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les collections aristophil

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MATHIEU GEORGES (1921-2012)

Correspondance amoureuse de 112

lettres autographes signées sous 3

dossiers cartonnés

[1985-1992], 202 pages, 32 cartes

de correspondance et cartons

d’invitation à des expositions avec

annotations à l’intention de Sylvie

Mari. Encres noire, sépia, bleue,

plume large de calligraphie, avec

pièces de feutre pourpre souvent

collées en bas de page. Nombreuses

enveloppes calligraphiées

conservées. Papier à en-tête « Moult

de Parte ». Nombreux collages et

dessins. 8 photographies d’œuvres

de Mathieu. 1 disque 33 t. Sont joints

15 livres de Georges Mathieu.

5 000 / 7 000 €

Dans ses lettres d’amour à Sylvie Mari,

l’artiste enflamme le papier, révélant le besoin

qu’il a de lui communiquer sa profonde

adoration. Il multiplie les références à Nerval,

Musset, Mozart, Ronsard, l’Astrée, les dieux,

Sylvie évidement.

« Les mots parlés sont si maladroits qu’il faut

que je vous écrive. Hélas je ne suis pas poète

[!]. Vous semblez miraculeusement sortir

d’un chapitre de l’Astrée à la fois bergère et

princesse à moins que vous ne soyez une

héroïne inconnue de Musset ». Continuant

ailleurs dans la thématique du roman pastoral

du XVII

e

siècle, il énumère les comportements

entre un pastoureau et une pastourelle : « Se

mugueter, mignonner, mignarder ; paillarder,

coqueliquer, Fretin-Fretailler, besogner,

biscotter, pastisser, s’enmistoyer ». En

amour, le divin n’est jamais loin : « Depuis

hier soir, je m’interroge sur la signification de

l’intervention des dieux à votre endroit ». La

croix d’argent que Sylvie porte lui inspire une

rencontre fusionnelle : « Vous déteniez dans

vos mains le symbole du pouvoir mystique ;

j’en avais l’oriflamme. Ne sont ce pas là des

marques du Destin qui nous désignaient

ensemble ? Vous êtes appelée à conquérir

un domaine intemporel et je suis votre héraut

et votre chevalier ». Evoque évidemment sa

production artistique : la peinture est aussi

un médium de l’amour : « Et je continue

de m’interroger inlassablement sur cette

harmonie préétablie dont parlait Leibniz

qui est celle de nos âmes. Cette attirance

étonnante de nos goûts et de nos rêves ».

En 1992, l’encre est devenue dorée, et il s’en

explique : « Voici la nouvelle couleur de mon

sang un sang vigoureux comme la sève…soleil

de toutes les ivresses de l’espoir un sang qui

va régénérer nos âmes et faire refleurir tous