Previous Page  81 / 192 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 81 / 192 Next Page
Page Background

81

BEAUX-ARTS

264

DURAND-RUEL PAUL (1831-1922)

Correspondance de 26 lettres autographes signées

adressées à Claude MONET

Paris, janvier-juin 1883, 42 pages la plupart in-8 à l’encre sur

papier.

7 000 / 9 000 €

Correspondance relative aux problèmes d’argent de Claude Monet

mais aussi ceux de son marchand, Paul Durand-Ruel, sur la première

exposition particulière de Monet chez Durand-Ruel (mars, 56 œuvres) :

« […] Vous êtes vraiment trop impressionnable. Je vous ai assuré que je

ne vous laisserai pas dans l’embarras et que vous pouviez compter sur

moi … En attendant faites comme moi et soyez patient il faut accepter

les années le mieux qu’on peut […] », et sur son installation à Giverny.

- 16 janvier, invitation à dîner avec Renoir et Boudin ;

- 13 février, sur le succès de son exposition de Boudin, qui ferme

le 25 : « Le 26 et le 27 nous avons juste le temps d’organiser votre

exposition, d’accrocher les tableaux et de faire le catalogue et le 28

nous devons faire tous nos efforts pour ouvrir l’exposition privée

qui précèdera l’ouverture du 1er Mars ». Il attend les instructions de

Monet pour « demander des tableaux là où vous voulez en emprunter.

Et puis venez vous-même le 23 ou le 24 pour présider au choix et à

l’arrangement. […] J’espère que vous allez revenir avec plusieurs toiles

intéressantes. Il y a de si beaux motifs à Étretat. Tâchez de m’y faire

quelques études pour ma salle à manger » ;

- 19 février, il lui enverra 500 F demain ;

- 6 mars. « Je conçois très bien votre ennui de voir l’indifférence du

gros public et la mauvaise volonté des gredins de journalistes mais

vous devez avoir assez de force de caractère pour vous moquer

de tous les idiots et ne compter qu’avec les gens intelligents.

Ce sont ceux-là seulement qui font les vraies réputations et les succès

durables ». « Pour vous, ce sera le contraire. Vous avez un vrai succès

parmi les gens de goût. Le nombre de ceux qui vous comprennent

s’accroit chaque jour. […] Pour moi ne vous inquiétez pas. Je ne me

démonte jamais et j’aurais mille tableaux de vous que je ne changerais

pas. Il n’y a que la question d’argent qui est ennuyeuse pour vous et

pour moi en ce moment, mais ce n’est que momentané car dans 2

mois j’ai beaucoup à recevoir. En attendant il faut tirer le diable par

la queue en faisant bonne contenance et en ne se laissant jamais

décourager ». Il va faire mettre de grandes affiches… ;

- 8 mars, il ne lui envoie que 200 F ; son caissier Mariott s’est enfui

avec une parure en diamants qu’on lui avait confiée.

- 19 mars. « Rien de nouveau à l’exposition. Il y a plus de visiteurs et

on demande beaucoup les prix. C’est un progrès » ;

- Mercredi soir. « Vous voyez les choses sous un jour trop défavorable

et je vous assure que votre exposition loin d’être un insuccès produit

un effet fort considérable dont vous vous rendrez compte vous-même

avant peu. Les journalistes ne se pressent pas de publier leurs compte

rendus de leurs visites mais ils vont le faire […] Vous n’aurez pas tous

les journaux, mais vous aurez des articles fort sympathiques et très

lus. […] Je crois qu’il vaut mieux laisser la parole à ces Messieurs

en toute liberté et leur laisser l’initiative que de leur demander le

moindre article payé. C’est un mauvais principe à mon avis de faire

des réclames pour un talent comme le vôtre. Il faut qu’il s’impose et se

fasse respecter. Cette exposition a précisément un caractère sérieux

qui est fort remarqué et le compliment que tout le monde vous fait

est de vous voir débarrassé de ces voisinages si compromettants

qui ont fait tant de tort à vos expositions et qui ont tant retardé votre

succès. Évidemment ces excentriques attiraient l’attention, amenaient

des visiteurs pour rire et provoquaient des controverses, mais le

résultat sérieux était que l’on vous confondait avec les farceurs ou les

impuissants qui veulent vous singer et qui ne sont capables de rien.

Aujourd’hui vous êtes proclamé un maître ». Un journal de Londres

parle de Monet, Degas et Renoir comme « de très grands artistes. On

annonce comme un événement l’exposition que je compte faire en

Mai de vos œuvres à Londres avec Degas, Renoir, Sisley, Pissarro,

Mlle Morisot et Mad. Cassatt ».

- « […] Vous êtes vraiment trop impressionnable. Je vous ai assuré que

je ne vous laisserai pas dans l’embarras et que vous pouvez compter

sur moi en attendant, faites comme moi et soyez patient […] Il faut

accepter les années le mieux qu’on peut […] ».