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134

122.

Paul VERLAINE

(1844-1896).

4 L.A.S.

« P. Verlaine » ou « P.V. », août-décembre 1890, à son ami Edmond

L

epelletier

 ; 3, 2 ½, 1 et 1 pages in-12, une adresse.

2 000 / 2 500 €

Vendredi soir, 26 août 1890

. ...« il était convenu que je devais écrire quelque chose pour l’

Écho

toutes les semaines ».

Or la personne qu’il a envoyée à l’

Écho

« a subi une fin de non-recevoir à laquelle je ne comprends rien. [...] Bref, dois-

je continuer à travailler pour l’

Écho

, aux conditions ci-dessus. J’ai là un volume en train,

Élégies

, d’une note, je crois

amusante – et relativement chaste, qui m’a l’air d’être ce qu’il faut. Chaque pièce aura dans les 60, 80, 100 vers. J’en

enverrai une par semaine, mettons tous les

mercredi

, en outre de quelques proses par ci par là. Je t’enverrai d’ailleurs

[...] un article intitulé :

Un Chapitre inédit de “mes hôpitaux”

, que j’affirme valoir son prix et dont la place me semble

au journal qui publia

Mes hôpitaux

, et mercredi prochain, la 1

re

Élégie

, 100 vers »...

Paris 3 novembre 1890

. Il lui écrit de Broussais « au sujet d’un assez long travail (impressions plutôt douces et

d’humour sans fiel aucun) intitulé :

mes hôpitaux

. Je dis assez long : j’en ai douze pages très serrées et la chose est

susceptible d’une suite de cette dimension qu’il me serait extrêmement facile de mener à bonne fin, tant je possède

mon sujet ou plutôt tant hélas ! mon sujet me possède ! Or ce travail ne pourrait-il pas passer, soit en variétés, soit en

feuilletons 2, 3 ou 4, selon la coupe, dans un de tes journaux,

Écho, Paris

, etc. ? »...

Lundi 15 déc. 90

. ...« Peux-tu me prêter un louis jusqu’

à demain 

? Très important »...

Lundi soir [30 XII 1890]

. ...« Merci de la chose de l’autre jour, et excuse. Suis maintenant 18 rue Descartes »...

Anciennes collections Henri

S

affrey

, puis Jean

H

ugues

(

Succession Jean Hugues. Rimbaud, Verlaine

. 20 mars 1998,

n° 106).

123.

Paul VERLAINE

(1844-1896).

M

anuscrit

autographe signé,

Vieille Ville (fragment d’un livre perdu) 

;

23 pages in-8 montées sur onglets et interfoliées, reliées en un vol. in-8, demi-maroquin grenat à coins

(

Semet & Plumelle

).

10 000 / 12 000 €

M

anuscrit

complet de

ce

beau

texte

,

nourri des

souvenirs d

enfance

sur

A

rras

.

Il a été publié dans

Art et critique

le 9 novembre 1889. Le manuscrit a servi pour l’impression dans la revue ; écrit sur

papier de l’Assistance publique, il présente de nombreuses ratures et corrections.

Le « livre perdu » dont

Vieille Ville

serait un « fragment » était probablement le

Voyage en France par un Français

(1880), mais Verlaine a aussi songé à réunir ce récit à un recueil resté à l’état de projet :

Histoires comme ça

ou

Aventures d’un homme simple

.

« C’est une ville de province, bien reculée, presque inconnue, même des artistes, même des curieux, par ce temps

qui se donne pour amoureux de pittoresque et d’inédit, Arras, pour nommer la pauvrette par son nom qui fut illustre

et dont rien, je vous assure, n’a fait démentir la gloire archéologique, tout au moins. Arras m’est cher pour mille motifs,

liens de famille, le calme, – et la suprême beauté de son ensemble. J’y séjourne souvent bien que je n’y réside pas, et

je connais à fond la ville, les habitudes et les habitants ».... Suit une description minutieuse et pleine de tendresse de

cette ville, avec ses fortifications de Vauban, ses petites rivières, ses marchés, son patois, sa bonne humeur. Verlaine

cite longuement un « vieil auteur », Gazet, qui raconte le miracle à l’origine du culte de Notre-Dame des Ardents : belle

histoire médiévale d’une peste, de la réconciliation de deux musiciens ennemis, et d’une apparition de la Vierge devant

les malades réunis à l’église... Il donne de curieux détails sur le cierge miraculeux, parle avec admiration de l’église

récemment édifiée en l’honneur de Notre-Dame des Ardents, et rend hommage à d’autres églises dues à un architecte

de génie, Grigny, dont la chapelle des Ursulines, « effrayant tour de force de légèreté, de hauteur et d’équilibre », et la

chapelle des Dames du Très-Saint Sacrement, de style flamboyant. Il décrit ensuite le splendide Hôtel de Ville d’Arras,

dénonçant les dommages infligés par des restaurations ou par commodité administrative. « L’ensemble toutefois est

loin de me déplaire : cet amoncellement même de dômes, de pignons, de cariatides, de balcons, cette profusion de

vermicelles, d’achantes, de congélations, de figurines, est d’un joyeux et luxueux effet »...

Verlaine promène le lecteur à travers la vieille cité jusqu’à l’ancienne abbaye bénédictine de Saint-Vaast, qu’il décrit

sommairement, puis il retrace l’histoire de la cathédrale voisine, à laquelle il manque toujours le dôme et le campanile

projetés. Il confie son goût pour le plain-chant qu’il va entendre aussi souvent que possible à la grand’messe canonicale

quotidienne : « la quasi-solitude des offices de semaine distribue à la prière privée tout l’espace nécessaire, on dirait,

ces voûtes immenses semblent un ciel juste assez lointain pour encourager les pieuses à vouloir y planer ; ces énormes

colonnes corinthiennes invitent les intentions particulières à s’y enrouler pour l’ascension parmi les riches chapiteaux

vers ces sereines régions de l’adoration enfin sûre de son vol »... Il termine par une anecdote sur un visiteur peu dévôt

qui ne savait apprécier aucune de ces magnificences, et qui a quitté la cathédrale à la suite d’une jeune femme. « Et

tout cela, ô la profondeur de vos desseins, Dieu vivant ! à cause d’une humble femme qui passait, après avoir prié peut-

être pour cet imbécile qui flanait dans votre temple comme dans un musée, peut être encore pour le chrétien distrait

en présence de vos cérémonies qui écrit ces lignes vaines ».

Ancienne collection du commandant Paul-Louis

W

eiller

(30 novembre 1998, n° 145).