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les collections aristophil

LES ANNÉES 1920 - 1930

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VAN DONGEN KEES

(1877-1968)

Onze lettres autographes signées « Kiki » adressées

à « Madame Van Dongen ».

Paris, Beaulieu sur mer, Cannes, Grasse, décembre 1925

- janvier 1926, 9 pages in-4 à l’encre sur papier,

à son adresse 5, rue Juliette Lamber, et 11 pages in-8

à l’encre, enveloppes (une lettre fendue et réparée).

3 000 / 4 000 €

- Ce mardi [29 décembre]. « Je suis seul et il pleut. Et il pleut sur mon

cœur comme il pleut sur la ville ». Il a reçu la lettre d’un monsieur qui

« renonce à l’achat de ce beau tableau de tulipes pour des raisons

fiscales !!! […] J’ai retrouvé Tobby au petit restaurant des chauffeurs

et je suis triste, triste, saoul de tristesse. Je t’adore et je pleurs » ;

- Dimanche 3 janvier (au dos d’une lettre de vœux de Louise Perret

à Jasmy). « J’ai beaucoup à travailler et ne sais pas encore si j’irai

dans le midi. […] Puis j’ai à peindre des fleurs qu’on t’a envoyé puis

les bonbons à manger. Je ne me suis pas consolé mais je suis triste

non pas parce que tu es partie courir le soleil mais de la façon

dont tu es partie fachée injustement. Enfin assez dit de conneries.

Amuses toi. À moi les corvées » ;

- Ce mardi soir [5 janvier 1926] (écrite au dos d’une lettre de vœux

du comte Raoul de Gontaut-Biron à Jasmy). « Mais non je ne viens

pas à Cannes. Si j’avais eu l’intention de venir je serais parti avec

toi, mais tu n’es pas assez gentille avec moi. Tu quittes le navire à la

moindre bise tu te réfugies sur une côte ensoleillée et de là tu fais

signe au capitaine. Ce métier de sirène te va bien mais je suis un

vieux marin et je ne quitte pas mon bord pour laisser mon bateau

s’en aller tout seul au gré des vents ». Il travaille à ses portraits et a

peint les fleurs qu’on a envoyées à Jasmy pour le jour de l’An. Il a

joint une coupure de presse sur sa légion d’honneur ;

- Ce samedi [9 janvier] (au dos d’une lettre de vœux à Jasmy par

« Henriette »). Il a reçu un coup de téléphone de tante Lénine « très

exité qui voulait te voir je l’ai invité à venir me raconter ses aventures

mais comme tu n’es pas là je ne l’ai plus revu ». Il n’ose plus rien

écrire « puisque mes lettres sont considérées comme filles publiques

et lues par tout le monde » ;

- Mercredi soir [13 janvier]. « Ma Tunisienne. Il me semble que je t’avais

répondu au sujet de Tunis la Grande et que j’avais dit que c’est pas le

moment qu’il faut que je travaille et toutes sortes d’autres mauvaises

raisons mais la principale est que je suis homme d’intérieur (trop

pour toi dis-tu ce qui n’est guère aimable) et puis ça coûte cher. […] si

tu étais en ce moment à Paris tu viendrais dormir avec moi sur mon

grabat dans mon cagibis et si c’était par amour ce serait pour avoir

chaud car ce temps me rappelle le temps où tu pleurais de froid

dans ton alcove fermé et où je te berçais avec de douces paroles

d’espoir en te disant que demain il y aura de fleurs aux arbres et

tu te rappelles que c’était vrai. Tu vois comme je suis gentil […] Tout

ce que tu fais m’intéresse parce que cela se rapporte à moi quand

même. Je vais bien mais je ne m’amuse pas ». Est jointe une lettre

de Sarah Charley Drouilly à Jasmy ;

- Jeudi soir [14 janvier]. Il est surpris d’apprendre qu’elle est à Cannes :

« Qu’est ce qui se passe ? Tu ne t’es pas fâchée avec Jeanne

j’espère. [...] Écris moi un peu plus et un peu plus gentiment car je

ne m’amuse pas beaucoup ici je ne peux pas lâcher tout surtout

dans des moments difficiles. […] Je travaille à mes portraits, ça

n’est pas toujours drôle et je travaille aussi à ce sacré Rembrandt.

On m’a demandé de nouveau quand je leur donnerai la copie. […]

Moi je t’aime toujours tu sais comme je suis tenace – à en être

insupportable » ; Ce dimanche [17 janvier] (au dos d’une lettre à

Jasmy par une employée de la maison de couture Jenny). « Ici il

fait un temps de chien. Toby et moi nous nous regardons. Zezette

[sa voiture] est au repos tu comprends qu’avec ce temps-là je ne la

sort pas j’en ai du reste pas besoin pour aller jusqu’au petit bistro.

Je lui ai prêté ma vieille pèlerine pour qu’elle n’ait pas froid à son

moteur. […] il paraît qu’il neige partout même en Afrique […] ».

L’on joint

une lettre tapucrite signée de Pierre BOREL portant une

note autographe signée Kiki par Van Dongen.

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VAN DONGEN KEES

(1877-1968)

Réunion de six lettres autographes dont cinq signées

et deux comportant un dessin original adressées

à sa maîtresse Léa JACOB JASMY.

Monza, Milan, Paris, mai-juillet 1926, ensemble de 11 pages

in-4 et in-8 à l’encre.

3 000 / 4 000 €

Réunion de 6 lettres autographes dont 5 signées et 2 comportant un

dessin original à Léa Jacob dite Jacob Jasmy, figure de la couture

parisienne, et 4 enveloppes autographes.

Van Dongen rapporte à sa maîtresse les détails de son voyage et de

son Exposition lors de la Mostra Internazionale delle Arte Decorative

à Monza et en profite pour lui décrire les Italiens : « Ils en font un

potin les italianos si tu les entendais gueuler les journaux dans la rue

tu t’amuserais et tu gueulerais comme eux […] ».

Il agrémente cette correspondance d’un petit dessin original

humoristique (« Voici un dessin de moi dans mon lit. Si tu ne vois

rien c’est qu’il y a plein de fumée dans la chambre ») et d'un beau

dessin à l'encre reproduisant le château fleuri de Château-l'Évêque

en contraste avec la pluie parisienne qu'il a représenté dans la partie

inférieure du feuillet.

L’on joint :

1 article de journal Le lundi de Van Dongen.