché son asthme, son enfermement, son écriture et cette monumentale Recher che», résume l'expert Alain Nicolas, le plus proustien de nos libraires (agrégation de lettres à 22 ans et mariage à Cabourg, forcément !).

«Dans une photographie prise au Parc Monceau, Mlle Faure, portant un chapeau à plumes et tenant une ombrelle, a environ 14 ans, et Marcel, avec son chapeau de paille rayé, n'en a que 13», décrit Painter à propos de cette grande amitié de Marcel, lecteur des poètes (Musset !), pour Antoinette aux yeux gris et aux cils si longs, qui lui apprenait à faire des caramels. «Mme Faure contait à Maman tous ses petits malheurs, qui étaient aussi nombreux que les belles amies du président (...) Mais elles trouvaient encore le temps de faire ensemble des projets. Eh oui, Céleste, il fut question de me marier avec les yeux gris d'Antoinette», confia M. Proust à la divine Céleste (Robert Laffont, 1973).

(1) Jamais passé sur le marché, l'album mythique sera proposé le 27 mai à Drouot par la SVV Beaussant-Lefèvre (estimé 25 000/30 000 euros, il devrait atteindre le double) ainsi qu'un important extrait de LaPrisonnière, cinquième partie d'Ala recherche du temps perdu ( manuscrit dactylographié très corrigé, jeu d'épreuves corrigées et petit placard encore corrigé par l'homme des paperoles à quelques mois de sa mort, lot estimé 30 000/35 000 euros.

Valérie Duponchelle - Le Figaro -02 mai 2003


La Chine innove pour mieux protéger

les manuscrits de Dunhuang

Les tablettes en porcelaine devraient devenir le matériel idéal pour la duplication des manuscrits découverts dans les grottes de Dunhuang, province du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine, ont révélé des chercheurs chinois.

Ma De, directeur adjoint de l'Institut de recherche de Dunhuang, a dit récemment que les tablettes en porcelaine, développées par la Compagnie de la culture Zhinan basée au Guangdong, peuvent être utilisées dans la reproduction à l'identique des manuscrits. On peut retrouver la couleur, la texture et même les rides des papiers d'origine sur les répliques faites sur les tablettes en porcelaine spécialement traitée, a-t-il dit. En comparaison avec d'autres matériaux de reproduction, tablettes en pierre, en bois et en pellicule photo, M. Ma a ajouté que les tablettes en porcelaine étaient beaucoup plus faciles à préserver en raison de leur résistance à l'acide, à l'eau, au feu et aux changements de température.

Selon M. Ma, les tablettes en porcelaine ont été utilisées pour reproduire trois manuscrits découverts dans les grottes sur la base des expériences acquises en 2002. Il y a au total 40 000 vestiges culturels, y compris manuscrits, peintures et instruments musicaux déjà découverts dans les grottes de la période allant du 4ème au 11ème siècles. Un grand nombre de manuscrits ont jauni avec le temps et la menace des bactéries et des vers, a dit Ma. Placées sur la liste du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture ( UNESCO) en 1987, ces grottes furent découvertes en 1900 par un prêtre taoïste nommé Wang Yuanlu.

Site : http://www.china.org.cn/french/69461.htm


Des archéologues irakiens accusent les Etats-Unis

de "crime du siècle".

Le directeur du musée de Bagdad a accusé vendredi les troupes américaines d'avoir commis le "crime du siècle" en ne protégeant pas les oeuvres des musées irakiens des pillages et les sites archéologiques des destructions.

"Ce qui est arrivé aux sites (archéologiques) et ce qui s'est passé au musée de l'Irak constitue le crime du siècle parce que cela affecte l'héritage de l'humanité ", a déclaré le directeur du Musée archéologique national de Bagdad, Donny George, qui s'exprimait en présence d'autres archéologues irakiens.

"Il faut croire qu'il y avait d'autres priorités ( pour les Etats-Unis ) que le musée de Bagdad", a ajouté M. George.

Les troupes américaines qui ont pris le contrôle de la capitale le 9 avril ont observé sans intervenir les pillards qui emportaient les oeuvres issues des civilisations les plus anciennes au monde.

Jaber Khalil Ibrahim, président de l'Office national des antiquités irakiennes, a estimé que les gouvernements américain et britannique devaient faire amende honorable en empêchant ces antiquités de quitter le pays et en partant "à la recherche des objets qui réapparaîtront en Suisse, Angleterre, Amérique, Israël et au Japon", pour les renvoyer en Irak.

M. Ibrahim s'est dit d'accord avec les conclusions d'une réunion d'experts réunis jeudi à Paris sous l'égide de l'Unesco, à savoir que des bandes spécialisées dans le trafic d'antiquités avaient participé aux pillages.

Certaines des pièces volées, dont un vase d'albâtre sumérien vieux de 5.000 ans et pesant 300 kilos, connu comme le vase d'Uruk, n'ont pu être emportées que par plusieurs personnes, a-t-il expliqué, ajoutant que les seuls objets qui restent dans la galerie étaient trop lourds pour être emportés.

"Je suppose qu'ils savaient vraiment (ce qu'ils cherchaient) et qu'ils recherchaient particulièrement des objets sumériens de valeur", a ajouté M. Ibrahim.

Il a en revanche démenti des rapports de témoins, cités par l'Unesco, mettant en cause des hommes bien habillés et qui possédaient les clés des réserves où étaient stockées les plus belles pièces, laissant supposer que des responsables irakiens auraient pu être impliqués.

M. Ibrahim a ajouté qu'"environ 20 poteries émaillées de valeur et certains (objets) en métal" avaient été rapportés dans la matinée aux mosquées voisines du musée en réponse aux appels des imams.

Selon les archéologues irakiens, il faudra "des jours et des jours" pour dresser une liste complète des pertes en raison de l'absence d'électricité à Bagdad et dans les autres régions d'Irak.

Parmi les pièces célèbres disparues, ils ont cité une statuette en bronze de l'époque akkadienne.

Les experts réunis à Paris ont indiqué qu'une collection de 80.000 tablettes cunéiformes en argile, portant les premières traces d'écriture, avaient notamment disparu, ainsi que les petites pièces du musée de Mossoul qui avaient été mises à l'abri à Bagdad.

Le président du comité consultatif présidentiel américain pour les affaires culturelles, Martin Sullivan, a démissionné pour protester contre le pillage du musée de Bagdad.

Selon des sources proches du comité s'exprimant jeudi sous le couvert de l'anonymat, un autre membre, Gary Vikan, a également démissionné et plusieurs autres pourraient prochainement quitter leurs fonctions.

Le FBI a annoncé jeudi avoir dépêché des agents pour enquêter sur les pillages d'antiquités en Irak.

BAGDAD (AFP), le 18-04-2003


La Bibliothèque nationale irakienne incendiée

La Bibliothèque nationale de Bagdad, qui renfermait des documents originaux exceptionnels, a été incendié par des pillards après avoir été volée.

Situé face au ministère de la Défense, qui, lui, n'a pas été touché par les flammes, le "Palais de la Sagesse", bâti en 1961, abrite également le Centre national des Archives.

Cet incendie, constaté au cours du week-end, intervient après le pillage vendredi du musée archéologique de Bagdad, qui renferme la plus importante collection d'oeuvres du riche patrimoine irakien.

BAGDAD (AFP), le 14-04-2003


A Bagdad, le musée et les archives municipales ont été pillés ou incendiés, et la bibliothèque nationale gravement endommagée.

« Il aurait suffi d'un char. Un char devant le musée et ce désastre n'aurait pu avoir lieu », disait, il y a quelques jours, un témoin impuissant. Près d'une semaine après l'irruption des vandales, destructeurs frénétiques, voleurs de circonstance ou instruments des trafiquants, il est bien difficile d'établir un bilan de cette catastrophe qui a touché aussi le Centre national des archives, mis à sac et incendié. Si les forces de la coalition veillaient devant certains ministères, elles n'avaient apparemment reçu aucune instruction pour protéger ces lieux qui recelaient les chefs-d'oeuvre et les témoignages culturels d'un pays qui est le berceau même de la civilisation et qui, de siècle en siècle, a rayonné sur le monde. Mais, on le sait aujourd'hui, les pillards sont passés par les portes arrière, celles de la conservation, et certains experts pensent que c'est parce que des oeuvres avaient été déjà mises à l'abri que les militaires n'ont pas été immédiatement requis.

Il est trop tôt et la situation est encore trop confuse pour établir aujourd'hui le moindre bilan des déprédations, faire la part de ce qui a été irrémédiablement détruit, disloqué, brûlé et de ce qui pourra être réhabilité ; faire la part aussi de ce qui a été dérobé, sous l'impulsion d'un geste de vengeance adressé à un pouvoir qui s'était beaucoup servi de l'histoire pour fonder son illusoire légitimité et de ce qui l'a été sous la dictée de trafiquants professionnels qui rôdent toujours sur les champs de bataille et les ruines des cités «libérées», ainsi que cela fut le cas à Kaboul après le départ des troupes soviétiques d'Afghanistan (80% des pièces du musée avaient alors été saccagées ou volées) et, plus sporadiquement après la chute des talibans.

On avait craint, à l'orée de la guerre, que des sites archéologiques soient touchés, que des vestiges soient écrasés sous les bombardements. Nul, dans la communauté scientifique mondiale, n'avait imaginé qu'on laisserait sans surveillance suffisante les institutions muséales et patrimoniales de Bagdad en toute ignorance apparente de ce qui pouvait advenir.

Ce ne sont pourtant pas les admonestations qui auront fait défaut bien en amont du déclenchement de la guerre et si le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a dépêché hier à Paris, auprès de l'Unesco, une envoyée spéciale chargée d'établir la manière dont les Etats-Unis et la communauté internationale peuvent tenter de réparer le désastre, on voit mal comment on pourrait un jour effacer cette catastrophe culturelle.

Aujourd'hui, à Paris, à l'initiative du directeur général de l'Unesco, Koïchiro Matsuura, une trentaine d'experts dont certains archéologues, responsables de musées, historiens d'art irakiens, se réunissent donc (nos éditions d'hier). Leur rencontre a lieu à huis clos mais ces savants feront connaître à l'issue de leurs discussions un certain nombre de propositions. On pense qu'ils décideront d'abord d'une mission rapide d'évaluation.

Le Figaro -17 avril 2003 - Armelle Héliot


Les pillards s'emparent des trésors de Babylone.

Des pillards ont mis à sac vendredi le célèbre musée archéologique de Bagdad en faisant main basse sur des joyaux remontant à l'aube de la civilisation mésopotamienne, ont indiqué samedi des représentants du personnel.

Devant les vitrines brisées et les tessons de poterie jonchant le sol du Musée national irakien, sa directrice adjointe, Nabhal Amine, était en larmes samedi : «Ils ont pillé ou détruit 170 000 objets antiques datant de milliers d'années (...). Cela représente des milliards de dollars.» Elle a déploré que l'armée américaine n'ait pas répondu aux demandes de protection : « Les Américains étaient censés protéger le musée. S'ils avaient stationné un seul char et deux soldats, rien de tel ne serait arrivé. Je tiens les troupes américaines pour responsables de ce qui s'est passé au musée

Gardiens armés. Les pilleurs d'objets d'art ont pénétré dans des salles dotées d'épaisses portes d'acier, à l'instar des chambres fortes d'établissements bancaires. Samedi, à l'intérieur du musée, on ne voyait que portes et fenêtres défoncées. Le sol était couvert de documents administratifs et de livres éparpillés. «Nous savons que les gens ont faim, mais que vont-ils faire de ces objets anciens ?», lance Mouhsen Kadhim, gardien depuis trente ans, qui dit avoir été submergé par les pillards. «Dès que j'ai vu les soldats américains près du musée, je leur ai demandé de le protéger. Mais le deuxième jour, les pillards sont arrivés et ont volé ou détruit tous les objets anciens», ajoute-t-il.

Nabhal Amine a demandé à quatre gardiens du musée de se munir d'armes pour protéger ce qui n'a pas encore été dérobé. Certaines pièces avaient été transférées dans des entrepôts pour éviter que ne se reproduisent les déprédations intervenues durant la première guerre du Golfe, en 1991.

Rouvert en 2000. Le musée archéologique renferme des objets qui remontent à Babylone et à Ninive, statues sumériennes, coupes et casques d'argent du cimetière d'Ur, bas-reliefs assyriens et 5 000 tablettes où sont portées les plus anciennes écritures connues. Fermé au début de la première guerre du Golfe, le musée n'avait rouvert ses portes au public qu'en 2000. Il avait survécu aux raids aériens de 1991 sur Bagdad et les pilonnages des trois dernières semaines l'avaient pratiquement épargné. (Reuters à Bagdad)

Libération, Par Hassan HAFIDH - lundi 14 avril 2003


Les mystères du saccage du musée archéologique de Bagdad.

Le « jeudi noir », le jour de la mise à sac, Muhssein Kazum était bien seul. Cet archéologue a assisté, impuissant, au pillage du principal musée irakien, qui retrace l'histoire de la Mésopotamie. Sa direction avait pris la fuite, et les locaux étaient abandonnés. Spécialiste de l'époque assyrienne et passionné par son métier, Muhssein Kazum contribue depuis trente ans par ses fouilles à Mossoul et à Babylone à enrichir les collections. Venu en voisin, lorsque les hordes ont commencé à déferler sur le musée, il s'est opposé en vain aux pillards. «J'ai essayé d'intervenir, mais j'ai échoué, affirme-t-il. Au début, j'étais persuadé que les gens venaient pour voler des climatiseurs et du matériel de bureau. Ils étaient armés et je ne l'étais pas. Très vite, la foule a grossi. C'était une invasion. Ils ont brisé de lourdes statues, des lions babyloniens et des fres ques de l'empire néobabylonien. Ils ont pris des pièces, des têtes et des masques mortuaires sumériens. C'était horrible. J'ai crié : «Ce n'est pas à Saddam, c'est notre patrimoine.»

» Alors ils m'ont frappé. Je suis sorti pour demander de l'aide aux Américains qui tenaient une position pas très éloignée avec leurs tanks. Ils avaient un interprète koweïtien, et ils m'ont répondu que, malheureusement, ils ne pouvaient pas protéger le musée. Je ne comprends pas pourquoi ils n'ont rien fait pour nous alors qu'ils ont placé des chars au ministère du Pétrole et au ministère de l'Intérieur.»

Selon l'archéologue, les vandales ont attaqué de manière spontanée le musée comme on chaparde dans l'épicerie du coin, mais une partie du cambriolage aurait été orchestrée par des professionnels. «Beaucoup d'émeutiers ont cassé pour se défouler, témoigne Muhssein Kazum. Dès qu'une pièce était trop volumineuse pour être déplacée, ils la détruisaient avec rage. La foule était composée d'hommes plutôt pauvres et incultes. Elle volait dans la précipitation. Mais, parmi elle, il y avait quelques personnes bien habillées qui donnaient des ordres. Elles savaient exactement ce qu'elles voulaient prendre comme si elles avaient préparé leur coup ; leurs bandes avaient des outils adaptés pour desceller et scier. Ce ne sont pas seulement les salles mais aussi les réserves qui ont été violées. Des cloisons et des murs ont été abattus dans les sous-sols pour accéder aux caves. Quand tout était fini j'ai pleuré..

Hier, à la veille d'une réunion, à Paris, de l'Unesco sur l'Irak, la direction du musée est venue accueillir les troupes américaines chargées désormais de sécuriser ce qu'il reste des collections du musée. Deux chars se sont frayé un chemin pour s'installer dans les jardins. Absent de son établissement le «jeudi noir», le directeur, le docteur Georges Jaber, un ex-pilier de l'appareil baasiste, s'est plaint de l'absence des Américains lors des destructions. Quelques semaines avant la conquête de Bagdad, il prétendait pourtant avoir un plan d'urgence antipillards. A l'époque, ses employés n'avaient pas le droit de parler à un étranger sans son accord. Sous le choc, la plupart d'entre eux ont d'ailleurs du mal à comprendre que les temps ont changé.

Responsable des fouilles au département d'archéologie, le docteur Hanna a dressé un tableau partiel de l'étendue des dégâts : «Nous n'avons pas de véritable estimation car l'inventaire n'a pas encore été fait. Mais les pertes sont inestimables, irremplaçables et inappréciables. Ce qui s'est passé est une tragédie. Nous avons constaté, par exemple, la destruction d'un vase sacrificiel sumérien unique datant de 3 500 ans avant Jésus-Christ. Nous déplorons aussi le vol de la statue du roi akkadien Ur-Nammu datant de 2100 avant Jésus-Christ.» Fondateur de la IIIe dynastie d'Ur et grand bâtisseur de la Mésopotamie, Ur-Nammu fit édifier bien avant le règne de Babylone la grande ziggurat d'Ur dédiée au dieu de la Lune, Nana. Quant à la coupe sumérienne, elle remonte à la création des premières cités Etats où les rites funéraires s'imprégnaient de croyances surnaturelles. On déplore aussi la disparition de textes sumériens à l'écriture primitive ressemblant à des croquis rédigés sur des tables d'argile molle, des fragments de l'histoire de l'humanité peut-être à jamais perdus.

