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127

L

ivres

illustrés

modernes

181

JOU (L

ouis

).

Évangile de N.S. Jésus-Christ selon Saint-Matthieu. Traduction Lemaistre de Sacy.

Paris : Les Livres de Louis Jou, 1928.

— In-8, 254x192 : (4 ff. premier blanc), 191 pp., (4 ff. 2 derniers blancs),

couverture illustrée. Broché, couverture rempliée.

400 / 500€

L’une des œuvres maîtresses conçues et illustrées par Louis JOU, tirée à 310 exemplaires et ornée de 81 bois originaux dont

un sur le titre et 28 à pleine page.

Un des 265 exemplaires sur papier vergé, et plus spécifiquement l’un des 20 hors-série (n°H).

Il comporte la signature de Louis Jou qui venait à la fin d’un envoi autographe qui a été malheureusement effacé.

Exemplaire enrichi du numéro 120 des

Cahiers d’Art-documents

, de 1959, consacré à Louis Jou, et de 2 superbes L.A.S. de

l’artiste, de 2 pages in-4 chacune, adressées à l’un de ses amis, portant sur la réalisation du

Prince

premier livre qu’il publia

aux éditions Jou et Bosviel en 1921.

La première lettre est datée du 13 mars 1965 : « ce bouquin (

Le Prince

) a été tiré par l’imprimeur Féquet, je n’avais pas de

presses, même pas de local. J’ai composé le bouquin dans une chambre de la rue St Honoré, chez un copain qui avait un

bureau d’affaires, et avait une pièce libre. Je travaillais là, toute la journée, même sans un sou pour aller manger. Un jour un

copain, voyant mon état a laissé sans rien me dire, 500 frs à la poche de mon veston, et cela m’a permis de finir ma compo-

sition. J’étais associé avec le Pr Bosviel. C’est grâce à lui que Féquet m’a fait crédit pour le tirage, car Bosviel a répondu. Le

premier argent touché du livre, tous les frais ont été payés par cet ami qui touchait les chèques, moi je n’avais pas de compte

en banque. Aussi je ne touchais jamais un sou. » Il parle ensuite de la couleur : « le vermillon était certainement un vermillon

commercial. Il noircit parce que le vermillon est du fer, le jaune ajouté pour le faire plus orange, est du plomb, et ils ne vont

pas ensemble. - Lorsque j’ai fait les tirages moi même, j’ai fai une décoction de safran, et l’ai ajouté, et ça a donné ce vermil-

lon si beau, et même lumineux. C’est une recette trouvée chez Cenino Cenini, un moine du XIV

e

qui a écrit un ouvrage sur

l’art de l’enluminure. »

La seconde lettre est datée du 15 mars 1965. Il parle des poinçons qu’il a été obligé de faire lui-même car «dans le com-

merce les caractères étaient trop minces pour aller avec la gravure sur bois. » Il poursuit avec les problèmes qu’il rencontra

avec le papier et évoque Louis Barthou qui acheta le premier exemplaire : «Chaque livre que j’ai fait c’est un drame, mais

celui-là, ça a été une tragédie. Lorsque je faisais les

Essais

, un jour, Barthou est venu à mon atelier r. Vieux Colombier me

faire des excuses. «Mlle Brisson m’a apporté votre Prince que j’ai acheté comme aumone, et que j’ai mis dans le fond de ma

bibliothèque, ces jours derniers, en rangeant, je l’ai trouvé et en le regardant j’en ait été stomaqué, c’est un chef-d’œuvre.

Dorénavant, voici ma souscription aux Essais et dorénavant, je vous souscris à tous vos ouvrages » - Tant que j’ai été au Vieux

Colombier, déjà connu, ça a pu aller, mais à Le Prince, c’est inommable ce que j’ai souffert. C’est ce qui me fait croire que ce

n’est pas le courage, non, ce ne peut être que l’inconscience qui a été capable de la surmonter. »

Exemplaire bien conservé. Le fait d’avoir effacé la dédicace a laissé une trace de mouillure qui a légèrement atteint le bas

du titre.

Provenance : ex-libris DA.