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les collections aristophil
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DOUANIER ROUSSEAU,
ROUSSEAU HENRI DIT (1844-1910)
La Vengeance d’une orpheline russe
, manuscrit autographe
signé
[1899], 88 pages et quart in-folio sur papier réglé. Bradel
de parchemin ivoire, titre doré au dos. (Restaurations
marginales sur la première couverture et le premier feuillet
avec atteinte à quelques lettres).
20 000 / 30 000 €
Drame en 5 actes et 19 tableaux (inédit) de « Madame Barkowsky et
Mr Henri Rousseau », « terminé le 5 janvier 1899 ».
Précieux manuscrit autographe monté sur onglets, le seul connu,
de cette pièce de théâtre du Douanier Rousseau. Le peintre Henri
Rousseau (1844-1910), dit le Douanier en raison de son emploi à l’Octroi
de Paris, la proposa sans succès sa pièce au directeur du théâtre du
Châtelet, l’auteur dramatique Émile Rochard dont le nom figure encore
ici au verso de la première couverture. Un extrait du texte fut publié
en 1929 dans le n° 2 de la revue
Orbes
par Jacques-Henry Lévesque
et Olivier de Carné, mais il fallut attendre sa publication intégrale
donnée par Tzara en 1947 (Genève, Cailler) pour que la pièce sorte
de l’obscurité : elle fut alors créée en 1948 par René Dupuy pour le
Centre d’apprentissage d’art dramatique du Théâtre de l’Œuvre, puis
représentée au Studio des Champs-Elysées en 1949. « Rousseau était
profondément pénétré de la conception de l’artiste total », écrit Tristan
Tzara dans la préface de l’édition de 1947, « il jouait du violon, de la
flûte, il était compositeur, poète, auteur dramatique et surtout peintre.
À chacune de ses activités, il devait assigner une importance égale,
l’idée qu’il se faisait de l’art les embrassait toutes sans distinction.
Il faut dire que le sérieux avec lequel il les envisageait et l’application
qu’il y apportait, excluait chez lui tout dilettantisme ».
Le Douanier a composé ainsi trois pièces de théâtre, dont une restée
inachevée
L’Etudiant en goguette
(avant 1889), et deux abouties,
Une Visite à l’exposition de 1889
(1889) et la présente
Vengeance
d’une orpheline russe
(1899). Tzara compare le travail de Rousseau
au découpage cinématographique. « On pourrait multiplier les
exemples », écrit-il, « où la succession d’instantanés dans les pièces
de théâtre de Rousseau donne une solution inusuelle au problème
du temps et de l’espace […]. Cette alternance de l’action, au début
du premier acte de La Vengeance, jette une lumière particulière sur
la conception de maint tableau de Rousseau, où l’événement est
pris à l’état naissant ».
La Vengeance
, écho littéraire à son célèbre
tableau
Le Rêve
.
Rarissime document.