Après le pillage, le docteur Hanna a adressé un e-mail d'appel au secours au ministère français des Affaires étrangères en arguant de la convention internationale de La Haye, qui prévoit la protection des biens culturels en cas de conflit. Et, dans le courant du week-end, de mystérieux Irakiens armés de kalachnikovs ont cadenassé avec des chaînes les portes des salles et chassé les derniers vandales.

Ce n'est pas la première fois que les trésors irakiens sont l'objet de convoitise. Durant la guerre du Golfe, plus de quatre mille pièces ont disparu. Certaines sont réapparues sur le marché international en Europe et aux Etats-Unis, comme chez Christie's, à Londres. Les réseaux de trafiquants internationaux s'intéressent depuis plus de dix ans aux statuettes et aux bijoux de Mésopotamie. Dans le domaine de la prévention des pillages comme pour son système de défense, l'ancien régime a brillé plus par sa logorrhée que par son efficacité. Lors de la guerre de 1991, le musée de Bagdad avait été fermé par précaution. Durant cette période, les vitrines avaient été vidées par le ministère de la Culture, et leur contenu évacué dans des lieux tenus secrets.

Le site n'a été rouvert qu'en 2000. Et seules quelques salles ont été réaménagées. Elles correspondent dans un ordre chronologique aux grandes périodes du pays : préhistoire, civilisations sumérienne, babylonienne, akkadienne, assyrienne, chaldéenne, etc. Les deux carrés consacrés aux monnaies et aux ivoires ont, bien sûr, connu un vif succès auprès des visiteurs indélicats en quête de pièces légères et faciles à revendre.

Les véritables fonds archéologiques irakiens constituent toutefois une formidable énigme. Car, bien avant sa chute finale, le régime a organisé la mise en sécurité des trésors les plus précieux du pays. La plus grande partie du patrimoine n'était vraisemblablement pas dans les salles du musée ouvertes au public ou même dans les remises. Selon des témoins, le 16 mars, un convoi de camions escortés par l'armée irakienne a franchi les lourdes grilles du bâtiment pour une destination inconnue. Mis à l'écart, le trésor archéologique irakien pourrait servir de butin de guerre aux dignitaires de l'ère Saddam, ou, plus probablement, réapparaître après avoir servi de moyen de pression à des responsables baasistes soucieux de donner des gages et de ménager l'avenir.

Le Figaro - Bagdad : de notre envoyé spécial Thierry Oberlé - 17 avril 2003


L’ancienne Bibliothèque des Jésuites à Shanghai (Chine)

va rouvrir ses portes Après dix ans de fermeture

 

CITE DU VATICAN, Mercredi 16 avril 2003 ( ZENIT.org ) - Fermée depuis dix ans, l’ancienne bibliothèque des jésuites à Shanghai va rouvrir ses portes, indique Eglises d'Asie, l'agence des Missions étrangères de Paris, dans son bulletin n° 373 ( eglasie.mepasie.org ).

Fondée en 1867 par des jésuites français, l’ancienne bibliothèque catholique de Xujiahui (1), à Shanghai, va rouvrir ses portes au public en mai prochain, après une fermeture de dix ans. Placée en 1956 sous la tutelle de la Bibliothèque de Shanghai, aujourd’hui la plus importante bibliothèque publique de Chine populaire et l’une des dix principales bibliothèques au monde, la Bibliothèque de Xujiahui rassemble des collections rares et précieuses en chinois et en langues étrangères, relatives, entre autres, à la présence chrétienne en Chine. Selon Li Tiangang, professeur de religion à l’université Fudan de Shanghai, les chercheurs attendent avec impatience la réouverture de cette bibliothèque, considérée comme la plus ancienne bibliothèque privée de l’histoire chinoise contemporaine, i.e. depuis la guerre de l’opium de 1839-1842 et l’ouverture forcée de la Chine aux puissances impérialistes occidentales.

Les actuels bibliothécaires de Xujiahui ont mis à profit la fermeture, décidée au début des années 1990 du fait des travaux menés dans le quartier pour la construction du métro, pour entreprendre l’indexation des centaines de milliers de livres et documents présents dans les rayonnages, recensés une première fois au début des années 1900. Le bâtiment de deux étages, édifié en 1867, a également été rénové durant ce long laps de temps. Fondée par les jésuites pour accueillir et aider leurs pairs venus étudier la société chinoise, la bibliothèque compte dans ses collections un exemplaire du dictionnaire français-latin-chinois compilé en 1813 sur ordre de l’empereur Napoléon par le sinologue français Joseph de Guignes. Parmi ses raretés, on trouve une carte indiquant l’emplacement des missions catholiques dans le Jiangsu entre 1840 et 1920. A côté des ouvrages relatifs au christianisme, présents en nombre, existe une importante collection d’ouvrages sur la culture chinoise, telle cette traduction en latin des Maximes de Confucius, traduction réalisée au XVIIe siècle par les jésuites Prospero Intorcetta et Ignacio da Costa.

Après avoir quitté Pékin à la suite de sa dissolution par le pape Clément XIV en 1773, la Compagnie de Jésus avait repris pied en Chine à la fin des années 1830, les jésuites s’installant à Xujiahui en 1849, sept ans après leur arrivée à Shanghai. A l’époque, Xujiahui était située en zone rurale, au sud-ouest de la ville. En 1953, le pouvoir communiste a confisqué les bâtiments comprenant la résidence des jésuites et la bibliothèque, avant, trois années plus tard, de placer les collections de celle-ci sous la responsabilité de la Bibliothèque de Shanghai. Selon Kwun Ping-hung, chercheur et spécialiste de l’Eglise catholique en Chine, natif de Shanghai mais basé aujourd’hui à Hongkong, le fait que la Bibliothèque de Xujiahui ait été placée sous la houlette de la Bibliothèque de Shanghai a permis de sauver ses collections de la furie destructrice des Gardes rouges lors de la Révolution culturelle (1966-1976). Aujourd’hui, cependant, Mgr Jin Luxian, évêque « officiel » de Shanghai, qualifie de « grande perte » le fait que l’Eglise n’a pas pu retrouver la propriété de cette institution. L’Eglise est bien parvenue à récupérer les bâtiments des églises mais pas ses anciennes écoles, hôpitaux et autres institutions, déplore-t-il.

Après la Révolution culturelle et la mise en place des réformes initiées par Deng Xiaoping, la Bibliothèque de Xujiahui n’était ouverte qu’à un petit nombre de fonctionnaires et à quelques chercheurs autorisés. Selon un porte-parole de la Bibliothèque de Shanghai, sa réouverture permettra un accès beaucoup plus large du public à ses collections, même si des règles strictes seront mises en place pour restreindre l’accès aux manuscrits et ouvrages anciens et fragiles. Le micro-filmage des collections se poursuit, a encore précisé le porte-parole, ajoutant que les collections chinoises seront déménagées à la Bibliothèque de Shanghai. Resteront sur place quelque 560 000 ouvrages publiés avant 1949 en une vingtaine de langues, dont 2 000 édités entre 1515 et 1800.

(1) Outre la bibliothèque, Xujiahui (‘Domaine de la famille Xu’, Zikawei en shanghaïen) est le nom porté par la cathédrale Notre-Dame de Shanghai. Le lieu Xujiahui est associé à Xu Guangqi, célèbre lettré baptisé sur place en 1603 et qui avait choisi Paul comme nom chrétien. Né en 1562 à Shanghai, Xu Guangqi, d’abord modeste enseignant dans le sud du pays, gravit peu à peu l’échelle mandarinale pour devenir chef du Bureau des Rites et membre du Conseil d’Etat de la dynastie Ming. Passionné par les sciences naturelles, les mathématiques et l’astronomie, il rencontra le missionnaire jésuite Matteo Ricci et devint l’un de ses collaborateurs, contribuant à la traduction en chinois de nombreux ouvrages scientifiques. Il se convertit au catholicisme. En 1634, ses restes furent inhumés à Xujiahui, une croix étant plantée à côté de la pierre tombale chinoise traditionnelle. Il y a quelques années, la municipalité de Shanghai a fait rénover sa tombe, débaptisant le Parc Nandan – où elle se trouve – en Parc Guangqi et y érigeant un buste en sa mémoire.

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Chinguetti, rose des sables, par Olivia Marsaud

 

Chinguetti, vieux ksar alangui de chaleur et cerné par les dunes, offre au visiteur des ruines belles et nostalgiques où il fait bon se perdre. Pour tomber, par hasard, sur l'une des dix bibliothèques anciennes du lieu. Et remonter alors le cours du temps.

20/04/03 : Chinguetti, c'est d'abord une vision. A la sortie de la piste et de son paysage lunaire, mélange de rocailles sèches et grises, la vue monotone et un peu triste débouche sur celle, surréelle, de dunes mordorées émaillées de rose et parsemées de palmiers. Au centre de ce sable émouvant, la vieille ville de Chinguetti, étale et alanguie, offre au visiteur ses ruinesécrasées de chaleur. " Parfois, alors qu'il n'espère plus rien du paysage inhumain où il trace lentement sa route, le voyageur aperçoit, posée comme un bijou sur la nudité vertigineuse du Sahara, une de ces roses de sable faites de silice blonde, nées du désert et de la caresse du vent ", écrivait déjà l'aventurière Odette du Puigaudeau en 1935 alors qu'elle se trouvait à l'orée de la ville.

Inexorablement victime de l'ensablement, la ville ancienne dans laquelle il fait bon se perdre date de 1264. Elle a fait suite à la première ville bâtie sur cet emplacement en 777 qui s'appelait alors Aber, " le petit puits " en arabe. Celle que l'on a rapidement surnommée La Mecque mauritanienne comptait alors douze mosquées pouvant accueillir chacune 1 000 hommes. Enfin, une troisième ville, qui s'organise autour de l'ancien fort français, est née il y a 43 ans, regardant en face l'antique cité et la tenant à distance, séparée d'elle par 1 km de sable.

7ème ville de l'Islam sunnite

Elément de fierté pour ceux qui l'habitent, Chinguetti est considérée comme la 7ème ville de l'Islam sunnite. Elle a gagné ce titre grâce à son ancienneté, à l'abondance des livres religieux que renferment ses bibliothèques et grâce, d'après le gardien d'une maison, à la faculté de mémoire des habitants de la ville. " Ici, on mémorise tout le Coran dès l'âge de 9 ans !! ", affirme-t-il. Chinguetti est surtout connue pour être l'un des premiers berceaux du savoir de l'Islam, ayant abrité une université islamique.

La ville, avant qu'elle ne tombe dans l'oubli, était au carrefour du commerce transsaharien entre le Maroc, l'Algérie, le Sénégal, le Mali et le Soudan. Elle pouvait voir transiter jusqu'à 30 000 chameaux par nuit et offrait une halte propice aux caravanes. Aujourd'hui, il ne reste rien de ce lustre d'antan. Seules les dunes ont conservé leur majesté. Une mosquée est encore debout, entourées de maisons à demi écroulées. Couronnée d'un ciel bleu implacable et indifférent, elle accueille toujours les fidèles et l'appel du muezzin trouble encore les ruelles muettes et sablonneuses alentours.

La bibliothèque de Seif

Chinguetti, murée dans un silence à peine troublé par quelques éclats de voix fantomatiques, se dévoile au détour d'un éboulis de pierres aux reflets rosés, d'une porte solide fermée par un étroit cadenas ou d'une fenêtre entrouverte sur un vide poussiéreux. Et puis, par un bel hasard, on tombe sur la bibliothèque de Seif Islam. L'homme chaleureux vous accueille dans sa maison familiale, celle des Al Ahmed Mahmoud. C'est une des plus anciennes bâtisses du lieu. Elle dispose d'un puit de 2,5 mètres de profondeur et d'1 mètre de diamètre ; sa construction, austère mais parée de niches murales décoratives, est en grès, les linteaux en troncs de palmiers et les portes en acacia.

La famille Al Ahmed Mahmoud fait partie des dix autres lignées qui détiennent des bibliothèques dans la vieille ville. Elles étaient une trentaine dans les années 50 mais l'exode massif dû à la sécheresse les a fait fuir et elles ont souvent emporté leurs livres avec elles. La famille de Seif Islam était une famille d'érudits, de cadis (juges musulmans) plus précisément, d'où les nombreux ouvrages concernant le domaine juridique, le droit musulman et le code pénal qui sont à consulter. Econome dans un lycée, Seif s'occupe avec ses maigres moyens de la sauvegarde du patrimoine familial. Le paradoxe : pour entretenir les livres, il est obligé de les montrer aux touristes de passage quitte à les abîmer chaque jour un peu plus, au contact de la lumière et de la poussière.

La clé de Chinguetti

C'est avec entrain pourtant qu'il nous ouvre la porte de ses richesses à l'aide d'une clé de Chinguetti. Cette clé, d'origine yéménite et que l'on retrouve aussi au Mali, en pays Dogon, et au Maroc, ressemble étrangement à une brosse à dents préhistorique& Mais elle permet d'accéder à la salle des imprimés, qui bénéficie d'un système d'éclairage traditionnel faisant aussi fonction de système d'aération, gardant la température constante au gré des saisons. C'est donc à la source d'un petit puits de lumière que l'on découvre les étagères poussiéreuseset les livresqui les composent.

La deuxième pièce, plus petite et plus sombre, rassemble les manuscrits que seuls les chercheurs et les religieux sont autorisés à consulter. Religion, astrologie, astronomie, médecine, biologie, mathématiques, généalogie& Seif a classé les trésors dans des boîtes d'archives. " On a commencé à scanner les documents car ils sont très fragiles et on aimerait pouvoir en faire profiter tout le monde. Nous espérons à partir de cette base de données mettre un catalogue sur Internet. Cela fait un moment que l'Unesco ou la Fnac (chaîne de distribution française de biens culturels, ndlr) promettent de nous aider financièrement mais nous n'avons toujours rien reçu. Alors on fait avec les moyens du bord. " Dont acte : le guide improvisé sort tout de même quelques exemplaires.

L'heure du crépuscule

On découvre avec émotion un acte de mariage datant du XIIème siècle, petit bout de papier à l'encre noire étonnamment conservée, un Coran du XIIIème siècle délicatement décoré à la poudre d'or ou encore un traité d'astrologie du 18ème siècle. On aperçoit certains ouvrages rongés par les termites. Déchirement. Le temps, suspendu au milieu de tant d'Histoire, est passé malgré tout et Seif vous raccompagne à petits pas.

Le soleil a commencé son repli et les ombres portées des ruines s'allongent. L'air est saturé de l'attente du couchant. Aux bêlements lointains des chèvres et au souffle du vent dans les palmes, se joint alors, pur et presque irréel, le chant d'un petit garçon qui traverse l'espace séparant la nouvelle ville de l'ancienne en sautillant. Solitaire et beau. Comme ce " vieux ksar mystérieux qu'une vague d'or soulève dans le ciel incolore des crépuscules mauritaniens* ".

* Odette du Puigaudeau, Mémoire du Pays Maure, 1934-1960. Voir : Odette du PUIGAUDEAU (1894-1991) - Une Bretonne au désert.

© Afrik.com - 20/04/2003 Site : http://www.afrik.com


Les 8 et 9 avril 2003 : dispersion de la bibliothèque d'André Breton marquée par de nombreuses préemptions.

Avant la mise en vente des manuscrits les 11 et 12 avril, la dispersion de la bibliothèque d'André Breton a eu lieu, les 8 et 9 avril, devant un public de professionnels et d'amateurs, plus calme et plus clairsemé que le premier jour (Le Monde du 8 avril).

Livres illustrés ( Dali, Miro, Max Ernst, Michaux ) et ouvrages de la galaxie surréaliste ont fait monter les enchères : le 8 avril, environ 400 lots ont été vendus pour un total de 1 118 301 euros, soit plus du double de l'estimation (environ 400 000 euros) ; le 9 avril, près de 500 lots ont été adjugés par l'étude Calmels-Cohen pour un montant total de 1 288 607 euros (estimation de 1 181 000 euros).

Ces deux journées ont été marquées par de nombreuses préemptions de l'Etat, en faveur des musées, ou pour le compte de villes. Nantes a acquis 22 lots, notamment des livres de Julien Gracq, dédicacés à Breton, et de Benjamin Péret. Reims a fait préempter deux ouvrages de René Daumal.

La bibliothèque Jacques-Doucet a fait préempter une dizaine de pièces importantes :

Deuil pour deuil, de Robert Desnos notamment, et la collection de la revue Littérature (adjugée 173 210 euros), dirigée par Breton et Soupault de 1922 à 1924, fascicules reliés par Paul Bonet. C'est la Bibliothèque nationale de France qui a fait préempter une autre revue, Le Surréalisme au service de la révolution, après de vives enchères (adjugée 160 000 euros hors frais pour une estimation à 75 000 euros).

La revue Minotaure, estimée 25 000 euros, est montée à 90 000 euros, mais n'a pas été préemptée.

L'édition originale de La Femme visible, de Salvador Dali, estimée 45 000 euros, a été emportée à 120 146 euros (102 000 sans les frais), et les cinq volumes, illustrés de collages, de l'œuvre de Max Ernst Une semaine de bonté ou les sept éléments capitaux ont été adjugés 100 245 euros (85 000 hors frais), pour une estimation à 25 000 euros. Le 9 avril, la plupart des ouvrages de Man Ray et de Henri Michaux ont dépassé largement les estimations des experts.

Michèle Champenois

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU MONDE  du 11.04.03


 
"Longtemps, je me suis couché de bonne heure...."

La Bibliothèque nationale vous plonge dans la genèse de la "Recherche".

Une promenade photographique vous emmène notamment à la découverte des lieux qui ont marqué son enfance, tels Combray ou Illiers.

On prend ici conscience de tout ce qui, selon Proust, "converti en souvenirs, donne une sorte de plus-value à notre pensée, ombragée de charmilles qui n'existent plus".

Emouvant : des brouillons et manuscrits scannés, que l'on découvre raturés et surchargés de paperoles collés, témoignages de ses multiples hésitations. A Voir : http://expositions.bnf.fr/proust/salles/index.htm

Cécile Blaize & Laure Marescaux - Point de Vue 9 avril 2003


André Breton : la première journée de vente aux enchères dépasse de près de 40% les estimations

Par Rachid Aouli

PARIS (AP) - La première journée de ventes aux enchères de l'impressionnante collection de l'écrivain André Breton, figure emblématique du surréalisme, s'est terminée lundi sur un bilan "positif, puisque supérieur de près de 40%" aux estimations effectuées par les nombreux experts.

Au total cette première journée a donné des enchères totalisant 937.796 euros, selon les responsables de Drouot, soit 820.830 euros hors frais (à comparer avec les estimations initiales de 590.000 euros hors frais).

Jusqu'au 17 avril, près de 7.000 tableaux, livres, photographies, objets d'arts ou manuscrits accumulés par André Breton seront mis aux enchères, sur décision de la fille de l'artiste, Aube, et sa petite-fille, Oona. Ce sont les livres qui ont ouvert lundi le bal de ces 10 jours «marathon» de vente à Drouot, sous la direction des commissaires-priseurs Laurence Calmels et Cyrille Cohen.

Une vente au pas de charge puisque ce sont 240 pièces qui ont été adjugées en ce premier jour, avec notamment un sommet atteint pour une édition originale de «Qu'est-ce que le surréalisme?» (1934), sur la couverture de laquelle figure un dessin de René Magritte (»Le Viol»), estimée à 80.000 euros et adjugée à 276.021 euros (243.000 hors frais).

"Au regard des divinités" (1949), un poème calligraphié estimé à 3.000 euros, a été adjugé à 40.098 euros (34.000 hors frais). »L'immaculée Conception» de Breton/Paul Eluard (1930), estimé à 10.000 euros, a été adjugé à 22.408 euros (19.000 euros hors frais).

Ainsi qu'avait prévenu le ministère de la Culture par la voix de Jean-Jacques Aillagon, plusieurs institutions et collectivités territoriales ont usé dès ce lundi de leur droit de préemption. «La Bibliothèque Nationale de France (BNF) et la Ville de Nantes, par exemple», a confié l'un des assesseurs à l'Associated Press.

Ainsi, le lot n 164 -un dossier de coupures de presse relatives à l'Exposition internationale surréaliste en 1938, préempté à 14.152 euros (12.000 euros hors frais)- a été préempté par le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. La préemption consiste pour l'Etat à acquérir l'oeuvre au prix atteint par les enchères.

Vingt-huit lignes téléphoniques ont été installées dans la salle des ventes de Drouot, permettant ainsi à des acquéreurs potentiels basés à l'étranger de renchérir à distance.

Afin que chacun y trouve son compte, la collection d'André Breton a été scindée par thèmes. Les ventes s'établiront selon le calendrier suivant: les 9 et 10 avril à 10h30 et 14h30 et le 11 avril à 10h30 pour les autres livres; les manuscrits les 11 et 12 avril à 14h30; la numismatique le 14 avril à 10h30; les arts populaires le même jour à 14h30; les tableaux modernes le 14 avril à 19h30, le 15 à 10h30 et 14h30; les très nombreuses photographies le 15 avril à 19h30, le 16 avril à 14h30 et 19h30 ainsi que le 17 avril à 14h30; enfin les arts primitifs, dont Breton fut l'un des premiers défenseurs, seront proposés le 17 avril à 10h30 pour la documentation et le même jour à 19h30 pour les oeuvres, dont des masques «eskimo» évalués à plusieurs milliers d'euros, achetés quelques années avant sa mort.

Les nombreux écrits faisant référence de l'oeuvre «Nadja» (1928) étaient particulièrement représentés pour cette première journée. Cette oeuvre, texte littéraire composé d'anecdotes disparates et de photographies, est centrée autour de la rencontre de l'auteur avec une femme portant ce prénom, rencontrée en octobre 1926. Leur liaison de courte durée s'arrêta en février 1927, peu avant que la jeune femme sombre dans la folie et se retrouve à l'asile.

L'auteur de «l'Amour Fou» mêlait facilement surréalisme et inconscient, et l'ombre de Freud, père de la psychanalyse, qu'admirait André Breton, a souvent plané sur la couvertures des livres, notes et manuscrits de ce premier jour de ventes à Drouot.

Une première journée marquée par quelques incidents, des manifestants opposés à la vente ayant dispersé devant l'établissement des ventes des faux billets de 10 euros frappés de l'effigie de l'artiste et portant la mention « Votre argent pue le cadavre du poète que vous n'avez pas osé devenir ». Et alors que la vente venait de débuter, un autre manifestant a tenté d'interrompre la séance pour lire deux textes attribués à André Breton et Léon Trotski; il a été reconduit vers la sortie par les services de sécurité. AP

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Un enlumineur en OR - Expo à la BNF autour de Jean Fouquet, peintre fameux et atypique du XVIe.

Jean Fouquet, peintre et enlumineur du XVe siècle. Bibliothèque nationale, galerie Mazarine, 58, rue de Richelieu à Paris. Catalogue : 48 pp., 7,70 euros. Tél. : 01 53 79 59 59. Publication : «Jean Fouquet, peintre et enlumineur du XVe siècle», sous la direction de François Avril, éd. Hazan-BNF, 416 pp., 65 euros. Jusqu'au 22 juin.

Il a laissé très peu d'oeuvres et on ne sait pas grand-chose de lui. D'emblée, monter une exposition Jean Fouquet relève donc de la gageure. Quelques portraits, dont ceux de Charles VII et de Guillaume Jouvenel, conservés d'ordinaire au Louvre, des dessins originaux, des illustrations de manuscrits et une peinture religieuse (la Pietà de Nouans) composent l'ensemble de l'exposition consacrée à Jean Fouquet. Les deux autres grandes peintures d'autel n'ont pas fait le voyage. Toutes les deux formaient le diptyque de Melun, mais les panneaux ont été séparés. Le premier, portrait du commanditaire Etienne Chevalier en compagnie de son saint patron, est resté à Berlin. Le second, Vierge et enfant entourés d'anges, n'a pas quitté Anvers.

Absences. Pourtant, l'année dernière, le public belge pouvait l'admirer à Bruges lors de l'exposition consacrée à Van Eyck (1). En réalité, les deux oeuvres peuvent très bien se déplacer, et ce n'est pas leur fragilité qui les a empêchées de participer au rendez-vous parisien. Aussi, pour pallier ces absences de taille et masquer ces vides criants, la manifestation s'est augmentée de pièces provenant de l'atelier et de l'entourage de Fouquet. Ainsi se justifie la présence du Maître de Boccace de Munich, probablement l'un de ses fils, à qui on doit quelques enluminures de très belle qualité et suffisamment originales pour se distinguer sans dommage des oeuvres paternelles.

De Jean Fouquet lui-même, on imagine qu'il a été en contact avec le milieu flamand et on est maintenant certain qu'il séjourna en Italie pendant quatre ans, de 1443 à 1447, à Florence, à Rome et peut-être à Mantoue. Il s'installe ensuite à Tours et y exécute son portrait de Charles VII, le roi qui, une dizaine d'années auparavant, s'était fait sacrer à Reims grâce à Jeanne d'Arc. Quand la Pucelle d'Orléans est brûlée, Fouquet n'est qu'un adolescent d'une quinzaine d'années.

Au grand portrait royal succèdent le diptyque de Melun et le livre d'Heures d'Etienne Chevalier. Après avoir été le peintre de Charles VII, il le sera de son successeur Louis XI. Ce dernier mourra, en 1483, trois ou quatre ans avant Fouquet. Outre la peinture sur bois, l'illustration de manuscrits, il aura pratiqué le vitrail, l'émail, l'héraldique, sans doute la tapisserie et sut se rendre indispensable pour l'organisation des spectacles et des festivités à la cour. Pour mémoire, on se rappellera que Gutenberg imprime la Bible en 1 450 et que l'imprimerie prend officiellement ses quartiers à Paris à la fin des années 1460. C'est donc au moment où le livre fabriqué entièrement à la main («manuscrit») vit ses dernières heures qu'il fournit aux bibliophiles ses exemplaires les plus précieux.

Faveur. Tout cela ne présenterait qu'un intérêt anecdotique, n'était la personnalité hors du commun de Jean Fouquet. Le peintre est à la fois un pur représentant de son époque et un personnage atypique. Il jouit en permanence de la faveur des princes et des grands commis, de sorte que ses talents s'épanouissent en pleine visibilité. Bien sûr, ses succès concernent le petit milieu de ceux qui, comme Jacques d'Armagnac, peuvent s'offrir une bibliothèque mais, hors ce cénacle, aucune réputation n'existe.

Recherché et louangé, Fouquet n'en développe pas moins une liberté d'expression sans pareille. La vallée de la Loire est alors loin d'être isolée du monde. Enlumineurs et portraitistes étrangers viennent y profiter des largesses de la noblesse. Quant à Fouquet lui-même, sa connaissance approfondie de la manière flamande et sa compréhension des lois de la perspective lui assurent une aisance érudite.

Ligne. Les recherches en géométrie conduites par Alberti aboutissent à la publication du De pictura en 1435, contemporaine donc des années de formation du jeune Fouquet. Dix ans plus tard, il aura l'occasion d'être confronté aux innovations les plus remarquables des peintres toscans. Sa science de la ligne se manifeste dans la composition des portraits mais aussi des paysages. Un réseau aussi complexe que rigoureux saisit dans ses mailles les figures pour les ordonner selon les règles d'une harmonie d'autant plus résistante qu'elle est imaginaire. Quant aux constructions composites, elles s'ordonnent tantôt selon un axe en point de fuite central, tantôt selon un feuilletage de plans successifs. Mais le plus remarquable est bien que cette extraordinaire connaissance ne donne pas lieu à des excès de virtuosité. Bien au contraire, ce qui pourrait faire signe d'une leçon apprise s'estompe au profit d'une apparente facilité. Les perspectives sophistiquées et acrobatiques cèdent la place à un simple renversement de lignes qui redresse la scène face au spectateur. Ainsi le Lit de justice de Vendôme fait-il basculer sa construction carrée en l'ouvrant sur un losange au centre duquel le regard accusé est invité à comparaître.

Sur cette même image, le roi, à l'aplomb de la verticale du dais, porte un costume bleu qui se fond littéralement, ton sur ton, dans le décor. Ce choix permet à Fouquet de souligner, avec une grande économie chromatique, la relative discrétion du personnage royal, qui en vient presque à se retrouver «camouflé» dans l'environnement. Or tous les portraits désignent, au-delà d'une caractérisation psychologique, la fonction sociale du personnage. Mais, au lieu d'indiquer le rang par les attributs du costume ou les détails du décor, Fouquet peint le pouvoir à travers la pose du modèle et même par sa configuration physique. Davantage qu'un cadavre qu'on allonge, le Christ de la Pietà est un athlète fatigué.

Dans presque tous les portraits et peintures de groupe, quand les personnages représentés ne ferment pas les yeux, ils ont un regard doucement triste qui ne s'adresse plus à personne. Pour qui peignait vraiment Jean Fouquet ?.

(1) Libération du 6 avril 2002.

Libération jeudi 27 mars 2003 - Par Hervé GAUVILLE


  

LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE DEVOILE SES TRESORS SCIENTIFIQUES

La bibliothèque Nationale propose un accès en ligne d'une sélection de documents ou objets exceptionnels. Ouvrages scientifiques & techniques, traité de médecine, de mathématiques ou d'astronomie, ainsi qu'un département occidentale où sont notamment conservé les carnets de Pasteur et ceux de Marie et Pierre Curie. Les collections imprimées recèlent des volumes rares, dont beaucoup d'incunables.

La mise en ligne de ses collections : "Mille tésors de la Bibliothèque nationale de France" offre une sélection de textes, d'images et d'objets numérisés en mode image, ainsi que de documents sonores et multimédias, qui ne se limite pas aux pièces emblématiques que possède l'établissement, comme le Papyrus Prisse (vers - 2000 an avant J-C) ou le grand Camée de France. Elle est aussi conçue comme "une introduction" aux collections de la BNF, riche de plus de 13 millions de livres et imprimés.

La bibliothèque en ligne Gallica http://gallica.bnf.fr offre déjà un accès à 70 000 ouvages numérisés, à plus de 80 000 images ainsi qu'à plusieurs dizaines d'heures de documents sonores.

Pierre Le Hir.

Extrait : " LE MONDE - samedi 22 mars 2003"


La Bibliothèque nationale dévoile ses trésors scientifiques

Les collections manuscrites et imprimées de la BNF recèlent des ouvrages de sciences et de techniques exceptionnels. L'ouverture du site de Tolbiac a été l'occasion de créer et de développer un département consacré à ces domaines.

C'est un livre des premiers temps de l'imprimerie. L'édition originale de La Géométrie d'Euclide, réalisée par un compagnon de Gutenberg et datée de 1482. Un chef-d'œuvre, dédicacé à la feuille d'or au doge de Venise et émaillé de figures géométriques, angles, cercles, triangles, qui en font le premier livre de sciences illustré.

"Une pure merveille ! Le mariage parfait du texte et de l'image", s'enthousiasme Magali Vène, conservateur à la réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France.

Cet incunable est l'un des trésors que recèlent les collections scientifiques et techniques hébergées, pour les volumes imprimés, sur le nouveau site de Tolbiac de la BNF.

Bien d'autres merveilles s'y trouvent, parfois méconnues. Ainsi de la Chirurgia de Guy de Chauliac, dont l'édition lyonnaise de 1478, agrémentée de dessins de scalpels, ciseaux et autres trépans, constitue le premier livre français illustré.

Plus célèbre est le Traité de dissection des parties du corps de Charles Estienne, publié en 1545 et offert au futur Henri II. Ce livre d'anatomie, science à l'honneur au XVIe siècle, se distingue par ses planches gravées en couleurs : des écorchés traités comme des compositions picturales, dans des poses parfois inspirées de gravures érotiques. Presque contemporain (1558) est l'Astronomia de Jacques Bassantin offert à la femme de Henri II, Catherine de Médicis, passionnée d'astronomie et d'astrologie. Cet ouvrage, le plus important de la Renaissance française dans cette discipline, est exceptionnel par sa reliure en maroquin estampé à chaud et orné du monogramme du couple royal.

ÉLOQUENT TÉMOIGNAGE

On retiendra dans ce florilège, l'Essai pour les coniques de Pascal, écrit en 1640, alors qu'il n'avait que dix-sept ans, et qui constitue son premier texte édité.

Le projet d'histoire des plantes formé par la toute jeune Académie des sciences, à la fin du XVIIe siècle, qui ne vit jamais le jour, victime de son ambition, mais dont il reste plus de 300 planches botaniques, exécutées par les meilleurs dessinateurs et graveurs de l'époque. L'édition originale, de 1735, du Systema naturaede Linné, première tentative de classification de la nature qui servit de modèle à des générations de naturalistes. Ou encore, acquisition récente de la BNF et signe que ce patrimoine n'est pas figé, un recueil de textes inédits sur le voyage autour du monde de La Pérouse (1785-1788).

Les collections de la Bibliothèque nationale n'ont pas toutes pris le chemin des tours vitrées des bords de Seine. Les bâtiments historiques de la rue de Richelieu abritent toujours le département des manuscrits. Quelque 225 000 volumes répartis en deux divisions, occidentale et orientale, où les ouvrages scientifiques occupent une place de choix. Le fonds oriental, constitué dès le règne de Louis XIV grâce à l'envoi de missions d'acquisition au Levant par Colbert (dont l'exceptionnelle bibliothèque personnelle rassemblait plus de 6 000 volumes " de sciences et haute érudition"), enrichi pendant la Révolution avec la nationalisation des biens du clergé, puis continûment étoffé au XIXe et au XXe siècle, réunit des documents sur papyrus, cuir, soie, bois, écorce de bouleau, papier, parchemin, ivoire, jade ou métal... dans plus d'une centaine de langues.

Si sa pièce la plus fameuse est le papyrus Prisse, le plus vieux livre du monde, âgé de quatre mille ans, il compte aussi un grand nombre de traités de mathématiques, d'astronomie et d'astrologie, et surtout de médecine et de pharmacopée.

"Le catalogue arabe, soit plus de 7 200 manuscrits, permet de reconstituer toute l'histoire de la médecine arabe", décrit Marie-Geneviève Guesdon, qui veille sur cet ensemble. Parmi ses joyaux, le Livre de la thériaque, l'un des plus anciens (1199) manuscrits illustrés conservés.

Ce recueil de textes traitant de la thériaque, préparation pharmaceutique prescrite comme antidote aux morsures de serpents, est remarquable par la beauté de ses miniatures, de ses enluminures, de sa calligraphie et de sa mise en page, davantage que par son propos, qualifié par le Prix Nobel de médecine allemand Otto Meyerhof de "production mystico-magique de la littérature pseudo- scientifique de la basse époque alexandrine".

FIGURES MYTHIQUES RESSUSCITÉES

Autre bijou, la traduction arabe, datant du IXe siècle, du De materia medicadu médecin grec Dioscoride (Ier siècle de notre ère), recensant quelque 500 plantes.

Cet ouvrage savant, fondement de la pharmacologie musulmane, constitue aussi un éloquent témoignage de la filiation entre les peintures grecque et arabe.

Un recueil filigrané de Maimonide, médecin de Saladin, des manuels de chirurgie et d'ophtalmologie, ou encore le premier traité d'anatomie en persan, du début du XVe siècle, font aussi la fierté de la Bibliothèque nationale. Dans les salles réservées aux manuscrits occidentaux rôdent les mânes de savants illustres. "Ne montrer à personne mes cahiers d'expérience", avait souhaité Pasteur.

Son petit-fils, Louis Pasteur Vallery-Radot, a estimé de son devoir de mémoire d'enfreindre cette consigne et de faire don à la BNF, en 1964, non seulement des cent ciquante-deux cahiers de laboratoire du microbiologiste, mais aussi d'une abondante correspondance.

On y suit, page à page, le cheminement de Pasteur, jusqu'au feuillet fameux, daté du 6 juillet 1985, où se trouve consignée, d'une écriture fiévreuse, la vaccination contre la rage du jeune Joseph Meister. "Dans ces cahiers d'écolier raturés, agrémentés de très fins dessins à la plume – Pasteur avait hésité entre la médecine et les beaux-arts –, est écrit le journal d'une vie", commente avec émotion Marie-Laure Prévot, conservateur en chef.

Autres figures mythiques ressuscitées par leurs écrits, Marie et Pierre Curie, dont les héritiers ont confié à la BNF tous les papiers en leur possession, complétés par les archives de l'Institut du radium. Les célèbres Cahiers de la découverte du radium – encore légèrement radioactifs – rédigés par le couple de chercheurs côtoient ceux où Marie Curie notait les moindres faits et gestes de ses fillettes Irène et Eve. Et les lettres de son époux, qui s'essayait au polonais pour mieux lui plaire, font bon ménage avec les courriers échangés avec les plus grands physiciens, Einstein, Bohr ou Rutherford.

Entourés de tous les soins, dans les magasins climatisés de la Bibliothèque nationale, ces livres rares et ces documents précieux, consultables par les seuls chercheurs, sont mis aujourd'hui à la disposition du public sous forme de microfilms.

Grâce au programme de numérisation engagé par la BNF, une partie de ce patrimoine devrait, à terme, être accessible en ligne http://gallica.bnf.fr, pour le plus grand nombre de lecteurs épris de sciences ou, tout simplement, de beaux ouvrages.

Pierre Le Hir - ARTICLE PARU DANS LE MONDE DU 22.03.03


 

Le 10 Mars 2003 - 30.000 Euros pour une lettre de Chopin

La Bibliothèque Nationale de Varsovie a fait acquisition, à une vente aux enchères à Cracovie, du manuscrit d'une lettre de Frédéric Chopin et ce pour une somme de 120.000 PLN. La mise à prix de l'objet était à 94.000 PLN et les acquéreurs semblent très heureux du prix qu'ils ont payé, l'achat a été financé par un "sponsor" dont le nom n'a pas été rendu publique. L'acquisition est une lettre rédigée de la main de Frédéric Chopin et adressée à Wojciech Grzymala à la date du 19 juillet 1849.

Les spécialistes ne connaissaient pas son existence, jusqu'à présent elle faisait partie d'une collection privée. Dans la lettre, écrite à Paris, le compositeur se plaint de la canicule régnant dans la capitale française, il informe aussi son ami que sa sœur, restée en Pologne, n'a pas obtenu l'autorisation de quitter le territoire nationale au profit de la terre française. Mais Chopin y demande également de vérifier que le don qu'une riche Ecossaise lui avait fait, d'une valeur de 25.000 frs, était bien parti, puisqu'il ne semblait pas être arrivé à destination. Le compositeur semble souffrant au moment de la rédaction de la lettre, il tousse et semble épuisé nerveusement .

C'est la première fois qu'un manuscrit de Chopin est vendu aux enchères en Pologne même, par contre, aux différentes ventes à l'étranger, les lettres de l'artistes partaient pour des sommes se négociant entre 20 et 30.000 dollars.

Un autre document concernant l'artiste a été vendu à Cracovie à la même occasion et pour la somme de 30.000 PLN. Il s'agit d'un dessin caricatural, représentant Chopin, et réalisé selon toute vraisemblance par le fils de la compagne du compositeur George Sand, Maurice, ainsi qu'un autre dessin, réalisé au crayon par George Sand elle-même et représentant Eugène Delacroix, ce dernier est "parti" pour 12.000 PLN. Ces deux documents ont été acheté par un acquéreur anonyme.

Selon le premier magazine francophone consacré à la Pologne : http://www.beskid.com/


Une galerie de photos à la BNF

La Bibliothèque nationale de France a annoncé, le 3 mars, que la galerie Mansart (350 m2), sur le site Richelieu, sera entièrement dédiée à des expositions de photographies.

Riche de millions d'images amassées depuis le XIXe siècle à travers le dépôt légal, les acquisitions et les dons, la collection de la BNF couvre tous les genres, techniques, époques. La programmation "s'attachera à construire des itinéraires thématiques ou monographiques originaux" et visera à "restituer le meilleur de ces collections". Seront présentés "Mikael Levin" (18 mars-27 avril), "Minot-Gormezano" (19 mai-31 août), "Visages d'une collection, 1853-2003" (21 octobre-25 janvier 2004), "La collection de photographies de Napoléon III" (printemps 2004). Le Champagne Louis Roederer est le mécène d'une galerie dont certains événements pourront être ensuite présentés à l'étranger. Ces expositions seront accompagnées de publications réalisées en coédition avec Gallimard.

ARTICLE PARU DANS LE MONDE DU 06.03.03


Le 11 mars 2003 - Découverte au Palais impérial de la première carte universelle dessinée par des Chinois

Un siècle avant la découverte de l’Afrique par des Européens, ce continent a déjà été dessiné dans une carte géographique réalisée par des Chinois.

Une nouvelle est à la une en Afrique du Sud : une carte universelle conservée par le Palais impérial de la dynastie des Ming (1368-1644) est exposée au Cap, capitale de l’Afrique du Sud. Pour en connaître les tenants et les aboutissants, le journaliste a interviewé le chercheur Xin Yongfu, président des Archives historiques n° 1 de Chine. Le président des Archives Xin a déclaré que la carte géographique exposée en Afrique du Sud est la « Carte universelle des Grands Ming », dessinée sur l’ordre de la cour impériale sous le règne de Zhu Yuanzhang, premier empereur de la dynastie des Ming (1328-1398). Avec l’approbation du gouvernement chinois, une reproduction de cette carte géographique est maintenant exposée au Cap, en participant à l’ « Exposition cartographique millénaire du Parlement sud-africain ».

C’est dans la nature des choses que les Africains accueillent avec enthousisme cette carte universelle la plus ancienne qui représente l’Afrique. Le manuscrit de la carte universelle des Grands Ming est conservé aux Archives historiques n° 1 de Chine qui conservent les 10 millions de documents secrets des cours impériales des Ming et Qing, qui comprennent entre autres les édits impériaux, les pétitions des ministres et généraux, les notes et lettres diplomatiques, et un millier de cartes géographiques. Il faut attendre le début du XXe siècle pour que ces documents gardés hermétiquement au Palais impérial pendant plusieurs siècles, soient accessibles. Comme les inscriptions sur les os des ruines des Yin (XVIe siècle-XIe siècle av. J.-C.) et les soûtras écrits de Dunhuang, ces documents constituent une mine de trésors historiques et culturels. Selon le directeur Xin, la « Carte universelle des Grands Ming » fut dessinée en 1389 sur soie, et mesure 3,86 mètres sur 4,75 mètres. C’est la carte universelle la plus grande, la plus ancienne et la mieux conservée de Chine, et un trésor historique national.

Au centre de cette carte universelle est le territoire de la dynastie des Ming, à l’est le Japon, à l’ouest l’Europe, au sud Java et au nord la Mongolie. La carte n’a pas de frontière évidente. C’est par différente couleur que le territoire national est reconnaissable. Dans la carte, sont dessinés 1 000 lieux-dits--chefs-lieu, montagnes, cours d’eau, bourgs, hameaux, forteresses, postes, canaux, étangs, puits, lacs, marécages, contrées frontalières, îles et sites. L’Europe et l’Afrique sont dessinées de manière détaillée et régulière.

Le continent africain est en bas, à gauche, et la position des cours d’eau est très proche du Nil et de l’Orange, et les hauteurs correspondent à une chaîne de montagnes d’Afrique. La carte représente un lac au centre du continent africain, qui est probablement le lac décrit par une légende arabe disant que loin au sud du Sahara se trouve un lac plus grand que la mer Caspienne.

Le cap de Bonne Espérance est bien dessiné et facilement reconnaissable. Cette carte nous fait naturellement penser au long périple effectué par la flotte chinoise dirigée par Zheng He, grand voyageur de la dynastie des Ming, qui avait contourné le cap de Bonne Espérance pour aller vers l’ouest.


 

Le 03 mars 2003 - Incendie à la nouvelle bibliothèque

d'Alexandrie en Egypte

ALEXANDRIE ( AP ) - Un incendie apparemment dû à un court-circuit a provoqué dimanche le dégagement d'une épaisse fumée dans la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie (nord de l'Egypte) et 29 personnes ont été hospitalisées pour inhalation de fumées, selon la police.

Le sinistre, qui s'est déclaré selon des témoins vers 11h ( 9h gmt ), a été maîtrisé au bout de 45 minutes environ. On ignore pour le moment si l'incendie, apparemment limité à des bureaux du troisième étage, a fait des dégâts importants. De nombreux pompiers, policiers et militaires ont été dépêchés sur place, avec 16 véhicules et 15 ambulances.

"Nous avons été évacués, et les pompiers sont arrivés. La fumée s'est arrêtée maintenant, tout le monde est sain et sauf, Dieu merci", a déclaré Leila Dewidar, responsable du service des prêts.

La nouvelle bibliothèque d'Alexandrie a été inaugurée en octobre 2002 par le président égyptien Hosni Moubarak, Jacques Chirac et quelque 300 personnalités venues du monde entier.

Vaste complexe érigé entre 1995 et 2001 à l'emplacement supposé de son ancêtre antique, sur la corniche d'Alexandrie, face à la Méditerranée, la bibliothèque comprend une salle de lecture de 30.000 mètres carrés, la plus étendue du monde, un planétarium, un centre de congrès et plusieurs musées. Quelque 240.000 livres sont actuellement proposés en accès direct, mais la direction prévoit de porter à terme la capacité de la bibliothèque à 500.000 ouvrages en accès direct et quatre millions dans les magasins.

Le projet, qui a coûté 230 millions de dollars et a reçu le soutien de 40 pays dont la France, entend perpétuer l'esprit de l'ancienne bibliothèque fondée vers 295 avant Jésus-Christ par Ptolémée Ier, successeur d'Alexandre le Grand. La mémoire du monde était alors rassemblée dans les deux bibliothèques d'Alexandrie, détruites par deux incendies lors de l'invasion de l'Egypte par Jules César en 48 avant JC et en l'an 391. AP


 

BECHEREL ( Ille & Vilaine ), cité du livre et pépinière de librairies.

Ancienne place forte médiévale enrichie par le commerce du lin et du chanvre, Bécherel a trouvé une nouvelle notoriété en devenant en 1989 la première cité du livre en France, la troisième en Europe. La commune compte aujourd'hui 18 librairies pour 600 habitants.

" En 1988, Bécherel était un village qui se mourait et dont les commerces fermaient les uns après les autres ", témoigne Catherine Guérin, cofondatrice de "Bécherel-Cité du livre", qui se partage entre sa crêperie, "An duchenn hud", (Le tertre magique), dont le menu bilingue franco-breton vante l'agriculture biologique, et la librairie Dazont.

"Réunis dans l'association Savenn Douar (Le tremplin), nous voulions créer une entreprise en milieu rural, qui allie l'économique et le culturel, dans la lignée du slogan +vivre et travailler au pays+", explique-t-elle.

" En 1988, des membres de l'association avaient visité Redu en Belgique, cité du livre depuis 1984, qui compte 20 librairies pour moins de 300 habitants. Nous avons organisé dans la foulée la première fête du livre, à Bécherel, à Pâques 1989. Plusieurs libraires ont alors décidé de tenter le coup ", ajoute-t-elle.

Aujourd'hui, libraires, relieurs, artistes et artisans d'art cohabitent dans les maisons bourgeoises du centre-ville XVIIe et XVIIIe siècle de Bécherel - qui n'a rien à voir avec le fameux dictionnaire des frères Bescherelle -, entre Rennes et Saint-Malo.

Du bouquiniste aux 10.000 romans à la librairie d'art, chaque librairie - ouverte toute l'année, le week-end en hiver - s'est spécialisée dans un domaine. Mais tout le monde participe au grand événement de l'année, la fête du livre, à Pâques, qui a accueilli 8.000 visiteurs l'an passé.

"La prochaine fête aura pour thème + le livre de A à Z + et verra la création d'un livre artisanal, par les artisans de Bécherel, avec la participation du public. Je ferai des démonstrations de reliure, pour expliquer le métier", prévoit Guillaumette Goar, relieur d'art et pionnière à Bécherel, où elle a ouvert son atelier-boutique "Relier pour relire" il y a 14 ans.

"C'est ce type d'animation que nous souhaitons désormais promouvoir tout au long de l'année, avec des activités d'initiation et de formation aux métiers du livre", précise Catherine Guérin.

La concentration de librairies entraîne un regroupement de compétences que les jeunes libraires apprécient lorsqu'ils s'installent: "Il faut avoir un esprit un peu communautariste, mais on apprend bien plus vite qu'ailleurs à la Cité du livre", estime Bruno Foligné, de la librairie Abraxas libris, même si la concurrence est rude, "pas à la vente mais à l'achat".

Il revendique volontiers un " esprit libertaire ". " Les livres anciens, c'est aussi de la résistance culturelle et de la sauvegarde du patrimoine. C'est souvent un dernier recours pour des bouquins même récents, mais déjà épuisés en raison des tirages très bas pratiqués actuellement", juge-t-il.

Cet état d'esprit se traduit dans le fonctionnement de la librairie: "Nous étions trois libraires qui avons décidé de nous regrouper en une seule librairie, tout en ayant chacun notre propre entreprise. Il n'y a qu'à Bécherel que c'était possible", raconte-t-il.

Mais l'activité de la librairie dépasse déjà le cadre des remparts de Bécherel : " La vente sur Internet représente aujourd'hui 20% de notre chiffre d'affaires ", précise Bruno Foligné.

(AFP), le 26-02-2003


Dernières résistances au musée du Trocadéro à Paris

Musée de l'Homme, hier matin. Tristesse, inquiétude et dignité ont marqué la conférence de presse du comité Patrimoine et Résistance qui se tenait dans la salle de cinéma du musée. A une semaine de la fermeture définitive des salles d'Afrique, Jean Mennecier, qui préside le comité, a appelé à une grande manifestation publique, ce jour-là, le 3 mars, à 9 heures, devant le Palais de Chaillot.

Rappelant les deux mois de grève de l'an dernier et les 40 000 signatures recueillies par la pétition contre le démantèlement, Jean Mennecier a déclaré : « Qui a décidé cette fermeture anticipée ? Ce n'est pas notre directeur, c'est Stéphane Martin, directeur du futur musée du quai Branly, qui n'a rien à voir avec nous, Stéphane Martin qui disait il y a un an : « Nous n'avons plus besoin d'un Musée de l'homme, parce qu'aujourd'hui on voyage ! »

En présence de nombreux chercheurs de l'établissement, dont le cinéaste Jean Rouch, et des représentants de nombreux autres musées, les intervenants ont tous stigmatisé les promesses non tenues, la précipitation avec laquelle on ferme le musée du Trocadéro et la hâte à vider les réserves des grands musées «sous prétexte de risque de crue » pour entreposer leurs collections dans des locaux privés.

Cette politique, « comme la loi musées qui rend possible la vente des collections», témoigne, selon eux, d'une démission de l'Etat. « Pourquoi vider les vitrines alors qu'on n'a pas fini de déménager les réserves ? Au nom de quoi va-t-on priver étudiants et chercheurs de collections de travail et de 90 000 ouvrages de la bibliothèque dès le mois de mars, alors que le Quai Branly ne doit ouvrir que dans trois ans ? » A ce propos, M. de la Roncière, président de la société des amis de la bibliothèque du musée, a annoncé qu'il avait «déposé un référé en recours devant le tribunal administratif pour rupture de la continuité du service public et, a-t-il poursuivi, nous avons des chances de gagner».

Quant aux démentis sur un éventuel transfert des collections de préhistoire et d'anthropologie dans un Musée national des origines à Marseille (voir nos éditions du 17 et 19 février) ils semblent n'avoir convaincu personne, «le projet de Marseille épousant parfaitement les projets d'avenir du Musée de l'homme», selon Jean Mennecier.

André Langaney, ex-directeur du laboratoire d'anthropologie, souligne : «Sachant l'intérêt de longue date de mon ex-collègue Henry de Lumley pour les collections d'anthropologie et de préhistoire du Musée de l'homme, l'annonce de la création d'un Musée national des origines à Marseille ne peut être qu'inquiétante, malgré les déclarations rassurantes et contradictoires faites à ce propos.» Un jugement catégorique que l'anthropologue se dit prêt à étayer.

La mairie de Marseille n'a du reste pas démenti la rumeur.

D'autre part, c'est cette semaine que Jean-Pierre Mohen, directeur du laboratoire de recherche et de restauration des Musées de France doit être officiellement chargé de la «rénovation» du Musée de l'Homme, c'est-à-dire de sa transformation en Musée de Sciences naturelles de l'homme. Avec ou sans collections...

Anne-Marie Romero - [25 février 2003] LE FIGARO


Newton aurait prédit la fin du monde pour 2060

La chaîne de télévision britannique BBC diffusera, le 1er mars prochain, un documentaire sur la découverte par un chercheur canadien d'un manuscrit où Isaac Newton prédit la fin du monde pour 2060. Le professeur Stephen Snobelen, de l'université King's College de Halifax, aurait trouvé le document lors de recherches menées à la Bibliothèque nationale juive de Jérusalem, qui détient une impressionnante collection d'oeuvres du célèbre physicien, mathématicien, économiste et théologien. Sir Issac Newton aurait fait cette sombre prédiction sur la base de calculs réalisés à partir de la Bible, qu'il a étudiée pendant une cinquantaine d'années.

Le quotidien israélien Maariv a précisé que les documents qui se trouvent aujourd'hui à Jérusalem avaient été découverts en Angleterre dans la propriété du duc de Portsmouth et mis en vente lors d'une vente aux enchères de la maison Sotheby's à Londres, en 1930. L'acheteur, identifié par le journal comme étant Abraham Yehuda, aurait un peu plus tard fait don de la collection à la Bibliothèque nationale juive de Jérusalem.

Lundi 24 février 2003


Maurice Blanchot, le solitaire de la littérature est mort

L'écrivain et essayiste Maurice Blanchot est mort. Il avait de 95 ans. Ses livres avaient influencé Jean-Paul Sartre, Roland Barthes ou Michel Foucault.

'écrivain et essayiste français Maurice Blanchot est décédé jeudi soir à son domicile près de Paris à l'âge de 95 ans, annoncent conjointement les quotidiens Le Figaro et Libération lundi. "Le décès a été confirmé durant le week-end par des proches, mais il n'a pas été, semble-t-il, question de l'annoncer officiellement", selon Libération.

Né le 22 septembre 1907 à Quain (Saône-et-Loire), Maurice Blanchot, auteur d'une oeuvre critique et romanesque jugée difficile, était peu connu du grand public. Mais cet auteur solitaire et très discret - ses portraits sont rares - a bénéficié d'une autorité intellectuelle considérable, à l'instar de celle, en son temps, de Georges Bataille.

Ses livres ont influencé de nombreux intellectuels français, comme Jean-Paul Sartre et René Char, Roland Barthes et Michel Foucault. Selon Libération, il était "le dernier des écrivains d'une génération où Marguerite Duras et Dionys Mascolo côtoyaient Emmanuel Lévinas, Michel Leiris, Louis-René des Forêts ou Pierre Klossowski".

Outre "Thomas l'obscur", le plus connu de ses livres, il est l'auteur d'"Aminadab" (1942), "Le Très-haut" (1948), "L'Arrêt de mort" (1948), "La Part du feu" (1949), "L'espace littéraire" (1955), "Le Livre à venir" (1959), "L'Entretien infini" (1969) puis "L'Attente, l'oubli", une oeuvre allant vers un dépouillement grandissant. En 1983, il publie "Après coup" et participe en 1986 à un ouvrage collectif sur Nelson Mandela.

Nouvel Observateur - Lundi 24 / 02 / 2003


 

Mobilisation de dernière minute pour sauver

les trésors d'André Breton

Quelque 4 000 lots provenant de l'atelier du poète surréaliste doivent être dispersés à Drouot en avril. Un Comité de vigilance demande aux pouvoirs publics de préserver ce patrimoine.

Le comité de vigilance animé par Mathieu Bénézet, François Bon et Laurent Margantin a réuni plus de deux mille signatures sur l'appel lancé par ces écrivains contre la dispersion des collections d'André Breton, en avril, à Paris, par la maison de ventes Calmels-Cohen.

Dans une lettre au ministre de la culture, il lui demande de "prononcer l'interdiction de sortie de territoire" des livres, objets et œuvres d'art de l'atelier du 42, rue Fontaine, à Paris, où vécut le poète de 1922 à sa mort en 1966 (Le Monde daté 22-23 décembre 2002). "Dans un deuxième temps", le comité "souhaite obtenir des acteurs culturels, dont certains y sont déjà favorables, l'acquisition par les pouvoirs publics des lots mis en vente à l'hôtel Drouot grâce au droit de préemption".

La prise de position d'Yves Bonnefoy (Le Monde du 5 février) a donné un éclat particulier à une émotion collective légitime. Elle devrait inciter les pouvoirs publics à dépasser le cadre des arrangements déjà prévus (donations, acquisitions de certaines pièces) dont le ministère de la culture rappelle la liste en précisant que la dation du "mur" de l'atelier vient d'être acceptée par les services fiscaux.

Car cette mobilisation de dernière minute ne peut faire oublier une indifférence de vingt années à l'égard d'un patrimoine dont l'existence était connue. Elisa Breton, jusqu'à sa mort en 2000, et Aube Elleouët-Breton, fille de l'écrivain et de Jacqueline Lamba, ont tenu bon pour protéger son intégrité tout en l'ouvrant aux chercheurs, dans l'attente d'une initiative publique pour conserver ensemble les objets, livres, peintures, etc. réunis par le chef de file du mouvement surréaliste. "Nous ne nous battons pas pour une muséification de notre mémoire littéraire", notent les auteurs de l'appel du 7 janvier. "Protester contre le dépeçage marchand de cette mémoire, organiser une action symbolique au moment de la vente, c'est revendiquer pour ce qui nous soude, le sens même de la littérature, tout simplement qu'elle soit action." Jacques Derrida, Michel Butor, Annie Ernaux, Alain Jouffroy, Jean Ristat, Valère Novarina, Kenneth White figuraient parmi les premiers signataires, auxquels se sont joints de nombreux lecteurs, artistes, étudiants, libraires et bibliothécaires ( appel breton@remue.net ). "Cette affaire nous est tombée dessus, on en ignorait tout jusqu'à l'annonce de la vente", souligne François Bon.

LE "MUR" À BEAUBOURG

Concernant les responsables culturels, l'argument de la surprise ne tient pas. Quand Michel Duffour, ancien secrétaire d'Etat au patrimoine, prend position au nom du Parti communiste ou quand Jack Lang, ancien ministre de la culture, écrit à Jean-Jacques Aillagon pour lui demander des mesures de protection, ils sont loin de découvrir la menace. De 1982 à 1993, l'association Actual, présidée par Jean Schuster et parrainée par les acteurs du mouvement ( Leiris, Masson, Matta, Gracq, Soupault ), a mené un considérable travail sur les archives et tenté de trouver, auprès de l'Etat ou de la Ville de Paris, un lieu d'accueil pour une fondation.

L'écrivain Jean-Michel Gontier, ancien secrétaire de l'association Actual, se souvient que Jack Lang visita l'atelier de la rue Fontaine, quelque temps avant François Mitterrand, qui y fut reçu au début de 1989, du vivant d'Elisa Breton. "La gauche n'a rien fait quand elle pouvait le faire", indique Jean-Michel Gontier. L'association n'a pas obtenu des pouvoirs publics le soutien nécessaire pour créer un lieu qui aurait perpétué, autour des collections historiques, "l'esprit du surréalisme".

Outre la correspondance privée léguée par André Breton à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet qu'il avait contribué à créer, des pièces majeures sont toutefois entrées dans les collections nationales. Le futur musée du quai Branly a acquis plusieurs grands masques. Des donations sont en cours : le bureau d'André Breton rejoindra la Bibliothèque Doucet ; La Danseuse espagnole de Miro, un portrait de Hitler par Victor Brauner et une toile de Matta sont destinés au Centre Pompidou, qui s'apprête à réinstaller, en mars, le "mur" entré par dation dans les collections publiques selon le vœu d'Aube Ellouët-Breton et qui comprend deux cents oeuvres. "C'est une pièce capitale, note Jean-Michel Gontier, le témoin de son regard sur les objets. Une charge poétique maldororienne, en écart absolu avec les accrochages traditionnels habituellement réalisés pour célébrer la marchandise culturelle qui demeurera comme rappel du rêve surréaliste."

Michèle Champenois - ARTICLE PARU DANS " LE MONDE " EDITION DU 15.02.03


LES SECRETS DU LIVRE ARABE

Un site érudit à la portée de tous et à l'interface soignée : la Bibliothèque Nationale de France met en ligne un site consacré à son exposition sur " L'art du livre arabe ", terminée en 2002. Une façon de prolonger le plaisir.

26/01/03 : La Bibliothèque Nationale de France (BNF) a le bon goût de prolonger ses expositions sur Internet. Ainsi, l'exposition sur L'Art du livre arabe, qui a pris fin en 2002, s'offre une seconde vie sur le Web. Et c'est tant mieux : le site est remarquable. Pédagogique et hautement esthétique, ses pages se tournent comme celles d'un livre...

On y découvre toutes les subtilités de l'écriture et de la calligraphie arabes. " Les inscriptions trouvées dans la péninsule arabique attestent de l'existence de l'écriture arabe dès le IIIème siècle ", explique le site. " Peu pratiquée avant l'avènement de l'islam en Arabie au VIIème siècle, l'écriture connaît avec la révélation coranique un développement extraordinaire. Commune à l'ensemble du monde musulman, elle est investie d'une forte dimension symbolique et assume, outre une fonction utilitaire, un rôle éminemment décoratif. "

Mille et une pages

Le site est d'un accès et d'une utilisation simplissimes mais toujours raffinés. Au gré d'une interface très agréable et soignée, on suit " L'expo en images ", des " Arrêts sur " les matières, les écritures, les décors, les peintures, les reliures et les imprimés et des " Gros plans " sur les livres illustrés, décorés, reliés, ainsi que sur un traité d'astrologie à la mise en page interactive et sur Les Mille et une nuits. On y apprend que le célèbre recueil de contes est mentionné pour la première fois au Xème siècle. " Anonyme, écrit en arabe, il s'est édifié sur un substrat indo-persan, enrichi de deux strates successives, le cycle de Bagdad et les récits égyptiens. "

Chaque document photographié renvoie à une notice explicative et le site permet d'avoir accès à de petites merveilles du livre arabe, comme le Coran manuscrit du grand calligraphe Yaqût al-Musta'Simî, calligraphié à Bagdad en 1289. Agrémenté d'une chronologie, d'un glossaire et d'une bibliographie, le site de la BNF se lit comme un livre d'art...

Voir le site : http://expositions.bnf.fr/livrarab/index.htm

Selon : www.afrik.com


VOYAGE A TRAVERS L’ICONOGRAPHIE DE SAINTE GENEVIÈVE

La Bibliothèque Sainte Geneviève (Paris) vous propose une exposition virtuelle, présentée dans le cadre des célébrations nationales 2002, en l'honneur du mille cinq-centième anniversaire de la mort de Sainte Geneviève (422 – 502).

( Les textes s’appuient sur l’ouvrage de Dom Jacques Dubois et Laure Beaumont-Maillet, Sainte Geneviève de Paris, Paris, Beauchesne, 1982.)

Sainte Geneviève fut dès l’origine honorée d’un culte public, qui s'explique par la gloire dont elle jouissait déjà de son vivant et par la puissance surnaturelle que ses contemporains lui avaient reconnue. Sa Vita a été écrite dès le VIe siècle, peu après sa mort, par un clerc anonyme de l’église de Paris. Celui-ci y livre avec une évidente sincérité des informations de première main, pieusement recueillies auprès de témoins directs.

Le biographe rapporte que sainte Geneviève était issue d’une riche famille gallo-romaine de Nanterre ; qu’elle y fut consacrée en 429, encore enfant, par saint Germain d’Auxerre et saint Loup de Troyes, en route vers l’Angleterre pour y combattre l’hérésie pélagienne ; qu’elle s’installa à Paris après la mort de ses parents ; que, par ses exhortations et ses prières lors de l’invasion des Huns en 451, elle maintint le courage des Parisiens et détourna Attila de leur ville ; qu’elle fonda la basilique de Saint-Denis ; qu’elle accomplit de nombreux miracles avant de mourir à plus de quatre-vingts ans.

Le Moyen Age s’est directement inspiré de la Vita pour fonder un type iconographique solidement établi, exclusif jusqu’à la fin du XIVe siècle, qu’atteste au fil des livres d’heures, des bréviaires ou des missels la centaine d’enluminures parvenues jusqu’à nous.

A voir : http://www-bsg.univ-paris1.fr/actualite/home.htm


Découverte d'un manuscrit d'Edmond Rostand à l'Académie de Marseille

MARSEILLE (AP) - Un manuscrit de l'écrivain natif de la cité phocéenne Edmond Rostand, écrit par l'auteur de "Cyrano" à l'âge de 19 ans, a été retrouvé dans un tiroir d'un bureau de la bibliothèque de l'Académie des Sciences, lettres et arts de Marseille fermé depuis plusieurs années.

"Il n'y avait pas de clef, j'ai donc fait intervenir un serrurier", a expliqué lundi Audrey Jaunay, auteur de la découverte. "J'étais contente de savoir ce qu'il y avait à l'intérieur", a-t-elle ajouté tout en reconnaissant ne pas "avoir compris tout de suite" l'importance de ce manuscrit. Ce texte avait permis à l'auteur de "Cyrano de Bergerac" de devenir lauréat de l'Académie de Marseille en avril 1887.

Selon Audrey Jaunay, "ce document ne peut être antérieur au 22 décembre 1923". Un exemplaire du journal "La Provence" correspondant à cette date ainsi qu'une paire de gants blancs d'académicien de l'époque se trouvaient également dans d'autres tiroirs fermés eux aussi depuis plusieurs années.

"C'est le secrétaire général de l'Académie dans les années 40, 50 qui avait son bureau ici, il avait sans doute sorti ce document pour le faire publier, puis on a perdu les clefs dans l'intervalle", a avancé Georges Bergoin, secrétaire perpétuel de l'Académie de Marseille. "C'est magique, ce document a une valeur sentimentale plus qu'une valeur vénale".

Edmond Rostand, qui avait 19 ans à l'époque, s'était lancé dans une comparaison entre Honoré d'Urfé (1567-1625), auteur né comme lui à Marseille, et Emile Zola (1840-1902) dans le cadre d'un concours organisé par l'Académie.

Le document de 31 pages est accompagné d'une lettre signée de la main de l'auteur de "Cyrano". "Je suis très honoré d'avoir ce prix, c'est pour moi un premier pas dans la littérature", écrit alors le jeune étudiant en droit dans une lettre authentifiant le manuscrit.

"Cela apporte un document assez rare, d'autant que Rostand l'écrivain détruisait les manuscrits dès que les pièces de théâtre étaient jouées, nous allons donc le mettre en valeur", a souligné Georges Bergoin.

Né en 1868, Edmond Rostand s'est éteint en 1918. Il a écrit "Cyrano de Bergerac" en 1897.

AP- 20/01/2003


Les Editions UNESCO publient la première traduction de la " Divine Comédie "

en arabe en vers libres

Pour la première fois, la Divine Comédie de Dante Alighieri paraît en arabe en vers libres. Ce chef d’œuvre de la littérature mondiale, achevé par le poète italien vers 1321, avait déjà été traduit en arabe mais sous forme de narration. Cette nouvelle traduction, réalisée à partir de l’original italien et de plusieurs traductions françaises, est l’œuvre du critique littéraire et poète français d’origine irakienne Kadhim Jihad, qui est aussi maître de conférence à l’Institut national des langues et civilisations orientales.

Elle est coéditée par l’UNESCO et l’Institut arabe de recherche et d’édition, basé à Beyrouth (Liban).

La Divine Comédie est composée de 14 233 vers répartis en tercets, regroupés en 100 chants, eux-mêmes divisés en trois parties : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis.

En transcrivant ce long poème en tercets de vers libres (irréguliers et non rimés) - ou en « poème en prose » -, Kadhim Jihad s’est appliqué à retrouver sa musicalité. « Les métriques arabe et italienne n’obéissent pas aux mêmes règles et il aurait été surfait de tenter une traduction en respectant la versification originale, dit-il. J’ai opté pour des tercets en vers libres car ceux-ci permettent de mieux s’approcher de la musique des mots de Dante. »

Dans sa longue introduction, Kadhim Jihad souligne également que le monde arabo-islamique et la Divine Comédie ne sont pas étrangers l’un à l’autre, même si Dante était chrétien et très proche, sur le plan intellectuel, de Saint Thomas d’Aquin.

« On a souvent évoqué une influence littéraire et philosophique arabe sur la Divine Comédie, rappelle Kadhim Jihad. Selon les historiens par exemple, Dante fréquentait un cercle d’études averroïstes ». Il cite d’ailleurs les philosophes Averroès et Avicenne dans son œuvre.

Sur le plan littéraire, on a également comparé la Divine Comédie à d’autres « voyages dans l’au-delà » produits antérieurement par des auteurs et philosophes arabes du Moyen Age. Kadhim Jihad cite notamment l’Echelle de Mohamed, ou le Voyage nocturne de Mohamed (anonyme) et l’Epître du Pardon d’Al Maari.

Cette nouvelle traduction de la Divine Comédie est publiée dans la Collection des œuvres représentatives de l’UNESCO. Fondée dès 1948, cette collection a stimulé la traduction et la diffusion d’œuvres littéraires écrites dans une centaine de langues, à une époque où les éditeurs s’y intéressaient peu, afin d’encourager la transmission des idées et des valeurs entre bassins culturels différents

A ce jour, la Collection des œuvres représentatives de l’UNESCO compte quelque 1 300 titres dans une trentaine de langues, dont 35 titres en arabe. Elle a permis la traduction en arabe de classiques d’Aristote, Locke, Voltaire ou Genet, entre autres, ainsi que la diffusion en anglais et en français d’une quarantaine d’œuvres d’auteurs de langue arabe, dont Al-Farabi, Al-Ghazali, Averroès et Avicenne.

Ce travail est d’autant plus précieux que la région arabe connaît « une forte pénurie de nouveaux livres » et que les tendances en matière de traduction y sont « décourageantes », selon le premier Rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur le développement humain dans les pays arabes, lancé au Caire en juillet 2002.

Selon l’Index Translationum de l’UNESCO considéré comme une référence en ce qui concerne les statistiques sur les traductions, 6 881 livres seulement ont été traduits en arabe depuis 1970, soit l’équivalent du total des livres traduits en lituanien pendant la même période, alors que le monde compte quelque 221 millions d’arabophones mais seulement 4 millions de locuteurs du lituanien1.

Au palmarès des langues dans lesquelles ont été traduits le plus de livres depuis 1970, l’allemand (128 millions de locuteurs), l’espagnol (417 millions de locuteurs) et le français (128 millions de locuteurs) caracolent en tête, avec respectivement 205 918, 150 312 et 132 270 titres chacun. La langue arabe, elle, n’arrive qu’au 27e rang, juste derrière le grec moderne (12 millions de locuteurs) et l’estonien (1,1 million de locuteurs).

Pour poursuivre le travail de « passeur » intellectuel qu’elle accomplit depuis plusieurs décennies, l’UNESCO a récemment lancé un Centre d’échanges d’informations sur la traduction littéraire. Ce centre ambitionne de devenir le premier réseau mondial de traducteurs et d’éditeurs, à une époque où les maisons d’édition sont devenues très friandes de « littérature du monde ».

1. Les statistiques concernant le nombre de locuteurs par langue sont tirées de Ethnologue, 14e édition, Summer Institute of Linguistics.

News Press 17/01/2003


 

Une bibliothèque partie en fumée

Le château de Lunéville, près de Nancy ( Lorraine ), partiellement détruit jeudi 2 janvier, par un incendie spectaculaire. Le feu a détruit quelque 8.200 volumes de la bibliothèque militaire avec la première édition des Lettres de Napoléon. Le château de Lunéville, également connu sous le nom de petit « Versailles Lorrain », a été construit entre 1702 et 1714 par l'architecte Germain Boffrand, un disciple de Mansard. « On ne croyait pas avoir changé de lieu quand on passait de Versailles à Lunéville », disait Voltaire.

03/01/2003


Village du livre

Dans les contes de fées de notre enfance, il y a toujours niché en haut d'une colline le village de nos rêves. Pour les amoureux du livre, ce village magique existe.

C'est en Lorraine, dans un hameau de 280 habitants, à l'initiative du R. P. Serge Bonnet et de François Guillaume, député et ancien ministre de l'Agriculture, que le village du livre est né. Depuis 1996, à Fontenay-la-Joute on voue un culte à cet écrin qui renferme le savoir. Classé parmi les six villages de France où il fait bon vivre, des bénévoles passionnés y écrivent l'histoire de cette localité et lui donnent un second souffle. De tous les environs on se presse pour célébrer l'écriture, l'imprimerie, le papier : du bouquiniste au maître papetier en passant par le relieur, tous les corps de métier sont représentés.

Ouvert tous les jours, gratuitement, c'est avec la plus grande liberté, à l'abri du tumulte citadin, que l'on peut retrouver l'univers feutré de la lecture, ou s'installer dans un café littéraire pour y écouter débats et chansons à textes.

Flâner, fouiller, feuilleter, ou simplement découvrir l'ouvrage tant convoité. Collectionneurs et curieux font se mêler culte et culture, tandis que les plus jeunes, la main dans la pâte, donnent vie au papier et se découvrent peut-être une vocation. Trait d'union entre la naissance ( l'imprimerie ) et la célébration (la collection), la création contemporaine est sollicitée et encouragée par des concours littéraires. Chaque année, des prix sont remis et des lauréats publiés. Voilà toutes les promesses que tient ce beau village où règne la joie studieuse des passionnés du petit imprimé. Au royaume du livre le lecteur n'est plus le seul souverain, citadins au vert, enfants, curieux, badauds y trouvent leur place.

Le Figaro - 03/01/2003


UN SACRÉ LIVRE ! BIBLE & BIBLIOPHILIE

Créée par la bibliothèque de l'Institut Catholique de Toulouse, cette exposition retrace l'épopée de la Bible. Ensemble des livres saints constitués sur une dizaine de siècles au Proche-Orient, et plus précisément en Palestine, ils se présentent sous forme de rouleaux de parchemins formés de bandes de peaux cousues où le texte est disposé en colonnes.

Deux des grandes religions monothéistes s'appuient sur ces textes sacrés. Le "canon juif " est constitué par le Tanak, mot formé à partir des initiales des trois parties qui le composent : la Torah ou Loi, appelée aussi Pentateuque, car elle renferme les cinq premiers livres de la Bible, (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome) ; Le Nebiim ou livres historique ; les Ketoubim ou Hagiographes qui recouvrent tout le reste. 

La Bible catolique reprend le canon juif et y ajoute le Nouveau Testament ainsi que certains textes grecs. 

Origines du Livre, chronologie des différentes versions, images d'archives... Ce site très documenté vous propose de feuilleter l'histoire de l'ouvrage le plus lu au monde. http://ww.ict-toulouse.asso.fr/biblio/exposition/

Une seconde partie s'inttéresse à l'abbé Jacques Thomas, bibliophile et Docteur en théologie et en droit canonique, qui a collectionné toute sa vie les Ecritures Saintes.

Des bijoux à découvrir aujoud'hui en ligne dans deux rubriques distinctes : " Les reliures estampées à froid sur peau de porc blanche " et " Les éditions des grands imprimeurs humanistes du XVIe siècle ".

Cécile Blaize et Laure Marescaux - Point de Vue 24/12/2002


LA BIBLIOTHEQUE DES ARTS DECORATIFS ROUVRE AU PUBLIC

Une bonne nouvelle peut en annoncer une autre : la réouverture de la bibliothèque du Musée des arts décoratifs coïncide avec le lancement des appels d'offres pour les travaux qui, à la fin de 2004, permettront de réinstaller dans le pavillon de Marsan l'ensemble des collections permanentes de mobilier et d'arts décoratifs, en partie inaccessibles depuis plusieurs années.

Inaugurée par le ministre de la culture et de la communication, Jean-Jacques Aillagon, la salle de lecture de la bibliothèque, en rez-de-jardin, est un heureux exemple de modernisation douce, mené sous la conduite de la conservatrice générale, Josiane Sartre, par Daniel Kahane et Antoine Dacbert. Mobilier d'origine restauré, nouveaux luminaires, parquet, et, le long des murs, les cinq mille albums réunis entre 1885 et 1911 par Jules Maciet, dont le buste est accroché au fond de la pièce. Ces recueils d'images puisées à diverses sources et classées selon une soixantaine de thèmes comme outil d'inspiration pour les artisans d'art sont l'une des originalités de la bibliothèque. Elle fait l'objet d'un petit livre, Le Vertige des images, de Jérôme Coignard (éd. UCAD/Le Passage), reflet de ce kaléidoscope intrigant.

Le fonds principal, réuni à partir de 1864, est riche de 120 000 livres et catalogues : art des jardins, ferronnerie, textiles, arts graphiques photographie, design et mode. Il comprend quelque 17 000 ouvrages précieux (à partir du XVIe siècle), des livres d'artistes et des traités d'architecture. Informatisées, les collections peuvent être interrogées via le catalogue de la Bibliothèque nationale de France www.ccfr.bnf.fr ou consultées sur écran dans l'une des mini-salles aménagées sous les voûtes. www.bibliothequedesartsdecoratifs.com

Michèle Champenois - Le Monde du 15/12/02

Bibliothèque du Musée des arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, Paris-1er. Tél. : 01-44-55-59-36. Mo Palais-Royal, Tuileries. Du mardi au samedi, de 10 heures à 18 heures.


BALZAC ENLUMINÉ PAR PICASSO

prix record de 610.000 euros ( 4. 001. 337, FRF ) chez Sotheby's

L'exemplaire du "Chef d'oeuvre inconnu" d'Honoré de Balzac, enluminé par Pablo Picasso pendant l'Occupation pour Paul Eluard, a été enlevé à 610.750 euros, jeudi chez Sotheby's Paris, ce qui constitue un record mondial pour un livre français.

La nouvelle de Balzac, récit mythique sur l'angoisse de la création, avait inspiré au grand marchand et éditeur Ambroise Vollard le projet d'une édition illustrée de 12 eaux-fortes par Picasso, qui fut publiée en 1931.

L'exemplaire proposé jeudi est celui qu'avait offert Picasso pendant la guerre à son meilleur ami, le poète surréaliste Paul Eluard. Il l'avait enluminé de quatre grands dessins aux crayons gras de couleur, de 70 dessins à la plume et de plus de 65 interventions graphiques en couleurs.

Un des hasards surréalistes chers à Breton et Eluard devait reconduire Picasso en 1937 sur les traces du "Chef-d'oeuvre inconnu". Si le 7, rue des Grands-Augustins fut l'adresse parisienne du peintre pendant l'Occupation -c'est là qu'il réalisa "Guernica"- c'est également à cette adresse que Balzac situe l'action de sa nouvelle un siècle plus tôt, en 1832.

Cet exemplaire, qui était estimé 600/900.000 euros, faisait partie de la grande vente de livres et manuscrits qui se déroule jeudi et vendredi chez Sotheby's Paris et qui a totalisé 1,77 million d'euros sur deux des trois vacations proposant 483 lots.

Lors de cette vente, des lettres inédites de Victor Hugo adressées entre 1848 et 1867 à Alphonsine Masson (61 lettres autographes signées), qui servit d'intermédiaire auprès d'un des plus grands amours du poète, Léonie d'Aunet, ont été enlevées à 83.550 euros, plus du double de l'estimation haute.

Enfin, une correspondance de 18 lettres d'Alfred de Vigny à Victor Hugo, témoignant de leur fraternelle amitié de jeunesse, est partie à 58.250 euros.

Dans la matinée, une édition originale de Rabelais de "La Sciomachie et festins faits à Rome au Palais de mon seigneur reverendissime Cardinal du Bellay, pour l'heureuse naissance de mon seigneur d'Orléans", avait été adjugée 54.800 euros (sur une estimation de 23/40.000 euros ).

Ce lot faisait partie de la bibliothèque des marquis de Saint-Mauris, comportant 116 lots, et qui a totalisé 252.620 euros.

Paris (AFP) - 05/12/2002


Un manuscrit musical autographe de Franz Schubert vendu 182.877 euros.

Un manuscrit musical autographe d'un des plus célèbres lied de Franz Schubert (1797-1828), "An die Musik", a été enlevé aux enchères à 182.877 euros, mardi à Drouot où la société PIASA dispersait des lettres, manuscrits, autographes et documents historiques.

Le manuscrit a été acheté par l'institution Gesellschaft Der Musik Freund de Vienne, en Autriche, a précisé mercredi PIASA. "An die Musik", composé en mars-avril 1817 sur un poème de Franz von Schober et publié en 1827 à Vienne, avait été offert par Schubert à son ami le compositeur et pianiste polonais Adalbert Sowinski.

Paris (AFP) - 04/12/2002


MAZARIN et la BIBLIOTHEQUE PERDUE

À l’occasion du quatrième centenaire de la naissance du cardinal (1602-1661), les trente plus beaux livres de sa collection sont dévoilés.

PARIS. Premier ministre de la régente Anne d’Autriche et parrain de Louis XIV, le cardinal Mazarin s’illustre en tant que diplomate mais aussi comme mécène et collectionneur d’art éclairé. Sur sa demande, son bibliothécaire, Gabriel Naudé, réunit entre 1642 et 1649, près de 40 000 ouvrages de toutes provenances. C’est devant l’ampleur de cette collection que Mazarin décide de confier à l’architecte Pierre Le Muet la construction d’une bibliothèque à l’étage de l’hôtel Chevry-Tubeuf, rue de Richelieu. Les troubles causés par la Fronde et l’exil de Mazarin mettent un terme au projet. En 1652, avant que le Parlement n’ordonne la vente de la bibliothèque du cardinal, Gabriel Naudé sélectionne trente des plus beaux ouvrages et les met en sécurité à l’abbaye de Sainte-Geneviève. Ce sont ces rescapés qui sont aujourd’hui présentés.

D’or et de pourpre…

La galerie Mazarine s’est parée de pourpre pour recevoir les précieux ouvrages datant du Moyen Âge au XVIIe siècle. Textes inédits, enluminures, reliures de velours, broderies en fils d’or et d’argent, l’exposition met en scène des pièces spectaculaires comme une thèse de Charles de Cossé-Brissac (1647) aux armes et monogrammes du cardinal, ou des ouvrages d’apparence plus modeste, à l’image d’un manuscrit éthiopien - un des premiers arrivés en Europe. À côté d’une Vulgate Sixtine, l’unique édition revue et corrigée par le pape Sixte Quint avant 1590, une bible en slavon (1581) offerte par Marie de Gonzague, alors reine de Pologne. À l’intérêt historique d’une copie des sept première sessions du concile de Trente par Angelo Massarelli pour Henri II (1548), s’ajoute une curiosité pour des livres chinois recouvert de soie couleur or (1668), présents de l’érudit Cassiano dal Pozzo. Le cardinal possédait même un exemplaire de la Bible de Gutenberg, alors nommé «Bible Mazarine».

Stéphanie Magalhaes 02/12/2002

Exposition : Bibliothèque nationale de France, galerie Mazarine, Site Richelieu, 59, rue de Richelieu, Paris 2e. Jusqu'au 12 janvier 2003, du mardi au samedi de 10 heures à 19 heures, le dimanche de 12 heures à 19 heures, fermé lundi et jours fériés.

Selon : http://www.artaujourdhui.com/Taos/taos.php?id=3398


UNE MOMIE BOURREE DE POÉSIE

Un manuscrit de poésie grecque a été retrouvé dans une momie du IIe siècle avant notre ère. Le papyrus avait servi à rembourrer le cadavre. Selon Kathryn Gutziller, de l’Université de Cincinatti, il s’agit du plus ancien recueil de poésie de la Grèce antique qui nous soit parvenu. Il contient 112 épigrammes de Posidippus, écrits pour la dynastie pharaonique des Ptolémées, et classés par genre : présages, dédicaces, épitaphes…

21/11/02 - Nouvelle brève d'après http://www.pourlascience.com


LA BIBLIOTHEQUE RICHELIEU LAISSEE A L'ABANDON ( Paris ).

«C'EST PROPREMENT scandaleux de voir dans quel état se trouve le site Richelieu de la BNF », a lancé le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, au cours d'une conférence de presse sur le patrimoine de son ministère dans la capitale. Ces dernières années, en effet, tous les investissements ont été engagés pour l'ouverture, en 1998, de la Bibliothèque François-Mitterrand à Tolbiac (XIII e ). Résultat, aucune opération d'entretien digne de ce nom n'a été entreprise depuis 1950 dans les réserves et salles de lecture de l'ancienne BNF de la rue de Richelieu ( II e ), la maison mère. Aujourd'hui, le ministre comme les différents responsables des départements des estampes, photos, cartes, monnaies et manuscrits dénoncent les dangers qui menacent les collections nationales. A commencer par Jacqueline Sauson, directrice générale adjointe du site. « La BN est installée dans le quartier depuis 1720. Pendant deux siècles, il y a eu une suite d'aménagements. Mais le site de Tolbiac a été lancé quand de gros travaux devaient être réalisés. Résultat, aujourd'hui encore, 60 % du bâtiment sont en 110 volts. » Oreste Friscira, l'architecte chargé de contrôler l'ensemble de ces 60 000 m 2 , ne mâche pas ses mots : « C'est un danger permanent. Le désenfumage et les issues d'évacuation n'existent pas. » Visite des lieux. A l'étage des estampes, Laure Beaumont-Maillet présente ses plus belles oeuvres. Des pages uniques de l'histoire du pays. Passage obligé par la chambre Mazarin. Ici, sous les plafonds du XVII e , l'ensemble des meubles est classé. Derrière une porte de bois aux moulures dorées, apparaît un vestige des années 40 : l'armoire électrique aux fusibles désormais introuvables sur le marché. « Il y a vingt ans, quand je suis arrivée à ce poste, un électricien m'a dit qu'il fallait tout changer. Or, aujourd'hui encore, elle fonctionne. Elle alimente en électricité les réserves précieuses des estampes ».

« Les câbles ne supportent plus la surchauffe » Quelques pas plus loin, au département des manuscrits, dans la salle de lecture, les chercheurs travaillent sur des textes uniques, écrits de la main même de Zola, Hugo ou d'Horace, philosophe du X e siècle. « Vous voyez les éclairages au plafond, explique Monique Cohen, responsable du département. Nous devons changer le système de toute urgence. Les lampes sont encastrées au plafond et les câbles ne supportent plus la surchauffe. » Même constat au sous-sol, où les magasins de photographies renferment 3 500 000 clichés précieux, de Nadar à Cartier-Bresson en passant par les oeuvres sur papier glacé d'Edgar Degas. Jean-Noël Jeanneney, ancien ministre de la Communication, est depuis mars dernier à la tête de la BNF. « Quand j'ai pris mes fonctions, j'ai été aussitôt frappé de la situation indigne faite à l'ensemble de ces collections. Les systèmes électrique et de sécurité incendie sont hors normes. Les documents, manuscrits et plans débordent dans les couloirs, faute de place. Ce n'est pas normal. Il est urgent d'engager les travaux pour le redéploiement de ces formidables richesses et de prendre des mesures maximales de sécurité. » Dès l'an prochain, le ministère a annoncé qu'un premier chantier serait lancé, pour permettre des travaux d'urgence, notamment contre les risques d'incendie. Cette campagne de rénovation, qui comprend l'amélioration de la conservation des documents mais aussi de l'accueil du public, devrait se poursuivre jusqu'en 2006-2007, date à laquelle la BNF doit accueillir l'Institut national d'histoire de l'art et l'Ecole nationale des chartes.

Eric Le Mitouard . Le Parisien , mardi 12 novembre 2002


Maison des Frères Goncourt - Mairie de Paris.

Un article paru dans le Journal du Dimanche laisse entendre que la Maison des Frères Goncourt, propriété de la Ville de Paris, est à l’abandon et pourrait même être vendue.

Loin de vouloir se séparer de cet élément du patrimoine parisien, Sandrine Mazetier, adjointe au maire de Paris, chargée du Patrimoine, rappelle au contraire sa volonté de redonner vie à ce lieu de mémoire et d’histoire en lui restituant sa vocation et son rayonnement culturels.

C’est dans le cadre de ce projet actuellement à l’étude que serait notamment restauré le célèbre « Grenier » des Frères Goncourt. Le maire de Paris s’est d’ailleurs prononcé favorablement à la demande d’utilisation partielle ou ponctuelle de la Maison par l’Académie.

Ce projet ne pouvait cependant être engagé qu’après le départ de sa locataire, dont le relogement n’est intervenu qu’en octobre 2002.

News Press 04/11/2002


 

LE MOYEN ÂGE A L'HEURE DU NUMÉRIQUE.

L'actualité des manuscrits enluminés est foisonnante en cet automne puisque le ministère de la culture www.enluminures.culture.fr vient de rendre accessible aux internautes un riche corpus de plus de 16 000 images, versions numériques des oeuvres conservées par les bibliothèques municipales, inconnues parfois des médiévialistes eux-mêmes.

Engagé en 1979, ce travail de recensement des ouvrages enluminés entrepris par la Direction du livre et de la lecture et l'Institut de recherche et d'histoire des textes (CNRS) connaît des perspectives insoupçonnées de démocratisation vingt-trois ans plus tard grâce au réseau mondial et une large politique de numérisation.

Enfin, dernière initiative qui conserne cette fois-ci les enluminures des manuscrits médiévaux conservés dans les bibliothèques de l'enseignement supérieur liberfloridus.cines.fr. Même si le travail d'indexation n'est pas terminé le site propose déjà plus de 1 300 images commentées issues des bibliothèques Mazarine et Sainte-Geneviève.

En revanche, l'ensemble des enluminures qui ont été photographiées, soit plus de 30 000 images, est tout de même consultable sur internet par feuilletage des images.

( Le Figaro - 25/10/2002 - Sébastien Exertier ) 


 

ALEXANDRIE (Egypte) (AFP) mercredi 16 octobre 2002.

Inauguration de la Bibliothèque d'Alexandrie

 

ALEXANDRIE (Egypte) (AFP) - Dirigeants et personnalités du monde entier affluaient mercredi à Alexandrie pour l'inauguration de la nouvelle bibliothèque qui espère redevenir un phare mondial de la culture, près de 16 siècles après la disparition de la Bibliothèque antique.

La bibliothèque a été érigée sur la corniche d'Alexandrie, près du site où se trouvait le bâtiment antique et sur sa façade de granite ont été gravés des lettres des alphabets du monde entier. Le disque de verre et de béton de la toiture de la Bibliothèque représentant le soleil levant symbolise le caractère universel de la civilisation antique égyptienne, dont le rayonnement touchait toutes les autres cultures.

"Notre espoir est que la nouvelle Bibliothèque sera un digne successeur de la Bibliothèque antique", a affirmé le directeur, Ismaïl Serageldin, dans un message.

La nouvelle bibliothèque se veut "la fenêtre de l'Egypte sur le monde, la fenêtre du monde sur l'Egypte et un centre de dialogue entre les peuples et les civilisations", a-t-il ajouté.

Environ 240.000 volumes en différentes langues ont déjà été réunis, et la bibliothèque prévoit d'abriter huit millions de volumes dans cinq ans, alors que la salle de lecture est considérée comme la plus grande au monde.

"Aucun livre ne sera interdit et il n'y aura pas de censure car la bibliothèque symbolise une pensée mondiale", a assuré Nahed Ismail, une responsable du centre de presse.

Le coût de construction a grimpé progressivement à 225 millions USD, donnés par l'Egypte, par plusieurs dizaines d'autres pays, presque tous arabes et européens, et par l'UNESCO ainsi que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Le président grec Costis Stephanopoulos est arrivé dans la cité fondée par ses ancêtres, où se trouvait déjà le chef de l'Etat roumain Ion Iliescu, alors que le président français Jacques Chirac était attendu dans l'après-midi, ainsi que les reines Sofia d'Espagne et Rania de Jordanie.

Plusieurs Premiers ministres, dont le libanais Rafic Hariri, des ministres, des écrivains, des poètes et des intellectuels, dont 14 prix Nobel, venant de toutes les parties du monde, doivent également assister à l'inauguration de la Bibliothèque par le président égyptien Hosni Moubarak.

Un impressionnant dispositif de police était déployé aux principaux carrefours et aux alentours de la bibliothèque, sur le front de mer, et les policiers étaient même plus nombreux que les passants.

La ville était en effet déserte, les autorités ayant donné trois jours de congé aux écoles, aux universités et aux administrations pour que la population puisse participer aux festivités et pour que les forces de l'ordre puissent assurer avec plus facilité la circulation de cette ville de près de 5 millions d'habitants.

Plusieurs fois incendiée, en premier lieu en 48 avant JC, la Bibliothèque antique fut le temple du savoir universel avec plus de 700.000 volumes.

"Des interrogations demeurent sur la destruction de la bibliothèque. Est-elle restée en place jusqu'à la conquête arabe au septième siècle ou a-t-elle disparu auparavant? les indices historiques ne sont pas clairs jusqu'à ce jour", affirme un communiqué de l'établissement.

La bibliothèque aurait brûlé lors de l'insurrection contre César en 48 av JC, sous Cléopâtre VIII (51-30). Antoine et Cléopâtre auraient transporté au Serapeion la bibliothèque des Attalides en compensation, mais le Serapeion fut aussi incendié en 390 par les Chrétiens et, selon certains historiens, également lors de la conquête arabe en 642 de notre ère.


Au Caire, un fonds pour les érudits du monde arabe La bibliothèque des dominicains, qui fait autorité sur l'islam, rouvre samedi.

Par Claude GUIBAL. Jeudi 17 octobre 2002

 

Fondée en 1950, la bibliothèque des dominicains du Caire (Ideo) fait autorité dans le monde de la recherche sur l'islam. Sa réouverture samedi prochain, après d'importants travaux de modernisation et d'aménagement, est certes éclipsée par le monumental battage alexandrin. Son intérêt n'en est pas moins grand. Revues d'islamologie japonaises ou éditions complètes de textes arabes anciens, «ce qui compte ici, c'est la cohérence du fonds», contrairement à l'Alexandrina, explique le dominicain Jean Druel.

On peut s'étonner de trouver des religieux catholiques à l'origine de cette bibliothèque de référence. «Notre principe de base est que l'islam soit connu et apprécié dans l'Eglise en tant que religion, qu'il ne soit pas étudié que sous l'angle d'un phénomène socioculturel», précise-t-il.

Les 1 800 abonnés de l'Ideo sont des chercheurs ou étudiants en théologie musulmane, souvent venus de la voisine et respectée université religieuse Al-Azhar. Sa propre bibliothèque reste en effet quasi impossible d'accès pour celui qui ne sait où chercher des renseignements sur des thèmes tels que le sacrifice dans le Coran et la Bible.

Pour trouver sa voie parmi ses 600 revues sur l'islam et le monde arabe ou les 90 000 livres (dont la moitié en arabe) dont elle dispose, l'Ideo a développé son propre logiciel. Une nécessité pour résoudre les problèmes liés à la transcription des noms arabes. Jusqu'à 28 champs sont disponibles pour retrouver un auteur par nom, origine ou surnom.

Selon Liberation

http://www.liberation.fr/page.php?Article=59557


 

Inauguration de la Bibliotheca Alexandrina :

du papyrus au numérique

News Press 11/10/2002 © NewsPress 2002. Tous droits réservés.

 

La Bibliotheca Alexandrina, la plus grande du Moyen-Orient et d'Afrique sera inaugurée officiellement le 16 octobre prochain, date qui marquera la renaissance spirituelle de la bibliothèque mythique créée il y a deux mille ans par Ptolémée I au Nord de l'Egypte. La cérémonie - d'abord prévue pour le 23 avril et repoussée en raison des événements du Moyen-Orient - consacre aussi un projet architectural exceptionnel intégrant les technologies de l'information les plus modernes.

Le Président de la République arabe d'Egypte, Hosni Moubarak, présidera la cérémonie d'inauguration. Seront également présents de nombreux chefs d'Etat et dignitaires du monde entier, le Directeur de la Bibliotheca Alexandrina, Ismail Serageldin, et M. Ahmed Jalali , Président de la Conférence Générale de l'UNESCO, qui, à la demande du Directeur général Koïchiro Matsuura, représentera l' Organisation.

Convaincue de la nécessité de doter Alexandrie et la région méditerranéenne dans son ensemble d'un centre scientifique et culturel d'excellence, l'UNESCO a contribué dès l'origine du projet à lui donner une dimension internationale www.unesco.org/webworld/alexandria_new/ . A l'occasion de l'inauguration de la Bibliotheca Alexandrina, rappelons que la renaissance de cette institution unique s'inscrit au coeur même de la mission de l'UNESCO : promouvoir le développement et le partage du savoir en vue de l'affirmation de l'identité et de la diversité culturelle, de la compréhension mutuelle et du dialogue entre les civilisations. La nouvelle Bibliotheca Alexandrina constituera un centre culturel et éducatif dynamique où fleurira et grandira la compréhension entre les cultures , a déclaré le Directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura.

La Bibliotheca Alexandrina, tout comme l'Opéra de Sydney ou le Musée Guggenheim de New York, est une réalisation architecturale exceptionnelle. Elle peut accueillir jusqu'à 8 millions d'ouvrages - à l'heure actuelle elle compte 240 000 livres. Le public dispose de 500 ordinateurs pour consulter son catalogue et accéder aux sites Web des principaux centres d'enseignement internationaux, présélectionnés par les bibliothécaires.

La salle de lecture est unique en son genre : cet espace ouvert de 70 000 m2 répartis sur onze niveaux peut accueillir 1 700 personnes. Pour Ismail Serageldin, il ne s'agit pas seulement de la plus grande salle de lecture du monde mais également de la plus belle . La douce lumière naturelle qui se répand dans tout l'espace et le haut plafond reposant sur des colonnes créent une atmosphère propice à l'étude, digne d'une cathédrale du savoir , ajoute-t-il.

Le bâtiment évoque un disque solaire qui émerge de terre et fait face à la mer. En partie enterré et mesurant au total 160 mètres de haut, il se drape d'une muraille - en granit d'Assouan - en forme de demi-lune sur laquelle ont été gravées des lettres de l'alphabet de 120 langues. L'édifice symbolise l'ouverture et l'immensité du savoir. Il a été conçu par le cabinet d'architecture norvégien Snøhetta. qui a gagné en 1989 le concours organisé par l'UNESCO. La construction s'est effectuée sous la houlette de l'ingénieur égyptien, Mamdouh Hamza, qui a su relever le défi de construire une partie de l'édifice à 18 mètres sous le niveau de la mer.

Outre la bibliothèque, le bâtiment accueille un centre de conférences d'une capacité de 3 200 places), un planétarium, la bibliothèque Taha-Hussein pour les non-voyants qui propose des livres numérisés et en braille, une bibliothèque pour enfants et 5 instituts de recherche dont l'Ecole internationale des sciences de l'information (ISIS) et le Laboratoire de restauration de manuscrits rares. Elle héberge aussi un centre Internet, 3 musées - dédiés respectivement aux manuscrits, à la calligraphie et aux sciences - et 4 galeries d'art. L'ensemble constitue, d'après Ismail Serageldin, un grand complexe culturel international .

Une partie des 10 000 manuscrits et livres rares de la collection de la bibliothèque ont été numérisés. En effleurant du doigt l'écran d'un ordinateur, les visiteurs peuvent ainsi tourner les pages électroniques d'une version très ancienne du Coran. La numérisation garantit la préservation de documents précieux tout en permettant aux chercheurs et au public d'y avoir accès. Dans un premier temps, cela ne sera possible qu'au musée lui-même mais l'accès sera ensuite possible via l'internet. http://www.bibalex.gov.eg

Ce grand centre culturel international a pour vocation de devenir un point de rencontre pour les penseurs, les artistes et les scientifiques du monde entier. Ismail Serageldin espère également que, grâce à la Librairie, les touristes redécouvriront Alexandrie, une ville rendue célèbre par son fameux Phare, mais aussi parce qu'elle fut le phare intellectuel de l'humanité pendant six siècles, inspirant de grands écrivains comme Callimaque, Constantin Cavafis et Lawrence Durrell .

Le gouvernement égyptien a déboursé 120 des 220 millions de dollars nécessaires au financement du projet. Le reste (100 millions) provient de donations internationales. Pour un pays de 67 millions d'habitants, un investissement de 120 millions de dollars sur dix ans n'est pas irraisonnable quand il s'agit de se doter d'un centre d'excellence , estime Ismail Serageldin.

L'UNESCO a participé au projet dès 1986, lorsque l'idée de construire un centre d'enseignement et de recherche moderne reprenant le flambeau de l'antique bibliothèque a commencé à prendre forme. En 1987, l'UNESCO a lancé un appel international en faveur de la résurrection de l'antique bibliothèque d'Alexandrie et a commandé une étude de faisabilité qui a confirmé que la région méditerranéenne avait besoin d'une grande bibliothèque. De fait, une des priorités de la Bibliotheca Alexandrina est précisément de fournir une vaste collection d'ouvrages sur les civilisations méditerranéennes.

En 1988 l'UNESCO a organisé, avec l'aide de l'Union internationale des architectes (UIA) et le PNUD, un concours international d'architecture. Parmi les 1 400 projets provenant de 77 pays présentés, le jury a opté pour celui du cabinet norvégien Snøhetta. En 1990, l'Organisation a aidé à organiser la Réunion d'Assouan qui s'est soldée par le premier apport financier international au projet (65 millions de dollars), provenant principalement de pays arabes.

L'UNESCO a également fourni un serveur Internet et des ressources financières pour développer le site Web de la bibliothèque. L'Organisation a contribué à la création de la Bibliothèque électronique pour non-voyants et du Laboratoire de restauration. Elle a fourni des ressources pour la formation de bibliothécaires, les formats bibliographiques. Sans compter une aide à la préparation de documents techniques et de lignes directrices en matière de systèmes informatiques pour la bibliothèque, de leur maintenance et d'achat d'équipements, ainsi qu'un programme pour l'Ecole internationale des sciences de l'information (ISIS), installée dans le bâtiment de la bibliothèque.

L'Antique Bibliothèque d'Alexandrie, créée par Ptolémée I en 288 av. J.-C., faisait partie du Museion, le Temple des muses, qui comprenait l'université d'Alexandrie, une des premières de l'histoire de l'humanité, où se donnaient rendez-vous les poètes, scientifiques et artistes invités par les Ptolémées. La bibliothèque comprenait environ 700 000 manuscrits, catalogués depuis le IIIe siècle av. J.-C. Sous les Ptolémées, elle jouissait d'un droit de dépôt légal puisqu'elle disposait du droit de faire une copie de tous les livres arrivant dans le pays. Plusieurs incendies et une série d'assauts - étalés sur quatre siècles et demi - finirent par avoir raison de l'antique bibliothèque. Lors du premier incendie, dû à l'affrontement qui opposa Cléopâtre, soutenue par Jules César, à son frère Ptolémée XIII en 48 av. J.-C., entre 40 000 et 400 000 livres furent la proie des flammes.

C'est dans la Bibliothèque d'Alexandrie que fut traduit pour la première fois l'Ancien Testament de l'hébreu vers le grec, qu'Aristarque de Samos affirma que la terre tourne autour du soleil, qu'Eratosthène calcula la circonférence de la terre, qu'Hérophile découvrit que le cerveau contrôlait le corps et qu'Euclide inventa la géométrie.

La nouvelle bibliothèque entend maintenir vivant l'esprit de la mythique institution. Il est merveilleux de penser qu'au milieu de tant de guerres, alors que l'on parle de choc des civilisations, s'élève à nouveau en Égypte, à quelques mètres de l'endroit où se dressait l'antique Bibliothèque d'Alexandrie, une institution qui, elle aussi, se consacrera à la connaissance universelle, à la compréhension mutuelle et à la tolérance , déclare Ismail Serageldin.

News Press 11/10/2002 17h49 © NewsPress 2002. Tous droits réservés.


Troyes - Médiathèque - Les trésors de Troyes

 Celle de la capitale de l'Aube abrite le deuxième fonds médiéval de France. Un patrimoine inestimable. Par Matthieu Noli . © le point 04/10/02 - N°1568

 

Le regard de Thierry Delcourt brille d'une fierté légitime lorsqu'il ouvre la porte vitrée qui mène à la grande salle de la Médiathèque de l'agglomération troyenne (MAT), où sont entreposés, sur les antiques rayonnages hérités de l'abbaye de Clairvaux, les 45 000 ouvrages qui en forment le coeur et le trésor. Depuis les traités de théologie jusqu'aux recueils de jurisprudence, les livres anciens se serrent les uns contre les autres à perte de vue. Il y a moins de trois mois que la MAT a ouvert au public, mais déjà les Aubois se pressent pour admirer cet impressionnant patrimoine, le deuxième fonds médiéval le plus riche de France après celui de la Bibliothèque nationale.

Le visiteur doit s'attendre à un choc lorsqu'il y entre, car les trésors les plus précieux de l'histoire médiévale se télescopent avec le témoignage audacieux de l'architecture contemporaine dans une perspective réfléchie de démocratisation du savoir. La grande salle de la MAT est l'incarnation de cette rencontre passionnante entre le parchemin et le verre teinté, entre le bois et le métal, entre le passé et le présent.

Thierry Delcourt, son directeur, va bientôt fêter ses 43 ans. A sa sortie de l'Ecole des chartes, il y a vingt ans, il pensait ne jamais pouvoir travailler en dehors de Paris et il confesse qu'il aurait ri « si on [lui] avait proposé de travailler à la MAT ». A cette même époque, la bibliothèque de Troyes était si engorgée que la municipalité décida d'investir une friche industrielle pour en faire un pôle culturel. Cet ambitieux projet s'intégrait dans une politique qui visait à attirer les étudiants et les touristes dans l'Aube. Mais c'est la communauté d'agglomération qui obtint en 1995 l'agrément de l'Etat pour construire une bibliothèque municipale à vocation régionale. Lorsque Thierry Delcourt fut contacté pour diriger cette médiathèque, il n'hésita pas, car « il y avait tout à faire » pour cet homme de défis, et parce qu'il connaissait les trésors de Troyes.

La MAT possède en effet l'intégralité des fonds de l'abbaye de Clairvaux, l'une des plus grandes abbayes du Moyen Age, fondée en 1115. Et c'est une tout autre lumière qui brille dans le regard du conservateur lorsqu'il ouvre la magnifique Bible du XIIe siècle et ses initiales peintes selon la règle de saint Bernard (pas d'êtres vivants, pas d'or, pas de mélange de couleurs), lorsqu'il montre les gravures des incunables. « Leur valeur est inestimable », chuchote-t-il, encore émerveillé. D'innombrables donations complètent ce patrimoine. Mais, si la médiathèque mérite le détour pour ses ouvrages savants, la sagesse populaire est loin d'être oubliée, car c'est à Troyes que sont nées les bibliothèques bleues des colporteurs. Pendant près de trois siècles, jusqu'à l'essor du chemin de fer, les mêmes livres à couverture bleue furent édités par les imprimeurs troyens, des recueils moralistes, des romans de chevalerie et des ouvrages religieux, mais aussi des textes facétieux, voire grivois. Leurs tirages atteignaient parfois la centaine de milliers d'exemplaires.

Autour de la grande salle, une exposition permanente présentera bientôt les trésors de la médiathèque des manuscrits de Clairvaux jusqu'aux récentes acquisitions. « Il s'agit de montrer que l'Internet n'existe aujourd'hui que parce qu'avant nous se sont succédé les moines copistes de Clairvaux, les humanistes, des générations de savants et de bibliophiles », affirme son directeur. Ce passionné de nouvelles technologies s'enorgueillit d'avoir un catalogue entièrement informatisé et d'offrir aux lecteurs toutes les modalités d'accès au savoir. www.bm-troyes.fr

En outre, la visite de la médiathèque s'intègre dans le parcours touristique troyen au même titre que la cathédrale et ses vitraux. La grande salle constitue le clou de cette visite, en même temps qu'un signal fort lancé par ses architectes, Pierre du Besset et Dominique Lyon. Ici, le patrimoine n'est pas caché dans une improbable réserve, bien au contraire. C'est le coeur du site, d'après Thierry Delcourt : « Nous voulions restituer le patrimoine à tous en l'installant physiquement au coeur de la MAT, en le rendant visible et en le mettant en scène. »

La MAT s'étend sur plus de 10 000 mètres carrés et offre 575 places aux lecteurs. Sa construction a coûté plus de 17 millions d'euros, mais, grâce aux financements de l'Etat et de la Communauté européenne, les Troyens n'ont pas été trop mis à contribution. De toute façon, le projet a fait l'unanimité dans toutes les assemblées départementales, transcendant les clivages politiques : la guerre de Troyes n'a pas eu lieu

© le point 04/10/02 - N°1568


 
Une information donnée par (AFP ) Rostrenen, le 13-09-2002.

 

Des parchemins du 15e siècle retrouvés à la poubelle.

 

Le hasard a valu à un Breton de découvrir dans des sacs poubelle, à Rostrenen, un précieux témoignage de l'histoire de la région datant de quelque 600 ans : des dizaines de documents rédigés à l'encre sur des parchemins datés de 1400 à 1550.

Trop perturbé par l'événement et le tumulte médiatique qu'il a suscité, le découvreur a souhaité conservé l'anonymat. Un des documents, qu'il a en partie confiés à un ami, a été authentifié jeudi par les archives départementales des Côtes d'Armor.

Selon Brigitte Saulais, conservateur du patrimoine aux archives, il s'agit d'un "acte notarial original de 1521 appartenant à une collection privée". Ce "parchemin très travaillé" est "un acte entre deux personnes privées".

L'experte n'a pas jugé le document "si exceptionnel" mais elle a estimé que, comme vraisemblablement les autres documents non encore examinés, il est "précieux" sur le plan historique pour le patrimoine de la région.

Mme Saulais souhaite approfondir son examen. D'autres documents, dont un datant de 1400, sont rédigés à la fois en ancien français et en breton et pourraient présenter, selon elle, un grand intérêt d'un point de vue historique.

Les écrits, numérotés et datés, en grande partie légèrement postérieurs aux incunables (antérieurs à 1500), sont pour la plupart des actes notariaux concernant le Centre-Bretagne, selon Jean-Paul Le Ménez, ami du découvreur qui les a présentés à la presse ainsi qu'à des historiens, professeurs et notaires intrigués.

Des notaires de Rostrenen ont fait valoir qu'ils avaient rarement vu des documents antérieurs à 1700 mais les archives assurent posséder de nombreux témoignages publics de ce type.

Les parchemins, qui ressemblent plutôt à de la peau d'agneau peu traitée, sont de différentes tailles et pour la plupart dans un étonnant état de conservation, a constaté l'AFP.

La pièce la plus ancienne est un manuscrit sur parchemin datant de 1400. Les autres s'échelonnent de 1414 à 1550.

L'un d'entre eux datant de 1521 et constitué de plusieurs pièces cousues entre elles, mesure près de deux mètres de long. Ils mentionnent souvent le nom de "paroisse", unité de lieu et circonscription territoriale de l'époque.

Le découvreur les a trouvés fortuitement lors d'une visite dans un appartement qu'il louait à un couple qui venait de quitter les lieux.

Les documents provenant de collections privées reviennent à leur propriétaire. Si certains s'avèrent provenir de collections publiques, les archives pourraient les revendiquer, selon Mme Saulais.

En tout état de cause, si les propriétaires ne sont pas retrouvés, il reviendront au découvreur qui souhaite, selon M. Le Ménez, les remettre à des universitaires ou à des associations s'intéressant au patrimoine. © AFP


Une information donnée par Rachida Douadi.

 Manuscrits en péril

L'oasis mauritanienne de Chinguetti a planté sa tente virtuelle dans les filets de la Toile. Ce site historique, classé au patrimoine culturel mondial de l'Unesco depuis 1996, présente ses trésors sur chinguetti-net.com. Dans un paysage de sable, de pierre et de palmiers, des manuscrits en arabe hérités du Moyen-Age sont menacés de destruction.

30/08/02 : Chinguetti se trouve au nord de la Mauritanie et quelque part sur le web. Un site est consacré aux splendeurs naturelles et culturelles de cette oasis hautement historique. Fondée au 13ème siècle sur les plateaux désertiques de l'Adrar, " la septième ville sainte de l'Islam ", ainsi surnommées par les historiens, a été pendant plusieurs siècles la plus grande métropole culturelle de la région. Carrefour incontournable des caravanes venues d'Afrique, du Maghreb et de l'Orient.

Les ravages du sable et des termites

Depuis le 17ème siècle, les bibliothèques de la ville abritent des milliers de manuscrits. Des trésors du savoir arabo-musulman hérités des nombreuses civilisations qui ont fait halte un jour dans l'oasis. Un patrimoine menacé par les termites et le sable qui fait l'objet d'un plan de sauvegarde international. Depuis quelques années, des associations se mobilisent pour pour restaurer cette précieuse mémoire du désert. Sur le site, une série d'articles consacrés aux manuscrits y sont rassemblés, illustrés de photos d'ouvrages rongés.

Découverte en images de la diversité du paysage de Chinguetti en une cinquantaine de photos. Sous l'Sil malicieux d'une jeune fille, une file de dromadaires s'étire vers l'horizon. Des dunes à perte de vue où par endroits des arbres s'imposent dans cet océan de sable. Sur certains clichés, les montagnes semblent s'étirer vers le ciel pour échapper à l'avancée du désert. Et après avoir visité ce domaine virtuel, quelques rares adresses vous sont proposées si vous souhaitez partir pour cette oasis vieille de 8 siècles. Voir ce site chinguetti-net.com

Selon © Afrik.com

 

Voir également la page Odette du PUIGAUDEAU (1894-1991) - Une Bretonne au désert. 


SAINT-BRIEUC (Côtes d'Armor - Bretagne) Livres précieux du XVIII e

Une chercheuse américaine fait actuellement halte dans les rayons les plus prestigieux de la bibliothèque municipale de Saint-Brieuc. A l'étage du fonds ancien. Elle y exploite des manuscrits très rares sur le commerce et l'économie au XVIII e siècle.

 

Marie-Noëlle Le Bour, responsable des collections patrimoniales et Thierry Simelière, adjoint à la culture ont accueilli Elena Frangaskis-Syrett qui consacre une semaine à l'étude de manuscrits anciens conservés par la bibliothèque municipale de Saint-Brieuc. (Photo M.H.) (cliquez sur la photo pour l'agrandir)

Elena Frangakis-Syrett est professeur d'histoire économique à l'université de New York. C'est une spécialiste du commerce du Levant et des activités commerciales des Européens dans l'empire ottoman au XVIII e siècle.

C'est avec émotion qu'elle feuillette les pages d'un petit trésor. Une collection de huit manuscrits du XVIII e sur les pratiques commerciales de l'époque. Un bijou d'archive répertorié au catalogue général des manuscrits des bibliothèques de France.

Transportée

C'est une prof totalement transportée à l'idée d'entrer en confidence avec ce passé que Marie-Noëlle Le Bour, responsable des collections patrimoniales à la bibliothèque, à accueilli lundi. « Tout ceci est d'un tel romantisme ! » s'exclame-t-elle, lovée entre les confidentiels rayonnages de livres anciens. « Etre ici et travailler avec le cri des mouettes au-dessus de moi, c'est merveilleux. Quand je m'installe dans la salle de travail pour étudier les manuscrits, au bout d'un moment j'ai progressivement l'impression que l'auteur s'installe auprès de moi et je l'imagine avec sa perruque, son jabot ».

Un auteur seulement supposé car les chercheurs n'ont pour l'instant que des hypothèses sur la question, notamment concernant les deux volumes spécifiques qu'étudie la chercheuse. Certains ouvrages de la collection en revanche sont attribués avec certitude à l'économiste Jacques, Claude, Marie Vincent de Gournay (Saint-Malo 1712-1759).

Un Traité Rare

Cette collection est précieuse à plusieurs titres » confie le professeur américain. « C'est le traité le plus long et le plus rare sur le commerce européen de l'époque, porté à ma connaissance ».

Toutes ces données serviront à Elena Frangakis-Syrett pour étayer ses sources concernant la rédaction d'un livre sur le commerce du Levant au XVIII e .

A la Ville de Saint-Brieuc, on se félicite de cette collaboration internationale. « L'été est une période propice aux recherches et nous accueillons régulièrement des étrangers. Cela prouve que nos collections sont bien défendues et représentées, notamment aux Etats-Unis » commente Thierry Simelière, adjoint à la culture.

Martine Houron (10/08/2002)

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